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 jardins; 'maïs  elle  demande  une  expofitiort  plus  
 chaude,  &  fes  racines veulent  être bien couvertes  
 pendant  l ’hiver,  pour  empêcher  la. gelée  de  pénétrer  
 jufqu’à elles ,  ce  qui  caufêroit  leur  perte. 
 L’efpece  n°.  3 . s’élève  à  fix ou huit  pieds  :  fes  
 tiges  font  blanches  ,  ligneufes  &   tortues  ;  elles  
 n’ont  point  d’épines  :  fes  feuilles  nailfent  en hou-'  
 pes  ,  comme celles du méleze ; elles font fort courtes  
 &  terminées  par  des pointes aiguës ,  de maniéré  
 qu’on  a de  la  peine à  les  manier. Cette  efpece  eft  
 indigène  du  midi  de la  France , de  l’Efpagne &  du  
 Portugal ; elle fe réproduit par fes femences comme  
 l’efpece précédente ; mais elle  eft trop délicate pour  
 vivre  en  Angleterre  en  pleine  terre  :  fes  racines  
 veulent  être  plantées  en  pot  &   abritées  durant  
 l’hiver. 
 La  quatrième efpece  s’élève  en  buiffon  à la hauteur  
 de  trois ou  quatre  pieds  ; fon  écorce  eft très-  
 blanche  :  elle  eft armée d’épines folitaires, qui naif-  
 fent  fous  chaque houpe  de  feuilles.  Ses  tiges fub-  
 liftent  quelques  années,  &  pouffent plulieurs branches  
 garnies  de  feuilles  courtes  &   étroites,  .con-  
 fervent  leur  verdure  tout  l’hiver  ,  fi  on  a  foin  
 • de  les  défendre  des fortes  gelées.  On  la multiplie  
 de  femence  comme- la  précédente.  On  peut  faire  
 venir fa  graine des bords de  la Méditérranée  qu’elle  
 habite ;  il  faudroit  la  lever  en  pot pour  pouvoir  
 la mettre  à  l’abri  de  l’hiver. 
 L’efpece  n°.  6.  éft originaire  du  cap  de  Bonne-  
 Efpérance  :  celle-ci  a des  tiges  irrégulières  &  très-  
 tortues  ,  qui  parviennent  à  huit  ou  dix  pieds  de  
 haut ;  c’ eft un  buiffon qui  pouffé  quantité de branches  
 latérales, grêles &   foibles. Ses feuilles étroites  
 naiffent par bouquets,  comme  celles  du méleze, &   
 armées par-deffous d’uné  épine  folitaire  &   aiguë  ;  
 fes tiges  réfiftent  quelques  années,   &   fes  feuilles'  
 font  toujours  vertes  :  on  la  reproduit  ordinairement  
 en  divifant  fes  racines,  parce  que  cette  efpece  
 ne  donne  point  de  femence  dans  fon  pays  
 natal  :’ le  mois  d’avril  eft  le  téms  propre à cette  
 opération.  Il faut  planter  les racines dans des pots ,  
 &   les  mettre  à  la ferre  en  automne,  car  elles  ne  
 fauroient  fubfifter  à  l’air  libre  en  hiver. 
 L’efpece«®. A. nous vient d’Efpagne,de Portugal  
 &   de  Sicile  ;  elle  habite  généralement  les  lieux  
 pierreux  ;  elle  pouffe  quantité  de  fcions  foibles.  
 &   irréguliers  fans  feuilles , mais armés  de petites  
 épines  rigides,  qui  naiffent au  nombre  de  quatre  
 ou  cinq  du  même  point  ,  &   qui  divergent  dans  
 tous  les  fens.  Ses fleurs  font petites &   d’une couleur  
 herbacée ;  elles  a  les  baies  plus  groffes  que  
 celles  de  l’efpece  commune  ;  elles  fbnt  noires,  
 quand  elles font mûres  : cette  efpece  eft  délicate  ;  
 il  faut  la traiter comme  l’efpece  n°.  3. 
 La  feptieme  efpece  vient  d’elle - même  au  cap  
 de Bonne-Efpérahce ;  elle  donne  du  pied  quantité  
 de tiges grêles, qui donnent naiffance à des branches  
 foibles ,  qui  s’inclinent  vers  le  bas  :  ces branches  
 font  toutes  couvertes de  feuilles  filiformes,  fem-  
 blables  à celles  de  Yafperge  des jardins,  qui reftent  
 vertes toute l’année  :  elle  fe multiplie, &  fe  traite  
 de même que  la cinquième efpece. 
 L’efpece  n°  8.  croît  aufli  au  cap  de  Bonne-Ef-  
 pérance ;  elle pouffe  quantité de fcions foibles,  qui  
 naiffent  par  bouquets  &   armés  d’épines aiguës fur  
 leurs côtés  &  à  leurs extrémités  ::fes  feuilles croif-  
 fent  aufli  par  bouquets  ,   &   reftent  vertes  toute  
 l’année  :  même  traitement  &   même  voie  de  multiplication  
 que  pour l’efpece n°.  5 . 
 La  dixième  efpece  pouffe  du  pied  quantité  de  
 branches  foibles  &   grimpantes  ,  qui  s’élèvent  à  
 cinq  ou  fix  pieds  de  haut  ;  elles  font garnies  de  
 feuillées  étroites ,  lancéolées,  qui naiffent chacune  
 féparément  :  les  fcions  font  armés  d’un  fi 'grand 
 A S P 
 nombre  de  petites  épines  courbes ^  qu’il  n’eft  pas  
 aifé  de  manier  les  branches  ;  elle  fe multiplie  en  
 partageant  la  racine : mais les  plantes  qui  en  proviennent  
 ,  veulent être placées dans une  étuve  tempérée  
 ; fans  q u o i,  elles  ne  réufliroient  point  ic i;  
 on la  trouve  dans  Pile  de Ceylan. 
 Ces  plantes  fe  trouvent dans  les  jardins  des curieux  
 ;  elles  contribuent  à  les varier ;  elles ne font  
 point  difficiles  à  conduire ,  lorfqu’on  a un  endroit  
 pour  les  ferrer  l’hiver  :  on  devroit  les  mettre  au  
 rang  des autres  plantes exotiques.  ( M. le Baron DE  
 Ts ch o u d i .  ) 
 ASPHADELODIENS  ,  f.  m. pl.  (Hifi. & Géogr*  
 anc. )  tribu de Lybiens Nomades, dont on croit que  
 les Bédouins font defcendus, quoiqu’ils  en different  
 par la couleur  de  leur  peau, puifque  les premiers  
 font  aufli  noirs  que  les, Ethyopiens ;  quelques  uns  
 les  confondent  avec  les  Getules  &   les  Numides*  
 dont  on  voit qu’ils  avoient  quelques  ufages ;  mais  
 leur  genre  de  vie  étoit  plutôt  conforme  à  celui  
 des  Tartares  &   des  Arabes  Scenites  qui,  comme  
 eu x ,  vivent  encore  aujourd’hui  fous  des  tentes.  
 Ces  peuples indigens  n’avoient pour meuble  qu’une  
 cruche,  une  coupe  &   un  couteau  ;  la  terre  leur  
 fervoit  de li t ,  &  leurs  troupeaux leur  fournifioient  
 du  lait  dont  ils  faifoient  plus  de  cas  que  de  la  
 chair.  Ils  fe  nourriffoient  encore  de  fruits  ou  du  
 produit de leur pêche. Ils  étoient grofliers &  fauva-  
 ges ; &  comme  ils  étoient fans luxe &c fans befoins ,  
 ils n’eurent aucune teinture dés  arts  &   des fciences.  
 Le fol  n’avoit  point  chez  eux  de  pôffeffeur privilégié, 
  &   la terre  leurfembloit  un commun héritage  
 abandonné à fes habitans. Leur férocité &  l’habitude  
 de  s’approprier  par  la  force  tout  ce  qui  leur  ap-  
 partenoit,  les rendoit belliqueux,  &   leur  pauvret©  
 les rendoit laborieux, c’étoit fur-tout leur cavalerie  
 qui les rendoit le  plus  redoutables. Leurs  chevaux,  
 quoique petits  ,  fifpportoient  les  fatigues  des  plus  
 longues  marches  ,  c’étoit avec fine  baguette  qu’ils  
 dirigoient  leurs  mouvemens  :  ils  ne  fe  fervirent  
 du  frein  &   dé  la  bride  que  du  temps  d’Annibal,  
 qui  les  employa avec fuccès  dans fon armée. Leurs  
 moeurs,  leurs  ufages  ,  leurs  loix  &   leur  religion  
 étoient à-peu-près les mêmes que  chez les Numides  
 &  Getules.  Voye^ Num id e s^«* ce Suppl.  (T —jv.) 
 ASPHALTE,  (  Mat.  mèd. )  bitume  de  Judée.  
 Ce  vrai  bitume  eft  fort  rare ,  &   fon  ne  trouve  
 fouvertt fous ce  nom ,  dans  les  boutiques , que  du  
 piffafpbalte  durci  au  feu dans  des  chaudières  de  
 cuivre,  ou  un  mélange  de  poix  avec  une  huile  
 minérale  empyreumatique. 
 Les  fumigations  avec  ce  bitume  font  recommandées  
 dans  les  attaques  d’hyfterie  ; on  en  fait  
 aufli  des  emplâtres,  qu’on  applique  fur  le  pubis,  
 en  y   mêlant  quelque  corps  moins  folide.  L’ufage  
 extérieur  de  ré  bitume  eft  principalement  chirurgical: 
   il  eft  réfolutif,  déterfif ;  on  s’en  fert  dans  
 les  ulcérés  vermineux ou  fordides , dans  les  extra-  
 vafations  de  fang  coagulé  &   les  tumèurs  qui  en  
 réfultent.  Voye^  Bitume,  Dici.  raif,  des Sciences,   
 &c.  ( M. L a f o s s e .  ) 
 ASPIC ,  (Bot.  Mat.  mèd. )  lavèndula  fpica 'f  
 petite  lavande.  Les  fleurs  font  la  feule  partie  de  
 cette  plante  ufitée  en  médecine.  Leur odeur très-  
 pénétrante  eft  agréable, &   leur faveur forte,  âcre  
 &   amere  dépend  principalement  de  la  quantité  
 d’huile  effentielle  éthérée  qu’ elles  contiennent.  
 L’analyfe  ehymique démontre les mêmes  principes  
 entre  cette  plante  &  la  lavande  ordinaire  :  les  
 vertus  eh  font  à-peu-près  les  mêmes.  Voye£  
 Lavande ,  Dicl.  raif.'  des  Sciences, ' &cc. 
 On  trouve  dans  les  boutiques  une  huile  d’afpic  
 qui  eft  céphalique ,  utérine,  carminative,  anthel-  
 minthique  ;  on  l’emploie,  extérieurement  contre 
 A  S  S 
 les poux, on affure même qu’elle garantit  les  livrés  
 &   les  étoffes  des  infe&es  ou  des teignes.  ( M.  
 L a f o s s e .  ) 
 ASPIDO,  ( Géogr. )  riyiefe  d’Italie,  dans  la  
 Marche  d’Ancone. Elle a fa fource près de Polverigo  
 &   fe  jette  dans  le  Mufone  où  Moufone,  un  peu  
 au-deflùs  de  fon  embouchure  dans  la  mer  Adriatique. 
   ( Ç.  A . )  . 
 ASPIRATION,  ( Mujîq.y  agrément  principalement  
 en  ufage-pour  le  clavecin.  Il  eft  de  deux  
 fortes ,  &   on  le  marquoit  autrefois  de ■ deux  maniérés, 
   fuivant  l’efpece  dont  il  devoit  être..  Lorfqu’on  
 trou voit  la  marque  A  >  on  faifoit  entendre  
 la  note  immédiatement au  defliîs  de celle qui  étoit  
 notée,  &   quand  on  trouvoit  cette  autre  marque  
 V ,   c’étoit  la  note  immédiatement  au-deffous  qu’il  
 falloit  faire  entendre.  Aujourd’hui  on  ne  fe  fert  
 plus  de  ces  marques :  on  note Yafpiratiôn  tout  au  
 long,  ou  on  la  laiffe  à la  volonté  de  l’exécuteur.  
 Foyei  la marque  &   l’effet  de  V afp i rat ion, fig.  8 ,  
 pl.  IV.  de  Mufîque ■,  dans  ce Supplément. 
 .  On  pratique  ëncore  Yafpiratiôn  par  dégrés  dif-  
 ioints.  Voyez  la  ./îg’.  o ,  pl. IV.  de Mufîquedans  ce  
 Supplément.  ( F. D .  C.  ) 
 ASPIS ,  ( Géogr.)   ancienne  ville de Macédoine,  
 q ui,  félon  Etienne  le  géographe,  fut  bâtie  par  
 Philippe ,  pere dePerfée.  Il  n’en refte aucun veftige  
 aujourd’hui.  (  C. A .  ) 
 ASPITHRA,  (Géogr, )   ancienne  ville  d’A fie ,  
 fur une  riviere du même nom,  au  pays  des  Sines.  
 On  dit  qu’elle  contenoit  d’affez  beaux  édifices  &   
 que  les  rues  étoient  garnies  d’allées  d’arbres  de  
 toute efpece.  ( C. A . ) 
 ASPLEDON,  ( Géogr. ’) ancienne ville de  Grece  
 dans  la  Béotie.  Strabon  la  met  à  vingt  ftades  
 d’Orchomene au-delà  du  fleuve Mêlas.  ( C .A .) 
 ASSAI,  ( Mufîque. )  adverbe  augmentatif  italien  
 qu’on trouve affez  fouvent joint au mot  qui indique  
 le  mouvement  d’un  air ;  ainfi  preflo  affai,  largo  
 ajfai fignifient fort vite, fort lent.  L ’abbé Broffard  a  
 fait  fur  ce  mot une de  fes  bévues  ordinaires,  en  
 fubftituant à  fon  vrai  &  unique  fens,  celui  d’une  
 fage  médiocrité  de  lenteur  ou  de. vîteffe.  Il  a  cru  
 qu''ajfai  fignifioit  ajfei ;  fur  quoi  l’on  doit  admirer  
 la  finguliere  idée  qu’a  eue  cet  auteur  de  préférer  
 pour fon Vocabulaire,  à fa langue maternelle,  une  
 langue  étrangère  qu’il  n’entendoit  pas.  (S .') 
 ASSASSINAT, f. m.  (  Jurifprudence  criminelle. )   
 On  peut’ le  définir,  un  attentat  prémédit©  fur  la  
 vie  d’un homme, bien  différent en  cela du meurtre  
 involontaire, du meurtre commis  dans le  cas  d’une  
 défenfe  légitime,  du  meurtre  enfin  ordonné  par  
 la  loi ;  car  qui  dit  attentat,  dit  entreprife  contre  
 l’autorité du fouverain. Qu’il foit enfuite confomme  
 ou commencé  Amplement :  qu’on en foit  coupable ,  
 ou  qu’on  n’en  foit  que  complice,  la  définition  
 embraflê  tout ;  &  fuivant  nos  loix *  la  punition  
 eft  la même  dans  tous  ces  cas :  c’eft  la  mort. 
 \Jaffaffinat  eft  un  de ces  crimes qui font vaquer  
 de  plein  droit  le  bénéfice  de  l ’éccléfiaftique  qui  
 s’en  rend, coupable.  Il  eft  aufli  un  de  ceux  pour  
 lefquels  le  prince  s’eft  ôté  fi  fagement  le  pouvoir  ;  
 d’accorder  des  lettres  de  rémiflion :  art.  2.  &   4   \  
 du  tit.  j  6   de  l'ordon.  crimin. 
 Nos  lôix  le  puniffent  du  fupplice  de  la  roue,  ■  
 à  moins,que  le  coupable  ne  foit  une  femme;.  ;  
 prefque  par-tout  la  peine  attachée  à  ce  crime,  eft  ]  
 la perte  de  la  vie» 
 Nous  examinerons  ailleurs  quels  peuvent  être  
 les  fondemens,   les  effets  &   l’utilité  du  fupplice  
 de-  la  roue. -  *  V 
 Qn. demande  à  ce  moment  fi  dans  lefyftêmé  
 de  la  fuppreflion  des  peines  capitales,  il  ne feroit 
 A  S  S  653 
 pas à  propos de  les  laiffer  au  moins  fubfifter  pour  
 Yaffaffinat  ? 
 Ceux  qui  font  de  ce  fentiment  fe  fondent  fur  
 l’accord prefque unanime des peuples : ils obfervent  
 que  chez  les  Juifs,  les  Egyptiens,  les  Grecs  &   
 les  Romains,  l’aflaflin  étoit  puni  de  mort  ;  ils  
 s’autorifent de ce  que  le  même ufage fubfifte  parmi  
 les  nations modernes policées. Ils  ajoutent qu’effec-  
 tivement,  il  paroît  jufte  de  priver  de  la  vie  celui  
 qui  l’a  ôtée  à  fon  femblable;  qu’en  attentant aux  
 jours ■ des,  autres ,  Paffaflin ■ renonce  à  tout  droit  
 fur  les  fiéris ;  que  d’ailleurs  YaflaJJînat  étant  l’un  
 des plus  grands  crimes  qui  troublent  l’ordre  de la  
 fociété,  il  eft  convenable  de  le  punir  par  la  plus  
 févere  des  peines  connues. 
 ,  Les  réponfes  ne  font  peut-être pas  moins faciles  
 que fatisfaifantes. 
 Et  d’abord,  il ne  faut  pas croire que  cet  accord  
 des  peuples  foit  aufli  unanime  qu’on  le  fuppofe  :  
 &   quand  il  le  fe ro it,  il  ne  feroit  pas  tout-à-fait  
 capable  de  perfuader  l’ami  de  l’humanité,  qui  
 veut  trouver  en  tou t,  non  des  exemples,  mais  
 ces  grandes  maximes  de  la  raifon  &  de la  juftice ,  
 fans  quoi  le  refte  n’eft  rien. 
 Lorfqu’Homere nous repréfente fur le bouclier d’Achille, 
   deux  citoyens  qui  compofent  au  fujet d’un  
 ajfajjinat, n’eft-ce  pas nous  apprendre, que  l’affaflin  
 • n’étoit  pas  toujours puni  de mort  chez  les  Grecs ?  
 Les  loix athéniennes de Meurfius en offrent d’autres  
 preuves.  Il  établit  fur  des  autorités  fans  nombre  
 què  l’on  fe  contentoit  de  bannir  les  affaflîns,  du  
 milieu  de  la  fociété ;  on  leur refufoit  l’entrée, des  
 temples,  des  bains  publics,  des  affemblées,  des  
 maifons  particulières;  il.étoit  défendu  de  communiquer  
 avec-  eux,  de  leur  donner  de  l’eau  &   du  
 feu ;  on  confifquôit  même  tous  leurs  biens;  mais  
 on  refpeâoit leur  vie.  La fociété leur  refufoit tout  
 ce  qui  étoit  en  fon  pouvoir ;  elle eût  craint  d’entreprendre  
 fur les droits  de  l’Etre  fuprême en  tranchant  
 les  jours  qu’il  leur  avoit  donnés. 
 On  ne  puniffoit  YaJJiÆnat  chez  les  Germains,-  
 qu’en  dépouillant  l’affalun  d’une partie de fon bien  
 en  faveur des  parens  du défunt :  luitur enim  homi-  
 cidium,  dit  Tac ite,  certo-  armentorum  ac  pecorum  
 numéro , recipit  que fatisfaclionem univerfa domus. 
 UHïftoife  générale  des  voyages  nous  parle  de  
 plufieurs  peuples  ,  qui  ne  puniffent  Yajfaffinat,  
 qu’en  abandonnant  le  meurtrier  à r la  famille  du  
 défunt,  &   le - lui  livrant  pour  s’en  fervir  comme  
 d’un  e.fclave  &   d’une  bête  de  fomme.  . 
 D ’autres  ne  le  condamnent,  comme  les  Ger-  
 puâins , qu’à  des  amendes pécuniaires. 
 Nos  aïeux  n’en  ufoient  pas  autrement  :  rien  
 n’eft  fi  connu  que  les compofitions  ordonnées  par  
 les  loix  des  Saliens,  des  Bourguignons,  des  Ri*  
 puaires, où  la vie  d’un Franc  eft  taxée à  200  fols,  
 celle d ’un Romain  à  100  ,  ainfi  des  autres. 
 Peut-être  ces  compofitions  qui:nous  paroif-  
 fent  ridicules  parce  qu’elles  different de  nos  ufages  
 ,  n’étoient-elles  pas  défavouées  par  la  juftice  
 :& par  la  raifon ?  Qui  ne fait  en  effet que l’affaflîné  
 •ne *fe  leve  pas  du  tombeau  ,.  lorfque  l’affaflin  y   
 defeend  ?  Pourquoi  donc  l’y   précipiter ?  A  quel  
 propos enlever un fecondfujet  à  la  fociété  ?  Eft-ce  
 pour  la  confolerdu  premier  que  le  meurtre  lui a  
 ravi ?  Ce  font  deux  hommes  qu’elle  perd  au  lieu  
 d’un.  Peu importe  que ce  foit le  glaive  de  la  lo i,  
 ou  le  poignard  de  l’affaflin, qui  les lui ôte.  L’effet  
 eft le même pour elle. Elle  eft privée  de  deux hommes  
 &  la famille du défunt n’en retire  aucun avantage. 
   Car  après  tou t,  quelles  lôix ,   en  livrant  un  
 affaffip à la mort,  pourront  ramener  à  une  époufe  
 &   à  des  enfans ,  le  pere  &   l’époux que  le  crime  
 a égorgé,;  la mort  du meurtrier  n’aura  jamais  cet