
 
        
         
		rçtrouve furie fommet des montagnes.  Après avoir  
 defcendu long-tems  depuis  la  cime- des plus  hautes  
 Alpes  au-travers  -des  glaces  8c  des  neiges,  le  premier  
 arbriffeau que, je  rencontre  eft  un  faule  qui  
 rampe contre  les  pierres ;  la petite Daphné  avertit  
 bientôt mon o d o r a t ,  elle  attire mes yeux par l’aménité  
 de fes fleurs incarnates,  mais elle ne  croît  qu’à  
 un  pied  de  haut :  plus bas,  un  bofquet de  ledum  
 me  préfente  des  touffes  purpurines  qui  atteignent  
 à  ma  hauteur :  bientôt  je  trouve  les berceaux  des  
 coudriers ;  ils me conduifent vers  un bois  d’aliziers  
 qui  me  couvrent d’un dôme  plus élevé ;  leurs tiges  
 élancées  m’annoncent  que  je  vais  rencontrer  les  
 plus grands arbres.  En effet,  du periftyle  des fapins  
 j’entre  fous  la  nef majeftueufe  des  hêtres  &   des  
 chênes : aflïs  à  leur ombre  fraîche,  combien le fen-  
 timent  de mon exiftence me devient agréable  !. Que  
 ma poitrine  eft  dilatée  par  un air  plus  humeûant!  
 Que mes yeux fatigués  par l’éclat des neiges fe fou-  
 lagent  en  s’égarant  fous  ce  dais’ de  verdure !  Que  
 ma  vue  échappée  au  travers des rameaux,  tombe  
 avec  plaifir  fur le vallon  voifin ! 
 3.  J’éprouve tout l ’a g rém en t  des arbres  ,  &  déjà  
 je  découvre  les  biens plus  précieux  que  nous  leur  
 devons. La fumée qui s’élève de ces hameaux, cette  
 charrue qui rompt la  glebe, cette forge qui retentit,  
 cette  gondole  quifïllonne  les eaux,  me  donnent la  
 plus grande  idée de  leur utilité : les arts  de  premier  
 befoin ne peuvent fe paffer  de leur bois;  iffert aux  
 •arts agréables ;  mais avant  d’être livrés  à  la  hache ,  
 que  de  préfens  les  arbres  nous  ont faits !  C ’eft de  
 leurs  rameaux  que  la  pomme  &   l’orange tombent  
 à nos pieds  ;  les uns donnent un fruit qui fupplée le  
 -pain ;  d’autres fourniffent une  liqueur vineufe  :  les  
 châtaignes  &   les  glands  doux  contiennent  une  
 farine;  le  fagou  vient  de  la  moelle  d’un palmier.;,  
 l’huile découle  de l’olivier  ,  du noyer &  du hêtre,;  
 la feve  du. bouleau  eft une  liqueur  rafraîchiffantè ;  
 les feuilles du talipot &  du bananier couvrent les cabanes  
 ;  l’écorce  d’un  autre  arbre procure  une  fo r t e   
 de  dentelle ;  on fait des cordages de celle du tilleul,  
 &   de  la  toile  de  quelques  autres  ;  les  feuilles du  
 mûrier  font tiffues de foie ;  lefucre  eft délayé dans  
 la feve  des érabes ; la poix, la térébenthine exfudent  
 des fapins  &   des térébinthes ;  la  graine  d’un mirica  
 eft enveloppée de  cire ;  un  arbre delà Chine fournit 
 - du fuif ;  les vernis fo r t e n t   du  tronc  des fumacs ; les  
 abeilles trouvent le miel fur la feuille du faux fyco-  
 more ; la manne fe fige fur celle du frêne de Calabre  
 8c dumelèfe, au pied duquel croît l’agaric médical ;  
 le  fuc  acidé  du tamarin s’oppofe  à  la  putridité  des  
 humeurs ;  la cafte donne une purgatif rafraîchiffant;  
 une écorce détruit la fievre;  le peuplier,  lecOpàïba  
 fourniffent  un baume  déterfif ;  le  gayac opéré les  
 prodiges  du mercure ;  dans  un  pays  privé de  fo'n^  
 t a in e s ,  l’eau  dégoutte des feuilles d’un arbre.  Nous  
 ne  finirions  pas ,  fi nous  voulions détailler  tous  les * 
 . u fa g e s  de ces végétaux.  Telle  eft laprofufion  de  la 
 - nature, qu’elle raffemble. fouvent dans une feule  de  
 fes productions  les  avantages  de' tputes  les  autres. 
 4.-  L ’utilité  des  arbres  peut  être  encore, envisagée  
 fous  un nouvel afpeCt des plus  intéreffans par  
 leurs effets fur le' fol. 
 Telle montagne  ne s’affaiffe &: ne fe décharrie par  
 des éboulemens fucceflifs, que parce qu’on l’a privée  
 des  arbres  qui  retenoient  les. terres par  l’entrelace-  
 ment de leurs racines :  couverte d’une épaiffe forêt,  
 cette  autre  montagne  gagne  annuellement  de nouvelles  
 couches de terre par la pourriture des feuilles, 
 - des  racines  &   des  rameaux. 
 .Quelques  femences  d’arbriffeaux  faxatiles  font  
 jettées  fu r  un rocher nud  ;  qu’elles y   germent,  ces 
 - arbrifleaux  profiteront  d’une  de  fes. crevaffes  o ii  
 leurs  racines  vont s’étendre ;  elles y  puiferont  les 
 fîtes  de quelqu’amas de terre  recelé  dans  fon  fein:  
 dépofés-maintenant fur lafuperficie  du rocher, par  
 les détritus  des  parties de l’arbufte  qui  tombent ou  
 fe détruifent, ces principes naguère inutiles.  ,  vont  
 couvrir le rocher d’une petite couche de terre végétale  
 ;  à mefure que  cette  efpece  s’y multipliera,  
 cette  couche augmentera de volume :  avec le  tems  
 elle admettra  des efpeces d’arbriffeau plus élevées ;  
 enfin de grands arbres y pourront croître. 
 D’après  ce  procédé  dè  la nature,  que l’on feme  
 fucceffivement,  fur  un  fol  trop p,eu  profond ,  des  
 taillis  d’arbriffeaux d’efpeçes toujours plus  élevées,  
 on le  rendra par la fuite capable de porter d.es bois,  
 pu  d’être  fillonné  par  le  foc.  -  . 
 Le féjour  des  forêts  a  d’abord  fécondé la  terre :  
 qu’elles cedent aux guérets 8c aux prairies une partie  
 ae l’étendue qu’elles avoient envahie-,  mais qu’on fe  
 rappelle  leurs  premiers bienfaits :  il ne fuffit pas de  
 les  conferyer dans la proportion  de nos  befoins;  il  
 convient encore d’en  couvrir les terres maigres,  8c  
 d’en enrichir  les fols trop peu profonds , dans la vue  
 de  les rendre un jour capables de culture. 
 Les  arbres pourroient-ils augmenter l’épaiffeur du  
 fol ,   s’ils n’attiroient  pas plus  de  principes  nutritifs  
 de  l’air,  qu’ils  ne  pompent  de  fucs  dans  la  terre,  
 Plufieurs  obfervations paroiflent  prouver  ce  paradoxe  
 ;  perfonne  n’ignore  que  l’atmofphere  charie  
 quantité  de fubftances ;  des bafes terreufes ou alka-r  
 fines expofées au courant  de l’air fibre, fe combinent  
 avec  les acides qui y  nagent 8c forment des fels neutres. 
   Qu’on  ouvre  la  terre, 8c  qu’on laiffe la glebe  
 long-tems  expofée aux influences  de  l’air,  ce  fluide  
 lui rendra les fucs.épuifés par la récolte précédente-:  
 feroit-ce que la terre,  telle qu’elle  fe trouve autour  
 du globe ,  ne fait guère.,  à.l’égard de la végétation,  
 que filtrer,  préparer &   combiner les principes  contenus  
 dans  l’air q,ui la pénétré ? 
 Quoi  qu’il en foit, il n’eft guere poffible de douter  
 que  certains  arbres ne  tirent  plus  de  nourriture  de  
 l ’air par leurs  organes d’imbibition, qu’ils n’en dérobent  
 à  la  terre  par leurs  racines ;  il femble que  la  
 nature  ait  pris  foin  de  nous  dévoiler  ce  myftere,  
 en  nous offrant  un  àrbufte pourvu  fous l’aiffelie de  
 fes feuilles de racines  fibreufes qui  nagent dans l’air.  
 Le cierge  du Pérou vient d’autant plus haut qu’il eft  
 refferre dans un plus petit p o t ,  8c l’on a vu des pins  
 hauts de vingt pieds,  croître  fur des murailles. 
 Mais ,;foit qü’en  effet les arbres tirent immédiatement  
 plus de nourriture de l’atmofphere qué du fol,  
 foit  qu’ils  pompent  dans  les  lits  de  terre  les  plus  
 profonds ,  des fucs qui y  feroient demeurés inutiles,  
 fôit  que  les  principes  qu’ils  s’approprient  de viennent  
 plus féconds,  en paflant par cet alembic végétal  
 ,  foit  enfin - que  toutes  ces  caufes  agiffent  en-  
 femble,  il eft très-vrai que le  féjour des arbres améliore  
 le  fol & augmente fon  épaiffeur  :  ils  fervent  
 encore  à le deffécher. 
 5.  Couvrez un marais  8 arbres  ,  le terrein s’élèvera  
 par le détritus végétal qu’ils  dépoferont,  leurs  
 racines  le  haufferont en  grofliflant ; elles fourniront,  
 le long dé leurs  parois, des couloirs à l’eau ; mais ce  
 qui  contribuera  peut-être le  plus  à fa retraite,  c’eft  
 Ion  abforption produite1 par  la prodigièufe  tranfpiration  
 des jeunes rameaux 8c des feuilles. 
 6.  Cette  tranfpiration  eft  même  un  nouveau  
 !  bien,  l ’air en  eft trempé ;  on le refpire plus humectant  
 8c plus balfamique.  Vers  la fin d’avril,  lorfque1  
 la  poitrine  éft  fatiguée  par  les  vents  defféchans ,  
 comm'e  on  defire  alors  la  verdure  nouvelle  !  On  
 fent  fi  bien  la fraîcheur  qu’elle  met, dans  les  poumons. 
   Après avoir parcouru les  coteaux bridés par 
 , le foleil,  qu’on approche d’une forêt, l’odeur végétale  
 qu’elle  répand,  caufe. un  plaifir  qui avertit du  
 •  V-  '  .  '  '  •  -  piteux 
 mieux être de. toute l’économie  animale.  Dans certaines  
 efpeces d* arbre, comme les peupliers, les pins,  
 les melefes ,  cette  odeur eft un vrai baume  ;  qu’on  
 vo ie ,  à cet égard, ce que nous en difons à l’art. Cy près, 
  Suppl. Dans une île de la mer Pacifique, l’eflart  
 qu’on  y   fit  des forêts  de  cedres ,   rendit  à l’air une  
 qualité fi mal-faine,  qu’on fut obligé de les replanter. 
 7.  Que  les  arbres raffemblés  foient auffi une des  
 fôurces  des pluies  bienfaifantes,  c’ eft ce dont on ne  
 peut  pas  douter.  Il  s’élève  de  la  tranfpiration  des  
 forêts 8c  de  la fraîcheur  qu’elles entretiennent dans  
 leurs  fonds  ,  une  évaporation  confiderable  :  les  
 nuages  s’enrichiflent  de  ces parties aqueuses ;  portées  
 fur les  vents,  elles Vont féconder les terres qui  
 en étoient privées.  Les vents font  modifies  , briies  
 &   dirigés  par  les  bois:  telle contrée  ne  jouit  d’un  
 climat  fi  doux ,  en comparaifon de  celle  quil’avoi-  
 fine  ,  que par  l’abri  dont  la couvrent  les.,forêts  fi-  
 tuées  au nord-nord-eft  &nord-oueft:  dans  les pays  
 chauds au contraire,  elles temperent  les vents brû-  
 lans :  depuis qu’on  les a~ coupees dans la Caroline,  
 on a obfervé que  les moiffons  n’y  font plus fi abondantes. 
 Combien tant d’avantages que nous procurent les  
 arbres,  ne doivent-ils  pas  nous  rendre  attentifs  aux  
 facultés de  reproduction  dont  l’auteur de  la  nature  
 les a doués ! fuivons-la  dans  fes  procédés,  nous  ne  
 pouvoris  jamais nous  égarer en l’imitant. 
 8.  Prefque  toutes  les  femences  des  arbres  ont  
 une  forme  ou  une  propriété  capable  de  procurer  
 leur  difperfion ;  celles  des  fapins,  des  érables, des  
 frênes,  dès tulipiers,  des  bouleaux  font  pourvues  
 d’une aîle ; les noix,  les glands,  les  châtaignes  par  
 leur rondeur roulent  à  bas  des côteaux ; les oifeaux  
 fement  les  noyaux  8c  les  pépins  ;  les  offelets  du  
 houx  ont reçu dans  l’eftomac des grives  une préparation  
 qui  hâte  leur  germination,  ils  font  dépofés  
 avec leur  fiente. 
 Mais  ces  graines que répand  la  nature ;  ne  peuvent  
 pas  germer 8c croître  dans  tous  les  lieux  où  
 elles  tombent. 
 Pourquoi  le  fapin hériffe-t-il le  front  des montagnes  
 ,  8c que  le peuplier s’incline fur le  rivage des  
 eaux ? C’eft que les femences de ces arbres ont* avec  
 ces fituations,  des rapports qui  les y  font profpérer. 
 Quel  eft  le  nuage  qui  environne  la  tête  de  ce  
 faule?  C’eft la  foule  de  fes  graines  qui  s’élèvent à  
 l’aide  des  aigrettes  dont elles  font  pourvues :  confiées  
 aux  vents  qui  les  charient  à  l’aventure  dans  
 l’efpace  de  l’a i r ,  elles  font  enfin  dépofées  en  des  
 lieux bien  différens.  Toutes  celles  qui  fe  trouvent  
 éparfes  fur  les  coteaux  8c  dans  les  terres  feches,  
 font  perdues:  celles-là  feules  germeront  qui  ont  
 été  jettées  fur  la moufle  qui  tapiffe  le  bord  d’un  
 ruiffeau ;  mais  combien  de  femences  inutilement  
 prodiguées,  pour  une qui  réuflit?  En  feroit-il  né  
 un feul arbre, fi la nature l’aYoit répandu avec moins  
 de  profufion ? 
 i°.  De  cette  obfervation  naît  le  premier  principe  
 de  la  multiplication  artificielle  des  arbres. Ne  
 les femez que  dans  des terres 8c des  fituations  analogues  
 à  celles  où  la  nature  les  fait  croître ;  ainfi  
 vous  procurerez  à  des  millions  de  femences  les  
 mêmes  avantages  qu’a  rencontrés cette  graine^ privilégiée  
 jettée  par  les  vents  dans  un  local  favorable. 
 Cette  graine  qui  eft  tombée  fortuitement  fur un  
 fol  8c  dafls  une  expofition  convenable  ,  ne  peut  
 jamais  être que très-légèrement couverte de  terre ,  
 foit  par  l’effet  des  pluies,   foit  par  quelque  petit  
 éboulement ;  fouvent  elle n’a  befoin  que  de  s’ infi-  
 nuer  dans  les. touffes  de  la moufle,  ou  bien  fous  
 quelques  feuilles feches :  ainfi elle pouffe fes foibles  
 radicules  dans  çgttp  fupçrficie.  dç terre meuble  qui  
 Tern e  /, 
 n’eft  qu’un  détritus  de  fubftances  végétales ;  pat  
 conféqiient  les  racines  latérales' du jeune  arbre provenu  
 de  cette  graine,  s’étendront  toujours  à  peu  
 de profondeur,  elles profiteront  des fuCs qui abondent  
 dans cette  première couche,  de  même  que  du  
 bénéfice des météores qui pénètrent aifémertt la terre  
 légère  8c poreufe  dont  elle eft eompofée. 
 z°. N’enfôneez jamais trop ni les (ertiencesd’arbresj  
 ni  les  jeunes  arbres  que  vous  confierez à la  terre , 
 8c  rècouvrez  les  femences,de  ce  terreau  léger  8c  
 végétal que  leur  a préparé  la  nature. 
 Suivez dans fa eroiffarice  cet arbre enfant  qui vient  
 de  s’élancer  du fein de  la  graine,  il  a  d’abord  une  
 tige  unique  pourvue  de  plufieurs  feuilles ;  à leur  
 aiflelle  fe  trouvent  autant de boutons,  ces  boutons  
 contiennent les rudimeiis des jeunes branches qui enr  
 fortent  la fécondé  année :  ces branches  font  difpo-  
 fées latéralement :  le bouton terminal eft le  feul qui  
 produife  une branche  verticale qui  continue  l'àrbrt  
 en hauteur; ainfi durant plufieurs années il reffemble  
 parfaitement à un buiffon ;  cependant  fa  fléché s’élève  
 toujours,  tandis  que  la  feve  arrêtée  par  les  
 branches  latérales  groflit  le  tronc  fucceffivement s  
 ainfi par  la  proportion qu’il acquiert,  ilfe   prépare  
 à  braver  l’effort  des  tempêtes;  peu-à-peu  il  perd  
 fes branches latérales  inférieures,  que  la  feve abandonne  
 pour  fe  porter  plus  vivement vers  fa  partie  
 fupérieure ;  ou  s’il  croît  d’autres  arbres  autour  de  
 lui,  elles  fe  fechent  par  la  privation  du  courant  
 d’air,  alors fe forme  fa tete  qu’un tronc  vigoureux  
 porte  aifément. 
 30.  Cette  obfervation  eft  le  principe  de l’importante  
 opération d’élaguer. 
 Divers  arbres  croiffent  près  les  uns  des  autres  
 dans  une  forêt  8c  vivent  comme  en  fociété ;  leurs  
 têtes ’entremêlées ne paroiflent  former qu’une feule  
 voûte: parmi  leurs  branches entrelacées,  j’èri  vois  
 quelques-unes  qui  fe  éroiferit,  qui  fe  preffent  8C  
 femblent  faire  corps  erifemble:  je  regarde  de plus  
 près ;  celles-ci  fe  trouvent  entaillées  les  unes  dans  
 les  autres, mais  elles  ne  font  pas jointes ;  celles-là  
 'au  contraire  font  étroitement unies,  ce  n’eft qu’urt.  
 feul  noeud formé  par  l’abouchement  des  vaiffeauxi  
 ligneux : ce mariage intime m’annonce que les arbres  
 ■ d’où partent  ces  branches  font d’une même famille«'  
 40.  Voilà le principe de  toutes  les alliances qu’on  
 peut faire contracter  aux différentes  efpeces ou  variétés  
 d'arbre,  en  un mot de  leur multiplication paÉ;  
 la greffe. 
 En  arrachant uti jeune arbre dans un bois, une do  
 j  fes  branches  dont  on  s’eft  débarraffé,  eft  tombée  
 dans’ ia terre nouvellement remuée,  elle s’y  trouve  
 comme  fichée  par  un  bout :  eft-ce  la  fraîcheur  entretenue  
 par l’ombre qui lui a fait pouffer des racines  
 au bout de  quelques  mois ? 
 <6.  Cette bouture  fortuite eft le modèle de  Cette  
 VOie  curieufe  8c  fertile  de  reproduction. 
 Qu’une branche inférieure d’une Cepée  traîne fur  
 la terre,  dans  un  taillis,  les  feuilles  de  l’autoiUrte  
 vont  recouvrir l’endroit le plus bas de fa  courbure *  
 tandis qu’elle  fe  releve  un  peu  par  le  bout.  L’automne  
 fuivante  ,  fi  je  hauffe  cette  branche,  je  la  
 trouve  garnie  de  jeunes  racines dans toute la partie  
 qui  étoit  cachée,  &   j’obferve  qu’elles partent  deS  
 noeuds  8c  des  petites  protubérances  de  l’ecorce. 
 6°.  C’eft fur l’obfervation de  cette marcote  naturelle  
 que doivent  fe  former les méthodes  de  mar-  
 coter  les  arbres. 
 .O n   voit  des- arbres  pouffer  de  leurs  pieds  des  
 branches  droites,  appellées  écuyers  ,   en  déterrant  
 ces écuyers, on les trouve pourvus de quelques racines  
 ; s’ils adhèrent au tronc d’ùn côté, ils s'appellent"  
 éclats,  du moment  qu’on  les  a  détâchés.  Plus  loin  
 du tronc U s’élève  fouvent nombre  de petits  arbres