744 B A D
d’une nervure qui jette de chaque côté quatre ou
cinq côtes alternes, & portées horizontalement fur
un pédicule, cylindrique affez court.
De l’aiffelle de chaque feuille, & du bout de chaque
branche, fortent un à trois boutons de fleurs
ovoïdes , femblabies à un gland de neuf lignes de
longueur, portées fur un pédicule cylindrique deux
fois plus court, ouvert fous un angle de quarante-cinq
dégrés. Ces boutons, en s’épanouiffant, donnent chacun
une fleur hermaphrodite, de près de trois pouces
de diamètre, çompofee d’un calice a quatre feuilles
elliptiques , concaves, roides , fermes, une à deux
fois plus longues que larges, verd-brunes, inégales
, dont deux oppofées font plus petites, toutes
caduques ; d’une corolle à quatre pétales inégaux,
très-minces, taillés en coin, plus étroits à leur partie
inférieure , alternes avec les feuilles du calice , ondes
fur leurs bords, dont deux plus petits font blancs,
veinés & couverts deffus & deffous d'un duvet léger
, & un peu relevés, pendant que les deux autres
oppofés font d’un blanc bleuârre, & légèrement
pendans d’un petit tube cylindrique , tourné du
même côté, ou pendant entre ces deux pétales &
une fois plus court qu’eux, de cinquante à cent
étamines bleuâtres, prefqu’aufli longues que la corolle,
épanouies en forme de fphere ou de houppe,
couronnées par des anthères blanchâtres d’abord,
enfuite cendrées ; enfin d’un ovaire ovoïde pointu,
long de deux lignes, deux fois moins large, porté
verticalement fur un pédicule bleu, aufli long que
les étamines ; contigu à leurs filets & au tuyau qui
accompagne la corolle, comme un cinquième pétale.;
WÊ R H H 1 ,
L’ovaire, en mûriffanr , devient une baie alongee
en filique bivalve, à une loge qui ne s’ouvre point,
& qui contient une centaine de graines lenticulaires,
qu en forme de rein, attachées, en tous fens, par
de longs filets, à un placenta qui forme deux lignes
longitudinales, fur les deux côtés oppofés de fes
- parois intérieures.'
dualités. Le badukka a une faveur fauvage. Il eft
très-commun dans les fables de Chanotti & de Badoos,
fur la côte du Malabar, oit elle fleurit pendant le
mois de janvier.
.. Ufâges. Le s Indiens cultivent cette plante à caufe
de la beauté de fes fleurs. Le fuc exprimé de fes
feuilles , uni au fain-doux ou. à la graiffe de porc ,
fournit un Uniment fouverain contre les douleurs
des membres. En décoéHonayec les fleurs, elles lâ-
chent le ventre, & leur vapeur fuflit pour nettoyer
les ulcérés de la bouche : fes fruits, mangés dans le
lait, temperent les feux de l’amour.
Remarques. Quoique Van-Rheede aflure, d’après
le rapport des Malabares qu’il a confultés , que cette
plante eft conftamment ftérile, cela ne doit regarder
fans doute que les pieds que l’on cultive pour en
cueillir les fleurs, puifque, fuivant lui-même, fes fruits
ont la vertu finguliere d’éteindre les feux de la con-
cupifcence ; & quoique cet auteur ne donné aucune
defcription de ces fruits, nous ne doutons nullement
qu’ils ne foient femblabies à ceux d’une plante très-
approchante , que nous avons découverte au Sénégal,
& de celle que Plumier appelle du nom du
botanifte Breyn, breynia.
. Le.badukka différé tellement du câprier, que les
voyageurs font étonnés de voir que M. Linné per-
lïfte toujours à les confondre, d’autant plus que nous
connoiffons dans les pays étrangers, litués entre les
tropiques, plufieurs efpeces de plantes qui ont
comme lu i, outre la corolle, un tube particulier ,
& le fruit alongé en filique, tous deux caràfteres qui
rie fe voient pas dans le câprier. ( M; A d an son. )
* § BAD WEIS, Gèogr. ) ville de Bohême, cercle
de Bethyn, ( life^ Bechin ) près Muldaw , ( l i f c
BAG
près de la Muldaw o ù fur la Muldaw ) ; & B u d w e i s
ville d’Allemagne en Bohême fur la Muldaw , font
une feule & même v ille, dont il étoit inutile de faire
deux articles. L e t t r e s f u r l ' E n c y c lo p éd ie .
B AGÉ, ( Géogr. ) non Beaugé, comme l’écrit Pi-
'ganiol , Balgiacum , petite'ville dé Breffe , à une
lieue de Mâcon, dans une fituation fertile & agréable
fur un coteau : elle fut érigée en marquifat en
1 576 par Emmanuel, duc de Savoie : c’eft une des
plus anciennes feigneuries de la province. Guiche-
non, dans fon Hifoire de Breffe, fait mention de
Hugue, fire de Bagé en 904 : fes fucceffeurs ont
eu le même titre jufqu’à ce que le pays foit venu
au pouvoir des cômtes de Savoie. Cette illuftre famille
finit en Sybille, dame de Bagé, qui porta fes
feigneuries en dot à Amé I V , comte de Savoie,
qu’elle époufa en 1172. G ui, fire de Bagé, affranchit
fa terre en 1250. La juftice du marquifat reffort
nuement au parlement de Dijon, & au premier chef
au préfidial de Bourg.
Une feule paroiffe fous le vocable de Notre-
Dame , du diocefe de Lyon. ( C. )
BAGHARGAR, ( Géogr. ) contrée confidérable
de la grande Tartarie : elle s’étend d’orient en occident.
Elle a au nord les Kaimachites, lé royaume
de Tendue à l’eft, la Chine au fud, & le Thibet
à l’oueft. Quelques-uns appellent cette contrée le
royaume de Tangut, dont une ville de meme nom
eft la capitale. ( + )
* BAGIAH , aujourd’hui B u g i E ( Géogr. ) ville
de l’Afrique propre, fur une colline que baigne la
mer.
* BAG IN N A , ( Gèogr. ) ancienne ville de la
grande Arménie, félon Ptolémée.
* B A G I S T A N U S , ( G é o g r . M y t h . ) nom d’une
montagne d’A fie, entre la Médie & Babylone, con-
facrée à Jupiter, fuivant le témoignage de Dio-
dore. de Sicile.
BAGNE, f. m. ( Architecture. ) Le bagne eft
un bâtiment où. l’on tient à la chaîne lés efcla-
ves ou forçats. Les bains qui étoient dans celui de
Conftantinople le firent nommer bagno par les Ita-
| liens , & dans la fuite, ce nom fut donné à tous
les autres, avec d’autant plus de raifon, que celui
dont je viens de parler, a été le plus confidérable
qu’il y ait eu. C’eft un long bâtiment fans étage,
dont la charpente eft très-élevée. Les lits ou tolas
y régnent fans interruption dans toute la longueur
des murs de face , ne laiffant qu’une allée dans le
milieu, où une grande quantité d’eau eft diftribuée
pour les bains & pour différens befoins. Tourne-
fort en parle comme d’une des plus affreufes pri-
fons du monde, fituée entre Ayma-Seraï & l’Ar-
, cénal. Il renferme trois chapelles, une pour le rit
grec , une autre pour les latins en, général, & une
en particulier pour les François. Les Millionnaires
y adminiftrent les facremens, en faifant gliffer quel-
qu’argent au commandant du bagne, nommé par le
: capitan-bacha. C’eft à la porte de ce bagne , que
le malheureux Capfi, qui s’étoit érigé roi deMylo,
fut pendu ; fon courage & fes talens ne purent le
! fauver des . embûches des Turcs.
Le pere Dran, dans fon Hijtoire de Barbarie
cite les bagnes de Tunis, de Tripoli St d’Alger ,
comme de grandes maifons, diftribuées en petites
chambres baffes, fombres & voûtées : chacune renfermant
quinze ou feize efclaves , couchés fùr la,
, dure, & gardés par des fentinelles.
Le bagne eft donc proprement une prifoii,, qui
n’eft différente des autres, que par l’état des malheureux
qui l’habitent, deftinés à l ’efclavage & aux
chiourmes des, galeres. Nous allons décrire ici le
' bagne bâti dans l ’arcénal de la marine à Breft. Les
eaux y abondent de toutes parts; les gens qui
l ’habitent
B A G
l’habitent font condamnés aux galeres , & employés
aux travaux les plus vils & les plus pénibles du port,
ce qui les diftingue peu des efclaves : & d’ailleurs
c’eft prefque le feul bâtiment qui ait été élevé dans
la vue dire&e de renfermer des coupables de cette
efpece : il mérite donc à jufte titre le nom de bagne.
11. a été conftruit avec une dépenfe & une fômp-
tuofité au-deffus de tout ce q uia été fait en ce
genre. On fe fervoit ordinairement de divers bâti-
mens, conftruits pour d’autres ufages, qu’on rendoit
propres à renfermer les forçats, moyennant quelques
légères réparations ; c’eft ainfi qu’à Marfeille
ils occupaient une partie de la manufacture ; à Toulon
, partie des magafins ; & dans le levant , des
maifons occupées auparavant par des particuliers. ;
Marfeille & Toulon étoient donc les feuls ports
oh ils y en eût en France. Lorfque Sa Majefté eut
incorporera marine des galeres dans celle des vaif-
feaux, ce premier port fut abandonné .par le ro i,
& la chiourme fut diftribuée aux ports de Toulon
& Breft, où elle fut logée dans la corderie-baffe,
en attendant la conftruéiion du bagne, que le choix
de l ’endroit retarda quelque tems. Les uns le vou-
loient au milieu du port, fans fonger à examiner fi
•l’étendue qu’il ex ig e, s’y trouvoit ; les autres à
l ’extrémité du port, au pied des montagnes, fans
envifager fi les eaux & autres commodités indif-
penfables pouvoient s’y rencontrer ; l’on fut même
jufqu’à le propofer près des hangars’, hors l’enceinte
.de la ville , à l’extrémité des glacis., ce qui eût été
contre les réglés les plus fimples delà fortification; ,
& le peu de fecours qu’on auroit pu lui donner
en cas preffé , eût porté à la révolte des gens qui
ne peuvent recouvrer leur liberté que parce moyen ;
d ’ailleurs le trajet qu’ils auroient eu à faire pour fe
rendre à leurs travaux, enlevoit la moitié du tems
qu’ils pouvoient y employer. Tandis que ces différens
fentimens fe détruifoient, je faifis l’emplacement
avantageux qui fe trouvoit derrière la cor-
derie-haute , devant les cafernes & à côté de l’hôpital',
pour y placer les forçats. Là ils ont un frein
dans leur révolte, une reflource dans leur maladie,
-& des eaux en abondance, fans ôter fur le rivage du
port un emplacement beaucoup plus effentiel à des
magafins d’un ufage fréquent aux armemens.
L ’emplacement choifi, il s’agiffoit de donner à ce
'Bâtiment tous les dégrés de perfection dont il étoit
fufceptible. Pour cet effet, je ne ppuvois mieux
m’adreffer qu’àM. Miftral, commiffaire des galeres,
nommé par la cour pour le détail du bagne ; & aux
différens bas-ofliciers qui étoient fous les ordres,
de qui j’ai tiré les vues générales qui m’étoient né-
ceflaires. Je vais développer les idees cpie je conçus
alors, pour parvenir à maintenir aifement la police,
à éviter l’évafion des forçats, & leur fournir les
befoins indifpenfables de la vie : c’étoient-là les trois
points principaux qui dévoient diriger mon entre-
prife.
Les forçats étant-en grand nombre , on doit fur-
tout redouter qu’ils ne s’accordent entr’eux pour fe
procurer la liberté. Le premier objet doit être par
conféquent à les divifer & fubdivifer de façon qu’ils
ne puiffent pas fe donner de fecours mutuels, ni
comploter entr’eu x, obfervant néanmoins d’éviter
dans cette fubdivifion un trop grand nombre de
parties, ce qui multiplieroit les gardes & les befoins
communs à chaque divifion. C ’eft à quoi l’on a
pourvu, en coupant l’étendue du bagne par le pavillon
du milieu, ;& lui donnant un étage; par ce
moyen, le bagne de 130 toifes de long, eft diftribué-
en quatre falles, & 20000 forçats en quatre bandes.
Les deux pavillons des extrémités { planche I I au
plan 43. ) qu’on a eu foin de ménager pour loger
les bas-officiers qui font deftinés à la garde du bagne.
Tome 1%
B A G 74 5
mettent les plus mal intentionnés d’entre les forçats,
hors d’état d’exécuter les projets qu’ils pourroient
former. Dénués du fecours qu’ils pourroient avoir
de leurs camarades, vus & enveloppés de toutes
parts, que peuvent-ils entreprendre ?
Chaque falle doit avoir fes commodités particulières
, confiftantes en latrines, fontaines, cuifine &C
taverne ; chacune de ces falles eft coupée en deux
par un mur de quatre pieds d’épaiffeur , qui paffe
dans le milieu de la largeur.
L’emplacement du terrein déterminant la longueur
du bâtiment, ne me laiffoit que le moyen d’en aug-.
menter la largeur pour pouvoir contenir les 20000
forçats & leurs gardes. Cette largeur devoit être
d’autant plus confidérable, que les tolas ( planche II*
au plan 38 , les numéros depuis 1 jufqifait 2.8, font
les numéros des tolas dans chaque falle ; & dans le
profil de Là quatrième partie 12 , font les profils des
tolas) , qui ne font autres chcffes que des lits de
camp de quatorze pieds en quarré , forment une
arrête dans le milieu féparée par une planche où font
lestêtesde vingt forçats, qui y couchent dix d’un côté
ôe dix de l’autre. Les bois que nous tirons du port
n étant pas affez longs, je.projettai le mur, dont
j’ai parlé plus haut, avec d’ autant plus de plaifir,
qu’il répondoit à mes autres vues.
Ce mur ( planche II. au plan 33) .6- aux profils C)
& 1 o) dans fa longueur, a , de quatorze en quatorze
pieds, une porte ou paffagè de cinq pieds de large.
Ainfi au lieu d’adoffer les tolas ou lits de camp
contre les murs de -face , comme on a fait ,‘jùfqu’à
prefent, on les a mis dans cet efpace de quatorze
pieds contré le mur de refend ; ce qui évite plufieurs
inconvéniens , dont les principaux font la facilité
avec laquelle ils faifoîent ouverture fur celui de
face , fe fervant de divers ftratagêmes , qui très-
fouvent avoient leurs fuceès ; & l’impoffibilité dans
laquelle ils fe trouvoient dans cette pofition d’aller
aux latrines , étant toute la nuit enchaînés à leurs
tolas, étoit caufe qu’dis infeftoient l’endroit par leurs
ordures mifes dans des baquets qu’on leur donnoit
pour cet effet, & qu’on vùidoit tous les matins ;
ce qui oceafionnoit très-fouvent des maladies épidémiques.
L’on a donc remédié à tous ces inconvéniens,
parle moyen d’un mur de refend, dont
chaque porte ou paffage entre deux tolas, reçoit
dans fon épaiffeur une latrine ( planche II. au plan
gef ) en forme de niche, de deux pieds de profondeur
, fur deux pieds & demi de large, & un robinet
dans une autre niche faite dans le jambage de la
porte des latrines ( planche III. profil du corps de
logis où font lés falles donnant l’eau qui fert à lés
nettoyer & à fatisfaire à la foif. Cette diftribùtxon
ne leur laiffe donc aucune reflource pour leur éva-
fion, ne pouvant altérer en rien la conftru&ion des
murs de face , devant lefquels, fe trouve-une allée
f planche I I . au plan 38. ) que des pertuifaniérs &
argoufins parcourent fans ceffe, & qui eft éclairée
pendant la nuit par des fanaux .mis aux écoiriçons
des fenêtres ( planche II. au-profil à. la treizième partie
13). Tout ce grand mur de refend porte fur un égout
( planche I. au plane).) qui fe joint fous le premier
veftibule , à un autre ( au plan 10 & planche III. au
profil du bagtie 16.) qui conduit à la mer.
Au milieu de la longueur de chaque falle, éft ménagée
une cuifine(j?lanche II. auplati 4/ &auprofil 15.)
de dix-fept pieds de long fur quatorze de large, entourée
de grilles de fer , pour ne laiffer aucun fujet
de murmure aux forçats, qui foupçonnent toujours
Ta fidélité -de ceux qui les fervent. De l’autre côté
de la cuifine fur. la même largeur, eft la taverne
aufli grillée de fe r , divifée en deux pour recevoir
dans l’une le vin du munitionnaire que le roi accorde
aux forçats de fatigue, ainfi nommés pendant les
B B b b b.