
procurent fa nourriture par la force feule de fes
mains , avoit dans le pouce des mufcles gonflés à
un volume extraordinaire; rendue aux fondions le-
dentaires du fexe , elle perdit cette marque de dif-
iinriion. On a cru trouver de la probabilité à l’ad-
héfion de la liqueur nerveufe , qui s’attachant aux
élémens folides , les gonfle par une répétition frequente
de fon impulfion dans la fibre.
Il eft bien difficile d’expliquer la naiffance de l’irritabilité.
Cette qualité eft de toute ancienneté l’ap-
panage du coeur; il eft irritable auffi-tôt qu’il eft vifi-
ble. L’eftomâc, fi robufte dans les oifeaux granivores
, ne donne des marques d’irritabilité que le quatorzième
jour de l’incubàtion : les inteftins, prefque
auffi irritables que le coeur dans l’animal adulte, ne
le font que depuis le quinzième, encore leur contraction
eft-elle très-lente, 8c prefqu’imperceptible.
On voit bien qu’il faut un- degré de folidité, pour
que la fibre mufculaire foit irritable ; peut-être eft-
il. néceflaire que les élémens folides de la fibre
foient rapprochés pour s’attirer. C ’eft ainli que l’aimant
n’agit plus , quand il eft à une trop grande
diftance du fer : 8c , félon toutes les apparences,
l ’attraCtion des élémens fe multiplie dans une raifon
inverfe de leur diftance.
Le mouvement des mufcles des extrémités commence
à fe rendre fenfible vers la fin du fixieme
jour.
Les vifeeres paroiffent plus tard que le coeur : ils
fortent de la main de la nature dans le même tems ,
mais leur état gélatineux & leur tranfparence les
cache aux yeux de l’obfervateur.
Le cerveau occupe apparemment, dès les premiers
commencemens du foetus , la même place qui
lui eft préparée dans la tête , mais il eft fluide encore;
ce n’eft que le neuvième jour qu’il acquiert
quelquè confiftance dans le poulet.
Le foie naît plus tard que le coeur, fes commencemens
font tranfparens,il paroît comme un brouillard
malterminé-vers la fin du quatrième jour; bientô
t , 8c- dès la fin du fixieme jou r , des vaiffeaux
nombreux s’y font appercevoir ; le foie jaunit, il
gagne l’afcendant fur le coeu r, 8c en furpaffe la
grandeur le feptieme jour.
L’eftomac paroît, mais fous une figure différente
& plus femblable à celle de l’eftomac du foetus de
l’hommeI depuis le quatorzième jour : il eft form
é , 8c fes fibres ont un luifant tendineux le onzième.
Le reftum fe diftingue avec fes appendices à la
fin du cinquième jour, 8c le refte des inteftins dans
le courant du quatrième. Les tefticules ou les ovaires
le treizième jour, les reins le huitième, les cap-
fules rénales à la fin du dixième.
Dès le troifieme jour on diftingue les trois grandes
arteres, qui paroiffent fôrtir du coeur, 8c qui font en
effet les trois grandes racines de l’aorte. Ces arteres
s’épanouiflent bientôt après. L’aorte conferve fon
nom, les deux autres troncs font les deux conduits
artériels, car les oifeaux en ont deux, dont le premier
fournit des branches aux poumons qui ne
font vifibles que depuis la fin du fixieme jour.
Les cartilages, qui vont former les os de la tête,
paroiffent dans un état membraneux, 8c reffem-
blent à des veffies pleines d’eau dans le courant du
troifieme .jour. Il n’eft pas douteux, à leur égard,
que l’état membraneux ne précédé celui de cartilage,
comme l’état de cartilage précédé celui d’os. Pendant
le courant du quatrième jour, ils ont des vaiffeaux
ro.uges répandus fur leur furface. Le neuvième
jour le bec, qui étoit obtus, eft formé, il y a
même une partie dure dans fa partie fupérieure : le
crâne commence à devenir cartilagineux à la fin du
dixième jou r, 8c l’eft entièrement le quatorzième.
Cette formation du crâne mérite d’être expofée
avec plus de circonftances, parce qu’elle fert de
réglé pour la formation de tous les os plats, qui
différé affez effentiellejnent de celle des os ronds.
La membrane, qui fert de bafe aux fibres offeu-
fes de l ’os du front, eft différente de la dure-mere
8c du péricrâne; c’eft. une partie effentielle de cet
o s , qui difparoît quand il eft entièrement formé.
On commence à appercevoir le quatorzième jour
de l’incubation, fur cette membrane, des tubercules
cartilagineux, féparés par des efpaces arrondis ou
alongés. Le quinzième jour ce font déjà des filets
plus folides, féparés par des fentes. Le feizieme on
voit les filets oflèux fortir de leur centre, au-deffus
des yeux : ils font fort ferrés enfortant, mais ils s’é-
panouiffent 8c fe féparent les uns des autres vers la
circonférence. Il y a des fentes 8c des efpaces entre
ces fibres ; on découvre dans ces efpaces la membrane
fur laquelle les fibres ofleufes s’étendent. Elles
commencent à s’anaftomofer. Ces fibres ôffeufes
font encore élaftiques alors, 8c elles plient fous le
doigt.
Elles font même encore flexibles le vingtième
jou r , niais elles font plus ferrées ; les fentes, qui
les féparent, font plus petites, elles ne forment cependant
pas encore un réfeau : la membranè, qui
leur fert de bafe, ne peut plus être apperçue, 8c
les fibres ne fe quittent plus, quand on les alonge.
Le vingtième jour la membrane eft difparue, il n’y
a plus que de petites lignés 8c des points entre les
fibres, qui cependant ont confervé une partie de
leur flexibilité. Les coquilles des animaux teftacées
fe forment comme les os plats, 8c ont également
un tiffu cellulaire pour bafe. On a vu dans les os
planes le tiffu cellulaire primordial affez lâche encore
pour admettre l’air , 8c pour s’enfler par le
fouflïe.
Les accroitjemens des os longs different confidé-
rablement de ceux des os plats. Ces os n’Ont aucune
membrane pour bafe, du moins que l’oeil puiffe
diftinguer. La gelée tremblante, qui fera un fémur ,
eft parfaitement formée le fixieme jour, elle a toute
la figure, la tête 8c les condyles du fémur parfaits,
mais elle eft fans aucune dureté encore, elle s’étend
fous le doigt qui la preffe, 8c fe reprend quand
on la rend à elle-même, elle prend toutes les figures
8c fe courbe en cercle. La membrane qui enveloppe
cette gelée eft alors d’une fineffe extrême,
elle ne tient que légèrement à l’os. Si elle lui eft
attachée, c’éft à l’union du corps de l’os avec l’épiphyfe.
Un peu plus de folidité donne à cette gelée le
caraftere de cartilage qui ne différé de la gelée
ordinaire que par la répugnance qu’il montre contre
les courbures qu’on voudroit lui faire prendre ,
8c par fon retour elaftique à fa figure naturelle. Ce
cartilage eft parfaitement tranfparent, on n’y diftin?
gue ni fibre, ni lame, ni vaiffeau.
Pour paffer à l’état offeux le tibia n’a qu’un pas à
faire. On diftingue dans le milieu., entre les deux
extrémités, un peu d’opacité, une couleur légèrement
jaunâtre, quelques filions femés premièrement
au hafard, 8c plus exprimés les jours fuivans.
Ce centre offeux paroît à la fin du huitième jo u r , il
s’étend continuellement, l’opacité 8c les filions
gagnent fur le corps de l’os encore cartilagineux, 8c
s’approchent des deux extrémités. Pendant que la
partie offeufe s’étend, le cartilage prend encore
quelque accroiffement, mais plus lentement.
Elle perd tous les jours de fa proportion à la partie
offeufe, elle n’a plus qiie quatre centièmes de
ligne d’épaiffeur le quinzième jou r, 8c que deux
le vingt-deuxieme.
La dureté , l’opacité 8c les filjons forment Ig
cara&ere de l’oflification, 8c l’accompagnent infé-
parablement.
Mais les os longs ne font pas faits d’urié feule
pièce. Les deux extrémités fontprefque toujours des
parties féparées , dès les premiers jours de leur nature
cartilagineufe. L’oeil ne diftingue pas de ligne
de féparation entre le corps de l’os 8c Pépiphyfe,
mais dès le huitième jour l’os fe plie plus aifément
à l’endroit de l’épiphyfe, elle quitte même avec facilité
le corps de l’o s , 8c demeure attachée au pé-
riofte ; les lignes de ce corps ne s’étendent jamais
fur l’épiphyfe.
La maniéré dont le corps s’offifie eft entièrement
différente de celle dont l’épiphyfe fe change en os.
Dans le corps de l’os deux anneaux rouges paroiffent
vers le quartorzieme jou r; ce font les places
par lefquelles les arteres nourricières entrent dans
le tuyau de l’os. Dès le. onzième jour les filions de
la partie offifiée paroiffent remplis de fang, 8c le corps
de l’os eft couvert d’une plaque de gouttes rouges.
Ces gouttes font cachées peu-à-peu par les lames
de l’os qui fe forment, 8c qui deviennent opaques ;
ce font des vaiffeaux innombrables qui parcourent
l’os par l’intervalle des lames 8c des fibres > 8c qui
font logés dans de profonds filions.
Le tuyau médullaire paroît le huitième jou r, la
partie offeufe eft légère alors ,8c tendre comme des
coccons, fpongieufe Sc pleine de pores. Le tuyau
médullaire s’étend, fe perfectionne 8c gagne le voi-
finage de l’épiphyfe. Il eft conique, 8c la pointe
du cône eft dans le milieu de l’os 8c dans fa partie
la plus épaiffe. Liffe au commencement, ce tuyau
commence .le treizième où le quatorzième jour à
être fillonné par des lignes qui s’élèvent de l’extrémité
du tuyau ; les filions font bientôt après de véritables
lames qui abandonnent le- corps de l’os depuis
fa partie moyenne, 8c qui l’aminciffent continuellement
en avançant vers l’extrémité.
Dans l’épiphyfe la marché dé la nature eft toute
différente ; elle forme, vers le tems auquel le poulet
quitte l’oeuf, 8c même le jour d’après, un noyau
dans le milieu du cartilage , qu’un autre accompagne
bientôt dans l’extrémité inférieure du tibia. Ce
noyau eft un os prefque rond, extrêmement fpon-
gieux , dont la furface eft plus folide à mefure
qu’elle approche de la furface. Ce noyau s’accroît,
il prend fur le cartilage qui l’environne , 8c s’approche
de la ligne par laquelle l’épiphyfe eft attachée
à l’os. Cette ligne s’efface dans la fuite, 8c l’épiphyfe
-fe joint inféparablement au corps de l’os.
Ce changement ne s’acheve dans l’homme q?i envers
la vingtième année. De femblables noyaux fe'‘forment
dans toutes les épiphyfès qui terminent lés os
fon| s j & êes os font dans l’animal adulte un com-
pofé . du-corps de l’os ôffifié, 8c foudé aux deux
noyaux des deux épiphyfès , aggrandis 8c offifiés.
Il ne refte alors d’autre cartilage que la croûte articulaire
qui termine l’épiphyfe' '■ >:
Pour lier là caufe de'la formation de l’os à la
caufe generale de l’accroijjement, il faut donner une
idée des vaiffeaux intériéurs de l’os 8c du cartilage
encore peu connus, parce que les obfervateurs ne
de font pas affez fixés aux premiers périodes de
la formation du foetus.
Dans les os longs il y a un grand tronc, 8c quelquefois
deux , que nous appelions Y artère nourricière.
Dans le poulet enfermé dans l’oe u f , elle fe
diftingue le onzième jour; ce n’eft alors qu’une tache
rouge , mais on la reconnoît' en fuivant fon dé-
veloppement. Elle entre dans le tuyau médullaire ,
une cellulofité fanglante l’y fuit. Le quatorzième
jour on la voit fe divifer, elle envoie une branche
à chacune des extrémités de l’p s , l’une remonte 8c
1 autre cleicend,-
Tome /,
C ’eft dé ce tronc principal que naiffent les vaiffeaux
du corps de l’os. Il y en a de nombreux dont
nous avons parlé ; 8c qui rampent entre les lames
ofleufes ; ces vaiffeaux font prefque à découvert
les premiers jours, 8c fe couvrent peu à peu de
lames ofleufes, nées de ce qui étoit cartilage, 8c
dont 1 opacité les fait difparoître vers le vingt-unie-
me jour. Ces vaiffeaux donnent à l’os un oeil rouge,
qui fe perd dans la fuite. Dans les commencemens
du corps de l’os ils ne paroiffent que comme des
gouttes de fang, mais on n’a qu’à les fuivre pour
trouver des vaiffeaux entiers logés dans leurs Allons
entre les lames ofleufes.
D ’autres branches fe rendent à la moelle du grand
tuyau de l’os. ,
D ’autres encore forment un nombre de vaiffeaux
droits, renfermés dans la Cavité, qui s’étendent vers
l’extrémité de l’o s , ou fans branches, ou faifant Amplement
les fourches. Ces vaiffeaux forment, fur
les limites du cartilage, un cercle vafculeux, qui
eft très-diftinft le douzième jour. Ils font plus gros
que les vaiffeaux diftribués dans les intervalles des
lames ofleufes. Tous les os longs ont deux cercles
vafculeux, formés comme ceux du tibia, que nous
venons de décrire.
Le nombre de ces vaiffeaux augmente avec les
jours de l’incubation. Il y en avoit une quinzaine le>
quinzième jour; ils paffent le nombre de quarante
le vingt-un, ils diminuent enfuite de nombre 8c de
diamètre.
Leur extrémité, arrêtée par le cartilage , forme
une maffue, elle eft plus groffe que le tronc ; des
enveloppes cellulaires les accompagnent, 8c bientôt
il s’é lè v e , comme nous avons eu occafion de le
dire, des lames ofleufes qui les féparent, 8c q u i,
recouvertes d’un tiffu cellulaire fpongieux , forment
la fubftance alvéolaire. Cette fubftance fpongieufe
recouvre de plus en plus les vaiffeaux
droits, 8c paroît en refferrer le diamètre.
Alors les vaiffeaux , au lieu de former une circonférence
de cercle, rempliffent l’aire d’un cercle
entier, percent l’extrémité du corps de l’os par des
troncs trop nombreux pour être comptés , percent
également 8c en ligne droite la partie encore cartilagineufe
du corps de l’o s , 8c font l’hémifphere vaf-
culaire du condyle, ou deuxhémifpheres quand l ’extrémité
de l’os eft divifée.
Un phénomène inattendu donne le dix-feptieme
jour à cet hémifphere vafculeux un prolongement
qui feroit à peine croyable, fi le fait n’étoit parfaitement
avéré par des recherches multipliées. Nous
avons dit que l’épiphyfe eft féparée effentiellement
de l’os, 8c qu’elle s’en détache fans.fraûure , quand,
les tubercules engrénés du corps 8c de l’épiphyfe
fortent de leurs excavations réciproques par une
flexion graduée. C ’eft cependant dans cette épiphyfe
cartilagineufe que fe continuent les vaiffeaux de
l’hémifphere , ils percent le cartilage terminateur,
le divifent en- parallelipipedes, 8c entrent dans le
cartilage de l’épiphyfe. Ils charient du fang dans le
corps de l’os, 8c font très-fouvent tranfparens dans
le cartilage de l’épiphyfe. Dans le poulet plus avancé
ils font remplis de fang dans ce cartilage même. Ils
s’y partagent, y donnent des branches , & fe courbent
fouvent en forme d’arc pour donner de leur
convexité de nouvelles branches qui s’avancent
dans l’épiphyfe, 8c qui s’approchent du noyau.
L’épiphyle a cependant des vaiffeaux qui lui font
propres, 8c dont les petits troncs y entrent dans le
voifinage des articulations. Une branche principale
pénétré dans le noyau, 8c bientôt toute la furface
de ce nouvel os eft hériffée de vaiffeaux qui en fortent,
8c qui fe répandent dans toute la fubftance
du cartilage de l’épiphyfe. D ’autres petites branches