
 
        
         
		la fortune  des autres  font  attachées aux  connoiffan-  
 ces qui font l’objet  de  cet  article. 
 Jufqu’ici  j’ai  parlé  des  bleds  en  général  ;  mais  le  
 froment étant  le  b led  par excellence,  &  le meilleur  
 de tous  les grains  pour  compofer  la nourriture des  
 hommes  ,  je   vais  m’attacher  à  faire  connoître  fes  
 maladies &   fes  diverfes qualités  , en examinant d’abord  
 les  bleds  pendans. par  racine,  &   enfuite  les  
 bleds  après la  récolte ; mais  il faut joindre  préliminairement  
 à cet article la ledure  des mots F r o m e n t   
 &  S e i g l e  ,  &  celle des autres mots auxquels je ren-  
 yoie dans  le texte. 
 Il  n’eft  pas  indifférent  pour  un  acheteur  ,  par  
 exemple, quia de grands approvifionnemens à faire  
 dans  un canton ,  d aller examiner les bleds fur plante  
 pour  en  apprécier mieux la  valeur, afin  de  fpecu-  
 ler  fur  l’efpérance  qu’il  peut fe  promettre  des  récoltes  
 prochaines. 
 Dans  nos  climats  on  voit  le  fort  des bleds  entre  
 le  1 5  mai &  le  1 5  juin. 
 La  couleur  de la faune  &   des tuyaux de bled fin  
 doit  être d’un  beau  verd  plein.  Quand  les  plantes  
 du  bled  ont un oeil  jaUne,  on eft  affuré qu’elles ne  
 produiront  pas  de beaux épis ; car cette couleur  dénote  
 un  grain  qui  a  fouffert  par  la  trop grande  rigueur  
 des  frimats,  par  trop de  féchereffe  ou  trop  
 d’humidité.  Quand le bled eft jaune-rouge, la plante  
 n’a  pas  pris  fa  nourriture  ,   &   fe  fournit  mal  en  
 grains. 
 .  Lorfque  le  pied  pouffe  beaucoup  de  tulles,  ce  
 qu’on  appelle en Bourgogne  trocher, c’eft une  marque  
 que. le  fol eft bon ,  bien  cultivé ,  &   que  la récolte  
 promet  beaucoup.  La  touffe  ou  troche  eft  
 précifement  cet  état de  la  plante  où  la  tige du  bled  
 forme  le  pied  d’oeillet ,  lorfque  plufieurs  tuyaux  
 partent de la  même tige  ou  du  même  grain  de  fe-  
 mence ;  c’eft  ce  qui  arrive  ordinairement  dans  les  
 fonds  labourés  profondément,  &   dans  lefquels  le  
 laboureur  intelligent  a  femé  plus clair, afin  de laif-  
 fer à  chaque grain de  bled l’efpace qu’il lui faut pour  
 taller  fuffifamment. C’eft ce  qu’on avoit principalement  
 en  vue  dans la  pratique  .du  femoir,  cet  instrument  
 dont  les effais annonçoientdes merveilles,  
 mais qui  n’a pu encore s’établir généralement (Voy.  
 S e m o i r   ).  Un autre  moyen  de  faire  trocher  ou  
 taller  les grains,  feroit de femer les bleds clair dès le  
 commencement de Septembre, &  de les faucher une  
 fois  ou  deux  avant  l’hiver.  J’en  ai parlé  dans  ma  
 D ijfe r ta tio n   latine f u r  les principes phyjiques de  Üagriculture  
 &   de  la  végétation. Paris, Delalain ;  Dijon,  
 Frantin. 
 Les  mauvaifes  herbes  trop  multipliées  dans  les  
 champs,  diminuent  beaucoup  le  produit des  récoltes. 
   Les  bleds qui font le plus expofés au fouffle  des  
 vents,  y  font ordinairement  Sujets.  La  quantité de  
 gerbes en eft  bien aufli  confidérable ;  mais ces bleds  
 Jouffrent  un  grand  déchet.  Les  mauvaifes  herbes  
 nuifent  encore  aux  b le d s ,  Soit  parce  qu’elles  les  
 empêchent de  groflir &  de profiter en leur dérqbant  
 la nourriture , loit parce qujelles  les étouffent en les  
 privant  de la libre circulation de l’air, ou  parce que  
 le mélange des pouffieres  des  étamines dans le tems  
 de  la  fleuraifon  (  fur-tout  de  l’yvraie  ) ,   entraîne  
 infailliblement une prompte dégénération  des b le d s ,   
 Soit  parce  que  les herbes  coupées  dans  leur  verdeur  
 avec  les  grains,  altèrent  les  bleds  par  là fermentation  
 qu’elles  occafionnent  dans  les  gerbes,  
 foit enfin parce que leurs mauvaifes  graines nuifent  
 à la  quantité  &  a  la qualité  des grains,  rendent  la  
 farine bife, le pain noir, lourd &  mal-fain.  Les mauvaifes  
 graines  qui  croiffent  avec  le  b le d ,  font,  
 i° .  l’yvraie & la  drou, petite efpece d’y  vraie ; leurs  
 femences, mêlées  dans  le  pain,  caufent  une  forte  
 d’ivreffe  &  d’éblouiffement.  a0.  Les  pois  gras,  la 
 vefce &  le vefceron  qui nuifent à la mouture en  ce  
 qu’elles empâtent  les meules,  rendent  la farine bife  
 &  amere  , &  l’empêchent  de fermenter  &  de  lever  
 promptement. 30. La nefle ou nielle bâtarde r nigella  
 arvenjis  cornuta,  Tournef.  dont  les  femences  font  
 rudes , anguleufes  &   noirâtres.  40.  Le  grand lych-  
 nis  des champs, agrojlemma, Lin.  auquel on  donne  
 mal-à-propos  le  nom  de  nefle  ou  de  belle-de-nuit. 
 59..  Le bled de vache  ou la‘rougeole ,  qui a pris  ce  
 dernier nom de la couleur de la plante &  de fa fleur,  
 appellée  en quelques endroits  queue  de renard, me-  
 lampyrum  purpurafcente  comâ ,  Tournefort.  Sa  fe-  
 mence  rend  le  pain rouge  comme  s’il étoit  trempé  
 dans  du  vin,  &   elle  eft  a u fli  groffe  que le moyen  
 bled,  ce  qui  fait  qu’on a affez  de peine  à la retirer  
 par le  crible.  6°.  La geffe à racines tubereufes qu’on  
 nomme  annotes  en  Bourgogne  ,  lathyrus  arvenjis  
 repenstuberofus, Tournef. &c. 7° .Le poireau bâtard,  
 le barbeau ou  bluet,  le  coquelicot,  la prefle, l’arrête 
 boeuf, les gramens , les  chardons &  une infinité  
 d’autres mauvaifes plantes qui  nuifent aux  bleds, 6c  
 dont il  feroit trop  long  de  rapporter  les  inconvé-  
 niens. On obferve fur-tout,  lorfque les champs font  
 chargés  de  fleurs  rouges, de èoquelicots,  de  geffe  
 &   de  pois  gras,  què la récolte fera des plus médiocres. 
  Le bluet  n’eft pas d’un fi mauvais ligne ,  parce  
 que  fa  graine  tombe toujours  avant  les  récoltes ;  
 cependant  il indique un fonds  fe c ,  aride &  mal cul-,  
 tivé. 
 Après l ’examen de. la plante  du  bled,  vient celui  
 de fon  épi.  11  y   en a  de  trois claffes ;  celui  de  la  
 première eft gros, nourri,  fortant bien de fon fourreau; 
   celui  de la deuxiemq eft  plus maigre,  &   ne  
 paroît  pas  avoir  la  force  de  fortir  du  fourreau ;  
 celui de la troifieme ne forme  qu’unépion, &  dénote  
 une  grenaifon médiocre ,   petite  en  quantité  6c  en  
 qualité.  On doit aufli regarder la  forme de l’ép i, s’il  
 eft  bien renflé,  s’il  eft roux,  jaune &  de bonne couleur. 
   On compte enfuite  les mailles ou balles dont il  
 •eft  compofé  ,  par  où  l’on  préjuge  la  quantité  de  
 grains  qu’il  doit produire.  La  fleur,  ou  plutôt  les  
 étamines  du  bled doivent  fortir ,  renflées  &   affez  
 groffes des mailles de  l’épi;  elles doivent  être  d’une  
 belle couleur de  verd-gai,  tirant fur  le blanc.  Alors  
 l’épi  graine  parfaitement ;  mais  il  faut  pour  cela  
 que le tems  de  la fleur  ne foit  ni froid  ni  pluvieux  
 pour  qu’elle  paffe  bien,  fans quoi  les  bleds  coule-  
 roient  faute  de  fécondité.  La.  coulure  arrive  en  
 effet  lorfque  les  pouffieres  des  étamines  ont  été  
 enlevées  par  les  grands  vents  ou délavées  par  les  
 pluies, ou lorfque  le  tems  froid  6c couvert  n’a pas  
 affez  de  chaleur  6c  de  force  pour faire  jouer  ces  
 pouffieres élaftiques que les rayons du foleil doivent  
 mettre  en  a&ion  pour  opérer  la  fécondation  des  
 plantes ( Voye%_ Fé c o n d a t io n ,  Suppl. ). Le germe  
 renfermé dans  les  balles  de  l’épi,  n’ayant point  été  
 fécondé, périt entièrement, ou bien avorte  6c  refte  
 petit &  fans farine. 
 Lorfque  le bled  eft prêt à mûrit,  on compte  les  
 grains  dont  un  épi  eft  chargé,  &   on  le  diftingue  
 toujours  fuivant  fes trois claffes.  Le  bled de la première  
 claffe  produit, par épi, cinquante-à  foixante  
 grains ;  celui de la deuxieme, de trente à cinquante,  
 6c celui  de  la troifieme ou l’épion,  eft  forme de dix  
 à trente grains. Il eft bien aifé alors de connoître une  
 bonne, une médiocre  ou une mauvaife année, par la  
 comparaifon du produit des années précédentes.  On  
 conçoit  aufli  que  quand  l’épi  porte  beaucoup  de  
 grains  &  de  bonne qualité,  il  eft  lourd &   pelant ;  
 alors  on voit les  épis  inclinés 6c formant le  crochet  
 par  leur  poids ,. ce  qui n’arrive  pas  quand  l’épi  eft.  
 foible  &   le  bled  maigre  &  mal nourri.  C ’eft cette  
 fituation des épis bien ou mal grenes ,  qui a fait naître  
 la belle  cqmparaifon  de M,  Rolfin,  que le fait£ 
 lavant  eft  comme  un épi  vuide,  qui porte  fa  tête  
 droite 6c  altiere,  tandis  que  le  vrai  favant  eft mo-  
 defte  comme  l’épi  chargé  de  grains,  qui  n’éleve  
 point fa tête  aù-deffus des guerets. 
 L’obfervationla plus effentielle confifte à examiner  
 s’il y  a  beaucoup  d’épis  noirs ,  ou niellés  ,  ou  fté-  
 riles  ,  ou avortés,  ou  charbonnés  ou  ergotés.  Les,  
 épis noirs &  charbonnés qui  ne produifent  rien par  
 eux-mêmes,  gâteront  encore  les autres qui-donné-'-  
 ront  apres le battage  dès-bleds  brôuinés,  chargés,  
 niellés,  mouchetés ,  charbonnés , pt'ftnts-, &c.  6c  
 dont on  ne peut faire du pain  blanc  paffable ,  qu’en  
 prenant  la  précaution  de  les  faire  laver  6c  fécher  
 avec foin: L’épi ftérile  ou  coulé  eft  plat,  léger :  il  
 ne donne que de la paille. L’épi avorté  a lès mailles  
 ouvertes,  il produit  des grains -contrefaits'^:' verdsy  
 quelquefois durs comme de  la  pierre,  d’autres fois  
 pleins  d’une  matière  blanche,  gluante  &   fétide  ;  
 l ’épi  charbonné eft blanc,   la balle alongéé eft tranf-  
 parente  ,  entr’ouverte,  &   renferme des  grains  qui  
 n’ont  que la  pellicule extérieure ; mais  dont  1 intérieur  
 eft plein , au  lieu  de  farine,  d’une poiiffiere  
 noire ,  graffe,  putride, contagieufe ;  l’épi niellé ne  
 conferve  plus  que  la cote  &   paroît avoir  été  rôti  
 au feu ;  enfin l’épi ergoté,  fournit au lieu de- grains  
 des  efpeces  d’ergots  alongés,  qu’on  peut  règarder  
 comme un véritable  poifon &   comme  la  caufe première  
 d’une  infinité de maladies.  Je  n’entrerai  point  
 ici dans  le  détail  immenfe  des  caufes  &  des  effets  
 de  toutes  ces  maladies des grains fur  pied  ;  je prie  
 feulement qu’on life les articles Charbon , Ergot  
 6c  Nie l le , Suppl. 
 Il  eft  également  important  d’obferver  comment  
 fe comporté le  tems  pendant  la  faifon de  la croif-  
 fance'du1  bled,  de  fa  maturité  &   de  fa  récolte.  
 Les brotiillards &  brouines  du  printems,  tant ceux  
 qui  s’élèvent de  terre  avec  les  vapeurs,  que  ceux  
 qui.fe  condenfent &  retombent par  des fraîcheurs  ,  
 s attachent  à  la  plante  du  bled,  en  empêchent  la  
 tranfpiration  6c  couvrent  les feuilles  6c les  tuyaux  
 d’une fubftance rouffe couleur de rouille, qui bouche  
 les  pores  de  la  plante  &  nuit  à  fon accroiffement.  
 Les  lieux  bas,  humides  &   abrités  font  plusfujets  
 que les  champs aérés à cette maladie, qu’on appelle  
 rouille.  Lorfque  les  bleds  font^ rouilles  &   fur-tout  
 lorfque  les tuyaux font attaqués , la récolte  eft d’un  
 mince  produit,  la  paille  eft noire,   mouchetée , &   
 les  animaux la  rébutent ;  cependant s’il furvient des  
 pluies affez fortes pour laver les bleds de leur rouille,  
 6c  s’ils  ont  le  tems  de  fécher  avant  la  récolte  , le  
 mal  eft moins cdnfidérable ; on fait que les Romains  
 invoquoient  la. déeffe  Rubigo ,  pour  fe  garantir  de  
 la  rouille , mais  on fait  auffi  qu’ils  prioient le  dieu  
 Crépit us , pour  les  coliques  venteufes. 
 Dans  la  faifon  de  la  maturité  le  bled mûrit bien  
 quand  il  fait  beau  &   que  l’air  eft  ferein fans  être  
 trop chaud. Le grain  prend alors,  fuivant les pays,  
 une belle couleur  jaune,  gris glacé  ou  clair perlé ,  
 c’eft-à-dire,  qu’il  a  de  l’éclat  6c une forte de tranf-  
 parence ;  il  eft  ferme  &   fec  intérieurement.  Au  
 contraire,  quand les pluies  font  fréquentes dans la  
 faifon de la maturité du grain ,il arrive deuxchofes;  
 la  première lorfque  les  pluies  font mêlées d’orages  
 accompagnées  de grands  vents ,  alors  les bleds ver-  
 fent,  prennent  peu  de  nourriture,  muriffent  inégalement  
 &   font  fujets  à  faire  des  bleds  augers &   
 fonneux, c’eft-à-dire,  dont  le  grain  étique  6c  ridé  
 n’a  prefque  que  du  fon  6c  peu  de  farine. Comme  
 il eft plus  long  que  rond, les gens du métier  difent  
 à ce  fujet  que  ce  grain s'enfile :  la  fécondé  quand  
 les  pluies  viennentyloucement 6c continuellement,  
 elles  pénètrent  peù-à-peu  dans  l’épi  &   dans  fes  
 mailles, l’eau humeâe le grain ,  le bouffit 6c le rend  
 de  la  couleur d’un gris-fale,  ce  qu’on appelle  blaf 
 terne  ;  àlôrs lé  grain eft peu ferme &   fait Une farine  
 lâche  6c molle. Si  les  pluies  continuent  trop  long*  
 tems,  les bleds germent dans l’épi,  ils pouffent leurs  
 germes  hors  des  mailles  à-peu-près  comme  Parti*  
 f î ! lt,V or iiu’i1  en  fleur,  ce  qui  fait  dire  que  
 le bled, fait l’artichaut ; cet état malheureux fait  alors  
 doubler  le  prix  du bled.  Lorfque les  bleds ont  été  
 nourris  d’humidité &   que fur  le  champ  il  furvient  
 de  grandes  chaleurs  qui  deffechent  trop  vî'.e  la  
 plante  ,  la  paille  &  le  grain  mûriffent  fans  que  
 le  grain  puiffe  fe  remplir de  farine  ,  c’eft  Ce  qu’on  
 appelle  des bleds  échaudés,  des  bleds retraits. 
 Si les bleds font récoltés fecs, ils fe perfectionnent  
 dans la  grange  ou dans  le taffement  des  gerbes. En  
 un mot  ,  il  fe  façonne  dans  fa paille  &   il acquiert  
 to u jo u r s   de là  qualité;  On  dit  fur  le  marché,  en  
 parlant  d’un bled^bien  conferve  de  cette  façon,  ce  
 bled fent  la  gerbe  6* fon frais  battu,  c’eft  un  goût  
 fin qui participe de l’odeur  douce  d’une  paille  fraîche  
 ,  &   fur laquelle le  bétail  fe  jette  avec  plaifir. 
 Au  contraire,  quand  le  bled  eft récolté humide,  
 il  faut  le  veiller avec  grand  foin,  finon  il  court  
 rifque  de fe  convertir en fumier,  il faut par confé-  
 quent  le-- battre  promptement,  le  faire  fécher  au  
 foleij,  s’il eft poffible, le bien peltrer,  c’éft-à-dirë *  
 travailler  à  la  pelle,  le  cribler  fouvent &  lé bien  
 amer au grenier ;  c’eft dans  ce  cas  de  l’humidité des  
 récoltés que l’étuvè feroit bien utile  pour  les grandes  
 communautés &  pour les particuliers  qui manquent  
 d’emplacemens  &  de  travailleurs.  Voye^  Étuves  
 &   C o n s e r v a t io n   d e s   g r a i n s . 
 Quoiqu’en  générai  les  années  humides  ne  foient  
 pas  favorables à la bonté des grains &  que  les pluies  
 foient nuifibles à leur récolte,cependant ona obfervé  
 que  les  pluies qui  tombent  quelque  tems  avant la  
 moiffon  contribue  à  faire  produire  au  bled  une  
 farine  plus  belle  &   plus  fine ,  car cette  eau  combinée  
 avec la chaleur du foleilperfeéHonne la qualité  
 du  grain. 
 II  eft encore une  autre  attention furies récoltes l  
 qui ne doit point échapper à  la  vigilance d’un acheteur. 
  Le laboureur voyant que la faifon eft humide,  
 n’ attend pas que la maturité du grain foit complette ,  
 il le hâte de  inoiffonner au premier  beau tems, dans  
 la  crainte  que les  pluies, ne  continuent &   il  ferme  
 au  plutôt ion  bled.  Il  en  réfulte  une  fermentation  
 du  grain dans  la grange  , il commence par y  rougir,  
 première  marque  de  fermentation,  alors  l’écorce  
 du  bled  eft. feulement  attaquée  ,  le  corps  du  bled  
 n’eft point  encore  vicié  ni  corrompu.  Peu-à-peu  il  
 acquieft  un  tel  degré  de corruption,  qu’il  devient  
 ce  que  les  gens du métier  appellent  coti ; dans  cet  
 état  la  farine  eft  terne  tirant  fur  le  noir  &   d’un  
 mauvais  goût.  Enfin  le  grain  fe  pourrit  au  point  
 que  la  farine  devient  couleur  de  tabac  ,  quoique  
 le grain conferve  encore  à l’extérieur une apparence  
 affez  trompeufe :  il  eft cependant  alors  totalement  
 corrompu &   hors  d’état  de  faire du pain;  les  animaux  
 ,  les  cochons même n’en veulent pas manger*- 
 § .  IV.  Des  bleds après là récolte ,  &  des  précautionS  
 qu il faut prendre pour en faire  les achati. 
 Après  avoir  examiné  les  bleds  fur  plante  &  fut  
 terre ,  fuivons ce  qu’ils deviennent après la récolte.  
 Les  bleds s’achetent^dans les granges  des laboureurs  
 &  des propriétaires; zVdans les greniers &  dans les  
 maifons  des particuliers ;  3«.  dans  les marchés pu*  
 blics.  Ainfi  un acheteur intelligent  doit  favoir  cou*  
 noître  le  grain  dans les  différens  lieux  où  fes intérêts  
 ,  fes  befoins  &  la  convenance  du  moment  le  
 déterminent  à  faire fes  achats. 
 Dans  les granges le laboureur a fon  bled en gerbe  
 &   te  grain eft  encore  dans  l’épi;  dans les grenier*