Winceflas, qui périt affafliné : il en döhna l’irtveftituf e
à Rodolphe l'on fils aîné , qui mourut peu de tems
après. La perte de ce fils l’affefta d’autant plus fen-
fiblemeqt qu’il ne lui fut pas poflible de difpofer
Une fécondé fois du trône de Bohême , les Etats
de ce royaume ayant nommé tous d’une voix Henri
duc de Carinthie ; cependant l’amour d'Albert pour
fa famille , le porioit foùvent à l’oubli de fa dignité :
il commettoit chaque jour de nouvelles injuftices
■ qui lui faifoient perdre l’eftime de fes fujets, l’a-
viliffoient aux yeux de l’étranger. Il en commit unè
q u i, comme le remarque unmoderne, n’étoit pas
d’un prince habile , c’étoit la même qui lui avoit
fervi de prétexte pour ôter la couronne & la vie à
Adolfe fon prédéceffeur. ‘ Après avoir donné gain
de caufe aux fils d'Albert le dénaturé, il les mit au
ban impérial ; mais ces princes foutinrent leur droit à main armée, & l’empereur, pour fruit de fes
demandes, ne retira que la honte d’une défaite &
celle d’avoir foutenu une caufé déshonorante. Ce
fut encore une injuftice qui lui coûta la vie. Le
duc Jean, titulaire d'une partie de la Suabe , fon
neveu & fon pupille, confpira contre lu i, & il l’af-
faiïïna pour fe venger de ce qu’il lui retenoit l’héritage
de fes peres confiés à fes foins. Son regne
forme une époque remarquable dans l'hiftoire de
l ’Europe. En effet ce fut pour repouffer les infultes
de fes lieutenans que les Suiffes éleverent l ’édifice
de leur indépendance : cette nation généreufe fecoua
le joug qu’elle ne pouvoit fupporter plus long-tems
fans.ignominie.
Outre dix enfans qui moururent au berceau,
l’empereur eut de l’impératrice Elifabeth fix fils &
cinq filles, favoir : Rodolfe duc d’Autriche & roi
de Bohême , Frédéric duc d’Autriche , Léopold
Henri, Albert II. le fage & Oton le hardi : Agnès *
l ’aînée de fes filles, époufa ie roi de Hongrie André
ÎII; Catherine la fécondé, Charles de Calabre, fils
aîné de Robert II. roi de Naples ; Elifabeth la troi-
lieme, fut femme de Frédéric IV. duc de Lorraine ;
Anne la quatrième, de Herman, Margrave de Brandebourg
; & Gutta la derniere , le fut de Louis III.
comte d’Oettingue. Il fut inhumé à ‘Wettingen, d’où
al fut transféré dans la fuite à Spire. (M. y .)
A l b e r t II. dit le Grave & Le Magnanime, [Hiß.
tCAllemagne & de Hongrie.') fucceflèur de Sigifmond,
Vingt-huitieme empereur d ’Allemagne depuis Con-
rard I , vingt -troifieme roi de Hongrie, vingt-fixieme
roi de Bohême, naquit en 1394, d’Albert d’Autriche,
IV. du nom, & de Jeanne de Bavière;
Les dernieres volontés de Sigifmond qui avoit
appellé Albert II. aux trônes d’Hongrie & de Bohême
, n’étoient pas un titre fuffifant. Les Bohémiens
& les- Hongrois prétendoient avoir feuls le droit de
fe donner des maîtres. Fondés fur ces prétentions *,
les états d’Hongrie s’affemblerent à Presbourg. A lbert
ne crut point devoir leur apporter aucun obfta-
cle. Cette condefcendance tourna à fa gloire : tous
les fuffrages fe réunirent en fa faveur, & la couronne
lui fut déférée, comme au prince qui étoit le plus
digne de la porter. Cependant, avant de le facrer,
on lui fit certaines conditions, dont la principale
étoit, qu’il ne monterait jamais fur le trône impérial.
Les états craignoient que les affaires de l’empire
ne lui fiffent négliger les leurs dans un tems où les
Turcs & les Tartares portoient leurs dévaluations
fur les frontières. Albert éprouva plus de difficulté
de la part des Bohémiens. Ceux des Huflites qui s’é-
toient ligués fous le nom de Calißins, avoient appellé
Cafimir, fils de Jagellon & frere de Ladiflas V.
roi de Pologne. Cafimir, à peine âgé de treize ans,
voulut en vain juftifier fes droits : fa faftion, qui
riétoit plus qu’un foible reffe d’un parti autrefois
eonfidsrable , fut forets de séder i U ,
teçut la couronne dans une affemblée qui fe tint dané
l’églife cathédrale - de Prague. Les états des deux
royaumes venoient de lui rendre hommage, lorfque
des députés lui apprirent que les éleûeurs l’avoient
unanimement élu , & qu’ils l’inviterent à ne point fe
refufer aux voeux de l’Allemagne. Albert ne fut point
infenfible à ce nouvel honneur. Il,étoit retenu p arle
ferment que les Hongrois avoient exigé lors de fon
facre; mais cet obftacle fut bientôt levé : les Hongrois
le jugeant capable de porter ce nouveau feep-
tre, lui envoyèrent leur agrément. Le premier événement
mémorable de Ion régné, fut une diete qu’il
tint à Nuremberg. Il y fit plufieurs réglemens utiles,
& fe déclara le protecteur du concile de Baffe. On
abolit dans Cette' diete une loi qui fubnftoit depuis
Charlemagne. Cette loi qui, comme le dit un moderne,
n’étoit qu’une maniéré d’affafliner* s’appel-
loit le jugement feertt^ & confiftoit à condamner à
mort urte perfonne , fans qu’elle fût qu’on lui
avoit fait fon procès. La foiblefle du gouvernement
l’avoit rendu néceflàirë , dans un tems où
l’on n’eût pufévir contre un coupable puiffant, fans
exciter des révoltes. L’ancien tribynal des Auftre-
gues y fubit une réforme. Ce tribunal avoit été-
établi pour juger les querelles des feigrieurs. qui, fe
croyant fupérieu'rs aux loix, s’arrogeoient le droit
de venger, les armes à la main, les torts qu’ils prétendoient
avoir reçus : mais ce qui dut rendre fori
nom bien cher à l’Allemagne , ce fut cette attentiori
de faire défendre au pape, par le concile, de donner
aucune expeftative fur les bénéfices, dont la nomination
devoit appartenir aux chapitres & aux communautés
par une éle&ion canonique. Les annates
furent fupprimées, comme un droit honteux & à
charge à l’Egüfe. Ces fages décrets furent adoptés
par le roi de France Charles VIL qui, dans une affemblée
d’Etats tenue à Bourges, arrêta la célébré
pragmatique fan&iori qui affermit les libertés de
l’Eglife Gallicane. Ces glorieux commencemens
donnoient à la Hongrie & à l ’Empire les plus heu-
reufes efpérances; mais la contagion qùi fit périt1
la plus grande partie de l’armée qu’il conduifoit
contre Amurat II , conquérant de la Servie, lui
caufa la mort à lui-même. Il laiffa l’Europe dans leà
allarmes où la tenoient les rapides progrès des Turc9
& des Tartares. Il étoit dans la quarante-fixieme
année de fon âge, la deuxieme de fon régné. L’impératrice
Elifabeth , â laquelle Û fut redevable de
fon élévation, donna le jour à deux filles, qui furent
Anne, mariée à Guillaume duc de Saxe ; & Elifa-'
beth, qui époufa Cafimir III, roi de Pologne. Elle
eut encore un fils pofthume, qui fut Ladiflas, roi
d’Hongrie & de Bohême. ( M — y . )
A l b e r t d e M e c k l e m b o u r g , (Hi/l. de Suède.)
roi de Suède, étoit fils d’Albert, duc de Mecklembourg
, qui avoit époufé une foeur de Magnus, roi
de Suède. Ce royaume s’étant foulevé contre Magnus
Smeek, diverfes faélions offrirent la couronne
a différens princes ; mais le parti le plus puiffant la
plaça fur la tête du jeune Albert en 1365. Magnus'
s’appuya de l’alliance des rois de Danemarck & ,d e
N o rv è g e , & marcha contre fon concurrent; Albert
ne l’attendit point; il le prévint, lui préfènta la bataille
dans la province d’Upland, & remporta unè
vi&oire fignalee. Magnus, atteint dans la pôurfuite*
fut Contraint de rendre les amies. Albert n’àvoit
entre fes mains que le plus foible de fes ennemis :
le roi de Danemardk cherchoit à fomenter les troubles
de Suede, pour s’emparer lui-même de ce
royaume. Albert fentit qu’il falloir facrifier une
partie de fes états pour conferver l ’autre,; il céda ait
roi de Danemarck le Gotland, la Windovidie , la
Mercie , la Vindie, & .quelques places fortifiées.
C ç traité Ütf bientôt violé, cornai e tous ceux qui'
îpnt di&és par la néceflité : Albert entra dans unè
ligue formée par tous le£ princes du Nord contre les
rois de Danemarck Norvège. Albert conquit
la Scanie, & tourna fes afmëS contre Haquin : mais
ce prince aima mieux porter la g lierre dans les états
de fon ennemi, que de lâ foutenir dans les. fiens ; il
afliégea Stolckolm. Albert prévit qUè la perte de la
capitale eritraînefoit celle de la Suede entière ; il
entra en négociation, rendit la liberté à Magnus , &:
lui aflïgna une penfiôn confidérable. En 1376 il
reprit les afmes contre l e Danemarck > pour foutenir
les prétentions d’Albert, duc de Mecklembourg,
fon neveu. Ce prince étoit fils de famée des filles de
.Vaidemar. Il devoit fucçéder à ce prince ; mais les
états placèrent fur le trône Olatis, petit-fils de Ma-
g au s, qui ayant 'dés droits fur la Norvège & la
Suède, pouvoit un jour réunir les trois couronnes
fur fa tête , Sc donner plus- de fplendeur au Dane-
mârck. La mort du prétendant termina la guerre ;
Haquin le fuivit de près dans le tombeau, & l’on
confia la régence des deux royaumes à la reineMarguerite
, fa meré. C’eft cette princeffe qu’on a fur-
nommée la Sémiramis du Nord. Elle repouffa deux
fois les troupes $ Albert, defeendues dans la Scanie;
îe roi lui-même fe retira précipitamment en Suede.
I l ne fongea plus à envahir ies états de fes voifins*
mais à fe rendre abfolu dans les fiens. Il fe lafîbit de
dépendre des réfolutions du fénat, des confeils de
la nobleffe, Sc des loix fondamentales de la monarchie,
Il fentoit bien que le defpotifme feroit odieux
à une nation libre, & qu’elle rongeroit long-tems le
frein qu’il vouloit lui donner. Il favôit que le véritable
moyen de fendre ie peuple foible & pufilla-
oime, c’eft de le rendre malheureux : il l’accabla
d’impôts , & flétrit fon courage à force de mifere ;
mais la nobleffe lui réfiftoit encore, & paroiffoit
difpofée à combattre pour fori antique fiberté. Albert
qppella dans la Suede une multitude de gentilshommes
du Mecklembourg, accoutumés à être les tyrans
de leurs vaffaux & les efclaves de leurs maîtres :
j l leur confia le gouvernement des provinces &c la
défenfe des châteaux, dépouilla la riobleffe pour les
enrichir, les décora des plus éminentes dignités du
royaume, en créa de nouvelles en leur faveur, emprunta
des différens corps de l’état des fommes qu’il
rie rendit jamais, exigea de nouveaux fubfides, &
réduifit enfin fon peuple à cet excès d’indigence &
d’oppreflîon qui produit le défefpoir, & dont renaît
quelquefois la liberté publique,
La nobleffe conjurée s’enfuit en Danemarck l’an
11388* & implora le fecôurs de Marguerite. Cette
'princeffe reçut les mécontens avec indifférence,
pour les rendre plus preffans , & leur fit effuyer des
refus, pour les mettre dans la néceflité de lui faire
dès offres proportionnées à fes defirs ambitieux.
Lorfqu’elle eut, par dégrés, difpofé les efprits, elle
.demanda la couronne de Suede, pour prix de la
guerre qu’elle alloic entreprendre ; elle lui fut
promife.
On arma de part & d’autre. Albert marcha avec
confiance contre une femme dont il dédaignoit la
foiblefle. On en vint aux màins. .Albert fut vaincu &
fait prilonnier. La fituatiôn de la Suède n’en fut pas
plus heüreùfe. Les villes qui fe déclarèrent en faveur
d'Albert furent afliégées ; celles qui fe déclarèrent
«n faveur de la reirte Marguerite, n’en furent pas
plus ft l’abri des fureurs de la guerre :. des troupes
de partifans coururent la campagne, & pifferent
tout ce que l’avarice à?Albert, n’avoit pas englouti :
d’ayides étrangers vinrent de toutes les contrées du
Nord devorer une proie abandonnée à leur diferé-
*l02,: l ia i Jsà navigateurs devinrent pirates, & les ,
Suédois ne troaverent plus d’afyle ni fur la mer, ni
Jur la terre, Jean dp Mççl^çjitbçjirg çntra la
Suede à main armée pour délivrer Albert ; mais j
vaincu lui-même, il fut contraint de fe retirer. On
en vint à une négociation. Albert fut contraint de
eeder fa couronne à Marguerite, & alla cacher fa
honte dans le Mecklembourg, tandis que Marguerite
affembloit les états des trois royaumes à Calmar,
ou la célébré Union lui affurala pöffeflion des troià
couronnes;
Albert ; tant que fon fils v écu t, ne perdit pas dé
vue le trône, & conferva quelque efpérance d’y remonter.
Il çroyoit que la pitié qu’on avoit conçue
pour les malheurs du fils , affoibhroit la haine qu’on
avoit-conçue contre le pere. D ’ailleurs ce jeune
prince étoit plein de courage. Ses talens pour la
guerre & pour la négociation s’étoient déjà développés
; mais, la mort l’enleva à la fleur de fon âge
en 13 97. -Albert ne' fongea plus qu’à pleurer dans fa
retraite, fon fils, fa grandeuréclipfée & fes crimes;
(M . d e S a c y . )
■ A l b e r t (Jean), Hiß. de Pologne, roi de Pologne,
étoit le troifieme des enfans de Cafimir IV. Il avoit
porté les armes contre lès Tartarès. Sa. valeur n’étoit
point équivoque ; & les défaites récentes de
ces ennemis de la Pologne atteftoient. qu’il pouvoit
■ les vaincre encore. Le peuple, tranquille du côté dé
la Riiffie, de la Hongrie & de l’Allemagne , ne redoutait
que les Tartares qui, malgré leurs échecs
accumulés , menaçoient- toujours la Pologne: Il
s’empreffa, après la mort de Cafimir en 14 9 z , à
porter leur vainqueur fur le trône. Les cris de cette
multitude étouffèrent ceux des partifans d’Alexandre
, duc de Lithuanie, d’Uladiftas* roi de Hongrie;
& de Jean, duc de Mazovie. Jean crut que, Satisfait
d’une couronne, fon frere Uladiflas ne viendroit
plus lui difputer celle qu’il avoit obtenue : il fe hâta
de faire alliance avec lui, pour en impofer à fes
autres concurrens. Ce traité fit plus d’effet qu’il n’eiï
a voit efpéré. Le fultan Bajazet craignit que ces deux
princes ligués ne s’armafl'ent * pour venger fur fe S
états tous les maux que les Turcs avoient faits à la
Pologne : il prévoyoit que la république de Venife *
trop foible pour lui réfifter, recherchèroit l’appui
de ces princes , & crut prévenir cette négociation
par de magnifiques prefens qu’il envoya à Jéari
Albert. Il fe trompa: ee prince craignit les embûches
cachées fous les careffesd’un ennemi, ouvrit 1 oreillé
aux confeils des ambaffadeurs Vénitiens * fit de grands
préparatifs contre la Turquie, força fes vaflaux &
l’ordre teutonique même à lui fournir des troupes ;
& voulut attirer dans fon parti Ethienne, vaivode
de Valaquie, dont les états étaient, comme là Pologne
, ouverts aux incurfions des Turcs. Le devoir
de feudataire parloit à ce prince en faveur de Jean±
fon intérêt lui parloit en faveur du fultan, & l’intérêt
fut, préféré. Son intelligence avec Bajazet fut
bientôt éventée: il fut déclaré rebelle. Albert, avant
de porter fes armes contre les Turcs * crut devoir
humilier tin vaffal infolent; il l’àfliégea dans fa capitale,
livra plufieurs affauts, & fu t toujours repouffé.
Ethienne devint aggreffeur, porta le défordre juf-
ques dans le camp des Polonois, & força le roi à
accepter la médiation du roi de Bohême qui fit la
paix. Mais l.e vaivode ne vit dans ce traité qu’une
arme plus fûre pour exterminer fes ennemis. L’ar^
mée Polonoife fe retiroit dans une fécurité profonde
, & ne s’occupoit plus que des fuccès qu’elle
fe promettoit contre les. Turcs. Elle marchoit lentement
à travers des montàgnés couvertes d’afbres *
lorfque tout-à-coup ori voit foftir des bois les Vàla-
ques rangés en bon ordre , & précipitant la courfé
de leurs chevaux : on n’eut pas le tems de fe mettre
en défenfe ; tout ce qui s’étoit écarté fut d’abord
maffacré ; une partie de la nobleffe fut égorgée ; des
xoÿJiçcg d£ téÿats périreat-entaffés les uns fi\r les