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 ■environ  trente  ans ;  mais  M.  de;la  Chapelle  a  cru  
 5>_erfeâionner  cette  invention gj en  fàifant réunir des  
 ■milliers  de bouchons d e  liege ,, enfilés Jhune ficelle.  
 Voici  comment  cela fe  pratique :  on  coud des chapelets  
 de liege  fur une  vefte  de  toile  très-forte  ;  le  
 liege  fin  s’imbibe  très-difficilement  d’eau  ,  &  l’on  
 p e u t',  p a r  le  moyen  de  cette  a rm u re ,  faire  150  
 lieues 'fur. un  fleuve  fans  danger.  Pour  avoir  des  
 détails  plus  circonftanciés  fur  l ’ufage  dès  peaux  de  
 b o u c , ,on .peut  lire  la Differtation fur un monument  
 JîuguTur des utriculairesde Cavaillon,  par M. Calyet, 
 profefleur  de  méde cine,  à  Avignon,  chez  N ie l,  
 ân-8°,. ri,y&&<(^r)  ^ 
 B A R R E ,( terme  de Monnaie,  Commerce.) Quand  
 l’argent  a  été  tiré  des  mines ,  qu’il  a  ete purifie &   
 affiné ,  on  le jette en barres,  on  y   marque  le  titre ,  
 -après  quoi  il  devient  en état  d’être négocié ,  & ce  
 négoce  fe  fait  principalement  aux  Indes  &  en  Ef-  
 pagne.  •  ■  ■  ■ 
 Il y   a  ordinairement  quatre  marques fur chaque  
 barre  ;  fa v o ir,  celle du poids,-  celle  du titr e ,  celle  
 d u  milléfime ,  &  celle  de  la  douane ,  oit les  droits  
 o n t  été acquittés.  .  :  ;  '  •  . 
 -  En  Elpagne  le  poids  eft  différent  de  celui  d e   
 France  de  fix &  demi po u r c e n t,  enforteque  cent  
 marcs  d’Efpagne  fe  réduifent  à quatre-vingt-treize  
 marcs, quatre  onces  de  France  ;  &  fur  ce pied  le  
 poids d’Efpagne  eft plus foible d’une demi-once  par  
 marc que celui  de France.- 
 >  Quant a u   titr e ,  les  degrés  de  bonté  de  l’argent  
 y   font  partagés  en  douze  deniers ,  &  chaque  den 
 ier  en  vingt-quatre grains ,  comme  en  France. 
 On   remarque  que  le  poids des barres d’argent eft  
 à   proportion  de  leu r  titre ;  par  exemple  ,  celles  
 qui  font  à  onze  deniers dix-neuf à vingt  grains, app 
 e lle s   de  toute  lo i,  font  de  deux  cens  marcs &   
 plus ; &  celles du m oindre titre qui ne  font numérotées  
 , que deux mille deux  cens ,  jufqu’à .deux mille  
 tro is  cens,  ne  font  que  de cent  a  cent  cinquante  
 marcs.  . . . .   ^ 
 Le titre eft marqué fur ces barres par des numéros,  
 qui repréfentent autant de maravédis : ces maravédis  
 font  le  compte  numéraire en  Efpagne ,  où  chaque  
 maravédis v au t trois  deniers monnoie de France. 
 Les barres de toute loi font numérotées deux mille  
 trois cens  foixante-feize ,  ou  deux  mille trois cens  
 quatre-vingt,  &   ces  numéros  Repréfentent  autant  
 d e   maravédis ;  quand  elles  font de  moindre  titre ,  
 ■comme à onze deniers dix-fept grains,  elles ne font  
 numérotées que deux mille trois cens cinquante-cinq,  
 p arce  que  les  vingt-cinq qui font de moins que  les  
 deux mille trois cens quatre -vingt,  repréfentent autan 
 t de m aravédis,  qui font fix  fols trois deniers. 
 Le marc des barres de toute loi eft évalué àfoixante-  
 dix  réaux de plate aux Indes. 
 Quand les barres que l’on négocie aux Indes ou en  
 Efpagne ne font pas de toute lo i, on en fait le compte  
 fur le pied du titre qui y  eft marqué ; mais comme ce  
 titre  n’y  eft pas toujours fideie  ,  on ne doit les recev 
 o ir  en France  que fur le  pied  de I’eflai qui  en  eft  
 fait.  (  +  ). 
 B a r r e   ,  (  Anat. )   prolongement  exceffif  de  la  
 fymphyfe  du  pubis dans les femmes.  C’eft  un vice  
 de conformation qui rend fouvent les accouchemens  
 laborieux.  On  lui  a   donné  le  nom  de barre,  parce  
 ■que là fymphyfe  du pubis fait le même effet  qu’une  
 barre fur le d oigt,  lorfqu’on l’introduit dans le  vagin  
 p our toucher les femmes & examiner l’état des p arties  
 ( + ) . 
 §  B a r r e   , f.  f. (  terme de Blafon. )  piece de même  
 proportion que  la  bande  ayant  deux  feptiemes  de  
 la largeur de l’écti ;  elle eft pofée diagonalement  de  
 l ’angle  fëneftre en  chef à  l’angle  dextre en pointe. 
 Les  barres  fo n t  très-rares  en armoirie s,   comme 
 pièces  de  l’écu  ,  mais  il  y  en  a beaucoup  qui fervent  
 de  brifure  aux  enfans  naturels &  à  leurs  def-  
 cendans  ;  alors  elles fe trouvent raccourcies & font  
 dites bâtons péris en barre  OU barres en  abîme.  . 
 D e  Franc d’Efl'ertaux en Bourgogne ; d’azur à trois  
 barres d'argent,   à  la  bande  de  gueules  brochante  fur ies  
 barres.  (  G. D . L .T . ) 
 B a r r e   ,  (  Luth. )   c’eft  une  piece  de  bois  pofée  
 e n - tr a v e rs   defîiis  les  fautereaux  d’un  ela v'effin, &  
 qui les  empêche  de  fe  déplacer.  On  l’appelle  auffi  
 .chapiteau.  (  F . D . C.  ) 
 BARRÉ,  C  .barré  ,   (  Mujiq.  )   forte  de  mefure.  
 Voyesr c. (  Mujiqut. )  DiÈl. raif. des-Sciences ,& c .  ( S . ) 
 ,  BARREAU ,  f. m.  (   B  elles‘ Lettres.  )   L e   barreau  
 eft  le  lieu  où  l’on  plaide  devant  les ' juges  ;  &  le  
 genre  de  ftyle.  ou  d’éloquence  en  ufage  dans  la  
 plaidoirie ,  s’appelle ftyle  du  barreau,  éloquence  dü.  
 barreau. 
 On a  fouvent confondu,  en parlant des anciens,  
 le  barreau  avec la trib u n e ,  &  les  avocats  avec  les  
 orateurs  , fans doute à caufe que l’un de-ces emplois  
 menoit à l’a u tre ,  & que bien fouvent le même homme  
 les' exerçoit à la  fois. 
 Il y   avôit  à  Athènes  trois  fortes  de  tribunaux,-  
 celui de l’aréopage, qui  ne  jugeoit  qu’au  criminel,  
 &  d’où, l’éloquence  pathétique  étoit bannie  ;  celui  
 des juges particuliers ,  devant lefquels  fe plaidoient  
 les caufes  qui n ’étoient  pas  capitales, ;  &  celui  du  
 peuple ,  auquel  on  déféroit  une. loi qu’on  croyoit  
 injufte,  &   qui  avoit  droit  de  l’abroger»  L e^  deux  
 premiers  de ces  tribunaux  répondoient à notre barreau  
 ,  le : dernier répondoit au forum ou à la  tribune  
 Romaine. 
 Tan t que Rome  fut libre , 1 q forum, où le peuple  
 étoit  ju g e ,  fut le tribunal fuprême. Le  tribunal des  
 pré teurs,  celui  d esc en ieu rs,  celui  des  chevaliers,  
 celui du fénat même étoit fubordonné à celui du peuple  
 ; mais  depuis  Céfar &  fous les  empereurs, toutes  
 les grandes caufes furent attribuées au fénat ; l’autorité  
 des  préteurs  s’accrut  ;  celle  du  peuple  fut  
 anéantie ;  & l’éloquence  de la  tribune  périt avec la  
 liberté. 
 Ainfi dans Rome & dans Athènes-, tantôt les caufes  
 fe  plaidoient  devant  des  jugés  efclaves  de  la  lo i,  
 tantôt devant le légiflateur, qui avoit le droit d’abror  
 ger la loi, de l’adoucir, de la changer, de la laifler dormir, 
  de lui impofer filence, en un mot de mettre fa volonté  
 à la place de la loi même  :  voilà ce  qui  diftin-  
 gue  effentiellement  le   barreau  d’avec  la  tribune. 
 Autant les  fondions de  l’orateur étoient en  honneur  
 dans Athen.es &   dans Rome ,  âutant la profef-  
 fion  d’avocat  y .  fut avilie  par  la  v én a lité ,  la  corruption  
 &   la  mauvaife  foi :  Démqfthene,  qui  l’a-  
 voit  exercée ,  fe  vantoit  d’a v o ir're ç u   cinq  talens  
 pour fe taire dans une caufe où fans doute on appré-  
 hendoit qu’il ne parlât ; & comme il s’étoit fait payer  
 fon filence  ,  on  juge bien  que  lui &  fes pareils  rai-  
 foient  encore  mieux  acheter leur voix.  Rien ne fu t  
 plus vénal dans Rome,   dit  Tacite , que la  perfidie  des  
 avocats. 
 Chez  nos  bons  aïeux  ,  lorfque  tous  les  crimes  
 étoient  ta x é s ,  que  po u r  cent fols  ori pouvoit cou^  
 p e r le nez  ou  l’oreille  à  un homme ,  ce  beau ta rif  
 appuyé delà preuve ou p ar tém o in , ou par ferment-,  
 ou p a r le   fort  des  armes  ,  avoit  peu  befoin  d’avocats  
 ; les.loix Romaines introduites les rendirent plus  
 néceflaires  ; mais le barreau  ne  prit  une  forme  rai-  
 fonnable & décente que dans le  quatorzième  fiecle-,.  
 lorfque  le  parlement  devenu  fédentaire ,  fous  Philippe  
 le Bel, fut le refuge de l’innocence & de la  foi-  
 bfeffe ,  fi  long-tems  opprimées aux tribunaux  militaires  
 & barbares des grands vaffaux.  . 
 L’ufage  de  faire;parler pour  foi  un  homme  plus  
 in ftru it,  plus habile  que  fo i,  a dû s’introduire par- 
 BAR 
 tout OLi  Ia  raifon &Ma  juftice ont pu fe faire enten-  
 dre .M a ia c e tte  inftitution avoit un vice radical  d’où  
 io iif dérivés tous les vices de, l’éloquence du barreau  ■  
 1 avoc at, en plaidant une caufe qui n’eft pas la fienne,  
 joue un rôle  qui n’eft pas le  lien.  V o ilà, p o u rq u o i,  
 fa.1 on en croit Ariftophane, C ic éron, Pétrone ,Quin-  
 ttlien,  la  déclamation  a  été  dans  tous lies,  teins le  
 caractère  dominant de l ’éloquence du barreau. 
 :  plaideurs etoient leurs avocats  eux-mêmes,  
 ils expoleroient les faits  avec  {implicite ,  ilsdiroient  
 leurs  raifons fans emphafe ; &   s’ils employoient  les  
 mouvemens d’une  éloquence  pafîionnée, 'cés mou-  
 vemens  feroient  placés  &   feroient au  moins  pardonnables. 
   ■  é  ■  '  *■ 
 Mais un avocat revêtu du-perfonnage du plaideur,  
 a befoin d Un  art  prodigieux pour  le  jouer,  d ’après  
 nature ; & au defaut de  ce talent fi rare ,  il  met à la  
 p h e e   de  l’éloquence  naturelle  ,  une  déclamation  
 xacticé,  tantôt ridicule,  par l’abus de  l’efprit & par  
 1 enflure des p arole s,  tantôt révoltante  par  fon  impudence, 
  tantôt criminelle p a r fes artifices ou par fes  
 odieux exces.  r 
 Quand  ç’eft  par  vanité  que l’orateur ,  dans  une  
 caufe qui ne demande que de la ra ifon,  de la clarté!  
 d e  là methode  . cherche  à  répandre.les, fleurs  d’une  
 rhétorique etudiee ,  l’orateur n’eft  que ridicule ;  &  
 s il eft jeune  on pardonne à fon âge. Mais lorfqn’ou- 
 DJiant fon caraftére , il prend le rôle de bouffon, &  ,  
 p a r  des railleries indécentes,  cherche à faire rire  fés  
 ju g e s,  il.fe  dégrade &  s ’avilit. 
 Lorfque  dans  une caufq „qui de fa  nature ne peut  
 exciter aucun des mouvemens  de  l’éloquence véhémente  
 , il fé bat les flancs p our paroître ému &  pour  
 ém o u v o ir,  qu’il emploie,de  grands  mots  pour  ex-  
 primer de  petites  chofes, & qu’il prodigue les figft-  
 res les pins hardies &  les  plus  fortes  pour  un  furet  
 fimple & commun  ( c e   que Montagne appelle faire  
 de  grands fouïiers pour de petits pieds )   ,  il n’eft qu’un  
 charlatan & un mauvais déclamateur.  Mais  lorfqu’il  
 “îe t.^  ,a P^ace  d’un  plaideur outré  de  colere  &  
 qu il  vomit  pour  lui  tout ce  que  la  vengeance  la  
 haine envenimée  peut avoir de noirceur &  de malig 
 n ité , qu il deshonore un  homme,  une  famille  entière  
 ,  fous le p rétexte fouvent  léger  que fa caufe  l’y  
 a u to n fe , il eft l’efclave dés paffions d’a u tru i,  le plus  
 lâche des complaifans,  & le plus vil des mercénaires.  
 Cette licence, trop  long-tems effrénée,  a  été q u e lquefois  
 l’opprobre  du  barreau  moderne  ,  &  quoi-  
 qu’en  général  l’honnêteté  foit  l’ame de  l’ordre  des  
 avoc ats,  ils  n’ont  peut-être  pas été  affez féveres  à  
 réprimer un abus  fi  criant. 
 « Cet ordre aufli ancien que la magiftrature,  auffi  
 noble que  la  v e r tu ,  auffi  néceffaire  que la  juftice  
 ( c ’eft M.  d’Agueffeauqui parle) ,..o ù l’homme,  unique  
 auteur  de  fon  élévation,  tient  tous  les  autres  
 nommes dans  la  dépendance de  fes  lumières  &  les  
 force de rendre hommage à la feule fupériorité de fon  
 genie,  heureux de ne devoir ni  les  dignités  aux  ri-  
 chefles, ni la gloire aux dignités » ,  ne doit rien fouf-  
 in r  qui  profane  un caraftere fi  facré. 
 Qu’un  avocat foit  pénétré  de  la  fainteté  de  fes  
 fonctions ,  1  commencera par  ne fe charger que  de  
 la caufe  qu d croira jufte  ;  alo rs, écartant l’arrifice,  
 il armera la v en te  de  tous  les  traits de  force  &  de  
 lumière qui peuvent frapper les efprits, il dédaignera  
 les oi nemens puériles & ambitieux ,  il parlera avec  
 le   lerieux de  la décence .&  de  la  bonne- f o i,  & s’il  
 fe  permet l’ironie,  ce ne fera que d’un ton  févere &   
 pour attacher le mépris’ à ce qqi le  doit infpirer ; fon  
 lelpect pour les Ioixle communiquera aux  juges  &  
 eur rappellera , s’ils peuvent l’oublier, la dignité de  
 J f jj?   M?10,1“  ’  ce.. mcme  refpeCt  fe  répandra  dans  
 1 affemblee  des  auditeurs ; il les avertira ,  comme a  
 fait de nos jours 1 un de nos avocats les plus célébrés, 
 ’  f e  I eWn n  eft pas un théâtre,  ni l’orateur un 
 m û l a V i   V  Un%cau,fe oil a  “'agit de  décider ce 
 S f e r v é s f c e ’  ^  P™fan?e P ," e  erves a ce qui  n eft qu ingem eduexs.  a■pplaudiffemens 
 Avouons cependant ,  'ce  que  M.  d’Agueffeau  n’a  
 pas craint d’avouer , .que les juges font dés hoinmes* 
 &  que la verné „ ’eft pas affez ff,re d’ellé-mêm 
 mierePO“r, dedr S".er  omeme" s  l’art.-« Sa première  
 v e rtu s  dit-il,  en  parlant  de  l’avocat  -eft  de  
 connoitre les defauts des autres ( & c’eft de fes iuaeS  
 fioni" M  Vfa  fa8,ef  confl(le à découvrir leurl p§afî  
 Les  am «   i  fori“  à ft Vn 'r  Profiter de leur foibkffe. 
 les  plus reb elles,  les  efprits  les  plus  opi-  
 .   .  •  ur  lefquels  la  raifon  n ’avoit  point dé  prife 
 &  qu. refittcnent  à l’évidence  même ,  fe laiffent  en ! 
 Pal 1 attraI? de laperfuafion ; la paffion triom-  
 ^  r  cet^  Bl,e  la  raifon n’avoit pu dompter •  leur  
 ,VP.X  fe mêle  à  celle  des génies fu p é rie iT fïe ’s  uns  
 fiuven  volontairement la lumière  que  l’orateur leur  
 I liB B—  B H   enlev“   Par  un  charme  
 l ü i H M éprouvent la force  fans en  connoîrre  
 la  caule, tous les efprits convaincus ,  tous les coeurs  
 perfuades  patent  également  à  l’omteur  ce  ,ribüt  
 d amour &  d admiration,  qui n’eft dû qu’à celui que 
 “ é,Wé 31 PluS ^   
 S’aUt0rife 
 Malheur  au  peuple  chez  lequel  cette  éloquence 
 an ’il c ? "™ “  ? f Cafions de fe fignaler ; cela prouve  
 qu  I eftgouverne, non par leslofx, m aispar leshom-  
 mes  cela prouve que lesaffeaions pcrfonnelles, plus  
 9,“ ’la:raif° n Pudique, décident desréfolütions & des  
 J  gemens du tribunal qui gouverneou qui juge • cela  
 prouve que  la multitude  elle-même  a  L fo in   d’être  
 pouffee.  par le vent  des  paffions ; & p ar-tout où ce  
 vent  domine  les  naufrages  feront  fréquens  pour  
 1 innocence  & pour  l’équité.’■  .  ! -,  ^ 
 H E m B  m B t B m Ê M  état ou  fa  
 condition eft telle ,  que le juge a droit de prononcer  
 d aptes fon affeaioirperfonnelle ;  que-l'éloquence a  
 Je malheur de s adreffer à une Volonté arbitraire , o u 
 lHibbroee a, r1r 1éMlonqautUenrecde ea l!’o°rbs |enet’  dlee mil,aSned-eafntt  ràé el’lhleommemnet   
 que ce qui dépend de fon ch o ix ,  elle  a droit de met!  
 tre  en  ufage:  to u t ce  qui peut I’intéreffer : Socrate  
 cite  devant 1 aréopage J  s’interdit  tous les  artifices  
 de  leloquence  p athé tique ;  l’aréopage  n’étoit  que 
 juge  ,  c e n t  ete  vouloir  le  corrompre  que  de  lui  
 parler  le  langage des-paffions.  Mais  Démofthenes  
 p our  entraîner la volonté d’un peuple lib re, pouvoit  
 employer le reproche,  la menace, la plainte,  in té-  
 refler 1 orgueil,  jetter la honte  &  l’épouvante  dans  
 l ame  des Athéniens.  Dé m ême  Cicéron ,  foit qu’il  
 parlât au peuple ou au fénat,, ou  à Céfar lui-même  
 pouvoit exciter à  fon  gré la colere &  l’indignation !  
 a compaffion & la clémence ;  ainfi  la tyrannie & la  
 liberté ouvrent egalement un champlibre à Iléloquen-  
 ce  pathétique. D e même enfin nos orateurs chrétiens  
 ayant a perluader non-feulement la v é rité , maisauflï  
 la  bonté aux  hommes ,  p e u v e n t,  pour  attendrir ,  
 pour eleyer les âmes ,  employer  les grands mouvemens  
 d u n e   éloquence  patliéiique &  fublime. 
 « 11 arrive fouvent, dit Plutarque, que les  paffions  
 fécondent la  raifon  &  fervent a  raidir  les  vertus  
 comme l’ire  modérée  fert  la vaillance, lah a in e  des  
 mechans  fert  la  jûftice ,  l’indignation  à  l’encontre  
 de ceux qui font indignement heureux ; car leur coe u r  
 eleve de folle arrogance & infolence à  caufe  dé leur  
 prolpente ,  a befoin d’être réprimé ;  & il  n’y  a  personne  
 qui  vo u lû t,  encore qu’U le  pût faire , fépafer  
 1 indulgence,  d e là  vraie amitié ,  ou  l’humanité de la  ï  
 mifencorde;  ni le. participer aux joies  & aux  douceurs  
 de la vraie bienveillance &  dileûion ». Ainfi