
 
        
         
		ordures  des  autres  enfans;  elles  {ont  entourées  de  
 tnares remplies  d’eau croupiflante ou de fumier : les  
 enfans  relient  continuellement  dans  ces  pièces  ,  
 lorfqu’ils ne marchent pas feuls, &  ils marchent tard;  
 enforte qu’au lieu d’être au bon air de la campagne ;  
 ils font dans la puanteur.  Lorfqu’on approche de ces  '  
 enfans,  on  fent une odeur aigre qui prend au nez. 
 Les  meilleures nourrices,  celles  qui  ont  le  plus  
 de foin des enfans, pechent par ignorance. Plus elles  
 aiment les  enfans,  plus elles  les rendent frileux,  
 parce  qu’ elles  ont peur  qu’ils  n’aient  froid,  même  
 en  été:  elles les  affomment  de  hardes,  de couvertures, 
  &  les affoibliffent. Le peu de précautions que  
 les nourrices négligentes prennent pour  garantir  les  
 enfans  du  froid,  eft  juftement  ce  qui  les  dédommage  
 en  partie  du mauvais  foin  qu’elles ont d’eux.  
 D e   quelque  côté  qu’on  fe  tourne  ,  on  ne  trouve  
 qu’inconvéniens lorfqu’on  s’écarte  de  la nature,  &   
 qu’on fait paffer  à un  enfant,  dans des mains  étrangères, 
   le  tems qu’il  eft  effentiel  qu’il paffè  auprès  
 de fa mère. 
 Un  enfant une fois parvenu à l’âge  de  deux ans,  
 s’ il eft fort,  pourroit abfolument fe  paffer des foins  
 de la mere :  il parle,  il marche  feu l,  il a des dents ;  
 qu’il reçoive du pain  de  celui-ci  ou de  celui - là ,  il  
 lui fera le même  bien: mais  avant  cet âge,  il  n’y   a  
 que  la  tendreffe  &   les  attentions  inquiétés  de  la  
 mere  qui  puiffent  fuffire  à  tous fes befoins.  Plus  il  
 eft jeune ,  &   plus il  faut qu’il foit près d’elle. 
 C ’eft  une  erreur de s’imaginer qu’on fuppléera  à  
 ces devoirs à force d’argent,  &  qu’on  fe  fera  aimer  
 des enfans  au même  degré  que fi  on les avoit  nourris. 
   En  leur  faifant  oublier  la  nourrice, on  leur a  
 donné la première  leçon d’indifférence  &   d’ingratitude. 
   La féparation  de la nourrice caufe  à  ceux  qui  
 font fenfibles, un chagrin  cruel qui nuit  à leur fanté.  
 Ils  s’attachent  enfuite  à  la  première  perfonné  qui  
 s’empare  d’eux  en  quittant  la  nourrice :  ordinairement  
 c’eft à la bonne ; &  la politeffe eft pour la mere.  
 Ceux  qui  ne  changent  point de mere ,  confervent  
 leur attachement pour  elle  toute  leur v ie ,  à moins  
 que  par  la  fuite  elle  n’ait  avec  eux  une  conduite  
 mal  entendue.  (G.) 
 ALLAN TO ÏDE, f.  f.  (  Anatomie  comparée.  Zoologie.') 
   Il nous  a paru néceflaire de travailler -à- neuf  
 cet article. 
 La membrane  dont  nous  parlons  fe  trouve dans  
 les quadrupèdes, fans  que nous  en  connoiffions qui  
 en  foïent privés.  Dans  toutes  les  efpeceS qui nous  
 font connues,   nous  voyons - un  canal  très-confidé-  
 rable, connu des anciens fous le nom d'ouraque , qui  
 fort  du  haut de  la  voûte  de  la veflie urinaire,  qui  
 monte devant le péritoine, fe rend au nombril, entre  
 dans le cordon ombilical ,&  en parcourt toute la longueur. 
   Ce  canal  s’ouvre  dans un  fac  membraneux  
 q u i,  dans les animaux à cornes,  fe partage en  deux  
 cornes lui-même,  &  devient d’un  volume  extraordinaire  
 dans la vache.  C’eft  la  première  partie  que  
 nous ayons  pu  découvrir dans  le  foetus de  la brebis  
 vers le dix-huitieme  jour après la conception.  C’eft  
 elle  qui détermine  la  figure  de  la  valife  d’Harvey,  
 qui tient lieu  de  l’oeuf dans les quadrupèdes.  On la  
 trouve  également  dans  les-  animaux  qui  ruminent  
 &  dans les carnivores : le  dauphin même,  qui eft de  
 la claffe des cetacées,  a fon allantoïde.  On veut cependant  
 que  la  cavale  manque  à?allantoïde ;  d’autres  
 fe  contentent  d’obferver  qu’elle  eft  incom-  
 plette dans cet animal,  &  que l’amnios achevé  de  la  
 former. 
 .  L’ouraque ouvre une communication entièrement  
 libre  entre  la  veflie  &   la  cavité  de  la  membrane  
 allantoïde ;  auflî  cette  derniere  membrane  eft-elle  
 remplie  d’une  liqueur  entièrement  femblable  à  l’u-  
 tine par la couleur, l’odeur &  par le goût,  Elle n’eft 
 donc  pas inutile : elle  eft  le  réfervoir de l’urine  que  
 l’animal  ne rend  pas par l ’uretre, tant qu’il eft renfermé  
 dans le ventre de fa mere. 
 Dans l’homme ,   la  ftrutture  eft  tout-à-fait  différente. 
   Il  y   a  bien  un  canal  qui fort  du  haut  de  la  
 veflie ,  &   qui,  contenu  dans  une  gaine, cellulaire,  
 empruntée  des  fibres longitudinales  de  la  veflie,  fe  
 rend  au nombril.  Ce  canal eft creux  dans  l’homme  
 même ;  il n’admet pas  le  fouffle  ou le mercure, tant  
 que tout eft dans l’état naturel ; un pli qu’il fait entre  
 les membranes même de la veflie,  empêche  l’air &c  
 le mercure d’y  entrer. 
 Mais quand on a  enlevé cette  gaine  cellulaire, le  
 canal fe  redreffe , le canal y  entre,  &  on y  introduit  
 une foie avec facilité.. Le commencement en eft affez  
 large, mais il s’amincit contre  le nombril, &  devient  
 cylindrique.  On  peut  le  continuer  dans le,cordon,  
 mais  il  n’en  refte  aucun  veftige  à  l’extrémité  dit  
 cordon  qui  répond  au  placenta.  On  ne  trouve plus  
 de  cavité  dès  que  l’ouraque  a  paffé  le  nombril; il  
 fait  encore un chemin  d’un ou de deux pouces, &  fe  
 perd enfuite  dans les  tuniques  des arteres ombilicales. 
   Voilà  ce  que  nous  avons  vu  fouvent  &   avec  
 conviâion.  On a plufieurs exemples dans lefquels la  
 cavité  de  l’ouraque  s’eft  confervée  dans  l’homme  
 adulte. 
 .11 eft vrai  qu’on voit  affez fouvent. à  la racine  du  
 cordon, entre l’amnios &  la membrane  lifle du  cho-  
 rion , dans des  foetus  au- deffous  de  trois mois ,  un-  
 petit corps qui  paroît femblable à une veflie.  Il fort  
 de  ce corps un filet, qu’on peut continuer dans toute  
 là longueur du  cordon,  &   qui  fe  perd  dans le mé-  
 fentere  du  foetus.'  Plùfiéurs  anatomiftes  moderne»  
 ont vu  ce  petit  corps  non pas dans  tous  les  foetus ,.  
 mais affez fréquemment :  aucun d’eux cependant n’a  
 cru voir  une membrane  allantoïde,  ni Un ouraque  
 ils  ont  fenti  que  cette  membrane  devroit  devenir  
 plus confidérable avec le  foetus,  &   que  cependant  
 eux-mêmes n’avoient jamais pu apperce.voir dans un-  
 foetus plus avancé,  ni la petite veflie  entre  l’amnios  
 &   le  chorion,  ni l’ouraque dans  le cordon:  un feul  
 auteur (c’eft le D. Richard Haie) a vu dans l’arriere-  
 faix  de  deux jumeaux ,  une  cavité  membraneufe  
 très-confidérable -,  avec un ouraque aufli ample que  
 celui des brutes. Ce  fait unique eft fingiilier. M. Haie  
 donne  à  l’ouraque  un  volume très-fupérieur  à tout  
 ce que nous  avons jamais vu dans l’homme,  &  nous  
 avons été tentés quelquefois de  croire qu’il avoit vu  
 l’amnios du fécond des jumeaux.  Pour le  filet  d’Al-  
 binus, il  paroît être  lé. vaiffeau  omphalo-méfentéri-  
 que,  conftamment  trouvé  dans les  chiens &   dans  
 les poulets,  &   que  nous  avons  vu  &  injeélé  dans  
 des  foetus  humains.  , 
 Comme l’ouraque humain ne paffe pas le cordon ,'  
 nous ne croyons pas qu’il y  ait dans l’efpece humaine  
 une membrane  qui  réponde  à  l’allantoïde  des  animaux. 
   Ce réfervoir feroit bien  inutile,  puifque  l’urine  
 du  foetus  ne  pourroit  également  pas  y   être,  
 verfée. 
 Prefque  tous  les  anatomiftes  modernes  s’accordent  
 à  rejetter  l'allantoïde humaine.  Les  eaux ,  que  
 bien  des  femmes  perdent  avant  leur  délivrance ,   
 ne doivent  pas être prifes pour la liqueur de \allantoïde  
 :  elles  peuvent  venir  de l’utérus  même, dont  
 l’hydropifie n’a pas été inconnue à Hippocrate : elles  
 ont pu  fe ramaffer entre  la membrane  moyenne &   
 l’amnios.  §  ;  1 
 La  membrane  moyenne  eft  la  bafe  du chorion.  
 Nous, en parlerons dans cet article.  Elle eft attachée  
 par une cellulofité  à  l’amnios ;  il  peut  s’amafler  de  
 l’eau  dans  cette  cellulofité  ,  mais  il  n’y   a point de  
 cavité  naturelle  ,  ni  de  communication  avec l’ou-  
 ràque.  • 
 L’utérus  de  la  femme  différé  beaucoup  de  celui 
 des 
 des quadrupèdes ; pourquoi le refte  des  parties  dè-  
 ftinées au fervice du foetus  n’auroient-elles pas  aufli  
 une ftruélure  différente  de  celle  des bêtes P .L’oura-  
 qué ne  pourroit  peut-être  pas  fètvir  de  canal  dans  
 l’homme,  s’il avoit  à  fuivre la longueur du  cordon  
 &  fes tours.  Il eft court &  ample dans  les  bêtes, 
 Mais  de  quelle  maniéré  la   nature  fupplée-t-ellë  
 dans l’efpece humaine,  à  l’utilité évidente  que  Y allantoïde  
 a dans  les bêtes ? L’urine  du  foetus  humain  
 n’a-t-elle  pas  également  befoin d’un  réfervoir ? o u ,  
 s’il.s’en fépare moins , ce qui paroît être prouvé par  
 les diffeclions, qu’y  a-t-il  dans  le  foetus humain  qui  
 pïiiffe  empêcher les reins  de féparer la même quantité  
 d’urine ? Nous ne connoiffons  pas encore de  ré-  
 ponfe folideà  cette queftion. La grandeur fupérieurè  
 tle la tête humaine y  pourroit contribuer ;  la portion  
 de fang qu’exigent les branches afcendantes du foetus  
 humain,  pourroit enlever aux  branches  inférieures  
 une grande partie  de  leur  fang,  &   diminuer les  fé-  
 crétions  dont ces  branches  font la  fourpé.  Dans  les  
 animaux,  la  tête  eft  beaucoup  moins  grande;  &   
 peut-être l’urine du foetus humain fe verfe-t-elle dans  
 la  cavité  du  cordon  même,  &   dans  la  cellulofité  
 abreuvée de  liqueur,  qui  enveloppe  les  vâiffeaux/  
 ombilicaux.  Cette  cavité  eft  plus  longue  de  beaucoup  
 dans l’homme.  (.H D .  G.) 
 ALLEGER, v. a. (Marine.) c’eft détruire ou  diminuer  
 le frottement  qui  retient  une  chofe,  en  la  dégageant  
 des  poids  qui  l’embarraffent.  On  emploie  
 affez  fouvent, en  ce  fens  ,  le verbe alléger à l’impératif  
 ;  &   on  dit  :  allégé  le  cable ;  allégé  le  grelin ;  
 allégé le  tournevire. 
 Alléger ,  rendre  plus  lege  ,  plus  léger.  On  a  
 quelquefois  befoin d’alléger les  vaiffeaux,  foit  pour  
 entrer  dans  une  riviere  ou  dans- 'un  port  oii  il  ÿ  a  
 peu  d’eau,  foit  pour  remettre  à  flot  celui  qui  s’eft  
 échoué.  Dans  le  premier  ca s,  on  fe  fert  de  bâti—  
 mens  dans  lefquels  on  verfe  &   on  décharge  une  
 partie  des  denrées  &   des  effets.  Dans  certains  endroits  
 où  le  local  rend  cet  ufage  confiant  ou  du  
 moins fréquent, il y  en a de particuliérement deftinés  
 pour  cela, qui tirent quelquefois leur dénomination  
 de leur ufage ,  &  que  l’on nomme  pour cela allégés.  
 Ces bâtimens ont  diverfes  formes  fuivant les  différeras  
 pays  ;  à  Rochefort  on  les  nomme  des chutes.  
 Dans le  fécond cas ,  c’eft-à  dire  en  cas  d’échouage,  
 on  eft  fouvent  forcé  de  jetter  les  poids  à  la  mer,  
 &   d’autant  plus promptement  que  la mer  eft  plus  
 agitée ,  &  que  le  bâtiment a plus de maffe. On jette  
 alors  les premiers  objets  qui  fe  préfentent :  cependant  
 toutes chofes d’ailleurs égales , il y  a un choix à  
 faire déterminé par les circonftances &  par la pofition.  
 Un  vaiffeau  qui  en  a  le  tems,  &   qui  eft  à  portée  
 de  renouveller fon  eau,  fait bien  de  s’en  décharger  
 par  préférence,  parce  que  la  réparation  en  eft de  
 peu  de  dépenfe.  Les  canons font  fans  doute  en pareil  
 cas  le  poids  le  plus  nuifible,  le  plus  confidérable  
 ,  &   dont la  défaite  allégeroit  le  plus  promptement  
 ;  on  fent  cependant  qu’il  faut  combiner- le  
 rifque  ou le danger du  vaiffeau avec leur valeur,  la  
 difficulté ou l’impoffibilité de les retirer de l’eau, &c.  
 Le vaiffeau tire plus d’eau de l’arriere que de l’avant,  
 &  on  ne doit pas  perdre  cela de vue  en  allégeant un  
 Vaiffeau pour le déféchouer.  Il faut aufli  avoir attention  
 à l’empêcher d’être pouffé à terre ou fur le banc  
 ou  il  eft  échoué  à  mefure  que  les  poids  dont  on  
 le  déchargé  Yallegent  :  on  porte  pour  cet  effet  ,  
 d ordinaire une ancre  du côté du  large ,  &  on roidit  
 fortement ou même on vire  fur le grêlin ou le cable  
 auquel  elle  tient. 
 On  allégé  affez  fouvent  un  vaiffeau  à  la  m e r ,  
 lorfque  ,  pourfuivi  par  un  ennemi  fupérieur  ,  on  
 «efpere rendre  fa marche  plus  prompte en diminuant  
 fon poids. Il femble paroître évident que le vaiffeau. 
 Tome  I. 
 devenu  plus lég er,  doit  mieux marcher,  ou  obéir  
 plus  facilement à  la  puiflànce  qui  le pouffe ,  &  qui  
 ne change^ point ;  cette  queftion  eft cependant affez  
 compliquée,  &  fe  combine de mille maniérés diffé-  
 rentes.  Il  eft  certain  qu’on  ne  peut  décharger  un  
 vaiffeau  du moindre  poids ,  fans changer fon  centre  
 de  gravite,  &  que changer  le centre de  gravité,. eft  
 apporter  un  changement  univerfel  au balancement  
 du  vaiffeau  dans  le  fluide.  Quel  effet  nouveau  cela  
 apportera-t-il  au  tirant  d’eau ?  De  quelle  quantité  
 le  centre  de gravité  s’élévera-t-il ou  s’abâiffera-t-il ?  
 Le  gouvernail  confervera-t-;il  un  effet  aufli facile  ?  
 Le  vaiffeau,  en  acquérant  la facilité de  plier ou de  
 s’incliner  davantage,  pourra-t-il  bien  porter autant  
 de  voile  ?  L’angle  d’inclinaifon  ,  &   le  changement  
 des  lignes  d’eau,  ne diminueront-ils  point  fa  marche  
 ?  Le  vaiffeau  ne  roulera-t-il  point  davantage?  
 Ses  mouvemens ne deviendront-ils point trop  vifs?  
 | | H |   Toutes  ces  queftions ont  cependant befoin  
 d’être  réfolues  &  déterminées  avec  foin avant qu’il  
 foit  permis d’affurer que l’on  fait bien en  allégeant le  
 vaiffeau.  On n’en peut pas même faire un problème,  
 général,  parce  que  cet  effet change  non  feulement  
 pour  chaque vaiffeau , mais pour le même vaiffeau ,  
 fuivant  la  qualité &  la  diftribution  de  fa  charge.  Il  
 eft  vrai que fi  le hafard a  fait l’arrimage ,  on efpere  
 que  le  hafard fera rencontrer jufie  dans  l’à-peu-près  
 que  fourniffent  l’ufage  &   la  pratique  ;  cependant  
 quand  il  s’agit  de  la  fûrèté  d’un  vaiffeau,  fouvent  
 chargé  d’une  million  importante  pour  tout  l’état,   
 comment  fe  repofer &   dormir  tranquille dans  l’ef-  
 pérance dé  trouver une  exaftitude affez grande dans  
 le  tâtonnement?  C’eft  dans ce  cas fur-tout  où  l’on  
 fent  l’importance  d’avoir  arrimé  fon  vaiffeau  avec  
 difcernement,  &   de  bien  connoître  la  difpofition  
 &   la  diftribution  des  poids.  (  M.  U  Chevalier  D E   
 L A   C o U D R A Y E . ) 
 }  § Allégorie,  f. f. (Arts de la parole & du dejjin.)  
 c’eft  un  ligne  naturel,  ou  une  image,  qu’on  fubf-  
 titue  a  la chofe  défignée.. Souvent dans le  difcours,  
 &  dans  les  arts du  deflin ,  on  préfente certains  objets, 
  pour en exprimer d’autres par le  rapport  qu’ils  
 ont  avec  ceux-là.  L’exprefîion  proverbiale, fe  tenir  
 au gros  de  l'arbre,  nous  préfente  un objet matériel  
 pris  de  la  nature,  pour  nous  faire  deviner  une  
 chofe  qui  n’a  rien  de  matériel,  c’eft  de demeurer  
 attaché  au pouvoir  légitime.  Lorfque  l’on met  à  la  
 fuite  l’un  de  l’autre  l’image,  &  la  chofe  défignée ,  
 c’eft  une  comparaison  ou uneJimilitude ;  mais  quand  
 on  fupprime la chofe défignée,  &  qu’on fe  contente  
 de  la  laiffer  deviner,  c’eft  une  allégorie. 
 Divers motifs  peuvent  donner  lieu  à cette  fubf-  
 titution  de  l’image  à  la place  de  la  chofe défignée.  
 Quelquefois  la nècejjité  y   contraint,  lorfqu’il n’eft  
 pas  poffible  de  repréfenter  la  chofe  elle - même.  
 Les  arts  du  deflin  fe  trouvent  dans  ce  cas  toutes  
 les  fois  qu’ils  ont à  repréfenter  des  idées abftraites  
 qui  ne  tombent  pas  fous  le  fens  de  la  vue  :  quelquefois  
 la  circonfpectioh l’exige,  quand  on n’ofe  pas  
 préfenter  nuement  la  ch ofe,  &   qu’on  préféré  dé  
 la  laiffer  deviner.  C’eft  ainfi  qu’Horace,  voulant  
 diffuader  les  Romains  de  s’embarquer  de  nouveau  
 dans une  guerre  civile,  ne s’adreffe, par prudence ,  
 qu’à  un navire  auquel  il  dépeint  le danger  du nau-  
 frage (Hor. liv. I.  od. 14.). Enfin fouvent on emploie  
 l’image au lieu de la chofe même, en vue de Y énergie *  
 pour donner  à  la  chofe  repréfentée plus de  clarté ,  
 plus  de  force ,  &   en  un mot,  un tour plus beau  &   
 plus  gracieux.  Quand Haller compare notre vie fur  
 cette  terre  à  l’état  de  la  chenille,  &   notre  durée  
 à une goutte d’eau dans  l’Océan ; il exprime  en deux  
 vers  par  ces  images allégoriques,  la  véritable  def-  
 tination  &   la  brièveté de  cette vie ,  d’une maniéré  
 beaucoup  plus  concife  ,  plus  énergique  ,  &   plus