
 
        
         
		fujet  en  lui-même  a  fon  utilité  morale  l   c’eft  lui  
 rafinement puérile  que  d’y  chercher un fens myfté-  
 rieux.  - 
 Ce  n’eft  pas  que  dans  les  poemes  épiques ,  &   
 particuliérement  dans  ceux  d’Homere  ,  il  n’y   ait  
 bien  des. détails  pii  l'allégorie  eft  fenfible ;  6c  alors  
 la  vérité  voilée  ÿ   perce  de  façon  à  frapper  tous  
 les  yeux.  Telle  eft  l’image  des  prières ,  telle  eft  
 l’ingénieux  épifode  do  la  ceinture  de  Vénus.  Mais  
 regarder l’Iliade comme une  allégorie continue.,.c’eft  
 attribuer  à Homere  des  rêves qu’il  n’a jamais  faits. 
 C’eft particuliérement dans les préfages,  dans les  
 longes, dans le langage prophétique, que les poetes  
 emploient  l'allégorie. Dans  l’Iliade, tandis qu Heétor  
 &   Polidamas  attaquent  le  camp  des  Grecs  ,  un  
 aigle  audacieux vole  à  leur gauche,   tenant dans fes  
 ferres  un  énorme dragon  qui,  palpitant  6c  enfati-  
 glanté,  ofe combattre,  fe replie 6c bleffe  fon vainqueur  
 ;  l’oifeau facré laiffe tomber fa  proie. 
 C ’eft de  cette image qu’Horace femble avoir pris  
 la  comparaifon  de  l’aiglon  avec  le  jeune  Drufus:  
 qualem minijlrum fulminis  alitent,  &c. 
 L’art  de  l'allégorie  confifte  à  peindre  vivement  
 &   corre&ement, d’après l’idée  ou  le  fentiment,  la  
 chofe qu’on personnifie,  comme la renommée, dans  
 l’Enéide de Virgile ; l’envie dans les Métamorphofes  
 d’Ovide  &  dans la Henriade ; les prières 6c l’injure,  
 dans  l’Iliade d’H'omere  ,  &ç. 
 S ’il  nous  eft  permis de  mêler  le  plaifant  au fu-  
 blime  ,.  voici  l’épitaphe  d’un  libraire  de  Bofton,  
 compofée  par  lui-même ,  6c dont l’allégorie eft  remarquable  
 par  fa  jufteffe  6c  par  fa lingularité. 
 .  «  C i gît,  comme  un vieux  livre  à  relieure ufée 
 ’»  &   dépouillée de  titres  &   d’ornemens,:  le  Corps  
 »  de Ben. Franklin,  imprimeur.  11  devient l’aliment  
 »  des  v er s ,  mais  le  livre  ne périra pas :  il paroitrâ  
 »  encore  une  fois  dans .une  nouvelle  6c  très-belle  
 »  édition ,  revu &  corrigé par  l’auteur. » 
 Des modèles parfaits de  l’allégorie en a£tion,  font  
 la  fable  de  l’amour  &   de.  la  folie , dans  la  Fontaine  
 ;  l’épifode de  la  haine  dans l’opéra d’Armide ;  
 la moleffe dans  le  lutrin.  Mais  quelque  belle  que  
 foitTallégorie,  elle  feroit froide  fi  elle étoit longue.  
 Un  poëme  tout  allégorique, ' ne  feroit  pas  foute-  
 nable,  eût-il  d’ailleurs mille beautés.  Voye^  Merveilleux  
 ,   Suppl. 
 Prefque  toute  la  mythologie des G recs,  comme  
 celle  des Egyptiens, eft  allégorique;  &  ces fixions  
 étoiènt peut-être  dans leur nouveauté ,  ce  que  Fef-  
 prit humain a jamais inventé de plus ingénieux. Mais  
 à  préfent qu’elles  font rebattues,  lapoéfie defcrip-  
 tive  a  bien plus  de  mérite &   de gloire  à peindre la  
 nature  toute  nue,  qu’à l’envelopper  de  ces  voiles  
 depuis  long-tems  ufés.  Celui qui diroit aujourd’hui  
 que  le  foleil  va  fe  plonger  dans  l’onde,  &  fe  re-  
 pofer dans le fein de Thétis,  diroit  une chofe  commune; 
   &  celui qui,  avec les couleurs de  la nature,  
 auroit  peint  le  premier le  foleil  couchant,  à de-mi  
 plongé  dans  des  nuages  d’or &   de  pourpre  ,  &   
 laiffant voir encore  au-deffus de  ces vagues enflammées  
 la moitié de  fon globe  éclatant,  celui qui auroit  
 exprimé les  accidens  de  fa lumière fur le  fom-  
 met  des  montagnes,  &   le jeu de  fes rayons à travers  
 le  feuillage  des  forêts  ,  tantôt imitant les. couleurs  
 de  Farc-en-ciel,  tantôt  les  flammes  d’un  incendie, 
   celui-là  feroit  peintre  &   poète. 
 Les  emblèmes  ne  font  que  des  allégories  que  
 peut exprimer le pinceau.  C’eft ainfi qu’on a  représenté  
 le Nil  la tête voilé e,  pour  faire  entendre que  
 la  fource  de  ce  fleuve  étoit  inconnue.  C ’eft  ainfi  
 que, pour défigner la paix,  on  a peint les .colombes  
 de Vénus faifant leur nid dans le cafque de Mars. 
 .  C ’eft  une  idée  allez  heureufe,  pour exprimer la  
 Crainte des maux d’imagination,   que  l'allégorie d’un 
 enfant qui  fouflle  en  l’air  des  boules  dé  fàvo'n,  6t  
 qui  ,  s’effrayant  de  leur  chute  ,  infpire  la  même  
 frayeur,  à  une  foule  d’autres  enfans  fur  qui  ce*  
 boules vont tomber.  Ainfi les peintres , à l’exemple  
 des  poètes  ,   font  quelquefois ufage de  cès  fiâions  
 allégoriques,  mais  rarement  avec  fuecès. 
 Lucien  nous  a  tranfmis  l’idée  d’un  tabléau  allégorique  
 dé  noces  d’Alexandre  6c  de  Roxane  ,   le  
 peintre étoit Aëtiori.  Son tableau , qu’il expofa  dans  
 les  jeux  olympiques,  fit  l’admiration  de  la Grece  
 affemblée ;  6c  Raphaël  l’a  defliné  tel  que  Lucien  
 l’a  décrit. 
 Le  fortnet  de  Crudeli pour  les nôces d’une  dame  
 de  Milan,  feroit le fujet  d’un  joli tableau ;  c’eft  la  
 virginité  qui  parle  à  la  nouvelle  époufe. 
 Del  letto  nu^fial  quejla  é  la fporïda ; 
 Piu  non  lice feguirti;  Io parto :  addio. 
 Ti fu i  compagna de 11'  et à piu  Honda, 
 E   per  te  gloria  crebbeal  regno mio. 
 Spofa  t madré  or far ai, fe  il  ciel féconda  
 La no [Ira fpeme ,  ed  il  comun defiot  
 Già  veqjegiando  ti  carpifce,  e  sfronda  
 Que'  gigli  Amor,  ckedi fua  nia.no  ordiol  
 D ijfe,  e  difparue  in  un  balen.la  dea% 
 E  in  van tre yolte  la  chiamb  la  bella  
 Vergine ,  che  di  lei pur anche  ardea. 
 Scefe fra  tanto  sfolgqrando  inyifo  
 Fécondité. ,  la  man  le  prefe,  e  ditlla  
 Alcaro fpofo,   e  il duol  cangiojji  in  ri fol 
 Les  philofophes  eux-mêmes  emploient  fouvént  
 ■  lé ftyle allégorique. Platon, que  la nature avoit fait  
 poète  ,  exprime  affez  fouvent  ainfi  les  idées  les  
 plus fublimes.  C ’eft  lui  qui  a  dit que  la divinité  ejl  
 fîtuée  loin de  douleur &  di. volupté.  On doit à Xéno-  
 phon  la  belle  allégorie  du  jeune Hercule  ,  entre  la  
 vertu &  la  volupté. Mais  ,  qui avoit imaginé celle  
 des furies nées du fang d’un pere répandu par fon fils ,  
 du fang  de  Célus  mutilé  par  Saturne ?  Cette façon  
 de  s’énoncer  fait  le  charme  du  ftyle de  Montagne.  
 Dans fes  écrits  l’idée abftraite ne  fe préfente jamais  
 nue.  Il voit tout ce qu’il penfe ; il peint  tout ce qu’il  
 dit. 
 Plus  un  peuple a l’imagination v ive ,  plus  ¥ allégorie  
 lui  eft  familière  ;  c’eft  à  cette  faculté  de  
 faifir les rapports d’une idée abftraite avec un  objet  
 fenfible,  &   de  concevoir  l’une  fous' la  forme de  
 l’autre,  que  l’on  doit toute la beauté  de la mythologie  
 des Grecs;  &   à mefure que  ce  peuple ingénieux  
 devient  plus  philofophe  ,  fes  allégories pré-  
 fentent  un  fens  plus  jufte  &   plus  profond.  Quoi  
 de  plus  beau,  par  exemple,'  que  d’avoir  fait  de  
 Ç é r è s  l’inventrice des loix ?  Q u o i  de plus fage dans  
 les moeurs  des Spartiatès,  que  de  facrifier à Vénus  
 armée 11 
 Quoique 1sallégorie femble être une façon de s’exprimer  
 artificielle  6c  recherchée  ,  Cependant elle  
 eft  ufitée  même  chez  les  fauvages.  Quand  ceux  
 de  l’Orénoque veulent témoigner à un étranger que  
 fon  arrivée  leur  eft  agréable,  le  chef lui  dit  dans  
 ;  fa harangue, qu’il a vu paffer la veille fur fa cabane,  
 un  oifeau  remarquable  par  la beauté  de  fes  couleurs  
 ;  ou  qu’il  a  fongé  la nuit  que  les  fruits  de  la  
 terre  périffoient .par  la  féchereffe,  6c qu’il  eft fur-  
 venu  une  pluie  abondante  qui  les  a  ranimés. 
 Rien  de  plus  naturel,  en  effet,  chez  tous  les  
 peuples &  dans toutes les langues,  que d’emprunter  
 ainfi  les  couleurs  des  chofes  fenfibles  ,  pour  exprimer  
 par  analogie,  desideesqui,  fans .cela,  f e r 
 a ie n t   vagues, fa ib le s - ,  confufes.  Ce qui ne fe  peint  
 point  à  l’imagination  échappe  aifément  à  l’efprit.  
 Voye^ Image , Suppl.  (M. Ma rm o n t e l ,) 
 Allégorie,  ( Peinture. )   Les  arts  du deflin nç 
 -peuvent , par teuf nature,  repréfenter  èii  fait  ^objets  
 que  des  individus,  en fait  d’événemens, que  
 ce  qui  p.eut  arriver  à-la-fois  dans  un  feul  inftant.  
 Mais  à  l’aide de  l’allégorie, ce qui étoit impoflïble, ne  
 l’eft plus.  Des notions générales  font  exprimées par  
 un  objet  individuel,  &   une  fuite  d’événemens  fe  
 préfente  à-la-fois.  L'allégorie  eft  donc  de  la plus  
 grande importance  dans la peinture;  6c  ce n’eft que  
 parfonfecoursque cet art peut atteindre au plus haut  
 degré d’énergie.  Il  y  a  cependant des  amateurs  qui  
 montrent  une  averfion  décidée  pour  les  tableaux  
 allégoriques, &  il faut avouer que la plupart de  ces  
 tableaux ne  juftifient  que  trop  bien  ce  clegOût  des  
 .amateurs. ' Tantôt  ces tableaux font un compofé  de  
 figures ^arbitraires,  plus hiéroglyphiques  qu’allego-  
 ques:, fans efprit &   fans force ; tantôt ils font fi énigmatiques  
 ,  qu’on  fe  fatigue  inutilement  pour ende-  
 ,yiner le fens. Majs. tout cela rie prouve  autre  chofe ,  
 fi  çe  n’eft  que  de mauvaifes allégories font  détefta-  
 ble"s. Si le peintre étoit éclairé  &   dirigé par des con-  
 noiffeurs de la pâture &  des antiquités,  il feroit  aifé  
 de  porter  ce  genre  à  un plus  haut  dégré de perfe-  
 étion.  La matière  eft affez iptéreffante  pour mériter  
 les  recherches  les  plus exactes. 
 L'allégorie confifte ici dans la  repréfentation d’une  
 idée  generale;,  au  moyen d’un,  fait  particulier.  Un  
 tableau  qui  repréfente  un a£te  de juftice  ou de bien-  
 faifance,  n’eft que  le tableau hifto.rique  d’un  cas  individuel; 
   c’eft le  langage  propre  &  naturel des arts  
 du deflin :  mais repréfenter  en  général  la  juftice  ou  
 la  bienfaifauce  par  leurs  attributs  naturels  ,  c’eft  
 compofer une allégorie.  Elle ne fe  borne pas Amplement  
 aux notions,  elle s’étend encore  à des penfées  
 entières ,  qui  réunifient  diverfes  notions  à un  feul  
 tout;  elle  exprime des vérités générales,  &  devient  
 iiq  langage  réel.  La  différence  effentielle  entre  la  
 langue  peinte  &   la  langue,  parlée,  confifte dans  les  
 îignès ;  ils  font  arbitraires dans  celle-ci  &   naturels  
 dans  l’autre.  Nos  langues  ne  font  intelligibles  qu’à  
 ceux  qui  fe  font  fait  enfeigner  la  fignification  des  
 termes ;  mais  l'allégorie  doit fe  faire  entendre  fans  
 autre mftru&io.n :  c’eft une  langue  univerfelle ,  à  la  
 portée de  tout homme qui  réfléchit. 
 .  Il  ne  faut  pas  confondre  le  langage  allégorique,  
 avec  cette  efpece  d’hiéroglyphes  dont  les  figures  
 font des  lignes  de  fimple  convention ,  &   qui,  à  cet  
 égard,  reflèmble au langage  commun.  Cette  diftin-  
 éfion  eft d’autant  plus  néceffaire ,  que  des  connoif-  
 feurs même  s’y  trompent fouvent.  Richardfpn,  par  
 exemple, dans fa Description des tableaux (Tome H I ,  
 P.art. I, page io  ) ,  nomme une belle allégorie,  certain  
 tableau  d’Auguftin  Carraçhe,  qui  n’eft  rien  moins  
 qu’une  allégorie ;  c’eft  un  hiéroglyphe,  un  rébus  
 un fimple  jeu de mots.  Le tableau repréfente le  dieu  
 Pan vaincu  par l’Amour;  pour  exprimer cette pro-  
 pofition générale ;  l'Amour  triomphe de tout.  Toute,  
 l’invention  de  Carràche  roule  fur  l’équivoque  du  
 mot Pan,  qui en grec fignifie tout. De tels hiéroglyphes  
 n’appartiennent pas  à  l’allégorie. 
 Cependant  ,  pour  nous  rapprocher,  de  l’ufage  
 reçu,  &  peut-être  aufli pour  céder  un peu à la  né-  
 ceflité  ,  nous  ne  prendrons  pas  les  termes à  la  rigueur. 
   Plufieurs images hiéroglyphiques font depuis  
 fi  long-tems  rangées  dans  la  clafie  des  allégories,  
 qu’on  les  croit  réellement  allégoriques.  La  figure  
 d’une femme  armée  qui tient une  lance  &   un  bouclier  
 , &  qui a  un  hibou  fur fon Cafque ,  n’eft  point  
 le  figne  naturel  de  la  fageffe ;  ce  n’eft donc  point  
 une  véritable  allégorie :  elle  eft néanmoins  adoptée  
 comme  telle depuis un teins immémorial.  Plufièurs  
 fignes purement hiéroglyphiques, que  nous tenons  
 de  l’antiquité, pafferont  toujours  pour  de  véritables  
 images  allégoriques,  parce  que ,  accoutumés  
 à  les  voir dès l’enfançe,  nous  les prenons  en  effet 
 pôiiir  des  lignes  naturels  de  ce  qu’ils  expriment* 
 Avant d’aller plus loin,  il  faut rem.arquer ici unç  
 différence entre  les arts de la  parole &  ceux  du def-  
 fin,  par  rapport  au  but  dans  lequel  ils  ertiploient  
 y allégorie ;  d’où il  réfultera.  que  la  peinture peut fe  
 permettre quelques  libertés qu’on n’accorderoit pas  
 à la poéfie  ou  à  l’elôquence.  Rien  n’empêche,  que  
 dans le difcours on ne fe ferve du terme propre ; il: ne  
 faut  donc s’en écarter, que lorfqu’il y  a  un avantagé  
 marqué  à  y  fubftituer  une  expreffion  figurée.:  c ’eft  
 même  un défaut dans le difcours  de  recourir au  langage  
 allégorique,  dès  qu’il  né  renchérit,  pbint  fur  
 l’effet du langage ordinaire.  Il ri’én  eft pas ainfi  dans  
 la peinture.  Les arts dii deftin n’ont point de langage  
 aie été aux notions générales :  il  doit donc  leur être  
 permis de/e fervir de \'allégorie,  lors, même qu’elle  
 n’ajpute  rien à la force de  l’ëxpreflion,  &  quelle né  
 dit que ce que  le  langage  ordinaire  pourroit  également  
 dire.  Quand,   par  exemple,  on  voit  fur  une  
 ancienne médaille, l’empire Romain repréfentéfous  
 la figure  d’une  perfonne  tombée  par  terre  ,  que  
 Vefpafien  releve,  il  eft  clair  que  cette  allégorie ne  
 dit  préeifément,  &   n’exprime  qu’avec  le  même  
 degré de force Ce que le langage ordinaire eût fendu  
 tout Amplement: Kefpajien a rétabli l'empire, qui étoit  
 tonibé  en décadence fous fes prédécejfeurs.  Mais il. faut  
 ici tenir  compte au  deflinateur d’un  mérite  qui n’erl  
 feroit pas un pour  l’orateur.  Ainfi,  Çe  qui  dafts  le  
 difcours  nq  feroit encore  que le  langage  ordinaire*  
 eft  déjà une allégorie permife  dans  la peinture.  Il  eft  
 vrai  néanmoins que ,  même  dans les arts  du deflàg *  
 pour  qu’une  allégorie,  mérite  une  attention  diftin-  
 guée,  ce  n’eft pas affez qu’elle exprime  intelligiblement  
 une notion  générale ,  elle  doit  encore la rendre  
 avec beauté  6c  avec  énergie. 
 Examinons préfentement les  divers genres à'allé1'  
 gories.i On peut, d’après leur lignification, les réduire  
 a  deux  efpeees;  l’une,  que nous nommerons images  
 allégoriques, n’exprime  qu’un  objet  indivifible,  une  
 notion, une propriété , uri être incorporel ;  l’autre *  
 qu’on  peut  nommer repréfentation  allégorique,  réunit  
 plufieurs  de  ces  objets,  pour  exprimer  une  
 aéfion, un événement,  ou une  combinaifon d’idées.  
 D’après la maniéré de s’énoncer, l'allégorie eft encore  
 de  deux  efpeees  ;  l’une  emprunte  immédiatement  
 fes  images  de  la  nature,  comme,  lorfqu^on dé figne  
 l’amour  du  travail par la  figure  d’une  abeille ;  c’eft  
 l’emblème :  l’autre  invente fes images en tout ou  en  
 partie,  &   cette  derniere  efpece  eft l'allégorie  proprement. 
  ainfi nommée. 
 Confidérons  d’abord  les  images  allégoriques,  
 fdit qu’on s’y  ferve d’emblèmes ou d5allégories.  L’ef-  
 pece la  plus commune eft  celle qui  ne produit d’au-:  
 tre effet, que  celui  de  rendre  la  penfée  intelligible*  
 Elle ne  fait que ce que feroit un termè  emprunté du  
 latin, lorfque ce terme  manque  dans  notre  langue.  
 La figure  d’une femme  qui  porte une  couronne fermée  
 fur  fa tête ,  6c un manteau parfemé de  lys fur  
 fes épaules,  ne dit, par  exemple,  rien  de  plus  que  
 ce  que  renferme  le mot  France.  Quelquefois  cette  
 allégorie défigne immédiatement le nom de  la chofe,  
 comme  la  grenouille  6c le  lézard  fculptés fur  deux  
 volûtes  antiques  ,  q u i,  fuivant  M.  ’Winckeknan,  
 défignent  les deux  architectes  Batrachus  &   Saurus* 
 D ’autres fois l'allégorie indique la  chofe  par  quelqu’une  
 de  fes propriétés  :  c’eft  ainfi que  la ville  de.  
 Damas  eft repréfentée  fous la  figure  d’une  femme  
 qui  tient  des  prunes  dans  fa  main.  Il  y   a une  infinité  
 $  allégories dans  ce  août:  ce  ne  font  au  fond  
 que des hiéroglyphes'; mais le befoinles a introduites,  
 6c  Fon ne fauroit  s’en paffer...  ^ 
 Les  images  allégoriques,  qui  ne  fe  bornent pas  
 à  indiquer fimplement  l’o b je t ,  mais qui  le çâracté-  
 rifent  en quelque façon,  font  d’un  plus grand prix*