vraifemblance, que c’eft une décompofition de quelque
matière diffoute, qui fe trouve entre deux lits
d’argille, formée par une efpece de fuc qui fe durcit
à l’air; car M. le doéteur Mefny en a trouvé en
Tofcane , dont une partie étoit formée de fibres
divifibles , d’un blanc de plâtré & d’une confiftance
fort délicate, & l ’autre partie étoit d’une confiftance
fi molle, qu’on en auroit pu faire de la pâte. Cette
amyante fut amafleè fur un mont de Gala dite , à
fept à huit milles de Florence.
G’eft fans doute une terre réfraftaire qui fert de
bafe à V amyante, puifqu’elle eft apyre au feu ordinaire
comme l’argille , la craie, la pierre fétide, les
médis ou ftéatites, les mica, le talc, lé glaeies mariæ,
les ferpentines; les gabres, les pierres poncés &
les fibre.ufés , & fur-tout les félénites que l’on voit
réfifter aux feux les plus violens des volcans , puif-
qu’on trouve des chryfolites qui ont confervé leur
forme & leur tranfparence, dans les laves duVéfu$e
où elles ont été enfermées, lorfque ces laves ont
été- en fufion.
Si Xamyante eft un corps dont la bafe eft une argille
parfaite , comme on le préfume , & dont les fibres
fbyeufes cara&érifent la félénite, quelle merveille
y auroit-il de la voir réfifter à l’a&ion des menftrues
diflblvans , & à la puiflance d’un feu violent, fur-
tout lorfqu’elle fera en certaine mafle (car On le
voit fe confumer au fimple feu d’une bougie, lorf-
qu’il eft atténué en petits fils, & privé de fa plus
grande partie argilleufe.) ? On convient que l’argille
étant unie à un talc qui n’eft qu’une félënite, on én
voit réfulter la même conféquence & les mêmes
effets ; dès-lors tout le merveilleux de Xamyante dif-
paroît.
U amyante étant réfraftaire, peut être confidérée
comme une efpece de félénite. M. Maquer veut que
les félénites foient le réfultat d?un acide combiné
avec une certaine terre, d’où il procédé une cryfta-
lifation qu’on nomme félénite, qui prend fa figure
en raifon desdiverfes terres où elle reçoit fon origine
& quand la félénite eft formée de cette forte,
elle réfifte, dit-il, au plus violent feu, elle eft très-
difficile à fe difloudre, & ne fe laiffe point altérer
par les acides , ni devant ni après la calcination.
M. Geoffroy avoit prefque dit la même chofe dans
fon Mémoire lu à l’Académie des Sciences, année
1744 ; quelle répugnance donc à croire que Xamyante
eft une félénite paflee au point de combinaifon que
fixe M. Maquer ?
Les félénites font diverfes en efpeces ; nous en
voyons aufîi de differentes formes : les unes régulières,
comme les quarrées , les rhomboïdàles, les
cubiques; d’autres irrégulières: on en voit de pyramidales
, des rameufes, des petites, des grandes,
& encore des fibreufes, comme Vallerius en décrit
une fous le nom de gypfum filamentofum cnflalli-
num, vel gypfum capillare, page 1 0 4 tit. /, tab. 1.
Cramer met lé talc au rang des félénites, à caufe de
fa qualité réfractaire, & il comprend dans le même
ordre l’asbèfte, le fuber montanum , le lapis ollaris,
la ferpentine & les mica. On pourroit y ajouter
l’alun de plume qui, félon Mercati, a la même propriété
, la même faveur & la même flexilité que
ïamyante des anciens. Puifque lès diflblvans n’alte-
rent point ces corps , & qu’ils font tous apyres,
c’eft une preuve qu’ils ont la même bafe & la même
terre élémentaire ; & quant aux formes & aux fi-
-gures j cela dépend de certaines loix que nous ne
pouvons fixer , foit que ces phénomènes s’opèrent
ou par attra&ion, ou plus vraifemblablement par
affimilation de molécules pareilles, foit pour former
un corps fibreux, comme l’asbefte & Xamyante, un
folliculaire, comme le talc ou le co.rium montanum,
un fciffile, comme l’ardoife, un cubique, un rhomboïde,
&c. fecret que la nature feule cônnoît. Il
ne refte plus qu’à prouver qu’on doit ranger
.Xamyante an rang dès félénites.
J’ai déjà remarqué qu’on ne trouve point de carrière
d amyante ni de félénites ; ce qui prouve que
ces corps font accidentellement formes, c’eft-à-dire,
qu’ils font le produit de quelqu’autre corps. On
trouve fouvent de l’asbefte & le corium montanum
en lames peu épaifles, adhérentes à des cryftaux
féléniteux, provenans de la diflolution des fuCS félé-
niteux; ainfi onne doit point mettre Xamyante au
rang des matières primitives du globe , quoi qu’en
dife Vallerius, trompé fur ce qu’on ne trouve jamais
de corps marins dans Xamyante, ni dans les lieux où
elle fe trouve. M. le doéteur Mefny affirme au contraire
que Xamyante, le corium montanum , l’af-
befte, &c. ne fe trouvent que dans’ les montagnes
fecondaires , comme les appelle Stenon dans fon
traité de folido intra folidum-.
Quoi qu il en fo it , on ne ramafle Xamyante que:
dans les endroits ou il y a une efpece déterminée
de matière dont fe forment Xamyante & le corium
montanum que M. le do&eur Mefny croit être la
galaclite; en forte que, félon cet auteur, Xamyante
feroit un corps formé par la diflolution , o u Tefflo-
refcence, ou- la calcination de cette pierre qu’on
nomme galaclite.
L’amyante dès environs de Florence eft de deux
efpeces ; i°. le corium montanum qui vient dans
des montagnes d’une qualité de pierre & de terre
qu’en Italie on nomme gabre , qui eft une pierraille,
formée de terre glaife brune, où l’on voit des fçin-
tilles^ talcqueüfes. Ces lames' de corium montanum
paroifîènt ondoyantes, comme fi la matière ayant
flue ou étant molle, avoit cédé à la réfiftance des
_ terres, pour continuer à s’étendre en un fens plus
I uni. Il eft à croire que les pluies contribuent ù la
flexibilité de ces lames, car, par la fécherefle , elles
acquièrent plus de corps, & deviennent plus folides
à l’air, fée. M. le do&eur Mefny m’a remis des échantillons
de gabre, de corium montanum, &c. entièrement
conformes à la defcriptîon ci-defliis; x°. Xa~
myante véritable , ou le lin foflile, fe trouve dans
la même chaîne de montagnes fur des coteaux de
gala&ite ,*qui fert à la formation.
Cet article étant déjà trop long, je në définirai
I point la galaâite ou efpece de pierres qui fert à la
formation de Xamyante ; je renvoie, pour cet examen,
au mot G a l a c t i t e , dont il faut réunir là
lefture à celui-ci.
Je finirai par obferver d’après M. le dofteur Mefny,’
que le corium montanum , mêlé avec l’arfenic,
dans la vue de le fublimer, ne fe volâtilife jamais ,
puifque l’on retrouve le même poids après l’opération
;.que Xamyante ne contient point de phlogiftique,'
puifqu’elle ne détonne pas dans le nitre fondu, 6c
qu’enfin fa propriété d’être apyre & réfraûaire au
feu , lui eft commune avec les félénites & autres
corps qui ont pour bafe une terre argilleufe.
Quant aux vertus médecinales de Xamyante, rapportées
à la fin de cet article dans le Dicl. raif. des
Sciences, &c. il n’en faut abfolumént rien croire.
Voyei Lemery, dans fon favant Diction, des drogues
Jîmples, au mot amyante. (AL B e g u il l e t . )
* AMYCLES, ( Géogr.) ancienne ville d’Italie,'
colonie d’Amycles du Péloponefe : elle eft écrite
A m y e l e s .dans le Dicl. raif. des Sciences, &c. par
une faute typographique.
* § AM YC LEU S , ( Mythol.) n’étôit point un
dieu particulier de la Grece, mais un furnom d’Apollon
, le même c\\ï Amycléen , dont on trouve
un article dans le Dicl. raif,L des Sciences, &c< qui
devoir faire fupprimer celui Üamycleus, Lettres fur
CEncyclopédie.
§ AMYDON, (’Çhymie.) Les procédés par lefquels
- on obtient Xamydon, ont été fucceflivement reftifiés
par le tâtonnement des ouvriers ; & les obfervateurs
ou phyficiens qui en ont parlé n’ont rien appris qui
pût éclairer fur fa nature. \J amydon, dit l’auteur de
cet article dans le Dicl. des Sciences, &c. ejl un fédi-
mtnt de bled gâté ou de griots & recoupettes de bon bled.
Une connoiflance plus complette & plus philofo-
phique que nous devons aux travaux de MM. Beccaria
& Keflel-Meyer, nous apprend que Xamydon
. e^ifte tout formé dans la nature ; qu’il fait partie de
la plupart des plantes céréales, & qu’il eft facile de
l’en féparer. . "
Leurs expériences prouvent qu’après avoir réduit
en pâte la farine des differentes efpeces de froment
féparées du fon, fi l’on verfe de l’eau fur cette pâte à
differentes reprifes, ou qu’ en la maniant en tout
fens, on l’agite dans un petit courant d’eau renouv
e l le , comme pour la laver, jufqu’à ce que l’eau
qui s’en écoule foit claire , il ne refte alors qu’une
fubftance molle gluante, fans odeur ni faveur, &
ablolument infoluble par l’eau. C’eft à cette partie
de la farine qu’ils ont donné le nom de glutineufe,
l’autre partie que l’eau détache dans la lotion & qui
la rend laiteufe par fon mélange, a reçu le nom de
fubftance amylacée. Cette derniere fubftance qu’on
fépare de l’autre par l’interme de de l’eau froide,
abandonne l’eau qui s’en eft chargée par la fimple
fubfidence ; elle blanchit & fe dépouille de toute
fubftance étrangère par des lotions réitérées, & lor-f-
qu’elle eft bien féchée, elle conftitue ce qu’on appelle
vulgairement amydon.
La pfoportion de ces deux fubftances n’eft pas la
même dans toutes les efpeces de .grains. M. Keflel-
Meyër .prétend qu’il y a un tiers de fubftance gluti-
neule fur deux d’amylacée dans le meilleur froment
( triticum hybernum ). M. Thouvenel a trouvé parties
à-peu-près égales des deux fubftances dans les bleds
du Languedoc. Il paroît d’ailleurs que la quantité de
fubftance glutineufe eft relative à la bonté ou à la
qualité nourriflante des grains.
La fêparation des deux fubftances eft aifée dans le
bon bled ou la bonne farine ; elle l’eft moins, lorfque
par vétufté, par humidité ou par d’autres caufes
les grains ont été altérés. C ’eft fur ces notions qu’on
peut expliquer la pratique des marchands de grains
q ui, pour s’affurer de la bonté du bled, en écrafent
quelques grains avec les dents , & après avoir emporte
avec la falive toute la fubftance amylacée , ils
étendent la partie glutineufe qui eft infoluble, &
jugent de la bonté du bled par la ténacité de cette
partie ou par fon gluant. On connoît encore la pratique
des brafleurs de bierre qui, après avoir fait
macérer le bled, en avoir fait développer le germe,
& l’avoir enfuite torréfié ou defleché, le rendent
entièrement foluble par l ’eau, en détruifant par cette
manoeuvre la partie glutineufe. Le bled acquiert en
fon entier , par la germination, la qualité des corps
doux ou fucrés qu’on trouve fi abondamment parmi
les differens végétaux, & qu’on peut même confi-
dérer comme le moyen d’union des différentes fubftances
de l’extrait végétal.
La fubftance amylacée eft la feule dont la nature
foit végétale ou qui préfente des propriétés analogues
à celles des végétaux. La partie glutineufe
paroît au contraire fe rapprocher finguliérement de
la nature animale ou des fucs lymphatiques ou albumineux;
elle ne donne dans la digeftion ou la fermentation
aucun ligne d’acidité, mais elle tend en
peu de tems vers là dégénération alkàlefcente ; elle
le pourrit comme les cadavres des animaux ; elle
fait effervefcence avec les acides, & donne par la
diftillation une quantité auffi confidérable d’efprit
volatil & d’huile animale, qu’une pareille quantité
Tome /.
de corne de cerf. Seroit-ce à dette partie qu’eft dû
le phofphore qu’on tire du bled ? Les indil&ions les
plus raifonnables femblent l’établir.
L’analogie de la partie glutineufe avéc les liquides
albumineux , s’étend encore fur les effets produits
par les differens menftrues. Les acides foibles ou
étendus meles aux liquides albumineux, les rendent
mifcibles à l’eau, 6t les changent en une efpece de
gelée abfolumént inconcrefcible par l’eau bouillante.
Les mêmes'acides mêlés à la partie glutineufe de la
farine, la changent en un corps muqueux entièrement
foluble par l’eau. M. Keflel-Meyer afliire que
cette efpece de dernier mucilage artificiel, qui eft
différent félon les différentes proportions d’acide &
de partie glutineufe , fe change en fubftance amylacée
, de maniéré que cette derniere fubftance de
la farine ne diffère de l’autre que par l’acide. Il eft
tout au moins avéré qu’il y a entre la partie glutineufe
& cette efpece de mucilage, la même différence
qui fe trouve entre la gelée & le liquide albumineux.
Il paroît même qu’en confidérant les differens
momens de la végétation, on pourroit obfer-
ver des inftans où la fubftance du bled légèrement
laiteufe , acidulé, fucrée ou émulfive, pafle à l’état
d’un mucus fade, concre.fcible & alkalefcent.
La fermentation & les lotions multipliées que les
amydoniers font fubir dans leurs travaux à la fubftance
amylacée , ne paroiflent produire fur elle
d’autre effet que de la féparer du fon & de la fubftance
glutineufe ; peut-être même une partie de
cette derniere change-t-elle de nature pour fe convertir
en amydon.
On n’obtient par la diftillation de Xamydon, que
des produits falins & acides, & tout ce qui s’y développe
par la fermentation annonce fa nature végétale.
MM. Beccaria & Lions ont prétendu qu’il
étoit vinefcible, par l’odeur & la faveur qu’il impri-
moit à l’eau dans laquelle on I’avoit confervé durant
quelque tems ; .il eft certain que cette eau tourne
vers l’acefcence, mais il ne paroît pas que Xamydon
dont la nature eft terreüfe , épaiffe, qui ne contient
prefque pas d’huile, & qui a d’ailleurs une pente firi-
guliere vers la fermentation acide qu’on a peine à prévenir
, puifle être fufceptible de la fermentation vi-
neufe. Il faudroit que Xamydon fut parfaitement foluble
par l’eau, pour que cette fermentation pût l’exciter
; mais on fait qu’il s’en fépare par fubfidence : &
félon l’expérience de M. Thouvenel, Xamydon mêlé
à de l’eau bouillante jufqu’à la confiftance du moût,
& expofé enfuite dans un lieu très-propre à favorifer
la fermentation vineufe, n’a rien préfenté qui en
approchât.
Il eft pourtant certain que la pulpe du grain ou la
farine entière fert à faire la. bierre qui eft une liqueur
vineufe : quelle feroit donc la caufe qui ren-
droit les deux fubftances de la farine propres à concevoir
la fermentation vineufe lorfqu’elles font unies,
quoiqu’elles n’euflènt rien de vinefcible, prifes fépa-
rément ? C’eft un champ de nouvelles recherches
que nous préfentons aux chymiftes.
Un autre filjet de recherches intéreflantes c.onfifte
à découvrir les differens corps d’où l’on peut tirer la
fubftance amylacée ; la racine d’arum, les pommes
de terre ou truffes rouges en peuvent fournir. M.
Baumé en retira des fécules de racine de bryone, &
il paroît qu’en général toutes les fécules farineufes
des plantes en font pourvues plus,ou moins abondamment.
( Article de M. La fo s se , docteur enmé-,
decine de la Faculté de Montpellier. )
A N
AN A C A , fi ni. ( Hifl. nat. Orniiholog.') efpece de
perruche du Brefil, où on la nomme ainfi, félon
B b b i j