celles qui ont des pentes en divers fens. 90. L’arrofement
doit être plus abondant en automne qu’au
printems, 8c au printems qu’en été. En hiver il ne
faut arrofer qu’avec de bonnes eaux, 8c toujours
abondamment.
Les réglés qu’on donne fur le tems de l’arrofe-
ment font lés fuivantes. x°. Dès que le dernier foin
eft recueilli, l’on doit abreuver abondamment les
prés. Toutes les eaux médiocres peuvent fervir.
C ’eft donc une mauvaife économie que d’y faire
pâturer le bétail dans cette faifon; 8c fur-tout d’ar-
rofer la nuit les prés qu’on pâture le jour. 20. On
doit bannir des prés les eaux médiocres , dès que la
gelée furvient, n’y laifter entrer que celles qui
ne gelent pas ou qui gelent peu. 30. ,Ne changez
point les eaux pendant la gelée ; attendez, pour les
conduire ailleurs, que le dégel foit venu. 40. Les
meilleure? eaux font dangereufes fur les prés , lorf-
que l’herbe commençant à pouffer, l’on craint les
gelées blanches. Le fixieme degré au deffus de la
glace pilée du thermomètre de Réaumur, annonce
la gelée blanche pour le lendemain matin. On doit
fur-tout être attentif aux premiers avis de froid,
dans le printems, lorfque la luné luit le matin , 8c
que l’air eft ferein. 50. Les arrofemens du printems
demandent plus de foin 8c d’attention que ceux d’automne
, pour changer l’eau , 8c empêcher qu’elle
ne croupiffe nulle part. 6°. Lorfque l’eau & la.terre
font échauffées par les rayons du foleil, les arrofemens
font nuifibles ; & il ne faut jamais changer
l ’eau pendant la chaleur du jour. 70. Les neiges ou
glaces fondues font pernicieufes aux prés, lorfque
elles coulent immédiatement des montagnes. 8°. On
interrompt l’arrofement , dès que les plantes des
prés commencent à entrer en fleurs, afin de laiffer
prendre de la confiftance à l’herbe. 90. Pendant les
pluies froides on abreuve, avec de bonnes eauxf autant
d’étendue de prairie qu’il eft poffible. io ° . Si •
l ’année eft pluvieufe, on ne doit arrofer qu’avec
des eaux excellentes. 1 1°. On n’arrofe point pendant
qu’il fouffle un vent froid. n ° . Il ne faut changer
Peau des prés qu’après que la rofée eft enlevée,
lorfqu’elle a été abondante ; les eaux conduites fur
une herbe couverte de rofée, font nuifibles. On ne
les change point non plus pendant la chaleur 8c au
gros du jour. On les change le foir avant la rofée,
& le matin après que la rofée eft diffipée.
On fuit diverfes réglés fur la maniéré de pratiquer
2c d’employer les divers canaux deftinés à porter
& à répandre les eaux fur le terrein. i° . Toutes les
parties doivent profiter de l’irrigation, 8c l ’arrofement
ne doit nuire à aucune. 20. Chacune doit être
plus ou moins arrofée, fuivant fa nature. 30. Le nombre
des canaux de dérivation doit être proportionné à la largeur de la prairie, & à la légéreté du terrein ;
& le nombre des canaux de defféchement à la quantité
des bas-fonds, 8cc. 40. La diftance des canaux
d’arrofement qu’on appelle rigoles, doit aufli varier
fuivant la nature du terrein. Cette diftance fera
moindre fur les terres légères, 8c fur les terres moins
penchantes ; mais plus grande fur-les terres fortes,
& fur les terres fort inclinées, depuis trente à cinquante
pieds. 50. Les rigoles ne doivent pas être trop
longues, fans cela l’eau n’atteindra pas à leur extrémité
; ou elle y parviendra trop froide, s’il fait froid ;
ou trop chaude, s’il fait chaud. Pour diminuer cette
longueur, on fera un canal de détente. De plus, fi
l ’on ne peut, on pavera la rigole jufqu’à une certaine
diftance , ou on lui donnera plus de pente.
6°. Les rigoles doivent être plus larges à leur entrée,
& diminuer infenfiblement jufqu’à leur iffue. 7 0. Le
fermier veillera fur les canaux & les rigoles , pour
empêcher qu’ils ne s’obftruent. 8°. Les eaux ne doivent
ni s’arrêter, ni croupir en aucun endroit ; mais
avoir toujours un libre cours. 90. Le canal de con*
duite ne doit jamais dégorger, pour n’en pas dégrader.
les bords. io ° . Au canal d’introduûion qui
fert de rigole, l’on doit faire d’intervalle en intervalle
de petites ouvertures dans la dire dion de la pente.
i i ° . Ces ouvertures font en biais pour les terreins
un peu penchans. 120. En automne , on ne change
point le cours de l’eau, que l’endroit ne foit parfaitement
hume dé : foyez ménagers dg, l’eau, fur la
fin de l’hiver, 8c même plus encore pendant les
chaleurs de' Pété, 8c ne la changez jamais au plus
chaud du jour. 13 °. L’eau doit couler 6c gliffer fur la
fuperficie du gazon , 8c non entre deux terres.
140. On fe conduit fur les mêmes principes à l’égard
des étangs.
Les eaux graffes 8c accidentelles font celles qui
lavent les grands chemins ou les rues, 8c celles qui
découlent des fumiers. Réglés fur leur ufage. i° . On
voiture avec fuccès les eaux d’égouts, depuis l’automne
jufqu’au printems, fur les prés qui ne font pas
à portée d’en profiter autrement. Dans les autres
laifons on rejettera Peau de ces égouts fur le fumier
même. z°. Si ces eaux peuvent couler d’elles-
mêmes fur les prairies, il faut paver les conduites.
30. On creufera dans l’endroit le plus commode du
p ré , un petit étang bien étanché 8c pavé, pour y
faire paffer l’ eau, & l’on répandra le limon qui s’y
dépofera fur les endroits convenables. 40. Il faut
fouvent changer ces eaux, 8c les faire couler aufli
loin qu’il eft poffible. 5°. On les détourne dès que
l’herbe eft parvenue à la hauteur d’environ fix pouces;
enfin, quelques économes ne tranfportent fur
les prés les égouts, qu’après qu’ils ont fermenté.
Pour les eaux à tems, il faut i°. paver le canal
d’introduâion, & même celui de dérivation, jufqu’à
un’ éloignement convenable. 20. Comme l ’eau fe
prend ordinairement le fo ir , 8c qu’on la garde jufqu’au
lendemain, à la même heure, il faudroit recevoir
dans un étang l’eau qui couleroit pendant la
chaleur du jo u r , elle ferviroit à arrofer la nuit fui-
vante. 30. Les canaux doivent être tenus dans toute
leur longueur bien nets 8c en bon état, afin de
mettre à profit toutes les eaux. 40. La terre qui
s’amaffera dans l’étang, fera employée comme il eft
dit ci-deffus.
Pour l’irrigation d’un pré de terre forte, dont la
pente eft médiocre, les canaux d’arrofement ou les
rigoles doivent avoir moins de profondeur dans les
terres fortes, que dans les terres légères & les
moyennes. Ils doivent être changés toutes les automnes
, en en coupant de nouveaux entre deux.
. Si le terrein n’a que peu de pente , on ne peut en
faire un pré d’irrigation. On y femera alternativement
du froment 8c du trefle. V. Alterner , Suppl.
On ne doit pas prodiguer l’eau aux terres fortes ,
qui n’ont que peu de pente, fur-tout à l’afpeft du
nord , ou fi les eaux font médiocres.
Les fumiers font très-profitables fur ces terreins.
On fe fert des boues des rues & en général des fumiers
bien confommés qu’on répand en automne. Au
printems, on ramaffe les réfidus, qui n’ont pas été
diffous par la gelée.
S’il y a de la moufle, on l’arrachera avec le rateau
de fe r , avant que dejetter le fumier; ou , ce qui
fera mieux, on labourera le terrein 8c on y femera
du bled, &c enfuite du trefle alternativement.
Quelquefois on diffout le fumier dans un étang %
d’autres fois on le répand fur la place qu’on fe pro-
pofe d’améliorer : d’autres encore placent l’engrais
le long du canal de détente. Chacun en cela fuit fon
opinion, le local & fa commodité.
On ne court aucun rifque d’arrofer les prés de
terre forte dont la pente eft rapide, après avoir
égalifé le terrein. Mais i° , les canaux de dérivation
feront coupés un peu en biais. z°. On les pavera, fi
le cô’ùrs eft abondant. 30. En tirant les rigoles en
biais depuis le canal d’introduôion , on peut fe
difpénfer de faire dés canaux de dérivation. 40. On
n’aiTofera point ces prés en hiver, & ils ne le feront
qu?àvec précaution /erPété. 50. On bannira abfolu«
ment lés beftiaùx de. ces prés en tout tems , 8c fur-
tout en automne. 6°. Il convient toujours de labourer
de tems en tems ces terreins,, ce qu’on fait par
parcelles fuivant la néceffité. y9. Dans les endroits
efearpés où la charrue ne peutagir'que difficilement,
on femera du fainfoin à fleurs rouges ou efpar-
' cette; enfin, fi l’on n’a que peu d’eau, il faut paver
fon iffue 8c le canal de détente.
D ’une terre légère 8c fans pente on en devroit
faire un champ ; fi l’on eft obligé d’en faire un pré,
il doit être arrofé & couvert d’eau de tems en tems :
fi les moufles le gagnent, il faut le labourer 8c y
femer du trefle . Voy'e^ Alterner.
On peut donner de la pente à ce terrein par une
fuite, de labours donnés conftamment d’un même
cô té , comme fi l’on vouloit former des planches ou
filions. Entre les filions on creufera des canaux de
defféchement.
Un pré de terre légère dont la pente eft douce ou
rapide , eft le vrai terrein à faire des prés à arrofer
& à recevoir de la marne.
Il faut paver les principales tranchées.
Plus la pente eft rapide, plus les rigoles doivent
être tirées horizontalement.
Les réglés précédentes fuffifent pour diriger les
cultivateurs.
Quant aux marais, on commencera par. l’écoulement
des eaux croupiffantes, on élevera des bermes
du côté d’où viennent les eaux , on creufera des
tranchées aux lieux convenables, 8c fur leurs bords
on plantera des faules. Mais bientôt ces terres ne
procluiroient prefqùe plus , fi on les privoit tout-à-
iait d’eau. On y fupplée par des inondations artificielles
, ménagées avec prudence. Pour ,cela, on
laiffe des ouvertures au berme, & on y établit des
éclufes qu’on ouvrira 8c qu’on fermera fuivant les
tems 8c les faifons. On ne craindra point les inondations
dès que les derniers foins font recueillis.
On pourroit encore employer des tuyaux percés
q u i, couchés ail milieu des digues , boiroient dans
la rivière , 8c fourniraient à la prairie .des fontaines
fuivant le befoin. Comme c,es conduites doivent
être de gros calibre, il feroit plus commode de faire,
des priunes avec des.plateaux de chêne.
On arrofe les chenevieres, foit par immerfion
comme les marais, foit par irrigation comme les
prés.
Enfin les jardins s'abreuvent auffi par irrigation,
lorfqu’ils ont une pente douce 8c qu’on a à portée
un cours d’eau ou une fontaine : rien n’eft plus facile
que d’y faire couler des eaux dans les fentiers lorf-
qu’elies conviennent.
On verfe avec fuccès au pied de chaque plante
une demi-pinte d’égout de fumier ou d’urine, en
prenant garde de ne pas arrofer les feuilles.
L’automne eft la vraie faifon de chercher les
fources : alors les eaux font baffes , 8c l’on peut
compter fur leur permanence. Après la derniere récolte
, on vifite tous les canaux, on les nettoie 8c
on les répare. Rigolez vos prés, changez 8c renouveliez
les rigoles. S’il n’y a pas d’inconvénient, placez-
les entre les anciennes , que vous • remplirez des
memes gazons levés pour les nouvelles. Mettez l’eau
fur la prairie, après chaque coupe, dès que la pointe
de l’herbe eft feçhe. Changez le cours de l’eau tous
tes moisi quatre , cinq, fix jours , fuivant l’abondance
de l’eau 8c la nature du terrein. Il faut donner
de forts arrofemens, 8c ne point perdre d’eau dans
cette faifon. Arrachez la moufle; fumez, apres avoir
répandu des balayures de grange. Ouvrez la portion
de vos prés de terre for te , que vous voulez renou-
veller. Ne faites point pâturer vos prés 8c tenez-les
exaéiement fermes. Les portions prêtes à être femées.
doivent l’être alors.
Achevez 'dans les beaux jours d’hiver les ouvrages
négligés. Tranfportez vos fumiers fur les
bords du canal de détente du réfervoir ou de l’étang.
Arrofez avec de bonnes eaux, 8c n’en changez point
le cours pendant la gelée. Détournez les eaux médiocres
on tranfporte des égouts dé fumiers fur les
prés éloignés.
On charie des égouts dans le printems comme dans
la faifon précédente ; on délaie les fumiers , mis dans
l’étang ou à fon iffue : on arrofe comme en automne ,
mais on fait des eaux une diftribution plus étendue.
On nettoie exactement la prairie avec le rateau de
bois 8c la pellé,. 8c on répand les taupinières. Oh
arrache les mauvaifes herbes. En divers lieux, on
détourne les eaux à la fonte des neiges. Prévenez les
gelées blanches, 8ç détournez les eaux. A mefure
que la faifon avance, on donne plus d’élendue à l’irrigation
: dès que les plantes fleuriffent, on détourne
les eaux ; on les remet, lorfque la pointe de l’herbe
eft fçche : on les change ordinairement le foir , quel-»
quefois le matin, mais après que la rofée eft diffipée.
On ne met point les eaux fur la rofée, ni au printems,
ni en été. On ne change point l’arrofement, pendant
que le vent du nord régné. Pendant les pluies froi^
des, où doit arrofer autant de terrein qu’on peut ,
avec de bonnes eaux, 8c éloigner les médiocres.
Pendant les chaleurs,, on ne change les eaux que
le foir, ou le grand matin. Si les eaux font de médiocre
qualité , on les détourne pendant la chaleur
8c dès le matin ; on ne les emploie que pendant la
nuit. Encyclopédie Économique. é-|-)
§ * Abreuver un vaiffeau. (terme de Marine, ^
Nous remarquerons que cette expreffion eft vicieufe,
8c que depuis le dix-huitieme fiecle elle n’eft plus- en
ufage en aucun feras.
ABREYER, v. a. (terme de Murine.') c’eft mettre
à l’abri, mettreàcouvert. Lorfqu’un vaiffeau eft vent-
arriéré, les voiles de l’arriéré abreyent celles de devant,
c’eft-à-dire, interceptent le vent, 8c l’empêchent
de frapper celles de devant. Un vaiffeau au-
plus-près du vent abreye le vaiffeau qui veut paffer
fous le vent à lui à une petite diftance. Une frégate
qui répété les fignaux dans une efeadre, doit avoir
grande attention à bien faire remorquer fes pavillons,
8c à empêcher qu’ils ne foient abreyés par fes yoîles.
( M. le Chevalier d e l a C o u d r a y e , )
* ABRI, (.Agriculture,) Un abri eft tout endroit où
l’on eft à couvert de la pluie. En jardinage, c’eft aufli
les endroits où les plantes font en affurançe contra
les pluies froides, les frimats, les gelées, les mauvais
vents, ou même la trop grande ardeur du foleil.
Tout ce qui fert à parer de toutes ces çhofes, comme
paillafl’ons 8c autres, peuvent encore s’appeller abris.
Diction, du Jardinage.
Un abri eft néceffaire dans un jardin : c’eft là, qu’au
commencement de l’automne , ôn replante en place
quelques efpeces de laitues ; à la fin de l’été, du plant
de choux pommés ; en Mai, des artichaux ; 8cç,
On abrite un terrein contre les vents deftruûeurs,
par des plantations d’arbres, des haies 8c des murailles.
U abri d’un mur eft favorable aux poiriers de haute
tige greffés fur coignaffier : quoique plantés dans une.
terre humide 8c graffe , qui tempere leur féchereffe,
il leur arriveroit fouvent de s’éclater 8ç de ne point
s’élever, s’il n’avoient point cet avantage,
Lorfqii’il y a quelque foffe à Ÿabri dans les bois,
on peut ordinairement compter d’y prendre dss