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 de  Farriere,  &   en  garder la note  afin  de  s’eh tenir  
 à  ce  même  tirant  d’eau,  il  lé  vaiffeaü  s’eft  bien  
 comporté  à  la mer,  ou  de  le  changer  fi  l’on juge  
 'qu’il ètoit défavantag'ëux." Au  retour de  la campagne  
 on  doit  communiquet  cette  note  avec  toutes les  
 autres remarques faites'fut le vaiffeaü,  afin'què ceux  
 qui  iront  erifuite  deffus à la mer  puiffent  en profiter  
 :  c’eft  au  contrôle  du  port  que  l’on  fait ce dépôt: 
  Le  leff  arrangé,  on  travaillé  à J  arrimage  des  
 futailles ;  on fe  réglé pour la  quantité  que 1 on doit  
 en  prendre,  fu r ie   nombre  d’hommes  d’eqmpage  
 que  l’on  a ,  fur  les  traverses  qu’on a  à  faire,  &   
 fur ce que  là cale  peut contenir.  L’ordonnance fixe,  
 dans  lés  vaiffeaux  de  guerre,.à  une  barrique &   un  
 quart  d’eau  par  jour  la  provifion  néceffaire  a  cent  
 hommes ; &   tout  vaiffeaü  qui  fait  un  voyage  de  
 long  cours,  prend  au  moins les futailles  neceffairés  
 pour  foixante-dix  jours  d’eau.  Il  eft effentièl  dans  
 la façon de  faire fon  arrimage ,  de  le  rendre  folide,  
 &  de  bien ménager le terrein  : pour remplir ce dernier  
 objet  ,  on  mefitre  la  cale  avec  exaftitude en  
 tous  fens ,  depuis  la 'cloifon de  la foffé  aux cables,  
 oh  on  doit  commencer à  mettre  les  futailles,  juf-  
 qu’à  la  cloifon  de  la  fôuté  aux  poudres ;  &   comparant  
 fes  proportions  avec  celles  dés  futailles, on  
 fe  détermine  au  choix  &   à l’arrangement  que  l’on  
 juge  les  plus avantageux.  C ’eft auffi fur cet examen  
 que l’on pofe une  cloifon  dont  l’ufage  eft de  feparer  
 l’eau  du  v in ,  &  qui  forme deux  cales,  dont celle  
 de l’arriere ,  deftinée  pour le  v in ,  eft fans  communication  
 avec  la  grande cale  ou  cale  à 1 eau.  Cette  
 cloifon  s’appuie  ordinairement fur  l’avant  du faux-  
 bau , qui eft le plus  près en  arriéré  de la  cloifon  de  
 l ’archi-pompe qui fait  face à  l’avant du vaiffeaü : cependant  
 ce qui doit fervir de réglé, c’éft de la  placer  
 de  forte  qu’on ne  perde  point de  place  ,  &  qu il ne  
 refte  point  un  vuide  inutile  entre  lé  dernier  rang,  
 de  futailles  &   là  cloifon. 
 On  embarque  les  futailles  à  l’eau  vuides  ,  &   
 on  les  defcend  dans  la  cale  avec  les  palans  d’étai  
 &   le  bredindin.  La  longuéur  des  futailles  fe  met  
 dans lè  fens de  la  longueur du vaiffeaü ; &  on commence  
 à placer celles qui doivent toucher  la  cloifon  
 delà  foffe  aux  cables.  La  largeur  du  vaiffeaü,'à  
 cet  endroit,  détermine  fi  le  nombre  dés  futailles  
 qui  doivent  former  cè  premier  rang,  eft  pair ou  
 impair;  s’il  eft  pair,  c’eft  l’entre-deux  de  deux  
 pièces  qui  répond  au  milieu  du  vaiffeaü  ;. s il^ eft  
 impair  ,  on pofe la premierè piece  au milieu même  
 du  vaiffeaü  ,  &   on  met  les  autres  à  droite  &   
 à  gauche  jufqu’à  toucher  les  deux  côtés.  On  met  
 des  pièces  plus  petites  aux  extrémités  du  rang,  
 fi  le  vaiffeaü  trop  étroit  ne  pèrmettoit  pas  d’en  
 mettre  de même  groffèur,  cfu  fi  les  façons  ele-  
 voient  lès  deux  demieres  futailles  plus que les autres. 
   Toutes  ces  futailles  doivent  être  enfoncées  
 dans  le  left  de  quelques  pouces  de  profondeur,  
 afin  qu’elles  foient  mieux  affujetties  ;  &   on  braie  
 cette partie  pour  qu’elle  ne participe  point a  l’humidité: 
  du  leu  :  on  appelle cela lés engraver. Il faut  
 que le trou de là bonde foit bien au-deffus ; que chaque  
 piece né fôit pas  plus  élevée  de  l’avant  que de  
 l’arriere  ; qu’aucune  d’elles  ne fe dépaffe  ni  en hauteur  
 ni  par  les  bouts,  &   que  toutes  fe  touchent  
 par  le  ventre  fans  céffer d’avoir  leur longueur pa-  
 ralelle  à la longueur du  vaiffeaü. On les  place daps  
 cette fituation à l’aide de deux bouts de corde , paffés  
 fous  la  futaille  en  avant  &   en  arriéré,  avec  lesquels  
 on  peut  la  fôulever,  &   retirer  ou avàncer  
 le  left  qui  eft  deffous ;  puis  on  s’affure  qu’elles  
 l’ont acquife  avec la  réglé  &  le  niveau.  A  mefure  
 que  chaque  piece  eft  en  place  ,  on  l’appuie  avec  
 des  cailloux  du  left  ,  jufqu’à  ce  que  le  premier  
 rang étant  fini,  on  vifite  de  nouveau  fi toutes les 
 pièces  font  bien  d-aris la  fitüàtron  où  elles  doivent’  
 être.  Alors  on  met  entre  chaque  futaille,  tant  
 par-defloiis que par-defl’us , dé  petits rondins de bois  
 ou  des bûches  fendues  &   taillées  exprès, qui rem-  
 rilifleüt exactement le vuide ôccâfiônrié par leur  ron*  
 deur  ou  bougé.  Ce  bois  porté  le  nom  de'  bois  
 d'arrimage  :  il  eft  uniquement  déftiné  à  ce  a  ;  on  
 le  çhoifit  droit,  &  on lui  donne peu  de loriguëür ,  
 parce qu’il en eft plus commodeôc plus propre à  remplir  
 fon  objet. Entre la derniere piece  &  le  côté du  
 vaiffeaü, il faut mettre  le  plus de boisque l’on peut,  
 pour bien affermir toutesles futailles, &  leur ôter tout  
 moyen  d’acquérir du jeu  par les  roulis  du  vaiffeaü* 
 Quelques  perfonriés veulent  laifler  un pouce ou  
 deux  d’intervalle  entre  les  futailles  ,  de  crainte  
 qu’élles  ne  s’écrafent  dans  le  roulis  ;  &   ils  rie  les  
 affermiffent  que  par  les  bois  qu’ils  mettent  entre  
 deux  :  mais  cette  méthode  paroît mauvaife.  Ori  
 perd  du  terrein,  &   les  pièces  au  contraire  fem-  
 blent  moins  bien  affujetties ;  car  fi  le bois  ri’eft pas  
 mis  avec  force  eritr’elles,  elles  peuvent  acquérir  
 du  jeu  ;  aiqrs  elles  fe  choquërorit  &   courront  
 bien  plus  de  rifqueque  fi  elles  fe  tou choient. 
 Le  premier  rang  fini  ,  on  en  fait  un  fécond.  
 Quelquès-uns  veulent  que  les  piecés  du  fécond  
 rang  corréfporidént  à  célles  du  premier;  d’autres  
 veulent  que  le  centre  de  chaque'  piece  réponde  à  
 l’entre-deux  des  pièces  dû  premier  rang :  la  première  
 méthode  eft  plus  généraleirient  fuivie ;  cependant  
 l’on  doit fuivre celle  qui  procurera le  plus  
 de  place ; &   l’on doit pour  cela  cOnfulter à chaquè  
 rang  la  largeur du  vaiffeaü  qui  varié.  On continue:  
 ainfi  à  faire  des  rangs  toujours  avec  les  mêmes  
 précautions  que l’on  a  employées pour le premier ,   
 jufqu’à  la  cloifon  qui fépare  les  deux  cales.  Quelquefois  
 on eft  obligé  de placer les futailles d’auprès  
 de  l’archi-pompe  dans  un fens contraire  â celui  des  
 autres  futailles,  c’eft-à-dire,  de  les placer  perpendiculairement  
 à la, longueur du vaiffeaü : on appelle  
 cette  façon-là,  dans  quelques  endroits,  mettre  les  
 pièces  en  Breton. 
 La  fomriie  de  tous  ces  rangs  s’appelle plan  : &   
 le  plan  dont  ori  vient  de  fuivre  lé  détail,  Ou  le  
 moins  élevé  qui porte  direftement fur lé left, s’appelle  
 premier plan.  Les  futailles  qui  compofent  le  
 premier  plàn  ,  font  ordinairement  dans  les  gros  
 vaiffeaux  des  pièces  de  quatre ;  dans  les  frégates  
 des  piecés  de trois  &   dans  lés corvettés  des pièces  
 de  deux :  cette  réglé  n’eft  cependant  point  inva-,  
 riable. 
 Il  y   a  eu  des  bâtiiriens  dans  lefquels  ,  par  un  
 défaut de  conftruftion,  on ne pôûvoit  point mettre  
 de  left  de  l’àvant  ou  de  l’arriere  ;  alors  On  met  
 des fagots au fond du vaiffeaü, fur lefqüels on arrime  
 les  futailles  ,  parce  quelles ne feroient jamais auffi  
 fiables  ,  fi  elles  portaient  fur le  vaigrage  même.  
 Quelquefois auffi, lorfqu’on craint moins de charger  
 le  bâtiment  fur  l’avant  que  fur  l’arriéré  ,  on commence  
 l’arrimage  par  l’arriere ,  parce  qri’ en plaçant  
 les  futailles,  on  pouffe  toujours  un  peu  dé  left  
 vers  lé  côté  oppofé  à  celui  par  lequel  on  commence  
 à  arrimer.  Une  attention  plus  importante  
 ëft  de  favoir  quelquefois  fe  paffer  de  foffe  aux  
 câbles,  &   de commencer  l’arrimage  dès  lâ cloifon  
 de  la  foffe  aux  lioris ;  dans  ce  cas,  on met  les  cables  
 fur  un  faux-pont  qui  porté  fur i lés  faux-  
 baux.  Cette  méthode n’eft  point toutefois  exempte  
 d’inconvéniens  ; &   il  en  réfulte que  les  cables font  
 plus difficiles  à manier ,  &  qu’ils  fontfujets  à  être  
 gâtés  par  l’eau,  que  l’on  eft  dans  la  néceffité  de  
 prendre  &   de  mettre  dans  la  cale,  &   dorit  il  eft  
 prefque  impoffible de  garantir  les  cables.  On peut  
 gagner  auffi  du  terrein  en  engravant  les  futailles  
 jufqu’à la bonde ;  il faut  alors  avoir l’attention  de 
 la  brayer  entièrement ,  pour les préferver de  fhu-  
 miditédu  left.  . 
 Le  premier  plan.étant  fait  ,  on  remplit  les  futailles  
 d'eau  ;   on  n’attend  même  point  ^ toujours  
 pour  cela, que  le  plan  entier  foit  fini.  O n fe fe r t ,  
 pour  remplir  les  futailles,  d’une manche quelquefois  
 de  cuir  ,  mais  plus  ordinairement  de  toile  
 fouteniie  par  les  quatre  coins  à  deux  barres,  de  
 cabeftan,  rnifes  en  travers  du  panneau  du  milieu  
 fur  le  fécond  pont.  La  manche  defcend  dans  la  
 cale  par'  le  grand  panneau  ;  &.  un  matelot  en  
 introduit  le  bout  confécutivement  dans  chaque  
 futaille.  On  foutient  la manche  avec  des  planches  
 dans  les endroits; où elle  s’appuie, afin de lui donner  
 une  dire été  plus  droitè  ,  qui  facilite  à  l’eau  «je  
 couler,  &   l’empêcher de fe  crever  fur les inégalités  
 dubois  & arrimage. On a foin  encore  de mettre  une  
 manne  à  l’embouchure  de  la  manche ,  pour  qu’il  
 n’y   tombe  aucune  ordure.  L’eau  eft  apportée  à  
 bord  dans  des bariques que  l’on biffe  dans  le  vaif-  
 feau  avec  les  palans  d’étai ; on appuie  ces. bariques  
 fur  les  deux  barres  de  cabeftan,  qui  fôutiennent  
 la  manche,  &   on  les  vuide  ainfi  directement dans  
 la  manche.  La  pofition du  palan d’étai,  perpendiculaire  
 au  grand : panneau  ,  appelle  les  bariques  
 'que  l’on  hiffe  à cette même  direction ;  &   elles  s’y  
 reridroient avec une vivacité dangereufe, dès qu’elles  
 viennent  à  parer  le  bord  &   à  pouvoir  s’échapper  
 au-deffus  du  paffe-avant,  fi  l’on  n’y   remédioit par  
 le moyen d’un  cordage  que l’on  appelle trape,  que  
 l’on  amarre  de  derrière  aux  grands  haubans  ou  à  
 quelque taquet, &  qui fe rend fur le gaillard d’avant,  
 où  un  matelot  le  retient  après  lui  avoir fait  faire  
 un tour  ou  deux  fur  un  taquet ou  jambe-de-chien.  
 Ce  cordage  retient  la barique ;  &   elle  ne  peut  fe  
 ■ rendre  à  fon  appel qu’à mefure que  l’on  fille  de  la  
 trape..Cette  façon  d’embarquer  l’eau  eft  la  plus  
 iifitée,  quoique là  plus  pénible  &   la  plus  longue  ;  
 parce qu’on ne peut  s’en procurer de  plus commode  
 dans  la  plupart  des  ports.  Lorfqu’on  le  peut,  on  
 fe  fert  de  citernes  flottantes,  qui  contiennent  depuis  
 30 jufqu’à  50 tonneaux  d’eau  :  elles  accoftent  
 le vaiffeaü ;  &   par  le moyen des. pompes  afpirantes  
 &   foulantes  dont  elles'font munies,  on  fait paffer  
 l’eau  dans  les  futailles.  Quelquefois  le  vaiffeaü va  
 s’amarrer  auprès  d’une  fontaine  ;  &   on  fait  venir  
 l’eau  à  bord  à  l’aide  d’une  manche  amarrée  fur  
 le   tuyau  de  la fontaine  :  ce  dernier moyen fur-tout  
 eft  extrêmement  avantageux,  parce  qu’il,  eft  très-  
 expéditif , &  ne  donne nulle  peine. Auffi-tôt qu’une  
 piecé  eft  pleine,  on cloue  par-deffus  la  bonde  un '  
 morceau  de toile  à  voile pour tenir  lieu de tampon.  
 Avant  de  travailler  au  fécond  plan ,  on  vifite fi les  
 pièces  du  premier n’ont  point coulé ,  pour y  remédier  
 ou les changer. 
 Ce  premier  plan  fait  ,  on  travaille  à  faire  le  
 fécond , c’efLà-dire,  à  placer  d’autres futailles  par-  
 deffus  celles  qui  portent  fur  le  left.  Quelquefois  
 les pièces du  fécond plan font  auffi grofïes que celles  
 du premier, quelquefois elles font plus petites :  cela  
 dépend de la  hauteur  de  la  cale  &   de  la  quantité  
 d’eau  qu’il  faut  embarquer.  En  général  plus les  
 pièces  font  groffes  ,  &   moins  on  perd  de  place.  
 On commence le fécond plan par l’avant ; &  on pofe  
 les  pièces  ou  direêlement  fur  la  bonde  de  .celles  
 du  premier  plan ou  bien dans  l’entre-deux  des pièces  
 , fuivant  le  terrein qu’il  faut  toujours  ménager.  
 On  obferve  d’ailleurs  pour  ce fécond  plan exactement  
 les mêmes  .précautions que  poiir le  premier;  
 &   c’eft  avec  le  bois  Ü arrimage  qu’on  les  appuie  
 &   qu’on  leur  donne  la  fitiiation  qui  convient.  Si  
 ce  fécond plan ne fuffit pas , on en fait un troifieme. 
 Les  futailles  pour, le  vin  s’arriment  dans  la  cale  
 au vin de la même maniéré  que  l’on a arrimé celles 
 qui  contiennent  l’eau. Ori  les  engrave  dans  le left,  
 ou  on  répand  au  fond, de  la  cale  des  fagots  fur  
 lefquels  elles portent  :  on  les  accore  avec du bois  
 d’arrimage, &  on  leur donne  la même, fituation horizontale  
 ,  &c.  Pour  les  remplir,  on  fe  fert  d’une  
 manche  de  cuir  ,  placée  au-deffus  du  panneau  de  
 la  cale  aux  vivres,  comme  on  a  plaçç  celle  de  
 ' l’eau  au-deffus  du  grand  panneau. On  hiffe  à  bord  
 les  bariques  de  vin que  l’on  a prifes aux magafins,  
 &   on les  vuide  dans  la  manche , dont  le bout  defcend  
 dans la  cale,  &  eft  introduit confécutivement  
 dans  chaque  futaille.  On  l’appuie  fur  des  planches  
 pour  qu’elle ne fe  creve  point  fur  les inégalités du  
 bois Üarrimage  ;  &   on  place  des  gens  sûrs à l’embouchure  
 de  la  manche,  dans  l’entre-pont  par où  
 elle  ■‘paffe  ,  &   dans  la  cale  pour  empêcher  qu’on  
 ne prenne du vin , ou que quelqu’un ne perce la manche, 
  &   avertir  fi  elle  couloit.  Un  officier  infpeéle  
 toujours  ce travail.  Pour ne  point  répandre  de  vin  
 en  changeant la manche d’une  futaille  à  l’autre  , on  
 met un trévire  au  bout  de  la  manche pour la mieux  
 ferrer  qu’avec  la  main  :  ce  trévire  eft  une  corde  
 qui  entoure  la  manche  par  le  moyen  de  laquelle  
 on peut  la ferrer en tordant cette  cordé avec  force,  
 à  l’aide d’un morceau de bois.  On bouche les pièces  
 auffi-tôt  qu’elles  font  pleines  avec  un  tampon  de  
 liege,‘  &   on  cloue  par-deffus  une  plaque  de  fer-  
 blanc.  Cette  façon  d’embarquer  le  vin  eft  fujette  
 à  Féventer ;  àuffi  lorfqu’on  n’eft  point  trop  preffé  
 dans  fon armement,  on defcend  les  bariques de vin  
 dans  la  cale , &   on les  vuide dans  les  futailles déjà  
 arrimées, par le moyen d’un  grand  entonnoir ; mais  
 cette  méthode  eft  beaucoup  plus  lent,e. On ne peut  
 guqre cependant fie  difpenfer  de  s’en fervir, lorfque  
 le  vin  eft  fufpeét  ou  a peu  de  corps,. Si l’on embarr  
 que de  l’eau-de-vie  pour.la boiffon  de  l’équipage,  
 on  né  la  fait  jamais  paffer  par  la  manche,  mais  
 ôn emploie  ce  dernier moyen.  Il eft  plus  convenable  
 encore de  ne  point du  tout  la  tranfvafer, mais  
 d’en  arrimer,  les  pièces  pleines  &   telles  qu’elles  
 viennent  des  vivres : il  faut  pour  cela  que  les  futailles  
 foient  bonnes  &   bien  cerclées.  Lorfqu’un  
 •premier  plan  de  vin  ne  fuffit  pas,  on  en  fait  un  
 fécond ;  mais  toujours  deux  fuffifent. 
 ■  C’eft  dans la  cale-au-vin que  l’on  place les quarts  
 de  farine,  les  quarts  de  viande ,  les  bariques  de  
 fromage,  celles  de  morue  , &   enfin  tous les vivres  
 de  l’équipage,  aux  légumes  &   àu  pain  près,  qui  
 ont  des  foutes  particulières.  On arrange  le tout le  
 plus  convenablement  qu’il  eft  poffible,  pour  que  
 les  chofes  ne  fe  gênent  point  les unes  les  autres,  
 lorfqu’on  veut  s’en  fervir  &  les confommer ,  pour  
 ,  ménager la place,  &  pour que  tout foit folidement  
 établi.  La  cale-au-vin  ne  s’étend pas  toujours  jufqu’à  
 la  cloifon  de  la  foute  aux  poudres  :  ordinairement  
 même ,  on  fait  un retranchement  que  l’on  
 appelle  cave -du- capitaine,  formé  par  une  cloifon  
 mife  en  'avant de  la foute aux poudres,  &  qui  termine  
 la  cale-au-vin.  Son  nom  feul  défigné  affez  
 quel  eft fon  ufage  :  elle  fert  auffi  au  capitaine  à  
 ferrer  grand nombre  de  provifions qui  lui  font  né-  
 '  ceffaires pour  fa  table.  La  cave  du  capitaine  n’eft  
 cependant pas  toujours  fituée  en cet endroit ; quelquefois  
 on  la  fait-entre  la  ,cale  à  l’eau  &   celle au  
 vin  des  deux  côtés  de  l’archi-pompe.  Lorfque  les  
 quarts  de  farine  &   de  lard  ne  peuvent  pas  tous  
 tenir  dans  la  cale  au  vin  ,  on  en  place  dans  la  
 cale  à  l’eau, &  on, a foin alors de confommer ceux-  
 ci  les  premiers. 
 ’ Dans  Y arrimage de  la grande, cale ,  on  doit avoir  
 attention  de  réferver  une  place  pour  pouvoir  y   
 faire  un  «échaffaud  ,  en  cas  de  combat  ,  pour  les  
 malades  &  les  bleffés.  C ’eft  encore  dans  la grande  
 cale  ,  au-deffus  du  troifieme  plan  &   en  avant  à