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 (8 Variété de cette efpece à feuilles bordées de blanc.' 
 y Variétédeeetteefpece à feuilles bordées de jaune. 
 3.  Alaterne à feuilles prefque cordiformes &  dentelées. 
 A  Interne à feuilles de  Arbre 4. 
 Alattrnus  foliis fubcordatis ferratïs. 
 Alaternus with fniall heart-shaped leaves. 
 4.  Alaterne  à  feuilles  ovales,  lancéolées &  ïioû  
 dentelées.  Arbre 3. 
 Alaternus foliis ovato-lanctolatis  integerrimis.  . 
 Broàd-leaved alaternus. 
 On  a  long-tems  cultivé  la  troifieme  efpece  en  
 Angleterre,  fous  le  nom  de  celaflrus  ou jlajf-tree,  
 arbre  à bâtons.  Ses  feuilles font plus  éloignées  en-  
 tr’elles  que  celles  des  autres  alatemes :  ce  qui fait  
 paroître cet arbufte  un peu  nud.  Il  eft le  moins  tendre  
 de  tous,  il  a  réfifté fans  abri à des hivers  affez  
 rigoureux. 
 Lés  alaternes  marqués  de  chiffres  arabes font de  
 véritables  efpeces  , nous avons marqué les  variétés  
 avec  des  chiffres  grecs/ 
 L’alaterne n°„  1.  &   fa variété marbrée  de* jaune ,  
 font  un  très-bel  effet,  mêlés  enfemble  en  maffif  
 dans  les bofquets d’hiver.  Cet arbufte eft d’un beau  
 p o r t , &   bien garni de feuilles.  Elles font d’un  verd  
 fon cé, .mais  fort  luifant.  Leur  deffous  eft  du  plus  
 beau  verd-clair,  mais pour  peu  qu’il  foit  frappé  
 du froid,  il  fe  charge  d’une rouille noirâtre qui  en  
 diminue  l’éclat.  Le  jeune bois  eft  couvert  d’un épiderme  
 poli  d’un  violet foncé.  Les  vieilles branches  
 font  noirâtres., La fleur  petite  &c  verte  n’eft de nul  
 effet.  Le  fruit  noir  des  alaternes  eft le  feul  ornement  
 dont  leur verdure  foit décorée. Dans nos  climats  
 il  mûrit  en juillet  ou  en .août. 
 •L’efpece  n°.  2.  porte  des  feuilles  oblongues ref-  
 femblantes  aux feuilles  de  faule.  Son  jeune bois  eft  
 rougeâtre.  Ses  branches  font  plus menues  ,  plus  
 courtes ,  plus convergentes  vers  la  tige que  celles  
 de  l’efpecé  n°.  1  :  ce  qui  donne  à  eet  arbufte  un  
 port pyramidal.  Ses deux  variétés  à  panaches  font  
 précieufes  pour  l’ornement  des  bofqu.ets  d’hiver;  
 mais  elles  font très-délicates,  fur-tout  celle panachée  
 de  blanc.  Les  panaches  des  feuill.es, qui fem-  
 blent  êtreime  coquetterie  de  la  nature,  n’en  font  
 le plus fouvent qu’une  dépravation ;  ain.fi les jaunes  
 jfe  rapprochant  plus  du  verd  font  moins  tendres .,  
 mais  les  blanches  indiquant  un  changement  total  
 dans le  tiffu  cellulaire,  rendent-les  feuilles  fujettes  
 à  être  gâtées  ou  du  moins  altérées  ,  ou  enlaidies'  
 par la moindre  intempérie  de  l’air. 
 L’efpece  _n°.  4.  eft  fort  belle.  La  largeur de  fes  
 feuilles  la  rend très-précieufe à çaufe du petit nombre  
 d’arbres  toujours  verds  à  feuilles  larges.  Elle  
 nous vient d’Efpagne ;  ainfi elle  demande d’être bien  
 abritée.  La  plupart des  autres  efpeces  croiffent  en  
 Provence  &   en  Italie. 
 1.  Miller confeille de marcoter &  de  planter cet  
 arbre  en . automne.  Il ne dit rien des abris qu’il convient  
 de  lui donner.  Peut-être  en  Angleterre  peut-  
 il fe  paffer  de  couverture.  Le  climat  des  environs  
 de  Londres  eft  plus  doux  que  celui  de  nos  provinces  
 feptentrionales.  Les  vents  du  nord  &   nord-  
 eft  y   arrivent  attiédis, par les immenfes furfaces  de  
 mer  où ils  ont paffé ;  peut-être  auffi que la température  
 de l’air  dans  cette île  même étoit moins froi-  j  
 de  au. tems  que  Miller donnoit  fa derniere  édition  
 en  1763  ,  qu’elle ne  l’eft à préfent.  On  fait que depuis  
 lors  il a  paru  que  notre  globe ait  fubi des altérations  
 notables.  Plufieurs  hivers  de  fuite  auflî  
 rigoureux que deux ou trois dont une tradition orale  
 nous  avoir  confervé la mémoire,  &   quifaifoîent  
 époque dans un fiecle, la gelée, proportion gardée,  
 plus forte dans  le midi  qu’au  nord; le vent  dufud,  
 qui jufques-là  n’avoit foufflé que  du  fe u ,   nous  ap- 
 A  L  A 
 portant déformais des glaçons ; l’hiver prolongé bien  
 avant dans le printems, le mois  de mai toujours fec ;  
 juin &  juillet verfant des pluies froides &  continues;  
 vingt-fix pouces d’eau tombés dans une feule  année,  
 ce qui arrivoit à peine  en deux  autrefois ;  enfin nos  ■   
 automnes plus douces  &   empiétant  fur  nos hivers,  
 voilà  les  altérations  que  depuis  cinq  ou  ans on  
 a  plus  ou moins  éprouvées  dans notre  hémifphere. 
 Il  ne  fe  pouvoit  pas  qu’elles  n’influaffent extrêmement  
 fur  la  végétation ;  &  le  cultivateur botanifte  
 a dû  y   Conformer  fa  culture,  fous  peine  de  voir  
 périr  la plupart de fes  plantes  &   de  fes  arbres. Les  
 legum.es  &   les  fruitiers' demanderont aulîi des foins  
 nouveaux,  des  afpefts différens &  d’autres moméns  
 pour  la  femaille,  la  plantation &   la  récolte.  j u{L  
 qu’aux grains mêmes exigent quelque différence dans  
 leur régime  : n’avons-no.us  pas  vu  le  feigle  qui ne  
 déploie  fa  grande  force  qu’en  avril,  périr  par Pin-  I  
 :  tempérie  de  ce mois,  le méteil  fe  réduire  en fro-,  I  
 ment,  &  ce  bled  précieux  couvrir  déformais  des  1   
 |  terres où  jamais  on  ne l’âvoit  femé  feul. 
 2.  Mais quels nouveaux  foins  le  cultivateur n’a-  r   
 i  t-il  pas  à  employer,  lorfqu’outre  ces  intempéries  I  
 |  il  eft  encore  obligé  de  combattre  celles  qui  tien-  I  
 nent immédiatement  au  local? Le  lieu où nous fai-  I  
 fons  nos  expériences  eft  une terre  élevée,  dont  la  ! 
 ■  déclivité  eft  tournée  au  nord;  la terre compare  &c  I   
 pareffeufe  y   garde  auffi  long-tems  l’impreffion  du  I   
 froid  qu’elle  admet difficilement celle de  la chaleur.  I   
 De hautes montagnes  au fud-ouèft arment les vents  I   
 qui  y  paffertt,  de  dards  frigorifiques  détachés  des  I   
 neiges qui y  font entaffées ;  au nord-oueft  , des mon-  I   
 tagnes moins]hautes,  mais  couvertes de bois, char-  I   
 gent l’air des  froides  vapeurs  qu’ils  entretiennent  :  I   
 les  gorges de  ces montagnes  font  autant de  couloirs  I   
 où  les  vents  principaux  changent  de  direâion ainfi  1   
 que de  qualité,  autant de  foufflets qui augmentent  
 leur  violence  en  les  comprimant,  &   les  rendent  
 par  conféqiient plus  froids &  plus  âpres :  auffi  les  
 viciffitudes  qu’éprouve notre atmofphere  font telles  
 qu il  fe trouvé  des  jours  d’hiver  entremêlés  parmi  -  
 les  jours  Caniculaires  ,  tandis  que  des  jours  d’été  Ë  
 brillent  quelquefois  dans  le  tems  des  glaces,  rani-  I   
 ment  la  feve  engourdie ,  &   la .difpofent  à  .être ré-  I  
 primée  &  corrompue par îe  froid qui les  fuit.  Dans  |  
 les pays  feptentrionaux  de  l’Amérique  &   de  l’Eu-  I  
 ro p e ,  fi l’hiver  eft  long ,  le  printems  eft  fûr,  Si  I  
 nous  fournies  certains  qu’il  fero.it  beaucoup  plus  I  
 facile  d’y   élever  les  végétaux  délicats que  dans  le  I  
 pays  où  nous avons  effayé leur  culture ;  cependant  I  
 en  nous  conformant  aux - variations  de  l’air  dont  I  
 nous  avons  tenu un  journal  exaél  ,  nous  y   avons  
 découvert  des  traces  d’une  forte  de  confiance,  
 c eft -  à - dire  ,  de  certains  retours  périodiques.  
 Cette  connoiffance ,  jointe  à celle  de  la nature des  
 plantes  ,  que  les phénomènes  de  leur  végétation  
 nous  ont appris à  çonnoître , nous  ont mis à porté©  
 de tracer  une  route  à-peu-près fûre  parmi tant d’écueils. 
   La  culture des arbres  délicats  que  nous  offrons  
 au public,  peut donc être regardee comme un  
 ultimatum. On ne péchera  pas en  la fuivant de près :  
 on  ne  rifquera  guere  de,  s’en  écarter  un  peu ;  &   
 ceux  qui ont  le  bonheur de  ne  pas voir chez  eux la  
 végétation auffi  contrariée ,  pourront  s’éloigner de  
 nos  pratiques  en  proportion  des  avantages  du  climat  
 où ils fe trouveront. 
 Les alaternes s’elevent affez facilement de graine;  I  
 Ceux  qu’on obtient  par cette première voie  de  mul-  I  
 tiplication font plus droits , &  deviennent plus hauts  I  
 que  ceux  élèves  de  marcotes  :  ils  atteignent  là où  I  
 ils  f e  plaifent,  à  la hauteur  de  douze  à  vingt  pieds  I  
 fuivant  la  croiffance  déterminée  des  efpeces,  au  |  
 lieu que ceux provenus de marcottes  retiennent tou-  |  
 jours quelque habitude de  leur premiers  courbure ,   • a 
 A  L  A 
 Si  comme  ils  n’ont  fouvent  des  racines  que  d’un  
 cô té ,  &  qu’elles  font  très-horizontales, ils ne peuvent  
 s’élancer autant que  les arbres obtenus de  graines  
 ,  lefq.uels font pourvus d’un bel  empâtement de  
 racines., 
 Lorfqu’on veut fe procurer de la graine Üalaterne,  
 il faut  la faire  venir  de  nos provinces méridionales  
 &  des  autres pays  où  croiffent  les différentes efpeces  
 ;  mais  fi, l’on  en  veut  recueillir  chez  fo i,  il  eft  
 néceffaire  de  couvrir avec des filets les. arbres  chargés 
  de baies,  car les  oifeaux en font très-friands, &   
 n’en laifferoient  aucune.  Elles  mûriffent  affez  bien  
 dans  nos  provinces  feptentrionales,  fur-tout fi l’on  
 a eu l’attention  de  planter les  alaternes,  dont  on  fe  
 propofe  de  recueillir  la  graine  ,  le  long  d’un  mur  
 expofé  au  midi  ou  au  couchant,  &   qu’on  ait  eu  
 foin  de  faire  choix  dans  cette  vue des individus qui  
 ont  le  plus  de fleurs  femelles  ou  de  fleurs  andro-  
 gynes. 
 Les baies bien mûrês Si recueillies ,  il  faut  auffi-  
 tôt les écrafer dans une jatte pleine  d’eau  jufqu’à  ce  
 qu’on en ait détaché toute la pulpe,  enfuite on  paf-  
 fera  le  tout  à travers  un  tamis,  il  reliera  un marc  
 mêlé de pépins. Ce  marc doit  être  éparpillé fur  un  
 grand  plat  que  l’on  mettra  à  l’ombre,  en  un lieu  
 chaud.  Lorfque ce marc  fera fec,  on  l’émiera  avec  
 les doigts. Cela fait, préparez des caiffes de huit pouces  
 de profondeur, trouées par  le bas; pofez fur lès  
 trous  des  écailles,d’huîtres  par  leur.côté  concave,  
 puis empliffez ces caiffes  d’une  bonne  terre  de deffous  
 le  gazon  ou des côtés d’une haie, mêlée d’une  
 partie de fable fe c , &   d’une  partie  de  terreau,  répandez  
 vos graines  &   les  diftribuez également. Recouvrez  
 - les  d’une  couche  d’un  pouce  d’épaiffeur  
 d’une terre mêlée  par  parties égales de terreau,   de  
 bois pourri,  &   de  terre de  haie ou de prairie.  Enterrez  
 cette  caiffe  à l’expofitiôn du  levant  jufqu’au  
 mois d’oélobre ,  enfuite faites-lui paffer l’hiver dans  
 ; une caiffe  à vitrage ;  au  printemps  enterrez-la dans  
 une couche tempérée  &  légèrement ombragée, vos  
 graines lèveront fûrement &   abondamment. 
 Ce fenils  fera  placé l’automne  fuivante  dans une  
 caiffe  à vitrage.  Dès les derniers  jours  de  Septembre  
 de  l’année  fuivante,  on tranfplantera ces petits  
 alaternes dans  une  ou  plufieurs  caiffes  plus grandes  
 que les pfemieres, à  cinq pouces les uns  des autres.  
 On pourra en planter le  tiers dans des pots où  ils relieront  
 jufqu’à ce qu’on  les mette  fur place.  Quant  
 à  la petite pépinière  encaiffée,  on peut y  laiffer  les  
 arbuftes,  pendant  un  ou  deux  ans;  enfuite,  félon  
 les climats  &   les commodités,  on les mettra en pépinières  
 à  dix  pouces les  Uns des  autres  contre  un  
 mur au couchant, ayant attention de les couvrir durant  
 la  rigoureufe faifon,  ou bien  on les plantera  à  ;  
 demeure,  en  les  couvrant auffi  dès  que  les  gelées  
 deviendront un peu fortes. 
 Il ne  faut pas négliger  la  voie des marcottes : elle  
 eft utile  pour  ceux  qui ne  peuvent  fe  procurer  de  
 la  graine,  &   elle  fert  à multiplier les  efpeces  les  
 plus  rares ; mais  elle  eft indifpenfable  pour  les alaternes  
 panachés,  car leur graine  reproduit rarement  
 cette variété,  ainfi que nous l’avons expérimenté. 
 3.  Les marcottes  doivent fe  fair.e  vers  le  23  de  
 feptembre.  Qu’on  couche  doucement  les  jeunes  
 branches  dans  une  petite  cavité  creufée  pour  cet  
 effet|  où l’on aura apporté de la  terre fraîche mêlée  •  
 de terreau ;  qu’on  y  effaie  la  courbure  de  la  bronche, 
   pour juger  où pourra tomber la partie  la plus  
 inférieure  de  la  courbure ;  qu’on  faffe  en  cet  endroit  
 une.coche  qui entame  le tiers de  l’épaiffeur du  
 bois ; qu on applique cette coche contre terre,  en y   
 affujettiffant  la  branche  avec  un  crochet  de  bois ;  
 qu on releve  enfuite doucement le bçrnt de  la bran-  
 >  Tome  I.  1 
 A  L  A  2.49 
 che  Contre  un  bâton  où on la liera, fans  néanmoins  
 trop  l’obliger  à  prendre  la  perpendiculaire,  lorfi*  
 qu elle ne s’y  difpofe pas naturellement; qu’on couvre  
 le pied de  ces marcottes de moufle ou de litiere  
 .courte; qu on  les  arrofe de tems  à autre,  l’aittomne  
 buvante, elles feront pourvues de  racines. Alors  on  
 pourra les tranfplanter, mais avec beaucoup de précautions  
 &  de foins :  fi l’on  veut  être plus  sûr de  la  
 reprife, il faudra  encore attendre un an. 
 Les alaternes perdent leurs feuilles  &   leur  jeune  
 bois dans  les  ferres humides.  On  en doit  conferver  
 quelques pieds, fur-tout des panachés, dans les bonnes  
 orangeries.  Ils  paffent très-bien  l’hiver  dans les  
 caiffes à vitrages, lorfqu’on a foin de leur donner de  
 l’air,  toutes  les fois qu’on  le  peut fans  danger.  On  
 en  peut mettre  en  efpalier pour  garnir  des  parties  
 de mur au couchant. Nous  avons  vu un mur  de  20  
 pieds de  haut,  tout  garni  de  trois  pieds  Üalaterne.  
 n°  1 ;  mais l’ufage  le  plus agréable  qu’on  en  puiffe  
 faire,  eft  de les difpofer en maffif dans  les bofquets  
 dh iver,  ayant .attention  de  placer  ceux  marqués  
 arbre  3 , vers les parties les plus  enfoncées, &  ceux  
 marqués arbre 4 ,  vers les devants,  en les  entremê-  
 lant;. des variétés à panache  qui  reffortiront mieux  à  
 côte d’une  verdure  fimple :  mais  pour  réuffir  dans  
 cette  operation,  il faut choifir ou  fe procurer  artificiellement  
 une  partie de  bofquet  d’hiver,  parée  
 du nord-eft,  nord &  nord-oueft,  &  s’il  fe p eu t,  de  
 Iflfeft &  du fud-eft ;  car le  foleil  venant à frapper les  
 feuilles  chargées  des  neiges  du printemps  ou d’au-  
 |  très  frimats,  les  altérera  de  maniéré  à  leur  ôtèf  
 toute leur beauté :  on peut  fe procurer  cet  abri  en  
 relevant des  terrés,   &   en y  plantant  des  haies  d’i f   
 ou  de tuya.  Au  relie,  il  faudra,  malgré  cette  précaution  
 ,  les  couvrir pendant  plufieurs  des  hivers  
 fuivans. 
 Voici  la côuvérture  que  nous  avons  trouvée  la  
 meilleure  après  une expérience de  dix  années  ,   Si  
 les avoir  effâyées toutes. 
 4.  Mettèz du moëlon  brifé  ait  pied de l*arbufte  
 afin d’empêcher de  s’élever les vapeurs qui augmen®  
 tent l’effet de la gelée ; puis rapprochez les branches  
 du tronc, fans  qu’elles fe  touchent en les liant  avec  
 des  ofiers fins ;  fichez circulairement autour de far -  
 biifte, &  à une diftance  convenable de fon pied, des  
 bâtons  qui  furpaffent  d’environ un  pied le  bout  de  
 fa  fléché.  Rapprochez  leurs  bouts,  croifez-Ies,  Si  
 les liez  enfemble,  vous aurez un  cône  un peu enflé  
 par le milieu ; ajuftez tout autour de la  longue paille  
 qui traînera un peu  fur terre par le bas, &  que vous  
 raffemblerez &  lierez  en haut. Doublez  le  haut  du  
 cône  d’une  paille  plus  courte  que  vous  étendrez  
 fort épais, &  que vous lierez vers  la pointe comme  
 pour  former  une  faîtiere.  Ecartez  la paille  par  le   
 milieu  des  cônes du  côté  du  nord  &  du midi  pour  
 y  laiffer  paffer un  courant d’a ir ,  tant  que  le  froid  
 n’eft pas trop vif. V ers  le  dix d’avril vous donnerez  
 encore  plus  d’air;  vers  le  quinze  vous  ne  laiflerez  
 de paille que  du  côté  du midi.  A  la première  pluie  
 vous  découvrirez  entièrement  vos  alaternes,  que  
 vous  trouverez  en  bon  état.  Il fera bon-de  placer  
 une  fouriciere  à  plufieurs  trous  au pied de  chaque  
 arbufte ; car il arrive quelquefois, durant les neiges,  
 que  les  petits  rats  appellés  mufcardins  rongent l’écorce  
 des  arbres  ainfi couverts.  Que  l’on  continue  
 ces  foins  jufqu’à  ce  que  les  arbres  aient  un  tronc  
 fuffifamment  fo r t ,  nous  ne  doutons  pas  qu’on  ne  
 parvienne  enfin  à former des alaternes aguerris contre  
 nos climats ; car une fois que leur bois aura acquis  
 une  certaine confiftance,  fi quelques - unes de leurs  
 branches manquent durant l’hiver, on les retranchera  
 au printemps  :  ils  répareront aifément cette perte  , 
 &  ne feront jamais fenfiblement altérés. (M, U Baron  
 DE Ts CHOVDI.') 
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