C ’eft unarbriffeau qui croît dans les terreins fablon-
neux & pierreux, & qui s’élève à la hauteur decinq
à fix pieds, fous la forme d’uft buiffon fphéroïde.
Sa racine eft blanche, ligneufe, couverte de fibres
denfes 8c très-rapprochées.
Sa tige a l’épaiffeur du bras, c’eft-à-dire, deux bons
pouces de diamètre, 6c le bois affez dur. Ses branches
font alternes, afîèz denfes, menues", écartées
fous un angle qui a à peine 30 à 40 degres d’ouverture.
Ses feuilles font alternes, affez ferrées , difpo-
fées fur les branches circülairement & horizontalement
à des diftances d’un pouce environ , ailées
une fois, compofées de cinq à fept folioles oppo-
féeS avec une impaire, elliptiques, obtufes aux deux
bouts, longues de huit à onze lignes, une fois moins
larges, minces, ternes,verd-bleufonce en-deffus,
plus clair en-deffous, portées fur un pédicule très-
court. Le pédicule commun qui les foutient depuis
le quart de fa longueur jufqu’à fon extrémité, a trois
pouces de longueur ; il eft cylindrique , avec un fil-
ion en-deffus 6c un renflement à fon origine, qui eft
accompagnée de deux ftipules.
D e l’aiffelle de chaque feuille, fort un épi conique
, droit, élevé, une fois plus court qu’elles. Il
porte dans les deux tiers fupérieurs de fa longueur
environ 25 à 30 fleurs papillionacées, couleur de
rofe foncé , d’une largeur à-peu-près égale à leur
longueur qui eft de près de trois lignes, portées horizontalement
fur un péduncule deux à trois fois plus
court. Avant leur développement, elles forment un
bouton ovoïde , pointu aux deux extrémités 6c un
peu applati fur fon côté fupérieur. Elles confiftent
chacune en un calice d’une feule piece formée en
tube divifé jufqu’à fon milieu en cinq parties égalés,
deux'fois plus court que la corole qui eft ài cinq pétales
inégaux, 6c repréfentans par leur diipofition
un papillon qui vole. Dans les deux pétales inférieurs
qui font rapprochés 6c réunis en partie pour
former une carène , font cachées dix étamines, dont
neuf font réunies par leurs filets en un faifceau , ou
en un tube fendu fur toute fa longueur en-deffus d’une
fente, dans laquelle eft couché le dixième filet. L’ovaire
enfile le cylindre des étamines, 6c eft porté
fur un difque alongé en cylindre. Cet ovaire en mû-
riffant devient une gouffe cylindrique, longue d’un
pouce environ, dix à douze fois moins large, pref-
que droite ou fort peu courbée, verte d’abord ,
enfuite brune, pendante à un péduncule fort court,
articulée ou marquée de dix à douze étranglemens
légers, qui indiquent autant de cloifons 6c de loges
qui contiennent chacune une graine ovoïde , brune
6c luifante.
Qualités. Vavaru fleurit deux fois l’an ; favoir,
dans la faifon pluvieufe 6c dans celle de la féchereffe.
Ses fleurs n’ont pas d’odeur. Ses feuilles ont une
faveur un peu amere , 6c produisent une légère
chaleur dans la bouche, lorfqu’on les mâche long-
tems.
Ufages. La décoâion de fa racine dans l’eau fe
boit pour appaifer les douleurs néphrétiques. La
même dans l’eau de coco fe boit pour les morfùres
venimeufes. Ses feuilles s’appliquent pilées en cata-
plafme, fur le ventre dans les difficultés d’urine. Son
principal ufage dans l’Inde, eft de tirer de fes feuilles
*une fécule bleu-outremer ou célefte, qui eft fi efti-
mée pour la teinture qu’on»appelle indigo èn Eu-
fope , pour indiquer le lieu de fon origine. Cette
fécule s’applique fur les tumeurs pour les fécher.
Remarques. M. Linné confond enfemble trois efpe-
ces d’indigo qui font très-différentes, 6c dont nous
donnerons la defcription à leur place, favoir ; l’indigo
du Malabar dont il eft ici queftion ; celui du
Sénégal que les Negres Oualofes appellent ngangh ^
qui a les graines verdâtres ; ÔC celui d’Amérique qui
a la gonfle une fois plus courte, extrêmement courbée
, 6c les graines cubiques ou parallélipipedes noirâtres
, 6c dont la fécule eft d’un bleu violet comme
purpurin 6c cuivré.
L’awari de Ceylan examiné avec attention, fera
peut-être encore une autre efpece ; au moins Hermann
femble-t-il Tindiquer, en difant que fa fécule
eft bien inférieure à celle qu’on fait au Malabar, à
Cpromandel, 8c à Négapatan.
J’ai cultivé au Sénégal celui d’Amérique en affez
grande quantité pour en tirer la fécule, 6c je fuis
certain qu’il eft different à tous égards de celui du
Sénégal qui approche davantage de l’awari du Malabar
, mais qui en différé encore , 8c qui eft vraifem-
blablement Vavaru de Ceylan. On verra de plus
amples éclairciffemens à ce fujet à l’article de chacune
de ces plantes.
Au refte la defcription que M. Linné rend commune
à toutes ces efpeces qu’il confond , ne peut
convenir à l’indigo en queftion , car il n’a pas les
gouffes blanches non plus que les autres. Enfin les
fleurs des unes 6c des autres ne forment pas des
grappes racemis folio brevioribus, comme le dit M.
Linné , elles font difpofées en ép i, comme il a été
dit. ( M. A d a n so n . )
AVAU ( S a i n t - ) , autrement S a i n t - A v o d ,
( Géogr. ) petite ville 6c châtellenie de France en
Lorraine. Cette ville fut long-tems poffédée par
les évêques dé Metz ; maïs les fouverains du pays
Pônt acquife d’eux, à prix d’argent , il y a près de
deux fiecles. (C . A.')
AUBADE, f. f. ( Mufique. ) concert de nuit .en
plein air fous les fenetres de quelqu’un. Voye^
SÉRÉNADE. Dicl. raif. des Sciences, 8cc. ( S )
AUBETTE, ( Géogr.") petite riviere de France ,
qui a fa fource à Epina.y en Normandie , 6c fon
embouchure dans -la Seine, près de Rouen, après
un cours d’environ trois lieues. On a remarqué
que l’eau de cette petite riviere ne gèle jamais ,
quelque froid qu’il faffe , ce qui eft très-avantageux
à diverfes ufines qu’elle fait mouvoir. (-{-)
AUBRAC, ( Géogr.) montagne fauvage 8c efcar-
pée de France, dans le Rôuergue, au diocefe de
Rhodez. Il y a un établiffement appelle domerie ,
dont le chef fous le nom de dom, jouit de 40000
livres de rente, 6c les religieux qui font de l’ordre
de S. Auguftin de 15000 livres. Cette domerie
rend outre cela 6000 livres pour l’entretien des
malades. C ’étoit autrefois un hôpital, qu’Alard,
vicomte de Flandres, dota 6c enrichit pour le fou-
lagement des pauvres 6c pour exercer l’hofpitalité.
( C .A . )
AUCAES, ( Géographie. ) peuple de l’Amérique
méridionale, voifin du détroit de Magellan, mais
originaire, s’il en faut juger par fon langage , 8c
par fes moeurs , des frontières du Paraguai. (C. A .)
AUDATHA, ( Géogr.) ville de l’Arabie Déferte
dont parle Ptolomée. On croit que C’eft aujourd’hui
Hadith ou Hadice, grande ville bâtie fur l’Euphrate
ôc partagée par ce fleuve. ( C .A . )
AUDENA, ( Géogr. ) riviere d’Italie, qui a la
fource dans l’Apennin , 6c fon embouchure dans la
Magra, riviere de la côte de Gênes. P. Mutius
vainquit fur fes bords ceux qui avoient pillé les Pi-
fans. (C . A . )
AVENTURIERS, f. m. pl. ( Hifloire mod.) Les
aventuriers étoient dans l’origine des boucaniers qui
après avoir détruit dans les Antilles une grande partie
des boeufs fauVageS & des fangliers, las de fuivre "
dans les bois les traces d’une proie devenue rare, 6c
A V E '
que l’expérience du péril rendoit rufée 6c difficile.
à faifir, montèrent fur des flibdftes pour faire la
pêche, s’ennuyèrent bien-tôtd’un travail pénible ,-
dont le fruit fuffifoit à leur fùbfiftance 6c non à leur
avarice, armèrent leurs barques en guerre , 6c aile-.,
rent chercher fortune fur l’Océan. Ces efpeces de
chevaliers errans couroient les mers, non pas comme
nos anciens preux parcouraient la terre pour
détruire les brigands , mais pour commettre èux-
inêmes les plus Horribles brigandages. L’hiftoire de ces
pirates apprend à ne pas confondre l’héroïfme véritable
avec la bravoure. Aucun corps militaire ne
peut fe vanter de traits d’audace auffi extraordinaires.
Féroces, impitoyables , s’ils prenoient un vaiffeau,
l ’équipage étoit prefque toujours maffacré. S’ils prenoient
une ville, ils n’en fortoient guere fans fe
récréer les yeux par le fpeftacle d’un incendie. Ce
ramas de brigands, raffemblés par la foif des ri-
cheffes, formoit une république gouvernée par des
loix rarement violées. Ces hommes à qui l’injuftieè
ne coûtoit rien , étoient juftes envers eux-mêmes.
Les récompenfes réfervées aux bleffés étoient prifes
fur la maffe commune du butin même avant le partage
, & perfonne n’en murmuroit. Le prix d?un bras,
d’une jambe, d’un oeil perdus dans un combat étoit
fixé 8c payé fur lé champ. Le plus brave étoit chef
6c toujours obéi. Ces barbares, ennemis de toute autorité,
étoient efclayes de la difcipline qu’ils s’étoient
âmpofée. Ce qui afflige lé plus l’homme qui penfe, en
lifant l’hiftoire de ces fléaux de l’humanité, c’eft de
voir qu’une forte d’amitié puiffe s’allier avec la barbarie,
le vol 6c tous les crimés. Avant de partir pour
une expédition, deux aventuriers s’affocioient comme
les anciens freres d’armes, juraient de partager
le péril, la gloire, le butin, 6c tous deux obfer-
voient fidèlement le traité. Si l’un périffoitdans le
combat , l’autre vengeoit la mort de fon ami, 6c
héritoit de la part qui lui étoit due. On en a vu plu-
lieurs. s’aflbPier pour la vie , 6c obferver ce pacte
jufqu’à là mort. Les François, les Efpagnols , les
Anglois, les Hollandois avoient leurs aventuriers qui
infeftoient fans ceffe les côtes de l’Amérique. Dans
desfems de guerre, chaque nation envoyoit les
fiens contre la nation ennemie pour détruire fon
commerce ; mais quand la paix étoit lignée, l ’autorité
des fouverains ne pouvoit plus retenir ces brigands
, accoutumés à combattre pour eux-mêmes 6c
non pour la patrie. Ils ont fou vent rallumé des
guerres éteintes ; 6c quelquefois on les a vus s’emparer
meme des vaiffeaux de leur nation. Lorfque des
flibuftiers ennemis fe rencontroient fur la mer ,s ils
s’évitoient, 6c i’onenfent affez la raifon. La rufe
leur étoit familière, 8c fouvent ils la pouffoient jufqu’à
la perfidie. Leur but étoit de furprendre 6c non
pas de combattre ; mais lorfqu’ils trouvoient l’ ennemi
fur fes gardes , ils faifoient affez voir que, s’ils
adoptoient pour vaincre la méthode la plus aifée ,
ce n’étoit pas qu’ils fuffent intimidés par le péril.
Le rendez-vous des aventuriers François, étoit
l’île de la Tortue fur les côtes de S. Domingue ; ce
fut vers 1630 qu’ils s’y établirent, en chafferent les
Efpagnols, furent chaffés à leur tour, y rentrèrent
6c s’y maintinrent. Ils eurent beaucoup de part aux
révolutions qui agitèrent cette colonie. Ils fè Signalèrent
par de fréquentes révoltes. Leurs chefs avôiènt
plus d’autorité que les gouverneurs même. La couf
ofoit à peine nommer ceux-ci, fans le fuffrage de
cette foldatefque plus dangereufe qu’utile. Le plus
grand défavantage de cette inftitutién, moins au-
torifée que tolérée, c’eft que les flibuftiers enga-
geoient les colons à groftir leur multitude, que ceux-
c i de brigands devenoientoififs, 6c aimoientmieux,
au péril de leur v i e , s’enrichir des dépouilles de
pos ennemis, que de fe nourrir paifiblçment des
Tome f
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produirions de la terre qu’il falloit cultiver. Le premier
qui fe fît un nom dans les Antilles , fut Pierre le
Grand : il s’étoit embarqué pour courir des aventurés.
Son vaiffeau avoit été battu par la tempête.
L’eau entroit de .toutes parts. Les vivres étoient
epuifes. Vingt-fix hommes exténués de fatigue com-
pofoient tout l’équipage. On apperçutun gros vaif-
feau Efpagnol, Pierre le Grand l’aborde, y jette fes
vingt-fix compagnons, 6c pour leur ôter tout efpoir
de retour, creve fa barque 6c la fait couler bas.
Après un combat opiniâtre , il demeura maître de
l’Efpagnol, monté par quatre ou cinq cens hommes.:
L’Ollonnois qui parut après celui-ci, n’étoit ni moins
téméraire ni moins heureux. Tandis que les Efpagnols
faifoient des réjouiffances publiques fur un
faux bruit de la mort de ce pirate qu’il avoit fait
courir lui-même, à la tête de vingt Ôc un foldats
divifés dans deux canots, il ofa attaquer une frégate
défendue par trois cens Efpagnols, èn fit périr
la moitié par lè feu de fa moufqueterie , maffacra
le refte de fa propre main, 6c s’empara du vaiffeau.
Un fucces fi extraordinaire lui acquit la plus haute
réputation. Michel le Bafque , intrépide 'brigand ,
s attacha à lu i, une foule d’aventuriers vinrent lui
offrir leurs ferviceS, il eut bien-tôt une efcadre ,
entra dans la baie de Venezûla , s’empara de Ma-
caraïbo , 6c emporta tout ce que les Efpagnols
avoient laiffé de tréfors dans cette ville. A peine
revenu de cette expédition, il en médita une autre;
defcendit fur les côtes de la province d’Honduras ,
parut fous les murs de San-Pedro, vit une garnifon
nombreufe rangée fur les remparts , livra i’aûàut,
6c avec trois cens hommes entra triomphant dans
une ville qui aurait pu fe défendre contre une
armee. Quelques jours après, eè conquérant, jette
par la tempe,te fur une côte inconnue , fut dévore
par les Indiens. Une mort fi cruelle n’effraya point
Monbars. Ce jeune homme avoit fucé avec le lait
la haine du nom Efpagnol. C’étoit dans le récit du
maffacré des Péruviens, qu’il avoit appris à lire.
Dès fa plus tendre enfance , il avoit juré de cônfa-.
crer toute fa vie a la deftruftion de la nation Efpa-
gnole. Un jour qu’il jouoit fur un théâtre le rôle
d’un François infiilté par un Efpagnol, il entra fî
bien en fçene, que fi l’on n’eût arraché de fes bras
fön camarade déjà meurtri de coups , ilalloit l’égorger.
Dès qu’il eut la force de lever une hache, il
le jetta fur une barque, 6c courut fus aux Efpagnols;
il fut le fléau de leur commerce, prit leurs vaiffeaux ^
ravagea leurs provinces, brûla leurs villes. Chaque,
fois qu’il maffacroit un Efpagnol , je voudrois ,
difoit-il, que ce fût le dernier. Son cri de guerre,
çtoit, point de quartier aux Efpagnols. Il n’avôit d’au-
tre b u t , difoit-il, que d’appaifer les mânes' des
Américains exterminés par ces impitoyables cbn-
quérans. Mais pour venger l’humanité, il ne falloit
pas l’ôutrager. Les Efpagnols oppoferént aux aventuriers
François", des hommes, à" qui un inftinct auïfi
féroce avoit fait embraffer la même profeflîon x
les Anglois avoient leur Morgan , les Hollandois
leur Laurent Degraff qui depuis t'râhit fa republié
que pour Servir la FrancéAt)n redira compté: de
leurs exploits dans les grandes expéditions pu ils,Té.
font réunis aux troupes nationales. On a vu auffi la
Méditerranée ôc l’Archipel infeéies de ces brigands,
Lespuiffançes Européennes ont frappé les coups les
plus terribles fur ces républiques Africaines qui s’enri-
chiffent des dépouilles des nations commerçantes.
On a négocié avec elles , 6c les traités n’ont guere
mieux réufli que" les châtimens. ( M. d e SacŸ.)
§ A VERNE, (Géogr.) On donne aujourd’hui trois
censtoifes de diamètre à ce lac, 6c cent quatre-vingt-
huit pieds de profondeur en quelques endroits. Les
vapeurs n’en font plvis mortelles pour le s. oifeaux
T T t t i j