
232. A I G
il faut éviter de la tordre trop: on en vient à'bout
par le moyen fuivant, fig. D.
Prenez l’aiguillée v e r s l’un des -bouts ; recourbez
ce bout; formez-en une boucle a , que vous ferrerez
entre le pouce & lïndex de la main gauche , laiffant
pendre le furpîus b avec fa foie ; prenez l'aiguillée
de la main'■ droite ; il s’agit de la tourner autour du
pouce de la main gauche jülqu’à fon autre bout, ce
qui ne fe fait pas fans réglé, fur-tout au commencement;
car d’abord ,& pour le premier tou r , vous
conduirez votre fil paflant fous le pouce par derrière
la boucle a, de-làpar-deflirs le bout de l’index, puis
fur le pouces de-là allant toujours , paflèz encore
fous le pouce, remontez par derrière .la .boucle-;
mais ne prenez plus l ’index,, revenez fur le pouce ,
continuez le troifieme tour & tous les '.autres de là
même façon; mais, après celui-ci, dégagez l’index
de la petite boucle dans;laquelle de. premier de tous
les tours l’avoit enfermé ; continuez donc à entourer
le pouce & à l’emmaillotter, pour ainfi-dire_, jufqu’à
ce que vous foyez arrivé vers l’autre bout de Yai-
guilléi ; alors défaites la boucle a en la tirant en
avant, le bout b fuivra ; .continuez de tirer, tous, les
tours fe dérouleront; & afin qu’ils ne viennent pas
tous enfemble, on appuie un peu le po.uce emmail-
lotté contre l’index ; on recommence , cette manoeuvre
trois fois de fuite, après quoi l’aiguillée fe trouve
torfe au dégré convenable.
Plitfieurs ont maintenant l’habitude de tordre les
aiguillées furie genou, en pouffant le plat de la main
en avant, à plufieurs reprifes fur Y aiguillée.
Les aiguillées blanches fe préparent exa&ement
en tout comme les noires, dont on vient de parler,
excepté qu’on ne les tord pas fur le pouce comme
les précédentes, mais Amplement fur le genou.
Les aiguillées pour les .coutures Amples ou à furjet,
ne font autre chofe que du fil de Bretagne, qu’on enfile
dans le carrelet. Art du Cordonnier, par M. de
Garfault.
* AIGUILLER, v. a. (terme de manufacture de foient.
) AiguïUer la foie, c’eft la nettoyer avec des
aiguilles ou autres inflrumens femblables, c’eft-à-dire
en tirer les petites parties étrangères qui pourroient
y être refiées. Cette opération eft très-délicate ; fi
l ’on n’y apporte pas la plus, grande attention, on
rifque d’érailler la foie & de la détordre.
AIGUILLETER, v. a. ( Marine. ) c’éft joindre
bout-à-bout, faire communiquer , lier une chofe
avec une autre , à l’aide d’un cordage plus ou moins
gros & plus ou moins long, fuivant les forces des
deux objets qu’il doit réunir : ce cordage fe nomme
aiguillette. Le mot aiguilleter ne s’applique que dans
les circonftaiïces où les deux objets que l’aiguillette
embraffe ne fe croifent point; quelquefois même
ces deux objets font éloignés l’un de l’autre, & l’aiguillette
peut être regardée alors comme unfupplé-
ment à leur longueur , comme une prolongation
néceffaire pour leur réunion. Pour plus de commodité
, on a foin de ménager un oeillet aux chofes que
Ton veut aiguilleter, à moins qu’arrondies ou repliées
fur elles - mêmes , elles n’ofirent déjà l’équivalent
d’un oeillét ; & on fait faire plufieurs tours à l’aiguillette
fucceffivement d’un dès objets fur l’autre.
On aiguillete une poulie ou plutôt l’herfe d’une
poulie à un piton. On aiguillete une côffe fur une
vergue. On aiguillete les pataras avec l’herfe qui
embraffe le mât d’un vaiffeau que l’on veut abattre.
(M. le Chevalier DE L A C o V D R A Y E .)
AIGUILLETTE, f. f. ( Marine.) \Jaiguillette efi
un cordage qui fert à aiguilleter, c’eft-à-dire à joindre
par leurs extrémités, à faire communiquer, à lier
'enfemble deux chofes qui ne fe croifent point, &
qui quelquefois même reftent éloignées l’une: de
l’autre. U aiguillette efi de luzin, de merlin, de ligne
A I L
ou dé tant autre cordage,fuivant l’effort qu’elle doit
fupporter : c’eft aufti fur cet effort qu’on réglé fa longueur,
pour qu’elle faffe un plus grand nombre de
tours fur les ob je ts; qu ’ e lle d o i t réunir & qu’elle em-
braffe: \daiguillent e ft cependant toujours , un cordage
choifi & d e bonne qualité.
Au cul des poulies-on établit-quelquefois une
gance de merlin ou de. petite ligne;, de quatre ou
cinq pouces de longueur, &irappée fur l’herfe de
la. poulie, qui porte le nomd'aiguilletie. Cette aiguillette
fert pour. y . frapper le dormant d’une manoeuvre
qui doit revenir pâffer d ab s ..la poulie f u t
laquelle cette aiguillette eft placée. On voit que.cette
aiguillette a alors le:même ufage, de joindre &c de
faire communiquer le dormant de la manoeuvre avec
la poulie:
Aiguillette , (Cano/îage: ) Les canonniers ont
un cordage, depuis un pouce & demi jufqu’à deux
pouces & demi de circonférence depuis dix jufqu’à’
quinze, braffes de- longueur , qu’ils nomment
aiguillette. L’ufage de cette aiguillette eft de brider
les deux branches de la bragne, afin de les roidir, &
de les faire travailler à la retenue des canons lorf-
qu’ils font à la ferre. Il y a conféquemment une
aiguillette pour chaque canon. (M. le Chevalier d e l a
C ô U D R A Ÿ E . )
AIGUILLON ou Èguillon , (Géogr.) petite ville
de l’Agenois au gouvernement de Guyenne, diocefe
d’Agen, parlement de Bordeaux ; fituée au confluent
du Lot & de la Garonne, dans une vallée très-fertilé.
Elle eft à 5 lieues d’Agen, z z de Bordeaux, 13 de
Nérac, & fine de Tonneins.
’ Elle fut érigée en duché pairie en faveur de Henri
de. Lorraine, fils -du fameux duc de Mayenne, en
1599 : mais ce titre s’éteignit après lui. Il fut rétabli
pour Antoine deLage , feigneur de Puy.-Laurens,
en 1634 : il s’éteignit encore après: la mort de ce
favpri de. Moniteur, jfrere du roi. Louis XIII. le fit
'revivre en 1638. pour Magdelaine de Vignerolt-,
veuve d’Antoine de C om b a le ta v e c c e t te c la u fe,
finguliere ; pour en jouir par ladite dame, fes héritiers
& fuccejfeurs tant mâles que femelles , tels qu'elle voudra
choifir. En vertu de cette claufe elle appella, par
fon teftament en 1:674-, au duché $ Aiguillon, Ma-
rie-Thérefe , fa n ie c e -, qui mourut religieufe en
1705, à laquelle elle fubftitua fo n petit - neveu
Louis , marquis de R i c h e l ie u , dont le fils, le comte
d’A génois , a été déclaré duc $ Aiguillon par arrêt
du parlement de 173 1 , co n t r a d ic to ir e avec tous les
pairs de "France. Emmanuel-Louis , fon fils unique,
né en 17 10 , devint duc $ Aiguillon par démiflion en
•174?.
Cette ville , qui a un château, remarquable, f o u -
tint quatorze jours de fiegè en 1346 , contre Jean ,
duc de Normandie , depuis roi de France , qui fut
o b lig é de le lever. On prétend qu’on fe fervit à ce>
fiege, du canon pour la première fois. (G). .
A 1L A H & Elana, (Géogr.) petite & ancienne
ville d’A fie dans l’Arabie Pétrée, fur la mer rouge ,
vis-à-vis de Colfum , & affez près du chemin des
pèlerins d’Egypte qui vont à la.Mecque. C ’eft l’ancienne
Elath dont parle l’écriture. Long. 5g , 10. lat.
29., 20.
AILESBURY, (Géogr.) jolie petite ville d’Angleterre
dans le Bttckinghamshire, fituée fur un bras
de laTamife, au nord-oueft & à 1 1 lieues de Londres.
Elle a le titre de comté, & elle envoie deux députés
au parlement. On y fait de très-belles dentelles.
Près d'Ailesbury eft une. longue & fertile vallée qui
porte fon nom. Long 16, 49. lat: 5 z. (G. A .)
§ AILE de Saint Michel, f. f. ordre de chevalerie.
A lp h o n fe -H eU r i, premier roi de Portugal,
inftitua cet ordre en 1 17 1 , en mémoire d’une v i Étoile
qu’il remporta fur le roi de Séville & les SarrafinP,
dont
A î N
dont il chit être redevable à faint Michel , qu’il
avoit invoqué dans cette guerre contre les infidèles.
Cet ordre ne fubfifte plus.
Les chevaliers fuivoient la réglé de Saint Benoît;
ils faifoient voeu de défendre la religion chrétienne ,
de veiller aux limites du royaume, de protéger les
veuves & lés orphelins.
La marque des chevaliers étoit une aile ou demi-
vol de pourpre, le bout en bas fur un cercle à huit
pointes., quatre droites en croix, quatre ondées &
.aiguifées en fautoir; le tout d’or en forme d’étoile
.rayonnante.
Ils portoient cette marque fur l’eftomac, ôe avoient
pour devife, quis ut D eus, qui eft en latin la lignification
du mot hébreu Michel. PL X X V IL fig. 85
de Blafon , dans le Dicl. raifonné des Sciences, &c,
(G. D. L. T.)
* A ILERON, f. m. ( Econom. dom. Cuijîne. ) c’eft
l’extrémité de l’aile des oifeaux, à laquelle tiennent
les grandes plumes. On mange les; ailerons en terrine,
en tourte.
Ailerons, fe dit des nageoires de certains poif-
fons, comme de la carpe.-
AlLERONS dune roue de moulin â eau, ( Méchaniq.)
ce font les petits ais ou petites planches fur lefquelles
tombe l’eau, dont l ’aftion & le poids font tourner
les moulins.
* AILLADE, f. f. ('Cuijîne.) c’^ft une fauce à l’ail.
* AILLEURS, adv. (Gramm.) lignifie autre part,
dans un autre endroit. Je n’irai pas là ; j’irai ailleurs.
A illeurs ( d’ ) , conj. (Gramm.') lignifié de plus,
outre cela, encore, d’un autre côté. D'ailleurs vous
devez avoir égard à fes longs fervices.
* AIMARGUES, (Géogr.) petite ville du Languedoc
en France , au diocefe de Nifmes, avec titre de
Baronnie , fituée fur la riviere de Viftre. Long. 20 ,
5 o . lat. 4 4 , 5i -
AIN, (Gramm; Géogr.) particule initiale de plufieurs
noms Arabes , qui veut dire fontaine, comme
ain el mufe fontaine de Moyfe. (C . A .)
A in , (Géoor.) riviere de France qui fépare la Breffe
du Bugey. Elle fort du Val-de-Neige au mont Jura ;
dans le bailliage de Salins en Franche-Comté , au-
■ deffus de la célébré fontaine de Seros. Elle paffe à
Château-Vilain, la Chaux , Monfaugeon, Condes ,
Conftens, Poncin, le pont d’Ain, Varembon , Chaf-
.cy & Loyettes, où elle fe jette dans le Rhône vers
le pont d’Anton, après avoir reçu l’Arbélaine & d’autres
ruiffeaux. On pêche dans cette riviere d’èxcel-
lens petitspoiffons âppellés ombres. ( Ç A . )
AIN-CHAREM, (Géogr.) petit village de Judée,
à deux lieues de Jérufalem & à une lieue du défert
de Saint Jean. On le montre aux voyageurs comme
la demeure de Saint Zacharie & de Sainte Elizabeth.
On croit que c’étoit une des fix villes facerdotales ;
mais on n’a que des conjectures affez incertaines là-
deffus. ( G. A. )
AIN-EL-CALU, (Géogr. mod.) ville d’Afrique dans
- province de Trémécen, au royaume de Fez. On
prétend qu’elle a été bâtie par les Romains, (C. A .)
AIN-ZAMIL , ( Géogr. ) ville d’Afrique, dans le
royaume de Tunis, à douze lieues de cette capitale
& à vingt de. Bugie. Elle fut bâtie par les rois de
Tynis, & placée au lieu où elle e ft, à caufe de la
bonté du territoire qui demeuroit fans culture faute
d’habitans, ( C. A .)
AINZA, ( Géogr, ) petite ville du royaume d’A-
ragpn en Efpagne. Elle eft au confluent de l’Ara &
de la Cinga. C ’eft la capitale du petit pays de So-
brarbe, qui eut autrefois le titre de royaume. Quelques
uns prennent pour l’ancienne Succofa,
que d autres placent à Sara deSurta, bourg d’A-
a v / ^ éro ’ au2defliis.de Balbaftro. (G. A.)
" - .(ytogr.Jïiji') ancienne abbaye.dans la ville
A I N 433
de Lyon, au confluent du Rhône & de la Saône,
Elle fut bâtie fur les ruines d’un temple érigé en
1 honneur d’Augufte ., par les foixante nations deâ
Gaules. Ce temple avoit été auffi une célébré aca-
demie d’eloquence nommée Athenäum, d’dù eft dé-
rive le nom d Ainay. Ce fut dans cette académie ,
îrntiiuée par Caligula, que ce rtionftre obligeoit les
concurrens malheureux d’effacer leur écriture avec
la langue , & les faifoit jetter dans le Rhône s’ils
refufoient de fe ■ foumettre à cette punition igno-
minieufe. ( C . A . )
§ AINE ou Aisne , ( Géogr. ) rivière de France
qui prènd fafource à Saintè-Ménehould en Champagne,
&c après avoir traverfé cette province, vâ
baigner les, murs de Rhétei & de Soiffons , & fe
jette enfuite dans l’Oife à Gompieghe. Elle devient
navigable à Château-Porcien. Céfar parle fou vent de
cette rivière dans fes Commentaires, & il la nomme
Axonia. (G. A i)
AIN-PARITI, f. m. (' Hifi, nat. Botaniq. ) planté
malvacée du Malabar, gravée fous' ce nom dans
\ Honus Malabartous, volume V I , planche x l ii j , pag.
y g. Les Brames l’appellent defUra & kaprafita ; les
Portugais/^ do fapato macho ; les Hqllandois en-
kelde-Jchotn-roos. Böntius, dans fon Hiflbire naturelle
& médicinale des Indes , livre V I , chap. xlvj.
1 appelle roja batavico-indica inodofa , feu mdlvrt fru-
tej'cens.
C ’eft un arbriffeau de' cinq à fix pieds de hauteur ,
qui vit huit à dix ans fous la forme d’un buifforî
ovoïde , garni d’un bout à l’autre de branches cylindriques',
afl'ez ferrées , écartées fous un angle dé
quarante-cinq degrés. Sa racine eft blanche & fibreu-
le. Son tronc, qui prend jufqu’à cinq ou fix pouces
de diamètre près dè la racine, eft moelleux &
couvert d’une écorce cendrée extérieurement &
verte au-dedans. Ses feuilles fortent alternativement
à de grands intervalles le long des branches î
elles font allez femblables à déliés du ketmia dé
Syrie, mais taillées un peu plus en coeur alongé,
c’eft-à-dire , qu’elles font plus larges à leur origine,
longues de quatre à cinq pouces, prefque une fois
moins larges ; marquées fur leurs bords de fix à douze
grandes dentelures dé chaque cô té , depuis leur
pointe jufqu’à leur milieu & au-delà; minces, molle
s, liffes, luifantes ; d’un verd-çlair d’abord, qui
noircit enfuite & jaunit dans leur vieilleffe ; rele-i
vées en-deffoüs de trois à cinq groffés nervures,
& portées fur un pédicule cylindrique trois à quatre
fois plus court qu’elles, & accompagné à fön Origine
de deux ftipules triangulaires, trois fois plus
longues que larges, & qui tombent avant lui.
De l’aiffelle de chaque feuille , au bout des branches"
feulement , fort une feule fleur d’une belle
couleur de rofe , longue & large de quatre à cinq
pouces lorfqu’elle eft bien épanouie , & portée fur
un péduncule cylindrique prefque une fois plus court.
Son calice eft doublé , vert & velu;T’un extérieur
compofé de huit feuilles linéaires étroites, cinq à
fix fois plus longues que larges, ouvertes & écartées
en étoile ; l’intérieur une fois plus long, forme
un tube cylindrique une fois plus long que large ,
divifé jufqu’à fon milieu en cinq portions triangulaires
affez égales, deux fois plus longues que larges.
La cox'olle confifte en cinq grands pétales égaux,
à-peu-près triangulaires, arrondis à leur extrémité
qui eft un peu crifpée ou ondée, minces , tendres,
nerveux, ou marqués de beaucoup de nervures,
plus étroits en bas, & terminés par un onglet en
forme de pédicule qui les attache par-deffous autour
du fond du calice auquel ils touchent, & en-dedans
àu cylindre des étamines , de forte qu’ils paroiflè'nC
ne former qu’un feul pétale , quoiqu’ils foient réellement
diftin&s les uns des autres , & éntiérenïent
G g