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 AMI 
 établiflant la fubordinâtion dans les armées. Amllcar,  
 formé par  les  leçons  de  fon pere, fut  l’héritier  de  
 fes talens.  On l’éleva au commandement des armées  
 pour chaffer  les Grecs de  la  Sicile; Ses  intelligences  
 avec Anaxilas,  foi  ou tyran  de Rhege,  lui  promet-  
 toient de  brillahs fuccès.  Ce  prince  l’éblouit  par  la  
 magnificence de  fes  préfens,  &  ;1  lui donna  fes  en-  
 fans pour  gage  de fa  fidélité.- Amilcar afliiré  de  fon  
 fecours, mit  à  la voile ;  &   là  flotte  en  fortant des  
 ports , fut difperfée par  la  tempête.  Les  foldats regardant  
 ce malheur comme un avertiffement célefte,  
 tombèrent dans l’abattement. Pour lui, s’élevant au-  
 déflùs  des  terreurs  fuperftirieufés,  il  n’en  fut que  
 plus ardent  à  pourfuivre  fon  entreprife.  Dès  qu’il  
 eut  fait fon  débarquement *  il  mit  le  fiege  devant  
 Hiniere. Gellon, tyran de Syracufe, marcha  au  fecours  
 de cette ville, &   voulant  ménager  le  fang  de  
 fes  fujets ,  il  employa  la  rufe  pour triompher d’un  
 ennemi fupérieur en nombre.  Informé par une lettre  
 interceptée api Amilcar préparôit un facrifice  à Neptune, 
   &   qu’une  troupe  de  cavalerie  Selmontoife  
 devoit le  joindre  le  lendemain ,  il  envoya  la  lettre  
 par un  courier de confiance , &  retint  celui qui  devoit  
 la  remettre; de forte  qu'Amilcar ne put  foup-  
 çonner  qu’il  étoit  découvert.  Gellon  choifit  un  
 nombre  dé  cavaliers  égal  à  celui  que  l’ennemi  
 attendoit;  Ils furent reçus comme des alliés que Sel-  
 monte leur envoyoit,  &   au milieu du facrifice,  ils  
 s’élancèrent fur  les  Carthaginois  fans défenfe  ,  qui  
 tous furent égorgés. Amilcar eut peine à fe fouftraire  
 à ce carnage, il fe  retira dans fon camp Où il  fe  dif-  
 pofa  à tirer vengeance  de  cette humiliation. Tandis  
 queforiarmée combat  avec  furie,  il eft  étonné  par  
 "de funeftes préfages, &   ne voulant point furvivre  à  
 line défaite,  il offre un facrifice à Saturne, &  fe précipite  
 au  milieu  des  flammes.,Son  fils  Gifcon  fut  
 puni de fon malheur. Carthage le retrancha du nombre  
 de  fes  citoyens. Cet  illuure banni  ne parut fen-  
 fiblë qu’à ia honte dont fa patrie fe couyroit,  en pu-  
 niffantinjuftement le fils de  fon  bienfaiteur. 11 fe retira  
 à Selmonte, où il languit dévoré de  béfoins. Les  
 Carthaginois  fe  repentirent  de  Tinjuftice  de  leur  
 arrêt. La mémoire d’Amilcar fut rétablie ;  ils apurèrent  
 qu’il  avoir été  prendre place parmi  les  dieux.  
 Ils lui  déférèrent les honneurs divins ;  ils  lui  érigèrent  
 des autels dans  leur ville  &  dans  tous  les lieux  
 ’ oîi ils fondèrent des colonies. ( T—n . ) 
 Amilcar  Rhodane fut envoyé par les Carthaginois  
 auprès'd’Alexandre , pour pénétrer les deffeins  
 de ce conquérant qui,  après la prife de  T y r , mena-  
 Çoit d’envahir l’Afrique &  l’Afie: Amilcari fouple &C  
 artificieux,  s’introduifit  dans  la  faveur  d’Epheftion  
 qui lui  procura une  audience  dé fon  maître.  Il  fut  
 reçu comme un fugitif que les fa étions avoient obligé  
 de quitter fa  patrie, 8c qui venoit chercher la gloire  
 &   la  fortune fous  les drapeaux  des  Macédoniens.  
 Alexandre,  charmé de  fon éloquence 8c  de  fon enjouement  
 , l’admit dans fa familiarité ; 8c dès-lors cet  
 emiffaire adroit,  devenu infidèle pour être citoyen,  
 découvrit aux  Carthaginois  tous  les  projets du  roi  
 conquérant, Il fe fervoit  de tablettes de bois fut lef-  
 quelles il gravoitce qu’il vouloit  faire favoir à Carthage  
 ; il  appliquoit  enfuite une  couche  de  cir.e fur  
 laquelle  il  imprimoit  des  chofes  indifférentes  aux  
 Macédoniens dont il  trompôit la confiance.  Ilparoît  
 qu’après avoir trahi fon bienfaiteur, il devint infidèle  
 à fa  patrie ^  puifqu’à  fon retour  à  Carthage  il  fut  
 condamné à perdre  la tête.  ( T—tf. ) 
 Amilcar.  On voit  paroître  un  nouvel Amilcar  
 fous le régné d’Agathocle, dont il fut l’ami ou plutôt  
 le  complice. Juftin prétend qu’il lui prêta  cinq mille  
 Africains  pour être les exécuteurs des cruautés qu’il  
 exerça  contre  les principaux  citoyens  de  Syracufe.  
 Les fervices rendus  au  tyran  par un Carthaginois 9  
 Tome  fi 
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 ne  défarmerent point  fa  haine  contre  Carthage ; 8c  
 c’eft ce qui fit foupçonner qu’il y  avoit éntr’eux une  
 intelligence  fecrete.  Ce foupçon fut  encore  fortifié  
 par  les eourfes qu’Agathoele  fit fur  les  terres  de  là  
 république. Amilcar qui pouvoit les réprimer, fut le  
 témoin de  fes  hoftilités  qui  refterent impunies.  Les  
 Siciliens gemiffant fous la tyrannie d’Agathocle, l’ac-  
 cuferent à Carthage de  favorifer leur oppreflîon. Le  
 Sénat  convaincu  de fa  juftice  de  leur  plainte,  crut  
 devoir  arrêter l’ambition d’un général qui  ne ména-  
 geoit un tyran que pour s’en faire un appui, 8c pour  
 opprimer la liberté publique ; 8c comme il avoit fous  
 fes  ordres  toutes  les  forces  de  la  république,  on.  
 craignit de  s’expofer à fon reffentiment;  Son procès  
 fut inftruit en fecret, 8c les juges donnèrent  leur fu£>  
 frage dans une  urne  fur laquelle on  appofa un fceau  
 qui ne devoit être levé  qu’au retour du  coupable  à  
 Carthage :  mais une mort prématurée  lui épargna la  
 honte d’expier fur  la croix le crime de fon ambition. 
 Amilca r,  fils de Gifcon, banni de Carthage, qui  
 vécut  malheureux  à  Selmonte,  &  petit-fils  de  cet  
 Amilcar qui  fe précipita dans un bûcher à la journée  
 d’Himere. Ses  concitoyens,  pour le  çonfoîer de  la  
 perfécutiônfufcitée à la famille, l’éléverent au commandement  
 de  leur  armée  de Sicile. Ce  fut lui  qui  
 réprima  les  projets  ambitieux  de  l’autre  Amilcar  
 qu’il, remplaça  dans  cette  île.  Agathocle  affiégeoit  
 alors Agrigente, &  il  fe flattoit  que  lâ prife de cette  
 ville  entraîneroit  la  conquête  de  toute  la  Sicile;  
 Amilcar y  envoya une flotte  de  foixante  voiles  qui  
 ôta au tyran l’efpoir de s’en rendre maître. Syracufe  
 fut  infultée  jufques  dans  fes  murailles  ;  quarante  
 vaiflèaux  Carthaginois  entrèrent  dans  fon  port  où  
 ils brûlèrent tous les vaiffeaux  de  tranfpôrt. Amilcar  
 abtifa des  droits  de  la  victoire,  81  barbare  dans  la  
 profpériîé,  il  fit  Couper , les  mains  aux  prifonniers  
 qui  s’étoient  fournis  à  fa  difcrédon.  Agathocle  ne  
 pouvoit  point  être  furpàffé  en cruauté  ;  il  ufa  du  
 droit  de  re préfailles  envers  tous  lés  Carthaginois  
 qui  tombèrent  fous  fa  puiffance.  Le  Sénat de  Carthage  
 crut devoir  employer  toutes les  forces  de  la  
 république  pour  terminer  avec  gloire  une  guerre  
 aufli meurtrière.  Il équipa  une  flotte de cent  trente  
 galeires,  de foixante  vaiflèaux  de  guerre &   de  deux>  
 cens navires  de  tranfpôrt qui  furent  fubmergés par  
 les,flots.  Cette perte répandit  là  confternation  dans  
 Carthage  où  tous,les murs  furent  tendus de  deuil;  
 cérémonie ufitée dans les grandes calamités; Amilcar  
 en raffëmbla  les  débris dont  il  forma une  armée  d®  
 quarante mille hommes de pied &  de cinq millë chevaux. 
   La .meilleure partie de ces troupes lui-fût fournie  
 par  les Siciliens  métOnterts,  contre qui  le  tyran  
 exèrçoit  les  plus  cruelles  vengeances.  Il  falloir  
 qu’une bataille  décidât du fort de  la Sicile. Les deux  
 armées n’étoieiit  fépârées qiie par une  rivière. Agathocle  
 étoit  campé  fur  une  hauteur  vis-à-vis  des  
 Carthaginois,  poftés  fur  le  mont Enomàs,  céle.bre  
 par le taureau d’airain de Phalaris. L’aftion s’engagea  
 par une. efearmouche.  Les  Siciliens  eurent  d’âbord  
 l'avantagé,lorfqu’tui nouveau renfort fit  pencher  la  
 fortune du côté  des  Carthaginois. Agathocle  vaincu  
 fit fa retraite vers Gela ; &  fur le bruit que Syracufe  
 étoit afliégée ,  il fe  fit un  de voir  d’y ‘entrer  pour  là’  
 déferidre.  Il étoit  fans  efpoir de  la  conferver,  lorf-  
 qü’ii exécuta  un  projet que  le  plus  audacieux  ofe-  
 roit  à  peine  concevoir  :  ce  fut  de  tranfporter  lé  
 théâtre de  la guerre  en  Afrique;  Tandis  qil'Amilcar  
 fubjugue les villes  de la Sicile fans  défenfe, '& qu’il  
 ravage  le  territoire  des  villes  rebelles  ,  il s’engagë  
 dans un défilé au milieu  des ténèbres de  la nuit. Son  
 •'armée dont il ne peut diriger les mouvemensl’aban*  
 donne  &   prend  une  fuite  précipitée.  Il  tombe  ad  
 pouvoir  du yainqüeur  qui  lui  fait  effuyer  les pluî