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le nom d'aruncCctrborfpinofa. C’eft fans- doute farundo
yallatqria crajjior 6* tlatior India orientalis corkipillu
Malabarorum de Plukenet ; MantiJJa , page z8.
Le teba ne s’élève guère qu’à la hauteur de. 20
pieds. Il différé de tous les .bambous préçédens,
en ce qu’au lieu de s’élever droit, il'le couche &
s’étend beaucoup en largeur, au point qu’il paroit,
dans.certains cantons, ramper par fes longs fouets.
Vu en gros , il reffemble à un vafte buiffon, ^arni
de branches extrêmement ferrées ■ , entrelacees ,
impénétrables, toutes hériffées d’épines & prefque
fans feuilles. ,
Lorfqu’on l’examine en détail, on voit que fes
tiges ont un pied de diamètre , qu’elles font compo-
fées d’ articulations cylindriques , longues d’un pied
& demi, liffes, polies , toujours vertes, creulées
d’un côté d’un enfoncement applati, d’où fort une
branche. Les articulations inférieures font prefque
pleines, & ont le bois très-épais, au lieu que les
fupérieures font au contraire extrêmement creufes
& contiennent une liqueur limpide ; leur bois eft
fi dur, qu’il produit des étincelles lorfqu’on le frappe
vigoureufement avec un hache bien acérée. D’un
bout à l’autre de fes tiges , il fort alternativement
de chaque noeud une branche fort longue, s’étendant
horizontalement, ramifiée elle-même de branches
, dont les inférieures finùeufes , ferpentantes ,
font fans feuilles & femées çà & là circulairement
d’épines coniques, alternes, affez femblables à celles
du limon fauvage , mais un peu plus courtes &
plus fortes , un peu arquées , au lieu que les trois
ou quatre branches fupérieures font fans épines &
portent chacune trois ou quatre feuilles. Toutes ces
branches font fi pleines, qu’on auroit delà peine
à y trouver une cavité propre à y introduire une
aiguille.
Les feuilles font d’une fineffe finguliere, longues
de quatre à fept pouces, trois à fix fois moins larges,
liffes , Arides finement , d’une fubftance comme
membraneufe, & fi feche, qu’elles fe roulent en
cornet par la moindre féchereffe, prefqu’auffitôt
qu’on les a féparées de la branche ,fur laquelle elles
font portées par un pédicule cylindrique fort mince,
& un peu plus long que dans les bambous ordinaires.
Culture. Le teba eft affez rare à Amboine, mais
très-commun à la petite île de Ceram, à Manipa, à
Java, à Geylan, au Malabar, à la Chine , dans les
provinces de Cautfchi, Tonkin, Goinam & Tayv/an.
Il croît particuliérement au pied des montagnes
pierreufes. On le multiplie facilement , en féparant
chacun de fes noeuds que l’on couche obliquement
en terré.
Ufages. Les articulations fupérieures de fes tiges,
qui font creufes, fervent à mefurer les liqueurs ;
les inférieures , qui font pleines & très-folides, fervent
à faire des pieux qui réfiftent à la pourriture.
Mais on en fait principalement des haies femblables
à un mur épais & auffi folide qu’une citadelle ; telles
font celles qui fe voient à Java, autour du fameux
mont de Ghiri & de fon, temple, derrière Grifeche,
où on cultive cette plante avec beaucoup de foin.
Ce font auffi les meilleurs, remparts que l’on puiffe
faire en temps de guerre ; c’eft ce qu’éprouverent
les Hollandois pendant la guerre que leur fit, en
1651 , Quimehala Madjira, roi des Macaffares,
qui en marchant contr’eux , fe fortifioit par des
remparts formés de pieux de teba, plantés à trois
pieds dé diftance, fur deux rangées parallèles, unis
enfemble par des liens & fermés par des claies
du même bambou, dont le milieu etoit rempli de
fes branches épineufes, dé terre & de fable, de
maniéré qu’ils étoient à l’abri du canon européen,
dont les boulets s’amortiffoient enterrés dans le fable.
B A M
Treizième efpece. TALLAM;
Le tàllâm des Macaffares eft une treiziemè efpecé
de bambou dont Rumphe a donné une bonne def-
cription fans figure à la page 5 du quatrième volume
de fon Herbarium Amboinïcum ; fous lé'nom d’arund’-
arbor cratium,q u i exprime l’idée du nom bulu-feru
que les Malays donnent à cette plante : les habitans
d’Amboine l’appellent wannat, ceux d’Huâmohela
utte-wannat, ceux de Baleya tamalla, ceux de Ter-
nate louw, & ceux de Banda fuelen.
Ses tiges qui font raffemblées en un faifceau tiès-
ferré , s’élèvent à la hauteur de vingt à vingt - cinq
pieds: elles fortent d’abord de terre fous la forme
d’un bourgeon en afperge, ou en forme de pique
de quatre à cinq pouces de diamètre, verd-brun,
qui ne porte dès feuilles & ne fe ramifie qu’à là
hauteur de fix à fept pieds : lorfque leur fouche eft
très- vieille ou qu’on les recoupe trop fouvent, ces
tiges n’ont guere qu’un pouce de- diamètre, leurs
articulations font vertes, longues d’un demi-pied
à un pied, prefque pleines dans celles des vieilles
fou ch es, comme dans leurs branches ; creufes dans
les groffes & les jeunes, & pleine^ d’une eau claire :
leur bois eft épais de trois à fix lignes.
Ses feuilles terminent les branches au nombre de
fept à huit : elles font d’un verdbleuâtre, plus grandes
vers l’extrémité que dans le bas, longues de fept à
treize pouces, fept à huit fois moins larges , velues
en - deffous.
Il fleurit vers le commencement de la faifon dès
pluies, lorfque les toux commencent à fie répandre ,
& fes fruits font mûrs en Janvier : fes fleurs font
rangées en épis , tantôt fimples, tantôt, à deux branches
, qui fortent, au nombre de trois ou quatre, de
l’aiffelle des branches , autour des noeuds des tiges
principales. Rumphe dit que fiés fruits font ridés,
femblables à des noeuds très-ferrés, fefliles, pleins
de moelle blanche & feche, couronnés de feuilles ;
mais il paroît qu’il a pris pour eux les articulations
de certaines branches qui fortent horizontalement à
côté des épis de fleurs.
Culture. Le tallam eft plus commun à Amboine,1
à Java & Baleya qu’aux autres îles Moluques, &c
il préfente plufieurs variétés, fûivant la différence
de leurs terreins : celui d’Amboine, par exemple,
dans le quartier de Leytimoré , a deux ou trois
pouces de diamètre , pendant que dans les îles plus
orientales on en voit dont les tiges les plus groffes
n’ont pas plus d’un pouce dé diamètre , & font plus
blanches qu’ailleurs.
Ufages. Le robong ou afperge du tallam fe mange
tant qu’il n’a pas plus de trois pieds de longueur,
mais il n’eft pas auffi délicat à Amboine qu’à Baleya,
car celui d’Amboine eft en quelque forte amer & filandreux
: celui de Baleya s’adoucit & devient mangeable
lorfqu’on l’a fait macérer pendant une nuit
dans l’eau.
La facilité qu’ont les branches, ou tiges, ou rejets
qui ne paffent pas un pouce de groffeur, de fe fendre
longitudinalement en deux parties égales, même par
fes noéuds, les rendent propres à former des claies
& des cloifons de toute efpece ; auffi les habitans
des îles d’Amboine & des Moluques les emploient-
ils pour former des bourdigues , 011 ces efpeces de
parcs appelles féru ou fcri en , que les Hollandois
appellent feri, & qui font affez femblables à ceux,
qui fervent à prendre le faumon, mais avèc cette
différence qu’ils font moins compofés. Ils confiftent
d’abord en une longue digue de claies de fix à dix
pieds de hauteur, fuivant la profondeur de l’eau,
au-deffus de laquelle elle doit s’élever au moins d’un
pied: cette claie eft compofée de gaulettes de tallam
, entrelacées avec des liens de leleba ou autres
B A M bambous femblables, Sc elle eft fi foupîe, qu’on peut
la rouler & tranfporter ailleurs. Avant que.d’en-
laffer ces gaule.ttës, on lés durcit pendant quelques
femaïnes à la fumée pour les rendre plus durables
dans l’eau, de la mer; c’eft de-là que vient le nom
de bulu. -fera qu’on donne à ce. bambou, au lieu que
les autres clayonnages de rofeaux, tels que ceux
qu’on fait pour fervir de jaloufies aux portes & aux
fenêtres, pour en diminuer le trop grand jour & pour
empêcher d’être v u , s’appellentféru-féru; On etend
en travers, fur le rivage, cette longue claie qu’on
appelle la langue, au bout de laquelle on forme une
éipece d’èntonnoir triangulaire dont le fond a une
porte ou ouverture frès-étroite, pair laquelle le poif-
fion eft conduit naturellement dans une efpece de
parc circulaire qui eft derrière, & où1 il reftè juf-
qu’à ce qu’on ait eu le temps de le pêcher. ■
;Ces mêmes7branches , qui n’ont pas plus d’un
pouce de diametré fur quinze à vingt pieds de longueur,
fervent admirablement bien pour pêcher à la
ligne.
Le tallam qui croît à l’île Célebe fournit aux Macaffares
des fils dont ils fe font des bonnets, pour fe
couvrir la tête.
Quatorzième . efpece. T I HIN G.
Le tihing de Baleya eft, félon Rumphe, une ef-
conde efpece de tallam à feuilles plus larges, & à
tiges menues, mais fi tendres & fi fouples , qu’il n’y
en a point de pareilles parmi les bambous ; car on
les fend en plufieurs bandes étroites qu’on fait macérer
dans l’eau, pour en faire diverfes fortes de
liens & de fils propres à faire des toiles.
Quinzième efpece. L o ü F ü r u .
La troifieme efpece de tallam s’appelle loufuru
à Ternate, & bulu-parampuau, c’eft-à-dire , bambou
Inutile, au canton de Ley timoré dans l’île d’Amboine.
Ses tiges font fi minces & fi tendres, qu’on n’en
fait aucun ufage.
Seizième efpece. T U T O RI. •
On appelle tutori'k Manipa, kàkibele à Buron,
& louw- louw dans quelques autres lieux , une fei-
zieme efpece de bambou, la plus menue, la plus
commune dans les forêts, dont les fleurs forment
une panicule femblable à une plume : on en forme
des lattes de clayonnage , des traits & des chauffe-
trappes dont on durcit les pointes au feu.
Dix-feptieme efpece. C u .l-T IC K .
L e c u i- tic k de la Chine eft , félon Rumphe, une
autre efpece de tallam qui croît en.abondance fur
la côte maritime, dont le peuple mange les afperges
comme un mets journalier, & dont le bois eft le
plus mince de tous les rofeaux de la Chine.
Dix-huitième efpece. T u i G K H I A A .
Le tuigkhiaa eft encore, félon le même auteur,
une efpece de tallam qui croît à la Chine, c’eft un
des plus petits bambous, dont les tiges creufes ne
font guere plus-groffes que le doigt, dont les articles
font très-longs, & dont les bourgeons ou afperges
fervent à faire du papier.'
D ix - neuvième efpece. M o A - TI c K.
Quoique le moa - tick, que le P. Martin, dans
&n Atlas de la Chine, dit avoir des tiges de dix
palmes, c’eft-à-dire , de deux pieds & demi de
diamètre, paroiffe, par fa groffeur, approcher beaucoup
du film mat , cependant Rumphe le regarde
comme une efpece du tallam àcaufe de fon afperge
qui fe mange, & qui fert encore à faire du papier,
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commé dans les deux efpeces précédentes : il croît
lur les montagnes de Canton. Les Chinois qui donnent
le nom de tick à tous les bambous en général
appellent celui-ci moa-tick, c’e f t- à -d ire , bambou
des anguilles , parce que les groffes anguilles qu’ils-
appellent moa, &c qui vivent dans les étangs de ces
hautes montagnes, en fortent pour aller paître les ’
jeunes afperges de ce bambou.
Les Chinois mangent non-feulement cette afperge,
elle deur fert: encore à faire du papier. Pouf
cela on la fait cuire ert bouillie de maniéré à pouvoir
en développer les diverfes couches, qui font
de longues & minces membranes jaunâtres, très-
tendres , & comparables aux lames du liber ou écorce
intérieure du tilleul: ou du' bouleau : on peut écrire
lur leurs deux .faces, mais il faut les doubler ou
les coller ou coudre par les bords. Au refte l’art
de faire le papier eft très-ancien chez les Chinois -
notre encre faite à l’eau & nos plumes folidès né
pourroient leur être d’aucune utilité; ils écrivent
avec des pinceaux, & leur encre eft graffe & faite
avec la fuie.ou le noir de fumée.
. .^ n ^ Bans 1 Atlas de la Chine la maniefé dont on
fart le papier avec cette efpece àe bambou, dans la
feptieme province de la Chine appellée Huquàng;
mais Rumphe a eu lieu de s’inftruire d’une autre
maniéré qui s’exécute ainfi : on en coupe les’afperges
en petits morceaux qu’on fait cuire dans l’e a u q u ’on
pue enfuite, qu’on paffe fouvent au crible à-peu-
pres comme on paffe la bouillie de notre papier
| n Europe ; on colle quelquefois deux ou trois
feuilles .enfemble de ce papier, pour en former
un papier plus épais, fufceptible d’un beau polii
qui le rend plus propre à la peinture.
Vingtième efpece. L e l e b a .
Les Malays appellent du nom de UUbi ou Icleia
poeti, c’eft-à-dire , leleba blancs, une vingtième
eipece de bambou, dont Rumphe a fait graver une
bonne figure fous le nom d'arundlarbor tenais alba >
dans fon Herbarium Aniboinicum, vol. IV page 1
planche I. Les habitans de Ternate l’appellent lolebd
& louleba-, ceux d?Amboine à Hitoe utte-aul & aule ■
ceux de Leytimore utte-aur, les Macaffares boeloe-
carifja , c eft-à1-dire, boeloe - cafer ou bambou rude
<j âpre.
D ’une fouche principale, rampante horizontale-
ment fous terre., très-dure, folide, d’un pouce ail
plus de diamètre , articulée ou noueufe comme celle
du gingembre, longue de trois à quatre pouces,
s eleve un maître bourgeon & huit à dix à fes côtés,
plus petits, très-ferres, contigus , qui forment en-
fuite autant de tiges hautes de quinze à feize pieds,
d’un pouce & demi de diamètre , feuillues & ramifiées
depuis la hauteur de fept pieds^ jufqii’à leur
fommet, de branches droites, longues de neuf à
douze pouces , epaiffes de trois lignes , écartées
fous un angle qui a à peine dix dégres d’ouverture :
elles- font noirâtres en-bas, vertes au milieu, verd-;'
blanchâtres en-haut, & blanchiffent lorfqu’elles font
feches; leurs articulations inférieures ont deux pieds
de longueur : les fupérieures trois pieds à trois pieds
& demi: elles font creufes, & les inférieures eon-'
tiennent une eau limpide & potable : leur bois eft
dur, épais de deux à trois lignes.
Les racines ne fortent pas de la fouche même qui
rampe fous terre , mais des noeuds inférieurs de
chaque tige , autour defquels elles forment une
efpece de couronne: elles font cylindriques, ridées,
fermes, dures, de deux à trois, lignes de diamètre’
•longuesd’un à deux pieds, enfoncées verticalement
fous terre.
Les articulations inférieures,. c’eft-à-dire, celles
qui font au-deffous des branches, font couvertes
i