joui des avantages de l’incubation, ôc il en a dix-huit
à la fin des vingt-quatre heures. ' •
Pour donner une idée de l’accroffement de l’animal,
nous nous fervons de celui du poulet, parce
que c’eft le feul foetus dont nous ayons les époques
& les mefures. On ne découvre que fort tard l’embryon
du quadrupède , ôc on n’a pas encore allez
d’obfervations pour former l’échelle de fes accroij-
jemens. Pour l’efpece humaine, nous n’avons pref-
que aucune certitude fur fes premiers commence-
mens : le jour de la conception n’èft prefque jamais
bien connu; & les occafions de fixer les accroffe-
mens des premiers trente jours font fi rares, qu’on
ne peut donner aucune confiance aux mefures que
quelques auteurs ont cru affigner au foetus dans ces
premiers tems de,fa vie. Les accroffemens du foetus
quadrupède font très - lents pendant les premiers
vingt jours: à peine l’embryon d’une chevre.eft-il
■ vifible le dix-huitieme jour ; au lieu que le poulet
paffe, à cet âge, la longueur de trois pouces. Le
vingt-unieme jour le poulet eft long de quatre pouces.
Si fa première longueur a été de quatre centièmes,
Y accroijfement de ces vingt-un jours a donc
"porté le foetus à une longueur cent fois plus grande ;
Ôc l’accroijfement entier étant comme le cube de. ce
nombre, eft de 1000,000 fois le poids original d’un
foetus qui vient d’être fournis à l’incubation. Cet
accroijfement rapide n’a pas été diftribué également;
le plus grand accroijfement a été celui du premier
jour; il a diminué de vîteffe ,.à mefure que le poulet
s’eft approché de fa maturité : Y accroijfement des premières
vingt-quatre heures a été exactement du
quatre-vingt-huituple ; celui des fécondés vingt-
quatre h e u r e s d u quintuple; ôcle dernier jour , il
n’eft plus que de 5 à 6.
Expofé à l’air & privé de la chaleur favorable de
Fincubation , le poulet ne grandit plus que lentement
; ÔC Y accroijfement des premiers quarante jours
de fa vie, ne furpaffe pas Y accroijfement moyen d’un
feul jour de l’incubation.
Le foetus humain, évalué à fa conception à 77— de
grain ; fe trouve , le jour de la naiflance, pefer
48640 grains, ce qui fer,oit Y accroijfement entier de
deux cens foixante-dix jours, de 4,864,000 fois la
grandeur originale, trois fois moins rapide que Yac-
troijfement du poulet, puifque le foetus humain a eu
à-peu-près treize fois plus de tems pour croître.
Ce calcul n’efl; pas exaû ôc ne fauroit l’être. Il eft
impoflible, d’un côté, de déterminer la grandeur de
l’embryon qui vient d’être conçu ; & de l’autre , le
poulet, fournis à l’incubation, a prefque toujours
été conçu quelques jours auparavant, ôc a pris une
partie de fon accroijfement avant d’être fprti.de la
poule. ,,
La longueur de l’homme qui vient de naître,
peut être mife à 18 pouces. Elle efl: de 72 pouces
dans un jeune homme de vingt-cinq ans d’une taille
avantageufe.. Ces vingt-cinq années h’ont produit
qu’environ lejvingtuple'du poids, fi l’on met celui
du nouveau né à 8 livres ôc celui de l’homme fait
à 160. En repartiffant cet, accroijfement fur les vingt-
cinq années qu’il \ exigé, Y accroijfement moyen d’un
jeune homme fera de =• du poids original. Il eft vrai
que la nature ne diftribué pas. cet accroijfement avec
égalité; l’enfant a 36 pouces à trois ans; il en a 45
à dix ans, 56 à treize , ÔC 69.à dix-huit. U accroijfement
devient graduellement plus lent , jufqu’à ce
gué l’homme ait atteint la taille qu’il ne paflë jamais:
car nous ne trouvons pas d’exemples d’hommes qui
aient grandi-après vingt-cinq ans.
. Cet accroijfement eft très-inégal dans ,les parties
du corps humain. On p eut, fans craindre de l’erreur,
fe fervir, dans:les commencemens de l’animal, des
expériences faites fur le poulet. Rien n’eft plus femblàble
que l’embryon d’un oifeau ÔC celui dit quadrupède
; & fi l’homme en différé, c’ eft uniquement
par la grandeur de la tête, par laquelle le ppulet
lui reflemble plus que le quadrupède.
L’embryon du poulet qui commence .à, devenir
vifible, n’eft prefque que tête ôc coeur : tout ce qui
eft fous le coeur ne forme qu’un filet très - mince,
quand on le fépare de l’amnios : car les auteurs ont
généralement confondu cette partie inférieure du
corps du poulet, avec l’amnios qui en fait la gaîne.
Dans l’homme nouveau-né, la tête eft au refte du.
corps comme 1 à 3 ; elle eft comme 1 à 8 ,9 ôc 10
dans l’adulte.
L’accroijfement de la tête du foetus, vifible eft donc
plus petit que celui de.l’ab'domen, du baflin ôc des
extrémités : le coeur s’accroît de même moins vîte
que le foie ; il eft plus grand que lui dans le poulet
de i-ao heures d’incubation , dans la raifpn de 4 à 3,
Il eft trois fois plus petit que le foie, dans d’homme
adulte. Le coeur, dans le foetus, eft au corps entier
comme,lé Cube de 12 à celui de 72, au coeur de l'homme
fait comme 12 à 800 ; il eft quatre fois plus,grand
dans le foetus que dans l’adulte, en çomparaifon du
refte du corps. Cette grandeur fupérieure du coeur eft*
une -des caufes principales de Y accroijfement- rapide
du foetus.'
Les yeux font extrêmement grands dans le foetus.’
Le poumon eft le plus petit des vifceres ; il ne
devient vifible qu’à 120 heures-complettes : il
n’a alors qu’une ligne de longueur, en y compre-,
nant la membrane qui le renferme, ôc qu’on n’endi-,
flingue pas encore : fon -accroijfement eft rapide dans,
la fuite; dès le vingt-unieme jou r, la longueur du
poumon paffe les quatre dixièmes d’un pouce.
Le baflin eft très-petit dans le foetus humain ;aufli
l’utérus ôc la veflie s’élevent-ils çonfidérablement
au-deffus de fes bords fupérieu'rs. Il s’élargit ôc s’approfondit
incontinent après la naiffance, ôç reçoit,
du tems de la puberté, ces vifceres dans fa capacité*-
Les extrémités, invifibles dans les trois premiers
jours de l’incubation, ôc dans les embryons des bre-,
bis au-deffpus du vingtième jour, font courtes encore,
dans le foetus humain qui vient de naître. Leur;
proportion au refte du corps- s’augmente enfuite ,
ôc les .jambes acquierçnt la moitié- de fa longueur.
Dans l’oeuf, le fémur paffe, depuis le fixieme jour
jufqu’au vingt-unieme, de la longueur de 8 centièmes
à celle de 75. Il eft neuf fois plus grand à la fin de
ces quinze jours, dans le tems que les accroffemens
de la tête Ôc du coeur font très-médiocres. •
Les àccroiffemens des osffuivent les mêmes réglés
que ceux du refte du corps. Ils commencent à pa-
roître le fixieme jour de l'incubation-, & le fémur,
avec le tibia , font parfaitement formés, quoique
dans un état gélatineux , à 125 heures. Le fémur
a alors huit centièmes de pouces de longueur : le
tibia un peu davantage. Le 21 le: fémur ,en a 83 ,
il eft devenu dix fois plus lpng ôc mille fois plus
pefant dans moins de feize jou rs. De là autrepte-
fixieme jou r , après que le poulet eft éclos ,, le, fémur
a acquis une longueur de 202 centièmes, ce qui
fait pour chaque jou r, du poulet éclos., un accroif-
fetnent qui eft à celui du tems de l’incubation comme
1 à 50. Le refte de la vie: d’une poule triple cette
longueur.
La membrane ombilicale du poulet, qu’on a pris
autrefois pour l’allantoïde, a des accroffemens beau»
coup plus rapides. Elle commence à paroître le troi-
fieme jour de l’incubation ; elle reflemble alors à
une veflie vafculeufe,Soutenue par un peduncule.
Son plus grand diamètre eft alors de 11 centièmes
de pouce. Elle a jufqu’à 158 de ces centiemes'le
fixieme jour. Vers lq fin de l’incubation elle occupe
l’oeuf entier ; elle renferme également le blanc ôc
îe jaune. Son accroijfement en longueur eft plus grand
que celui du foetus , mais elle n’acquiert pas autant
de maffe.
La figure veineufe occiif)ë une partie de l’enveloppe
du jaune ; elle préfente le coup-d’oeil le plus
agréable, ôc elle eft formée par un réfeau de vaif-
feaux terminé par un orle de cercles veineux. Elle*
eft annoncée par des taches jaunes, qui forment
un arc de cercle , & qui ferment un efpace dès la
trente-fixierfte heure de l’incubation : le diamètre en
eft alors de 3 5 centièmes : elle eft rouge ôc de 5 2
centièmes à la fin du fécond jour : à.la fin du troi-
fieme jour le grand diamètre eft de 1 12 centièmes-;
à la fin du huitième de deux pouces ; fa longueur
eft alors fix fois plus grande qu’à 36 heures. Mais
cette membrane a un point de rèbrouffement» Elle
diminue continuellement depuis la fin du huitième
jo u r , ôc difparoît prefqu’èntiérement le vingtième
jour.
Il y a dans-l’homme ôc dans les animaux ' des
accroffemens particuliers qui n’ont lieu qu’à certaines
époques. T e l e f tY'accroijfement de la barbe , celui
des. cornes du c e r f , l’enflure du fein, celle des véfi-
icules de l’ovaire , de l’utérus après la conception ,
des dents dans les premières années de l’enfance.
Il y en a d’autres qui n’ont lieu dans l’hPmme:
que par une maladie. Lès gonflemens des glandes
lymphatiques de la gorge , du méfentere , celui de
la .glande thyroïde dans le goëtre , les tumeurs-Jde
toute efpece , les skirrhes, les enflures caufées par
l’air, par une liqueur épanchée , ÔC ces accro ffemens
vicieux étendent pen-à-peu • la peau , les membranes
, ôc fur. tout les vaiffeaux. Les arteres ôc leS veines
d’une, tumeur adipeufe deviennent d’un diamètre
prodigieux.
Après l’énumération des accroffemens que nous
avons expofés avec beaucoup de réferve ôc de
brièveté., mous allons tâcher de développer les;
caufes ôc le •méchanifme dont elles dépendent.
Parmi les caufes, il y en a d’extérieures, ôc qui
n’ont pas leur fiege dans l’animal. La chaleur, feul
moteur de Yaccroffementdes plantes , précipite celui'-
des animaux. Les animaux croiffent plus vite * dans-
les pays chauds , il y faut moins de jours au poulet
pour éclorre. Les femmes parviennent plutôt à la
puberté, les^hommes ont l’efprit formé plus vîte
dans l’Amérique feptentrionale , dont la chaleur eft
plus forte ôc plus confiante , que dans les provinces-
tempérées de l’Europe. La chaleur ranime les infectes
aux printems, ôc elle rend, la vie ôc la circulation
aux animaux, qui ont paffé l’hiver dans
un état d’affoupiffement. La chaleur du fumier accéléré
la mue des oifeaux. ôc donne de la vivacité
aux couleurs de leurs plumes.
Ce n’eft cependant pas par elle-même, que la
chaleur procure Y accroffement. Le poulet doit le
fien à dés caufes plus prochaines. Dès que fon
coeur, a ceffé de battre, la même chaleur , quipa-
roiffoit accélérer Y accroffement ÔC le développement
des parties de l’animal, ne produit plus qu’une infection
déteftable dans l’oeuf couvé ; les liqueurs deviennent
d’un verd fale ôc opaque , ôc le foetus demeure
tel qu’il a été dans le moment que Je coeur a perdu
fon. mouvement, fans avoir augmenté de volume,
ôc fans que là figure veineufe , compofée des vaiffeaux
du foetus , fe foit élargie le moins du monde.
Mais.le foetus de la baleine croît fous. les' glaces
du Spitzberg, ÔC dans un froid qui fait du mercure
un métal folide : lepoe u r, dont la force feule
refte au baleinon , lui fuffit pour réfifter au froid
meurtrier des eaux , pour dilater fes vaiffeaux, ôc
pour procurer à. fon corps les accroffemens nécef-
faires. Otez-lui fon coeur , ne touchez rien au refte
de l’animal, il ne fera bientôt qu’un glaçon immobile.
Lés plantés ctoiffertt £>afi’abforption des fuesdé
la terre , ôc la caufe la plus prochaine de cetté
abforption eft l’attraéliôn des tuyaux capillaires ,
dont la racine eft compofée. Mais l’animal différé
eflentiellement de la plante , parce qu’il a au-dedans
de lui-même les tuyaux abforbans, qui attirent la
nourriture, Ôc qui font analogues aux racines des
plantes. Il y a eu des auteurs modernes qui ont
attribué à la Vapeur pompée des inteftins , Ôc portée
par fon propre mouvement au coeur, le mouvement.
ôc la vie de l’animal. Mais il eft aifé de
voir que les inteftins remplis de chyle , ôc le
méfentere plein de vaiffeaux lactés , ne donnent
aucun mouvement à l’animal dont le coeur eft devenu
imrfiobile. : ’ !
La forte contraction. des élémens des parties fondes
dû Corps animal, Ôc de la membrane cellulaire
en particulier, ôc l’attraôtion des vaiffeaux capillaires
peuvent modifier Y accroijfement ÔC diriger la
conformation des parties de ce corps : mais ces
forces lie fauroient donner aux humeurs animales
une impulfion qui prolonge les vaiffeaux.
Comme on a tâché 'd’enlever de nos jours àu
coeur l’honneur d’être le premier mobile de la machine
animales, il ne fera pas inutile de rapporter
les raiforts qui nous ont portés à lui teconnoître
ce privilège. Le coeur agit avec une vivacité fur-
prenante dans lé poulet renfermé dans l ’oe u f, dès
la quarante-deuxïeme heufe de rincubarion. Rien
n’égale fon irritabilité ; il réfifte à l’aétion de l’eau
froide; on "l’a vu darts un oeuf plongé fous cet’ élément,
continuer fes : pulfations pendant 12 heures
entières.
Dans le tems que le coeur agit avec tant dé
vigueur, le refte du poulet n’eft qu’une gelée'immobile
: le cerveau a la fluidité d’une eau un peu
troublée : les jambes 'ôc les ailes , encore invifi-
bles, ne font Iong-tems après qu’une gelée : les
inteftins-, également invifibles, font fans irritabilité ,
ils 'n’en-montrent que plufièurs jours après; A cette
époque il n’y a encore aucun veftige des 'autres
mulcles , ôç moins encore du diaphragme , q ui, dans
les oifeaux , ne devierit, à la vérité ,. jamais muf-
culeux. Aucun vifeere ne paroît ertcore.
S i , dans cet état, il n’y a rien, dans l’animal qui
foit fufceptible de mouvement ; fi le refte de l’animai
n’eft qu’une glu incapable d’en produire ; fi le Coeur
feul , avec la Veine cave, s’agite ôc pouffe le fang
dans les arteres ; fi la chaleur fans le coeur ne peut
rien pour produire de Y accroijfement au foetus ; fi
l’animal s’accroît dans l’air lé plus 'rigoureux : il pa-
roît que le coeur eft lé feul' moteur du corps
animal.
Dans une brute plus formée, vive ôc agiffante.,
quadrupède , oifeau , poiffon ou amphibie , il refte
du mouvement dans les arteres tant «que le coeur
continue de battre. S’il ne fuffit plus pour pouffer
le fang dans les vaiffeaux éloignés , ôc s’il ne le fait
aller que jufqu’à quelque diftance , dèsdors tout eft
immobile dans les parties de l’artere , qui né reçoivent
plus le mouvement du coeur ; le mierôf-
cope ne découvre plus. que des monceaux de glo- ■
bules fans mouvement.
Quand le mouvement du fang s’éteint dans l’animal
mourant, on le rappelle en irritarit le coeur
par la chaleur ou par le fouffle ; il recommencera
dans ce moment à battre , ôc toute la machine reprendra
le mouvement. On verra les -globules arrêtés
enfiler de nouveau les branches des vaiffeaux,
les amas immobiles de cés globules fe diffipèfont,
ôc tout rentrera’ dans l’ordre. On n’a rendu cependant
à l’animal que le mouvement du coeur. Dans
l’homme même qu’on retire de l’eau farts chaleur ôc
fans pulfation ; dans une femme qu’une défaillance