quelques autres particularités, qui feront expliquées
ci-après, le fait reconnoître pour un vrai calice,
quoique fa fubftance foit coriace , 6c devienne même
très-épaiffe 6c très-dure. La corolle forme un tube
régulier d’une feule piece, très-menu, long de deux
pouces , évafé à fon extrémité fupérieure en un pavillon
horifontal d’un pouce un quart de diamètre,
partagé prefque jufqu’à fon milieu en cinq découpures
triangulaires ondées fur leurs bords. Les étamines
, au nombre de cinq d’inégale grandeur, for-
tent non pas de la corolle , mais d'une membrane
affez courte qui eft placée entre le calice intérieur
6c l’ovaire, en touchant l’un & l’autre fans leur être
attaché : elles font jaunes, auffi hautes que la corolle,
& furmontées chacune par une anthere rouge. L’o-
yaire, placé au fond du calice intérieur paffe, comme
les étamines, au travers de fon collet, fon tiyle
qui égale les étamines eft terminé par un ftigmate
hémifphérique velu & rougeâtre. Cet ovaire en
xnûriffant devient un pépin ovoïde, blanc, couvert
d’une feule membi ane jaune, très-fine, mais
enveloppé du calice intérieur qui en fe fermant en
deffus, eft devenu coriace comme une capfule fpbé-
roïde noire, ridée, de fix lignes de diamètre, relevée
de cinq angles ou côtes, par lefquels il' s’ouvre en
cinq battans qui imitent les cinq feuilles d’un calice ,
& qui font alternes avec les cinq divifions du calice
extérieur.
Qualités. On fait que les fleurs de Xandimalleri
relient fermées le jour 6c ne s’ouvrent que le foir
après le coucher du fol eil.
Ufages. Les Indiens emploient ces fleurs dans
leurs cérémonies.
Remarques. On diftingue trois efpeces andimal-
leri aux Indes. La fécondé a les fleurs pourpre foncé ;
la troifieme les a blanches avec des anthères jaunes
& le ftigmate rouge ; & il ne faut pas confondre,
comme ont fait quelques auteurs, ces efpeces avec
les variétés qui donnent des fleurs rouges plus ou
moins foncées , marbrées ou fouettées de blanc.
Il eft effentiel d’avertir ici que M. Linné s’eft trompé
en diiant que la fleur de cette plante eft portée fur le
fruit, & que l’ovaire eft renfermé dans un ne claire :
ces deux affertions font également contraires à la v érité
; la corolle ne touche en aucune façon l’ovaire,
& c’eft la chofe impoffible, puifque, comme l’on a
v u , elle eft portée fur les bords d’un calice intérieur
coriace, qui eft enfilé par les étamines , lefquelles
partent du fond du réceptacle entre ce calice 6c l’ovaire
, & féparent par conféquent l’un de l’autre ; en
fécond lieu, l’ovaire n’ eft point renfermé dans un
nectaire, puifque la membrane des étamines, qui
feule pourrait prendre ce nom s’oblitère & difpa-
roît dès que la-fleur eft paffée. Nous n’adoptons pas
non plus le nom de mirabilis que M. Linné donne à
cette plante, non-feulement, parce qu’il eft adjeftif,
maïs encore parce qu’il a été donné à la prune mirabelle
& à plufieurs autres plantes. ( M . A d a n s o n . )
ANDJURI, f. m. ( Hiß. nat. Botaniq. ) arbre des
îles Moluques, dont Rumphe a publié une figure
affez bonne, quoiqu’incomplette, fous le nom de
carbonaria, au vol. III de fon Herbarium Amboinicum,
pag.5z,pldnch. X X IX . LesMalays l’appellent caju-
maas, c’eft-à-dire, bois de charbon ; &^es Macaffares
andjuri, qui eft le nom que nous avons adopté,
comme plus court, plus fimple & plus facile à prononcer.
C’eft un arbre haut de foixante pieds, dont la cime
eft conique, épaiffe, à branches menues 6c pendantes.
Son tronc eft droit, haut de quinze à vingt
pieds, quelquefois cylindrique, quelquefois anguleux,
de quatre à fept pieds de diamètre , couvert
d’une écorce épaiffe, de quatre à cinq lignes, brune
Ou çendré-jaune, fouvent cachée fous uôe mucofité
v erte ; il eft partagé en un très-grand nombre de
branches alternes très - ferrées , menues, écartées
fous un angle de quinze à vingt dégrés, & couvertes
d’une écorce liffe 6c noirâtre. Les feuilles font dif-
pofées alternativement 6c circulairement le long des
jeunes branches ; elles font elliptiques, pointues aux
deux b o u ts, longues de trois à quatre p ouce s, trois
fois moins large s, minces, fe rmes, liftes , v e rd -
o bfcur, entières, relevées en-deffous d’une côte
qui a fix à fept nervures de chaque côté , 6c portées
fur un pédicule cylindrique , menu, affez court.
De l’extrémite de chaque branche fortent un ou
deux é p is, une fois plus courts que les feuilles,
compotes chacun de vingt à trente fleurs blanches,
petites , dont les unes font mâles ou ftériles, fur un
p ie d , 6c les autres femelles, qui font attachées fur
leu r moitié fupérieure, fans aucun péduncule. Chaque
fleur confifte en un calice verd à cinq feuilles, per-
fiftantes, réfléchies en-deffous, en une corolle à cinq
pétales, égaux au calice, 6c en cinquante étamines
co u rte s, d’un blanc-fale , qui forment au centre une
cavité fans ovaire-dans les m âles. D ans les femelles ,
c’eft un ovaire qui remplace les étamines. Celui-ci ,
en mùriflant, devient un fruit cha rnu, o v o ïd e ,
v e r d , ép a is, femblable à une olive à une loge ,
qui contient un offelet dur 6c épais, dans lequel eft
renfermée une amande p la te , comme celle du melon
, 6c recouverte d’un duvet rouffâtre.
11 ne mûrit ainfi qu’un o u deux fruits au bas de
chaque é p i, ce qui femblero.it indiquer que les fleurs
fupérieures feroient mâles ou des hermaphrodites
ftérile s; néanmoins Rumphe nous apprend que cet
arbre a deux individus, qui tous deux croiffent abondamment
dans les îles d’Amboine 6c de Celebe ; que
la femelle a les feuilles beaucoup plus grandes &
plus m olles, l’écorce plus blanche, le bois plus pâle
& plus m o u , 6c qu’elle croît dans les plaines fablore-
neufes ; au lieu que le mâle fe plaît plus volontiers
fur les montagnes pierreufes , abondantes en argile
ro u g e â tre , dans les lieux découverts 6c expofés
aux grands v e n ts , comme l’arbre appellé dammar:
il fleurit en novembre.
Qualités. L’écorce de i ’andjuri eft fans faveur &
tendre lorfqu’elle eft encore récente & fraîche ;
mais elle durcit à la fumée, 6c devient rouge. Son
bois eft roux tant qu’il eft humide ; mais en Léchant
il prend une couleur jaune de miel. Sa fubftance eft
d u re , folide comme de la corne , & compofée de
fibres groflïeres; de forte qu’il eft auffi facile à fendre
en lo n g , que difficile à couper en travers. Il formé
auffi plus d’éclats qu’aucun autre bois , 6c exige par-
là plus de précautions po u r ne pas bleffer pendant
qu’on le travaille. Il prend feu très-aifément, même
lans être bien fec ; mais alors il pétille comme s’il
étoit mêlé d’un fel fubtil. Expofe au foleil encore
verd , il fe fend aifément.
Ufages. Son bois eft d’un ufage journalier chez les
forgerons Macaffares po u r faire du charbon propre
à fondre le f e r , parce qu’il conferve long-temps le
feu fans fe confumer. Ils y mêlent auffi du bois' de
fa le y , qui eft un arbriffeau dont le charbon eft fort
d u r , quoique petit ; mais nos forgerons Européens
en font peu de c a s , parce q u e , comme il eft brûlé
en plein air 6c non pas étouffé, il ne réfifte pas à
l’aérion des foufflets 6c fe confume trop vite. Au refte
les orfèvres Macaffares le préfèrent à tous les autres
po u r fondre leur o r en petites maffes ; 6c comme ils
n’ont pas l’ufage des creufe ts, ils choififfentle charbon
fait de Ton éc o rce , q u i, quoique lég e r, eft
cependant affez folide'pour leur permettre d ’y creu-
fer une petite foffe, dans laquelle ils mettent leur
o r , q u i, au m oyen du feu dont ils le re co u v ren t, s’y
fond avant que l’écorce qu i fert de creufet foft
rompue Ou eonfiimée. L’ufage général que lef
Macaffares font de ce bois , lui a valu lenOm déboisa
charbon;comme il a été dit ; mais Ces peuples l’emploient
encore à beaucoup d’autres ufages, à caufe
de fa folidité ; ils eiïfont des pilons de mortiers, des
bâtôhs dé défenfe, des javelots ou des zagayes pour
Miter à-la main, & qui n’ont pas beloiii d’être
armés de fer, parce que lancés contre leurs ennemis
la bleffure en eft beaucoup plus dangereufe, lorfque-
pénétrant jufqÜ’aux os la pointe vient à s’y brifer 6c
former des éclats. Ce bois eft- encore très-bon pour
faire des môntàns 6c des piliers de batimens, qui
durent très-lcng-temps, pourvu qu’on les endurcifle
à la fumée avant que de des enfoncer en terre; car
ldrfqti’ori les emploie encore humides, ils font fujets
à fe fendre au foleil & à fié pourrir enfuite. Comme
il-eft trop pefant, le peuple , qui n’a pas le moyen
de le faire tranfporter du haut des montagnes, ne
l’emploie guère dans les bâtimens ; de forte qu’il n’y
a que les gens aifés 6c les grands qui ont beaucoup
dë bras à leur fervice > qui en faffent cet ufage. Les
princes Macaffares, p a r air de grandeur, ornent
l’entréè de leurs palais d’une paliffade en forme de
colonnade de poutres brutes, tirées du edeur de;
1’dndjun, & qui ont jufqu’à fix ou-fept pieds de
diamètre. .Pour cet effet ils envoient leurs enfans à
la tête du pèiiplé qui và^aux montagnes poiir débiter
cés greffes poutres ; ceux qui refufent de marcher,
font punis de mort. Quelque nombreux que foit le
peuple qu’on emploie à çe-travail, il fera toujours
étonnant d’apprendre qu$ des gens comme ftupidés
& auffi bornés, aient pu rouler & tranfporter du haut
dés montagnes & à de grandes diftances des blocs
auffi énormes, auffi péfans à force de bras 6c fans lé
fèeours d’aücùnes machines. _ .
Rumphe reconnoît encore trois autres efpéces
d'andjuri, dont- nous allons donner la defeription
d’après lui.
Deuxieme efpece. HANET.
La féconde efpece d’andjuri. s’appelle hanet à
'Amboine,' dans le quartier d’Hitôe. Rumphe le décrit
fous le nom de carbonaria altéra latifolia, fans en
donner aucune figure , à la p. ±3 de fon I I I . volume.
’ Cet arbre croît dans les rochers fur le rivage. Son
tronc eft petit, finueux, couvert d’une écorce liffe
femblable à celle du cofajfu. Ses feuilles font oppo*
fées en croix , longues de fix à huit pouces, arrondies,
ôbtufes au bout antérieur , rudes 6c comme
ondées, fur leurs bords, verd de mer ou glauques,
«n-deffoïts , à côte rouffe.
Ses fleurs font en panicules menues, compofées
de quatre feuilles au calice, 6c de quatre pétales
■ blanc-pâles, à étamines citron-pâles. Le fruit qui
leur fuçcede eft conoïde ou figuré en coeur d’oifeau,
bleu-noir comme une prune, à chair molle, contenant
un offelet comme celui de l’o live, ftrié en long,
& tifl'u par intervalles de petites veines violettes
ïranfverfales. On trouve, fouvent ces noyaux pen-
dans ainfi à l’arbre, quoique leur chair extérieure fe
foit pourrie. '
Qualités. L’hanet eft amer dans toutes fes parties.
Il fleurit en mai. Son écorce eft très-feche 6c fragile ;
fon bois blancs-jaune, plus blanc que celui du buis ,
d’une couleur égale, folide', pefant, dur, d un grain
' très-fin, uni, marqué par intervalles de veines croi-
■ fées, comme dans un camelot : dans certains individus
'il eft brùn-r'ouge.
Ufages. Il ne fe fend pas aifément , & quelque poli
qu’on lui donne, il n’eft point égal ni liffe ; il a toujours
des veines plus élevées.
, !Troifieme efpece. H A AN.
Rumphe donne le nom de carbonaria altéra anguf-
tifolia à une troifieme efpece ■ dé andjuri j gu§ les
Macaffares appellent haan., 6c dont il n’a pas fait
graver la figure.;
Celui-ci fleurit en décembre. Il crdît dans les
petites forêts eXpofées au midi, dans les lieux fecs
6c chauds des montagnes d’Amboine. Il différé de
l’hanet, en ce que fes feuilles font'plus larges à proportion,
plus molles , I6ngues .de cinq à fept pouces *
d’ün verd plus g a i, difpofées moins régulièrement
en croix & à nervures blanches oppofées. L’écorcê
des branches eft brune & lifte.
Ses fleurs reffemblent; à celles de l’hanet 6c dû
mangier ; elles font à quatre pétales, mais difpofées.
en corymbe, comme dans l’arbre rouge , appellé
goffali, qui eft une efpece de jambo;
Qualités. Son bois eft comme .celui de l’hanet,
blanc-pâle dans certains individus ,. 6c rouge-brun
bordé de jâune vers.l’aubier dans d’autres.
Ufages; Son écorce eft feche , 6c quoique mince ,
plus dure que celle.de l’hanet;. ce qui fait que: les
orfèvres Macaffares la préfèrent pour faire des ereu-
fets à fondre leur or.
Quatrième efpece '. Ul it -HeLAWAN.
Les hàbitans d’Hitoé , dans l’île d’Amboine, appellent
la quatrième efpece d’andjuri du- nom de.
ulit-helawan ou uli-helawan, 6c ceux dé Ley timor et
uri-helawan , qui veut dire- écorce dorées, ou plutôt
écorce à £o r écorce à fondre l’or , à caufe de.fon ufage„
Celle-ci n’eft qu’un arbriffeau qurcroîtfeulement:
fur les rivages efearpés de la côte d’Hitoe. Son tronc
eft court 6c courbe , fes feuilles longues de neuf à
dix pouces, fermes.. Ses.-fleurs font pareillement
petites, à quatre pétales;,- blanches,,..6c ne s’épa-
nouiffent. qu’en juillet & août.
Qualités.. Son bois eft jaune, fec, dur, folide ,
fans veines.
• Ufages. Son écorce fert comme celle des précédons
, 6c on fait du charbon avec, fon bois; mais on
l’emploie, par préférence à faire des poutrelles ou
des folives , à caufe de fa folidité.
Remarques. andjuri fait;* comme l’on v o it, un
genre particulier de^plante, qvii vient naturellement
dans'la famille des ciftes; 6c il y auroit affez de
eara&eres différentiels pôur former des .trois dernières
efpeces un autre genre.tres-voifin dit calaba
dans la même famille. Ces plantes , affez difficiles à
déterminer, n’avoient pas encore été êlaffées avant
nous. (Af. A d a n soN . )
§ ANDOVER, ( Géogr. ) ville d’Angletérre dans
le South'ampton, à vingt lieues fud-eft de Londres»
Elle eft grande, bien bâtie 6c floriffante par les dé^
tails de fon commerce intérieur. Elle, envoie deux
députés au parlement- d’Angleterre. C’eft aux portes
de cette v ille, dans un lieu que l’on nomine Weyhill9
que fe tiennent les plus grandes foires du royaume.
Long. i€, ' iS. lat. 5 / , 10. (C. A .)
* § ANDRA ou A rdra , ( Géogr. ) .flèuve d’Afrique
fur la côte de Guinée ; . . A r d e r ou A r d r a ,
petit royaume d’Afrique en Guinée. . . . A r d r a ,
A n d r a ou O r d a , ville d’Afrique dans la Guinée. Il
y a auffi un royaume de ee nom en Guinée. DicL
raif. des Sciences,. & c .
Voilà -bien de la confufion caufée par des noms
differens d’un feul royaume de Guinée, dont il fuffi-
foit de faire un article fous le nom & Arder. Mais il y
a une faute effentielle dans le premier article ; on
ne connoît point de fleuve Andra ni Ardra. Si dans
-quelques géographes on trouve l’un de ce mots fuivî
de la lettre R , elle fignifie royaume & non rivière.
Lettres fur L'Encyclopédie. ,
ANDRAMIT ou A d r a m i t , ou A n d r a m i t i ,’
(Géogr.) ville de la Turquie en Afie j dans la Na-
tolie. Elle eft. fur la côte occidentale de cette
province 3 au fojid du golfe à qui elle donne fon nom,