
 
        
         
		fout l’avantage  de  cette  arme ,   Y arbalète  l’eut  emporté  
 de beaucoup.  (  V. ) 
 *  §   ARBATA,  (Géogr.facrée. )  n’eft  point  une  
 ville : c’eft un nominatif plurier qui lignifie des lieux  
 champêtres  &  incultes. Voye^ Calmet, furie  2.3  ,  
 du chap. v. du prem,  liv.  des  Machabées,  êcc. Lettres  
 fur P Encyclopédie. 
 ARBEROU ,  (  Géogr. )   nom  d’un  des  Cantons  
 de  la  baffe-Navarre  ,  q u i,  avec  ceux  d’Amix,  de  
 C iz e ,  de  Baigorri  Sc d’Oftabaret, compofe  tout ce  
 petit royaume auquel on  ne  donne environ que dix  
 neues  de  longueur  8c  cinq  de  largeur.  (C. A. )  | 
 ARBIENS,  ( Géogr.)   nation d’A fie , dans  la  Gé-  
 drolie,  entre l’Indoftan &  la  Perfe. C’etoit  précisément  
 celle qui habitoit les rives de  l’Arbis, au voifi-  
 nage  des  Orites.  Elle  avoit  aufli  une ville  du nom  
 d'Arbis  ,  que  l’on  prend  aujourd’hui  pour  Araba.  
 Leur  pays  répond  à  celui  que  l’on nomme  Send9  
 qui fait partie du Mecran, anciennement la Gedröfie.  
 Il y  avoit  aufli  dans la contrée  une  chaîne  de montagnes  
 nommées, arbiti montes;  ce  font  vraisemblablement  
 les monts qui féparent les Indes de la Perfe,  
 8c  qui  s’étendent  depuis  Buckar  jufqu’à  l’embouchure  
 de  rindus.  (C.  A. ) 
 ARBITRIO, (Mußq.) Voyei  C a d e n z a  ( Mufiq.)  
 dans ce  Supplément. (S . ) 
 *  §   ARBORICHES,  (Géogr.)  habitans  de  Zélande......... 
 ArboriQü e s ,  les mêmes  que  les  Armoriques  
 ou  Arboricains.........Dict.  des  Sc.  8cc. 
 Les  Arboriches  8c les  Arboriqùes font les mêmes  ,  
 s’il  y   a  jamais  eu  des  peuples  ainfi  appellés ;  car  
 M.  l’abbé  du  B os  le  nie  dans fon Hifi. de la Monarchie  
 Françoife,  liv.  IV ,  chap.  g.  Mais  ce  ne  font  
 pas  les  mêmes  que  Armoriques.  Lettres fur  lé Encyclopédie. 
 §  ARBOUSIER,  ( Botan. Jardinage déagrément. )  
 en  latin  ,  arbutus ;  en anglois , firaw-berry  tree;  en  
 allemand,  erdbeerbaum.  • 
 . . . . . . .   Jubeo frundentia capris, 
 Arbuta fujficere.........................Géorg. Liv. III. 
 Caractère  générique. 
 D u  fond d’un petit calice découpé en  cinq parties  
 s’élève  un  embryon  arrondi,  furmonté  d’un ftyle  
 environné  de  dix  étamines  : le  calice  fupporte  une  
 fleur monopétale, femblable à un grelot. L’embryon  
 devient  une baie  ronde  ou  ovale,  à  cinq  cellules  
 qui font remplies  de  petites  femences  dures. 
 Efpeces. 
 1.  Arboufier  à  feuilles  unies,  dentelées,  à  tige 
 droite,  ligneufe,  à  baies  polyfpermes.....  Arbre  4. 
 Arbutus foliis glabris, ferratis ,  caule ereBo arboréo ;  
 baccis  polyfpermts.  Mill. 
 En  anglois,  the  common ßraw-berry  tree. 
 Variétés de cette efpece. 
 a. Arboufier à fleur double, 
 ß. Arboufier à  fleur  rougeâtre. 
 y. Arboufier à  fleur oblongue , à fruit ovale.' 
 2.  Arboufier à feuilles  unies  8c  entières,  à  tige  
 droite  ,  ligneufe,  à baies  polyfpermes..... Arbre g. 
 Arbutus foliis glabris integerrimis ,  caule ereBo  arbo-  
 reo ; baccis polyfperrnis. Mill, 
 The oriental firaw berry tree called  adrachne. 
 3. Arboufier  à  tiges  traînantes,  à  feuilles  ovales  
 vn  peu dentelées ',  à fleurs  détachées.  Arboufier de  
 marais  d’Acadie. 
 Arbutus caulibus procumbentibus, foliis  ovatis fub-  
 ferratis , floribus fparcis. Linn. Sp.pl.  39b. frutex  4. 
 Swamp  arbutus o f north  America. 
 4.  Arboufier à tiges traînantes,  à feuilles  rudes 8c  
 dentelées. 
 Arbutus  caulibus procumbentibus foliis  rugojis fer»  
 ratis.  Fl.  Lap.  fS ).  frutex.  3. 
 Arbutus  with  traïling  fialks ,  and  rough frwed  
 leaves. 
 5.  Arboufier à tiges  traînantes  Sc  à  feuilles  très-  
 entières. 
 Arbutus  caulibus procumbentibus foliis  integerrimisl  
 Fl. Lap. /(Ta. uva urfi, anciennement connu, frutex 5. 
 Bearberries. 
 L’arboufier, n°  1. croît  naturellement  en Efpagne,  
 en  Italie  ,  dans  l’île  de Corfe,  aux  lieux  pierreux  
 8c  montagneux  :  les  plus  pauvres, gens  mangent  
 fon  fruit,  quoiqu’il foit fade  8c  indigefte. Dant arbuta  
 fylvce,  dit  Virgile ; ce  qui  prouve  que  de  fora  
 tems on regardoit les arboufes comme une reffource  
 pour  les  payfans,  8c  que  ,  par  çonféquent,  la  
 mifere  étoit extrême ; elle croît dans les  campagnes  
 en  proportion  de  la  pompe  des  cours  8c  des  ri-  
 cheflès des  grands, 8c ce n’eft qu’alors  qu’on trouvé  
 des poëtes-courtifans  qui  chantent  le  bonheur  de  
 la  vie  rûrale. 
 Sans doute  quedes  feuillesde  Y arboufier  font un'  
 très-bon  fourage pour les chevres, car Virgile pref-  
 crit de  leur en donner  : Sc-puifque  lé même  auteur  
 dit  dans  un  autre  endroit  ,  &  quai- vos  rarâ viridis  
 te fit arbutus  umbrâ;  il paroît  que cet arbriffeaü  s’élève  
 à  une  certaine  hauteur.  Je  le  trouve  dans  un  
 catalogue Hollandois au nombre des arbres  dit,troifieme  
 ordre  ,  mais .-comme  il  fleurit  très-jeune  ,   
 je  penfè  qu’il n’eft  tout  au plus' que  du  quatrième.  
 Il s’élève fur une tige un peu torfe, recouverte d’une  
 écorce rougeâtre,  dont l’épiderme fe^gerfe de bonne  
 heure  : les  pouffes de l’année  font de la  couleur  du  
 cçrail : il en  fort  des poils  rares  8c un  peu rigides ;  
 elles  fupportent  des  feuilles  qui  y   font  attachées  
 par  de  petits  pédicules  rouges  :  les feuilles ont environ  
 trois  pouces  de  long,  8c  un demi dans  leur  
 plusvgrandë  largeur, elles  font oblongues,  fînément  
 dentées 8c pointues par le bout: les dents Scia pointe  
 font bordées d’tin beau'rouge, 
 Les fleurs naiffent  fur  un filet  commun en forme  
 de petites grappes ; elles'font blanche! 8c  pardiffent  
 en novembre 8c décembre. C’eft  alors, aüm  qûè  les  
 baies  de l ’année  précédente  acquièrent  leur  maturité; 
   elles  font affez groffes 8c  d’un  beau  rouge :  
 ces  fleurs 8c ces fruits contraftent  à merveille  aVec  
 le verd gracieux des feuilles dont le déffous êff  très-  
 luifant.  Ainfi  cet  arbre  offre  une  décoration  pitto-  
 refque 8c riante,  Ibrfquë  la  campagne  eft  déjà  dé-  
 vaftée par  les approches de  l’hiver. 
 Il  nous  laiffe  quelquefois  réfpirer  :  on.  aime  à  
 profiter  d’un rayon  de foleil  réfléchi par  des  arbres  
 toujours  verds,  c’eft  le  même  plaifir  que  reflent  
 un  vieillard , Iorfqu’une fenfation un  peu  vive  l’avertit  
 de  fon exiftènce qui èft  près de lui' échapper. 
 \éarboufier mérite  une ‘placé  distinguée  dans  les  
 bofquèts  d’hiver  ;  il  aime  une  terre  pl,us  feche  
 qu’humide;  8c veut  être  paré  des  vents  frcfidsrôa  
 le plante  avec  fuccès  à  la  fin  de  feptehïbre,  mais  
 il  faut  le  lever en motte  autant  qu’il  eft  poflible. 
 Il s’élève  de femences 8c de marcottés.  Les bâi'es  
 fe recueillent en  décembre;  on en tire  la graine par  
 des lotions,  onia  fait  fécher,  puis  o'n la  conferve  
 dans du  fable  fin  8c  fec jufqu’en mars,  ^lors on la  
 feme  dans de  petites  cailles  ou  dans  des  pots  emplis  
 de  boniîe terre  légère »fuivant  la méthode  détaillée  
 dans Y article  C yprès,' Suppl.  * 
 Ces pots ou caiffes doivent être enterrés dans unè  
 couche chaude. Les petits arboufiers fe montreront au  
 bout de fix femairies  ou  deux mois.  La  première 8c  
 là fécondé année on  les laifl’era  dans le  femis, mais  
 on leur fera paffer l’hiver fous  des  chaflis de  verre,  
 en  leur donnant  toutefois1 autant d’air  que  le  tems  
 pourra  le permettre. La féconde  année, à'  la fin  de 
 feptembre  ,  on  les  plantera  chacun  dans  un  petit  
 pot,  on  les  mettra  l’hiver  fous  le  même  abri,  8c  
 l’été on  les  enterrera  contre  une muraille'  expofée  
 au  levant.  Au  mois  de  feptembre  de  la  feeonde_  
 année d’après cette  première  tranfplantation,  on  les  
 plantera a demeure. Il conviendra alors de mettre de  
 la menue  litiere  autour de leu rs  pieds 8c de  les  empailler  
 pendant  quelques  années,  depuis  le  commencement  
 de  janvier jufqu’au  10 d’avril,  félon la  
 méthode  détaillée  à   !éarticle  A l a t e r n e ,   Supplément  
 ;  mais  en  donnant  de  l’air  autant  qu’il  eft  
 poflible , car cet arbre en  a  grand  befoin. Varboufier  
 n’eft  pas  fort  délicat ; Miller dit  qu’il  croît naturellement  
 en  Irlande  :  la  graine  qu’on  tireroit  de  ce  
 pays  feroit  préférable  à   celle  qu’on  fait  venir  de  
 nos  provinces  méridionales : les  arbres qui  en pro-  
 viendroient  s’accoutumeroient  plus  aifément au climat  
 de  la  France  feptentrionale  ;  la  nature  auroit  
 fait  la  moitié  des  frais  de  leur  éducatioq.  En Angleterre  
 les  arboufiers  ont  perdu  leurs  fe u ille s   8c  
 leurs jeunes branches dans des hivers très-rigoureux :  
 plufieurs  perfonnes les ont cru morts  8c  les ont fait  
 arracher ; mais  ceux qui ont  eu plus de patience  les  
 ont  vu  repouffer  8c  réparer  leurs  pertes  en  fort  
 peu de  tems. 
 Les variétés de  cette efpece fe perpétuent  par  les  
 marcottes, ou en les greffant en approche fur Y arboufier  
 commun.  Les  marcottes  fe  font  en  feptembre,  
 fuivant la méthode détaillée  dans  Y art. A l a t e r n e   ,   
 Supplément. 
 Là  variété  à  fleur  double  n’a  pas beaucoup  de  
 mérite ;  c’eft  un  godet  dans un godet,  8c  ce  petit  
 enrichiffement  s’achete  par  la privation  du bel effet  
 •des fruits. Cette variété n’en donne que fort peu. 
 Il n’en  eft pas de même  de  la variété j8.  Sa  fleur,  
 qui eft purpurine  à l’extérieur, 8c  qui devient  tout-  
 à-fait  rouge  avant  de  tomber,  fait  une  oppofition  
 agréable  avec celle  de Y arboufier commun lorfqu’on  
 entremêle  ces  deux  arbuftes. 
 La  troifieme  variété n’a que  le mérite  d’en  être  
 une. C’eft l’efpece,  n°. 3 ,de M. Duhamel,  8c  c’eft  
 peut-être  aufli  l’efpece  n°  2 , de  Tournefort,  que  
 M.  Duhamel  a  tranfcrite 8c  qui  eft  aufli  fon n° 2.  
 Ainfi,  d’une légère  variété  on  auroit  fait deux  efpeces  
 , par  l’inexaftitude des phrafes 8c pour n’avoir  
 pas éclairé la nomenclature parla culture; elle auroit  
 appris  à  conftater  l’efpece  par  la  confiance  de  la  
 .graine  à  la  reproduire  le  plus  fouvènt  fans  altération, 
   8c  les  variétés  par  la  difpofition  de  leur  fe-  
 mence  à  reftituer  l’efpece  originelle,  plutôt  qu’à  
 rendre  la  différence  accidentelle  qui  les  cara&é-  
 rife. 
 L’arboufier nQ  2 , eft  de  la plus grande beauté par  
 la largeur de  fes feuilles 8c par  fa hauteur. Il  eft devenu  
 très-rare.  On  vend  fous  fon nom ,  en  Angleterre  
 ,  une  variété  à  feuilles  larges,  mais  dentées.  
 Je trouve  aufli  cette  variété  fur un catalogue Hollandois* 
   La  véritable  adrachne  croît  naturellement  
 dans laNatolie aux environs de Manachie ( l’ancienne  
 Magnefie  ). Cet arbre y  étoit fi commun qu’il fournit  
 aux habitans  prefque  tout  leur bois de  chauffage. Il  
 ne  peut  réuffir que  dans  un  terrein  très-fec,  8c  il  
 demande  bien plus de p ro te c t io n   contre le froid que  
 Y arboufier  1. 
 Les autres  efpeces d1arboufier reffemblent à  Y uva  
 urfi de  T o u r n e f o r t ,  qui  eft notre derniere ; ce font  
 de  frêles  arbriffeaux  dont  les  tiges  ne  fe  foutien-  
 nent  pas. 
 L’efpece n®. g  ,  eft indigène  de  l’Amérique  feptentrionale  
 ,  8c  fur-tout  de  l’Acadie  :  elle  y  croît  
 dans les marais ;  ainfi  cette  plante  eft  fort difficile  
 à  entretenir  dans  les  jardins. 
 L'arboufier n°  4 ,   croît  en  Suiffe  ,  en  Sibérie  8c  
 en  Laponie,  dans  la moufle  qui  couvre  certaines 
 terres 'marécageufes : j’ai lieu  d e   croire,  d’après  la  
 defcription  qu’on m’a faite  d’un  fruit  que  mangent  
 les  Lapons ,  qu’ils  le  doivent  à cet  arboufier ; c’eft:  
 ,1e  dernier  prêtent  de la nature, près  d’expirer  fous  
 les  glaces du  nord. 
 h ’uva urfi  donne  un  fruit  rouge,  il  croît fur les  
 montagnes  eh  Efpagne  ,  8c  dans  quelques  autres  
 parties1  de  l’Europe ;  il  ne  s’élève  guere  qu’à  un  
 pied  de  hauteur. ( M .   le Baron d e   T s c h o v d /.)  • 
 §   ARBRE,  (Botaniq.  Jardiné)  Pour déterminer  
 la place  que  Y arbre  occupe  fur  l’échelle végétale  ,  
 il  eft fans doute  inutile d’en parcourir tous les échelons; 
   mais  du  moins  faut-îl s’arrêter aux derniers  
 afin  d’écarter  des rapports qui nous le  feroient confondre  
 avec les plantes, 8c de difcerner par-là même  
 les différences qui l’en diflinguent. 
 1.  Gomme  l’arbriffeau  ne  différé de  Y arbre qu’en  
 ce qu’il pouffe de  fon pied plufieurs branches à-peu-  
 près d’égale  forc e ,  que  cette  différence  n’eft  pas  
 effentielle  ,  8c qu’il lui  reffemble parfaitement  dans  
 toutes les  parties conftituantes ; comprenons»le dans  
 l’idée générale de Y arbre,  8c voyons par quels  traits  
 Y arbre  eft  caraéférifé.  ’ 
 Seroit - ce  par  Pappareil  de  fes  vaiffeaux ?  Il  eft  
 le  même  dans  la  plupart  des  plantes :  par  fa  tige  
 fubfiftante ?  quelques  plantes  bifannuelles  en  font  
 aufli pourvues :  par  fa  longévité ?  des  plantes  vivaces  
 durent  aufli  long-tems  que  certains  arbres:  
 les  boutons  intérieurs  qui  repercent  fous  l’écorce,  
 font communs  à d’autres ordres  de végétaux ;  8c  fi  
 les  boutons à  fleurs  aflîfes  ne  fe trouvent  dans  aucune  
 plante,  ils ne fe rencontrent  pas non-plus  dans  
 tous les arbres.  Les boutons extérieurs à bois ne different  
 guere  de  ceux qui s’élèvent fur  la  couronne  
 des racines des plantes vivaces ;  ceux-ci contiennent  
 les  rudimens  des  tiges  futures,  8c  ceux-là  renferment  
 les nouveaux bourgeons :  ces boutons font cependant  
 la feule marque  diftinétive  de Y arbre ,  mais  
 en  tant  qu’ils  repofent  fur  des  tiges-  8c  des  branches  
 fubfiftantes,  8c qu’ils font  exactement  fermés  
 par le bout. 
 Les  premiers  arbriffeaux qui  s’élancent  fur  une  
 tige  unique  ,  doivent  être  les  derniers  arbres,  8c  
 nous  les  appellerons  arbres  du  quatrième  ordre  ;  
 tels font les lilas 8c l’obier :  viennent enfuite, fuivant  
 leur dégré d’élévation, les arbres du troifieme ordre,  
 comme  le forbier des  oifeleurs 8c  le griotier  ceux  
 du fécond,comme le faux fycomoré 8c le frêne : enfin  
 ceux  du premier,  comme  le  noyer,  le  châtaigner  
 8c  le  chêne, ouvrage des fiecles. 
 2.  A  mefure  que  le  régne  végétal  s’élève  ,  il  
 améliore &  embellit davantage la demeure de l’homme  
 ;  que  là terre  foit tapiffée  de prairies;  c’eft une  
 forêt pour  l’infeCte  qui  rampe  au fond de  l’herbe ;  
 mais  les  yeux  de  l’homme  naturellement  dirigés  
 vers  le  ciel,  font  bientôt  las  d’être  baiffés  vers  ce  
 tapis  de  verdure  qui  les  foulage  pourtant ;  ils reçoivent  
 avec bien plus de plaifir la lumière trop éclatante  
 des  cieux,  lorfqu’elle  defcend tempéree  par  
 l’ombre verdoyante des arbres,  comme elle  eft en-  
 fuite modifiée  par  la paupière  fupérieure.  Que les  
 regards s’étendent au loin,  ils  fe  fatiguent en errant  
 fur  une  furface  trop  plane  8c  trop  uniforme.  Les  
 arbres  8c les bois placés çà 8c là  furl’efpace ,  procurent  
 des  points  de  repos  à  la  vue  :  ils  coupent  la  
 plàine  ,  ils  coiffent les montagnes,  ils  deflinent  les  
 ruiffeaux 8c les vallons, ils font reffortir mille group-  
 pes du fond du tableau : c’eft de leurs touffes épaiffes  
 que  partent  les  concerts de  la  nature  ;  dociles  au  
 fouffle des vents,  ils femblent refpirer la  vie ;  leurs  
 rameaux  agités  animent  la  fcene  champêtre  ,  dont  
 ils  font  en  un mot  prefque  tout  l’ornement. 
 Quelle affreufe  nudité  n’offrent  pas  les  pôles  du  
 monde  qui  en  font dénués 1  Ce  trifte  fpeftacle fe