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 leurs  befoins,  fuivant les  circonftances,  en y  mêlant  
 d’autres  drogues  ,  comme  nous  le  dirons  ci-  
 'après ;  enfin,  ils  font parvenus  au p o in t   de   fe procurer  
 ,  comme  à  leur gré , foit une gaieté paffagere  
 d’un  inftant,  foit  une ivreffe  de  longue durée , foit  
 un  courage  qui  leur  fait  braver  les  plus  grands  
 dangers ,  foit des rêves agréables,  foit  un  fommeil  
 qui  leur  fait  oublier  des  excès  de  trifte ffe   qui  au-  
 roient  pu  les  mener  au  tombeau»  Ils  l’emploient  
 auffi pour  s’exciter  à  l’amour. 
 Pour  fe  procurer  de  la  gaieté,  ils  expriment  le  
 fuc  de  fes  feuilles  ôc  de  fes  graines  ,   ôc  en  fo n t   
 avec l’arec  une boiffon  qui agite beaucoup les fens.  
 Lorfqu’ils  v.eulent augmenter  la  force de  cette boiffon  
 pour fe procurer l’ivreffe ,  ils  fucent  des  feuilles  
 feches  du bangi  avec  du  tabac  ,  ou  bien ils  en  
 fument  une  pipe. Pour  éprouver  des  rêves  agréables  
 ,   ou pour  fe  livrer  à  un  profond fommeil,  il  
 fuffit  d’ajouter  à   ce  fuc  un  peu  de  mufcade  ,  de  
 macis,  de  girofle,  de  camphre  ôc  d’opium,  pour  
 en  faire  cette  compofition  ,  que  les Indiens appellent  
 majuh -,  ÔC  q u i,  félon l’Eclufe,  Clufiits ,  eft  la  
 même  chofe  que  le malach  des Turcs. Ils s’excitent  
 à  l’amour  en  mêlant  enfemble  la  graine  de  bangi,  
 le   mufc,  l’ambre  ôc  le  fucre. 
 A  l’égard  de  ce  dernier  effet,  il  eft bon  de  remarquer  
 qu’il ne contredit nullement  les expériences  
 qui  ont  été  -faites  depuis  Diofcoride  jufqu’à  
 nous,  ôc qui  prouvent  que  les  feuilles  du chanvre,  
 ainfi  que -celle  du  bangi,  coagulent  le  fperme,  ôc  
 rendent  ceux  qui en mangent impuiffans ;  car , dans  
 la  compofition  des  Ind ien s   ,  .on  n’emploie  que  la  
 graine de cette plante  ;  d’ailleurs on fait que  le mufc  
 &   l’ambre  ,  qui  fo n t   la  principale  partie  de^  cette  
 compofition ,  ont  cette  vertu  dans  un  dégré  éminent. 
   Enfin  ce  n’eft  qu’après  avoir  fait  ufage  dès  
 autres  drogues qui mettent  tous  leurs fens dans de  
 grandes  agitations,  qu’ils  ont  recours  à   cette  dernier 
 ©. Au  refte, rien de plus pernicieux que  l’ufage  
 de cette drogue ,  ôc l’expérience apprend  que  ceux  
 qui  en  font  ufage  font  bien-tôt  épuifes,  ôc  qu’ils  
 demeurent  exténués pour le refte de leurs  jo u r s . 
 La maniéré  dont ces drogues agiffent, Varie  fuivant  
 les  tempéramens.  Il  paroît  en  général  que  
 c’eft  par  une  forte  commotion  des  fens  ,#par  un  
 ébranlement  général  du  fyftême  nerveux,  qui  dérange  
 ou obfcurcit  lé  cerveau,  qui  eft  fuivi,  pouf  
 l ’ordinaire, d’une vraie manie , d’une efpece de folie  
 que  ,/les  Indiens  appellent  improprement  ivreffe.  
 En voici  quelques  effets principaux,  tels  q%’ils  ont  
 été  vus  fur  les  lieux  par  Rumphe,  ce  favant  médecin  
 ,  cet excellent  obfervateur  qui  connoifToit fi  
 parfaitement  l’art -de  bien  voir. 
 Parmi  ceux  qui fument  les  feuilles du bangi avec  
 celles  du  tabac  ,  les  uns  deviennent  furieux  ,  ne  
 *  veulent  rien  faire  qu’à  leur  propre  volonté  ,  ne  
 cherchent  qu’à fe  battre  ,  qu’à  brifer tout  ce  qui fe  
 .préfente fous  leur main :  ce  font  les  tempéramens  
 bouxllans ôc fecs ,les gens  fanguins, dont le  fyftême  
 nerveux  eft  tendu.  Les  autres  d’un  tempérament  
 plus humide, plus froid, moins fanguins, plus mous  
 dans  le  fyftême  nerveux,  commencent par pleurer  
 &  finiffent  par le ris fardonique  ôc par des menaces.  
 Cette  puiffance  qui  agit  ainfi  fur  les  nerfs  ôc  qui  
 porte  à  la  fureur,  réfide  principalement  dans  les  
 feuilles  du  bangi  ,  car  on  peut  manger  une  petite  
 quantité  de  fes  graines  fans  éprouver  lé moindre  
 changement  ,  &   leur  vertu  èft  confidérablement  
 corrigée  par  le  mélange  des  aromates  dont nous  
 avons  parlé ,  ôc  que  les Turcs ,  les Perfans  ôc  les  
 habitans  du  Mogol  favent mieux  préparer  que  les  
 Maures  qui  habitent  les  ifles  Moluques. 
 C’eft  un  ufage  reçu  chez  tous  les  militaires  de 
 BAN 
 ces  pays ,  depuis'les  commandàns  jufqü’aiix  derniers  
 officiers ,  de prendre journellement une petite  
 quantité  de  cette  compofition,  pour  fe  procurer  
 une  gaieté qui  les. délivre  des  fatigues  ôc  des  inquiétudes  
 que caufe la guerre. Auffi le dernier fultan  
 de .Cambaye avoit-il coutume  de  dire  que  quand il  
 vouloir  fe  .procurer  un  rêve  agréable  ôc  voyager  
 en  fommeil  dans  le  Portugal, le  Bréfil &   d’autres  
 pays ,   il  lui  fuffifoit d’avaler un peu de bangi, mêlé  
 avec  le  fucre,  le majoeh  ôc  les aromates dont nous  
 avons  parlé. Onégit que  les  Turcs ,  lo r fq u ’ils  vont  
 au  combat,  p ren n en t   dé  leur maflach  qui eft mêlé  
 d’opium ,  qui  leur procure une  demi-fureur qui  les  
 rend  intrépides* &   qui  leur  fait  affronter  les  plus  
 grands  dangers» 
 On  fait  par  Galien  livre I ,  De alimentortim fa-  
 cultatibus,  que  les  anciens  avoient  coutume  de  fe  
 faire fervir, aux  defferts  de  leurs  feftins ,  la  graine  
 rôtie  du  chanvre ,  c’eft-à-dire ,  le  chenevis,  pour  
 exciter à  la  joie  &   à boire  largement;  mais  ce favant  
 médecin  ajoute  que ceux qui  en mangent  une  
 trop grande  quantité , éprouvent  au  cerveau  de  la  
 chaleur, une commotion , ôc des nuages, à-peu-près  
 comme  quand on  mange la graine de l’agnuscaftus  
 c’eft-à-dire du  vitex. 
 Les Malays  fe  procurent  cette  ivreffe  tempérée  
 qu’ils  appellent  hayal,  en  faifant  macérer,  c’eft-  
 à-dire ,  en  verfant  fur  une  pincée  des  feuilles  du  
 bangi de  l’eau bouillante qu’ils boivent  à  la maniéré  
 du  thé.  Ils prétendent  même  que  l’ufage  de  cette  
 boiffon  devroit  paffer. en mode  chez  tous  lés  rois  
 de  la terre ,  toutes  les  fois que,  fatigués  du détail  
 de  leur  gouvernement  ,  ils  auroient  befoin  de  fe  
 procurer  promptement  de  la  diftraûion  ôc  de  la  
 gaieté. 
 La poudre  de  fes  feuilles  féchees  au  foleil,  eft  
 un  aftringent  puiffant  qui  arrête  la  diarrhée.,  fortifie  
 l’eft.omac,  tempere  la  bilê,  ôc qui  eft  le  fpé-.  
 cifiquç  de  la  maladie appellée  pitao au Malabar où  
 elle  eft  endémique  : le pitao  eft  un  efpece  d’énervement  
 caufé  par  des  excès  de  fatigues  ,  d’ufage  
 d’eau-de-vie  ,   de  mets  acides  ô»c  falins  ,  de  betel  
 &  de  riz crud,  des  faignées  ôc  du  fommeil ;  d’où  
 naît  un  amas  d’humeurs  qui dominent  le  fang,  8c  
 une  jaiiniffe qui fe montre  fur les  yeux , la langue *  
 les  ongles,  la facë  ôc les  pieds  qui  font  enflés.  La  
 décoction  de  fes  feuilles  vertes  avec  le  girofle  ÔC  
 la mufcade,  fe donne dans  l’àfthme  ôc. les douleurs  
 de pleuréfie.  Ses  feuilles  fe  mangent  pour  énerver  
 la  force  de  l’arfenic  ôc  l’orpiment  lorsqu’on  en  a  
 avalé ;  elles  caufent  l ’ivreffe.  Ces  mêmes  feuilles  
 fuméeS,  au lieu de celles du tabac, enivrent. 
 Ses  fleurs fe mêlent  avec les autres aftringen's en  
 forme  de  trochifques  pour  fortifiér  les  génitoires  
 ôc  pour  les hernies.  Le  mâle paffe pour  avoir  plus  
 de  vertu  que  la  femelle. 
 Sa  racine  fe mâche  dans  les  gonorrhées  virulentes. 
  Soninfufion ou l’émulfion de fes graines fe prend  
 pour arrêter  les  gonorrhées 6c  les  fleurs  blanches. 
 Flacourt  nous  apprend ,  page. $$f| de  fa Relation  
 de Madagafcar,  que  le  chanvre  appelié  bangi  aux  
 Indes ÔC rougogne ou ahetsboul  ôc  aketfmanga  à   M a d 
 a g a fc a r  ,  fe cultive  dans ces  deux pays ,.non pour  
 en  tirer la  filaffe,  mais  pour  en  fumer  les, feuilles  
 comme  du  tabac,  ôc  que  ceux qui n’y  font pas  accoutumés  
 font  les  uns  dans  des  tranlporfs qui  durent  
 deux ou  trois jours,  d’autres dans un  fommeil  
 accompagné  de  fonges  agréables,  après  lequel  ils  
 fe  réveillent  joyeux  ôc  fans trifteffe ;  qu’il  eft  mis  
 en  ufage  particuliérement  par  les  mélancoliques!  
 ôc  par  les vieilles  négreffes qui  exercent  le métier  
 de  prédire  l’avenir  &  de  dire  là  bonne  fortune. 
 Remarques.  Plus  on  fait  attention  à  ces  diverfes  
 propriétés  du  bangi,  plus  on  fe  perfuade  que  les  
 nep en th es 
 B A N 
 nepenthes  des anciens , dont  la  boiffon  a voit la propriété  
 d’égayer  les  efprits  ôc  de  faire  oublier  la  
 trifteffe,  ne  peut  être  que  cette  plante  ,  fur-tout  
 -  .fi  l’on  confultele paffage  de  Pline,-qui  dit, Livre  
 X X V ,  chapitre 2.,  de  fon Hijloirenaturelle rherbas  
 certe Ægyptias  à  regis uxore traditas fuce Helence plu-  
 rimas  narrât  f  Homerus ) ,  ac' no bile illud nepenthes  , 
 ■ oblivionem  trijiitice  veniamqiie  afferens , & ab  Helenâ  
 utique  omnibus mortalibus  propinandum. 
 Il n’èft pas douteux que  cette  plante  ne  foit  mne  
 .autre efpece de  chanvre  différente de  celle  de l’Europe. 
   (M.  A d a n s o n .')  . 
 BANGLE ,  f.  m.-  (Hiji. nat.  B o ta n iq nom  Malays  
 d’une  efpece  de  gingembre  que  Rumphe  a  
 décrit  dans  fon Herbarium  Amboinicujn,  volume  V,  
 page i6q , ÔC  dont il a  donné une  bonne  figure  fans  
 • détails à la planche LX V , n°.  II. Les habitans d’Am-  
 boine  l’appellent  mackey ÔC unin-packey ;  8c  il  paroît  
 que  c’eft  le  cyperus  Indiens  décrit  par  Diofcoride, 
   au  livre  1.  chapitre  4  de  fon  Hijloire  des  
 plantes. 
 Cette  plante  reffemble  tellement  au  gingembre  
 v ra i, qu’on la prendroit pour lui, fi elle n’étoit plus  
 grande  dans  toutes  fes  parties, ôc  fi l’odeur,  fa faveur  
 ôc  la  couleur  de  fa  racine  ne  té-moignoi'ent  
 qu’elle  eft  différente. Elle  a  communément quatre à  
 cinq pieds de  hauteur,  ôc Iorfqu’elle  croît dans des,  
 lieux  ombragés  ôc  humides, .elle  s’élève  jufqu’à.la  
 hauteur  de  fept  à  huit pieds.  '  1 
 Sa racine , ou  plutôt fa  fouché ,  trace  horizontalement  
 fous  terre,  comme  une tige jaunâtre,  articulée, 
   noueufe,  d’un  pouce  à  un  pouce  Ôc  demi  
 de  diamètre, très-fragile,  caffante, produifant  en-  
 deffous  nombre de  fibres  capillaires,  rameufes ,  &  
 en-deffus douze ou quinze tubercules coniques, écailleux  
 ,  qui  font  autant  de  bourgeons  extrêmement  
 pointus  d’abord, qui  ne  fe développent que fuccef-  
 fivement,  ÔC  qui s’alongent  en autant  de  tiges  cy-  
 lindriques,  fimples ,  hautes  de quatre à  huit pieds,  
 de fcpiatre  à  dix  lignes  de  diamètre,  fermes -,  quoi-  
 qu’herbacées ôc charnues,  vertes ,  un  peu  comprimées  
 ôc applaties vers leur partie  fupérieure. 
 Les feuilles inférieures, ou du  bas des  tiges,  ref-  
 femblent à  des  écailles ; mais  celles  qui  les  recouvrent  
 à  un  ou  deux  pieds  de  terre  ôc  au-deffus,  
 font affez  ferrées, difpofées  alternativement  ôc hor  
 rizontalement fur deux rangs parallèles, elliptiques,  
 pointues aux  deux  extrémités, -longues  d’un pied,  
 cinq à huit fois moins larges , d’un verd-noir, ftriées  
 ou veinçes finement dans  toute leur longueur, portées  
 fans pédicule fur une gaîne courte^entiere, &  qiii  
 remonte  en forme  de couronne de l’autre  côté de là  
 tige  qu’elle  entoure entièrement. 
 L’épi  de  fleurs  qui  fort  des. racines  ou de  bourgeons  
 particuliers, différens  des  tiges  feuillues ,-eft  
 porté  fur une  tige particulière écailleule , mais  fans  
 feuilles ,  longue  d’un  pied  ôc  demi.  Il  eft ovoïde,  
 plus  étroit,  plus  pointu  que  celui du  gingembre,  
 deux à  trois  fois  plus  long que  large;  compofé de  
 grandes  écailles imbriquées,  c’eft-à-dire  ;  fe  recouvrant  
 tçes - réguliérenîent  les  unes  les autres  comme  
 les  tuiles d’un  toît  ;  verd-foncées  d’abord,  en-  
 fuite purpurines,  enfin d’un  beau rouge. 
 Entre  chaque  écaille,  <?n voit  une fleur blanche,  ■  
 tendre , • peu  ftrrée ,  d’une  feule .piece,  compofée  
 ri’un-' tube  de  médiocre  longueur ,  partagé . danS  fa  
 moitié fupérieure en fix divifionsinégales, dont l’in-  -  
 férieuré  ëft  plus  grande  ÔC  pendante : c’eft-là la co-  .  
 rolle  qui  eft pofée  fur  l’ovaire, ainfi  que  le  calice  
 qui  forme,un  tube  médiocre,  qui  engaine.celui  de  
 la  corolle ,  ôc  qui eft  divifé  en  trois  portions affez  
 égales. Une  feule  étamine prefqu’aufli haute  que la  
 corolle,  fort  du  haut  de  fon, tube  au cleffous  de  fa  
 divifion  extérieure  qui  eft..fur.fon  dos  :  l’anthere  
 Tome  /, 
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 de  Gétté étamine faitcorps  avec le’ filet,  6c  s’ôuvçe  
 -fur le devant par deux filions longitudinaux, en deux  
 •loges qui répandent Une poufliere génitale, compofée  
 de globules affez gros, blanchâtres ôc Iuifans. L’ovaire  
 qui eft fous la fleur, eft fphérique, ôc porte  un ftyle  
 iurmqnté  d’un  ftigmate  hémifphérique  concave  ,  
 qui  fe couche  longitudinalement au-deffoùs de  l’anthere. 
   Il  s’épanouit tous  les  jours  en  même  tems  
 deux ou  trois fleurs femblables  , après  quoi  l’épi  fe  
 flétrit,  ôc  périt  fans  produire  de  graines.  Néanmoins  
 en  ouvrant  l’ovaire ,  on  voit  qu’il eftfpié'-  
 nque ,  Ôc  on jugé  aifément qu’il" doit  devenir  une  
 capfule  de  même  forme ^  partagée  intérieurement  
 en  trois  loges  ,  qui-  contiennent  plufieurs  graines  
 ^fphériques,  diftribuées  fur  deux  rangs dans  l’angle  
 .  intérieur  dé  chaque  loge. 
 ,  Culture.  Le  b angle^ croît  à Java ôc  àBaleya,  d’où  
 il  a  ete  tranfporte à Amboine, où on le cültive dans  
 les jardins.  Il fe multiplie de'drageons ou bourgeons  
 enracinés ,  féparés  de  fa  racine, ôc  il s’étend confi-  
 derablement.  Ce  n’eft. que  lorfque  fes  pieds  font  
 vieux,  ôc  qu’on  les  abandonne  fans  toucher  aux  
 racines  , - qu’on  les  voit  produire  leurs  épis  de  
 fleurs. 
 Qualités.  Les  feuilles du b angle  froiffées entre les  
 •  doigts,  rendent une *odeur  forte.  Sa  racine  eft  un  
 !  Peu  moins  groffe  que  celle  du  galanga,  plus  caffante, 
  un peu plus forte que celle du  curcuma , mais  
 d un  jaune-un peu plus  pâle, tant au-dehors qu’au-  
 dedans,  à  peu-près comme  la carotte. Lorfqu’on l’a  
 dépouillée  de  fes  fibres  ,  elle  eft liffe  fans  aucune  
 de  ces  membranes  qu’on voit fur celle  du galanga ;  
 fa  fubftance  eft  plus  feche  que  celle  du  cùrcuma ;  
 elle paroît poreufe dans fà caffure ; mâchée où pilée,;  
 elle rend  un  fuc  d’un  jaune-verdâtre,  moins  foncé  
 ôc moins beau  que  celui du  curcuma.  Sä  faveur eft  
 acre,  amere , Ôc peu agréable ; fon odeur eft forte;  
 porte à la  tête ,  ôc  eft par-là, fort différente de  celle  
 du  gingembre ‘   qui  eft  aromatique. 
 Ufâges'.  Sa racine  entre  dans la  compofition dé  la  
 boiffon,  que  les femmes des Malays  appellent djud-  
 jambu, ôc qu’elles préparent pour diverfes niala dies ;  
 comme  la jàuniffe ,  les  obftru&ions,  les  vents  ,  ôc  
 les  coliques  de  toute efpece. Pour faire  cette  boif-  
 fqn.,  ils mêlent  enfemble  les racines  des  trois efpe*  
 ces du gingembre, fçavoir, le gingembre vrai , qu’ils  
 appèllènt  ah ou aléa, le lâmpujang\  le  bangle  ôc  le  
 fokur,  qui paroît être une éfpécede  curcuma.  C e t te   
 racine  mâchée  avec  le  girofle  ,  's’applique  fur  le  
 ventre-,  dans les coliques caiiféës ' par le froid. 
 •  Comme la  teinture .jaune  du  curcuma  eft  peu  tenace  
 ,  parce  qu’elle  eft  comme  graffe ,  lorfqiie  les  
 Malays  veulent  teindre  leurs  toiles  en  cette  couleur  
 ,  ilj  joignent  à la racine du curcuma,' celle  du  
 bangle, qui la  fixe  ôc lui donne de la folidité.  -  
 :  Remarques. • Cette  plante  pourroit  bien  être  le  
 cyperus indiens, que Diofcoride d it , livre I , chap 4 ,   
 avoir  la  forme  du 'gingembre,  une faveur  amere,  
 la propriété de teindre én jaune lorfqu’on la mâche,  
 ôc  de  faire  tomber  les  poils,  lorfqu’on  l’applique  
 fur -la peau ; au moins le bangle en a-t-il l’amertume,  
 ôc le curcuma, les  autres, qualités.  ( M. A  dan son.') 
 BANGOR ,  ( Géogr. ) petite ville d’Irlande, dans  
 la province'd’Ulfter àu comté de D awne,  fur la baie  
 de Karichfergus. Elle  envoie deux députés au parlement. 
  Le  duc de  Schömberg  étoit  comte- de  Ban-  
 gor.  (+ ) 
 BANGOT,  f. m.  ( Hiß. nat. Ichthyolog: )  efpeçe  
 de muge  volant,,e^rocoem5  des  îles  Moluques,  figuré  
 par  Edwards,  planche  2.10 , n0’  I.  fous le nom  .  
 de  hirundo  luçonis venenata,  ruberrima, bango dicta ;  
 par  Valentÿn , fous  le  nom  de het bont duyfje, pif-  
 cium Amboinenfium ,  figure 489 ,  page  501,  ôc  fous  
 celui  de  ikan terbpng bcràmpat fajap,  r liegende vifeh 
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