im i t a , dont trois extérieures & trois ultérieures,
toutes a ffe z égales & réunies par le bas , de maniéré
qu’elles tombent enl'emble comme un calice .d’une
feule piece ; fix étamines réunies à leur origine par
une membrane fort courte, fortent du réceptacle
de la fleur, oppofées à chacune des feuilles du calice
, plus courtes qu’elles, peu fenfibles &; fans
anthères dans les fleurs inférieures qui font fertiles
; & au contraire égales à leur longueur, & portant
chacune une anthère jaune & pleine d une
poufliere de même couleur dans les fleurs fupe-
rieures qui font hermaphrodites flériles. Au centre
de la fleur s’élève un ovaire blanc, ovoïde, triangulaire
, égal au calice , dans les. fleurs inferieures
qui font fécorifes , & couronné de trois ffyles.
qui ont chacun fur leur face intérieure un ûUoa
velu; cet ovaire eft plus petit 6c avorte dans les
fleurs fupérieures. _ ,
L’ovaire en grandiffant .devient un fr-iut en ecorcé
de là grandeur & de la forme d’un oeuf de poule,
mais pointu a u x deux bouts, accompagné du .calice
qui y tient fi fort qu’on ne peut l’en féparer qu’avec
la queue, & qui r e f ie fur l’arbre jufqu’à fo n entière
p u tr é fa c t io n ; fon écorce eft très-mince, mais coriace,
Me, d’abord blanche, enfuite verte , enfin
jaune-doré o u orangé : elle recouvre une chair
blanche fu c c u le n te , Jpaiffe de trois à quatre lignes,
tiffue de fibres dures qui s’ am o lliffen t fous la dent,
& qui fe mange fous le nom de pàinga au Malabar,
& fous celui de pinang moeda ch e z les Malays ; en-
fuite feche , fibreufe, roux-brune, fans fue, incapable
d’être mangée, à une loge qui tient une noix
ou plutôt une amande conique,.nue, longue d un
pouce & demi, de moitié moins large, à peau fine,
Jaune ou brun-rougeâtre, veinée à-peu-près com m e
la mufcade, & marquée fur un des bords de fa baie,
c’eft-â-dire, fur le côté, d’un petit enfoncement o r -
biculaire qui eft le point de fon attache. Cette
amande, lorfqu’elle eft encore jeune, a fort peu de
chair qui eft blanche, tendre, creufe au milieu &
pleine d’une eau limpide 6c auftere .comm e elle ; on
l’appelle alors tanni-paina au Malabar : lorfque cette
eau eft .convertie en chair blanc - jaune, .& que
l’amande à demi-mure eft pleine & en chair blanche
& tendre, on l’appelle fchalemba-paina : enfin lorfque
cette amande eft feche & un peu dure, on 1 appelle
aria-decca; un peu plus dure elle s’appelle adecca, 6c
paL&ca, lorfqu’elle eft extremementMure & à écorce
jaune dorée; alors fafubftance eft blanc-grifatre,
prefqu’auffi dure que de la corne, toute criblée^ &
traverfée de veines brunes fort fe ch e s . Ce n eft
qu ’u n mois après la fle u ra ifo n que fes amandes font
pleines d’eau ou tanni-paina ; il leur faut trois mois
pourfe remplir de chair molle & devenirfchq.Umba?
paina , & fix mois pour être dans leur parfaite mar
turité ou dans leur état de féchereffe.
Qualités. Toutes les parties de Yarek ont une faveur
auftere & ftyptique : fes fleurs, lorfqu’elles
s’ouvrent, répandent une odeur foible à la vérité,
mais agréable, 6c plus fenfible le matin ou le foir
que dans la chaleur du jour.
l/fages. La chair du fruit de Yarek fe mange avec
le b e te l lorfqu’elle eft fraîche ; mais fon amaade eft
d’un ufage beaucoup plus général dans tout l ’In-
doftan. Elle fe mange tendre ou feche , mais plus
conamunénent-tendre : on la coupe en trois ou quatre
portions dont chacune fe mange enveloppee dans
une ou deux «feuilles de b e t e l , appellé fin par les
Malays, avec autant de chaux qu’il en faut pour
couvrir l’ongle :• ces trois ingrédiens compofent ce
mets. L’amande tendre de Yarek e au fe une .efpece
d’ivreffe & des vertiges, comme le tabac en opéré
fur ceux qui n’y font pas accoutumés ; 6c c?eft vraisemblablement
pour cette raifon qu’on ne les mange
jamais fans chaux, au lieu que les feches fe mangent
fans elle : c’eft aufii pour cela, 6c parce qu’elles font
moins fibreufes , moins pâteufes, 6c embarraffent
moins les dents, que les vieillards préfèrent les
feches;ils les concaffent groffiérement dans des mortiers
de bois, 6c les mangent comme les tendres avec
la chaux & le betel. Cette amande feule feroit peu
agréable au goût, étant auftere à-peu-près comme
le gland du chêne ; le betel .qu’on y ajoute fait dif-
paroître cette auftérité par fon piquant dont l’âcreté
eft tempérée par le fel alkalin de la chaux. Enfin
de l’union de ces trois chofes il en réfulte un mets
agréable qui teint la falive en un ronge purpurin,
quoique chacune d’elles, prife fépar.ément, ait un
goût défagréable ; 6c fi l’on en omet une des trois ,
il ne réfulte du mélange des deux autres .ni un mets
agréable ni une teinture rouge. Pour tirer de ce mets
fingulier tout l’avantage pplfible , il faut fayoir le
manger; cela fe réduit aux deux méthodes fui vantes.
Dès qu’on a mâché Yarek fuffifamment pour que la
falive , que ce mets procure à la bouche , toit teinte
en un beau rouge purpurin , .on crache auflitôt .cette
teinture.qui contient la plus grande partie.de la chaux ;
puis onmâche le refte, on le remâche en l’exprimant,
en fuçant & avalant à chaque fois fa teinture juf?
qu’à ce qu’il ne refte plus qu’un marc, une pâte
lemblable à .une étoupe ou delà filafle qu’on rejette.
Telle eft la pratique ordinaire. Les gourmets -crachent
deux à trois fois de fuite cette teinture avant
que de l’avaler, afin que ne donnant pas à la chaux
le tems de fe diffoudre elle n? nuife pas aux .dents ,
aux .gencives 6c à l’eftomac.
Cette maftication de Yarek avec le betel eft d’un
ufage journalier dans toute l’Inde ; hommes, femmes,
enfans, les Européens même, s’en occupent du
matin au foir. La faveur de cette pâite .eft d’abord
très- âcre, très - aromatique 6c finit par .être fort
agréable ; ceux qui en font ufage pour la première
fois éprouvent une eipece .d’ivreffe ; mais le .corps
s’y accoutume en peu de tems , au point qu’elle ne
fait plus qu’éçhauffer doucement le fang, fortifier
l’eftomac , 6c procurer une haleine douce, de vives
couleurs au v ilàge, aux levres & aux dents ; ce qui
paffe pour un agrément .dans l’Inde, comme .les dents
blanches en Europe : de-là, l’ufage chez les .grands
& chez tous les gens aifés d’offrir un plat d’arek
à ceux qui les vifitent ; après le falut on commence
par manger avant que d’entamer la c.on.ver fa tion.
On regarde avec mépris tout homme qui néglige
d’offrir ainfi Yarek., ,ou celui qui le refufe., à moins
qu’il n’ait quelque raifon légitime qui l’en difpenfe,
comme une maladie, un jeune ou une Semblable
Cérémonie religieufe. C ’eft donc un point effentiel
pour les voyageurs daçs ces pays, que.de s’accoutumer
àcet ufage, quelque fingulier qu’il paroiffe,
S5ils ne veulent pas .être traités de nouveaux venus.
Le fer vice de Yarek fe fait avec magnificence daqs
l’Inde ; les rois le font fervir ,dans des plats d’or ou
d’un bois prelqu’aufii précieux , les grands dans de
l’argent, 6c le peuple dans le cuivre : de telle matière
que fuient ces plats, ils font jrès-.ornçs ,de
figures.càzeîées habilement, 6c .creufés tout-autour,
yers leurs bords, de nombre de fo.ffettes dont les
unes contiennent .des .d;o,fe,s toutes préparées d’artlç.
• tendre, pendant que les autres font ,garnies,de noix
o,u d’amandes .entières <&«dures,d!<wïf, .de feuille? .d;e
bet.el ; au milieu,du pfaj ejft ime petite boîte d’argent
pleine de chaux réduite en poudre humide , aux
bords de laquelle peqd une petite cuiller en Spatule
grande ca#me l’ongle , & .upe fo,rpe.àpojgué,e
d’argent pour ..cpnçaffer Y.artk ,à l’ufage de ceux qui
préfèrent d.e le maQger dur. é çette boîte de efiaux
les Européens, qui.eturetjennentleurs apparteme.n?
plus proprement que les Indiens3 joignent des talies
OU dès foucoupes d’argent à Tufage-dés voyageurs
ou des nouveaux arrivés, car les Indiens 6c ceux
qui font bien accoutumés à ce mets crachent très-
peu.
La chaux qui fe mange avec Yarek^eû pas indifférente,
il eft effentiel, pour qu’elle ne fort point
âcre , qu’elle foit faite de coquillages d’une fubftance
très-légere ; la plus eftimée fe fait dans les îles orientales
des Moluques, avec une efpece de millepore
très-blanche, très-légere , très - poreufe, à branches
plus menues que celle qu’on appelle abrotanoïde,
qui croît fi abondamment dans la mer de ces îles,
où on l’appelle carang- bonga, qu’on pourroit en
faire de la chaux pour bâtir des citadelles & Une ville
entière. Cette chaux eft la plus douce de toutes,
& la plus propre à être mangée avec Yarek ; elle ne
ronge ni la langue ni les' genciyes,' comme fait la
chaux des madrépores de Java & la chaux de pierre.
Elle eft ordinairement blanche, mais on la teint en
divers endroits , tant en fofé qu’en jaune, avec la
racine de curcuma & d’autres drogues, fans doute
pour en pallier les défauts, ou les mauvaifes qualités :
celle de Siam qui fe porte dans des callebaffes par
toute l’Inde eft rofée oc extrêmement âcre ; au refte,
c^eft l’expérience qui apprend la dofe qu’il faut employer
de ces diverfes chaux, fuivant leur qualité
& leur force, Lorfqu’on a mangé une trop grande
pottion de feuilles du betel, au point que la bouche
en eft comme enflammée outfop poivrée , alors on
y ajoute une plus grande quantité de chaux & à’arek
-qui tempere &c calme aufli-tôt cette chaleur.
h’arek fe prépare encore autrement : les Indiens
de Suratte & du Pégu, & les Portugais augmentent
la force du betel',en l’aromatifant par l’addition de
plufieurs. épices, comme le gérofle, le cardamome
& le cachou, .appellé catsja au Pégu; ils y mêlent
aufii le gatta-gambir, qui font de petites paftilles ou
des trochifques de la grandeur d’un denier, faites
avec le fuc de certaines feuilles & de la farine ,
qui font d’abord ameres, & qui laiffent enfuite à
la bouche une douceur agréable, en-procurant de
la fermeté aux gencives & une belle couleur rouge
aux lèvres ; ou- bien ils y mêlent le cachunde qui eft
une maffe compofée'de cardamome , de mufe ,
d’ambre 6c de divers fucsiqui, à la vérité procurent
u né bonne haleine, mais qui foule vent le coeur à
nombre de perfonnes.
Les habitans de la côte de Coromandel ont une
autre façon de préparer Yarek vieux & trop fec,
qu’ils appellent kofifol, & d’en faire un mets délicat.
Pour cela* ils le coupent en petits morceaux qu’ils
font macérer dans l’eau de rofe dans laquelle a in-
fufé du catsja ou cachou broyé, 6c qu’ils font enfuite
fécher au foleil pour’ s’en fervir au befoin. Ces
fragmens fe confervent long-tems fans fe corrompre,
fe portent au-delà des mers, & ont la propriété de
raffermir les gencives & de procurer une haleine
agréable à la bouche.
L’ufage de Yarek continué toute la journée à la
façon des Indiens , eft pernicieux aux afthmatiques
& aux phthifiques; il mine les dents, les ébranle
& les fait tomber de bonne heure : cet ufage entraîne
encore beaucoup d’inconvéniens 6c d’abus. Des gens
mal intentionnés , mêlent fouvent du poifon qui eft
caché fous leurs ongles & le gliffent fi fubrilement
dans Yarek qu’ils préparent devant vous, qu’il eft
plus prudent de le préparer foi-même. Lorfqu’en
mangeant pour la première fois de Yarek, on reffent
des vertiges & des oppreflions de poitrine, le vrai
remede eft d’avaler un peu de fel ou de jus de limon ;
tout autre acide , comme la mange ou le fruit du
mangier, mangé crud ou mariné au f e l, opéré la
même guérifon. Son amande vieille ou feche eft
aftringente, deflicative 6c rafraîchiffante ,• 6c l’on en
Tome L
fait boiré avec fuccès la poudre, à la dofe d’uné
demi-dragme, pendant plufieurs jours, dans du bon
vin rouge pour la diarrhée & la dyffenterie ; la dé-
coftion de fon brou a la même vertu : la décoâion
de fa racine fert en gargarifme pour les aphtes &
autres ulcérés dd la bouche. Le fuc exprimé de fes
jeunes feuilles fe boit avec l’huile de féfame contre
les vers.
Le bois des vieux troncs de Yarek fe fend en long
en deux pour faire des poutres, & en quatre pour
faire des folives, des chevrons 6c des pieux de pa-
liffade ; mais il dure moins que celui des areks fau-
vages. Les Malays appellentdu nom A’upe 6c oepe les
gaines des feuilles; ils en coufent deux enfemble
pour en faire des facs & des féaux à puifer l’eam
Lorfque ces gaînes font encore vertes, leur épiderme
ou l’écorce qui couvre leur face intérieure
eft blanche ; les Malays l’enlevent pour envelopper,
au lieu de papier, les carottes de tabac. La gaine
ou fpathe des fleurs leur fert comme de boîte pour
envelopper & envoyer au loin des poiffons frais qui
s’y confervent parfaitement.
L’arek eft, avec le cocotier, une des plantes dont
les Indiens fe fervent comme de carafteres, en coupant
fes fruits diverfement pour exprimer diverfes
écritures ou des idées fymboliques à la maniéré des
Chinois & des anciens Egyptiens. Les exemples fui-
vans donneront une idée de leürs expreflions fymboliques.
Une feuille d’arek nouée & entrelacée de maniéré
qu’elle repréfente un arékier entier, envoyée à
quelqu’un, eft une déclaration d’amitié & d’affeôion t
une femblable feuille verte, c’eft-à-dire, bien fraîche ,
écorcée de maniéré qu’elle forme un trépied, s’envoie
à une perfonne pour lui témoigner qu’on déliré
faire une alliance avec elle. L’arek où il manque
quelque chofe$ par exemple, envoyé fans chaux,
par une femme à fon nlari, lui annonce une rupture
& une féparation prochaine. Si Yarek a quelque chofe
de plus que les trois ingrédiens ordinaires, comme
par exemple, un poil, un fétu, &c. 6c qu’il foit
ainfi placé quelque part, il paffe dans le pays pour,
un filtre deftiné-à enchanter celui qui le mangera.
Culture. Uatek fe trouve dans l’Inde., prefquô
par-tout où croît le coco, mais en moindre quantité
6c moins près de la mer : il eft cependant des pays
où il ne fe trouve pas, comme la côte de Coroman-*
del 6c le Bengale ; c’eft pour ces pays qu’on en fait
la/réeolte, 6c comme il devient un objet de commerce
& d’un bon rapport, on le cultive avec foin.
On çhoifi^les fruits abandonnés fur l’arbre 6c les
plus vieu x, on les enterre dans une foffe qu’on
recouvre d’un peu de terre ; & quand ils ont germé
on les repique en cercle autour des maifons ou en
allées qui forment un effet aufii agréable que le
cyprès en Italie ; il croît plus vîte que le coco, 6c
réuflit bien dans toute forte de terrein & beaucoup
mieux fur la côte maritime*
Uarek produit dès la cinquième année jufqu’à la
tréntiemè où il dépérit peu -à-peu en produifant
d’abord par dégrés moins de feuilles chaque année *
& les perdant fuceeflivement ; il vit ainfi cinquante
ans: la récolte de fes fruits fe fait en arrachant ou
en; coupant fes régimes entiers ; ce font les en-
fans qui font chargés de cette opération, parce qu’ils
le montent plus aifément que des hommes faits qui
en font plier le tronc fous leur poids. Lorfqu’on veut
conferver fes amandes tendres pour les manger journellement
dans les voyages fur mer, on en fufpend
les régimes dans le vaiffeâu, ayant auparavant brifé
6c tortillé leur pédicule, afin que le fuc ne retourne
plus des amandes dans le régime, & qu’elles ne
lèchent pas fi tôt. Les Portugais de Suratte & du
Pégu pratiquent une autre méthode ; ils- cueillent
ces fruits encore verds, les détachent de leur régime.