fujets, négligea de faire confirme* fon éleftion par
Wigleth, roi de Danemarck. Ce prince prétendit
que la majeftéde fa couronne étoit bleffée par ce
manque de déférence» Il fe jetta dans le Jutland
feptentrional, où il commit des défordres affreux.
Amltth tâcha d’abord de le fléchir par fes prières
& fes foumiflions ; enfin voyant qu’il ne pouvoit
calmer la colere de Wigleth, il marcha contre lui,
& le repouffa au-delà des frontières de fes états.
Wigleth raffembla de nouvelles forces , & reparut
une fécondé fois dans le Jutland ,. à la tête d’une
armée encore plus forte que la première, Amltth
fuccomba cette' fois ; il fut vaincu & tue dans le
combat. Le champ qu’il illuftra par fa défaite , s’appelle
encore maintenant Âmltihs-htdt, c’eft-à-dire ,
fépulture à?Amltth. (M. d e S a c y .) ■
AMMA, (Géogrf) petite ville de la Judée, dans
la tribu d’Afer. Elle étoit près du fleuve Beleus au
fud d’Abdon, & à l’oueft dû fépulcre de Memnon.
Saint Jérome l’appelle Amna ; dans le texte Hébreu
c’eft Aminci. Long. 68, g 6. lat. 32., /q. (C. A. )
AMMAN oK Ammon, ( Giogr. ) très-ancienne
ville d’Afie, dans l’Arabie Petrée, au pays moderne
d’Al-bkaa, fur la rive occidentale du fleuve Zarkaa.
Elle ne fubfiftoit déjà plus d'ù tems de Mahomet :
Ptolomée Philadelphe, roi d’Egypte, l’avoit nommée
Philadelphie. Les Grecs l’appelloient indifféremment
Amman , ou Rabath Ammana ; fes environs
font aujourd’hui très - fertiles en raifins qui nous
viennent par la voie de Damas. (C. A.')
AMMON, (iZi/2. facrée.) né de l’incefte de Loth
avec fa fécondé fille, lorfqu’au fortir de Sodome
il fe retira dans une caverne avec fes deux filles,
fut pere des Ammonites , peuple puiflant & toujours
ennemi des Ifraëlites. Il naquit l’an du monde
2 107, mais on ne fait aucune particularité de fa
vie.A
mmon , ( Myth. ) fils de Cyniras ou Cynir,
epoufa Mor Ôu Mirrha, & eut pour fils Adonis.
Cyniras ayant bu un jour avec excès, s’endormit
dans une pofture indécente en préfence de fa bru :
celle-ci s’en moqua devant fon mari. Ammon en
avertit fon pere après que Pivreffe fut paffée , &
Cyniras indigné contre fa belle-fille , la chargea de
malédiétion, elle & fon petit fils, & les chaffa de
chez lui. Mirrha avec fon fils fe retira en ^ a b ie ,
& Ammon en Egypte où il mourut. C’eft Phùfnutus
qui raconte ainfi cette hiftoire : elle eft rapportée
différemment par les poëtes.
Ammon , adj. m. ( Myth. ) c’eft un furnom de
Jupiter adoré en Lybie , où il avoit un fameux-
temple , dont Quinte-Curee nous fait une belle
defeription dans fon hiftoire d’Alexandre. On croit
que c’eft le foleil, parce que le mot lignifie en Phér
nicien , être chaud , ou brûler ; Ce qu’on prouve
par les cornes avec lefquelles il étoit repréfenté,
qui ne font autre chofe que les rayons du foleil.
On donnoit à Jupiter Ammon la figure d’un bélier ;
c’eft -ainfi que Lucain le repréfente. Il y a pourtant
des médailles où il paroît avec une figure humaine,
ayant feulement deux cornes de bélier qui naiffent
au-deflus des oreilles, & fe recourbent tout-autour.
La ftatue de Jupiter Ammon étoit une efpecè
d’automate, qui faifoit des lignes de la tête ; &
quand fes prêtres la portoient en procelîion, elle
leur marquoit le chemin qu’ils dévoient tenir.
Les Egyptiens regardoient Ammon comme l’auteur
de la fécondité & de la génération ; ils préten-
doient que ce dieu donnoit la vie à toutes chofes,
& qu’il difpofoit des influences de Pair; c’eft pourquoi
ils portoient fon nom gravé fur une lame qu’ils
attachoient fur le coeur, comme un puiflant préfer-
vatif : ils avoient tant de confiance au pouvoir de
ce dieu , qu’ils Croyoient que fa feule invocation
fuffifoit pour leur procurer l’abondance de tous les
biens : cette fuperftition s'introduit aufli chez, les
Romains qui regardèrent Ammon, comme- le con-
fervateur de la nature. (Z..)
Quoi qu’il en foit, le temple de Jupiter^Ammon ,
litué dans les déferts de la Lybie, doit fa- célébrité
à l’oracle de Jupiter. Les Egyptiens, inftituteurs
de toutes les impoftures religieufes, donnèrent naif-
fance à cette fuperftition: des impofteurs qui fe vantaient
d’être infpîrés par la divinité , débitoient leurs
menfonges au vulgaire, avide de connoître l’avenir.
On les confultoit fur les affaires publiques & particulières.
On s’appuyoit de lèur autorité pour entreprendre
ou pour terminer des guerres ; on rie fe
mettait en voyagé, on n’avoit pas la-moindre maladie
ou l’affaire la plus minutieufe, fans apprendre d’eux
quel en feroit le fuecès. Chaque peuple idolâtre eut
les oracles, parce que dans tous les tems les impofteurs
mercenaires ont trouvé des imbéeilles difpofés
à les recevoir & à les récompenfer. Les peuples
civilifés & les barbares ont carelfé leurs fédu&eurs.
Le plus refpe&é de tous les oracles fut celui de
Jupiter Ammon. Sa feule antiquité fuffifoit pour lui
mériter la vénération de la multitude. Quoiqu’il
fallût traverfer les fables brûlans de la Lybie pour
y arriver , les peuples les plus éloignés fe foumet-
toient avec joie aux incommodités de ce voyage,
& revenoient heureux quand ils avoient été honorés
d’une réponfe. La ftatue de Jupiter , qui y étoit
adorée, étoit couverte de pierres les plus précieufës.
Quatre-vingts prêtres la promenoient dans la ville
& dans les villages voifins fans tenir de route certaine.
Ils ne s’arrêtoient que lorfque le fimulacre
faifoit connoître, par certains mouvemens de tê te ,
qu’il ne falloit point aller" plus loin. C ’étoit par
des lignes & nori par des paroles que les prêtres
connoiffoient les décifîons du dieu dont on follici-
toit les réponfes. L’empreffement des nations à côri-
fulter cet oracle , avoit fait du lieu le plus aride
le centre de l’opulence. Les habitans, .prefque tous
confacrés au miniftere de l’autel, étaloient la magnificence
des rois. La curiofité eft prête à tout fa-
crifier pour fatisfaire fes inquiétudes. Ce n’étoit pas
le peuplé feul qui enrichit le temple & fes ministres
, les plus puiffaris monarques y envôyoient leurs
offrandes pour en obtenir des reponfes favorables
à leur politique. Les prêtres favoient également
profiter de la crédulité du vulgaire & de l’ambition
des princes. Les uns étoient faciles à féduire, & les
autres avoient le moyen de récompenfer. Ces prêtres
n’étoient pas toujours acceflibles à la corruption.
Lorfque Lyfandre effaya d’être le tyran de fa
patrie, il crut pouvoit les féduire par l’eclat de fes
préfens pour en obtenir une réponfe favorable aux
voeux de fon ambition. Ses dons furent rejettés
avec mépris, & les prêtres indignés fe rendirent
à Sparte où ils formèrent une accufation contre l’ambitieux
qui avoit tenté de les fuborner. Alexandre,
.qui récompenfoit en r o i , réuflit mieux que le Spartiate.
.A peine fe préfenta-t-il dans le temple-qu’il
fut falué par le premier pontife comme fils de
Jupiter. Cet oracle perdit la célébrité plutôt que
ceux de Delphe & de Dodone ; & fa chute entraîna
celle de plusieurs .autres, ( T— .v. )
AMMONITES, ( Hiftoire anc.) les Ammonites,
peuples Lybiens, étoient éloignés de dix journées
de Thebes dans la haute Egypte. Ils tiroient leur
nom d’un temple confacré à Jupiter Ammon, où
la fuperftition attiroit tous les peuples voifins , &
faifoit germer l’abondance dans un pays environné
de déferts arides & fablonneux, où il ne croifloit
ni arbres ni plantes. L’Ariimonie , proprement dite ,
n’étoit qu’un, terrein de cinquante ftades d’étendue
où le temple de Jupiter étoit ‘bâti. Elle avoit pour
bornes à l’oriènt l’Ethiopie , lés Arabes Troglodites
au midi , les Scenites à l’occident, & les Naffamo-
niens au feptentrion. Ces derniers ne fuBfiftoient
que du produit de leurs brigandages , & fur-tout
de leurs pirateries fur les côtes de la Syrie. Le tëm-
plè étoit bâti dans une vafté folitude au milieu d’un
boccage impénétrable aux -rayons du foleil. Les
fontaines dont il étoit arrofé-, y répandoient la fraîcheur
d’un printems perpétuel. Une de ces fontaines
qu’on appelloit eau du foleil, étoit tiede au lever
du foleil, elle fe réfroidiffoit jufqu’à midi, enfuite
elle fe réchauffoit jufqu’au foir, & étoit toute bouillante
à minuit. Telle étoit fa révolution périodique
& réglée dans les vingt-quatre heures du jour. Le
dieu qu’on adbroit dans ce temple, fous la forme
d’un bélier depuis la tête jufqu’au nombril, étoit
fait de pierres précieufes. Ilrendoit fes oracles dans
une nef dorée, où quantité de riches coupes & de
lampes étoient fufpendues. Ce fimulacre , porté
par quatre-vingts prêtres, leur indiquoit, par un
mouvement de tête , le lieu où il vouloir aller,
tandis que des matrones & des vierges chantoient
des cantiques facrés.
Les Ammonites habitoient fous d’humbles caba- -
nés éloignées les unes des autres , où chaque famille
formoit une république indépendante. Un pays aufli
borné & entouré de déferts fablonneux, n’offroit
aucunes productions propres à enrichir l’Hiftoire
naturelle. Les Ammonites n’avoient pas les vices de
leurs voifins qui, regardant-la terre comme un commun
héritage , s’en approprioient les productions»
La crédulité des nations qui venoient y dépofer leurs
offrarides, avoit éteint leur induftrie, & reprimé leur
penchant pour le brigandage. Ils dédaignoient les ri-
cheffes de l’agriculture. Leur temple étoit un tréfor
plus fur que le produit de leur travail ; & le fecret
de lire dans l’avenir, qu’ils fe vantoient de pofféder,
étoit encore une nouvelle fource d’abondance. On
ne peut rien dire de leurs moeurs & de leur légifla-
liori , bn n’en peut juger que par les ufages des
peuplés leurs voifins; ainfi il eft à préfumer qu’à
l’exemple des Naffamoniens , qui vivoient confondus
avec eux , ils admettoient la polygamie. La
pudeur étoit une vertu ignorée ; ils ne jettoient
aucun voile fur l’aCte conjugal. L’époufe, la première
nuit de fes noces, étoit obligée de coucher
avec toits ceux qui avoient afîifté à la cérémonie ;
& chacun lui faifoit des préfens. Ces dons étoient
fa plus riche .dot. Comme les Ammonites ont été
fouvent affervis, nous ne parlerons de leurs guerres
qu’en écrivant l’hiftoire de leurs conquérans.
(r-ir.)
§ AMNIOS, (Anatomie. Embryologie. ) l’importance
de cette membrane demande un article plus
étendu. Elle, eft eflentielle à l’animal ; elle fe trouve
dans les quadrupèdes , dans lés oifeâux & dans les
poiffons. Dans les infeCtes, l’enveloppe propre du
foetus eft généralement plus dure que dans les autres
animaux : elle eft membraneufe cependant dans
la fourmi, l’abeille, &c. infeCtes qui ont foin de leurs
petits;
Elle eft fimple & tranfparente, mais avec un dé-
gré de fermeté, qui a obligé quelquefois les accoucheurs
à la rompre. Elle augmente de force & devient
prefque cartilaginéufe, lorfqu’elle eft devenue
l’enveloppe du cordon. On y découvre rarement
des vaiffeaux dans l’homirie ; dans le veau ils f e .
laifîent injeCter aifément ; dans les oifeaux ils font
très-apparens fans aucun fecours de l’art ; & nous
en avons rempli quelques branches dans le foetus
humain; ils naiflbient de l’artere ombilicale.
Uamnios forme le réfervoir des eaux , dans lef-
quelles nage le foetus, Elle eft fermée par-tout &
s’élève pour recouvrir le cordon ombilical en forme
d’entonnoir. Sa furface extérieure eft liée par une
cellulofité, fine à la membrane moyenne. Elle fe
continue fous le placenta, qui eft placé au dehors
de fon enceinte.
Chacun des jumeaux afon amnios à part, & quànd
ils fe trouvent dans un même amnios, ils font fujets
à fe coller enfetnble - par quelque partie de leur
corps, mais cela eft fort rare.
On lui a attribué des glandes qu’elle n’a-pas»
La liqueur qu’elle contient a donné lieu à bien des
controverfes anatomiques & phyfioîogiques.
Il y en a eonftamment dans les quadrupèdes, les
oifeaux & les poiffons. Sa proportion au foetus eft:
d’autant plus grande que le foetus lui-même eft plus
proche de fon origine. Elle a pefé une once quand
le foetus ne pefoit que trois grains : on i’a évalué
à 186 fois le poids du foetus dans les foetus de dix
femaines. Sa proportion diminue enfuite , & quand
l’enfant eft prêt de venir au monde, il n’y a plus
que deux livres de liqueur , contre huit livres que
pefe le foetus.'
Cette liqueur, plus pefante que l’eau, eftglai-
r e u fe u n peu falée, & douce dans les animaux
tranquilles, dans le poulet contenu dans l’oeuf, à l’exception
des premiers jours ; & dans les quadrupèdes
elle fe caille avec les efprits acides ou vineux.
Le feu fait le même effèt, & elle donne les mêmes
phénomènes que la partie lympathiq.ue du fang.
Quand elle a été gardée , & quand le foetus eft
très-avancé & prêt à naître , elle devient plus âcre ,
fans ceffer d’être glaireufe, & alors le feu & les
liqueurs acides ne la coagulent plus. Dans le corps
humain , qu’on ne diffeque guere lans qu’il y ait
un commencement de pourriture, la liqueur de Y amnios
fe trouve rarement coagulable.
One A en peine de fa fource." On l’a cherchée, dans
le foetus. Mais elle eft plus copieufe lorfque l’embryon
eft extrêmement petit ; elle fe trouve dans les
quadrupèdes ovipares 6l dans les poiffons qui n’ont
point de vaiffeaux ombilicaux. Elle ne peut donc
venir que de la ihere : il eft très-difficile d’affigner
je chemin qu’elle doit prendre.
Une ;queftion plus importante, c’ eft fon ufage.
Nous ne parlons pas de celui qu’elle peut avoir
dans l’accouchement, quin’eftguere heureux quand
les eaux fe font trop tôt écoulées, ni de celui qu’elle
•a pendant la groffeffe, en rempliffant les membranes
du foetus d’une maniéré uniforme, & en préfervant
le foetus d’une prefliori violente , ou déterminée
contre une feule de fes parties.
On a cru de: tout tems qu’elle contribuoit à nourrir
le foetus, on eft revenu à des doutes : il paroît
même que la pluralité des voix ne feroit pas favorable
à fa. qualité noufriffante.
On ne convientpoint qu’elle foit de la claffe lymphatique
; on la dit âcre, alkaline , & incapable de
coagulation. Le foetus , dit-on, a la langue attachée
au palais, la bouche fermée ; & la tête pliée contre
la poitrine. On affure que le foetus ne fauroit avaler
au milieu des eaux & fans le fecours de la refpi-
ration. On a v u , dit - on , des foetus fans bouche
bien nourris & même affez gras. La liqueur qu’on
trouve fouvent dans l’eftomac du foetus, n’eft que
de la muçofité, & n’a pas les qualités de l’eau doe
Yamnios.
Ces raifons ne nous paroiffent cependant pas devoir
prévaloir contre des expériences direftes. Dans
les quadrupèdes ovipares, dans les poiffons à fang
froid, il n’y a que la liqueur de Yamnios qui puiffe
nourrir le foetus , puifqu’il n’a pas de placenta.
L’oeuf des quadrupèdes eft quelque tems fans être.