
 
        
         
		596  A Jt  T 
 extérieure  , ces arts font fortau-deffous  des autres  ,   •  
 parce  qu’ils n’empruntent  aucune  efficace de l’émotion  
 des  fens  externes  ,  qu’autant  qu’accidentelle^  
 ment  ils  peuvent  émouvoir  l’oreille.  Mais  ce qui  
 leur manque en force,  ils  le regagnent en étendue ;  
 ils mettent en jeu toutes les forces de l’imagination,  
 &  favent,  par  fon  moyen,  rendre  fenfibles toutes  
 les  impreffions  des  fens,  même  des  fens  les. plus  
 groffiers. 
 Auffi  l’ufage  des arts de  la parole  eft  le  plus  entendu  
 de tous.  Ils nous  inftruifent de tout ce  qui fe  
 paffe  dans une ame  ;  de  quelque  cote  qu’on veuille  
 l’attaquer',  quelque  fentiment  qu’on  veuille lui  inf-  
 pirer,  les arts de  la  parole  en  fourniront  toüjours  
 les  moyens  ;  ils  ont  d’ailleurs  fur  les  autres  arts  
 cet avantage,  qu’à l’aide des lignes qu’ils emploient,  
 on fe  rappelle  chaque  idée  avec  toute  la  précifion  
 &  la  facilité  polfibles.  Àinfi, bien  que  les plus  foi-  
 bles  de  tous  les  ans,  quant  à  la  vivacité  des  impreffions  
 ,  ce  font  les  plus  importans par  leur aptitude  
 à  exciter tous les divers genres d’impreffions. 
 Telles font les trois efpe ces primitives des  beaux-  
 arts: on  a enfuite  trouvé le moyen de les  combiner  
 &  de  réunir deux' ou  trois  de  ces efpeces,  pour en  
 former  de nouvelles.  La  danfe  réunit  les  arts  qui  
 agiffent fur  la  vue  &   fur l’ouie ;  le  chant raflemble  
 Y art  de  la Mufique  &   ceux  de  la  parole;  tous  les  
 beaux-arts  concourir à la  fois dans les  fpectacles. 
   Auffi les  fpectacles  dramatiques  font-ils la  
 plus belle.inventiondes arts ;  ils peuvent devenir le  
 moyen le plus propre à infpirer des fentimens nobles  
 &  élevés. 
 Chaque  efpece  d'art  fe  partage  de  nouveau  en  
 plufîe.iirs branches fubalternes;  la meilleure méthode  
 de déterminer celles-ci,  feroit peut-être de faire  rémunération  
 des  diveriès  efpeces  de  beau  ,  ou  de  
 forces èfthétiques qui en font l’objet.  Le beau fimple  
 occupe ces  branches particulières des arts  qui  n’ont  
 d’autre  but dans leurs ouvrages que  celui de  plaire;  
 En Poëfie,  de  jolies  bagatelles ;  en Peinture  ,  des  
 fleurs,  des payfages  fans  cara&ere décidé ;  en Musique  
 ,  ces pièces oit l’on ne  fent que  l’harmonie  &   
 le  nombre,  &c.  Le  vrai  &   le parfait  font  l’objet  
 principal  d’une  autre  efpece  de  branches,  tels que  
 font,., dans  les am de  la parole.,  le  difcours  dogmatique  
 ,  le poëme  didactique  ,  certain  genre  d’apologue, 
   &c.  Un  troifieme  ordre  de  ces  branches  
 s’exerce  fur  des  fujets  propres à émouvoir,  &   fe  
 propofe d’exciter les  paffions.  Enfin les branches les  
 plus  parfaites  réunifient à  la  fois  tous ces  objets ,  
 déploient  toutes  les  forces  de  Y art,  &   en  confti-  
 îuënt fes efpeces les plus intéreffantes. 
 Comme  chaque  efpece  différente  fuppofe  aufli  
 dans Tartifte non-.feulement un  génie propre  à cettè  
 efpece-là ,  mais encore un caractère particulier,  on  
 pourroit  peut-être  déterminer  avec  affez  d’exaéti-  
 tude  les  fubdivifions de chaque branche  des  beaux-  
 arts , d’après le dégré d’ame &  le tour d’efprit qu’on  
 peut  concevoir  dans  l’artifte.  Peut-être  tenterons-  
 nous  dans quelques articles de ce Supplément, un ou  
 deux effais  de  cette méthode. 
 Il entre, au refte, tant d’arbitraire &  d’accidentel  
 dans  la forme  extérieure  que les beaux -  ans  donnent  
 à  leurs  productions,  qu’avec  les  notions  les  
 plus  précifes  fur  la  nature  &  l’emploi des  arts,  on  
 ne fauroit  rien fixer à l’égard de la forme de ces ouvrages. 
   Qui  pourroit  ,  pour ne  citer  qu’un  feul  
 exempleaffigner  toutes les differentes formes que  
 l’ode ou le drame peuvent prendre fans fe dénaturer?  
 Dans  des  recherches de  cette  nature,  le  bon  fens  
 veut qu’on évite les fubtilités minutieufes, &   qu’on  
 fe  garde  bien  de  donner  des entraves  au  génie  de  
 l’artifte. 
 Le grand principe que tout artifte doit fuiyre dans 
 A R T 
 fes  compofitions  , c’eft « de faire  que  l’enfemble  &   
 chaque partie de fon ouvrage,  produifeTexpreffion  
 la plus  favorable  fur  les fens  &  fur  l’imagination ,  
 afin  d’exciter,  autant  qu’il  eft  poffible,  toutes  les,  
 forces  de  l’ame  à  y   graver  cette  impreflïon  d’une-  
 maniéré  ineffaçable ».  O r ,  il n’eft pas poffible  d’atteindre  
 à ce but,  li l’ouvrage  n’a de la beauté  &  de  
 la régularité ,  en  un mot,  s’il ne  porte  l’empreinte  
 du  bon  goût.  Le  défaut  le  plus  effentiel  ,dans un  
 ouvrage  de  Yart t  quoique  ce  ne  foit  pas  toujours  
 le plus important, c’eft de mànquer du côté du  goût. 
 La  maxime  générale  fur  le  choix  du lujet ,  c’eft  
 «  que,  l’artifte  choiiiffe  des  objets propres à influer  
 avantageufement  fur  l’efprit  &   fur  le  coeur».  Ce  
 font-là les feuls fujets dignes de nous  émouvoir fortement, 
   &   de  faire fur nous  des  impreffions durables  
 :  tout  le refte  peut n’en  produire que  de paffa-,  
 gérés. 
 Ce  feroit néanmoins mal entendre cette maxime ,   
 que  de  vouloir interdire  aux arts  tout  fujet qui  ne  
 leroit  pas  précifément  moral ;  elle  ne défend pas à  
 l’artifte de fculjjter une coupe ou de peindre un vafe  
 à boire , mais elle, lui prefcrit  Amplement de n’y  rien  
 tracer  qui  ne  foit  propre  à  faire une  heureufe im-  
 preffion,  de  quelque genre qu’elle  foit. 
 De  tous  les ouvrages  de Yart,- ceux-là  ont,  fans  
 contredit, l’utilité  la  plus importante  ,  qui gravent  
 dans notre  efprit des notions,  des vérités ,  des maximes, 
   des  fentimens  propres  à  nous  rendre  plus  
 parfaits,  &   à  former  eh  nous  les  carafteres dont  
 nous ne faurions manquer fans perdre de notre prix,  
 foit en qualité d’hommes, foit en qualité de citoyens.  
 Mais  au défaut de  pareils  fujets  ,  l’artifte  aura  encore  
 fatisfait  à  fon  devoir,  li  fon  ouvrage  nous  
 affermit  &   nous perfectionne  dans  le goût du beau.  
 Ainli,  le  peintre  auquel j’aurai  commis  le  foin  de  
 décorer  mon appartement,  méritera- toute  ma  re-  
 connoiffance ,  s’il  s’en acquitte  dç maniéré que,  de  
 quelque côté que je jette  les yeux, je me fente rap-  
 peller  vivement  les  notionVpratiques  qui me  font  
 les plus néceffaires ; que li la chofe n’eft pas faifable ,  
 j  fon  travail  fera  néanmoins  encore  digne  d’éloge,  
 S’il me  préfente  dans  chaque objet  de  quoi nourrir  
 &   fortifier  en moi  le  bon goût. 
 Il  réfulte  de  ce  que nous venons de  dire  ,  que  
 les  beaux - arts  ne  fuppofent  pas  Amplement dans  
 - l’artifte  un  goût  exquis,  mais  qu’ils  demandent  de  
 plus qu’il y   joigne  une  raifon faine ,  une  eonnoif-  
 lance réfléchie des moeurs, &  une intention férieufe  
 de faire de fes  talens le meilleur ufage  poffible. ( Cet  
 article  ejl  extrait  de  la  Théorie generale  des  Beaux-  
 Arts  de M.  SüLZER. ) 
 *   A r t   S a c e r d o t a l ,   (  Philo/, hermet. )   c’eft  le  
 nom que donnoient  les  Egyptiens  à  ce  que  nous  
 appelions  aujourd’hui  Philofophie  hermétique  :  cet  
 art conflftoit dans là  connoiffance  parfaite  des  procédés  
 de  la  nature dans  la  production  des  mixtes.  
 Cette fcience cachée fous l’enveloppe  des hiéroglyphes  
 &   des  termes  les  plus myftérieux,  étoitune  
 efpece  d’énigme  dont  ôn  ne  donnoit  le  mot  qu’à  
 ceux qui,  par une épreuve  longue  &  pénible,  s’é-  
 toient  rendus,  dignes  d’être  initiés  à  de  fi  grands  
 myfteres.  Le fecret  étoit ordonné aux pfêtres,  fous  
 peine  de  mort:  il  ne fe  communiquoit que dans  le  
 fanftuaire.  On  affure  que  Pythagore  confentit  à  
 fouffrir la circoncifion,  pour  y   être  initié. 
 ARTABAN ,  ( Hijloire de  Perfe.  )  Hyrcanien  de  
 naiffance,  tint  le premier rang  parmi les favoris dë  
 Xerxès  dont  il  fut  capitaine des gardes.  Ce prince  
 qui n’accordoit fa confiance qu’aux complices de fes  
 crimes  &   aux compagnons  de  fes  débauches,  lui  
 abandonna  le foin des  affaires, &   ne fe réferva que  
 le titre de  ro i, &  l’humiliant  privilège  d’en abufer.  
 Artaban ,   ingénieux  à le captiver par le charme des 
 A   R  T 
 voluptés,  fît  le  deftinf  de  la  Perfe;  &   comme.il  
 étoit  le  diftributeur des g.racés ,  il  lui fut  aifé  de  fe  
 faire des adorateurs. Xerxt's,  tombe dans le mépris,  
 lui parut une 'viCtime qu’on  pouvoir immoler impunément, 
  &  l’habitude du commandement  lui infpira  
 l’ambition dé le perpétuer.' Ingrat envers fon maître,  
 il confpira^çôntre  la  vie ,  &  if  profita des  ténèbres  
 poiir entrer dans  fa  chambre,  OÙ ,   fuivi  des  eunuques  
 qu’il avoit fait  fes complices ,  il  le  tua pendant  
 qu’il  dormoit':. ce  monftre  fouillé  du  fang  de  fon  
 maître,  va trouver  Artaxerxes,  &  lui  apprend  que  
 fon frere Darius venoit; de fe fouiller d’un parricide,  
 &  que lui-même alloit être enveloppé dans le meurtre  
 dé  fonpere. Artaxerxes, trop jeune encore pour  
 çonnoître la  défiance., ajouta  foi  à  l ’impoftare ; &   
 pour fauver  fà  vie j  il autorifa Artaban à donner la  
 mort à'fon frere. Ce meurtrier  de fes rois, difpofa de  
 la couronne qu’il mit fur la tête du jeune Artaxerxes,  
 en  attendant  l’occaficm. favorable  de  la  mettre  fur  
 la fienne.  Il  avoit  fept  fils  qu’il  pourvut  des  premières  
 dignités de  l’état. Fier de leur appui,  il prodigua  
 .lestré fors de l’état pour fe faire des partifans;  
 quand  il  crut  fon  pouvoir  affez  affermi,  il  laiffa  
 âpperçevoir fes deffeins,  Artaxerxes,  inftruit de fes  
 complots  ,  le  fit  affaffiner  avant  qu’il  pût  les  exécuter. 
  Ses fils voulurent venger fa mort : ils levèrent  
 une armée,  ils livrèrent  un combat où ils furent  
 entièrement , défaits :  ils  expirèrent  au  milieu  des  
 plus  cruels  fu.pplices,  avec  tous  ceux  qui  avoient  
 été leurs  complices.  ( T—AT. ) 
 ;  ARTABAZANE,  ( Hi(l.  de  Perfe.)  fils  aîné  de  
 Darius,, roi,de Perfe,  étoit  appellé  par  le  droit  de  
 fa  naiffance .au  trône  de  fon pere ;  mais  fon  frere  
 Xerxès  lui  fut préféré, parce  qu’il  étoit  né  depuis  
 l ’élévation  de  fon  pere,  &   qu’il  defcendoit  par  
 Àtqffa  fa mère,  de  Cyrus-,  fondateur  de  l’empire  
 Perfan,  au lieu qu'Artabaqane étoit né avant que fon  
 pere fut revêtu de la pourpre, &   qu’il n’avoit point  
 du côté de fa mere une origine  royale./Leurs  droits  
 furent  difcutés  au tribunal  de  Darius,  félon  l’ufage  
 des rois de Perfe qui, avant de mourir,  défignoient  
 leur fucceffeur.  Dès que l’arrêt qui donnoit la préférence  
 à Xerxès eut été prononcé, Anabaianefe pro-  
 fterna devant fon frere, &  le  reconnut pour fon roi. 
 Il donna pendant le cours de fa vie un exemple de  la  
 fidélité qu’on doit  à fes maîtres, &  le  premier  fujet  ,  
 fut  le  plus  fournis :  il  fut tué  à  la bataille  de  Sala-  
 mine.  ( T—n . ) 
 .  ARTABAZE,  ( Hijl. de Perfe.  )  Perfe d’origine,  
 excita  une rébellion dans fon gouvernement, moins  
 pour fatisfaire fon ambition ,   que  pour n’être pas la  
 viâime  des  fureurs  de  fon  maître.  Ochus, roi  de  
 Perfe,  ne  fembloit armé du pouvoir  que pour  s’abandonner  
 impunément  à  la  cruauté  de  fes  pen-  
 chans.  Ce  fut  fur  fes généraux &  fes  domeftiques  
 qu’il  fit  l’effai de fes  fureurs. Enfuite  il fe  fouilla du  
 fang  de  fon  oncle  &  de  celui  de cent  de  fes  fils.  Il  
 eut  la  férocité  de  faire  enterrer  fa» foeiir  vivante.  
 Tant d’atrocités le  rendirent l’objet  de  l’exécration  
 publique.  Artaba^e profita  de  la  difpofition  des  ef-  
 prits  pour fe  rendre indépendant  dans  fon gouvernement. 
  11 attira dans  fon parti Charès,  général des  
 Athéniens, qui tailla en  pièces foixante mille hommes. 
  Le monarque menaça  les Athéniens de fes vengeances, 
  s’ils ne rappelloientleur général. Cette menace  
 produifit  fon  effet.  Artaba^e  abandonné  des  
 Athéniens, eut recours aux Thébains qui lui fournirent  
 5000 hommes avec lefquels il remporta deux vi-*  
 cloires.  L’argent d’Ochus  fit  ce  que  fes armes n’a-  
 voient pu exécuter.  Trois  cens  talens  comptés  aux  
 Thébains les engagèrent  à  trahir un allié qui n’étoit  
 pas affez riche pour les payer. Artaba^e, privé de leur  
 feco.urs, fe réfugia chez Philippe de Macédoine, auquel  
 il  révéla le fecret de fubjuguer  la Perfe dont il 
 A R T   597 
 connoiffoit  lafoibleffe;  &   ce  fut  furie plan  qu’il  
 traÇa3 qu’Alexandre, quelque tems  après ,  en  fit  la  
 Conquête. ( T—n . ) 
 ARTABRI , ( Géographie. ) peuple d’Efpagne, aux  
 environs  du  promontoire  Nerium,  aujourd’hui  le  
 cap  Finiftere  en Galice.  ( D.  G .) 
 ,  ART A CABANE ,  (  Géogr.)  ville  d’Afie  ,  dans 
 T A n e ,  ou  les anciens géographes en placent encore  
 une  du nom  d Arcatane, &   qui  n’eft  peut-être  crue  
 la même.  ( D. G .) 
 ARTACE ,  aujourd’hui  ARTAKUI,  ( Géogr. )  
 Ville  d’Afië,  dans  la  Natolie  ,  &  Atuée  d a n sn e   
 pfefqu’île  de la Propontide,   où réfide  un des principaux, 
  archevêques de l’églife Grecque  en Turquie.  
 Cettè  prefqu’île étoit autrefois  I’île.même  de  Cyzi-  
 que,  &   elle  produit  de  très-bon  vin  blanc.  Une  
 forteféife de  la Bithynie &  une  ville d’Arménie  ont  
 auffi porté  le  nom d’Artace.  ( D .  G.) 
 ARTÆA,  (  Géogr. ) contrée  de la Perfe , d’après  
 Jaquelle tous  les  Perfes ne faifôient même pas  difficulté  
 de  fe  dénommer.  (  D. G .) 
 .  ARTAGERA ,  ( Géogr. ) ville  d’Afie,  dans l ’Arménie  
 :  quelques-uns  veulent que  ce foit  la  même  
 qu’Artaxate,  capitale du pays.  (  D . G. ) 
 ARTAJONA,  ( Géogr. )  petite  ville d’Efpagne  
 dans la Navarre, &  dans la Merindatje d’Eftalla. Elle  
 eft environnée d’un vignoble très-fertile,  ( jt>. G .) 
 ARTAMIS,  ( Géographie. ) riviere d’Afie, dans la  
 Ba&riane.  ( D. G. ) 
 ART ANES,  ( Géographie. )  riviere  d’Afie,  dans  
 la  Bithynie.  ( D. G .) 
 ARTASI,  ( Géographie. )  ville  de  la  Turquie en  
 Afie,  dans  le gouvernement  de Giurdiftan :  elle eft  
 peu confidérable.  L’hiftoife  des croifades  fait mention  
 d’une autre  ville de  même nom,  laquelle étoit  
 fituée en Syrie, &  fut prifè aux Turcs par  les Chrétiens  
 ,  fous  la  conduite  de  Robert  de  Flandres. 
 (.O .G .) 
 ARTAXERXES L o n g u e - m a i n  , ■ (Hift. de Perfe.)  
 Ce prince furnommé Longue-main à caufe qu’il avoit  
 la main droite plus longue  que  la  gauche,  fut  magnifique  
 &   bienfaifant : quoiqu’il ne  fût  que  le troi-,  
 fieme fils de Xerxès,  il  fut  l’on fucceffeur  au  trône  
 de Perfe. Darius, fon aîné, avoit été enveloppé dans  
 le  meurtre de  fon  pere,  affaffiné  par Artabane ; &   
 Hydafpe,  que la naiffance  appelloit à la couronne,  
 étoit alors trop  occupé dans  la Baâriane pour faire  
 valoir  fes  droits. Artabane  ne  plaça Artaxerxes fur  
 le  trône  que  pour  en faire bientôt fa viétime ;  mais  
 il  fut prévenu dans fes  deffeins criminels,, &   quand  
 il étoit prêt de les exécuter, il fut affaffiné lui-même.  
 Les  femences des troubles  de  la  Perfe ne furent pas  
 étouffées dans  fon  fang, il  lui  reftoit  fept fils  aufli  
 ambitieux  que  lui.  Artaxerxes  ardent  à  venger  la  
 mort de  fon  pere ,  marcha  contre  les  enfans de fon  
 meurtrier,  qu’il crut devoir immoler  à  fes  mânes :  
 il leur livra une bataille où  tous  furent  exterminés.  
 Dès  qu’il fe  vit  débarraffé  d’ennemis  aufli  redoutables  
 ,  il tourna  fes  armes  vers  fon frere  , dont  la  
 nature  foutint mal  les  droits. Artaxerxes  vainqueur  
 fe  vit  paifible  poffeffeur  d’un  empire  qu’il  étoit  
 digne  de  gouverner ;  les  gouverneurs  dont la  fidé-  
 lité  étoit fufpefte ,  furent dépofés ; ceux qui  furent  
 Convaincus de  tyrannie  &   d’exaétions,  expirèrent  
 dans les  fupplices;  les moins coupables  furent  notés  
 d’infamie ,  punition plus  cruelle  que  la mort j  pour  
 ceux  qui  confervent  un  refte  de  pudeur.  Les abus  
 réformés,  &   les  tyrans  fubalternes punis,  lui méritèrent  
 l’amour de fes  fujets,  qui  eft la récompenfe  
 des bons  rois, &  le  fondement inébranlable de leur  
 pouvoir. 
 Ce  fut  fous  fon  régné  que  Thémiftocîefugitif