7 1* A U L
la diélature les Fabricës, les Camilles & tes Cîtï*
cinnatus , qui n’eurent d’autres titres & d’autre
recommandation que leurs talens & leurs vertus.
Ce ne fut qu’à la follicitation des Gaulois, qu’il
consentît à accepter l’empire ; il favoit combien il
«toit dangereux de devenir le maître de ceux dont
on avoit été l’égal. Dès qu’il eut été proclamé,
il jura l’obfervation du contrat focial-, dont les
droits toujours facré.s font fouvent violés par le
.plus fort. Il partit enfuite pour Rome , où il fut
reçu avec ..autant d’anplaudiffement que fi fa nomination
eût été l’ouvrage du peuple & du fénat ;
l’ancienne çonftitution exigeoit de n’élire les empereurs
que dans les murs de cette capitale du monde ,
Cjiii n’étoit plus que l’ombre de ce qu’elle avoit
été. L’exemple de Galba avoit autorité à ne plus
s’affujettir à cette formalité ; Se Avitus fe fit un
devoir de laNrétablir.
Il écrivit à Martian, empereur d’orient, pour
le prier de le reconnoître pourfon collègue : c’eft
'ce qu’on appelloit alors l’unanimité ; c’eft un antique
préjugé que l’empire d’orient, toutes les fois
qu’il vènoit à vaquer , étoit réuni à celui de l’orient,
& que la portion du peuple Romain , reftée dans
l’Italie, ne pouvoit fe donner un maître fans le
concours de la portion tranfplantée à Byzance. Les
ambaffadeurs envoyés à Martian furent reçus honorablement
; & Avitus fut reconnu pour fon collègue
: il ne foutint pas fous la pourpre l’idée qu’on
s’étoit formée. Il avoit des vertus ; Si l’homme de
bien n’eft pas toujours le plus propre à gouverner
les méchans & les hommes entraînés par l’agita-
tioa de leurs pallions. L’empire alors avoit plu-
fieurs maîtres ; & les fujets ne favoient point obéir.
Son régné n’offre rien de mémorable ; il eût mieux
aimé pacifier les troubles de l’état, que d’en étendre
les limites. Il fournit un corps de troupes à
IThéodoric II dans l’invafion qu’il fit en Efpagne
alors partagée entre les Romains & les Barbares. Ce
fut encore fous fon régné queRicimer tailla en pièces,
dans l’île de Corfe , les Vandales d’Afrique ;
mais Avitus acheta bien cher les victoires de fon
général qui abufa de fon autorité contre celui
qui l’en avoit fait dépofitaire. Ricimer fouieva l ’armée
d’Italie ; & foutenu du fénat romain, qui mur-
mu roit d’obéir à un Gaulois, il força Avitus d’abdiquer
l’an quatre cens cinquante-fix. Sa dégradation
l’expofoit aux vengeances de fes ennemis ; il
crut s’y fouftraire, en entrant dans les ordres fa-
crés : le facrifice qu’il avoit fait de fa dignité, & le
caraâere d’évêque dont il venoit d’être revêtu, ne
défarmerent point l’envie & la haine. Le fénat humilié
de l’avoir eu pour maître , acheta des affaf-
iins pour l’en punir ; il fut informé qu’on en vouloir
à fa vie.; il prit la réfolution de le retirer dans
les Gaules , oii il fe flattoit de trouver un afyle
dans l’Eglife de Brioude , dédiée à St. Julien, mar-
t y r , qu’il avoit choifi pour fon protecteur , félon
l ’ufage de ce tems, où chaque fidele fe choififloit
un interceffeur dans le ciel. Avitus mourut, à ce
que l’on croit , fur fa route ; & l’on foupçonne
qu’il fut affafiiné. On voit encore , dans l’églife
de Brioude, une grande urne de marbre, où l’on
prétend que fon corps eft renfermé ; ce fut dans
la troifieme année de fon régné, qu’il abdiqua l’empire
qu’il n’avoit point ambitionné. ( T—n . )
^ AULAGAS, ( Géogr. ) lac de l’Amérique méri-
ridionale au Pérou, dans la province de Los-Char-
eas, au nord de Potofi. Il a quinze lieues de longueur;
& fes eaux coulent dans le lac de Titica par
la riviere de Defuguadero. On voit fur fes bords
la jolie petite ville- de Porto. ( C. A. )
AULERQUES , f. m. pl. ( Géogr, ) en latin Au-
Urù, peuples cités une fois dans les commentaires
A U L
de Céfàr. Münier & Vigenere les placent dans le
Beaujolois, fur lés bords de la Loire du côté dë
Roanne. ( M . B e g u i l l e t . )
AULETE , ( Hiß. d’Egypte, ) Le privilège de la
naiffance appelloit au trône d’Egypte Selene , feeut
de Lathyre , à 1 exclufion d! Aulete q ui, par fa tache
de bâtardife , en étoit exclu par la loi , au lieu
qu’elle appelloit les femmes au trône. Aulete fe
faifît des renés du gouvernement , quoiqu’il fut
né_ de la concubine de Lathyre ; & les Egyptiens
qui çraignoient de paffer fous la domination des
Romains , fermèrent les yeux fur la flétriffure de
fon origine. Ce prince tomba dans le mépris , parce
qu’au lieu d’ambitionner les vertus qui font les grands
rois, il ne cultiva que les talens agréables qui honorent
les particuliers mercenaires. On lui donna
le furnom d’Aulete, qui fignifie fluteur, parce qu’il
excelloit à jouer de la flûte ; & ce nom humiliant
parut flatter fa vanité : mais il ne put fe diîîimuler
qu’il étoit l’objet du mépris de fes fujets ; & Tentant,
le befoin d’un appui pour fe foutenir , il épuifa
l’Egypte pour acheter la proteôion des Romains.
Le vuide caufe par fes profilions fut rempli par
les impôts dont il accabla fes fujets qui déployèrent
l’étendard de la révolte. Les tyrans font lâches
& timides, parce qu’ils fe Tentent coupables. Aulete
fans amis fut chercher un afyle dans les murs de
Rome vénale & corrompue ; il y mendia les ftiffrages*
des premiers magiftrats qui lui firent fentir qu’un
roi etoit moins qu’un homme chez un peuple libre
qui n’oboit qu’à la loi : fes tréfors furent plus per-
fuafifs que fon éloquence & le fpedacle touchant
de fa dégradation. Les Egyptiens envoyèrent auffi
des ambaffadeurs pour défendre leur caufe au tribunal
de ce peuple roi des rois ; mais tous périrent
par le fer & le poifon. Les Romains, témoins de
tant d’attentats , avoient confervé un refte de pudeur
au milieu de la corruption : leur indignation
éclata Contre ce roi meurtrier, qui, pour fe fouftraire
aux outrages, fe retira dans le temple de
Diane à Ephefe : fes tréfors lui acquirent un vengeur
dans Gabinius, proconful de Syrie, q ui, pour
une fomme de trente millions, dont Antoine reçut
la moitié, abandonna fon gouvernement pour aller
chercher dans l’Egypte dés alimens à fon avarice.
Pelufe fut fa première conquête : dès qu'Aulete fe
vit le maître de cette porte du royaume, il ne
s’occupa que du foin de fatisfaire fes vengeances.
Ce premier fuccès fut fuivi d’une nouvelle victoire.
Aulete, arbitre de la deftinée de fes fujets,
ne parut fenfible qu’au plaifir de punir ; & les Romains
, largement payés, furent les inftrumens de
les vengeances. L’Egypte ne fut plus qu’une terre
de fang : les haines fuppoferent des crimes ; & ceux
qui furvécurent, marchèrent courbés fous le joug
de l’oppreffion. Le tyran épuifoit la fortune des
peuples pour remplir fes engagemens avec Antoine
& Gabinius. Les grands donnèrent l’exemple du
plus humiliant efclavage, parce qu’ils font toujours
bien payes de la honte de porter des fers. La fu-
perftition tira les peuples de l’oppreflion. Un chevalier
Romain tua un chat, dont le meurtre fit
prendre les armes à toute la nation qui s’obftinoit
à demander la mort du facrilege : l’autorité du
roi & de Gabinius fut obligée de céder aux importunités
des rebelles qui , dans leurs fureurs reli-
gieufes, mirent en pièces le malheureux affalfin de
l’animal facré. Aulete, que cet exemple rendit cir-
confpeä & timide, traîna une vie obfcure & lan-
guiflante. Il joignoità fon habileté à jouer de la flûte,
un goût effréné pour la danfe ; il nomma par fon
teftament, fon fils & fa fille aînée pour fes héritiers
à l’empire qu’il mit fous la tutelle des Romains.
( T - i r . )
AULNE,
A U L
-ftULNË , ( Botanique..) en latin alnus, en anglois
'yslder-tree , en allemand erlenbaum.
Caractère générique> .
L'aulne porte des fleurs mâles & des fleurs femelles
, qui naiffent à une diftance affez confidé-
xable les unes des autres, fur le même individu :
lesfleurs mâles font grouppées fur unfilet commun,
& forment un chatton écailleux & cylindrique ;
elles confiftent dans un pétale découpé en quatre
parties , & dans quatre étamines fort courtes. Les
fleurs femelles font difpofées en cône écailleux.
On apperçoit fous les écailles des piftils formés
d ’embryons furmontés de ftyles fourchus ; en mû-
riffant, les cônes Iaiffent échapper de leurs écailles
des femences plates & anguleufes; M . Linnæus
avoit d’abord féparé les aulnes des bouleaux, ainfi
que Tournefort, par cette feule raifon que la graine
des derniers eft aîlée ; mais il les a réunis enfuite.
Il eft affez fingulier que ce botanifte , dont le défaut
eft de trop groupper, ait pu s’arrêter un inf-
tant à une différence fi peu confidérable. Nous ne
diftinguons ces deux genres que par refpeû pour
les anciennes dénominations.
Efpeces.
i . Aulne à feuilles arrondies, droites & pliées.
Alnus foliis fubrotundis, erectis , plexifque. Hort.
Colomb.
Common Or round leaved alder-tree.
a. Aulne à feuilles ovoïdes, pointues > planes
& pendantes.
Alnus fo liis oblongîs , mucronatis , plànis atque
pendulis. Hort. colômb.
M. Duhamel du Monceau a tranferit jufqu’à
fept efpeces d'aulnes ; il eft vifible que plu-
iieurs ne font que de légères variétés ; & il paroît
que les autres ne font que nos deux efpeces tra-
Vefties par divers botaniftes qui ont làifi dans le
même arbre chacun un caraftere différent : par
exemple , il y a grande apparence que Y alnus folio
'inca.no du pinax de Gafpard Bauhin , & Yalnus
foliis déganter indjîs de Burman, font le même arbre
qui eft nôtre n°. z , dont les feuilles font à
la fois blanches par-deffous & régulièrement découpées
& dentelées par les bords.
Depuis que nous cultivons les arbres & arbrif-
feaux fous nos yeux , nous nousfommes convaincus
de cette multiplication idéale d’efpeees dans
plufieurs genres, ainfi que de nombre d’autres erreurs
échappées aux anciens botaniftes , & qui ont
été tranfmifes & augmentées par leurs copiftes :
erreurs qu’ils auroient évitées , s’ils avôient été
cultivateurs en même tems que nomenclateurs :
alors ils auroient vu la même plante fous tous fes
afpefts différens; & ils auroient même remarqué
les différences imprimées par le f o l , la culture &
le climat ': leurs descriptions n’auroient porté que
fur des Carafteres conftans ; de plus, en comparant
tous les cara&eres conftans d’une plante à tous
ceux de chacune des plantes du même genre, ils
auroient faifi les différences réelles , qui pouvoient
la diftinguer effentiellement, & d’une maniéré non
équivoque. Nous- aurions de bonnes deferiptions ;
les efpeces feroient exprimées par des phrafes
courtes, claires & précités ; & il ne régneroit pas
dans la botanique la confiifion qu’on y trouve,
lorfqu’ôn s’attache à vérifier fa nomenclatures
Mais, fi pour devenir un bon riiéthodifte , il
faut être cultivateur ; pouf être cultivateur, il eft
néceffaire de fe fervir d’abord des méthodes ou nomenclatures
en ufagë; car on ne peutraffembler les
plantes fous fés y e u x , qu’en en demandant le plant
'■’ou la graine fous un nom, une pbrafe ou d’après
Tome It
A U L
quelque defeription ; & comme une même plante*,
outre les fynonymes.génériques & fpécifiques connus,
dont il faut s’embarraffer la tête, eft encore
défigurée par ces phrafes différentes ôc vicieufes*,
■ dont nous venons de parler , fouvent on eft dans
le cas de recevoir de divers lieux, la même efpece ,
au lieu de plufieurs qu’on étoit en droit d’attendre 5
& le earaétere des efpeces étant fouvent pris de la
floraifon ,;de la fruûificatioh ou de quelque partie
de la plante qui ne fe développe pas d’abord, il
faut beaucoup de tems pour fe convaincre de la
ftérilité de cet étalage feientifique & de fa propre
indigence.
Lorfqu’on confidere que Y aulne eft de tous les
arbres celui qui végété le mieux dans les terres
marécageufes ou fujettes aux inondations ; qu’il
orne, qu’il enrichit & qu’il améliore ces terres infertiles
; que fon bois , fon écorce & fes feuilles
font d’un üfage précieux , ilfaut convenir que e’eft
un des meilleurs prélèns que nous ait faits la na-,
ture.
Cet arbre s’élance fur une tige droite & unie , à la
hauteur déplus de60pieds: fes branchesraffemblées
en faifeeau lui forment une tête pyramidale ; fon
feuillage brillant & glacé annonce la fraîcheur des
ruiffeaux près defquels il s’élève en lambris. Le
voeu que fait dans les jours chauds , celui qui fait
apprécier tous les dons de la nature, eft d’être aflis
à fon ombre auprès de là cafcade qu’il couronne;
âuffi Y aulne. doit - il être placé dans les terres les
plus fraîches des bofquets d\ké, ou au bord des
eaux qu’on pôurroit y faire fe'rpenter. Comme il
verdit de très - bonne heure, il figurera très - bien
dans les bofquets du printems ; on en fait de belles
allées dans les lieux frais des pares : on peut auflï
l’employer en paliflades élevées , qui fouff'rent très-
bien le croiffant, & font d’un effet très-majeftueuxi
On l’éleve en tige pour le planter dans la vue
de fon utilité , foit en filets le long des eaux , foit
en quinconce dans les terres fraîches ; ou bien ,
on en forme des cepées pour en cOmpofet des
taillis qu’on exploite au bout de fix ou fept ansi
En Flandre -, on en entoure les héritages, & on en
borde jufqü’aux petits foflés pratiqués dans les terres
arables pour l’écoulement des eaux;
U aulne fert à faire des échelles légères , des perches,
des échalas ; fon bois eft recherché par les
tourneurs : On en fait des fabots & des talons ,
parce qu’il eft très-léger : les boulangers > les pâ-
tilïiers & les verriers le préfèrent à tout autre bois
pour chauffer leur four ; on en fait aulfi des tuyaux
de fontaine ; on l’employoit autrefois pour les pompes
des navires : fon écorce fert à teindre les
cuirs en noir ; les teinturiers & les chapeliers s’en
fervent au lieu dé noix de galle pour noircir les
préparations martiales : les feuilles paffent pour
réfolutives ; comme aftringentes, On en fait ulagé
contre certains maux de gorge.
U aulne fe multiplie de femences, d’éclats & de
marcottes , mal-aifément de boutures & très-difficilement
de plantards , quoi qu’en difent les maifons
ruftiques, & malgré î’avis de Miller, qui eft ordinairement
un guide fi sûr ; auffi n’avons nous pas
vu pratiquer cette méthode en Flandre , où cet
.arbte étant un objet confidérable-d’économie champêtre
, fa ciilture a été affez perfeûionnéé;
Aucun auteur anglois ni françois , de notre cou-
noiffance, n’engage à en faire des femis, qui eft
pourtant la voie la plus féconde & la meilleure :
en vain chercheroit-on dans les agronomes la meilleure
méthode de les établir ôc de les foigner î
nous ne nous appuyerons que de ; notre propre
expérience.
Les cônes de Y aulne yerfent leur graine vers l i