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Jsefte d’un quart, & quelquefois d’ùne moitié du
.prix du bled. C’eft alors le cas oii la parcimonie eft
vraiment rtiineufe. L’on.s’enrichit dans le commerce
en dépenfant à propos pour la sûreté de fes mar-
fchandifes, tandis que l’avarice ou l’économie mal
-entendue > eft une témérité dont on ne tarde pas à
être févérement puni...
Il eft plus sûr de tranfporter les grains en facs qu’en
(greniers ; & comme , malgré ces précautions, il y a
toujours quelques grains mouillés par le fouftrait des
-bateaux & par les côtés où l’on vuide l’eau, dans ce
cas il faut avoir attention de mettre ces grains à part,
<le ne les point mêler avec les.autres, & de les débite
r les premiers.
Nous ne parlerons point de la conduite des grains
.par terres les voituriers qui ne les garantiflènt pas
de la pluie, doivent être refponfables des déchets,
des avaries & des inconvéniens qui peuvent être la
fuite de la négligence qu’ils ont eue de laiffer mouiller
le s grains qui leur font confiés.
Il eft prefqu’im poffible aux perfonnes qui ne con-
noiffent pas l’emploi des grains, de fentir le préjudice
immenfe que la mouillure çaufe aux bleds.
i ° . Un bled mouillé^ quelque bien qu’il foit féché
pour le réparer, ne reprend jamais le poids qu’il avoit
avant la mouillure. z°. La farine provenue du bled
mouillé, ne prendra jamais autant d’eau dans le pé-
triffage, qu’ellè en auroit pris fi le grain n’eût pas été
avarié par l’humidité : d’où fuit iridifpenfablement
une diminution de plus d’un dixième dans le produit
de cette farine en pain, & plus encore fi la mouillure
a été confidérable.
Il réfulte évidemment de ces détails , que les ma-
giftrats à qui la police des grains & de la fubfiftance
du peuple eft confiée, doivent veiller attentivement
à la maniéré dont les bleds font tranfporcés : car s’il
.arrive 100 bateaux chargés de bled pour l’approvi-
ifionnement d’une ville fans être couverts , & après
avoir effuyé, la neige , la pluie, les brouillards, &c.
on doit fonger qu’il feroit inutile de compter fur
plus de 90 bateaux, la mouillure en ayant emporté
au moins la dixième partie pour le produit en pain.
C ’eft ainfi que la négligence , la molleffe ou l’ignorance
des. perfonnes chargées par état de quelque ap-
provifionnement, font enchérir la denrée fans le
.l'avoir, puifqu’elle devient rare à l’emploi, & qu’elle
manque tout-à-coup, quand oncroyoit en être bien
japprovifionné.
C’eft auffi par ces motifs qu’on avoit propofé^
il y a quelques années , de forcer les voituriers par
«au d’avoir des couvertures en fuffifante quantité
pour mettre les grains à l’abri de l’humidité. Il eft
des cas où .les confeils ne fuffifent pas, quand la
fubfiftance du peuple s’y trouve, intéreffée ; il faut
quelquefois contraindre les hommes à faire malgré-
eux ce qui.eft de leur plus grand intérêt & pour leur
.propre bien,quand la force de l’habitude, les préjugés
ou l’avarice qui les retiennent, peuvent nuire effen-
tiellement à la sûreté publique.
L’effet le plus pernicieux de .cette négligence ou
de cette avarice fordide, qui craint de dépenferpour
conferver nos fubfiftances, fe manifefte principalement
dans le défaut de précautions, pour garantir les
bleds des ennemis dangereux qui les attaquent, ou
pour les châffer quand ces ennemis cruels s’èn font
emparés. C ’eft l’objet de l’article fuivant,
§ IX. Des ennemis du bled.
Le bledeû recherché par.uneinfinité de petits animaux
qui en font friands qui occafionnentfa def-
truftion en le dévorant fur terre ou dans lès greniers.
On peut divifer tous ces ennemis du, bled en
.trois çlaffes principales, les oifeaux, toutes les efpe-
ces de rats, ôc les infectes.
Noùs traiterons principalement des infectes,
parce qu’il eft : bien plus difficile de fe garantir du
dommage qu’ils caufent aux bleds.
Les oifeaux qui font le plus de tort aux grains ,
font les moineaux & les pigeons. On potirroit imiter
la prévoyance du roi de Pruffe, qui permet, dit-
on , aux payfans d’acquitter une partie'de leurs impôts
par un certain nombre de moineaux. Quant aux
pigeons, il feroit à defirer qu’on fît une loi qui enjoignît
de fermer les colombiers de yoliere de toute ef-
pece pendant tout le tems des femailles & celui des
moiflons, & qui condamneroit à de fortes amendes
ceux qui contreviendroient à cette ordonnance falu-
taire.. Il eft affligeant pour l’humanité de voir les
feignéurs & les riches propriétaires de fonds, avoir
la permiffion d’envoyer fur le champ du pauvre des
nuées de pigeons , q u i, femblables aux fauterelles
d’Egypte , dévorent la fubftance de l’état, lorfque
le laboureur la feme pour la multiplier, ou qu’il la
moiffonne pour fa fubfiftance & pour celle des peuples;
Toutes les efpeces dé rats font beaucoup de tort
aux grains fur terre & dans les greniers ; les mulots,
les mufaraignes, les loirs & les fouris fouillent la
-terre comme les taupes ; ils mangent les femences
nouvellement enterrées; ils rongent & endommagent
les racines des bleds qui font fortis de terre ;
lorfque les hivers font doux, ces petits animaux font
beaucoup de dégât dans les champs ; mais les grands
froids les font périr, ou les tiennent tellement ea-
gourdîs, qu’ils ne commencent à paroître qu’en mai,
tems auquel ils në caufent plus un fi grand dommage-
On a imaginé un moyen fort fimple de les faire pér
ir, c’eft de profiter d’unfardage des bleds qui feroit
toujours utile,'s’il étoit répété avant & après l’hiver
, . quand les . premières herbes commencent à
pouffer; on fouffle alors dans les petits terriers des
mulots & des fouris, delà vapeur de foufre enflammé
, par le moyen d’un foufflet, au conduit duquel
on adapte Une boëte d'e fér pour y mettre du foufr©
& des charbons allumés.
Les rats font auffi bien du ravage dans les greniers,
mais c’eft ordinairement la fauté des propriétaires.
Il y a bien des maniérés de faire la guerre*
aux rats, par des affommoirs ou avec des appâts.'
La graine de citrouille, cuite dans de l’eau avec de
l’arfenic ? eft une des plus fures; On met auffi de
l’arfénic en poudre fur du fromage ou fur du beurre.
On fait des boulettes de pâte avec de l’ellébore,
de la coloquinte. & de la farine , ou avec de la
limaille de fer & du levain, & on les place en
différens endroits' dès greniers. On.fait encore des
parfums , en mettant fur des réchauds de feu de la
£orne de pied de cheval. Enfin, l’on donne entrée
aux chats dans les lieux où l’on ferre le bled ; mais
un des plus fûrs.moyens , eft de tenir les bleds toujours
nettement & fûrèment dans des greniers dont
le plancher foit en bon.état,*où les. .planches foient
fi bien jointes, & les murs fi‘ exâ&emenr crépis en
plâtre jûfqu’au-deflus ,• qù’il ne refte aucune fente
ni ouverture pour y - nicher les rats. ■ .
Les ennemis les plus redoutables dés bleds, font
-les infeûes; ils font fi petits & fi multipliés | qu’ils
échappent aux môyëns de deftruûion qu’on pour-;
roit employer contr’eux.
On a fouVent obfervé qu’il s’attache des pucerons
aux racines du froment, dont les plantes jau-
niffent peu-à peu & périffent enfin.
Il y a des efpeces de fearabées qui. s’infinuent
d.ans la-principale racine des avoines, & qui en
dévorent toute la fubftance intérieure.
; Les tuyaux du froment font quelquefois dévores
par de petits vers blancs, qui fe logent ordinaire-
iaçAt outre les premiers aoeuds Scies racines.
On trouve quelquefois dans les épis verds des
znfe&es qu’on. nomme ßaphiüns ; les uns font d’un
rouge de carmin très-vif, & les autres font noirSv
M. Tillet en a donné l’hi'ftoire dans les Mémoires
de Ü académie de Bordeaux , imprimés en 17 5 5.
Beaucoup d’autres inleâes, dit M.’ Duhamel,
s’attachent aux grains , lorfqu’ils font encore fur
pied/maisfans caufer un dommage fenfibl.e. M. Tull
avoit dit qu’on s’en apperçoit à des taches noires
qu’on voit fur la paille ., & qui font. peut-être leurs
«xcrémens: quand ils n’endommagent la paille qu’a-
près que le grain eft rempli, ils n’y font aucun
tort ; auffi les fromens hâtifs, & ceux qui étant
fernes les premiers , mûriffent plutôt, font le moins
endommagés par les infe&es. ,
Les meilleurs moyens d’éviter ce peuple innombrable
d’ennemis , eft de rie fumer les terres qu’avec
des fumiers bien confommés , ou avec des engrais
ôui n’engendrent point d’infècbs , comme là chàux
étant mêlée avec la terre, &c. M. Navarre dit qu’en
Périgord, on met deux ou trois charettes de fumier
chaud auprès des pièces enfemencées, & que tous
les infe&es du voifiriage. s’y retirent. Il ëft à p'ré-
fumer que de tems en terris on brûlé ces tas de
fumier, fans quoi cé feroit peut-être ün moyen
de plus de multiplier ce que l’on veut détruire,
( ik f . Be g ü il l e t . )
* § BLEMMYES ow BLEMYES , ( Géogr. ) Les
anciens géographes font mention d'un peuple de ce nom
ï fabuleux fans doute ) qui n avoit point de tête. C ’eft
une fable que ce peuple ri’eût poirit de tête, mais il
a réellement exifté. On ne peut pas en douter. Les
Blémyes furent vaincus par l’empereur Pro'bus ,
comme le rapporte Vopifcus dans la vié de cet empereur.
Trois cens Blémyes furent tués fous l’empe-
feur Valens. Voye{ Tilleiriont, Hiß. des empereurs,
tome V. P'. toG. Bochart tire le nom des Blémyes d’un
mot Hébreu, qui fignifie fans cerveau, d’où eft. n ée,
dit-il, la fable quë ce peuple n’avoit point de tête.
D ’autres ont dit que les Blémyes tenoient leur tête fi
enfoncée entre leurs hautes épaules, qu’on.ne la
Voyoit prefque point. Moréri a donné un affez bon
article des Blémyes. On peut le confiilter. Lettres fur
rEncyclopédie. Voyez auffi l’article fuivant.
BLEMYES, ( Hiß. anc. ) Les Blémyes , peuples
Ethiopiens, ne fë firent corinoître que dans la décadence
de l’empire, romain. Accoutumés à vivre de
brigaridages,. comme les Arabes leurs vôifins , ils
dédaignoient les richefles de l’agriculture. Les ravages
qu’ils exerçoient fur les frontières de l’empire,
engagèrent Probus à leur faire une guerre dont il ne
pou voit retirer ni gloire ni fruit. Son but étoit d’ex-
terminer cette race féroce q ui, combattant fans
ordre fut vaincue auffitôt qu’attaquée. Les captifs
qui fervirént à fon triomphe, étoient fi noirs & fi
difformes , qu’on lés prit pour des monftres ou dès
animaux inconnus. Sur- la fin du troifieme fiecle > ils
s’unirent aux Nabatiens qui, ayant le même penchant
au brigandage , répandirent' la confternation dans
plufieurs provinces de l’empire. Dioclétien crut pouvoir
adoucir leur férocité en leur affignant des terres
à cultiver ; & pour les aftoiblir-, il en t.ranfporta un
grand nombre dans une île du Nil : il leur fit bâtir;
des temples, &.leur preferivit un. culte conforme à
celui des Romains, afin de les familiarifer avec l’idée
de ne. former plus qu’un même peuple avec. eux. Ils
furent infenfibles à ces bienfaits. La religion établie
poüMégler les moeurs, ne les rendit que plus féroces;
j8c e’eft. toujours l’effet qu’elle produit chez les barbares,
qukla font fervir, à juftifier leurs penchans.
Ils,ne purent-.s’afiervir à vivre du produit de leur
travail ; &,impatiens de jouir, ils continuèrent leurs
brigandages. Juftinien qui employa le glaive & la
yiolence pour étendre k chriftjgnifme, leur fit une,
guerre fanglante. Leurs temples furent démolis,
leurs idoles furent tranfportées à Bizarice; mais on
ne put réuffir à leur faire embraffe.r la morale évangélique.
Depuis cette époque, ils ne figurèrent plus
dans l’hiftoire, & on ne s’âpperçoit de leur exiftence
que par des incurfions paffageres. ( T—n )
< BLESSER , v.’ a. ( Gramm'. ) frapper où ferrer
violemment quelque partie d’un corps fenfitif. Les
corps bleffent en faifant des contufions : les inftru-
mens bfeffent en faifant des plaies. (+)
BLESSURE , ( Chirurg. ) affection ou léfion de
quelque partie d’un corps, caufée par un inftrument
externe & fenfible, oû par un effort quelconque!
Les blejfures fe rapportent aux plaies , aux contufions,
aux brûlures, aux tracions, aux luxations,
aux fra&ures, aux ruptures ou dechiremens des tendons
& des fibres mufculaires, &c. ainfi le terme de
blejfure qu’on prend ordinairement pour le' fynony-
me dë plaie , ne f’eft en effet qu’autant que l’efpece
peut l’être avec fon genre. Cependant on comprend
fous ce terme particulier, tous les défordres caufés
à notre machine tant par les inftrumens de guerre
que par quelqu’autre caufe violente.
Les fuites d’une blejfure font plus ou moins darigë-
reufes, félon qu’elle eft plus ou moins confidérable ;
il y a des blejfures qui font accompagnées d’accidens
les plus fenfibles, tels que l’hémorrhagie, l’inflamma-
tion, auxquelles fuccedent affez fouvent la gangrené
& le fphacele, & pour la cure defquelles la chirurgie
n’avoit en général ëmployéqüe ramputation. M. B liguer
, chirurgien des armées du roi de Pruffe , tâche
de prouver dans fa diflertation fur L'inutilité de Ûamputation,
qu’il eft poffible d’éviter cette opération-,
& il appuie fon fyftêrrie fur les moyens curatifs qu’il
a employés & qui lui ont réuffi, fuivant fes obfêr-
vations; nous allons donner en raccourci les moyens
dont il fe fert pour prévenir l ’amputation dans lès
cas d’une blejfure avec fracas dans l’os & plaie con-
lidérable.
Lorfqu’une partie, comme le bras ou la jambe ,
a été tellement fracaflëe par une balle ou boulet,
que l’amputation paroît inévitable, M. Bilguer, fans
s’effrayer, ni fe preffer, examine la partie malade
avec toute l’attention poffible ; il. débride ou fait des
inçifions affez étendues pour fe mettre à portée de
découvrir toute l ’étendue,du mal, & afin de prévenir
les fuites funefteS de l’ëretifmè ou de la tenfion
confidérable à un tendon ou mufele demi-coüpé ou
déchiré, il enleve, autant qu’il le peut, toutes les.
efquilles ou fragmens d’os brifé, dont la réuriioa
avec le corps de l’os ne paroît pas probable, évitant
jfur-tout de ne point ébranler celles qui paroif-
fent pouvoir ericore fe réunir : après quoi il rapproche
les chairs en les comprimant un peu., & il dirige
la fuite du traitement avec toutès les précautions &
la prudence qu’exigent les accidens, tels que la gangrené
, le fphacele & la carie, dont nous avons renvoyé
le détail, quant aux moyens curatifs, aux articles
qui font fous ieurs noms»
. Rien ne répugne fans doute plus à l’humanité que
la néceffité où fe trouvent les chirurgiens de mutiler
leurs femblables; & il eft bien naturel de chercher
h profiter de tous les moyens qui peuvent nous
faire éviter d’en venir à de pareilles extrémités.
Quelque féduifant que foit, à cet égard, le fyftême
de M. Bilguer, il eft des cas, & en bien plus grand,
noiribre qu’on ne le penfe, où l’on eft obligé d’avoir
recours à cette cruelle reffouree : d’ailleurs les grandes
inçifions qu’on eft obligé de multiplier beaucoup;
l’extra&ion de toutes les elquilîes,. la feâion très-
douioureufe des tendons & des parties ligamenteuses,
la longueur & la lenteur des guérifons, en vue
d’exempter de l’amputation un membre qui, malgré
tant d’inçifions, de douleurs pour le malade & de