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 filial là laifloit de martre* Il  faifoit aflufion aux mo-  
 riiiinens dont il l’avoit décorée, &  aux édifices fuper-  
 bes  dont les  débris  nous  étonnent  encore.  Mais  il  
 en  avoit banni  le fanatifriiè républicain, vrai germe  
 des  grandes  vertus  &   des  grandes  aâions.  Avant  
 d’expiter  il fé  fit  apporter une glace, &   rétro tiflant  
 fès  cheveux  à  la  mâniere  des  aâeurs : Si  j’ai  bien  
 joué  niori rô le ,  dit-il à Tes  amis,  battez  des mains,  
 la  fcene  eft  finie.  Ainii  mourut  cet  homme  qu’on  
 pourroit  âppeller  le  prodige  des  fiecles.  Il  étoit  
 dans  la foixdnte-feizieme  année de  fon  âg e,  la cin-  
 qûânte-fixieme  depuis  fon  premier confulat,  &   la  
 «juarante-troifiéme  depuis  la  journée  d’A&ium. On  
 nous  difpenfera  de faire ici  fon éloge &  fa  cenfure,  
 fes aftions parlent.  Il  enchaîna par fes propres  lièns  
 lé  peuple  le  plus  fier qui  fut  jamais ;  &   fonda  la  
 monarchie la plus  vafte, la  plus riche, la  plus ptiif-  
 fante  qui  eût  été' avant  lu i,  &   qui  ait  fubfifté depuis. 
   Cet  empire  acquit  tant de  grandeur,  que  les  
 états du Turc n’en  font  qu’un  foible débris. Lés arts  
 <èn  tout  genre  furent  portés  à  une  perfëâion  fi  
 étonnante  ,  que  dix-huit  fiecles  n’ont  pu  rien  y   
 ajouter. Augufte  a  furpaffé  par  fes  vices &   par  fes  
 vertus  tous  lés  rois ;  auffi  un  fage  a-t-il  dit,  en  
 parcourant  fa  v ie ,  que  ce  prince  n’auroit  jamais  
 dû naître,  ou  ne  jamais  mourir.  (Af—r .  ) 
 AUGUSTODUNENSIS  P  A  GUS ,  ( Géogr.  du  
 moyen âge.') l’Autimôis ,  le comté ou l’évêché d’Autun  
 en  partie. 
 >  Ce pagus formé des  débris de  l’ancienne  cité' des  
 Eduens,  qui  comprenoit  ,  dans  fon  vafte  diftriâ,  
 plufieurs cantons ou peuples Efiens ,  a été dans tous  
 les tems le plus confidérable de la Bourgogne.  Il  fut  
 gouverné,  après l’irruption  des  barbares,  par  des  
 Comtes  fous les premiers rois Bourguignons. Sidoine  
 Apollinaire  nous  fait  comioître  Attalus  fon parent,  
 dont il  loue la  juftice  &   les vertus,  vers  l’an  460.  
 L ’illuftre Grégoire Autunois, bifaïèul de Grégoire de  
 Tours, pere de notre hiftoire, luifuccéda: il fe  con-  
 duifit pendant 40 ans ,  avec tant de zele  &   d’équité  
 dans  cette place,  qu’il fut  enfuite  élevé  fur le  fiege  
 èpifeopal de Langres, en  506. C’eft lui qui a fondé la  
 -  célébré  abbayè de . faint Benigne,  à D ijon ,  dont la  
 manfe  abbatiale  vient  d’être  réunie  à  l’évêché  de  
 Dijon (1774) ;nous renvoyons pour les antres comtes  
 d’Autun à l’hiftoire  qu’en a publié Milniér, in-40.  
 1660.  Nous  obferverons  feulement  que  plufiéurs  
 d’entre  eux  étoient  en même  tems  abbés  de  faint  
 Symphorien, &  qu’un des plus diftingués fut Richard  
 le juJUcier,  qui  devint premier  duc  bénéficiaire  de  
 Bourgogne,   à  la  fin  du  ix .  fiecle. 
 C e  pagus  s’étendoit  depuis  Saulieu  à Perrecy 8c  
 à  Oyé  en  Briennois,  &   de  Nolay  à Moulins,  ce  
 qui fait plus de  20 lieues  du  nord au fud,  &  25  de  
 î ’eft à l’oueft.  De  fes  débris ont été  formés les bailliages  
 d’Autun  ,   de  Montcenis  ,  de  Charoles  ,   de  
 Semur  en Briennois ,  de Bourbon-Lanci,   partie  de  
 ceux d’Arnai-le-duc  &   de  Saulieu. 
 La table Théodofienne dreffée,  à ce  qu’on  croit,  
 à  la  fin du  iv .  fiecle ,  nous  fait  connoître plufieurs  
 anciens  lieux  de  l ’Autunois  ;  tel  que  Toulon  fur  
 Arroux, Teiorium, Telonum,  où les Romains avoient  
 'lin péage  ;  Périgni  fur Loire,  Parinium ;  Bourbon-  
 les-bâins, Aqua. Nijineii-; Decize fur Loire, Décoda,  
 Décida ; Anifi, Alijihcum ; Sigi près Moulins, Sitilia;  
 Bufïieres,  Bôxutn ;  Saulieu.,  Sidotocum ,  Sidolou-  
 cumfélon l’Itinéraire d’Antonin, &  Sidoleucum félon  
 Ammien-Marcellin.  Saint Andoche fut martyrifé  en  
 en cette ville,  vers-'l’an 177. 
 Vaifre,  duc  d’Aquitaine,  ravagea  avec  fon  armée  
 en 761, tout le pays d’Autun,  jufqu’à Châlons,  
 dont il  brûla  les  fauxbourgs  ;  omnem  régiohem Au-  
 gtljlodunenfium  ufque  ad  Cayillonèm  igné  cremavit, 
 A U  G 
 dit Fredegaire  , Ed. D. Ruinard,  page 6^4.  Pépin ^  
 vi&orieux  des Aquitains ,  paffa  la  Loire  à  Digoin,  
 &  traverfa le pays Autunois pour retourner à  Paris,  
 en 76 5. Ad Denegontium... per pagum Augufludinenfem  
 remeavit.  ib.  p. 699. 
 Le Comte  Theodoric  tint  deux  malles publics  ou  
 affifes  à  Crona fur  Loire  ,  en 819 &   820,  Crouna-  
 citm,  Craunacum in mallô publiço.  Voyeç  Pétard, p.  
 3 4 ’  in-fol. 
 Le monaftere  d’Iféure  ouYzeure ,  près de Moulins  
 en Bourbonnois , dont Amalberge étoit abbéfle,  
 &  auquel  le  comte Childebran  donna  tout  ce  qu’il  
 poffédoit en ce  lieu  en 8 1 7 ,  ou,  félon d’autres,  en  
 832,  eft marqué dans l’Autunois ; Yfodorum iforia in  
 pago Auguflodunenji.  Voye%_ Gai.  Chr.  tom.  IF . pdg.  
 447, & Preuves, p. 46, 
 A  Couches  ,  Cholchce,   Cotticoe  ,  Choicheium,  fut  
 fondée  vers 830 ,   une  abbaye  qui  fut réunie  à  l’é-  
 glife  d’Autun  ,  par  Charles  le  Chàuve  ,  en  844.  
 L’évêque  Rotmundus y   conftruifit un château : Hugues  
 de Châlons,  évêque  d’Auxerre,  en étoit abbé  
 en 992.  Il la remit, à  la  priere de l’évêque d’Autun,  
 à  Amédée,  abbé  de  Flavigni  en  Auxois,  pour  la  
 rétablir en 1017. Elle a depuis été réduite en prieuré,  
 tmi en  1621  au college  d’Autun.  Le  bourg ae Couches  
 fut  affranchi  en  1253.  Voye£  Perard,  page  
 476'. Gai. Chr.  tom. IF . page  442. 
 Mêvre ou Mef-vre,  ancien prieuré, réuni à faint  
 Nazaire  d’Autun,  par Charles le  Chauve  en 843 ,  
 eft à deux lieues d’Autun, &  nommée dans les vieux  
 titres Megabrenfe monajtirium,   S. Martinus de Mega  
 vero vel Magobrio. Gai.  Ck.  16. 
 Le  comte  Eccard  fonda  en  840  ,  le  prieuré  de  
 Perrecy  fur  l’Oudrache,  patriacus fuptr  vuldragam  
 in pago Augufiidnnenfi.  Per .p.  xS.  Plufieurs  terrés  
 données  à  ce  monafrere  ,  font  auffi  désignées  dans  
 ce  même  canton  ;  Sancenai,  annexe  d’O y é ,  Sin-  
 einiacus ; Lurcey ,  Lurliacum ; Marli,  Malniacum ;  
 Colonges,  Colonicé ;  Neuvi, Nova-villa ;  Bifi,  Bi-  
 ciaca  ; Vaux-de-Barriere  ,  Vallès ; Fontenai annexe  
 de Baron,  Fontenella ; Genouilli,  Genuliaca ; Bau-  
 bry , Barbiaria ;  Baron ,  B arum.  V tv .p J z x .' 
 Un  titre  de  858  cite  Ornée,  Dernacus  in pago  
 Aug.prope monaftérium S. Andochii. Sur une médaille  
 :  gauloife, rapportée dans le Journ. de Trev. ocl. *706’,  
 j  p.  1984 ,  on lit Dübnorix :  il  eft  armé à la gauloife,  
 tenant  un  fanglier de  la main droite  ,  &  de  l’autre  
 une  fête  d’homme,  &   plus  bas  Durnaco.  Cette  
 médaille du  fameux  Dumnorix ,  chef des  Eduens,  
 a pu  être  frappée àOrnaix  ou O rnée, qui étoit fon  
 palais,  près d’Autan : fur d’autres  on lit  Durnacot.  
 c’eft-à-dire  Dumaci-Conis. 
 Une  chartre  de  Charles  le  Chauve  d|2 Fan859 ,   
 en  faveur  de  l’abbaye  de  S. Andoche  d’Autun, fait  
 mention de Savilli,  Saviliacum,  &  d’une  forêt ap-  
 pellée  Centuperas,  in  pago Aug.  Gai. Ch.  tom.  IF .  
 pi 66. pr. 
 Jonas, ! évêque d’Autun, dédia l’églife de la Nocle,  
 fous  le  vocable  de  S.  Cyr ,  en  863  ,  Nofclea ,  la  
 Nofcla ,  in pago Aug.  16. p. g 66. pr.  Sg. 
 L’évêque Leudo &   le  comte Adalard  firent venir  
 au  ix . fiecle  les  plus  illuftres  cantoniers à  un malle  
 public  ,  affemblé  à Mont  ou  au  mont  S.  Vincent,  
 in  villa  Monte pagenjes  nobiliores  yoeant.  Perard,  
 pag. g j . 
 Un  diplôme  de  Charles  le  Chauve,  daté  de  la  
 vingtième année de fon régné, rapporté par Munier,  
 p .xS , fait connoître plufieurs endroits de l’Autunois,  
 donnés à  la cathédrale de S. Nazaire, par les comtes  
 Theodoric &  Aldric ;  tels que  Wavra, la Vaivre ou  
 Vêvre -,  Porcariaca ,  la  Porchereffe ,  de  la paroifl'e  
 de  Brion  ;  Cucurba  cuturbitiffa  ;  Couchard  ,  où  
 eft  un  fameux  monument  funéraire,  qu’on  croit  
 J  être  celui  de  Divieiacus ;  PetrqceryaUs,  Cerveau j 
 À V  I 
 'Latiacum, Lally ; Brolium, Breuil, tous aux environs  
 d’Autün. 
 Bofon ,  élu roi de Bourgogne au concile de Manr  
 taille ,  confirme  à l’églife  d’Aiitun  en  879,  la pof-  
 feffion de  la  terre  de Lucenay,  Lucennacumin pago  
 Aug.  ( Voye£  Municip.  ç6.)  c’eft  Lucénâi-l’Evêque  
 appelle  dans  un  titre  de  13^0,  Lucenagium Ca.fl.rum. 
 C’eft en ce lieu que les Autunois défirent, en 1521,  
 une  -troupe  de  brigands  qui  infeftoient  le  pays.  Le  
 bailliage  d’Autun royalifte s’y retira durant  les troubles  
 de la ligue.  Claude de Ragni,  évêque d’Autun,  
 qui en aimoit le féjour,  y  mourut dans fon château j  
 en 16,52. 
 Mortthelon  ou Montelon,  avec  l’églife  de  Saint  
 Eptadeèmplacé dans l’Autunois, Mons Tolonus ou  
 Mons Tolomni in cotnitatu Aug.. Cette églife  fut  rendue  
 à la  cathédrale  d’Autun,  par  l’évêque  Hervé,  
 en 919..  Per. pag,-218, 3  4 ,   73. Gai.  Chr. tome IV ,   
 Pa8-7 3 -Pr-  ■  .  •-  •. 
 C ’eft dans ce village que fainte Françoife de Chantal  
 pafl'a fept ans  après fa viduité,  &   où elle  exerça fa  
 charité  &   la  patience  :  la fille  y   fut  mariée  par  S.  
 François de Sales,  avec le baron de Thorens,  neveu  
 du faint évêque de G enève,  en 1609, en préfence dë  
 l ’archevêque  de Bourges, fon  frere, &  du préfident  
 Fremiot ,  fon-pere.  S*. François  de  Sales prêcha en-  
 fuite.  en  cette  paroilfe. 
 Le,  roi  Rodolphe,, ^confirme  à  l’abbaye  de  Saint  
 Martin  d’Autun  la  pofleffion  de là  Celle.,  Villam  
 Cellas ;  de Thil fur Arroux ,  T ilium ;  B ragni,  Bra-  
 niacum; Niellé , Meletacum ; la petite Veniere,  Vitri-  
 cas ; Charbonas, Çorbonaçum ; tous fitués dans l’Au-  
 îtinois.  Gai.  Chr.  tome IP. p.  7/. pr. 
 Lambert,  comte de Châlons-,  fonda  en 973  ,  un  
 prie tiré  à Parai,  dit  la  Vallée <TOr ,  Paredum,  dic-  
 tum  Vallis A  area,  in pago Aug.  Le  fondateur y  fut  
 inhumé en 988 ,  &  le prieuré fut  fournis  à Cluni en  
 999.  ib. p.  44S.  Parai  obtint du  comte  Guillaume  
 fes  privileges  en  1 180  ,  confirmés  par  le  duc  de  
 Bourgogne  en  1243. 
 Le  moine  Jotraldus ,  dans  la  vie  de S. Odilon,  
 écrite il y a  plus  de 600  ans,  fait mention de Moulins  
 ,  Molinis cajlrum  in  extremo  confinio Augujlodu-  
 nen.fi.  Eclair, géogr.  1744 ,  p. 209. 
 Montcenis  ,  dont  le  cartulaire  d’Autun  fait mention  
 au Xe. fiecle.,  a  un  bailliage  fort  ancien  dont  
 le  Charolois  dépendoit  ;  Mons  Cinifus  ,  Cenifus,  
 Monticinium in Æduis. 
 La  Celle  qu  prieuré  de  S.  Reverien,  Cella  S.  
 Reverïani  ,  où  l’on  croit  que  cet  évêque  fut  mar-  
 tyrife,  fondé au  xie.  fiecle ,  eft  marqué dans  l’ancien  
 territoire  d’Autun  ,  &  depuis  a  été  réuni  au  
 diocefé  de  Ne vers. 
 Des lettres du, roi  Louis  en  1 1 1 9 ,  font  mention  
 du prieuré  de S. Nazaire  ,  près  de Bourbon,  fondé  
 en 1030 par Anceau, fire  de  Bourbon,, prope caflrum  
 Burbonum inÆduenjipago  ( not.  Gai. pi 104). Bourbon  
 eftappellé dans les titres du moyen âge, Burbo,  
 Bulbo, Borbonium.  Hugues d’Arci,  évêque  d’Autun,  
 y   fonda  le  chapitre  de  S.  Nicolas  de  la  Prée  en  
 1288.  Cette  ville  eft  renommée  par  fes  bains  thermales  
 ,  connus  dès  le  tems  des  Romains  qui  les  
 embellirent.  Henri  III.  les  a  fait  réparer,  Sc s’en  
 fervit  préférablement  aux eaux  des  autres villes. 
 L’abbaye  de Septfonts  fi  fameufe  par fon auftere  
 reforme  ,  fut  fondée  en  1 1 3 1 ,  par  les  lires  de  
 Bourbon,vîeptemfontium abbatiaBorbonenfisin Æduis,  
 dit Chiffiet dans fon Genus illujlre S.  Bernardi,  in-40.  
 !>■  *44-  ( <?•) 
 AVISON, ( Géogr. )  haute montagne  des  Vôges,  
 Tune  de  celles  qui  entourent  la  ville  de  Bruyères.  
 Nous  en  parlons, à  caufe  d’une  fête  finguliere  qui  
 s’y   célébré  annuellement  le  premier  dimanche  de  
 carême.  Les  garçons  de  la  ville grimpent  au  fom- 
 A   V   I   7 i r 
 met  dë  cette  montagne,  où  ils allument  un  grand  
 feu  ayant  le  lever du  foleil.  Celui  d’entr’eux  qui a  
 la  voix  la  plus forte  j  y  lit  un  écrit  contenant  des  
 projets  de  mariage  entre  les  filles &   les  garçons,  
 qui  ont  paru  fe  convenir  par  les  amitiés  qu’ils  fé  
 font  faites dans  le  cours  de  l’année.  La  lefture de  
 chaque  projet de mariage  eft fuivie  d’une décharge  
 de  boîtes  6c de  moufqueteri.es ,  proportionnée à la  
 qualité  des  perfonnes  dont  on vient de  parler,  &   
 à  l’eftime, qu’ont  pour  elles  les  a&eurs  de  cette  
 comédie.  Tout  cela n’eft  que  le prélude  d’une fête  
 qui  fe  donne  par  1res  élégans  aux  élégantes,  le dimanche  
 fuivànt, &  qui  çonfifte  en’  concerts ,  bals,  
 6*c. Les: jolies filles de  Bruyères,  fa vent  bien fi tout  
 cela  les  amule.  Ceci  ell  tiré des  oeuvres  de  M.  J. J.  
 Rôuflëau.  (+ ) 
 -  A V 1TUS, ( Hijl. du Bas-Emp.')  forti d’une famille  
 patricienne, de la  cité  d’Auvergne ,  fut moins  illustre  
 par fa naiflance &  Ion-élévation que par  fes qualités. 
  perfonnelles.  Sa  douceur &  fa modération lui  
 méritèrent  la  confiance  de  Théodoric  ,  toi  des  
 Vifigoths,  qui  ne fit  rien  fans  le confulter  ,  &   qui  
 fembla  ne  voir que  pafifes  yeiix.  Avitus:h\ifn  cfe  
 fon  afeendant  fur  l’el'prit de  ce  princéi,  quë  fjour  
 rétablir  la  tranquillité  dans'  fa  patrie  ;  &   plus  citoyen  
 qu’ambitieux  ,  il  fé  crût  afîez  heureux  en  
 jouiffant  du  bonheur  qu’il; avoit  le  crédit  de  pro-r  
 curer  aux  autres.  Il  fut  employé  dans  les  plus importantes  
 négociations  ;  fa  dextérité  à  manier  les  
 efprits ,  fa  prudence  fans  artifice  en  affinèrent  le  
 fuccès ; &  fa parole fut  le plus sûr gârant des traités.  
 Ce fut  par fon  éloquence  douce &  perfuafive  , que  
 les Vifigoths fe joignirent aux Romains contre Attila.  
 Aétius  qui  lui  donna  toute  fa  confiance ,  eut  toujours  
 à  fe  féliciter  d’avoir  fuivi  fes  confeils  :  fes  
 ferviees lui  méritèrent  la  dignité  de  maître  de  la  
 milice  dans le  département du prétoire dès Gaules.  
 La  maniéré  dont  il  s’en  acquitta,  le  fit  juge  de  
 l’empire ;  il  dut fon  élévation  aux  belles-lettres ,  
 à  qui  tant  d’autres  reprochent lé  renverfément  de  
 leur  fortune  :  ce  fut  en  donnant  des  leçons  de  
 droit  &   de  littérature  à  Théodoric  I I ,  qu’il  développa  
 fon génie &  fes connoiffançes. Rome agitée  
 de  difeordes  civiles, ne pouvoit fe  réloudre à nommer  
 un  fucceflèur  à Maxime.  On  y  étoit  plus occupé  
 des  moyens  de  conferver fa  vie  qu’à  former  
 des intrigues louvent funeftes à leurs auteurs. Théodoric  
 qui  pouvoit  envahir  l’empire  ,  n’afpira  qu’à  
 la  gloire  d’en difpofer.  11  fait  venir  dans  fa  cour  
 Avitus, &  le proclame empereur ; Montez au  trône,  
 lui  dit-il,  tant  que  vous gouvernerez  l’empire  ,  il  
 n’aura point de fqldat plus  ardent à  le  défendre.  Ce  
 choix  fait  par  un  roi barbaré,  auroit  dû  foulever  
 les efprits.  Les Vifigoths,  il  eft  v rai,  étoient  bien  
 foldats  Romains ; mais  ils  n’avoient  point  la  qualité  
 de  citoyens  :  armés  du  pouvoir ,  la  force  fut  
 leur droit.  D ’ailleurs  la  milice  depuis  long  - tems  
 avoit  ufurpé  le  privilège  de  nommer  les  empereurs  
 ;  &  Théodoric  étoit  trop  puiflani  pour qu’on  
 refusât  de  fouferire  à   fon  choix ;  il  eût  été  fou-  
 tenu  par  les  Gaulois,  dont  la  vanité  étoit  flattée  
 de  voir un de leurs compatriotes  placé  fur le trône  
 d’occident.  Ainfi,  au  lieu  de  trouver des murmu-  
 rateurs, Avitus  ne  vit  que  des  fujets  emprefîes  à  
 lui  jurer l’obéiflance.  Le jour de fon inftallation  fut  
 marqué  par  l’allégreffe publique, &   lui  feul parut  
 gémir  de  fa  nouvelle  grandeur.  Tous  les  députés  
 de  la nation, qui affifterent à  cette cérémoniefont  
 défignés par  le  titre  d’honorable,  qui  alors  n’étoit  
 accordé  qu’aux  repréfentans  de  la  communauté,  
 &   que  l’ufage  proftitue  aujourd’hui  aux  plus vils  
 favoris  de  la  fortune  ;  il  fut  revêtu  du  pouvoir  
 fuprême  par  les  mêmes  raifons qui,  du  tems  de  
 Rome  vertueufe,  avoient  élévé au confulat  ou à