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faut qu’il fâche faifir le fentiment dans toute fon
étendue, & le rendre en peu de mots , mais choifis
6 coulans. Une paflion trop véhémente & trop inquiété
en même.tems, qui cherche à fe répandre
& k extravaguer de tous côtés, n’eft pas propre
à Varia , parce qu’on n’y fauroit obferver l’unité 4
de fentiment que ce genre de compofition exige.
C ’eft aux accompagnemens à exprimer les paffions
fougueufes.
Varia eft compofée de deux parties, ou de deux*
propofitions. La première renferme l’expreflion générale
du fentiment, & la reprife en fait l’application
particuliere au fujet, ou en indique la modification
précife : par cette diftribution le compofiteur
a l’occafion de mieux développer l’expreffion. Au
refte l’ordre des parties peut auffi être renverfé. Mais
en général l’aria la plus parfaite eft celle où la première
partie fait une antithefe avec la fécondé.
La théorie muficale de Varia n’eft pas , à beaucoup
près, auffi perfectionnée que la théorie poétique
: i c i , comme dans plufieurs autres cas, le compofiteur
n’a point de regies bien folidement établies.
Quant à la forme extérieure , les compofiteurs
italiens ont introduit une mode qui a paffé en lo i ,
ou peu s’en faut. La mufique inftrumentale débute
par un prélude qu’on nomme la ritournelle. Cette
courte fymphonie, exprime le fentiment général
qui doit régner, dans Varia : vient enfuite la voix
qui chanté feule la première partie de l’air affez uniment,
& d’un bout à l’autre, après quoi elle en répété
les périodes & les décompofe. Puis le chanteur
reprend haleine pendant quelques inftans, & cette
paufe eft remplie par les inftrumens qui répètent
les principales expreffions' du chant. La mufique
vocale recommence. Le chanteur analyfe de nouveau
les mots de la première partie, & appuie
. principalement fur ce qui fait l’elfentiel du fentiment.
Il achevé de chanter cette reprife ; & quand
il a fini, les inftrumens continuent le même fujet
pour donner à l’expreffion du fentiment toute la
force dont elle eft fufceptible. Ainfi finit la première
partie.
La fécondé partie fe chante tout uniment, fans
les fréquentes répétitions & les décompofitions multipliées
qu’on fe permet dans la première partie. Seulement
dans les petites paufes que le chanteur fait,
les inftrumens appuient & fortifient l’expreffion du
chant. Quand celui-ci a fini, la mufique inftrumen-
tale joue une fécondé ritournelle, après quoi la voix
reprend la première partie de l’air, & la chante
une fécondé fois avec la même étendue & les mêmes
répétitions.
Il faut convenir que c e t t e méthode eft judicieufe
& très-conforme au but de la mufique. Le chanteur
.un peu fatigué, par le récitatif qui précédé Varia, a
le tems de prendre haleine pendant la ritournelle-,
& de fe préparer au chant; & les auditeursfen-
tent réveiller leur attention, la ritournelle les dif-
pofe d’avance à l’impreffion que le chant doit faire
fur eux. Cependant les compofiteurs ne s’aftreignënt
pas toujours à cet ufage. Quelquefois le chant commence
fans aucune préparation ; & dans certaines
conjonâures, lorfque la paffion eft violente, cette
méthode- eft plus naturelle, & l’effet en eft plus
fur. Tous ceux qui ont entendu chanter Varia : O
numi cpnjiglio, &c. dans l’opéra de Cinna, ont eu
l’occafion de s’en convaincre.
C’eft auffi avec raifon qu’on fait d’abord chanter
de fuite là première partie de Varia, prefque fans
aucun accompagnement. Par ce moyen on faifit rapidement
le fujet général qui doit nous occuper, &
l’on fe difpofè à entrer dans les fentimens^u poète
du compofiteur. Alors les répétitions du chanteur
viennent à propos , pour appuyer fur les expreffions
les plus énergiques , & les ramener en
plufieurs maniérés différentes, & fur des tons toujours
variés. '
Ces répétitions font dans la nature du fentiment;
il revient fans ceflV fur l’objet qui l’occupe, ôc
Tenvifage fous toutes fes faces. Et ce n’eft auffi
que par des impreffions redoublées que l’auditeur
peut etre vivement emu. La mufique inftrumentale
achevé de frapper les derniers coups. '
Comme la fécondé reprife n’eft pour l’ordinaire
qu’une application particulière de la première, où
le fentiment s’eft pleinement développé, elle n’exige
pas que le chanteur y infifte beaucoup. Le compofiteur
fe Contente ordinairement de changer le mode
ou la mefure, pour donner un nouveau tour à la
même expreffion.
Le da-capo, ou la répétition de la première partie
n’a probablement d’autre motif que le defir défaire
entendre une fécondé fois un chant bien expreffif.
Les impreffions de la mufique paffent rapidement ;
la répétition les fortifie & les rend plus durables. Mais
pour que cette répétition ne forte pas de la vraifem-
blance, il faut que le poète & le compofiteur aient
arrangé Varia de maniéré que fa véritable fin foit
réellement placée au bout de la première partie. La
chofe n’eft pas aifée, parce qu’une fin trop marquée
rendroit la fécondé partie inutile; elle paroî-
troit déplacée. La répétition la plus naturelle eft:
celle qui eft amenée par la maniéré dont la fécondé
reprife finit ; fi elle fe termine par une queftion dont
la première partie contient la réponfe, ou , en général
, fi elle excite une attente à laquelle la première
reprife fàtisfait, la répétition n’aura rien que de très-
vrâifemblable.
Il n’y a , au refte, que les artiftes médiocres ;
ceux qui ne çonnoiffent d’autres réglés que l’ufage ,
qui s’aftreignent fervilement à la pratique ordinaire.
D e - là viennent ces aria froides & infipidesqu©
l’on entend quelquefois. Le poète n’y a mis que
des penfées triviales & plates. Le compofiteur s’ap-
pefantit à les répéter, à les analyfer, comme il a vu
qu’on lefaitlorfqu’i ly a desfentimensintérèffans à exprimer.
D ’autres, avec la même fimplicité, ont recours
à la mufique inftrumentale poür lui faire dire
ce que la voix devoit feule rendre d’une maniéré
touchante & énergique ; c’eft que ces compofiteurs
ontobfervé qu’en certains cas, lorfque le chant a
donné à l’expreffion toute la force dont il eft capable,
les inftrumens rempliffent fa place pendant une petite
paufe de la voix, appuient l’expreffiondu fentiment
& y ajoutent encore; cette observation les induit à
placer des paufes fans néceffité, pour faire exécuter
à la mufique inftrumentale quelques tirades inutiles,
furchargees d’agrémens ou qui ne fignifient rien,
ou qui difent le contrairé de ce que le chanteur ex-
primoit. Ils outrent pour l’ordinaire les roulades
& les tremblemens.
Un compofiteur habile ne s’attache pas fi fervilement
à la forme qu’il ne fâche s’en affranchir dès que
la nature du,fujet l’exige. Il n’a en vue que l’effen-
tiel de l’expreffion. C’eft le fentiment qui réglé le
chant; tantôt il fera fort, fimple & fans ornement;
tantôt riche, nombreux & varié : ici rapide & véhément;
ailleurs doux & moëlleux. Les paffions férié
ufes & chagrines ne veulent ni tirades ni roule-
mens, &c le compofiteur judicieux'ne prodigue pas
toutes lesricheffes de la mufique fans de bonnes rai-
fons. Il n’emploie pas tous les inftrumens à la fois ;
il ne- prend jamais que ceux que l’expreffion demande.
Nous renvoyons le chanteur au traité deToJi fur
l’étude de fon art ; il fuffira de lui recommander ici
l’attention aux réglés qu’il doit fe propofer,
Une des principales ) c*eft que le chanteur fe
foùvienne toujours qu’il ne chante pas dans la vue
de Faire admirer aux affiftans fon habileté, mais
dans le but de leur préfenter l’image exafte d’un
homme pénétré de tel ou tel fentiment. Mieux il
réuffira à faire oublie? qu’il n’eft que chanteur &
qu’aûeur, plus il s’affùrera un applaudiffement légitime.
Ce n’eft pas fon gofier c’eft fon coeur que
les gens de goût veulent admirer. Dès- qu’ils s’ap-
perçoivent qu’on leur fait perdre l’objet principal
de vue , pour les étonner par des coups de l’art, ils
fe refroidiffent, & le charme de l’illufion eft détruit.
L’application la plus férieufë du chanteur doit être
de bien faifir le véritable caraôere de Varia, & d’entrer
exactement dans toutes les penfées du poète &
du compofiteur, afin de pouvoir rendre chaque fyl-
lab e, chaque ton avec la pliis grande vérité. S’il
a en outre affez de capacité pour renforcer l’expreffion
par de nouveaux tons , il lui eft permis
de le faire, mais qu’il ne le faffè qu’autant qu’il
fera bien affuré du fuccès. A ce défaut il vaut mieux
qu’il s’en tienne fcrupuleufement à fon texte. Il lui
refte affez d’occupation à bien étudier la meilleure
maniéré de rendre les tons qui lui font prefcrits. Un
ton unique qui porte au-fond de l’ame, eft préférable
dans fa fimplicité, à ces longues cadences,
improprement ainfi nommées, dont tout le mérite ne
confifte que dans la difficulté de l’exécution. (Cet article
ejl tiré de la Théorie générait des beaux-arts , de
M . S U L Z E R .')
Aria, ( Géogr.) Dans les pays où les Grecs font
Î>arvenus, ce nom, tiré du mot-aréïos, qui dans leur
angue fignifient confacré au dieu Mars., a été donné
à plus d’un endroit : c’eft ainfi qu’une île du Pont*
Euxin, vers les côtes de Trébifonde, & une chaîne
de montagnes de l’Afie mineure, l’ont porté ; mais
ce n’eft pas ainfi que le porte, dans les tems modernes
, une yill'e du royaume d’Arima, au Japon,
laquelle baignée du fang de nombre de martyrs
chrétiens, ne pàroît pas plus avoir reçu fon nom aria
des anciens Grecs, qu’elle n’en exerce la tolérance.
(Ü3.G .)
Ar ia , ( Géogr.) contrée de fancxgnrte Afie, à
l ’orient de la Perfe, & au nord-oueA de l’Inde.
Il y avoit un lac , un fleuve & unV ville de
même nom ; mais l’obfcurité ou les contrariétés -,
avec lefquelles les géographes & les hiftoriens én
parlent, nous laiffent dans une incertitude abfolue
lur la pofition de ce la c , de cette ville & de cette
contrée, & fur le cours de ce fleuve. ( D. G. )
ARIACE,(Géogr.)peuple de l’ancienne Scythie,
vers les bords orientaux de la mer Cafpienne.
{ D . G . )
ARIADAN ou Aridan , ( Géogr. ) lieu de l’Ara-
-bie Heureufe, dans le Tahama, fur la mer Rouge :
quelques voyageurs en font une v ille ,•& d’autres
-prétendent que ce n’eft qu’un village habité par
.des payfans , & dépendant de la Mecque. (D . G.)
■ ARIADNE,o# Ariane, ( Myth.) fille de Minoà,
Charmée de la bonne mine de Théfée, qpi étoit venu
;pour combattre le Minotauré; lui donna un peloton
•de fil‘dont il fe fervit heureufement pour fortir du
■ labyrinthe, après la défaite du Minotaure ; c’eft-à-
■ dire , cpéA riadne apprit à fon amant les moyens de
-vaincre Taurüs; & par le peloton il faut entendre
•le plan du labyrinthe qu'Ariadne avoit reçu de l’ar-
chitefie même, & dont Théfée fe férvit 'pour ên
-fortir. T héfée, en quittant là Crète, ernme'na avec
■ lui la belle Ariadne ^ mais il l’abandonna dans 'l’île
•de Naxe. Bâcchus qui vint peu apres dans'cette île,
^onfola .fa princeffe de l’infidélité de fon; amant,
& en l’epoufant lui fit préfent d’une belle'couronne
^ ’or ,. chef-d’ceuvre de VVulcàia, laquelle Tnt dans
To.mIt
la fuite mètamorphofée en âftre. Plutarque dit qu “’A*
riadne fut enlevée à Théfée dans l’île de Naxe pat
un prêtre de Bacchus, ce qui eft plus vraifembla*
ble que l’ingratitude de Théfée. Homere dit qutf
ce fut Diane -qui retint A ri a dm ; à la priere dé
Bacchus, voulant marquer par-là que la prineeflé
y etoit morte fubitement, ou par quelqu’aceident.
Hygin dit qüe c’eft Théfée quidonna la belle couronne
à A riadne y & ajoute que e’eft à la lueur des
diamans qui la eompofoient, que Théfée fortit du
labyrinthe. Thomas 'Corneille a donné une tragédiè
d'Ariadne abandonnée par Théfée. Elle a fourni auffi
le fujet de trois- opéra , l’un de Perrin , donné eri
ï 66i ; le fécond du fieur de Saint-Jean , dont le titré
eft Ariadne & Bacchus, en 1 666 ; le dernier eft
de MM. la Grange & Roi , donné en 1717. '(-}*)
ARIBERT , fils de Clotaire II. QHiJl. de France.)
fut exclu du partage de la monarchie Françoife par
Dagobert I. fon frere aîné , qui la réunit toute etf*
tiere , contre l’es'loix en ufage jufqii’albrs. Il eut
beaucoup de peines à obtenir une partie du duché
d’Aquitaine , .qu’il gouverna avec une rare fageffe ;
il devoit la tenir plutôt comme duc que commé
roi. Il fe fit Cependant couronner àTouloufe, qui fut
le fiege de fa domination : ce prince mourut en 630,
deux ans après fon couronnements Chilpérie, fort
fils , fut mis à mort par l’ordre de- Dagobert, qui
commettoit indifféremment tous les crimes, pourvu
qu’ils fuffent ayoués par la politique : Vaiffetfé,
auteur de VHifloire du Languedoc , prétend qu 'Art*
ken eut deux autres eftfans , Bertrand & Boggis,
qui tous deux échappèrent au couteau du tyran i
Boggis l’aîné eft regardé comme la tige d’une longue
fuite de princes qui fe font éteints dans la perfonne
de Louis d’Armagnàc, qui fut duc de Nemours, &
périt à la fameufe bataillé de Cerignole, en 1503*
t / À f - r .)
§ ARI C A , (Géogr.) port & ville de l’Amérique
méridionale. Long, g /y , i5 . lat.'mérid. 18, 2.6VDè9
le commencement de la domination Efpagnole aû
"Pérou , Arica fituée fur la mer dufud, au bout d’un
vallon de peu de largeur, & de quatre à cinq lieues
de longueur, devint un des grands gouvernemens
du pays : ce fut l’entrepôt des mines de Potofi ,
deftinées pou^r Lima ; l’argent y arrivpit par terre,
& en partoit par mer, de façon que .la pofition
refpèûive de ces divers lieux en rendoit les voyages
également courts & commodes. Mais ce "bonheur
partieuher à'Arica ne devoit pas durer,. En l’an
1579 le fameux Drake , faifant le tour du monde,
au nom de la reine Elizabeth d’Angleterre, entra
fans.peine dans le pOrt d'Aricat & le trouvant plein
■ de tréfors affez mal gardés , y prit cé que tout autre
homme dé mer auroit pris .à fa place. C’en fut affez
pour décourager les Efpagnols de l’entrepôt , &
'pour leur Faire abandonner la voie d e ‘ tranfporter
par mer à Lima, les richeffes de Potoli. Ainfi privée
d’un avantage, qui lui avoit donné quelque célébrité
, 'la ville dé Arica dès-lors ne fit plus que lan-
'guir , enfin fa deftruûion totale arriva, par un
tremblement de terre, qui la renverfa de fond en
comble en 1605. Un village , dont les maiforis ne
"font bâties que de cannes., & couvertes^ de nattes
en a pris la place aujourd’hui. On dit qu’il ne pleut
jamais dans le vallon dé Arica., que les ruiffeaux y
font .rares , & que le terroir en eft' cependant d’urie
îécbhdité furprenante. L’on dit que'fans autre engrais,
que la fiente, d’oifeaux que l’on y ramàffe avéc
grand.foin , le bled, le mays, là luzerne, '&:fur-
tout Te piment, " forte d’épicerie que les -Efpagnols
aimenK beaucoup., y font cultivés aveç un fuccès
prodigieux. (L?. G.)
A ri g ( Géogr.) nom latin de la petite île d’ Àlidëfriëÿ
où-Aurignydans-le canal de-Saint-George,
A A a? ij