
2.4 A B E
le nom A’ubthnofc, c[ue nous adoptons ; on la nomme
en François graine de tnufc & herbe te la poudre de
Chypre ; enfin elle elt appéllée bonda-calo , par les
Brames; & catlu-gaßtri au Malabar : c’ eft fous ce
dernier nom qu’elle ell décrite & figurée dans le
fécond volume de VHortus Malabaricus, pag- 7 r
planche 38. Rumphe en a donné auflî une bonne
figure , fous le nom de gramen mofchatum, vol, I P ,
pag. 3 8 , planche id. - ,
Cette plante eft annuelle, & croit dans les lieux
fablonneux fous la forme d’un arbriffeau de cinq à
fix pieds de hauteur. D e fa racine, qui eft ligneule ,
blanche, fibreufe, remplie d’un mucilage blanchâtre,
fans faveur, fans odeur, s’élève une tige cylindrique
très-droite , rouge-brune du côté oppofé au
foleil, verte de l’autre côté , & hériffée par-tout de
poils longs ic épais ; fes feuilles font alternes, comparables
à celles de la vigne, c’eft-à-dire, marquées
de trois à fept angles dans leur contour , dentelées
irrégulièrement, longues de cinq à dix pouces,
portées furun pédicule cylindrique un peu plus long
qu’elles, 8d accompagne à fon origine de deux fti-
pules en écailles, qui tombentde bonne heure.
Les fleurs fortent folitairement de l’aiffelle de chaque
feuille : .leur calice eft double; l’extérieur com-
pofé de huit à dix feuilles , 5c l’intérieur d’une feule
piece, en forme de bourfe coniqu e, qui fe fend ordinairement
d’un côté dans toute fa longueur, dont 1 extrémité
eft partagée en cinq dentelures, & qui.tombe
de bonne heure. La corolle, ou la fleur proprement
dite, eft, comme celle de la mauve , compofée de
cinq pétales grands, elliptiques, finueux, dentelés
groffierement 81 inégalement, ouverts en forme de
cloche très-évafée , blanc-jaunâtre, excepté à fon
fond qui eft purpurin; ils font réunis par leurs onglets
à la bafe de la colonne qui porte les étamines
oc qui enveloppe le piftil. Les etamines au nombre
de quatre-vingts ou environ, font compofees de
filets courts fernes çà & là autour de cette colonnè ,
8c furmontés chacun d’uqe anthère blanchâtre. L’ovaire
eft conique', 8c porte un long ftile terminé par
cinq ftigmates fphériques veloutés, 8c femblables à
de petites houppes d’un beau rouge de pourpre;
après la chute des fleurs, l’ovaire devient une cap-
fule pyramidale à cinq angles, longue de trois à
quatre pouces, une à deux fois moins large, hériffée
de poils, accompagnée des huit feuilles dit calice
extérieur qui perfifte jufqu’àfa maturité : elle s’ouvre
à cinq battans, qui font partagés chacun par une
cloifon dans le milieu fur toute leur longueur, 8c
réunis autour d’un axe ou d’une colonne centrale ,
qui eft le prolongement du pédicule de la fleur ;
chaque loge contient environ quarante graines attachées
fur deux rangs à fon angle intérieur, fphéroï-
des, un peu applaties, Brun-noirâtres , marquées de
plufieurs filions paralleles.
Qualités. Toutes les parties de Yabelmofc font in-
fipides &C inodores; ainfi les noms qu’on lui a donnés
de plante mufquée, fleur mjifquée, font peu exacts ;
fes graines feules ont une odeur de mufc, qui même
fe diffipe en peu de tems.
Ufag.es. Néanmoins on en fait un grand ufage dans
le levant, oii on la cultive pour en faire une poudre
?mbrée que l’on connoît ici fous le nom de poudre
de Chypre ; cette plante eft originaire d.u centre de
l’Afrique, du Sénégal & des Indes. (M. A d a n son .)
* ABER, (Géogr.) lac d’Ecoffe dans la partie occidentale
de la province de Loch^Aber. Quelques-
uns le nomment aulli Loch ou CocA, mais fon vrai
nom eft Aber. Il a quinze à feize milles de long, &
communique à la mer d’Irlande par un canal affez
long, qui dans fon embouchure prend le nom de
Uochri-oll.
A ber , f. m. ( Hiß. Nat. Conchyliologie. ) nom que
A B E
les nègres du Sénégal donnent à un petit coquillage
du genre du jambonneau dans la famille des bivalves. •
On en voit une figure exaôe à X& planche iS de CHi-
jloire Naturelle des Coquillages du Sénégal, pag. zio .
Ce coquillage eft commun autour des rochers de
l’ifle de Gorée. Sa coquille, qui eft fi renflée que fa
profondeur furpafle de beaucoup fa largeur, n’a
meres plus de 14 lignes de longueur ; chacun de fes
battants porte environ 50 cannelures longitudinales,
qui forment autant de dentelures fur fes bords. La
charnière qui les unit paroît formée elle-même de
quatre denticules prefque infenfibles ; au-défions de
l’épiderme, qui eft fau v e , la coquille paroît au-
denors d’un violet ou d’un ponceau éclatant ; quelquefois
ces deux couleurs font mêlangéés agréablement
de brun & de verd : le blanc eft la couleur ordinaire
de l’intérieur, qui quelquefois montre une
teinte de violet obfcur. ( M. A d a n s o n . )
* ABERBROTHOCK, ( Géogr. ) village d’Ecofie
fur le T a y , célébré par fes eaux minérales, qui ont
beaucoup de conformité avec celles de Spa & de
Pyrmont. M. Tompfon, médecin Anglois, les ana-
lyfa en 1734 , & trouva que l’alkali yd ominoit,
quoiqu’on les nomme ordinairement acidulés ; auflî
les prend-on efficacement dans les maladies qui proviennent
de l’acide dominant dans les premières
voies, au lieu qu’elles font dangereufes dans les cas
oppofés. Medical effays and obfervations, revifed and
published by a Society in Edimburg, vol. I I . Ce
village confidérable , fitué dans une des plus riantes
parties du comté d’Angus, a un port très-commode
pour le commerce. La réformation a fait difparoître
de cet endroit un monaftere qui contenoit, dit-on,
: plus de deux cens moines. Long. iS. 1 G. lat. 3 6 .30.
§ ABERDEEN ou Aberdon, ( Géogr. ) ville
maritime de l’Ecofle feptentrionale, & capitale d’un
comté enclavé dans celui de Marr. Elle .eft divifee
en deux ; Aberdeen à l’embouchure de la Done, &
Aberdeen à l’embouchure .de la D é e : la première fe
nomme la vieille Aberdeen, old Aberdeen &C l’autre
la nouvelle Aberdeen, new Aberdeen ; elles ne font
éloignées l’une de l’autre que de 1000 pas. La vieille
ville appellée Devana par les anciens, avoit autrefois
un évêché ; la nouvelle, qui eft la plus confidérable
, furpaiTe toutes les autres villes de l’Ecofle
feptentrionale par fa beauté & fon commerce, qui
confifte en toiles, en bonneteries & dans la pêche
du faumon. Il y a une fontaine d’eau minérale, trois
hôpitaux, une maifon de fo r c e , deuxuniverfites,
dont la plus moderne eft dans la nouvelle ville , &:
un très*beau pont fur la Dée. Aberdeen eft la patrie
de plufieurs favans, entr’autres de Guillaume Barclay
& Robert Moriflon: elle envoie deux députés
au parlement. Elle eft à 30 lieues nord-eft d’Edimbourg.
Long. iC. lat. Sy. z j . ( C .A . )
ABERFRAW ou Aberfaw, ( Géogr.) petite ville
de l’ifle d’Anglefey, fur la côte de la mer, du côté
du canal de Saint-George. Elle etoit autrefois décorée
d’un palais où réfidoient les rois de la province
de Galles en Angleterre, du tems que ce pays avoit
fes rois particuliers : on y voit encore les reftes de
ce palais. Long. 13. Sy. lat« S3 . (C . A.')
ABERGAVENNY, ( Géogr. ) ville d’Angleterre
dans la province de Monmo.uth, pays de Galles. Elle
eft remarquable par fon grand commerce de flanelle
& autres laines travaillées, par fes grofles foires de
bétail, & par la propreté de fes rues. Long. 14. 30.
lat. Su. (C. A.')
% ABERNETHY, ( Géogr.) ville de l’Eeofîe feptentrionale
, au diftrift de Perth, nommé Strathern9
un peu au-deflus de l’embouchure de l’Ern, proche
le T a y . C’étoit autrefois la capitale des Piûes ; elle
eut enfuite un évêché que le roi Canut ou Kennet fit
transférer à S. André : cette ville eft peu confidérable
aujourd’hui
A B E
aujourd’hui. Long. 14. 40. lat. SG. 37. ( C .A . )
ABERGEMENT, (Géogr. ) il y a plufieurs endroits
de ce nom, fur-tout en Bourgogne. Ce mot
Vient du Latin albergamentûm, qui fignifie gîte, hof-
pice, d’oîinotre mot, héberger, auberge.
L’Abërgement-le-Duc fur Saône, éft le plus
confidérable de ces villages : il fut ainfi nommé parce
que c’étoit d’abord un repos dé chaflè pour les ducs,
il devint enfuite un gros village. Il eft du diocèfe de
Châlons, dans le bailliage de Nuits : il y a une Prévôté
royale.
Le Grànd Abergement, bourgade duValromey-
dans le diocèfe de Genève, & la généralité de Dijon.
L e, Petit Abergement , village du V alromey,
même diocèfe, même généralité.
L’Abergement , village de Franche-Comté, au
diocèfe de Befançon, bailliage de Pontarlier.
L’Abergement, paroifîe de Franche-Comté,
dans le bailliage d’Ornans, au diocèfe de Befançon.
Le Petit Abergement , autre paroifîe de
Franche-Comté, dans- le bailliage d’Arbois-.
Le Grand Abergement, autre lieu du même
bailliage..
L’Abergement de Foigny, lieu de Bourgogne,
dans le diocèfe & le bailliage de Dijon.
L’Abergement de Guiser y,bourgade de Bour-
gogne, au diocèfe de Befançon, bailliage de Châlons.
L’Abergement de^la Ronce, petit village de
Franche-Comté, dans le diocèfe de Befançon, & le
bailliage de Dole.
L’Abergement de Messey, hameau de Bour-
gogne, dans le Mâconnois, & le diocèfe de Châlons.
L Abergement de Sainte-Colomere , village
de Bourgogne, au diocèfe de Befançon, bailliage de
Châlons.
L Abergement de S. Jean , lieu de la Franche-
Comte, dio.cèfe de Befançon, bailliage de Châlons.
L’Abergement de Varey, village de Bourgogne,
dans la généralité de Dijon, & le bailliage de Dole.
L’Abergement de Verdun, petit village de
Bourgogne, dans le diocèfe de Châlons, & le bailliage
d’Aùxonne.
L’Abergement- lès -A uxonne, paroifîe de
Bourgogne, lituée dans une plaine marécàgeufe,
au diocèfe de Befançon, bailliage d’Auxonnè. (C.)
§ ABERRATION, (AJlronomie.) la découverte
de Y aberration étant une des plus fingulieres que l’on
ait/aites en aftronomie, & la plus intéreflante de ce
lïecle-ci, il importe a l’hiftoire des progrès de l’ef-
prit humain de faire.voir comment M. Bradley a dû
y parvenir. On étoitperfuadé,avantTesobfervations
de M. Picard, faites en 167.Z; que les étoiles ne
changeoient point de pofltion pendant le.cours d’une
annee. Tycho-Brahé & Riccioli croyoient s’en être
affurés par leurs qbfervations ; ils en concluoient
que la terre ne tpurnoit point autour du foleil, &
qu il n y avoit point de parallaxe annuelle dans lés
«toiles. M. Picard, dans la relation de fon voyage
d’Uranibourg, fait en 16 7 1 , dit que l’étoile polaire,
en divers tems de l’année, a dés variations qu’il ob-
fervoit depuis environ dix ans. Les favans qui étoient
déjà convaincus du mouvement de la terre, étoient
portés à en conclure que ces variations étoient l’effet
de la parallaxe du grand orbe. Le dofteur Hook alla
plus loin, il publia en 1674 des obfervations qu’il
pretendoit avoir faites en 1669, par lefquelles il
.avoit trouvé l’étoile y du dragon plus feptentrionale
de 23 " le 6 Juillet,que le 21 Oâobre ; cela s’accor-
doit très-bien avec l’effet que devoit avoir-la parallaxe
annuelle : mais comme il eft bien reconnu
aujourd’hui qu’elle n’exifte point , on a lieu de
cioiie que fes obfervations étoient abfolument fûp-
poleesf&c qu’il les avoit ajuftées fur l’hÿpothèfe de
tfi parallaxë'annuelle.
Tome h
Fkmfteéd ayant obfetvé l’étoile polaire avec fon
mural, en 1689 & dans lès années fuivantes, trouva
ét<?k Plus Petite de -4° " ail mois
de Juillet, qu au mois de Décembre ; ces obferva-
10ns c oient ]ailesj mais elles lie prouvoient point
la parallaxe annuelle , comme le fit voir M. Caflîni.
Au refte, quoique Flarofteed crût reconnoître l’effet
de la parallaxe annuelle.„dans les différences qu’il
avoit qbfervees, il avoit quelques doutes fur fes ob-
fervations ; & il fouhailoit que quelqu’un fît faire
un mftrument de quinze à vingt pieds de rayon fur
un fondement inébranlable, pour éclaircir une q„e-
ftion quilans cela , difoit-il, pourrait être bien lonn-
tems indecife. M. Caflim crut trouver enfuite dans
Sinus une parallaxe de 6 ». Acad. ,7 ,7 .) Mais
M. Manfredy, en , 7 z9 , publia des obfervadons qui
etoient abfolument contraires à l’idée de cette Daral-
laxe. 1 .
Il etoit donc impoflible de démêler la nature &
les caufes de ces variations annuelles dans la pofitiori
des étoiles, à moins qu’on n’en déterminât les circon-
ftances par des obfervations très-exaftes &c très-mul-
ttpliees. C ’eft ce qu’entreprit en 1725 un riche particulier
d’Angleterre, nommé Samuel Molyneux,
amateur des fciences ; il fut heureufement fécondé
par Graham, cet horloger célébré dans les arts &
meme dans les fciences, qui fit conftruire iin fedeur
de vingt-quatre pieds de rayon,. avec lequel une
leule etoit fenfible. Cet infiniment fut place à Kew ;
on y obferva l’étoile y du dragon , & l’on ne tarda
pas à reconnoître que les variations de cette étoile
étoient tout-a-fait oppofées à celles qu’exigeoit la
parallaxe annuelle.
Suivant des loix de cette parallaxe, une étoile
fituee au pôle de l’écliptique, parôîtroit décrire dans
une année , un petit cercle parallèle à l’orbite de la
terre , mais dont.elle paroîtroit toujours occuper la
partie oppofée à celle ou fe trouve la terre ; c’étoit
tout le contraire dans les nouvelles obfervations.
M. Bradley qui avoit obfervé avec Molyneux fe
trouva fort embarraffé pour aflxgner une caufe I ce
nouveau phénomène. Sa première idée fut d’examiner
fi cela ne prouvoit point quelque nutation dans
laxe de la terre, produite par Faction du foleil ou
de la lune, à caufe de l’applatiffement de la terre ’
»ainfi que cela devoit avoir lieu par l’attrattion ; mais
d’autres étoiles obfervées en même tems ne permet-
toient pas d’adopter cette hypothèfe. Une petite
étoile qui étoit à même diftance du p ôle, & oppofée
en afcenfion-droité à y du dragon, aurôit dû avoir
par l’effet de cette nutation, le même changement en
déclinaifon ^ cependant elle n’en avoit eu environ
que la moitié, comme cela parut en comparant jour
par jour les^ variations de l’une & de l’autre, obfeï-
vées en même tems ; c’étoit la trerite-ciriquieme
étoile de la giraffe.
Il remarquoit que lès changemens de déclinaifon
de Cette étoile, par rapport à fon lieu moyen, étoient
comme les finus des diftances du foleil au folfticë ;
c.elâ fembloit indiquer un rapport avec le mouvement
de la terre. Mais il falloir des obfervations fur ■
un plus grand nombre d’étoiles, pour favoir fi cette
réglé etoit confiante. M. Bradley fit donc faire un
nouveau fefteur en 17 2 7 , il obÆrva beaucoup
d’étoiles , & il reconnut que la réglé précédente
n’avoit lieu que poilr les étoiles qui répondoient au
folfticë ; mais une réglé générale qui ne pouvoit
guere lui échapper, étoit que chaque étoile paroif-
foit ftationnaire, ou dans fon plus grand éloignement
vers le nord ou vers le fud, lorfqu’elle paffoit au
zénith vers fix heures du foir ou du matin ; que
toutes les étoiles avançoient vers le fud lorfqu’elles
paffoient le matin, & vers le nord-lorfqu’elles paf-
Loient le foir, Sc que le plus grand écart etoii;