la perpendiculaire, au lieu que quand on les transplante
, les racines fe couchent contre la paroi de
la tranchée.
Dès que vos afperges font levées, & que les feuilles
Séminales des oignons commencent à paroître ( ce
qui doit arriver un mois ou lix Semaines après qu’ils
auront été femés ) , il faut avec une petite houe
enlever toutes les mauvaifes herbes & éclaircir les
oignons ; mais cette opération demande la plus
grande attention , il faut un tems fec , afin que les
mauvaifes herbes périffent auffi-tôt qu’elles font
coupées , & on prendra garde de bleffer les jeunes
pouffes à’afperge & de couper les oignons qui en font
voifins. Cette manoeuvre doit fe répéter trois fois :
fi elle eft bien faite & que la faifon ne foit point
trop humide, il ne doit plus reparoître de mauvaifes
herbes jufqu’au moment oit l’on arrache les oignons,
ce qui le fait ordinairement au mois d’àoût, ce moment
fe reconnoît quand leurs tiges commencent à
tomber & à flétrir. Aufli-tôt que les oignons font
enlevés, il faut bien nettoyer le terrein des mauvaifes
herbes, il n’en reviendra point jufqu’au moment
que vous rendrez de la terre à vos couches,
ce qui doit fe faire en oriobre, tems oh les tiges
commencent à fécher; car fi vous les coupez, tandis
qu’elles font encore vertes, les racines poufferont
de nouveaux bourgeons , & vos afperges en feroient
confidérablement affoiblies: ces jeunes tiges doivent
être coupées au couteau à deux ou trois pouces de
terre: cette précaution devient néceffaire pour vous
faire diftinguer les couches des allées : cela fa it ,
enlevez avec la houe les mauvaifes herbes , enter-
rez-les à un des bouts des allées & rejettez-en la
terre par-deffus les couches, de maniéré que celles-
ci dépaffent de cinq ou fix pouces le niveau des
allées. Vous pourrez enfuite planter un rang de choux
dans le milieu de vos allées ; mais gardez-vous de
rien planter ou femer fur les couches, vous affoi-
bliriez trop vos racines. Je me garderai bien de
confeiller, à l’exemple de plufieurs, de planter des
feves dans les allées, elles feroient un tort infini aux
deux rangées d'afperges qui, de part & d’autre , les
avoifineroient. Il ne refte plus rien à faire jufqu’au
printems qu’il faut houer les couches pour détruire
les mauvaifes herbes qui auront recru & que l ’on
, doit râteler le plus légèrement poffible ; il conviendra
auffi d’en nettoyer les couches avec foin pendant
tout l’été fuivant, & de creufer de rechef les allées
à l’automne, fuivant la méthode ci-deffus.
Au printems de la fécondé annee, vous pourrez
commencer à couper quelques-unes de vos afperges,
quoiqu’il feroit beaucoup mieux de n’y toucher que
la troifieme année. Pour cet effet vous prendrez
une fourche. plate dont les fourchons foient rapprochés,
qui eft faite exprès, & qu’on appelle ordinairement
fourche à afperge, à l’aide de cette fourche
vous enieverez vos afperges des couches, obfer-
vant néanmoins de ne pas la plonger trop avant,
de crainte de froiffer la tête de la racine (cette
opération doit fe faire avant la faifon de la pouffe
au printems ) ; vous applanirez enfuite légèrement
vos couches au moment oit les bourgeons font près
de percer la terre : par ce moyen vous détruirez
toutes les mauvaifes herbes qui reparoîtront beaucoup
moins fréquemment que fi vous aviez applani
immédiatement après que vous avez enlevé vos
afperges. Quand elles auront atteint à la hauteur de
quatre ou cinq pouces, vous pourrez les couper ,
mais non pas indiftinriement ; ne prenez que les gros
bourgeons laiffant âùx petits le tems de fortifier
leurs racines ; car plus vous les couperez, plus à
la vérité vous multiplierez les boutons, mais auffi
vous en affoiblirez les racines , vos afperges dégénéreront
& en périront plutôt. Lorfqü’on coupe un
bourgeon, il faut découvrir le pied de Vafperge avec
un couteau dont la lame doit être longue , très-
etroite , & dentée comme celle d’une fe ie , pour
voir s’il ne pouffe pas près de celui-ci quelqu’autre
jeune bourgeon , q ui, au moment que l’on coupe
le premier , pourroit être caffé ou froiffé : enfuite
on le feiera fous terre à environ trois pouces. Tout
ce petit détail pourra paroître embarraffant aux
perfonnes qui manquent de pratique ; ceux qui font
dans l’ufage de couper les afperges, parviendront
en peu de tems à l’exécuter en grande partie : l’exécution
en devient toutefois indifpenfable pour tous
ceux qui coupent les afperges. '
La maniéré d’arranger vos couches d’afperges
fera tous les ans la même que l ’on a indiquée pour
la fécondé année; elle confifte à enlever les mauvaifes
herbes , à creufer les allées en oriobre, St
à piquer les afperges fur la fin de mars avec l’ef-
pece de fourche dont nous avons parlé , &c. ;
feulement on aura foin , les années fuivantes, de
répandre fur les couches un peu de fumier con-
fommé , pris fur une couche de melons ou de concombres
, d’en enterrer auffi quelque peu dans les
allées , au moment où on les creufera. La terre
ainfi entretenue maintiendra les racines en vigueur;
& en fuivant cette méthode, une couche Üafperges
peut durer dix à douze ans , & produire de
bons bourgeons, fur-tout fi l’on obferve de ne pas les
couper trop longs à chaque faifon ; car fi on les
coupe de façon à empêcher les afperges de pouffer
d’un peu bonne heure en juin, les racines s’affoi^-
bliront confidérablement, & les bourgeons en feront
plus petits. Ceux donc qui voudront avoir
des afperges à l’arriere faifon, feront bien d’avoir
des couches ,à part ; ce qui vaut mieux que de
gâter toute la plantation, en coupant les afperges
trop longues.
Je ne puis m’empêcher de relever ici une erreur
où tombent bien des gëns depuis long-tems : c’eft
de ne point mettre d’engrais dans les couches ; ils
fe perfuadent qu’il communique à Vafperge un goût
fort de pourri ; en cela , ils fe trompent : car les
meilleures afperges font- celles qui croiffent dans
la terre la plus graffe ; & ce n’eft que dans la terré
maigre qu’elles contrarient ce goût de pourri, dont
on fe plaint. La bonté de 1 afperge dépend de la
vîteffe de fa crue, qui eft toujours en proportion
de la bonté du terrein & de la chaleur des faifons:
pour preuve de cela , je plantai deux couches 8 afperges
dans un terrein où j’âvois mis un piedd’épaifr
feur de fumier ; & tous les ans , j’y èn faifois mettre
du nouveau extrêmement épais , les afperges
qui y ont cru , étoient infiniment plus douces
qu’aucune autre, quoiqu’elles bouilliffent dans là
même eau que celles provenues d’un terrein
maigre.
Il faut au moins cinq ou fix verges de terrein y
employées à planter dés afpergespour fournir à la
confommation d’une petite famille ; moins que cela
ne feroit pas fiiffil'ânt : car fi on ne peut en couper
une centaine à la fois, ce n’eft pas la peine d’en
cultiver ; autrement on eft obligé, pour en faire
un plat, de garder les premières coupées deux ou
trois jours ; mais , pour une grande famille
il faut au moins douze verges de terrein , qui , bien
cultivées, donneront deux ou trois cens afperges
par jour dans le fort de la faifon.
Mais, comme il y a bien dès gens qui aiment
à voir des ajperges de bonne heure , ce qui fait
un trafic confiderable pour les jardiniers , je donnerai
les inftruriions néceffaires pour s’en procurer
pendant tout l’hiver.
Il faut d’abord fe pourvoir de bonne's racines
que l’on aura élevées foi - même, ou que l’on
achètera des jardiniers qui en font comnierce ; bn
obfervera que ces racines foient tranfplantées depuis
deux ou trois ans ; & après avoir déterminé le
tems où l’on veut avoir des afperges bonnes à couper,
on préparera fix ou fept femaines auparavant
du fumier frais de cheval que l’on amoncelera, &
qu’on laiffera dix ou douze jours en tas pour qu’il
fermente : on y mêlera des cendres de charbon de
tèrre ; & après avoir bien retourne ce mélange,
pour en confondre les parties, on pourra enfuite
l ’employer : après cela, on creufera une tranchée
dans le terrein où l’on fe propofe de faire une
couche ; vous donnerez à vos cadres la largeur &
la longueur proportionnées à la quantité d’afperges
que vous voulez planter ; trois ou quatre caiffes
à vitrage à la fois fuffiront, fi c’ eft pour la consommation
d’une famille peu nombreufe : cela fait,
épandezle fumier dans la tranchée le plus également
que faire fe .pourra ; & fi c’eft en décembre que
vous faites cette opération, il faudra que vous
mettiez au moins trois pieds de fumier, ou peut-
être davantage , que vous recouvrirez de fix pouces,
de terre, ayant foin de caffer les mottes & d’ap-
planir la furface de la couche. Vous commencerez
par un des bouts à planter vos racines, que vous
placerez contre Un petit ados de la hauteur d’environ
cinq pouces : vous les placerez en rangées
le plus près l’une, de l’autre qu’il vous fera poffible,
j& vous aurez attention que leurs bourgeons foient
droits ; vous mettrez un peu de terreau fin entre
les rangées, & prendrez garde que la couronne des
racines ne foit. pas plus inclinée d’un côté que de
l’autre. Quand vous aurez garni toute votre couche
de racines , il faudra que vous mettiez un peu
de terre forte auprès fur les dehors de la couche,
qui font nuds , pour les préferver de la féchereffe :
il eft néceffaire auffi de ficher deux ou trois bâtons
longs d’environ deux pieds entre vos racines, dans
le milieu de la couche, à quelque diftance l’un de
l’autre : par le moyen de ces bâtons , vous con-
aioxtrez le dégré de chaleur où eft votre couche ;
pour cela, huit jours après que votre couche a
été faite, vous les retirez de terre ; & fi leur extrémité
enterrée n’ëft point chaude, vous pourrez épandre
fur les côtés ou fur le haut de la couche un peu
de paille ou de litiere, ce qui la réchauffera confidérablement
; & fi vous voyez qu’elle ait trop
de chaleur , & que vos racines foient en danger
d’en être brûlées, il conviendra de la laiffer entièrement
découverte , & de faire avec un gros
bâton , fur les côtés de la couche, des trous en
deux ou trois endroits pour faciliter à cette grande
.chaleur le moyen de fe diffiper : cet expédient ramènera
bientôt la couche à une chaleur tempérée.
Quinze jours après que votre planche fera faite,
vous couvrirez les couronnes des^raeines d envi-
.viron deux pouces de terre fine ; & lorfque les
bourgeons commenceront à fe montrer, vous les
couvrirez d’environ trois pouces de la même terre,
ce qui fera en tout une épaiffeur de cinq pouces
fur les couronnes des racines : & cela fuffira.
Vous ferez enfuite une bande de paille ou de
longue litiere épaiffe de quatre pouces ou environ,
dont vous environnerez le pourtour de la planche,
de maniéré que le haut de la bande foit de niveau
avec la furface de la planche. Vous l’affujettirez
avec des bâtons droits d’environ deux pieds de
long, pointus par une des extrémités, que vous
ficherez horizontalement dans la couche. Vous placerez
vos chaffis fur cette bande ; & fur ceux-ci,
vous mettrez vos vitrages : mais , fi au bout de
trois femaines que votre planche fera faite, vous
vous appercevez qu’elle refroidiffe , vous revêtirez
fes côtés d’une bonne çoviçho de fpjjûçï çhaud ré-
T omt I .
cent, qui ràppellera fa chaleur. Uné autre attention
qu’il faut avoir, c’eft de couvrir les vitrages dé
nattes ou de paille toutes les nuits & pendant ié
mauvais tems ; mais pendant le jour , cetté précaution
n’eft pas néceffaire, fur-tout quand le (oleil
donne : fes rayons même pénétreront les vitrages y
& donneront une belle couleur aux afperges.
Une planche faite de la maniéré dont je viens!
ffe dire , commencera, au bout d’environ cinq fe-
màines * fi elle va bien , à donner des bourgeons
bons à couper, & continuera d’en donner durant
trois femaines ; & fi les afperges étoient pourvues
de bottes bien en racine , elles produiront, dans
çet efpace de tems , trois cens bourgeons par caiffe ;
fi vous êtes curieux d’en avoir jufqu’à la faifon
où la nature les produit, il faut reriouveller votre
planche toutes les trois femaines jufqu’aù commencement
de mars, à compter de la faifon où vous
avez fait la première ; car fi votre derniere planche
fe fait dans la première huitaine de mars , elle
vous mènera jufqù’à la faifon des afperges, & les
planches faites les dernieres donneront des afperges
bonnes à couper quinze jours plutôt que celles
qu’on fait vers Noël : les bourgeons feront plus
gros & plus colorés , en ce qu’ils feront pour lors
plus échauffés par les rayons du foleil.
Si vous vous propofez de fuivre cette méthode y
de faire venir des afperges précoces , il faut que
tous les ans vous en réferviez pour planter la
quantité que vous croirez néceffaire , à moins que
vous n’aimiez mieux tirer vos racines de quelqu’autre
jardin. La mefure du terrein où les bottes
ont crû , indique ordinairement ce qu’il en faut
pour planter une caiffe ; car fi la planche eft bonne ,
& qu’il n’ait manqué que peu de racines , une
verge vous en fournira fuffifarament pour une
caifl'e : mais ce calcul a été fait refperiivement à
un terrein planté de racines que l’on deftine à être
enlevées la troifieme année, pour en avoir de précoces
, dont chaque planche contient fix rangées à
dix pouces feulement de diftance entr’elles , & dans
lefquelles les plantes font éloignées de huit ou
neuf pouces ; mais lorfque les rangées font plus
efpacées & en moindre quantité par conféquent
fur la couche, alors il faut une mefure plus con-
• fidérable de terrein pour une caiffe : la plupart des
jardiniers enlevent leurs bottes deux ans' après
qu’elles ont été plantées ; mais fi le fol n’eft pas
fort bon , il fera mieux de ne s’en fervir qu’au
bout de trois ans : car, fi les racines.font faibles,
les bourgeons feront petits, & ne vaudront pas la
peine d’être plantés pour avoir des afperges précoces.
La meilleure terre pour en obtenir qui foient
pourvues de groffes bottes & propres à être plantées
dans des couches, eft une terre moîte & riche
: quant à celles qui ne doivent pas être tranfplantées
, elles fe contentent d’un fol mitoyen, qui
ne foit ni trop fec ni trop humide ; mais Une terre
argilleufe, mêlée de fable, quand on a foin d’y
mettre de l’engrais , eft préférable à toute autre*
La fécondé efpece vient naturellement, à cé
qu’on dit, dans le pays de Galles & aux environs
de Briftol ; mais je doute fort que cela foit vrais
Car ceux qui en ont parlé , difent qu’elle ne différé
en rien de Mafperge de jardin, que la culture a feulement
changée : mais j’en ai dernièrement reçu
de celles-ci qui âvoient été amaffées près de Montpellier
, & je me fuis pleinement convaincu que
cette efpece eft toute différente de celle qui croît
dans le pays de Galles : car les feuilles de l’efpecô
agrefte maritime font pointues , épaiflfes & fort
éloignées les unes des autres fur les branches : les
tiges n’en font point non plus fi rameufes. Cette e£
peee fe multiplie de graine , comme Ÿafperge dea
N N n ti i j