les moyens de les emplir d’eau, de larges baffins au
fond de leur potager. Quelquefois les terres le
trouvent abreuvées fous très-peu de profondeur ; il
fuffit de multiplier des pierrées parallèles ou brifées
par un angle à un certain éloignement de ces baffins,
où on les décharge par une pierre qui les traverfe.
Il eft encore bien d’autres moyens de fe procurer
des eaux ; mais ils font du reflort de l’archite&ure
hydraulique, . .
Lorfqu’on fait conftrui're de petits toits au-deflus
des murs des potagers, les efpaliers fe trouvent
arrofés.à leur aide : fi peu de pluie qu’il tombe ,
elle s’affemble entre les tuiles, dégoutte au pied
des arbres, & leur procure une fraîcheur falutaire
& profonde, qui ordinairement fe maintient juf-
qu’aux pluies nouvelles, à moins que les intervalles
de féchereffe ne foîent très-longs.
Pour entretenir certaines plantes, pour aider a
s*enraciner les marcottes qu’on fait au haut des ar-
briffeaux , pour afliirer la reprife de certaines boutures
précieufes ; on pend au-deflus un vafe dans lequel
on pafle un tube recourbé, ou une laniere de
drap dont l’humidité perpétuelle ne permet pas à la
terre de fe deflecher.
Toutes les eaux ne font pas propres anx arrofe-
tnens; il en eft de nuifibles : telles fons les eaux crues,
les eaux marécageufes , crafleufes , vifqueufes &
celles qui pétrifient : il s’en trouve aufli d’indigentes
& de fatiguées qui ne charient'point de parties nonr-
riflantes. Les eaux des rivières & des ruiffeairx où le
poiflon abonde , celle des fontaines ou fleuriflent le
creffon & le becca-bunga, font pures & bienfai-
fantes. Les eaux des pluies amaffées dans les citernes
font encore meilleures ; mais il faut les tirer le
matin & les laiffer, avant de s’en fervir , tout le
jour expofées aux doux rayons du foleil; Les eaux
grafles qui ont lavé les chemins, les cours, les fii-
miers, font infiniment précieufes : elles portent l’abondance
avec elles. En général, une eau qui dif-
fout bien le favon , qui s’évapore aifément, qui
cuit bien les légumes , eft autant propre aux arrofemens
qu’elle eft utile & falutaire pour tous les
autres ufages. On peut corriger quelques-unes d’entre
les mauvaifes eaux en les battant par des roues,
en les faifant paffer par des lits de fables, en y jet-
îant du fumier & des herbages pourris.'^
C ’eft par le moyen des arrofemens qu’on peut
rendre avec le plus d’efficacité & le plus promptement
, des fucs à la terre exténuée où languiffent les
plantes. Celles qu’on tient captives dans des pots
ou des câiffes, ayant bientôt épuifé la petite portion
d’alimens contenue dans le peu de terre qu’on peut
leur donner, ne fauroient, par l’extenfion des racines,
en aller chercher plus loin : elles ont befoin
dé reftaurans. Ils conviennent aufli aux arbres malades
& défaillans, ou furchârgés de fruits ; on les rétablit,
on les foutient en leur donnant de tems à autre
un bouillon. Le plus fort de tous qui s’emploie pour
les orangers, fe compofe avec du crottin de brebis,
de la lie de vin & du fang de la boucherie. Voyez
dans le livre’de l’abbé Roger Shabot la compofition
de celui iju’il emploie pour les pêchers. Suivant
Mortimer, le fang de boeuf eft un excellent bouillon
pour tous les arbres fruitiers. Les terres alumineufes
détrempées font un effet prodigieux fur la végétation
: & c’eft à-peu-près à quoi fe réduifent les nom-
breufes expériences de M. Home fur les effets de
différens fels.
Lorfque les plantes fe trouvent couvertes d’une
foule d’infe&es de l’efpece de ceux que la féchereffe
multiplie, tels que les altifes ; de fimples arrofemens
réitérés fur les feuilles les écartent■ & les diffipent;
à l’égard des autres infe&es, comme les chenilles,
l’eau dans laquelle on a infufé de la coloquinte, de
la. fuie ou femblables ameirs , & dont on inonde la
touffe des arbres par le moyen des pompes, eft un
des meilleurs moyens de fe débarraffer de cette engeance
dévorante ; pour les taupes-grillons, il faut
arrofer la terre qu’ils fréquentent , les trous qu’ils
habitent, ceux où l’on a lu les attirer avec de l’eau
mêlée d’huile de chenevi : l’eau de chaux détruit
les coches & les limaces.
Au refte , fi l’on a foin de bien faire effondrer les
potagers & d’y enterrer des couches épaiffes de fumier
, les arrofemens n’y feront pas aufli fouvent
néceffaires , & ils y feront plus profitables. ( M. U
Baron de T sC H O U B J .)
ARROUX , (Géogr. ) riviere de France en Bourgogne
; elle a fa fource près d’Arnay-le-duc , pafle
à Autun, & ayant reçu le Mifei, le Vefure , le
Tornay , 1a Mothe, la Varenne & quelques autres
ruifleaux, elle fe joint à la Loire au pied du château
de la Mothe-Saint-Jean , au- deffous de Bourbon-
Lancy. ( C. A . )
ARS , ( Géogr. ) riviere d’Efpagne dans la Galice,'
Elle fe jette dans l’Océan , à Céa , près du cap
Finiftere. On croit que c’eft le Sars des anciens. Il
y a en France une belle Chartreùfe du nom à’Ars ,
dans le duché de Lorraine, au doyenné de Port,
{ c -A -) I ■ ■ ■ ■ i
A R SA , ( Géogr. j nom de deux villes d’Efpagne ;
dont l’une étoit dans la Bétique, & l’autre dans la
Tarragonoife. C’étoit aufli le nom d’une contrée
d’Afie, entre l’Indus & l’Hydafpe , où l’on trouvoit
les villes d’Ifagurus & de Taxila, ( C. A. )
ARS ACE , ( Géogr. ) ville de la grande Médie ,’
bâtie par Arfaces, gouverneur de là Médie fous
Alexandre le grand. Cette ville a fubfifté peu de
tems , & n’a jamais été rétablie. Il y avoit un
bourg de ce nom dans la Paleftine. ( C.A. )
A r sa c e , ( Hijl. de C empire des Par thés. ) fondateur
de l’empire des Parthes, defeendoit des anciens
rois de Perfe ; & malgré la nobleffe de fôn origine,
il vivoit confondu dans la foule des courtifans des
gouverneurs des, rois, de Syrie. Agathoclès à qui
Antiochus le dieu avoit confié le .gouvernement de
la Perfe, brûla d’une paffion criminelle & brutale
pour Tiridate frere d^ Arface; ce fatrape effréné
n’ayant pu réuflir à le féduire par l’éclat de fes
promeffes, voulut employer la violence. Les deux
freres à qui l’injure étoit commune, s’armèrent contre
leur infâme corrupteur qu’ils poignardèrent. Arface
redoutant les vengeances d’Antiochus le dieu , dont
Agathoclès étoitie favori, fe retira dans la Parthie ,
où il fe rendit indépendant, après en avoir chaffé
les Macédoniens. Tous les peuples charmés de rentrer
fous l’obéiffance de leurs anciens maîtres,
favoriferent fa rébellion, fi l’on peut ainfi qualifier
une révolution qui rétablit un prince dans l’héritage
de fes peres. Le roi,de Syrie n’entreprit point
de le dépouiller d’un état dont le coeur dés fujets
& Arface lui affuroient la poffeffion. Ce fut âinû
que fe forma le royaume des Parthes que quelques
uns confondent mal-à-propos avec celui des
Perfes ; il comprenoit cette région célébré de l’Afie ,
qui a la Médie à l’occident, la Perfe au midi, la
Ba&riane à l’orient , la Margiane & l’Hircanie ail
feptentrion. Hécatompile ainfi nommée à calife de
fes cent portes, en étoit la capitale : c’eft aujourd’hui
Hifpahan. Cet empire a fubfifté pendant près
de cinq cens ans fous vingt-fept rois connus fous
lé nom de rois Arfacides, dont l’hiftoire èft pref-
que tombée dans l’oubli ; il n’en refte que .quelques
fragmens épars dans' les annales des peuples qui
ont eu des démêlés ou des intérêts à difeuter avec
eux. Artaban en fut le dernier roi. Artaxerxes ou
Artaxate, foldat de fortune , .Jui ôta le trône & la
vie l’an 113 de l’erç vulgaire.
A rsACE ÏI , fils & fucceffeur'du fondateur de
l’empire dés Parthes, fut un prince véritablement
grand & magnanime. Maître de la Parthie & de
l’Hircanie , il joignit aux états dont il avoit hérité
de fon pere, plufieurs provinces voifines. Antiochus
le grand , âllarmé'de fa puiffance , entreprit
de la détruire avant qu’elle fut affermie ; il marcha
contre lui avec tout'l’appareil de fes forces. Arface
fe flatta que les déferts qui fervoient de barrières
à fes états j feroiént le tombeau des Syriens qui
n’y trouveroient aucune fubfiftance ; mais voyant
que ces obftacles ne les artêtôient point dans leur
marche, il ordonna d’empoifonner les fontaines &
les puits. Les exécuteurs de fes ordres furent mis
en fuite par Antiochus qui traverfa fans périls des
contrées qui refufoienttout aux befoins de l’homme.
Il fe préfente devant Hécatompile qui lui ouvre
fes. portes, avoit quitté la Parthie pour fe
retirer dans l’Hircanie défendue par des montagnes
efearpées, qui ne pouvoient être franchies par une
armée. Antiochus applanit cët obftacle en partageant
fon armée en différens corps qui fe réunirent à la
defeente dés montagnes. Arface qui s’étoit cru invincible
par la nature, fentit alors la néceffité d’arrêter
un ennemi qui avoir triomphé des plus grandes
difficultés ; il fe met à la tête de cent mille hommes
de pied & de vingt mille chevaux, & fe préfente
devant un ennemi épuifé par une marche longue
& pénible. On alloit donner le lignai du combat,
lorfque Antiochus adoptant un fyftême pacifique ,
•aima mieux l’avoir pour allié que pour ennemi ;
& après leur réconciliation ,-ils marchèrent enfem-
ble contre Euthydeme qui avoit envahi là Ba&riane.
Dès qu’il n’eut rien à craindre des rois de Syrie,
il devint redoutable aux Barbares, dont il réprima
les brigandages. Les détails de fa vie ne nous font
point connus : il mourut l’an z z z avant l’ere vulgaire.
- A rsace III, le troifieme de fa famille qui régna
fur les Parthes , avoit toutes les vertus qu’on exige
de l’homme privé, & tous les talens qui font les
•grands rois. Heureux conquérant, il fit le bonheur
des peuples fubjugués. Sa domination s’étendit depuis
le mont Caucafe jufqu’à l’Euphrate ; il vainquit
Démétrius Nicator , roi de Syrie ; & quoiqu’il eût
à s’en plaindre , il adoucit les ennuis de fa captivité
, en lui faifant rendre les mêmes honneurs qu’on
rend aux rois. Mais ce prince dégradé fë fentit humilié
de recevoir, à titre de grâces , des honneurs
dus à fa naiffance ; & quoiqu’il eût époufé Rodo-'
gune , foeur $ Arface , dont il avoit des enfans,
il prit la fuite pour fe retirer dans fes états ; mais
il fut arrêté fur le territoire de Babylone , & envoyé
dans l’Hircanie comme dans une terre d’exil,
où on lui procura tous les plaifirs, excepté celui
de commander. Un traitement aufli doux étoit
infpiré par la politique. Arface qui depuis long-tems
ambitionnoit la conquête de Syrie , vouloit fe fervir
de Démétrius pour faire la guerre à Antiochus'le
pieux qui, depuis la détention de fon frere , avoit
profité de fon malheur pour monter fur le trône.
Ce projet formé par Arface fut exécuté par Phraate,
fon fucceffeur. Ce prince hêureux à combattre &
à gouverner, fut le légiflateur de fa nation q ui,
avant lui,' ne connoiffoit point le frein des loix. il
emprunta des peuples vaincus les inftitutions qui
lui parurent le plus utiles pour adoucir les moeurs
dures & fauvages de fes fujets. On voit encore
paroître dans l’hiftoire un quatrième Arface qui
envoya des ambaffadeurs à Sylla pour faire'alliance
avec les Romains. Quoique fes fucceffeurs enflent
de noms diftinftifs, on leur donne à tous indiftirtC-
tement celui d’Arface. ( T —N.y
ARSÀC1S PALUS y C Géogr. ) nom d’un lac ou
Tome /.
marais que le Tigre traverfe dans fort cours. On
croit que c’eft le même que le lac d’Afethufë*
(Æ M
§ ARSENIC , ( Hiß. 'riaté Métal. Chytti. Méd. &
Arts. ) Varfenic eft une concrétion minérale , vo-
‘latile au feu, pefante, très-cauftique & pénétrante ,
qui fe trouve fouvent & trop fouvent dans les
mines métalliques , fous une apparence pliis ou
moins métallique & fous des formes fort différentes.
Sperling, dans fa différtation de arfenico, fait voit*
que tout arfenic participe différemment aux foufres,
aux fels & aux métaux. Cette minéralifation com«
pofée elhou. opaque, ou tranfparente, d’une couleur
quelquefois noire ou brune, quelquefois grife
ou blanchâtre, fouvent teinte d’autres couleurs.
Ses formes & fes combinàifons font fi diverfes,
que cétte diverfité, a donné lieu à beaucoup de
confufion j & la naiffance à une multitude de noms,
par lefquels'on a défigné ce minéral. Lemery confond
la cadmie avec Varfenic, & Savary l’a fuivi
en cela. Tâchons'de mettre plus de netteté dans
la defeription d es arfenics naturels ou foffiles, &
enfuite nous confidérerons ce que la Chymie nous
apprend fur cette fubftance naturelle & fur Varfenic
faftiée.
Linné range Varfenic foffiîe dans la claffe des
pierres compofées & dans l’ordre des foufres’.
Puifqufil eft fufible, & qu’il fe fond aifément aveO
les matières grafles , & qu’il s’en forme un régule
fous une'forme métallique; il eût été biert
plus naturel de le placer dans l’ordre des fubftanceS
minérales qu’il nomme mercurielles , Ce me femblè
affez improprement. Quoi qu’il en foit, il donné
le nom de foufre aux corps qui fument dans le
feu, & qui répandent de l’odeur. Arfenicum, dit-
il, futno odore alliaieo ,. colore itlbo x fapore dulci.
Voici comment il a diftingué & décrit les diverfes
fortes d-arfenics naturels ou foffiles. ’
I. Arfenic anguleux ou cubique : tejfuta oclaèdra i
tejfera .arfenicalis, en fuédo.is berg-teerning.
II. Arfenic rouge hériffé : rubrum , acerofum. ri-
gidum :' coboltum rubrum-; en fuédois kobolt-bloma*
III. Arfenic amorphe , obfcur par la calcination î
amorphum , calcinatione obfcutum ; en allemand ,
mifpickel; en fuédois , vatukies. '
IV. Arfenic amorphe , bleu par la calcination :
amorphum , calcinatione ceeruleum : en allemand,
fajfer ; en fuédois , fcerg-kobolt. C’eft le cobolt pro-,
prement dit.
Il s’en faut beaucoup que toutes les minéralifa-
tions arfénicales qu’il importe fi fort en métallurgie
de favoir diftinguer , ne puiffent être rangées fous
cette claffification imparfaite.
’Wallerius fait une autre divifion; & après lu i,
Valmont de Bomare, qui, quoique plus exaéle 6t
plus complette, laiffe cependant encore quelque
bbfcurité.
• Comme Varfenic paroît entrer dans la compofiî
tion de la plupart des demi - métaux, & dans la
minéralifation de plufieurs mines de métaux, il en
réfulte bien des formes diverfes , fous lefquelleS
il fe montre. Il différé cependant des demi-métaux
par une plus grande volatilité , par une' force pénétrante
, par l’abondance des fels cauftiques, ôi
parce qu’il a extérieurement moins d’éclat & d’ap-
pafence métallique. D’ailleurs il n’eft point inflammable
comme eux, ni par lui-même, ni avec le
nitre.
Diofcoride fémble avoir donné le nom A’arfenic
à deux fubftances ; à celle que nous appelions.'orpiment
, qui eft Varfenic fulfureux, couleur de citron
, & à Varfenic rouge, qui approche du fandara-
que, Les Arabes ont fait mention de-deux arfenics ;
D D d d i j