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 »  très-fouvent un  homme d’nonneur eft privé  de ce  
 » fecours !  S’il  peut  fe  trouver  une  feule  occafion  
 » oh un innocent feroit juftifié  par  le miniftere d’un  
 » a vocat,  n’eft-il  pas clair  que  la  loi  qui  l’en  prive  
 » eft injufte » ? 
 Il faut le dire à la gloire des ré dateurs de l’ordonnance  
 : cet article 8 ne paffa point de  toutes les voix.  
 Le  premier  préfident  de  Lamoignon  le  combattit  
 avec  une  force  qui  auroit  bien  dû  perfuader  fes  
 collègues. Les générations les plus reculées ne liront  
 qu’avec  attendriffement  les réflexions fages  qu’il  fit  
 contre cet article.  « Il  eft  v ra i,  difoit-il, que quel-  
 » que criminels  fe  font échappés des mains de leurs  
 » juges  &   exemptés  des  peines,  par  le moyen de  
 » leur  confeil.  Mais  fi  le  confeil  a  fauvé  quelques  
 » coupables  ,  ne  peut-il  pas  arriver  auffi  que  des 
 » innoce'ns  périffent  faute  de  confeil ?.....  Or  il  eft 
 » certain  qu’entre  tous  les maux  qui peuvent  arri-  
 » ver  dans  la  diftribution  de  la juftic.e ,  aucun n’eft  
 » comparable  à celui  de  faire mourir un  innocent ;  
 » il  vaudroit mieux abfoudre mille coupables, &c ».  
 Voye^ le  Procès-verbal de V Ordonnance. 
 Je ne  doute  point que  ces réflexions  ne  détermi-  
 naffent le légiflateur à donner un coafeil aux accufés,  
 fi  l’on  venoit  à  réformer aujourd’hui  cette  ordonnance  
 criminelle  qui a tant befoin de réforme.  L’impératrice  
 de Ruffie ,  dans cette  inftru&ion  qui  doit  
 diriger les réda&eurs de  fon  code, fait une obferva-  
 îion  digne  tou t-à - la -fois  de  Sotrate  &  de Titus.  
 « Sous un gouvernement modéré, dit-elle, art.  105,  
 » on  n’ôte  la  vie à perfonne  ,  à moins  que  la patrie  
 » ne s’élève contre  lui ;  &   la  patrie  ne  demandera  
 » jamais  la  vie  de  perfonne,   fans  lui  avoir  donné  
 » auparavant tous  les moyens  de  fe défendre ».  Le  
 roi de Sardaigne, dans le code qu’il a publié en 1770,  
 n’a pas héfité à fuivre  cette route,  &  à donner  aux  
 accufés des défenfeurs plus propres à éclairer le juge  
 Sc à  tranquillifer  fa  confcience ,  qu’à  favorifer  les  
 coupables.  Il  y   laiffe  à ceux-ci la liberté de  choifir  
 leurs avocats &  leurs procureurs ; il y  prend même  
 des moyens pour leur en affurer le miniftere. 
 Une  difpofition pareille  toumeroit  à la  gloire de  
 notre  législation.  L’honneûr &   la  vie  des  hommes  
 font  quelque  chofe  d’allez, précieux  pour qu’on  
 ne doive  les leur ravir qu’après avoir épuifé tous les  
 moyens de les leur conferver. (A . A .} 
 ACEMELLA ou Acmella ,  ( Mat. mèd. & Bot.)  
 Cette plante décrite par Vaillant fous le nom de  cera-  
 tocephalus ballotesfoliis, verbejîna acmella par Linné,  
 eft  originaire  de  Pile  de  Ce ylan,  d’où  elle  a  été  
 apportée en Europe.  Sa tige eftparfemée de feuilles  
 ôppofées  deux  à  deux,  légèrement  dentelées ,   en  
 fer de  lance,  portées  fur  un  pédicule  qui  fournit  
 trois côtes,  elles reffemblent aux feuilles de la mé-  
 liffe ;  de  l’aiftelle  de chaque feuille  s’élève  un pédicule  
 alongé,   qui porte  une fleur rayonnée,  jaune,  
 &  prefque conique.  Le calice de cette fleur eft Ample  
 ,  chaque  fleuron  qui a cinq  petits  rayons  porte  
 des  femences  applaties  Sc  comme  tranchantes  fur  
 les deux côtés  ;  ces  côtés  font  couverts de  cils  ou  
 poils, &  portent deux petites arêtes très-fines. Rum-  
 phius lui avoit  donné le nom  déabécédaria. 
 Les  éloges" qu’on  avoit  faits  de cette  plante  à  la  
 fociété royale de Londres, comme étant très-propre  
 à briferou  difloudrele  calcul de là  veflie  urinaire  
 ou des reins,  &  les  obfervations multipliées  qu’on  
 rapportoit  de  différens  malades  qui  avoient  rendu  
 des morceaux  de calcul ou des amas de gravier par  
 les urines  après l’ufage  de  cette plante ,  déterminèrent  
 M.  Fantini  à  éprouver  quels  en  feroient  les  
 effets  fur  les  malades  tourmentés  par  la  préfence  
 d’un  calcul  confidérable  dans  la  cavité de  la  veflie. 
 Ayant trouvé un malade qui  étoit dans ce  cas, il  
 filtra  fon  urine  'à  différentes  reprifes  à  travers  un 
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 filtre  de  papier ; il fit  fécher  ce filtre j  Si apperçut,  
 fans  l’aide  du microfcope ,  à  la furface  fupérieure  
 du  filtre  ,  une  quantité  confidérable  de  tartre  ou  
 fédiment amoncelé en partie par pelotons,  en partie  
 en  lames  difpofées  par  couches  ,  Sc mêlées  d’une  
 matière vifqueufe Sc prefque defféchée.  Le deflbus  
 du  filtre  ne  lui  préfenta  rien  de  pareil  ,  même  à  
 l ’aide du microfcope. Ayant mis cet homme à l’ufage  
 de.la plante dont il s’agit, il examine  de nouveau fon  
 urine  trois ou quatre  jours  après ;  il apperçut alors  
 fur le filtre,  au moyen du microfcope, un fédiment  
 grenu,  beaucoup  plus  fin  ,  dépourvu  prefque  de  
 matière  vifqueufe ,  Sc le  deflbus du même filtre lui  
 fit appercevoir de petits grains, friables, très-blancs  
 Sc  finguliérement  difpofés. 
 Ayant  donné  cette  plante  à différentes reprifes à  
 ce  malade  ,  il  obferva  que  pendant  l’ufage  de  ce  
 remede  les  douleurs  augmentoient  confidérable-  
 ment ;  mais  il fe  portoit mieux,  Sc fou droit beaucoup  
 moins après  l’avoir interrompu  qu’avant  d’en  
 ufer.  Ce  malade  vécut  encore  long-tems  dans  ces  
 alternatives, fans beaucoup fouffrir de fon calcul ; Sc  
 il ne périt  dans  la fuite que par une  fievre maligne  
 alors  épidémique  dans  Bologne. 
 Le même auteur répéta la même obfervation  fur  
 un pareil malade, Sc les réfultaîs furent âbfolument  
 les mêmes. 
 On  eft  en droit de  préfumer  que,  fi  cette plante  
 n’a pas la vertu de  difloudre  entièrement les groffes  
 pierres de  la veflie, elle peut tout  au moins en empêcher  
 l’accroiffement,  Sc préferver  ceux qui  font  
 affligés par cette terrible maladie, de l’augmentation  
 fucceflîve  des  douleurs  Sc  de  la promptitude  de  la  
 mort. 
 La fimple infufion de Vacemella dans de  l’eau pure  
 â quelque chofe d’aftringent Sc d’amer, qui paroît en  
 conftituer la partie  médicamenteufe.  De Bononienf.  
 Sc. & Art.  Injlit.  tom. I.  (.Article  de M.  LAFOSS.E ,   
 docteur en Médecine dé la Faculté de Montpellier.) 
 §   ACERNO  ou  A cierno  ,  ( Géogr.  )   petite  
 ville  d’Italie,  au royaume de Naples ,  dans ia principauté  
 Citérieure  ,  avec un  évêché  fuffragant  de  
 Salerne. C’eft  la  patrie d’Antoine Âgellius ,  fameux  
 hérétique Novatien.  Elle  eft à fept lieues  fud-eft de  
 Conza ,  &   cinq  nord-eft dé  Salerne..Ao/oe.  3/,  3#  
 lai.  40 ,  35.  ( C. A . )  ■ 
 ACESINE  ,  (  Géogr.')  riviere  qui  fe  décharge  
 dans  le  fleuve  Indus.  On affure qu’il y  croiffoit des  
 rofeaux  d’une  groffeur fi  extraordinaire ,  que leurs  
 entre-noeuds  pouvoient  fervir  de canot  à  ceux  qui  
 le  vouloient  paffer.  Arrien  parle  fouvent de  cette  
 riviere.  ( C .A . ) 
 ACESTE ,  ( Mythol.,)   roi  de  Sicile,  étoit fils du  
 fleuve  Crinifus Sc d’Egefte  ,  fille  d’Hippotas  :  c’eft-  
 à-dire,  que  ce Crinifus  étoit  le  roi  ou  le  feigneur  
 d’un canton de Sicile où  couloit  ce  fleuve,  ou bien  
 qu’il portoit le  même nom.  Acejte,  qui  étoit originaire  
 de  Troye par fa mere  ,  accourut  au  fecours  
 de  cette  v ille , lôrfqu’elle fut afîlégée par les Grecs:  
 mais voyant le pays  ruiné  par la guerre ,  il retourna  
 en Sicile ,  Sc y  bâtit  quelques  villes.  ( +  ) 
 A C É TÈ S ,  ( Mythol. )  etoit  un  des  compagnons  
 de  Bacchus',  c’eft-à-dire  ,  un  des  partifans  de  fon  
 culte.  Dans  un  voyage  qu’il  faifoit  par  mer,  les  
 matelots dé  fon vaiffeau ayant apperçu fur le  rivage  
 un bel enfant qui dormoit,  l’enleverent dans le def-  
 fein d’en,  rétirer  une  rançon.  Acétès  s’y   oppofoit  
 inutilement,  lorfque  Bacchus,  qui  étoit caché fous  
 là  forme de  cët enfant,  fe  fitconnoître,  Sc changea  
 tous  les matélots en monftres marins.  Acétès racon-  
 toit  cette  merveille  à  Penthée,  qui  s’étoit  déclaré  
 ennemi  de  la  divinité  de  Bacchus,  Sc  q u i,  irrité  
 de  la  crédulité d’Acétès,  le fit  jetter dans, un affreux  
 cachot,  pour  le  faire  mourir'  enfuite;  mais  tandis" 
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 qü’on  ptéparoit  les  inftruméns de fon fupplice ,  les  
 portes  de  la  prifon  s’ouvrirent  d’elles-mêmes  par  
 la  proteöion  de  Bacchus,  Sc  les  chaînes,  dont  le  
 prifonnier étoit chargé,  tombèrent au même inftant,  
 fans  que  perfonne  les  eût brifées.  Ces  fables  font  
 du  nombre  de  celles  dont  on  berçoit  les • adorateurs  
 de  Bacchus.  ( +  )  .  .. 
 ACHAB  ,  ( Hißoire facrèe. )  roi  d’Ifra él,  etoit  
 fils  d’Amri,  auquel  il  fuccéda,  fignala  fon  regne,  
 qui  dura  23  ans,  par  des  a étions  impies  Sc tyranniques. 
   Il  époufa  Jézabel,  fille d’Etbaal,  roi  des  
 Sydoniens,  femme  cruelle ,  imperieufe ,  Sc  tout-  
 à-fait digne d’un fi méchant prince.  Elle fut complice  
 &   fouvent  l’inftigatrice  de  tous  fes  crimes.  Il commença  
 par  fe  livrer  aux fuperftitions de  l’idolâtrie,  
 fit  élever  un  temple &   des autels à Baal,  perfécuta  
 &   fit  mourir  les  prophètes ;  &   pour  agrandir  fes  
 jardins  il  s’empara  de  la  vigne  d’un  bourgeois  de  
 Jezrahel,  nommé  Naboth,  contre  lequel  Jézâbel fit  
 fufciter  de  faux témoins pour le faire mourir.  Enfin  
 ce  roi indigne  du  trône  perdit  la  vie  dans  une  bataillé  
 que  lui  livra  Adad  ,  roi  de  Syrie  ,  l’an  du  
 monde  3107. 
 *  §   ACHAÏE ,   ( Géogr. )  cet  article  ,  du  Dict.  
 'des  Sciences,  &c.  a  befoin  d’être  réformé,  en  ce.  
 qu’il  femble  confondre  la  Livadie  avec  le  Pélopo-  
 nefe,  &   le  Pcloponèfe avec  le  duché de Clarence ,  
 par une faute typographique qui s’y  eft gliffée.  Voici  
 comme  on  doit  lire  cet  article.  : 
 A chaïe, ancienne &  grande province de la Grece,  
 fituée  entre  la  Thefîalie  ,  l’Epire,  le  Péloponefe  
 &   la  mer  Eg é e,  Sc  nommé  aujourd’hui  Livadie ;  
 c ’étoit aufli  le  nom d’une province  du  Péloponefe  ,  
 laquelle  s’étendoit  depuis  le  golfe  de Corinthe  ou  
 de Lépante ,  le  long  de  la mer Ionienne  jufqu’à  la  
 province  de  Belvedere,  Sc  fait  aôjourd’hui  partie  
 du duché de  Clarence.  Petraffo y  eft  fitué.  Les ducs  
 de Savoie portent le titre de prince  diAchaïe, depuis  
 le  commencement  du  quatorzième  fiecle, que Philippe  
 ,   comte  de  Savoie ,  époufa la  fille ùnique  Sc  
 héritière de Guillaume, prince $  Achaïe Sc de Morée. 
 Achaïe, .( Hiß. ànc. )  contrée du Péloponefe, ne  
 tint  aucun  rang  dans la Grece  tant qu’elle  fut  affer-  
 vie  à  des rois.  Accoutumée  aux fers de l’efclavage,  
 elle  voyoit  fans  .envie  fes  .voifins  jouir de  leur indépendance, 
   tandis  qu’elle marchoit  courbée  fous  
 le  joug monarchique.  L’habitude  rend tout  fuppor-  
 table,  Sc fi  fes  rois n’eufîent abufé de  leur pouvoir,  
 les  Achéens  affoupis  auroient toujours été  efclaves  
 obéiflàns.  Leur  liberté fut l’ouvrage de l’oppreflïon.  
 Ils  fentirent  la honte  de  n’avoir  pour  loix  que  la  
 volonté d’un maître  ;  Sc mieux inftruits fur les droits  
 de l’humanité  avilie  par  le  pouvoir  arbitraire *  ils  
 oferent  être  libres  comraé  le  refte  de  la  Grece ,  
 Sc  les  tyrans furent détruits.  On  ignore  combien  
 VAchaïe' eut de  rois  depuis  Acheus,  qui donna fon  
 nom à cette  contrée,  jufqu’aux  fils  d’Ogigés,  qui  
 furent précipités du trône que leurs ancêtres  avoient  
 occupé  depuis  Orefte. 
 Après  l’expulfion  des tyrans,  l’Achaïe  forma  une  
 république  compofée  de  douze  v ille s ,  dont  chacune  
 fut  une  république indépendante  , qui  eut fon  
 territoire,  fa  police  &   fes  magiftrats  :  niais  elles  
 curent toutes  le  même  poids,  la  même  mefure  Sc  
 les  mêmes  loix ;  Sc  comme elles avoient les mêmes  
 intérêts à ménager, Sc les mêmes dangers à craindre,  
 elles adoptèrent le  même  efprit  Sc  les  mêmes maximes  
 :  les  diftinâions,  fources  de  défordres  Sc  
 d’émotions populaires, furent fupprimées :1e citoyen  
 le  plus  vertueux Sc le  plu»  utile,  fut  le  plus noble  
 &   le  plus  refpefté ;  toute  la puiffance réfida dans le  
 peuple  affemblé.  Les  Magiftrats,  à  qui  l’on  confia  
 1 exercice  de  la  lo i ,  furent affez  puiflàns  pour  en  
 faire  refpefter  la  fainteté,  Sc leur  autorité fut allez  
 Tome  I. 
 A  C  H  339 
 limitée  pour  ne  pouvoir  l’enfreindre.  Ainfi  on  ne  
 vit  naître  aucuns  de  ces  orages  que  forme  la démocratie. 
   L’union  de  ces  villes  confédérées  fut  
 moins  l’ouvrage  de  la politique que  de  la néceflité.  
 Les  Achéens  àvoient  pour  voifins  les  Etoliens,  
 q u i,  moins  hommes  qu’animaux  farouches,  cher-  
 choient  fans  ceffe  une  proie  à  dévorer.  Sans  ref-  
 pe&  pour  les  traités  Sc  les  fermens,  ils  fouloient  
 aux  pieds  les  droits  de  l’humanité,  Sc  ne  ména-  
 geoient les-Grecs que  quand les barbares n’offroient  
 aucun  aliment  à  leur  cupidité.v Tant  qu’Athenes  
 &  Sparte furent  redoutables ,  ils n’exercerent leurs  
 brigandages Sc leurs pirateries que fur la Macédoine,  
 l’Illyrie  Sc les Mes  ;  mais dès que  ces  deux  villes ,  
 affoiblies  par  leur  rivalité  ,  ne  fervirent  plus  de  
 rempart à la Grece, ils  portèrent  la  défolation  dans  
 le  Péloponefe  ,  Sc  ce  fut  la  crainte  d’être  leurs  
 viâimes  qui  cimenta  l’union  entre  toutes les villes  
 de  Y Achaïe ,  qui  avoient  befoin  de  toutes  leurs  
 forces  pour  le§ oppofer aux incurfions  d’un  peuple  
 de  brigands. 
 Chaque  république  renonça  au privilège de contracter  
 des  allimices  particulières avec  l’étranger.  
 L’antiquité ,  la  richeffe  Sc la population  d’une ville  
 ne  lui  donna  aucune  prééminence  fur  les  autres  
 moins  favorifées  de  la fortune.  Une parfaite égalité  
 prévint  les  haines  Sc  les  diffentions  qui  naiffent  de  
 la  rivalité.  On  établit  un fénat national,  où  chaque  
 république députoit  un  nombre  égal  de  magiftrats.  
 C’étpit  dans  cette  affemblée  qu’on  déliberoit  de la  
 paix  ou  de  la  guerre,  &  qu’on réformoit les abus-  
 Ce  fénat  ne  s’affembloit  qu’au  commencement  du  
 printems  &   de  l’automne;  & s ’il furvenoit,  en fon  
 abfence , quelques affaires imprévues ,  les deux prêteurs  
 ,  dont l’autorité  étoit annuelle ,  étoient  chargés  
 de  le  convoquer extraordinairement.  Çes deux  
 magiftrats,  quand  le  fénat  n’éroit  plus  affemblé,  
 tenoient  entre  leurs  mains  les deftinées publiquès ;  
 mais comme  ils  ne .pouvoient  rien exécuter que du  
 confentement .de  dix infpeâéurs  qui  veilloient  fur  
 eux, ils n’avoient qu’ une autorité dont il étoit difficile  
 d’abufer , parce  qu’ils auroient  eu  trop  de  citoyens  
 à  corrompre.  C’étoit  à  la  tête  des  armées  qu’ils  
 jouiffoient  du  pouvoir  le , plus  abfolu.  Leur commandement  
 n’étoit  pas  affez  durable  pour  écouter  
 les  voeux  de l’ambition. 
 Les Achéens  ingénieux dans la  recherche-du bonheur  
 ,  le  trouvèrent  dans  leur modération.  Ils  ré-  
 fifterent  avec  confiance  à  l’attrait  des  richeffes  &   
 aux  promeffes  de l’ambition.  Satisfaits d’être libres,  
 ils Ce  firent un  devoir de  refpe&er la liberté de leurs  
 voifins,  Sc  fans  être  aufli  riches  Sc ' aufli  puiffans,  
 ils  furent  tranquilles  Sc  plus  fortunés ;  il leur parut  
 plus  beau  d’être choifis  pour  les arbitres des querelle 
 s,  que  d’en  être les artifans  ou les  complices.  Le  
 Péloponefe Sc les autres provinces de  la Grece,  per-  
 fuadés  de  leur  intégrité  Sc de  leur  modération,  fe  
 fournirent avec . confiance à leurs  décifions.  Philippe  
 Sc  Alexandre  les  laifferent  jouir  de  leur  liberté &   
 de leurs privilèges  , dont ils ne favoient point abufer ;  
 mais fous leurs fucceffeurs cette république de fages  
 fut  enveloppée  dans la  ruine de  la Grece.  Obligée  
 de  prendre  part  aux  diffentions  qui  déchiroient  
 la  Macédoine  ,  elle  reçut  dans  fon  fein  des  tyrans  
 parés  du  nom  de  protefteurs.  Le  lien  qui  uniffoit  
 •les  villes  fut  rompu,  Sc  des intérêts divifés  préparèrent  
 une  commune  oppreflion.  Le  fentiment  de  
 leur dégradation réveilla l’amour de  la liberté :  quatre  
 villes donnèrent aux autres un  exemple  qui fut  
 fuivi  par  les  Egéens  ,  qui  firent,  avec D yme  ,  Pa-  
 tras,  Phare Sc Tritée ,  une  république  ,  où  l’on  vit  
 renaître les moeurs,  la police  Sc l’union  qui  avoient  
 fait  refpefter  la  première.  ,Plufieurs  autres  villes  
 maflaçrexent  leurs  tyrans  Sc  briguèrent  la  faveur