toponefe, n’ eft plus aujourd’hui qu’une bourgade
appellée Naupalia : dans fon origine, ell,ë fut connue
fous les noms de Phoroniqué, à’Egiali & .d’A.pc y
de trois de fes rois appéllé's Phoronèe , -Apis, 6c
Egïaleÿqui fuent rois de cette ville & de Sÿcione. Stra-
bon nous apprend qu’ elle étoit fituée dans une plaine
défendue par Lariffe, citadelle qui étoit foutenue par
des arcades ; ainfi cette fortereffe fameufe doit plutôt
fa célébrité à la hardièfle de l’ouvrage qu’à fa
force & à fa folidité. L’hiftoire des rois d'Argos,
n’eft qu’un mélange de fables qui enveloppent quelques
vérités. Le premier fut Inaccus qui réunit en
fociété des Hommes épars 6c fauvages. 11 eut pour
fncceffeur Phoronèe qui donna des moeurs à fes
fujets barbares „ en inftituant un culte religieux &
des lôix. On prétend qu’il apprit aux hommes à fe
nourrir de gland ou de châtaignes, au lieu d’herbes
fauvages dont ils faifoient leurnourriture. Après un
régné de foixante ans, la reconnoiflance publique le
mit ait nombre des dieux, ôc on lui fit desTacrifices.
Ce fut environ dans ce tems, qu’arriva le déluge
d’Ogigès. Cette inondation l’obligea de quitter la
Béotie , & de fe retirer fur les bords du. lac Triton
oîi il fut le fondateur de la ville d’Eleufis , où dans la
fuite fe tint l’affemblée de la Grece pour y célébrer
les myfteres de Cérès.
Après fa mort, Apis , quoiqu’étranger, s’empara
du trône où il fe maintint par fes violences , & pour
rendre fa puiffance plus refpeôable, il fe vanta
d’être fils de Jupiter & de Niobé, qui paffa pour
avoir .été la première mortelle qui eût commerce
avec ce dieu , ou plutôt qui rejetta fur lui la faute
dont elle étoit coupable. Le peuple parut le croire,
mais après l’avoir adoré pendant fa v ie , il eut fa
mémoire en exécration. Sa famille fut profcrite.
Argus, petit-fils de Phoronèe fut rétabli fur le trône
de fes peres. Il donna fon nom à toute la contrée,
dont la. métropole fut appellée Argos. Sa poftérité
fournit fix rois qui remplirent le trône pendant l’ef-
paee de cent foixante & fept ans. Lé dernier nommé
Gdanory fut détrôné par Danaüs , aventurier Egyptien
, qui employa avec fuccès les fuperftitions
de fon pays pour féduire dès hommes grolîiers. Le
flambeau desfciences qu’il fit briller dans ces contrées
ténébreufes , ne fit que multipliér les fables. Je
ne m’étendrai point fur l’hiftoire des Danaïdes ,
dont l’abfurdite révoltante ne trouva point d’incrédules
dans la ' Grece. Après Danaiis , on voit le
trône occupé par fon neveu Lÿncée , qui eut
pour fucceffeurs Abbas & Prcetus, dont le régné
n’eft célébré que par l’aventure fabuleufe de la
Chimere & de Bellerophon. Acrife qui lui fuccéda,
eut pour fille Danaé, qu’il fit enfermer dans une
tour , pour prévenir l’accoinpliffement de l’oracle
qui lui avoit annoncé qu’il périroit de la main d’ùn
fils qui naîtroit d’elle. La précaution fut inutile, Proe-
tûs , frere d’Acrife, palîionnément amoureux de la
princeffe , corrompit les gardes à force de préfenS ,
& fut introduit dansja tour. Perfée fut le fruit de
cette vifite, & pour cacher cette intrigue, on publia
que cet enfant étoit fils de Jupiter. Perfée expofé
fur la mer dans une frêle barque , fut jetté près de
Seriphe, l’une des Cyclades où il fut élevé par
Polideéle quirégnoit alors dans cette île. Ses premières
inclinations fe tournèrent vers la guerre ; & fa
première viétoire fut contre les Gorgones qui ré-
gnoient fur les îles Gorgades où le fceptre étoit
toujours déféré aux femmes. Médufe qui alors occu-
poit le trône, s’étoit rendue honteufement célébré
par fes proftitutions. On la peignit avec des ferpens
fur la tête, pour marquer l’horreur qu’infpiroient
fes défordres; Elle avoit pour foeurs Stheno &
Euriale, aulîi lubriques qu’elle. Leur union étoit
fi parfaite, qu’on publioit qu’elles n’a voient qu’une
dent l qu’une corne & qu’un oeil. Perfée furprit
Médufe fans défënfè , 6c il lui coupa la tête qu’il
mit fur l’égide de-Pallas-, fymbole de la fageffe qu’il
avoit fait éclater "dans cette expédition.
Cette viôfoiré fut fuivie d’une plus; éclatante contre
Gerion ,'roi d’Efpàgné pu d’Ibérie. La fable le repréfente
avec trois corps , parce qu’il avoit trois fiis ^
tous éprouvés par leur courage , ou félon d’autres ,
trois habiles généraux qui commandôient fes armées.
On difoit qu’il nourrifloit des boeufs avec de la chair
humaine, parce que fes enfans ravage oient' toiis les
champs enlemencés., pu faifoient paître leurs nombreux
troupeaux dans les ferres de leurs fujéts. Perfée
délivra 1’Ibérie de fes.tyrans,', & le bruit de fes victoires
réveilla la nature dans le coeur d’Acrife, qui eût
une entrevue avec le jeune héros. Tandis qu’ils s’a-
bandonnoient aux tranfports d’une joie réciproque
& qu’ils varioieht leurs, plaifirs à différens jeux d’a-
drèfle, Perfée lança un palet avec tant de violénce ,
qu’Acrife , qui en fut atteint, mourut fur le champ.
Le déféfpôir caufé par ce crime involontaire , lui fit
dédaigner lui trône fouillé d’un parricide, & ne voulant
plus vivre dans un lieu qui lui en rappelloit fans
ceffe le fouvénir, il échangea fon royaume avec
celui de Mégapente , roi de Tyrinte. Ce nouveau
roi d’Argos trouva tout le royaume dans la confu-
fion ; fon fils Anaxàgore fut fon fuccefleur : ce fut
fous fon régné que les femmes Argiennes furent
attaquées d’une maladie dont il eft facile de deviner
la caufe , quand on fait le remede qui la guérit: elles
couroient toutes échevelées dans les campagnes &
les forêts , montrant ce que la pudeur ordonne de
cacher. On inftitua les grandes orgies de Bacchùs, on
fit de pompeufes procédions où l’on porta l’image
obfcene du Phallus, & auffi-tôt les Argiennes rentrèrent
dans l’exercice de leur raifon.
Le royaume d’Argos qui par lui-même-étoit peu
confidérable , fut encore partagé en trois, & comme
il ne tint plus un rang parmi les autres états de la
Grece, il eft difficile de démêler la fuite de fes rois.
Orefte, fils d’Agamemnon, en fit la conquête, &
depuis ce tems Argos fut dans la dépendance de
Mycene. Ce royaume fubfifta 690 ans.
Les Argiens avoient les moeurs, les ufages & les
rites fâcrés des autres Grecs. On raconte que deux
freres fe rendirent également recommandables par
leur tendreffe- réciproque & par leur fefpeft pour
leur mere. Un jour qu’elle vouloit aller au temple
de Junon, pour y offrir un facrifîce, elle demanda
fon char ; les boeufs trop lents à féconder fes voeux,
excitoient fon impatience. Cléobis & Biton., fes deux
fils, fe mirent avec empreffement fous le joug 6c
traînèrent le char jufqu’au temple: Toutes les femmes
applaudirent à ce zele filial. La mere demanda à
la déeffe, pour fes deux fils, la grâce qui pouvoir
le plus contribuer à la félicité des hommes ; fa priere
fut exaucée. Cléobis & Biton s’endormirent dans le
temple, & terminèrent leur vie dans ce tranquille
‘ fommeil. Les Grecs pour immortalifer leur mémoire
, placèrent leur ftatue dans le temple de
Delphes. ( T—n . )
A r g o s , ( Géogr. ) petite ville d’Afrique, au
royaume de Dongala en Abiflinie, dans la province
de Fungi. Elle eft fur la rive orientale du Nil, au
nord de la ville de Fungi. Il y paffe des caravanes
chargées de toiles & de lavons qui paient un droit,
en nature de mardiandifes, à la douane de cette ville.
( C ï A . )
ARGOULETS , f. m. pl. {Art milit. ) efpece de
huffards de l’ancienne milice françoife. Ils étoient
armés de même que les eftradiots, excepté à la tête
où ils mettoient un cabaffet qui ne les empêchoit
point de coucher en joue. Leurs armes offenfives
étoient l’épée au côté , la maffe à l’arçon gauche,
& au. droit- une arquebufe de deux pieds & demi
dans un fourreau de cuir bouilli. Par-deffus leurs
armes, une foubrevefte courte, comme celle .des
eftradiots, & comme eux une longue banderole
pour fe rallier. Ces argottlets étoient des efpeges de
huffards qu’on envoyoit à la découverte. Il y en
avoit encore à la bataille de Dreux , fous Charles
IX .(+ )
ARGUMENT, (AJlron.) en général c’eft la quantité
de laquelle dépend une équation, une inégalité,
une cirçonftance quelconque du mouvement d’une
planete. Ainfi l’anomalie ou la diftance à l’apogée
ou à l’aphelie, eft l’argument de l’équation du centre
ou de l’équation de l’orbite, puifque cette équation
fe calcule dans un orbite elliptique pour chaque
dégré d’apomalie, & qu’elle ne varie qu’à raifon du
changement de l’anomalie. Il faut qyoir quatorze ar-
gumens pour calculer le lieu de la lune par nos nouvelles
tables , parce qu’il y a quatorze inégalités
dans fon mouvement, & quatorze équations dans
le calcul ; la première eft de 1 1 ' 16 ", multipliées
par le finus de l’anomalie moyenne du foleil, parce
que cette équation, qui n’eft de i i '.i 6 " , que quand
le foleil eft à 90^. de fon apogée , diminue .comme
le -finus de la diftance à cet apogée, ou de l’anomalie
du foleil ; ainfi cette anomalie eft Yargument
de la, première équation ; il en .eft ainfi des autres.
L argument de la parallaxe eft l’effet qu’elle pro-r
duit dans l’obfervation, & qui fert à trouver la
véritable quantité de la parallaxe horizontale ; ainfi
quand M .^de la Caille & moi obfervions la lune ,
au même inftant, l’un au cap de Bonne-Efpérance &
l’autre à Berlin , nous trouvions dans fa déclinaifon
8o/ de différence , ç’étôit Y argument d’une parallaxe
horizontale plus ou moins, {M. d e l a Lan d e .')
ARGUN, ( Géogr. ) riviere d’Afie dans la Tar-
tarie orientale; Elfe fe jette dans l’Amur & fépare
l’empire des Ruffes de celui des Tartares Chinois ,
par une convention faite en 1 7 2 8 , entre ces deux
puiffançes. On y pêche des perles & des rubis ;
& on trouve aux environs des mines de plomb &
d’argent. ( C. A.')
ARGUS , (.Myth.) fils de Phrixus, infpiré, dit-on,
par Minerve, conftruifit le navire Argo, qui porta fon
nom, & invita Jafon & les autres princes de la
Grece , à aller venger la mort de fon pere. (-{-)
A rgus , {Myth.) avoit cent yeux à la tête, dit la
fable; il n’y en avoit jamais que deux qui fe fermât
fent à la fois , les autres veilloient & faifoient fen-
tinelle. C ’eft à ce furveillant que Junon confia la
garde d’Io : mais Mercure, ayant trouvé le moyen
de l’endormir par le doux fon de fa flûte, lui coupa
la tête. Junon prit les yeux àéArgus, & les répandit
fur les ailes & fur la queue du paon. Cet Argus fut
le quatrième roi d’Argos, depuis Inachus , & donna
fon nom à cette ville. C’etoit apparemment un
prince auffi fage qu’éclairé, & voilà pourquoi on lui
donne cent yeux. Peut-être avoit - on mis fous fa
conduite I o , qu’il prenoit foin d’élever, & que quelque
prince, pour la ravir , fit périr Argus. (+)
A rgus , {Myth.) petit-fils de celui à qui les poètes
ont donné tant d’y e u x , fuccéd,a à Apis, roi d’Ar-
g o s , & donna fon nom à la ville d’Argos .& aux
Argiens. La Grece ayant fait de grandes récoltes d.e
bled fous fon régné, cette abondance, à laquelle il
avoit contribué p,ar la fageffe de fon gouvernement, '
lui mérita, après fa mort, des autels 6c des facrifices.
( + )
A r g u s , (Hifl, nat. ) On a donné ce nom,
i ° . à des papillons diurnes, à fix pieds, qui ont fur
les ailes de taches en forme d’yeux, dont le nombre
& la couleur varient félon les efpeces, ainfi que celle
du .fond : les chenilles de ces papillons font de celles
qu’ori nomme chenilles-cloportes. Celui qui porte plus
particuliérement ce nom , eft d’un beau bleu : le
deflous des ailes eft gris-blanc, parfemé de plu-
fteurs petits yeux noirs, bordés de -blanc. On voit
fouvent ce petit papillon voltiger .dans les prairies
& fur les bruyères; Sa chenille vit fur le frangula.
2 . On appelle encore argus, des coquillages du
genre dgs porcelaines , dont la robe eft couverte
de taches fondes.
'3 °. On a enfin donné ce nom à un ferpent très-
♦ rare de Guinée , fur lequel on voit un double rang
de taches en forme d’yeux, depuis la tête à la queue;
ainfi qu’à un petit léfard d’Amérique, de couleur
bleu# d.ont tout le corps eft couvert de pareilles
taches, excepté la tête & la queue. {D.)
Argus , ( terme de Fleurifte.) tulipe couleur de
feu, gris-d.e-lin & blanc-de-lait. ( -f)
ARG TRA, ( Géogr.) nom donné par les anciens
géographes, à une contrée de l ’Inde , au-delà du
Gange, où l’or &c l’argent étoient fort communs. On
ne fait pas précifément aujourd’hui fi c’eft le royau-
me d’Aya , ou la prefqu’île de Malaca ; mais on
- ne doute pas que ce ne foit l ’une de ces deux
contrées. ( C. A .)
Argyra, (Géogr.) nom que plufieurs villes ont
porte chez les anciens : il y en avoit une dans l ’île
de Jara, une autre dans la Tatrobone, aux Indes,
une troifieme dans l’Achaïe, &c une quatrième dans
la Judee ; mais toutes font tellement ensevelies fous
leurs ruines , que nous ignorons entièrement leur
emplacement. ( C .A . )
ARHON, ( Géogr. ) grande montagne d’Afrique,
en Barbarie, au royaume de Fez, près d’Efagen.
C’eft un:e branche du mont Atlas. Sa diredfion va
d’orient en .occident & fon étendue eft très-confi-
derable. Elle eft peuplée en. partie par des anciens
Maures chaffés d’Efpagne ,- .& par quelques familles
Arabes. Le fol y produit abondamment de Forge
qui eft la feule graine du pays. On y recueille des -
olives &c des raifins fecs. Les habitans entretiennent
une grande quantité d’abeilles qui y réuflîffent
admirablement bien; ils font commerce de favon
liquide qu’ils fabriquent eux-mêmes. Leurs habitations
font éparfes çà & là comme des maifons de
-campagne ; elles font prefque toutes ou de planches
pu de groffes toiles en forme de tentes. L ’empereur
de Maroc en tire un tribut confiderable; on
prétend qu’il peut lever dans ce feul canton jufqu’à
dix mille'hommes d’infanterie. (C. A .)
ARIA, ( Mujiq. Chant. ) Ce terme-; emprunté de
l’italien, appartient également à la poéfie ÔC à la
mufique. En poéfie c’eft un petit morceau lyrique,
une ftrophe à chanter pour l’ordinaire à deux re-
prifes. En mufique c’eft l’air noté, tel qu’il doit l’être
pour le chant.
Dans un drame mufical, les fentimens s’élèvent
fouyent à un tel degré de force, les pallions deviennent
fi vives, que pour fe foulager il faut leur accorder
un libre effor ; tel eft le but de Varia. Le
poète choifit pour cet effet un métré lyrique; mais
entre un grand nombré de- penfées & d’expreflîons
qfci fe prefentent d’elles-mêmes. il n’en choifit que
quelques-unes, & précifément celles qui dépeignent
en peu de traits la paillon entière, ou qui du moins
mettent le muficien fur la voie d’achever le tableau.
Comme Varia eft deftinée au chant, & à un chant
enrichi de tous les ornemens de la mufique , il eft
évident que le fujet en doit être une effufion du
coeur. Car ce n’eft que dans ces épanoiuffemens
qu’il eft naturel à l’homme de fubftituer le chant
au langage ordinaire. L’aria ne diffère de l’ode &
de l’élégie qu’en ce qu’elle peint le fentiment eh
moins de traits , qu’elfe le concentre pour ainfi dire
en un faftl point.
Ainfi Varia ne veut.point de poète médiocre. Il
.A À a a