• Ufages. Son fruit ne peut fe manger. Il porte, comme
le coco, uri chou, c’ eft-à-dire, un bourgeon tendre
de feuilles qui fe ' mange, mais qui difparoït
lorfque l’arbre commence à porter fleurs & fruits,
parce qu’après ce moment, il ne produit plus de
feuilles. Ce chou eft un^peu amer 8c moins bon que
celui du fagou. La chair intérieure ou la moelle-de
fontronc eft fongueufe, molle ; 8c bien battue 8c lavée
, elle rend une farine femblable à celle du fagou,
mais moins bonne , que les habitans ne préparent
que dans les années de féchereffe 8c de difette de
gtfains, parce qu’ils perdent beaucoup de haches
èn coupant le bois de corne qui enveloppe cette
moelle.
Ce bois eft roux dans les jeunes arbres, 8c noir
dans les v ieux, comme cartilagineux, ou de fubftan-
ce dé corne, compofé entièrement dè fibres épaiffes,
veinées de blanc, dont les intérieures deviennent
infenfiblement farineufes, à mefure qu’elles approchent
de la moelle du centre, de forte qu’il n’y a
que la partie noire qui foit dure, 8c cette portion li-
gneûfe n’a guere plus de deux à quatre pouces d’é-
paiffeur; elle ne croît que jufqu’au moment oit l’arbre
porte fes fleurs 8c tes fruits, car après ce tems
elle diminue d’épaiffeur, 8c s’amollit comme la
moelle jaune du centre, de forte que pour l’avoir
dans fa plus grande épaiffeur, il faut choifir les ar-
bres qui n’ont pas encore porté leurs fleurs ou fruits ,
ou qui les portent actuellement. Le bois des plus
vieux ne.différé de celui du faribou, qu’en ce qu’il eft
moins gros, moins pefant. Ce bois , quoique difficile
à couper à caufe de fa dureté qui approche de celle
de la corne, fe fend affez aifément en long, mais
en faifant beaucoup d’éclats qui bleffent dangereu-
fement, lorfqu’onne le traite pas avec attention. Des
plus grands morceaux on fait des planches 8c des fo-
livès, dont on racle la fubftance fpongieufe des parois
intérieures, qui pourroient les faire pourrir:
on les enfume auffi ou on les paflè au feu pour les
durcir encore, 8c leur procurer une féchereffe par^
faite qui contribue à leur confervâtion. Les plus petits
éclats, d’un pouce environ de diamètre, fervent
a faire des bâtons, des hampes de fléchés, des manches
d’outils, des" dents de râteaux.
Au defaut d’autre matière, les Malays emploient
les pédicules de fes feuilles pour fervir de gaulettes
jHi! comble des toits qu’ils recouvrent de feuilles du
fagu. - - . ' ’
• Le Baroe, c’eft-à-dire, la farine fpongieufe qui s’eft
.raffemblée en tombant dans la gaîne des feuilles, leur
fert, comme-le tan des mottes à brûler, pour allumer
le feu 8c calfater leurs navires ; mais elle eft
plus fine 8c moins eftimée que celle du gomuto.
Remarque. Le birala fait un genre particulier de
plante dans la famille des palmiers , 8c nous avons
*penfé qu’on devoit lui conferver fon nom de pa ys ,
plutôt que d’admettre le nom grec caryota, que M,
Linné a voulu lui fubftituer, quoiqu’il sût ou au
moins qu’il dût favoir que ce nom avoir été confacré,
depuis Théophrafte, au fruit -du palmier, dattier,
dachel, 8c quelquefois pao ; comparaifon au fruit
d’une efpece de pêcher. Voye£ nos Familles des plantes
, volume //, page (M. A d a n s o n .)
BIRANI, f. m.{Hifi. nat. Botaniq,') nom Macaffare
dùtne efpece de figuier des Moluques, dont Rumphe
a fait graver en 1690 une bonne figure , quoiqu’in-
complette ,. dans fon Herbarium Amboinicum , vol.
I I I , publié par M. Burmann en 1750 , page 14S,
planche XCI1I , fous le nom de caprificus Amboi-
nenjis latifolia. Les ‘Macaffares l’appellent encore
virahi, lés Malays gaudal, lés habitans de Java con-
dang, ceux de Ternate tsjorro, ceux d’Amboine ,
dans le quartier d’Hitoe ,_malahuol, 8c dans celui
de Leytimoré malahuur. M. Burmann , dans fes notes
fur Rumphe, dit, page 148, que c’eftle per alu, gravé
en 1678 par Van-Rheede., dans fon Hortus Mala-
baricus, volume 1 , page 4$ , planche X X V I I I , le
ficus Americana latiore folio venofio, ex Curaçao, gravé-
en f llf* parPlukenet, dans fa Phytograpliie, planche
C LX X VIII, fig. 1 ; le ficus. Bengalenfis folio ftlbro-
tundo, fruclu orbiculato jcatalogi boni Beaumontiani ,
pipai Bengalenjibus, gravé en 1697 par Jean Oom-
melin , dans fon Hortus Xmftelodamenjîs, volume I ,
planche L X I I , 8c le ficus 4 Bengalenfis , foliis ovatis
integerrimis , obtujîs , caule infernb radicato , de M.'
Linné , dans fon Syfiema naturce , édition 12, imprimée
en 176 7 , page (?<?/.,:
Cet arbre s’élève communément à la hauteur de
60 pieds. Son tronc a dix ou douze pieds de, hauteur
, fur trois à quatre dé diamètre : il eft ailé
aù bas près des racines, en plufieurs ailes ou acores
finueules, fort grandes, 8c couronné par une cime
hémifpherique , très - ample 8c pcfante , une fois
pliw large que haute , compofée d’un petit nombre
de groffes branches courbes, fubdivifées en un très-
grand nombre de petites branches épaiffes, courtes,
marquées en travers de plufieurs filions demi-circulaires,
à bois blanc, mou, plein d’une moelle blanche
, aqueufe comme celle du fureau, recouverte
d’une écorce verte d’abord, enfuite cendrée , liffe.
comme celle du tronc.
Les- jeunes branches portent chacune environ
quinze à vingt feuilles fort ferrées, difpofées alternativement
8c circulairement fur toute leur longueur,
à de petites diftances, pendantes fur un pédicule
cylindrique , à peine une fois plus court qu’elles,
& écarté ou épanoui fous un angle de 45 dègrés ,
de maniéré que leur feuillage,eft cylindrique 6c des
plus épais. Chaque feuille eft taillée en coeur, pointu
au bout, légèrement échaiïcré à peine d’un douzie-
j me à fon origine , longue d’un pied 8c plus, de
moitié moins large , une fois plus petite dans les
vieux arbres , entière , molle , âpre, hérifiee de
poils dans fa jeuneffe, ve r te , marquée d’une tache
rouge vers le pédicule, 8c relevées en-deffous de
cinq côtes rouges rayonnantes. Une ftipule en écaille
entourant la moitié des branches , fort à l’ôppofé
de chaque feuille
Les fleurs ou les figues fortent des branches
feulement qui ont quitté leurs feuilles, 8c même
le long des groffes branches 8c du tronc près des
racines comme dans le fycomore, mais raffemblées
au nombre de 20 à 30 en un épi pendant en grappe,
ovoïde, de trois pouces de longueur fur une fois
moins de largeur.
Chaque figue eft fphéroïde, un peu déprimée ou
applatie de deffus en-deffous , de neuf lignes environ
de diamètre , marquée en-deffus d’un profond
ombilic, d’un rouge-pâle d’abord ou incarnat, extérieurement
pointillée de blanc, liffe , polie ; puis
jaune ou blanc-fale dans la maturité , pleine d’une
chair ferme 8c dure comme celle des raves ou des
avelines fraîches, laiffant une petite cavité an'gu-
leule comme rhomboïdale à fon centre , 8c portant
autour de fes parois des fleurs 8c des graines
femblables à celles du figuier commun, mais plus
feches.
Culture. Le birani croît aux îles Moluques, dans
les vallées, froides ,pierreufes , 8c boifées ou fillon-
néespar des ruiffeaux, 8c fur-tout dans le fond de
ces grandes ravines creufées par les avalaifons d’eau
des groffes pluies, entre deux rochers ou des montagnes
efcarpées. On le plante auffi à Amboine autour
des maifons. Il fleurit & fruftifie pendant les
mois pluvieux , fur-tout en juin 8c juillet, oit il
quitte .toutes fes feuilles pour en reprendre pref-
qu’auffi-tôt de nouvelles. Alors il eft fi chargé de
fruits , que fon tronc en paroît couvert ôc tout
rougë. Oh le multiplie de bouture ért plantant fès
groflès branches. Les oifeaux qui en mangent les
fruits, les fement auffi par-tout dans les allées des
jardins;- «1$
Qualités. Toutes fes parties coupées ou égratignées
rendent un fuc laiteux, blanc , doux comme
le lait de vache , mais plus aftringent 8c qui s’é-
paiffit peu après fa fortie. Ses fruits ont peu de ce
lait : leur faveur eft fade 8caqueufe, avec un peu
d’aftriftion, imitant le goût des châtaignes mêlées
avec les raves. Son écorce a une faveur douce de
Tarée tendre.
Le bois de fon tronc eft blanc , mou, compofé
de couches concentriques , bien fenfibles, comme ’
autant de rouleaux fongueux, rempli d’un fuc abondant
qui le rend pefant au point qu’il plonge au fond
de l’eau ; mais lorfqu’il eft bien fec , il y fumage
d’abord , 8c y plonge de nouveau dès qu’il en eft
imbibé. Celui de fes acoves eft plus dur, 8c forme
par fes finuofités des efpeces de cavités, des cellules
élégantes & affez agréables à la vue, dans lefquelles
l ’eau des pluies s’arrête 8c devient ftagnante.
Soirs l’écorce extérieure de cet arbre , on trouve
une 'écorce intérieure, un liber blanc folide, appliqué
-fur le bois, 8c fi fouple qu’on peut l’étendre en long
8c en large fans le caffer.
Ufages. Les fruits du birani fe mangent cruds avec
3e fel , les amandes du nanarx 8c du poiffon fec
fur-tout dans les tems de famine ; mais il faut les
manger lorfqu’ils font encore rouges, e’eft-à-dire,
à demi mûrs , car lorfqu’ils font jaunes, c’eft-à-dire
mûrs, ils font trop fades. Ils font meilleurs cuits
dans l’eau bouillante avec d’autres herbes, après les
avoir ouverts 6c en avoir ôté les graines qu’on rejette
pour n’en conferver que la chair blanche 8c
ferme. Les habitans de Baleya coupent ces fruits
les nettoient de leurs grains , 8c les confervent ainfi
pour les tems de difette où ils les mangent en grande
quantité cuits avec le riz pour les rendre plus
nourriffans ; 8c ce qui étonnera, fans doute, c’eft
-que tout indigeftes qu’ils font pour nous, les Indiens
les digèrent plus facilement que notre pain. Ses
feuilles tendres fe mangent crues avec le bocaffan
8c du poiffon, ou cuites avec le cajan verd. L’eau
de pluie qui s’arrête dans les cavités de fes acoves
fert aux Malays pour leur boiffon ordinaire. ?
: Les Ethiopiens, qui habitent le quartier d’Hitoe à
Amboine, font boire le lait du birani à leurs enfans
au commencement de la petite vérole , afin de précipiter
l’éruption des boutons. Ses figues fe mangent
•comme l’antidote du.venin des poiffons dangereux
fur-tout de l’efpece de coffre, appellée utricülaris
par Rumphe, lorfqu’on en a mangé imprudemment.
Ses racines fe mangent auffi comme un.fpécifique
• contre le poifon des mêmes poiffons 8c des fruits
venimeux. Son écorce fe mange ou fa décoâion fe
boit comme un aftringent rafraîchiffant dans les
dyffenteries 8c les fievres : on la mange auffi avec
le betel 8c la chaux , au défaut de l’amande fraîche
dé l’arec, dont elle a exactement le goût.
Les Alphores , habitans de l’île de Boero 8c de
celle de Ceram, font avec le liber ou l’écorce intérieure
de cet arbre qu’ils pétrifient 8c étendent
•beaucoup, une efpece de toile appellée tsjedakk
pour s’envelopper la ceinture ou le milieu du corps
qui d’ailleurs eft nud. Les habitans d’Amboine appellent
çes tsjedakk du nomdefakka, d’où il arrive
que quelques-uns confondent mal-à-propos le birani
avec une autreefpece de figuier quife nommefakka
dont nous parlerons bientôt.
Son bois n’eft bon à rien qu’à brûler, parce qu’il
eft trop mou , 8c il eft préféré à tous les autres
pour conferver long-tems lé feu, fur-tout pour cuire
l ’arak 8c la chaux, parce qu’il fç cohfume lentement
Tome I,
& également ; fans donner prefqidâucune flamme.
Les pécheurs s’en fervent auffi pour eiitretenif du
teu dans leurs bateaux*
Remarques. M. Burmann 8c M. Linné fe font trompes
lorlqu ils ont dit que le birani des îles Moluques
elt la meme plante que le peralu du Malabar ou le
pipai de Bengal ; ce n’eft pas non plus le figuier de
Curaçao, grave par Plukenet, planche CLXXVIII
figure 1 j de fa Photographie. Le birani approche
beaucoup du fycomore d’Egypte, 6c encore plus
de celui du Sénégal*
Deuxieme efpecè. B U R a N G.
Les habitans de Banda appellent du nom de burang
une fécondé efpece de fycomore ou de birani, qüe
Rumphe defigne fous le nom de. caprificus Amboi-
nenfis angujlifolia , à la page 146 du volume I I I
de ion herbanum Amboinicum, mais dont il ne donne
pas de figure. Les habitans de Baleya l’appellent
h aat, c e u x de Loehoe mattahè ou mattahu , mala-
maho & malama-hulo , 8c les Macaffares krotje.
Le burang différé du birani en ce que fes branches
lont plus courtes , fes feuilles plus alongées, pareillement
en coeur, à oreillettes à leur, origine ,
ongues qe fix à neuf pouces, prefqu’une fois moins
larges, liftes, fans tache rouge près du pédicule 8c
a trois nervures.
Ses fruits font auffi en grappes , mais plus rares,
plus grands 8c plus applatis , d’un pouce environ
de diamètre, hémifphériques , une fois plus larges
j,Ss ’ avec l,ne grande cavité en-deffus, verd-
pa es d abord fans taches , enfuite jaunâtres avec
quelques points rouges, à chair blanche 8c ferme.
Culture. Le burang fe trouve par toutes les îles
Moiuqueÿ, comme le birani, 8c fe cultive de même.
UJages. Ses fruits ne font pas auffi bons à manger
cruds, mais fes feuilles font plus recherchées crues
que cuites , 8c ont un goût fade de rave. Durefte
11 a les memes vertus que le birani.
Troifieme efpece. T O L L A T.
• , ainfi nommé à Amboine dans le quartier
d Hitoe, eft comme une efpece fauvage du bu-
Jan» ’ ftul Semble n’en différer qu’en ce que fes
feuilles font un peu plus larges , d’un verd-obfcur
oc rideeç,
Qualités. Ses feuilles font ameres.
ufages. Ses feuilles fe mangent. On ne fait aucun
uiage de fes autres parties.
Quatrième efpece. H A H Ü O L.
Les habitans du quartier d’Hitoe, dans I’ile d’Am-
borne, appellent du nom de lahuol une autre efpece
defigu.ermune différé prefque du lirani qu’en ce
qud eft plus haut, à feuilles plus pointues, plus
termes , plus liftes , 'avec deux oreilles rondes qui
, rec°uvrent l’une l’autre comme li le pédicule leur
etoit uni.
Ses figues font plus groffes d’un pouce environ,
d un brun-noir.
Qualités. Ses fruits ne fe mangent que demi-mûrs
comme ceux du birani ; parvenus à. leur maturité ils
iont noirs , infipides 8c comme graveleux. -:i
Son bois eft plus dur que celui du birani.
Ufages Son écorce fe mange avec l’arec , pour
arrêter la diarrhée. La déco&ion dé fa racine fe
boit pour tempérer la douleur des chaudés-piffes,
mais il faut en meme tems mâcher la racine de
1 accar euffu, avec le betel 8c l’arek, 8c en avaler
le lue.
Le bois noueux de fes acoves fertàüx femmes
des Malays pour faire de petits plats propres à mettra
leurs pelotons de fil* •
X X x x x ij