
 
        
         
		.-a  -que  éducation  qui  puiffe  familiarifer  avec  la  
 éhonté  de là  fervitude.  Ajfur,  devenu  chef de  ces  
 «migrans.-,  remonta  vers  les fources  du  Tig re, oh  
 il donna fon nom à  la  contrée, qui  depuis  fut. combine  
 fous le  nom  d'Aßyrie.  Il y   jetta les fondemens  
 d’une  ville  qui,  quelque  tems  après,  devint  la  
 'capitale  d’un floriflant empire : cette  opinion eft la  
 plus probable  &  la plus fuivie.  ) 
 Il  ne  paroît pas qu'Ajfur,  chef de Ce  peuple  ftiw  
 .gitif ,-ait  jamais  été  revêtu  du  pouvoir  fup.reme,  
 &   ainfi  l’on  a  tort d’appercevoir  en  lui  la  fource  
 de  la royauté.  Ceux  qui  avoient  fuivi fa  deftinee ,   
 n’avoient .. quitté  les  lieux  de  leur  naiffance,  que  
 -pour  fe fouftraire  à la  domination  d’un  maître.  Ils  
 -avoient  -réfufé  de  fe  courber  fous  le  joug  de  
 Nembrod,  il  eft  abfurde  de  penfer  qu’ils  fe  fuf-  
 fient  dépouillés  de  la  nobleffe  de  leurs  inclina*  
 •lions, en  changeant, de  climat';  on  fait  que  dans  
 •ces tems  voifins  de  l’enfance  du monde, la  liberté  
 étoit  le  plus  précieux  des  tréfers.  De  plus,  il  ne  
 -nous refte  aucun  monument hiftorique  qui  attelle  
 qu’Ajfur  ait  eu  des~fiicceffeurs  ;  &   ce  n’eft qu’en  
 Tan  cinq  cens  quarante-trois qu’on voit un guerrier  
 élever fa tyrannie dans Ninive. Il  eft  donc probable  
 que le gouvernement  d’autonomie  ou de  pleine  liberté  
 fut  le  privilège  de  cette  fociété  naiffante  ;  
 chaque  famille ou chaque  tribu  fe  ;gouvernoit  par  
 fes moeurs  &   fes ufages  ;  il fuffifoit  qu’il y  eût des  
 juges pour décider les différends quipouvoient naître  
 entre  les  différens cantons :  il  n’y   avoit  .point  encore  
 de  rois  à  Ninive  du  tems  de Loth &  d’Abra-  
 ham,   &  il  paroît  que  les  champs  n’avoient  point  
 de  poffeffeurs  privilégiés.  (T—N.  ) 
 ASSURER ,  v. a.  en  Méchaniqüe,  lignifie  rendra  
 ferme.  ( J . D . C.') 
 ASSYN, ( Géogr.) cap d’Ecoffe au fud-oiteft d’une  
 baie  de même nom ;  il y  a  des  pâturages qui nôur-  
 riffent quantité  de  chevaux  &   d’autre bétail ;  on y   
 trouve auffi du marbre &   des bêtes  fauves :  il  y   a  
 encore dans le  même royaume un lac &  une riviere  
 de même  nom,  &   le  bourg  d’Affymberg  à  l’embouchure  
 de  cette riviere.  (£7. A . ) 
 ASSYRIE, (Glogr.anc. )  contrée  d’Afie  appelléé  
 aujourd’hui Arfcrum ou le  Kurdifian,  dans  le Diar-  
 b ek , au nord de Bagdad. Elle  fut  célébré dans l’antiquité  
 par fes  rois  &   par  leur  puiffance ;  fes  principales  
 villes  étoient Ninive,  la  capitale ,  aujourd’hui  
 Moful  &  Ctefiphon,  autrefois  le  liege  royal  
 des Parthes. Ninus fut le premier fondateur de l’empire  
 d’Affyrie : on donne à cet empire  une durée de  
 treize cens ans, jufqu’à  la mort de Sardanapale, qui  
 .en  fut  le  dernier  fouverain.  (Ç. A.') 
 Assyrie , ( Hiß.  ancienne. )   L’empire  $  A  jfy rie a  
 ,effuyé  tant1 de  révolutions,  qu’il, eft  difficile  d’en  
 fixer les  limites : fon étendue  a  varié félon fes prof-  
 pérités  ou  fes  revers.  L’opinion  la  mieux  fondée  
 fuppofe  qu’il  renfermoit  tout le  pays  fitué  entré  
 le   Tigre  &   l’Indus  :  on  lui  donne  pour  fondateur  
 Affur , que quelques-uns confondent avec Nembrod.  
 UAjfyrie,  dans  fon  origine,  eut  des  rois  ou  des  
 chers héréditaires ,  qui,  comme dans  toutes les fo-  
 ciétésnaiffantes, n’eurent qu’un pouvoir limité ; l’habitude  
 de commander leur fit rechercher  les moyens  
 d’établir  la tyrannie  fur  les débris  delà  liberté  publique  
 ,  &   le feeptre mis  dans leurs mains pour les  
 faire fouvenir qu’ils étoient les condufteurs des peuples  
 ,  fut une verge dont ils frappèrent les hommes ,  
 déchus de leur indépendance naturelle.  UAßyrie fut  
 le. berceau  du  defpotifme, parce que ce  fut le premier  
 empire  où l’on  déifia les rois;  on  vit  ces  def-  
 potes  infolens  exiger & recevoir  l’encens  &  les fa-  
 crifices que la  fuperftition offroit  à la divinité ; mais  
 ces idoles  révérées étoient  fo.uvent  avilies  &   traî- 
 A   S S 
 nées  dans  labouè , parce  que  tout  ce  qui  dérogé,  
 à la  nature, n’a qu’une exiftence  paffagere. 
 Leur légiflàtion n’eft point parvenue iufqu’à nous,  
 ce qui fuppofe qu’ils n’avoient que des  ufages ou des  
 loix  fort  informes. Nous ne fommes  pas mieux instruits  
 de leurs  rites .facrés ;  on. fait  feulement qu’ils  
 étoient  idolâtres  &  fort  fuperftitieux , &   que  leurs  
 principales  divinités ,  étoient  repréfentées  fous  la  
 forme' d’une mule ,  d’un  cheval,  d’un  paon, d’un  
 faifan  &. d’une  caille ;  ils  rendoient  un  culte  particulier  
 aux poiffons, en mémoire  de  la  déeffe. Der-  
 ceto ,  qui fut  ainfi métamorphofée : Sémiramis étoit  
 adorée  fous  la  figure  d’un  pigeon.  On  peut  juger  
 de  leurs  penchanspour  l’apothéofe,  quand  on  les  
 voit  déifier  tous  leurs rois,  fans  même  en  exclure  
 le  voluptueux  Sardanapale :  les  Affyriens,  en  les  
 plaçant dans le ciel,  ne firent  que fuivre  l’exemple  
 de  leurs  voifins. 
 Ce  pays,  autrefois  fi  riche  &   fi fécond,  n’offre  
 plus  que  des  plaines  incultes  &   ftériles',  où  quelques  
 nabitans  épars traînent  une yie  obfcure  &  • indigente  
 ; foit que le fol fe  foit épuifé  par  fa  propre  
 fécondité, foit  que  fa fituation entre  plufieurs peii*.  
 pies  rivaux ,  qui  en ont fait le théâtre  des. guerres ,   
 ait préparé  cette. étonnante révolution ,  on  ne  voit  
 plus  que  quelques viles -bourgades  ,  dans'les  lieux  
 où l’on admird.it  Ninive,. Ctefiphon , &  tant  d’autres  
 villes  riches &   peuplées;,  dont l’hiftoire  a  con-  
 facré  les  noms  &   la  magnificence.  Ce  pays étoit  
 arrofé par plufieurs grands neuves, dont les plus con-  
 fidérablès  étoient le Tig re,  ainfi nommé à caufé dut  
 grand  nombrè  de tigres  qui  infeôoient  fes  bords ;  
 le  Lycus  &   le  Caprus,  connfis  aujourd’hui  fous  la  
 nom  des  deux  Zabes.  On  y   trouvoit  un  lac  qu’on  
 croit être l’Averne ; fes eaux étoient  fi meurtrières ,   
 que  l’oifèaù  ou  l’animal  qui  en  buvoiènt,  &   qui  
 refpiroient  les vapeurs  qu’elles  exhaloient,  tom-  
 boient  morts  fur  le  champ. 
 L ’hiftoire  des  rois ' ô? AJfy rie  n’ eft  qü’un  tiffu  de  
 fables  révoltantes,  raffemblées  par  Ctefias ,  qui  a  
 été  copié par  tous  les  écrivains  poftérieurs.  Tout  
 y   paroît  en  contradiction avec  ce  qui  eft  confign©  
 dans nos  annales  facrées ,  qui  feroient  des  guides  
 fûrs  pour  l’hiftoire  orientale  ,  fi  elles  ne  s’étoient  
 pas  prefque bornées aux faits  relatifs  au  peuple de  
 Dieu; ainfi l’on eft obligé de fuivre Ctefias, quia plutôt  
 écrit  ce  qui  étoit  cru  que  ce  qui  étoit  arrivé. 
 Ninus, qii’ùn  fuppofe  avoir été  le  premier  roi  
 d’Ajjyrie,  pourroit  n’être  qu’un  héros,  fabuleux  ,   
 créé  par  l’imagination  dés  Grecs, qui  trouvoient  
 dans  le  nom  d’une.ville,  celui  de  fon.  fondateur;  
 ainfi de Ninive  ils  purent  tirer, celui  dé Ninus.  Les  
 traits,  dont  ils  embelliffent  fon  hiftoire, montrent  
 qu’ils ont réalifé un fantôme ;  ils  dife.nt  que  Ninus  
 fut le premier qui attenta  à  l’indépendance des  peuples, 
  qui , jufqu’alors, n’avoient point eu de guerres  
 à  foutenir;  ils  ajoutent  qu’il  craignit  d’être  arrêté  
 dans fes expéditions par  les  Arabes,  qui étoient  les  
 plus belliqueux de  la  terre  :  tout  eft  contradiction  
 dans  ce  .récit.  -S’il  eft vrai  que  ce  fut  la  première  
 guerre que les hommes  eurent à  foutenir, comment  
 les  Arabes  pou voie rit-ils  avoir  la  réputation  ,d’un  
 peuple  belliqueux ?  C’eft  encore  à  ce prince  qu’on  
 attribue  la  fondation  de  Ninive  &  de  Babylone ;•  
 mais comment, dans  des  tems fi voifins  de  la  naiffance  
 du monde, pouvoit-on raffemblerun million  
 d’habitans  dans  une  même  enceinte  ?  c’eft  fuppo-  
 fer  que  les  campagnes  étoient  peuplées  de  nombreux  
 cultivateurs  ,  pour  fournir  aux  befoins  de  
 cette  prodigieufe  multitude ; c’eft  fuppofer que les  
 arts  qui  ont  befoin  du  fecours  de  l’expérience  &   
 du  tems, parvinrent fubitement à leur dernier degré  
 de  perfection.  Les fuperbes  monumens  qui  embel-  
 jùgnt  ççs  deux  villes ?  les  rafîn.emçns  d’un  luxe 
 A S S 
 délicat &  recherché, introduits  dans la cour  du monarque  
 &   des  grands,  font autant  de témoignages  
 des  erreurs  ou  des  impoftures  des  premiers  écri-  
 yains.  ' 
 On  dit  que ce  prince,  dévoré  de  l’ambition des  
 conquêtes , fe mit à la tête de fept cens mille hommes  
 de  pied,  &   de  deux  cens  mille  chevaux :  il avoit  
 encoredix mille chariots  armés. Ce  fut  avec  cette  
 multitude  qu’il  fit  une  irruption  dans  le 'royaume  
 de Babylone ,  rempli  de  villes  riches &   peuplées,  
 dont il'nt la-conquête, enfuite il fubjugua l’Arménie ,  
 la BaCtriane , la Medie ,  &   tout  le- pays fitu«  entre  
 le  Nil  & ' le  Tanaïs  :  ce  qu’il  y   a de  plus  furpre-  
 nant j c ’eft  que les  rois, fes ennemis ,  lui oppofoient  
 des  millions  de  combattans.  L’imagination  la  plus  
 fécondé ne'peut  concevoir  que  dans  un tems où la  
 terre  manquoit  d’habitans,  on  ait  pu  raffembler  
 des  armées  fi  nombreufes;  les hommes indociles &   
 féroces  auroient-ils  renoncé à  leurs foyers,  à leurs  
 femmes ,  à leurs enfans, pour aller chercher  à l’extrémité  
 du globe,  des  ncheffes  qu’ils  trouvoient  
 fous leurs mains ? Les fociétés alors  étoient peu nombreufes; 
  l’autorité  des  rois  étoit  trop  bornée pour  
 raffembler  fous  le  même  drapeau,  tant  d’hommes  
 difperfés  &   fatisfaits  des  productions  de  leur  fol.  
 Comment faire  fubfifter des  armées fi  nombreufes ?  
 Les routes  n’étoient point  frayées ; les montagnes ôc  
 les bois  oppofoient des  barrières par-tout renaiffan-  
 tes ; lés  champs  étoient  incultes &  ftériles ;  la  navigation  
 ,  encore  dans.fon  enfance ,  n’offroit point  
 le  -moyen  de  tranfporter  les  productions  d’une  
 ■ terre féconde  dans les  pays arides;  ainfi  toutes  ces  
 armées  &   ces  expéditions  font  autant  de  fables,  
 q u i,  comme  l’ivray e,  croîïTent  dans les champs de  
 l ’hiftqire. 
 Après  fa mort, Sémiramis fut placéé'fur le trône;  
 «ette  princeffe, que la fupériorité  de  fes  talens  fait  
 compter parmi les plus grands hommes, fut amenée  
 captive  d’Afcalon,  où  elle  étoit née  à  la’  cour de  
 Ninive ; le roi Ninus,  frappé de l’éclat de  fa beauté,  
 la  fit  entrer  dans  fon  lit ;  il en  eut  un  fils dont  il  
 lui confia  en mourant la  tutelle :  cette  princeffe  ennoblit  
 fon  fe x e ,  en  fe  montrant digne de comman-  
 der  à  des  hommes.  Occupée  du  bonheur  de  fes  
 fujets,  elle  ouvrit  aux  provinces  une  communication  
 réciproque,  en bâtiffant  fur  le  Tigre &   l’Euphrate  
 ,  plufieurs  villes  dont  la  magnificence  im-  
 mortaliferent  fa mémoire. Après avoir affuré  le bonheur  
 de fies  fujets,  elle  fuccomba  à  la  tentation  
 /d’être  comptée  parmi  les  conquérans  :  fes  expéditions  
 militaires  paroiffent fabuleufes,, t du  moins on  
 a  droit  de révoquer en doute le  nombre d’hommes  
 qu’elle  employa contre les Medes &les  Indiens. On  
 affure, fans pudeur, que fon  armée  étoit compofée  
 de  trois  millions  d’hommes  de  pied,. d’un  million  
 de cavaliers,  de  cent mille  chariots  armés de faux,  
 &  de  trois  cens mille  hommes  pour  les  . conduire,  
 &   pour  différens  ufages.  L’ambition  de  régner  la  
 • rendit injufte envers fon  fils Ninias > à qui elle refufa  
 de  remettre le feeptre,  dont elle n’étoit  que  la dé-  
 pofitaire.  Ce  fils  dénaturé  arma  la  main  d’un  eunuque  
 pour lui ôter la vié ; on répandit qu’elle avoit  
 été tranfportée au ciel fous  la forme d’une colombe :  
 cette  fable  trouva  beaucoup  d’incrédules  ;  ainfi  
 Ninias  pour  fe juftifier ,  publia qu’elle  avoit  voulu  
 l ’engager à commettre un  incefte avec elle ; le fean-  
 dale de fa vie  accrédita ce bruit ; on l’avoit vue dans  
 les plaines  de Médie , s’abandonner à la brutalité de  
 l’officier- &   du  foldat. 
 Les  différentes  couleurs  ,  dont  l’hiftoire  peint  
 cette  reine  célébré , prouvent  qu’il  y   en a eu  plufieurs  
 dont  on  a confondu  les  traits ;  de-là  vient  
 ce  mélange  de grandeur  &   de foibleffe, de moeurs  
 (Sc  de  débauches,  dont  l’alliance  eft  impoflible ;  
 fojne I, 
 AS S   659 
 quoi qu’il en  fo it ,  Sémiramis  après  fa  mort  reçut  
 les  honneurs  de  l’apothéofe : elle  fut  adorée  dans  
 la  Paleftine,  où  elle  avoit  pris  naiffance,  &   dans  
 l’Ajjyrie,  qu’elle avoit rendue heureufe par fes bienfaits. 
  Elle étoit  repréfentée fous la  forme  d’une  colombe, 
   fymbole  de  la lubricité  ;  les  peuples  d’Afcalon  
 regardoient  comme  des  facrileges  ceux qui  
 tuôient un pigeon,  ou  qui  mangeoient  de  fa chair.  
 Ses  ftatues  étoient fans ornement ; elle étoit  repré-  
 fe'ntée  dans  fa nudité  &   fes  cheveux épars :  ce  dé-  
 fordre  pouvoit bien  être  une  image  de  fa  vie  H-.  
 centieufe. 
 Ninias,   fils  d’une mere  qui  réuniffoit  les  talens  
 &   le  courage  des grands hommes ,   ne  porta  fur  le  
 trôné que  les  foibleffes  qui  font même  la. cenfure,  
 des  femmes.  Les  ro is,  jufqu’alors  gardés  par  l’amour  
 de leurs fujets,  avoient  rëffemblé à-des peres  
 au milieu  de  leur famille.  Ninias introduififi l’ufage  
 de .fe faire garder par  des  hommes  armés, qui fem-  
 blent annoncer  aux  rois quevtous  les  .citoyens font  
 leurs  ennemis.  Ce  prince  trop  .efféminé pour avoir  
 de  l’ambition,  fe  renferma  dans  l’ombre  de  fon  
 palais  ,  où  affoupi  dans  les molles  voluptés  ,  il ne  
 vivoit qu’avec  fes femmes &   fes  concubines, dont  
 il  avoit  les  foibleffes ;  &   ce  fut . en  fe rendant in-  
 vifible  à  fes peuples,   qu’il  crut  fe  dérober au mépris  
 public.  . 
 Trente  générations  s’écoulèrent,  fans  qu’il  parut  
 un roi  digne de l’être  : leurs noms ,;comme  leurs  
 .aâiojis.,.font  tombés  dans  l’oubli.  Ce  vuide qui  fe  
 trouve  dans  Thiftôire  à’Ajfyrie,  a  fait  préfum'er à  
 de judicieux critiques;, que  cet empire  n’eut  plus de  
 ,rois  après  Ninias :  leurs  conjectures ont  toutes  les  
 couleurs  de  la vraifemblance ; on 11e  voit parmi ces  
 rois  aucun législateur, aucun ambitieux. Comment,  
 pendant  douze  cens  ans ,  cet état  auroif-il  pu  fubfifter. 
 fans  troubles domeftiques, fans  guerres étrangères? 
   Comment tant  de  rois  tributaires  auroient-  
 rils  été fi long-tems dociles au  joug impofé’ par Belus  
 &   Sémiramis ? S’il  a  éprouvé  les  fecouffes  &   les  
 agitations qui  ébranlent  les  autres  empires,  pourquoi  
 les  écrivains  de  l’antiquité  auroient-ils  gardé  
 lin filence unanime .fur ces révolutions ?  Plus  il avoit  
 d’étendue, plus  il  devoit intéreffer la curiofité,  plus  
 fes  refforts compliqués  étoient  fujets à fe déranger.  
 C’eft  fuppofer que  tous  les  rois  de  la terre  étoient  
 auffi  dégradés. que  les  monarques  Affyrièns ;  fup-  
 pofition  plus  difficile, que  de  concevoir  que,  depuis  
 Ninias, jufqu’à  .Sardanapale,  ce  trône  ne  fût  
 point  occupé.  L’oppofition  qui  fe  trouve dans  les  
 deux liftes  de leurs  anciens rois, faVorife  Cette conjecture; 
  l’une contient trente-fix rois, &  l ’autre quarante  
 &  un. On  n’eft pas plus  d’accord  fur la' durée  
 de  cet  empire ;  les  uns  lui donne  treize  cens  ans,  
 &  les autres  réduifent ce  nombre à cinq cens vingt ;  
 maiscômme  tous  n’ont  pour guide  que  Ctefias, ils  
 n’ont  fait  que  répéter  fes  erreurs.- 
 Après  une  éclipfe  de  plus de mille,  ans,  on voit  
 reparoître fur  le  trône  à'Ajfyrie ,  un Sardanapale ,   
 dont les  vices  &   les moeurs efféminées ont immor-  
 talifé la mémoire. On  donne encorè  aujourd’hui font  
 nom  à  ces  prétendus  conducteurs  des  peuples  qui  
 fommeillent  abrutis  fous la  pourpre, &   qui  ne  fe  
 réveillent que pour fucer la  fueur &c le fangdes peu-  
 • pies  épuifés,  pour  fournir des alimens  à  leurs  fales  
 débauches.  Ce  tyran  invifible  ,  environne  d’eunuques  
 &   de  concubines,  n’étoit  occupé  qu’à  la  recherche  
 des  voluptés,  &   de  celles  même  qui  révoltent  
 la  nature,  &   que  la  pudeur  défend  de  
 nommer.  Fatigué  du  poids  du  feeptre,  il  prenoit  
 la quenouille &  fe fardoit pour difputer aux femmes  
 le  prix  des grâces & d e  la beauté. Tel eft le portrait  
 que  des auteurs outrés en ont laiffé  pour nous peindre  
 un prince voluptueux, qui facrifioit à  fes plaifirs  
 O O 00  ij