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Un autre cas encore plus ordinaire, c’ efflorfqu’on
voit tous les lignes d’un avortement inévitable., que
l’ouverture de l’uterus eft refferrée & l’hémorragie
fi confidérable, qu’on ne peut fauver la mere qu’en
la faifant ceflér. On fait qu’alors le plus'ïur & même,
l’unique moyen d’arrêter l’hémorragie, c’èft de tirer
le foetus & Tarriere-faix. Albert» s’oppofe à cette
pratique qu’il taxe de .criminelle ; cependant elle eft
mife tous les jours en ufagë par les accoucheurs. On
dira que le foetus périt de .neceflité dans ces circon-
ftances, puifqu’on n’a aucun moyen de recoller le
placenta à la matrice, & que la mere court aufli le
même danger tant que dure l’hémorragie.
La certitude de la mort du foetus, s’il eft peu
avancé, & la poflibilité, ou même la vraifemblance.
du falut de la mere, feroient des raifonsraffez puif-
fantes pour autorifer cette pratique., Si le foetus a
atteint le feptieme ou le huitième mois, on a une
raifoii de plus pour la mettre en ufage, parce qu’alors
le foetus étant capable de v ie , on a. efpoir de
conferver l’un. & l’autre.
. Mais le foetus ayant atteint le neuvième mois
& ne pouvant fortir vivant par la mauvaife conformation
de la mere, ou les inconvéniens de fa
fituation, eft-il permis de le tirer dans 1 utérus &
de le-fortir par pièces , dans le deffein de conferver
la mere? Cette queftion importante a.fouvent
été agitéë & l’on s’eft même décidé pour la négative.
Dans la fuppofition qu’on avoità opter entre
la vie d’une femme qui a déjà parcouru la moitié
de fa courfe & celle d’un enfant qui eft au point de
la commencer, on a cru qu’il étoitf de l’interet de
la fociété & même du droit naturel de facrifiër la
mere’ pour conferver l’enfant. On n’a pourtant point
raffemblé tous les élémens de cette efpece de calcul.
Si l’on donne pour raifon de ce choix le bien
qui revient à la fociété de toute la vie d’un homme
, comparé avec celui qu’une femme peut procurer
par la moitié de fa v ie , maigre 1 apparence
qui en impofe en faveur de l’enfant, je croirois que
la préférence doit être pour la mere. Elle a déjà
franchi l’âge le plus critique‘de la vie ( l ’enfance ) :
elle a donné des preuves de fécondité, elle a rendu_
des fervices qui exigent quelque reconnoiffance, &
le droit qu’elle a à la vié eft plus probable & mieux
fondé que celui d’un foetus dont on ne connoît ni la
force ni l’organifatiôn. En admettant que l’enfant foit
vigoureux & vivace, il faudroit tenter l’opération
céfarienne, en cas qu’elle fut pratiquable ; mais s’il
n’y a point d’efpoir de réuflite', comment fe réfoudre
à facrifiër la mere ? Ge que je viens de
dire fuppofe toujours la poflibilité de fauver la mere
ou l’enfant félon qu’on voudra fe déterminer : car fi
l’état de la mere eft défefpéré, peut-être faudroit-
il préférer de la fauver.
Quiconque excite l’avortement par des caufes violentes
eft puni fuivant la rigueur des loix. La peine
eft néanmoins plus légère félon plufieurs jurifeon-
fultes, lorfque le foetus eft encore informe ou qu’il
n’eft pas animé ( félon quelques-uns), elle eft plus
grieve lorfque le foetus eft déjà formé & capable
de vie. Dans le premier cas, on ne punit, félon
ces jurifconfultes, qu’à caufe du tort fait au pere ,
en le fruftrant de l’efpoir qu’il avoit de fe reproduire.
Dans le fécond cas on punit l’homicide.
Cette.aiftinétion eft heureufe , fans doute, dans
quélques cas , puifqu’elle mitige la rigueur de la loi
•fans laiffer lé coupable impuni ; mais examinée de
près, elle tient plus à une fubtiliié qu’au droit naturel.
Qu’importe que le foetus foit informe, pourvu
qu’il foit capable de perfeélion & de vie ? Chaque
âge de l’homme a fa manière d’être ; un enfant ne
ïeffemble en rien à un adulte ni par les facultés mo-
A V O
raies ni par les phyfiques; il y a peut-être moins de
diftance du foetus Informe au,fçetus organifé, qu’il
n’y en a de ce dernier au nouveau hé & à l’adulte.
,,iCe n’eft pas l’animation du foetus qui met obf-
tacle aux av or terriens, comme le veut.Zacchias, ( hbi
11, quefl. x,') qui avance que la multiplicité, des
avortemens, dans les premiers tems de la groffefle,
vient de ce que le foetus,.encore .informe,,n’a aucune
force & ne sfoppofe point à celle qui le chaffe;
au lieu que vers la fin il eft a fiez vigoureux pour
lutter contre cette force. Le foetus ne jouit d’aucune
aftion de cette efpece ; renfermé dans fes membranes
, il eft purement paflif, la feule adhérence
de l’arriere-faix à la matrice explique cette différent
ce plus naturellement.
Si le foetus dont une femme avorte volontairement
a atteint le feptieme mois, & s’il eft prouvé par l’examen
qu’il eft for.ti vivant du lein de fa mere , elle eft
dans le cas d’infanticide, parce que la viabilité de l’enfant,
& les preuves pofitives de. vie.,après la fortie,
indiquent fa négligence ou fa mauvaife volonté. Elle
eft criminelle dans ce cas,.,lors même qu’elle ne
paroît point complice de la caufe de Vavortement.
Mais fi l’enfant dontelle avorte eft né mort, foible,'
avant tout terme ufité, alors elle n’eft criminelle
que dans le cas de complicité de la caufe de Vavortement.
Dans tout avortement d’un foetus qui a v ie , il y 'a
néceffairement hémorragie par la rupture des vaif-
feaux fanguins qui unifient le placenta à la matrice.
Cette circonftance peut n’avoir pas lieu dans. la
fortie d’un avorton mort depuis quelque tems , mais
alors les caufes. de Vavortement n’ont rien qui indique
violence extérieure ou intérieure. L’hémorragie
n’a pas lieu de néceflité dans les avortemens des
premiers tems de la grofîefiè, c’eft-à-dire depuis
deux ou trois femaines jufqu’à deux mois après la
conception. Le placenta n’eft pas encore adhérent à
la matrice ; l’embryon eft contenu dans fes membranes
comme dans un petit oeuf, & cet oeuf peut
s’échapper par accident lorfque l’orifice dé Fute-
rus fe dilate. ( Obf. tTffipp. )
Si au contraire l'avortement dépend de violence
extérieure ou intérieure, il y a toujours hémorragie
plus ou moins confidérable, quand même le foetus
feroit mort dans le ventre de fa mere avant la fortie«-
La connoifiance de l ’union du placenta à la matrice
prouve afièz ce que je viens de dire. Mais il arrive
quelquefois que des caufes violentes, qui rompent
cette union, ne fuffifent point pour faire fortir le
foetus & l’arriere-faix de la cavité de l’uterus. L’hémorragie
fuit néceffairement la féparation de l’ar-
’ riere-faix ; mais le volume du foetus , l’inertie
ou la foibleffe de la matrice, la conftru&ion de
, fon co l, permettent la fortie au fang & non à d’autres
parties plus volumineufes ou moins fluides; ainfi ce
foetus retenu plus ou moins long-tems dans la matrice
, fans aucune adhérence, y féjourne même
après Fentiere ceflation de l’hémorragie & n’en
fort qu’au bout de quelque tems lorfque le vifeere
qui le retient a repris quelque reffort. Dans ce cas
la fortie du foetus peut n’être point accompagnée
d’hémorragie , quoiqu’elle dépende d’un avortement
par caufe violente. Les lignes commémoratifs deviennent
alors fort néceffaires ; l’hémorragie a du
; fuivre la féparation de l’arnere-faix lorfqu’elle a agi ;
: cette partie une fois féparée eft un corps étranger
qui incommode la matrice, cette incommodité s’an-
i nonce par des fymptômes auxquels il faut avoir
recours. g , _
Si après avoir conftaté l’exiftence d’une hémorragie
antérieure on trouve une continuité dq
A V O
fymptômes jufqu’au moment de la fortie du foetus,
&C qu’il foit prouvé que ces fymptômes dépendent
d’un foetus m o r tp u t r é fié , ou même de la Ample
irritation qu’excite un placenta non adhérent, il
eft évident que le cas eft femblable à l’avortement
accompagne d’hémorragie ; la putridité du foetus
& de Farriere-faix, leur noirceur, le- raccomiffe-
ment des vaiffeaux, leur oblitération, font des
lignes non équivoques d’une féparation de Farriere-
faix , préexiftante depuis long-,tems à la fortie.
On préfume la mort de l’enfant dans le cours de
la groffefle par la nature & la violence des caufes
qui ont précédé-& qui ont pu le tuer, par l’affaif-
fement du ventre , la molleffe ou flaccidité des mamelles,
la ceflation des mouvemens de l’enfant, les
défaillances de la mere fans caufe manifefte, les
friflbns vagues, l’écoulement de matières noires,
fétides, par le vagin, &c. V. dans ce Suppl. Infan t
i c id e , O p é r a t io n c é s a r ien n e .
Les caufes de F avortement font malheureufement
très-multipliées, & je fais combien il eft dangereux
de préfenter un tableau qui.pourroit fournir à des
âmes atroces des moyens'pernicieux. Dans,l’alternative
accablante du mal qui pourroit s?enfuivre ,
& de la néceflité de difeuter devant les perfonnes
inftruites un objet important, j’aime encore mieux
paffer fous filence ce dont on peut abufer & me
borner à des généralités.
L’abfürde crédulité de quelques naturaliftes, &.
les préjugés dont on étoit imbu fur l’évacuation
menftruelle, la conception, le développement du
foetus, & le mécanifme ou la vie particulière de
l’utérus, ont exceflivement amplifié le catalogue
de ces caufes. On retrouve ici toutes les erreurs dont
la matière médicale a.long-tems été remplie; les
fignatures ou les rapports de certaines fubftances,
la faifon, le lieu, l’heure pour les cueillir pu'-.pour
les avaler, la manoeuvre fuperftitieufe qu’on ajou-
to it , font un monument bien humiliant pour l’homme
.qui s’étaye -de tant de précautions pour être
méchant ! Ces préjugés dont l’origine remonte vers
des tems très - reculés, font parvenus, jufqu’à nous
en leur entier , .& quoique méprifés de tems en
tems par de grands hommes , ils en ont fouvent
impofé aux plus graves compilateurs qui, fur là
foi d’autrui, n’ont pas manqué d’augmenter leurs
recueils du fatras de ces traditions. Un peu de ce
fcepticifme phyfique-, qui n’évalue les chofes que
par fes faits, ou qui exige de féveres analogies pour
les admettre ,fuffit pour écarter tout ce merveilleux.
On peut faire le procès à la mauvaife intention de
celui, qui emploie une caufe regardée par le vulgaire
comme efficace ; mais il importe au médecin
que le juge confulte, d’en connoître la véritable
aâion.
Les effets des fubftances abortives ne doivent
être .évalués que relativement. Il n’y a peut-être .
point de fubftance qui, prife intérieurement, excite
l 'avortement de néceflité abfolue. La fabine regardée
comme l’une des plus puifl'antesà cet égard, manque
très-fouvent fon effet, & (elon Zirtmann ( med. for.
cent. F l ) , elle ne peut le produire en aucun fens.
La décoflion des baies de laurier & de genevrier
fe donne fans inconvénient aux femmes groffes, félon
v alentini, & comme je l’ai vu moi-même ; le
borax eft fans efficacité félon Loefcher. Il en eft
de même,du marrube, de la myrrhe-, des émétiques
qu on donne dans plufieurs maladies durant la grof-
feffe. Toutes ces fubftances enfin, dont l’aélion paroît
la plus énergique, & qui, par une efpece de
choix, femblent diriger leur aâion vers l’utérus,
s’emploient félon les çirconftances & fous différentes
formes , durant lavgroffeffe , fans qu’il en
réfulte de funèfte accident.
A y O T1?
, Les faîgnees , les coups principalement vers la région
de la matrice,, les fauts, les chutes,, la peur ou
l’effroi, la trifteffe exeeflive ou les chagrins , les
joies immodérées, les cris,.les efforts, les exercices
vénériens trop fréquens, les cours de ventre
ou les flux immodérés d’urine , les douleurs ex-
ceflîves, les colliques bilieufes, &c. font des caufes
d’une autre efpece, dont l’aftion eft plus évidente. La
conftitution, l’âge & le genre de vie de la mere,,
l’âge du foetus , la durée & l’énergie de ces caufes
font des confidérations néceffaires & qu’on ne doit
jamais féparer. lprfqu’on recherche la caiife d’un
avortement. C ’eft par cette combinaifon qu’on peut
expliquer comment la même caufe obtient, fon effet
& le manque quelquefois; Il m’eft d’ailleurs im-
poffible d’entrer dans un détail qui deviendroit im-
menfe par la multiplicité d’accidens qui modifient
l’aâion de ces caufes. ( Article- de M. l a F o s s e ,
docteur en médecine de La faculté de Montpellier. )
AVORTER , ('fE.con.anim. ) fe dit d’une femme
qui accouche avant le tems de la maturité du foetus.
Il n’y a plus d’avortement après le fixieme mois;par-
ce que l’enfant peut vivre. Mais avant le feptieme , '
tout accouchement eft avortif, & le foetus meurt.
F. A v o r t em e n t , Dicl. raif. des f i . &c. & Su pp i.M
A v o r t e r , ( (Econ. ruß. ) c’eft pouffer fon fruit
avant le tems. Lorfque les arbres font battus des
mauvais vents, ils font fujets à avorter, & pour lors
leurs.fruits ne viennent point à maturité.
Dans les forets on nomme arbres avortés ceux qui
ne iont point de-belle venue, par quelque caufe
qu’ils aient été. endommagés. L’ordonnance veut
qu’ils foient récepés. (+)
Bled a v o r t é , c’eft celui où l’on apperçoit un
dérangement confidérable dans la tige , les feuilles ,
l’épi, & dans l’efpece de grain qu’il renferme, avant
quele bledfleuriiî'e, & lorfque.les tuyaux encore tendres,
ne font élevés qu’à un pied ou un pied & demi
au-deffus de la terre. La tige de ce bled eft ordinairement
alors plus baffe que les tiges du même âge ;
elle eft tortue, nouée, rachitique. Ses feuilles .font
communément d’un verd-bleuâtre , recoquillées en
divers fens ; mais tantôt tournées en façon d’où?
blie , tantôt montrant une légère finuofité en forme
de fpirale, ou préfentant aflèz bien la figure d’un
tire-bourre. - .
On appelle aufli bled avorté ou venté celui oit il
y a de faux épis de froment ou de feigle, qui exté*
rieuremenLont belle apparence , mais dont les cellules
ne contiennent que peu.ou point de grains, ou
des grains petits, ridés & affamés. .,
Quoique la perte du grain foit toujours la fuite
de cette maladie, les fymptômes n’en font pas.toujours
les mêmes-; les altérations, foit de la tige , foit
des feuilles, foit de l’é p i, font inégalement marquées;
& l’on voit des épis avortés, dont la tige
eft droite , & la feuille peti,-recoquillée. Lorfque
la maladie eft à fon comble, & que' le bled èft entièrement
avorté, l’épi ne conferve que très - peu de
de fa figure naturelle ; il eft maigre, defféché , &
ne montre que les commencemens très-imparfaits,
tant des pellicules qui doivent envelopper le grain,
que du grain même deftiné à -s-’y former. ;
. Dans les cas oit l’avortement s’annonce, moins à
l’extérieur, le tuyau eft affez droit, l’épi formé, les
feuilles peu tortillées; les bailés font entières, quoique
plus courtes que celles ;des bleds fains.: mais
au lieu de renfermer un petit embryon blanc &
velouté à fon fommet, fi c’eft vers le tems de la
fleur, elles ne couvrent qu’un grain verd, terminé
brufquement en pointe, & affez femblable à un poi^
qui commence à fe former dans la coffe. Ces grains
verds ont fouvent deux pointes bien marquées
quelquefois ils en o;nt trois, & font configurés dç