
 
        
         
		§   Aire ,  (Géogr.)  ville de  France  en  Gafeognè  
 fur  l’Adour.  Elle  eft  fituée  fur  la pente d’une  montagne  
 à treize  lieues Eft de D a x , &  à quinze environ  
 Oueft  de  Condom.  Elle  fut  autrefois  le féjour des  
 rois  Vifigoths  ;  on y  voit encore fur  le bord de  l’A-  
 dour  les  ruines  du  palais  d’Alaric ,  qui  fit publier  
 dans  cette  v ille ,  en  506,  le code Théodofien.  Aujourd’hui  
 cette  ville  eft  peu  confidérable  ,  parce  
 qu’elle  fouffrit beaucoup  du temps  de la  ligue.  11 y   
 a cependant un évêque  fuffragant  de  celui  d’Auch,  
 qui a deux  cens quarante paroilfes dans fon diocefe.  
 ( C .  A . ) 
 §   AIRELLE ou Mirtille ,  fffifi. nat. Botaniq.)  
 en  latin  vitis  idem  dans  Tournefort  ;  vaccinium  
 dans Linnæus ; en anglois bill-berry, wortle-berry, cran*  
 berry;  en allemand  heidelbeeren. 
 Caractère,  générique. 
 D ’un'petit  calice  permanent, quelquefois  découpé  
 en  quatre  parties  &   qui  renferme  l ’embryon  ,  
 s’élève,  au-deffus de huit étamines à fommets fourchus  
 ,  un  ftyle  couronné  d’un  ftigmate  obtus.  Ces  
 parties  font  fituées dans un grelot  monopétal, dont  
 le  bord  eft  renverfé  &   ordinairement découpé  en  
 quatre petites  échancrures.  L’embryon  devient une  
 baie  fucculente,  terminée  par un ombilic,  &C  di-  
 vifée  en  quatre  cellules,  oit  fe  trouvent  quelques  
 femences  menues. 
 Ce  genre  ne  différé  de  l’arboufier  qu’en ce  que  
 la  fleur  de  ce  dernier  porte  dix  étamines,  ÔC que  
 fon fruit eft divifé en cinq cellules : &  à cela près que  
 l’oxycoccus ou canneberge  de Tournefort,  produit  
 une  fleur  polypétale ,   il reffemble fort  à  Y airelle. 
 La  première efpece  d’oxycoccus de Tournefort,  
 eft  la vaccinia  de  Jean  Bauhin :  de  ce mot Linneus  
 a fait celui  de  vaccinium  qu’il  a attribué  aux  vids-  
 idoea, auxquels il a joint les oxycoccus  en changeant  
 en cocos la définence  de ce mot ; aux traits  généraux  
 de  reffemblance de ces trois genres, fe joint  encore  
 celle  de  la  difpofition  commune  de  leurs  efpeces  
 à  croître  dans  les marais.,  Il n’y   a que  les  arbousiers  
 droits  Ô4  polyfpermes  qui  habitent  les  lieux  
 fecs. 
 jEfpeces. 
 1.  Airelle  à fleurs  uniques  fur  les  pédicules  ,  à  
 feuilles, ovales,   dentelées,   vernales,   à  tige  angu-  
 leufe. 
 Vaccinium pedunculis unifions , folïis ovatis, ferra-  
 tis\  décidais,  caule  angulato.  Flor.  Lapp.  143. 
 Wortle-berry with  an  angular fialk. 
 2.  Airelle àbouquet de  fleurs terminal &  incliné,  
 à   feuilles  entières,   recourbées,  ponctuées  par  le  
 deffous. 
 Vaccinium  racemis  terminalibus  nutanûbus,  foliis  
 obovatis  ,  revolutis,   integernmis  ,   fubtiis  punctads.  
 U n n .fp .p l.3 S 1 .  \ 
 Dwarf box-like  red fruited wortle-berry. 
 y.  Airelle à  feuilles  ovales &   pointues ,  à  fleurs  
 .inclinées fortant  de  l’aiffelle  des  branches. 
 Vaccinium foliis  ovatis mucronads, fioribus  alari-  
 bus  nutanûbus.  Mill. 
 Wortle-berry with oval pointed  leàves, and nodding  
 JLowers proceeding from the  wings  o f  the (lalks. 
 4. Airelle à feuilles entières, o vales, recourbées,  
 à   tiges grêles ,  rampantes,  garnies de  poils rigides. 
 Vaccinium foliis integerrïmis, revolutis, ovatis, eau-  
 lïbus repentibus9filiformibus,hifpidis. lAnn.fp.pl.3S3. 
 Wortle-berry  with  oval endre  leaves ,  turning back ,  
 and a fiender  creeping,  brifily fialk. 
 5, Airelle à feuilles entières,  recourbées,  ovales,  
 .  à   tiges  grêles  traînantes  &   nues. 
 Vaccinium foliis integernmis, revolutis, ovatis,  cau-  
 fibus repentibus, filiformibus,  nudis.  \J\nn. fp .pl,  3SI0 
 Mofs-berries * moor-berries, cran-bernes* 
 Linnæus  rapporte  jufqu’à  douze  efpeces d\airelti.  
 Voyez  Species plantarum ,  Octandria ,  Monogynid.  
 Mais  comme  on  ne peut  guere  élever  ces  plantes  
 dans  les  jardins,   nous  craignons  d’en  avoir  déjà  
 trop  tranferit. 
 L’efpece  n V i .   s’élève fur  nombre  de  tiges  grêles  
 &   droites  à  la  hauteur  d’environ  deux  pieds  :  
 elle  eft  commune  en Allemagne,  en  Angleterre  ,  
 dans  les ' montagnes  de  Lorraine  ,  aux lieux mouf-  
 fus  &   ombragés  où  elle  s’étend  en  tapis : nous  eil  
 avions enleve une  maffe confidérable avec la moufle  
 &   la  terre après leurs racines ,  &  nous avions  plaqué  
 ce  gazon  dans un bofejuetnouvellement planté;  
 ces  arbuftes  y   ont  fubfifte cinq  ans,  mais en déclinant  
 toujours :  ils ont  fleuri pourtant, mais ils n’ont  
 pas  fru&ifié  :  ils  n’avoient  prefque  plus  de  vie  ,  
 lorfqu’ils  ont  été  étouffés  par  l’épaiffeur  de  l’ombrage. 
 Le  fruit  de  cette  airelle  eft  plein  d’un  jus  affez  
 infipide, mais il eft rafraîchiflànt ;  on le mange avec  
 de  la crème  &  du  lait  &   fur  la  pâte ;  il  eft  d’un  
 pourpre  glacé  d’une  fleur bleuâtre qu’efface la plus  
 légère  impreflion. 
 La fécondé  efpece  reffemble  fi fort au  buis  nain  
 ou d’Artois ,  par fes feuilles  &  par  fon port,  qu’un  
 homme  habile  dans la connoiffance  des  plantes,  a  
 peine  à  l’en  diftinguer  lorfqu’elle eft dépourvue dè  
 fleurs  &  de  fes baies.  Elle  a  langui quatre ans dans  
 nos  jardins  fans  produire  aucun  fruit.  Ses  baies  
 font  d’un beau rouge  &   d’un  goût  plus  relevé que  
 celles  de  l’efpece  n°.  1.  Les  peuples  feptentrio-  
 naux  en  font  un  grand  cas.  On trouve cet  arbufte  
 jufques  dans  le  Groenland ;  il  paroît  que  le  nord  
 eft  fon  élément ;  dans  les  Alpes  &   dans  la  Vogè  
 on  ne  le  rencontre  qu’à l’expofition la plus  froide ;  
 en Suede ,  on s’en fert,  dit Miller, comme  du buis,  
 pour  faire  des  bordures  qui  réufliflent très-bien'.  
 Nous  avons  remarqué  ,  tandis  qu’il  vivotoit  dans  
 nos  jardins,  que le  chaud  le  Contrarioit  beaücoupi 
 L'airelle,  n°. 3  ,  eft aufli  un  très-petit  arbrifleau,  
 qui  croît  naturellement  en Virginie &  dans d’autres  
 contrées  de l’Amérique feptentrionale.  Ses  feuilles9  
 qu’il  ne  perd  pa s,  reffemblent  beaucoup  à  celles  
 des myrthes. 
 L’efpece  n°.  4 ,   croît  dans  les  terres marécageu*  
 fes  de  l’Amérique  feptentrionale.  Ses  baies  font  
 rouges &  fort  groffes ,  fiés' tiges font grêles &  écail-  
 leufes, &   les  écailles en  font pointués &  piquantes. 
 La derniere  efpece  a  des  tiges  capillaires  qui  fe  
 traînent  fur  la moufle  ,  dont  certains  marais  font  
 couverts :  fes  très-petites feuilles  ,  qui  reffemblent  
 à  celles  du  myrthe  ,  font  d’un  verd  rëluifant par-  
 deffus,  &   blanchâtre  par-deffous.  Les  fleurs &  les  
 fruits  de  cette  airelle  font  rouges,  mais  le  fruit  
 eft moucheté.  Il  eft  d’une  faveur  acidulé  affez  relevée  
 , &  par-là même fort eftimé dans les  environs  
 des  lieux où il  fe  rencontre. On l’emploie aux mêmes  
 ufages  que  le  fruit de  l’efpece  n°.  1. 
 On  apporte  à  Londres  ,  tous les hivers, un  affez  
 gros  fruit  qui  a  la  propriété  de  fe  eonférver  très-  
 long-tems  fans  nulle  précaution : il fait grand  plaifir  
 :  dans  une  faifon où les  fruits  acides ne  font pas corn-  
 1  muns.  On l’emploie fur la pâte.  M. Duhamel  parle  
 d’un fruit femblable qui lui eft venu de  la Loiiifiane.;  
 mais  il  croît  qu’il eft produit  par  une forte de canneberge. 
   : 
 Il  paroît  qu’on  eft  parvenu  à  faire  fubfifter  en  
 Angleterre  ,  les  efpeces  d'airelle  indigènes  de  l’Amérique. 
   11  y  a  apparence  que  pour les  élever  on  
 pratique  de  petits  endroits  marécageux  avec  des  
 moufles  qu’on imbibe  continuellement :  mais quelque  
 foin que les Anglois  puiffent  apporter  dans  leur  
 culture ,  ils n’ont point  encore pu cueillir des fruits  
 mûrs  fur  ces  arbuftes )  peut-être  qu’ils  réuflirqient  
 t  mieux 
 mieux ,  è  on les  plantoit dans  de  véritables  marais  
 qui  pourraient fe trouver dans l’enceinte d’un jardin  
 à  l’angloife. 
 En  général  les  baies des  airelles ,  des  arboufietS  
 nains  &   traînans,  &  des  canneberges,  font un bon  
 préfent  de  la  nature;  elles  font  aufli falubres  que  
 les  exhalaifons  des marais où  croiffent  ces  plantes ;  
 font  nuifibles.  On  fait  que  les  acides  préviennent  
 l’alkalifation  des  humeurs &   la diffolution  du  fang,  
 qu’ils  temperent l’ardeur  de  la  b i l e &  deviennent  
 dans  d’autres cas  un  très-bon tonique.  (M. le  baron  
 de  Ts c h o v d i .') 
 *  §   AIRÈS  ,  (Mythol.)  c’ eft  une  faute  dans  le  
 Dictionnaire raifonné des Sciences,  &c.  il faut  lire  la  
 fête des Aires.  ( Fefium Arearum. )  Lettres fur tEncyclopédie. 
 §   AISAY-LE-DUC,  ou plutôt  A isey-le-d u c  , 
 (  Géogr. )   n’eft  pas  une  ville , comme le dit le Dict.  
 raif.  des  Sciences  ,  &c.  mais  un  petit  bourg  avec  
 châtellenie royale  du bailliage  de la Montagne  , fur  
 la  Sejne ,  au  diocefe de Langres.  On  y  voit encore  
 les  ruines  d’un  ancien  château des Ducs  de  la première  
 race.  (C .) 
 AJUS, f. m.  ( Marine. )   eft un certain noeud dont  
 on  fe  fert  pour  lier  enfemble  deux  cordages  qui  
 doivent  faire  force  &   fe  roidir.  L’entrelacement  
 des deux  cordes  dans Yajus,  eft  tel  que  le  noeud  
 peut  enfuite  fe  défaire  facilement,  &   c’eft  ce  qui  
 en  fait l'avantage.  La figure 4  de  la première planche  
 d'architecture navale dans ce Supplément,  offre  la forme  
 de  ce noeud,  des  deux  demi-clefs A , que  l’on  
 faire faire aux bouts des cordages après le noeud fait,  
 &  de  l’amarage  B  qui les retient  :  toutes  chofes dépendantes  
 de  Vajus  &   qui  contribuent  à  empêcher  
 îe noeud de  fe  fouquer. ÇM.  le chevalier d e  l a  Co u de. 
  a y e . ) 
 AJUSTER ,  v.  a.  ( Marine. )   c’eft  faire  un  ajus.  
 Voy ei  ci-diffus  AJUS.  On  dit  ajufier  deux  grêlins  
 bout-à-boùt.  Ajufier une  aufliere fur un grêlin.  (M.  
 le  chevalier DE  LA  CoUDRATE.') 
 AJUSTÉES,  ( Mufique  des  anciens.)  on  trouve  
 dans  quelques  auteurs,  tètrdcorde  des  ajufiées.^  au  
 lieu  de  tétracorde fynnéménon.  Voye£  ce  mot  dans  
 ce  Supplément.  (D .   C. ) 
 §   A IX ,  (£<?ogr.)  petite  île  de  France  dans  le  
 «rolfe  de Gafcogne,  entre Oleron &  la terre ferme.  
 Les  Anglois  y   détruifirent  un  fort  en  1757»  lors  
 de  leur  expédition  infru&ueufé  contre le port  &  la  
 •ville de Rochefort.  ( C. A . ) 
 §  A ix , (Géogr.') très-jolie ville de France,  capitale  
 de  la Provence.  Elle eft fituée  dans  une  belle plaine  
 toute plantée d’oliviers,à cinq lieues nord de Marfeil-  
 l e , &  à cent foixante-trois lieues fud-eft de Paris. On  
 en attribue la fondation à C. Sextius Calvinus, conful  
 romain ,  qui  en  fit  une  colonie romaine  ,  en 630,  
 &  qui  lui  donna le nom ÜAquce fexdce ,  à caufe des  
 eaux  thermales que l’on trouva dans l’emplacement.  
 Cette  ville  a  effuyé,  comme bien d’âiitrês , divers  
 changemens. Après les Romains,  elle a vu les Lombards  
 &  les Sarrafins  dans fes murs.  Les  comtes de  
 Provence l’ont enfuite poffédée &  embellie., Aujourd’hui  
 c’eft une des plus confidérables villes du royaume  
 ;  elle  n’ eft  pas  fort  grande,  mais  elle  eft  très-  
 peuplée  ;  fes  rues font alignées &  bien pavées  ,  fes  
 maifons ,  pour  la  plupart,  font bien bâties ;  il y  a  
 fur-tout  au milieu  de  la  ville  un  très  - beau cours  
 nommé  Orbitelle,  formé  de  trois  grandes  allées &   
 orné  de  belles  fontaines  ,  qui fait  une  promenade  
 très-agréable.  Le  palais &  l’hôtel-de-ville  font  des  
 édifices remarquables. La cathédrale eft un bâtiment  
 gothique.  Il  n’y   a que  deux  colleges,  une  bibliothèque  
 ,  &   dix-huit  couvents.  Cette  ville  eft  encore  
 le  fiege  d’un  parlement,  d’une  chambre  des  
 comptes  &   des  aides,  d’une  fénéchauffée,  d’une  
 Tome  I, 
 intendance  &   d’un  archevêché.  Son  archevêque »  
 préfident  né  des  états  de  Provence,  a  cinq  evê-  
 ques  pour  fuffragans  ,  &   quatre-vingts  paroiffes  
 dans  fon  diocefe  ;  il  jouit  de  trente -  deux  mille  
 livres  de  rente. A ix  devient ordinairement  en hiver  
 le féjour de  la nobleffe provençale, &   en  tout tems  
 il èft  celui de  nombre de  gens de lettres.  Cette ville  
 s’honore  d’avoir vu  naître  le  célébré  Jofeph  Pitort  
 de  Tournefort. On fabrique  à A ix  différentes étoffes.  
 Il  croît  dans  fes  environs  de  bons  vins,  mais  fes  
 huiles excellentes font fon principal commerce. Long„  
 *3 » ;‘f  j  34*  43 >3 '  ?  3 $:  C C.  A . ) 
 §   A i x ,  (  Géogr.)  petite  ville  de  Savoie  fu r ie   
 lac  de  Bourget  avec  titre  de  marquifat.  Elle  eft  
 entre Chambéry  j  Annecy  &   Rumilly.  Il y  a  des  
 bains auxquels l’empereur Gratian a donné fon nom.  
 On  les  diftingue  én  bains  du  roi,  bains foufrés  &   
 bains  d’alun.  L’ufage  en eft  gratuit.  On  y  voit auflï  
 les reftes  d’un  arc  de  triomphe  à la  romaine ,  qui  
 annonce que  cette ville a dû être anciennement  con-,  
 fidérable.  (C.  A . ) 
 §  Aix-la-Chapelle ,  (  Géogr. ) ville  d’Allemagne  
 , dans  le  cercle dè  Weftphalie, au  duché de  Ju-  
 liers.  Cette ville  nommée  en  latin  Aquis-Granum  ,   
 Aquce ,urbs Aquenfis, &  en Allemand Aachen, Acken 9  
 Aach,  tient  à la Diete de  Ratisbonne ,  &  dans  les  
 affemblées  du  cercle dé  'Weftphalie,  le  fécond rang  
 fur le banc du Rhin,  dans l’ordre des villes libres  &   
 impériales. On lui donne même quelquefois la dénomination  
 de  ville  impériale  par  excellence , attendu  
 qu’ayant été laréfidence de piufieurs empereurs d’Allemagne, 
   elle  a  paffé long-tems  pour.îa capitale  de  
 leur empire, &  qu’aujourd’hui même encore elle  eft  
 dépofitaire de l’épée, du baudrier &  du livre d’évangiles, 
   qui fervent au  couronnement des empereurs^  
 Cette  épée &   ce  baudrier ont  été  ceux  de Charlemagne  
 ,  qui  fut  toute  fa vie  plein  d’affeélion  pouf  
 Aix-la-Chapelle ; il y  mourut &  y  fut enfeveli. C’eft  
 à ce prince aufli qu’elle doit la plupart de fes préro^  
 gatives,  &   fon  églife  cathédrale , dont  tout  empereur  
 régnant  eft  chanoine.  Quant  à fon églife  de  S.  
 Adelbert  , ce fut l’empereur  Henri  II. qui la  fonda.  
 La  religion  catholique  domine  dans cette  ville  ,  &   
 .  n’y   fouffre  pas moins  de  vingt-deux  maifons  reli—  
 gieufes des  deux  fexes.  Les proteftans  y   font  fouf-  
 ferts aufli,  mais  uniquement  pour l’habitation &  le  
 commerce : toute  part au  gouvernement leur eft interdite  
 ,  &  tout culte extérieur leur eft  défendu ; ils  
 vont à Vaëls,  à une  lieue d’A ix  ,  dans  le  duché  de  
 Limbourg,  faire  leurs  exercices  de  religion.  Un  
 bourguemaître,  des  échevins  &   des  co’nfeillers,   
 compofent  la  régence  de  ‘ cette  ville.  L’éle&eur  
 Palatin,  comme  duc  de  Juliers  ,  s’en  dit  protec-  
 eur  &   grand  maire  ;  &   l’évêque  de  Liege  y   déploie  
 fon  autorité  eccléfiaftique.  A ix   eft  affez  
 fouvent  en  conteftation  avec  le  du c,  mais  rarement  
 avec  l’évêque ;  c’eft  que  l’autorité  de  celui-  
 ci eft tempérée par le fynode de la ville ;  au lieu que  
 le  pouvoir de  celui-là n’eft  pas  toujours fufceptible  
 de  certaines  modifications. Aix-la-Chapelle a un territoire  
 où l’on compte environ trois mille fujets,  qui  
 tou s, fans  exception,  nobles ou roturiers, font fournis  
 à fa  jurifdiûion : ce  territoire,  bien que de peu  
 d’étendue, porte le nom magnifique d’empire. Le nom  
 des chofes eft d’importance à l’oreille des gens d’A ix  9  
 &   la furface  des  chofes l’eft fans  doute de  même  à  
 leurs yeux. L’on n’y  montre  au peuple  que tous les  
 fept ans une fois les joyaux de l’empire,  & le s autres  
 grandes  reliques  de  la  cathédrale ;  cette cérémonie  
 ne doit même  avoir  lieu qu’en préfence de  tous  les  
 1  membres du chapitre, &  de tous ceux du grand cou-  
 -  feil.  Il y   a  moins d’habitans  dans cette  ville  qu’elle  
 ne  pourroit en  contenir;  &   c’eft  ait nombre  de  fes  
 maifons  religieufes,   qu’il  faut  apparemment  s’en