états s’étendent jufqu’à l’equateur. Ces états obeif-
foient jadis à une reine, & fleuriffoient par un commerce
confidérable ; mais une révolution arrivée
l ’an 1700, y changea tout. Un Sayd, prêtre ou prêcheur
, affez habile pour fe faire nommer roi d’A-
chem, ne le fut pas affez pour en conferver le luftre.
Soit prévention contre l’ufurpateur, foit méfiance
infpirée par fon caraétere, les nations étrangères
n’allerent plus, comme auparavant, aborder fur ces
côtes. L’on en tiroit de l’or en poudre. C ’eft un des
pays oit l’extrême févérité des loix n’empêche & ne
prévient pas les crimes. L’on en cite pour exemple
le larcin , q u i, bien que puni avec la derniere rigueur
dans Achem, ne laiffe pas d’y être fréquent,
ainfi que le meurtre. A quelques lueurs de maho-
niétifme & de chriflianifme près, que les Indiens,
les Anglois & les Hollandois peuvent y avoir jettées
comme an hafard, les ténèbres du paganifme couvrent
encore Ache.ni & le relie de Sumatra. Long,
j j 7 . 3 0 . In t . 5 . 3 0 . ( D . G . )
ACHÉRON, ( Mythol. ) fils de Titan & de la
Terre , eut tant de peur des géans, qu’il fe cacha
fous terre , & defcendit même jufques dans l’enfer,
pour fe dérober à leur fureur. D’autres difent que
Jupiter le précipita dans l’enfer, parce que fon eau
avoit fervi à étancher la foif des géans. Selon Bo-
ca ce, Achéron étoit un dieu qui naquit de Cérès
dans l’ifle de Crete, & qui ne pouvant foutenir la
lumière du jour, fe retira aux enfers, & y devint un
fleuve infernal. VAchéron étoit un fleuve de la Thef-
protie, qui prenoit fa fource au marais d’Achérufe,
& fe déchargeoit près d’Ambracie dans le golphe
Adriatique. Son eau étoit amere & mal-faine : première
raifon pour en faire un fleuve d’enfer. Il demeure
long-tems caché fous terre ; ce qui a fait dire
qu’il alloitfe cacher aux enfers. Le nom d'Achéron
a aufli contribué à la fable, car il veut dire, angoijfe,
hurlement, (-f-)
* § ACHÉRUSE, (Mythol. ) On lit dans cet article
du Dicl, raif. des Sciences, Ans & Métiers ; le Cocythe
.& le Cirfé, pour le Cocyte & le Lethè, qui étoient
deux fleuves ( & non deux marais) des enfers.
(Lettres fur VEncyclopédie?)
ACHERUSIADE, f. f. (Mythol.') péninfule près
d ’Héraclée du Pont, par laquelle Hercule paffa pour
defcendre aux enfers.. Xénophon dit qu’on montroit
encore de fon tems des. marques de cette defcente.
(+)A
CHEVEMENT, f. m. ( Belles-Lettres. ) Dans la
poéfie dramatique, on appelle ainfi la conclufion
qui fuit l’événement par lequel l’intrigue eft dénouée.
L’art du poëte confifle à difpofer fa fable , de
façon qu’après le dénouement il n’y ait plus aucun
doute, ni fur les fuites de l’aérion, ni fur ie fort des
perfonnages. Dans Rodogune, par exemple, dès
que le poifonagit fur Cléopâtre, tout eft connu:
ce vers,
Sauve-moi de thorreur de mourir à leurs pieds ,
finit tragiquement la piece.
Mais fouventiln’en eft pas ainfi; & la cataftro-
phe peut n’être pas affez tranchante pour ne làiffer
plus rien attendre.
Britannicus eft empoifonné ; mais que devient
Junie ? C ’eft cet éclairciffement qui alonge & refroidit
le cinquième aûe de Britannicus.
L’aftiondes Horaces eft finie, au retour d’Horace
le jeune, &même avant fa fcene avec Camille ; cette
fcene & tout ce qui fuit fait une fécondé aâion dépendante
de la première, & qui en eft l’achèvement.
L’achèvement de Phedre & celui de Mérope eft
long; mais il eft paflionné, & il ne fait pas duplicité
-d’aftion comme celui des Horaces,
Si l'achèvement aquelqu’étendue, il faut qu’il foit
tragique, & qu’il ajoute encore aux mouvemens de
terreur ou de pitié que la cataftrophe a produits.
OEdipe, dans la tragédie de Sophocle, après s’être
reconnu pour le meurtrier de fon pere. .& pour le
mari de fa mere , & s’être crevé les yeux de défef-
poir, eft encore plus malheureux lorfqu’on lui amene
fes enfans.
Le poëte françois n’a pas ofé rifquer fur notre
fcene ce dernier trait de pathétique : il a fini par des
fureurs. OEdipe , les yeux crevés & encore fanglans,
étoit fouffert fur un théâtre immenfe ; fur nos petits
théâtres il eut révolté. Le tragique, en s’affoiblif-
fant, a obfervé les loix de la perfpeérive ; & pour
fa voir jufqu’à quel degré on peut pouffer le pathétique
du fpeétacle, il faut en mefurer le lieu. Voyeç
T h é â t r e , Dicl. raif.des Sciences, &c. & Suppl.
Comme Y achèvement doit être terrible ou touchant
dans la tragédie, il doit être plaifant dans la
comédie & d’une extrême vivacité. Pour peu qu’il
foit lent, il eft froid. C ’eft un défaut qu’on reproche
a Moliere.
Le poëme épique eft fufceptible d'achèvement ±
comme le poëme dramatique ; & , comme lu i, il
peut s’en paffer.
L’achèvement de l’Iliade eft long, & trop long,
quoiqu’il renferme le plus beau morceau du poëme ,
la fcene de Priam aux pieds d’Achille. L’Enéide finit
au moment de la cataftrophe: dès que Turnus eft
mort, le fort des Troyens eft décidé ; ôc l’on ne demande
plus rien.
Quelques critiques ont prétendu que l ’Enéide
étoit tronquée. Ils auroient voulu voir Enée donnant
des loix au Latium. Ces critiques ne favent pas
que lorfqu’on ceffe „de douter & de craindre, on
ceffe de s’intéreffer, & que l’a&ion doit finir ait
moment que l’intérêt ceffe , fans quoi tout le refte
languit. Rien de plus importun que le faux bel-
efprit, quand il veut juger le génie. Voye1 D énouement,
Intrigue, & c .Suppl. (.M .M a r m o n t e l .)
A CHIA , ( Hijl. facrèe. ) fils du grand-prêtre
Achitob, lui fuccédadans cette dignité, qu’il laiffa en
mourant à fon frere Achimëlech.
ACHIAB,(üfi/?. des Juifs.) neveu du grand Hérode,
Pendant la maladie de fon oncle, il empêcha la reine
Alexandra, mere de Marianne, de s’emparer d’une
des fortereffes de Jérufalem, dont il étoit gouverneur,
en faifant avertir à propos le roi de ce qui fe
tramoit. Il fauva plufieurs fois la vie à Hérode.. Un
jour, entr’autres, ce prince demanda une pomme ,
& un couteau pour la peler; mais Achiab s’étant
apperçu que c’étoit pour fe percer, tant la vie lui
étoit à charge, lui arracha le couteau , Si lui épargna
ce fuicide.
ACHILLE, (Mytholog.) étoit fils de Thétis & de:
Pélée, roi de Theffalie. La déeffe, pour éprouver ft
fes enfans ^étoient mortels, les mettoit dans, une chaudière
d’eau bouillante, ou les jettoit dans le fe u , ôc
les faifoit tous périr ainfi; Achille auroit eu le même
fo r t , fi Pélée ne l’eût tiré des mains de fa mere , il
n’eut qu’un talon de brûlé. On raconte encore autrement
cette fable : Thétis avoit plongé fon fils dans
l’eau du Styx, S il’avoit rendu invulnérable, excepté
au talon par où elle le tenoit. Ces fictions n’ont pour
fondement que quelques purifications dont Thétis
avoit coutume de fe fervir.
Achille fut d’abord nommé Pyrifoüs, 'comme qui
diroitfauvé du feu. Chiron, fon gouverneur, lui
donna le nom $ Achille; & parce que ce nom peut
fignifier qui ri a jamais tette, on débita la fable qu il
avoit été nourri de moelle de lion, ce qui avoit aufli
rapport à la force & au courage de ce héros.
Lorfque Thétis fut informée qu’on affembloit
toute la nobleffe de la Grèce pour la guerre deTroie,,
elle
elle envoya fecrétement fon fils chez LycOrtiede à
Seiros, pour éviter l’accompliffement d’un oracle,
qui avôit.prédit que cette guerre luiferoit funèfte :
cet oracle n’étoit peut-être que la crainte maternelle.
Pour mieux Cacher fa marche, elle le déguifa
en fille fous le nom de Pyrrha, à Cpufe de fes cheveux
blonds* Mais comme une des fatalités de Troie
portoit que cette ville ne pouvoit être prife fans la
préfencè ri Achille : du moins Calchas imagina ce
prétexte pour attirer à cette guerre le jeune prince
avec fes troupes, oh le fit chercher de tous côtés,
Ulyffe à la fin découvrit fa retraite, & pouf le recon-
noître parmi les femmes qui l’ertvironnoient, fe fer-
vit d’un ftratagême qui lui réuflit : ce fut de préfen-
ter à ces femmes plufieurs bijoux , parmi lefquels
étoient de petites armes ; Achille fe jetta àuflïtôt
deffus, négligeant tout le refte, & fe découvrit paf
cette mâle inclination. Sa retraite à Seiros eft une
fi&ion poftérieure à Homere, qui dit que Pélée accorda
de bon coeur fon fils aux princes grecs.
Achille, à la tête de fes Mirmidons , fit plufieurs
belles aélions pendant le fiege de T ro ie , prit plufieurs
villes de la Troade ; mais avant eu querelle
avec Agamemnon au fujet de Brifeis, il .demeura
dans fa tente dans l’inaérion pendant près d’un an ,
& n’en fortit qu’après la mort de fon ami Patrocle.
Pour le venger , il tua H e â o r , le plus vaillant des
Troyens, & comme il étoit fier & emporté, non-
content d’avoir ôté la vie à fogjennemi, il fit mille
indignités à fon cadavre , & xe vendit enfuite à
Priam.
Après la mort d’Heftor , les princes Grecs furent
appellés chez Agamemnon à un grand feftin, dans
lequel ils examinèrent les moyens qu’ils mettroient
en oeuvre pour fe rendre maîtres de Troie : fur cela
Achille & Ulyffe eurent une grande difpute ; le premier
voulant qu’on attaquât la ville à force ouverte;.
Ulyffe au contraire qu’on eût recours à la rufe : ce
dernier avis prévalut. Mais Agamemnon vit avec
plaifir cette difpute entre les deux princes , parce
q.ue c’étoit l’accompliffement d’un oracle de Delphes
, qui avoit promis que T roie feroit prife, lorfque
deux princes, qui furpaffoient tous les autres
en valeur & en prudence , feroient en difpute à un
feftin.
L’amour-fit périr Achille, fuivant Ovide. Amoureux
de Polixene, fille de Priam , il -accepta un
rendez-vous qu’elle lui donna dans un temple d’Apollon
, voifin de la ville ; mais tandis que Déiphobe
l ’embraffoit, Pâris le tua en trahifon. 11 le bleffa, dit
la fable , au talon , le feul endroit où Achille n’étoit
pas invulnérable, & Apollon guida le coup ; car il
falloit bien un dieu pour ôterla vie à un fi grand
homme. La fléché lui coupa un tendon du pied dont
la bleffure eft très-dangereufe : ce tendon, depuis
ce tems-là porte le nom de tendon d'Achille. Homere
ne dit rien de cet amour, ni de cette trahifon : Achille,
félon lui, fut bleffé en combattant, & les Grecs fou-
tinrent autour de fon corps un fanglant combat qui
dura tout un jour.
Thétis ayant appris la mort de fon fils, fortit du
fein des eaux, accompagnée d’une troupe de nymphes,
pour venir pleurer fur fon corps : les Néréides
environnèrent le lit funebre en jettant des cris lamentables
, & revêtirent le corps d’habits immortels
: les neuf Mufes firent entendre tour-à-tour des
gémiffemens & leurs plaintes lugubres. Pendant dix-
fept jours les Grecs pleurèrent avec les déeffes, &
le dix-huitieme on mit le corps fur le bûcher. Ses
cendres furent enfermées dans une urne d’o r , &
melees avec celle de Patrocle : & après qu’on lui
uu 11£/ e un magni% lie tombeau fur le rivage de
1 Hellelpont, au promontoire de Sigée , la déeffe
fa mere fit executer des jeux & des combats par les
1. ortie I.
plus braves de l’armée, aütour de ce tombeau.
Achille fut honoré comme un demi-dieu : on lui
eleva un temple à S ig é e, on inftitua des fêtes en
fon honneur, & on lui attribua jufqu’à des prodiges,
La mort ri Achille fait le fujet de cinq tragédies Fran-
çoifes , dont la derniere eft de Thomas Corneille ;
il y a aufli un opéra de Campiftron qui a pour titre «
Achille & Polyxene. (-}-)
ACHIMAAS, ( 'Hiß. facrèe. ) fils du grand prêtre-*
Sadoc, fucceda à fon pere l’an du monde 3000,'
fous le regne de Salomon, Pendant la.révolte d’Ab-
falom, il informa David des réfolutions que ce fils
rebelle prenoit contre fon pere ; & ce fut lui qui
annonça le premier à ce prince le gain de la bataille
dans laquelle le jeune ambitieux fubit le jufte
châtiment de fes crimes. Achimaas époufa Semaeh,
une des filles de Salomon.
AÇH1MBASSI, (Hiß. modd) nom d’un office,
ou plutôt d’un officier du grand Caire. 11 fignifie le
chef ou le préfet des médecins. Son office eft de s’informer
du mérite de ceux qui exercent la médecine
dans cette ville , & de leur accorder des privilèges.
On a fort peu d’égard au mérite & au favoir de celui
qu’on honore du titre riachimBafß ; car le bacha du
Caire en revêt toujours celui qui le paie le mieux*
Celui-ci à fon tour ne s*embarraffe pas davantage du
mérité de ceux qui fe pféfentent pour obtenir leurs
licences ; & ils en favent toujours affez, pourvu
qu’ils ne fe préfentent pas les mains vuides. (-M
ACHIMELECH, (Hiß. facrèe. ) fils d’Achitob
frere d’Achia, fuccéda à celui-ci dans la fouveraine
faerificature. D avid, fuyant la colere de Saiil, fe
trouva fans provifions, & en demanda à Achimelech,
qui ne put lui donner que les pains de propofition*
David étoit fans armes : le grand-prêtre lui donna
l’épée de Goliath. Saiil le fut ; & , pour l’en punir,
il le. fit mourir avec quatre-vingt-cinq hommes de
fa tribu.
Je remarquerai ici optAchimelech eft appelle Abia-
thar dans l’évangile félon S. Marc, chap. x j. ■ ÿ', £<?*
ACHINTOIR, (Gèogr.) petite ville d’Ecoffe,
dans la province de Braid-Albain, fur la riviere de
Karfwick, & non loin des montagnes de l’Ochabyr.
Quoiqu’elle ne foit pas bien confidérable, elle ne
laiffe pas que de faire un certain commerce. Long,
/a. 30 , lat. 5 y. 10. (C. A . )
ACHIS, (Hiß. facr.) roi de Geth, donna retraite
à David lorfqu’il fuyoit les pourfuites de Saiil. Deux
ans après, la guerre s’étant allumée entre les Ifraé-
lites & les Philiftins, Achis voulut engager David
dans fon parti ; mais les princes des Philiftins craignant
que David ne les trahît dans le combat, portèrent
le roi à le congédier ; ce qu’il fit avec tous
les égards dûs à une perfonne de fon rang, & de
qui il n’avoit qu’à fe louer.
ACHITOB, (Hiß. facr.) Les Juifs ont eu deux
grands-prêtres de ce nom. Le premier, fils de Phi-
nées , fuccéda à fon aïeul Heli, l’an du monde 2 888,
fon pere ayant été tué à la bataille où l’arche fut
prife par les Philiftins ; le fécond, fils d’Amarias, lui
fuccéda dans la même dignité.
ACHITOPHEL, (Hiß.facr J) Confeiller de David,
homme dont les avis étoient regardés Comme les
oracles de Dieu même , fut cependant affez lâche ,
affez infidèle à fon prince pour fe joindre à Abfa-*
lom dans la conjuration que celui-ci forma à Hébron
contre fon pere. On croit qu’i ly entra par animofité
contre le ro i, pour venger l’affront qu’il avoit fait à
Bethfabée, fa petite-fille. Voy. ci-après Bé thsabéE*
Quoi qu’il en foit, il confeilla à Abfalom de s’emparer
du trône & des femmes de fon pere. Il S’offrit
même à aller lui-même à la tête de douze cens
hommes attaquer David , & le tüer. Mais Chufaï
ayant été d’un avis contraire , qui prévalut dans Iq