
 
        
         
		Il paroît que le plus grand  nombre  des efpeces de  
 bananier,   exiftoit dès lors  aux Indes,   d’oii  ils le l'ont  
 répandus  en  Ethiopie  ,  en  Perfe,  en  Arabie ,  en  
 Egypte  , en Syrie, où  Beloh, &  d’autres voyageurs  
 les ont vu cultiver dans les jardins comme une plante  
 rare. Van-Rheede  en cite,  en  1678 , quinze efpeces  
 qu’il  a  vues  au  Malabar.  Rumphe  ,  cet  oblerva-  
 teur  infatigable,  qui a  plus  raflemblé  de  connoif-  
 fances  qu’aucun autre  voyageur  fur ces  plantes  utiles, 
  en  a  diftingué  vingt  trois efpeces,  &   il prétend  
 qu’il y   a à  Batavia  des  connoifleurs 8c  des  cultivateurs  
 qui  en  poffedentjufqu’à quatre-vingts  efpeces  
 ou  variétés  dans  leurs  jardins.  Nous  en  avons  vu  
 plufieurs  efpeces pendant  nos  voyages  fur  les  divers  
 endroits  de  la  côte  du  Sénégal, 8c  fur-tout à  
 Gambie,  où  elles  forment  des  forêts  ,  ainli  qu’au  
 Biffao ,  &   nous  croyons  qu’on  peut  réduire  tant  
 de  variétés  à  vingt-neuf  efpeces  bien  diftinftcs  ,  
 dont  nous  allons  faire  la  defcription,  en  fuivant  
 l’ordre  de  la grandeur  de  leurs  fruits ,  comme font  
 les  cultivateurs  de  cette  plante,  qui trouvent dans  
 cette  méthode  beaucoup  plus  de  facilité  que  dans  
 toutes les autres qui leur ont toujours procuré beaucoup  
 moins  de certitude. 
 Première  efpece.  T ando. 
 L’efpece  de bananier  qui  porte  le  plus  gros fruit  
 s’appelle  tando  ou  pijfang  tando  chez  les  Malays,  
 &   cojo .cojp.  rnalauw  ,  c’eft-à-dire  ,  bananier fans  
 coeur  chez  les  Malays ;  Rumphe  en donne  la  defcription  
 fans figure fous le  nom de mufa corniculata,  
 à  la page  ig o ,  du volume  V ,  de fon Herbarium  j4ïïi-  
 boinicum. A Banda on l’appellepiffang-key 8cfwackan.  
 C ’eft  la  banane-cochon  de  l'Amérique. Plumier lap-  
 pelloit  mufa  fmclu  cucumerino  longiori. 
 Ç’eft  une  plante  bifannuelle  par  fes  tig es ,  8c  
 vivace  par  fes  racines  ou  plutôt  par  fes  cayeux  
 qui  fortent  dès  la  fin  de  la première année  autour  
 de  la  tige  principale. 
 D ’une  racine  turbinée  ou  en p iv o t ,  longue  de  
 deux  pieds  au  plus ,  d’un  pied  à  un pied  un quart  
 de  diamètre,  brun-noire  extérieurement,  blanche  
 au  dedans  ,  entourée  à  fon  collet  feulement,  dé  
 deux  plans  de  racines  ligneufes  en  filets  cylindriques  
 longs  d’un demi-pied  ,  s’élève  une  tige  fimple  
 conique , de  quatorze  à  quinze  pieds  de  hauteur  ,  
 fur  un  pied  de  diamètre  à  fon  origine,  charnue,  
 verte ,  luifante  ,  formée  entièrement  &   uniquement  
 des  gaines  des  feuilles  qui  s’enveloppent  les  
 unes  les  autres  en  cornet  ,  mais  toujours  de  maniéré  
 qu’elles  font fendues  d’un  côté fur  toute leur  
 longueur.  Cette  tige  apparente  n’eft  donc  qu’une  
 efpece  de  bourgeon  femblable  en tout  à  celui que  
 l’on  nomme  oignon  dans  la  plupart  des  plantes  
 liliacées.  Chaque  pellicule ,  chacune  de  huit à  dix  
 gaines  des  feuilles  qui  la  compofent  a  environ un  
 pouce  d’épaiffeur  :  elle eft  charnue,  partagée  intérieurement  
 par  nombre  de  fibres  longitudinales  ,  
 &  d’autres  tranfverfales,  à-peu-près  parallèles  en  
 nombre  de  cellules , &  recouvertes d’une  peau fine,  
 qui eft  verte  fur leur face extérieure,  &  blanchâtre  
 fur le  côté  intérieur. 
 Le  fommet  de  cette  tige  eft  couronné  par  huit  
 à  dix  feuilles  elliptiques, obtufes  aux  deux  bouts  ,  
 longues  de dix à  douze  pieds ,  trois  fois  &   demie  
 à  quatre  fois  moins  larges  ,  verd - pâles  defliis  
 jaunâtres  en-deffous,  minces  ,  feches  ,  fonnantes  
 comme un  papier,  liftes ,  entières ,  ternes, comme  
 veloutées, arquées ,  ouvertes,  8c  écartées  fous un  
 angle de quarante-cinq  dégrés  ,  relevées  en-deffous  
 d’une côte  cylindrique  très-épaiffe  ,  creufe  en def-  
 fus,  marquée  des- deux  côtés de  trois  cens  nervures  
 parallèles  ,  faillantes  en-deffus,  concaves  en-  
 deffous, Scportées fur un pédicule demi-cylindrique, 
 quatre fois plus court qu’elles,  convexe en-deffous;  
 creufé  en  deffus  en  un  canal  marqué-  de  quinze  
 ftries  tranfverfales.  Ces  feuilles  fortent  toutes  fuc-  
 ceflivement  du  centre  du  bourgeon,  8c  font roulées  
 en  cornet  d’un  feul  côté  avant  leur  développement  
 en  pointant  droit  vers  le  ciel  comme  une  
 corne  longue  de  fix  à  fept  pieds.  Elles  font  alors  
 liffes ,  d’un verd clair  8c  luifantes ;  niais  peu  après  
 leur  développement  elles  fe  couvrent  en  deffous  
 d’une  poudre  blanchâtre  , ou  d’une  fleur d’un verd-  
 glauque,  due  fans  doute  à  l’exficcation  des  fucs  
 qui  en fortent  par  la  tranfpiration.  C ’eft  par leurs  
 nervures  tranfverfales  que  ces  feuilles  fe fendent. 
 Du fommet de  la  fauffe  tige ou du bourgeon fort  
 la vraie tige  ,  la  tige  à  fleur  qui  prend"  fon  origine  
 de la racine même,  en  enfilant4’amas des  gaines de  
 feuilles  qui  forment  le  bourçeon.  La  tige  à  fleur  
 forme  une  panicule  en  épi  terminal  pendant  de  
 quatre  pieds  de  longueur  ,  c’ eft-à-dire  ,  jufqu’au  
 tiers  de  la  longueur  des  feuilles,  de  trois  pouces  
 de  diamètre,  compofé  de  deux  à  trois  étages  ou  
 paquets,  chacun de quatre à cinq fleurs feflîles. Chaque  
 paquet  eft  enveloppé  8c  accompagné  d’une  
 écaille  triangulaire, concave,  brune,  qui  tombe de  
 bonne  heure  &   prefque  dès  fon  épanouiffemenr.  
 Comme  ces  deux  ou  trois  paquets  font  fertiles  8c  
 qu’il  n’en  refte  point  au  bout  de  la  panicule  qui  
 forme  le  coeur,  c’eft  pour  cela  que les habitans de  
 Ternate  l’appellent  cojo  coffi malauw  qui,  en  langage  
 Malays,  fignifie bananier fans  coeur. 
 Chaque  fleur  eft  hermaphrodite  ,  &  confifte  en  
 un  ovaire  prifmatique  triangulaire un  peu  courbe,  
 trois  fois  plus  long  que  large  ,   blanc-verdâtre  ,  
 couronné  par  un calice  auffi  long  que lui, compofé.  
 de  deux feuilles élevées, droites^blanc-verdâtres,  
 liffes, roides,dont l’intérieure  eft demi-cylindrique,  
 obtufe,  concave , une  fois  plus  longue  que  large  ,  
 pendant  que  l’extérieure  , qui  eft prefque  une  fois  
 plus  longue  ,  reffemble  à  une  languette  divifée  à  
 fon extrémité  en cinq crenelures  :  il contient une liqueur  
 mielleufe  ,  épaiffe  comme  du  blanc  d’oeuf.  
 Six étamines  fortent  du  fommet  de  l’ovaire :  trois  
 font ftériles fans anthères , une  fois  plus courtes que  
 la  corolle,  pendant  que les^trors,fertiles font égales  
 à  fa  longueur;  -leurs  filets font  cylindriques,  comprimés  
 ,  obtus  à leur extrémité , dix fois plus  longs  
 que  larges ,  8c  font  corps-- avec l’anthere qy’ils enfilent  
 ;  l’anthere  reffemble à deux lignes  ou  deux loges  
 cylindriques,  jaunes, marquées  d’un fillon  longitudinal  
 , par  lequel elle  s’ouvre  fur  toute  fa  longueur, 
   8c  répand une  poufliere  compofée  de  globules  
 épais,  blancs, liffes 8c  luifans.  Au centre des  
 étamines s’élève  le  ftyle  de  l’ovaire  qui  eft  blanc,  
 aufli long qu’elles  , cylindrique  à  trois  angles  , marqué  
 de  trois filions  oppofés  aux trois angles  de l ’ovaire  
 ,  &   terminé  par un ftigmate ovoïde, oblong,  
 à trois angles, tout couvert de petits filets coniques,  
 oblongs ,  liffes  8c  luifans. 
 L’ovaire en mîiriffant, devient un fruit de la fdrme  
 8c grandeur d’une corne de  vache,ou d’un concombre, 
   c’eft-à-dire  ,  courbé  en  demi-cercle,  long  de  
 quinze  pouces,  du diamètre  de  trois à quatre pouces, 
   blanc-jaunâtre  ,  marqué de  trois angles obtus,  
 &  quelquefois de cinq dans toute fa longueur, à chair  
 blanche,  ferme, marquée  intérieurement  de  trois  
 divifions peu fenfibles , qui indiquent autant de loges  
 contenant  chacune  trois  cens  graines  fphéroïdes  
 petites, liffes, luifantes, brurfes, diftribuées fur deux  
 rangs,  attachées  horizontalement  fans  aucun  filet  
 au  placenta  ,  qui  traverfe  le  fruit  comme  un  axe  
 dans  toute fa longueur.  Quoique  ce fruit ne s’ouvre  
 pas par fon intérieur, par fa  partie charnue, cependant  
 lorfqu’il eft bien mûr, fon écorce s’ouvre, pour  
 l’ordinaire, par les angles en trois valves ou lanières, 
 femblables  il  un  cuir  .verdâtre,  de  deux  lignes  
 d’épaiffeur. Lé placenta quiportè les femences s’uhit  
 aux  trois  eloifons  charnues,  qui  vont  fe  rendre  à  
 chaque  angle du  fruit,  &   s’unir aux bords de chaque  
 valve.  Le  poiht  germinant  &   faillant  de  chaque  
 graine  eft  placé  à  un  de  fes  côtés. 
 Variétés. Quelquefois on voit deux  ovaires réunis  
 par  une  monftruofité  qui  les rend  gémeaux. Quelquefois  
 aiffli le fruit,  au lieu  d’être partagé  en  trois  
 loges eft divifé en quatre, par lin excès monftrueux ;  
 ce  n’eft  que  dans  ce  cas  qu’on y  voit cette efpece  
 de  croix,  que  les  premiers  voyageurs  Portugais  
 affurent un  peu  trop généralement  s’obferver  eonf-  
 îamment  dans  ce  fruit.  Dans  l’Inde  âquèufe  on  
 diftingué  le  tando  en  mâle 8c  en femelle  ;  le  mâle  
 a  le  fruit  plus  long ,  plus  dur,  plus  verd ;  la  femelle  
 l’a plus jaune ,  plus tendre. 
 Culture. Le tando croît en abondance  dans  les ifles  
 de  K e y ,  d’où  on  le  porte  tous  les  ans  en  vente  
 à   Banda,  où  on  l’appelle,  comme il a  été dit > piffang 
 key  &  piffang-fwackàn.  Dès  qu’une  tige  ou  
 bourgeon  à  produit fes  fleurs 8c fruits, elle meurt,  
 mais elle  reproduit  à  fes  côtés, môme  dès  la  première  
 année, quatre à cinq tiges  ou bourgeons fèm-  
 blables,de maniéré que lôrfque la première eft morte,  
 les  féconds  bourgeons de  la  première  année  pro-  
 duifent  de  même  l’année fui vante,  où ils ont deux  
 ans,  &   les autres  ainfi  de fuite. Lorfqu’on veut les  
 multiplier,  on  s’y   prend  ainfi  :  on  détache  de  là  
 louche  les  jeunes  bourgeons  qui  s’élèvent  d’abord  
 comme  un  cône  de  deux  à  trois  pieds  de  haut,  
 &   on  les  tranfplante  dans des foffes que l’on fonce  
 avec  un  peu de  cendres  ou  avec des  plantes qu’on  
 y  brûle.  Quelques-uns metttent dans  ces  foffes un  
 peu  de  chaux,  prétendant que' le bananier produit  
 plutôt  fes  fleurs '&  fes  fruits.  On les plante le foir  
 quand  la mer  eft  pleine.  Les  habitans  de  Baleya  
 enterrent  fes  bourgeons  obliquement, couchés  fur  
 Je côté, difant qu’il croît fur ce côté un fécond bourgeon  
 qui  s’élève  en  arbre. 
 Le terrein lè plus convenable  au bananier eft une  
 terré  graffe ,  en plaine, limonneufe, un peufaline ,  
 telle  que  celle des  rives  du  fleuve  de Gambie  ou  
 des  ifles du  Biffao, telle enfin que  celle où la canne  
 de  fucré réùflït  le mieux.  Il  fe  plaît aufli dans  tous  
 les terreins chauds, même  fablonneux &  pierreux,  
 pourvu  qu’ils  foiênt humides,  tels que font les jardins  
 du  Sénégal  depuis le  fleuve Niger jufqu’à Pifle  
 de  Corée,  8c  ceux  d’Amboine.  Lorfqu’on  veut  lè  
 planter  autour  des  maifons ,  il  faut  lui deftiner par  
 préférence les lieux  où l’on  jette toutes les immondices., 
   parce  que  la  graiffe,  les  fels  8c  Phumidite  
 qui  fortent  de  ces matières  ,  font  un  équivalent  à  
 une terre limonneufe  &  faline. 
 Le  tando,  ainfi que toutes  les  autres  efpeces  de  
 bananier à  gros  fruit  ,  fleuriffent  8c' fruâifient,  au  
 plus  tard,  au  bout de  deux  ans,  c’eft-à-dire,  dans  
 le  courant  de  la  fécondé  année,  les  uns  plutôt  ,  
 les  autres plus  tard,  à proportion  de  la  chaleur du  
 terrein,  8c  de  la  force  qu’avoit le  bourgeon  lorfqu’on  
 l’a  planté. Néanmoins Rumphe  dit  qu’à Am-  
 boine,  dans  les  cantons  montueux, voifins  des  fo-  
 xêts  occidentales  8c  expofés  à  des  pluies  froides,  
 il y   en  a  qui  font  trois  ans  à  fruâifier. 
 Si  par  hafard  la  panicule des fleurs a été  rompue  
 dès fon origine , le bourgeon en repouffe à  fes  côtés  
 ime  fécondé  qui s’échappe  à  travers  les gaînes  des  
 feuilles qu’elle  fend. Si  c’eft la  tête du  bourgeon ou  
 de  la tige  qui  eft  amputée fans  que  la panicule  des  
 fleurs foit  endommagée,  alors  elle continue à pouffer  
 ,  mais  fes  fruits  ne  prennent ni toute leur grof-  
 feur,  ni  une  maturité  parfaite. 
 Récolte.  Si  on  Iaiffoit  fur le  régime  les fruits juf-  
 qu’à  ce que  les  derniers  fuflent  mûrs,  on  rifqüe-  I  
 Torne  I, 
 roit dé perdre  les premiers  qui feroîent pourris  ou  
 enlevés  par  les  chauye-fouris  ou  autres  animaux  ,  
 le régime étant quelquefois un ou deux mois à mûrir  
 en  entier. Pour éviter  cet  inconvénient, on  enleve  
 chaque  paquet  de  fruits  à mefure qu’ils mûriffent,  
 ou  bien  dès  qu’on voit les premiers  paquets jaunir;  
 on  coupe  le  régime  entier  pour  le  fu{pendre  à  la  
 maifon, âpres avoir couvert de chaux le bout coupé;  
 alors  on  mange  journellement  les  fruits  à  mefure  
 qu’ils  jauniffent  8c mûriffent.  Il  y   en  a  qui  ,  pour  
 avancer  leur  maturité  ,  les* enveloppent  dans  des  
 feuillés  de  la  plante  même  ,  les  mettent  dans  un  
 trou  fait  au  coin  de  leur  café  ,  &   quelques  jours  
 après  les  retirent mûrs &  plus jaunes que des  coins.  
 Ceux qui voyagent fur mer, plongent ce régime dans  
 1 eau de la mer, &  lè fufpendent ainfi à leur vaiffeau. 
 Lorfque  quelque  tige  de  bananier a produit ainfi  
 fes fruits,  il  faut  la  couper,  afin  que  fes  remettons  
 ou  cayéux  collatéraux aient  plus  d’air ;  on  en  enleve  
 même  quelques-uns  lorsqu’ils font  trop nom-  
 breiix,  pour  laiffer  fortifier  les autres. Un coup dé  
 hache  ou  de  fabre  fuffit  pour couper  les  tiges  les  
 plus  groffes. 
 Qualités. En quelqu’endroit qu’on coupe lé tando,  
 il  rend une  liqueur Un  peu laiteufe ou  blanc-verdâ-  
 tre »  très-abondante  ,   d’une  faveur  d’abord  douce  
 &  aquenfe, mais enfuite  très-auftere &  aftringente, 
 I  qui,  peu  après,  prend  une  couleur  rougeâtre  ou  
 purpurine.  Cette  liqueuf  tache  le  linge  &   les  habits  
 fur  lefquels  elle  tombe,  &  rie s’efface  jamais. 
 !  O ”  fe  mêle  donc  au  jus  des  feuilles  du  Iablab  où  
 pois de fept ans, qui donne une belle couleur verte,  
 pour  la  fixer &   l’empêcher  de  pâlir. 
 Üfàgesi  Malgré  fâ  faveur aftringente,  le  fruit du  
 tando  eft d un  grand  ufage  chez le  peuple Malays,  
 qui  en fait  fa principale  nourriture. Pour  le rendre  
 mangeable  il  faut le faire  cuire dans  l’eau, ou rôtir  
 jufqu’à ce  qu’il devienne  affez mou.  Oh  en  recommande  
 I’ufage à  ceux qui ont le ventre libre. 
 On a remarque qué les  feuilles du bananier jettées  
 au  milieu des  flammes ,  dans  un  incendie, les étei-  
 gnoient  ou  eh diminuoient  la force,  autant  par l’air  
 humide  qui eh fort", que  par la quantité d’eau qu’elles  
 rendent. Lorfque les boutons de là petite, vérole  
 font  mûrs  &  commentent  à  fe détacher,  on  enveloppe  
 le malade dans lés féuilles du tando pour procurer  
 du  fioulagement. 
 Ses  feuilles  fervent  aux  habitans  des  Moluques  
 de  nappes  &  de  ferviettes  dans  leurs  repas.  Lorf-  
 qu’elles font  feches  fans  s’être déchirées  ,  oh  leur  
 donne  avec  une  pierre  liffe  ou une porcelaine , un  
 poli  âppéllé  bilalo, d’où vient le nom de  bia bilalo  
 qu’on donne  à  ces coquillages. Par  ce moyen  elles  
 font  liffes  8c  unies  comme  un  papier  brun  &   fin.  
 De  ce  papier lès Malays  font  de  petits  rouleaux  ,  
 longs  de  quatre, à  cinq  pouces  ,  dans  lefquels  ils  
 enveloppent du  tabac  fec ; ils mettent  lè  feu  à leur  
 extrémité  ,  8c  introduifent  l’autre  bout  dans leur  
 bouche pour fumer.  Ils s’en fervent encore pour  envelopper  
 diverfes chofes,  fur-tout  du  fucre  ou des  
 tablettes de  fucre  qu’on envoie quelquefois de cette  
 façon en Europe. On peut aufli écrire fur cette forte  
 de  papier des  lettres  ;  mais elles  ne  fe  confervent  
 pas  long-tems  fans  fe  brifer. 
 Le  coeur ou la fubftance moyenne  qui  formôit la  
 tige  à  fleurs  du  tando  ,  fe  fépare  facilement  des  
 gaînes  des  feuilles  qui l’enveloppent.  Sa  partie inférieure  
 qui  eft  tendre  ,  fe coupe  en morceaux, fe  
 cuit,  8c  lert comme d’autres herbages pour nourrir  
 les efclaves ; la partie fupérîeure  plus dure, fe coupe  
 en  morceaux ,  &   fe  cuit  en  bouillie pour engraif-  
 fer  les cochons.  Les  gaîhés des feuilles forment  des  
 efpeces  de  canaux  dans  lefquels  on  peut  envelopper  
 des  branches  8c  des  fruits  verds  de  betel  ott  
 £  1 1  f  |  ij