
 
        
         
		Nous  avons, 'trop:1 peit id«* relations -fur  l*étât  des  j  
 u ns, .chezies nations les>plus  anciennes,  po\tr- po#-  ;  
 voir  répondre  à  cette  qu’eftion.  Les Caldéens;,  ou  :  
 ielomdteutres,  les Egyptiens',  paffent1 pour-être  les  !  
 premiers tqur ont exercé avec  quelque  méthode  les  ]  
 -idivecfes  branches  des1 arts. du  deffin ; on  n’a cepen-  1  
 •dant rien rd’abfohimént  certain là-deffus. • Ge-qu’il y   
 a  de- sûr,  o?eft que  chez ces  peuples j’suffi bien que ^  
 -chez  les! Et-rufques ,  lés beaux-ares fleuriffoiènt déjà  
 flans. des-, te ms  o.ii  ce. que Khiftoire  a  de  bien  constaté  
 ne répand encore-qu’un jour très-fbible fur l’etat  
 des nations.- Le-swm qui  tiennent au- deffin, avoient  
 déjà pris. racine dans  la-;Galdee  au tems d’Abraham ;  
 de  fous!  le  régné: !de !;Sefoftris,  contemporain  du  
 légiflateur des Juifs-, l’Architefture florifloit au milieu  
 de  l’Egypte.  ( Hijltiire  deslxirt  cke£  les .anciens y par  
 AVinckélmann, part. I.  chap..i. )  . 
 On ne fauroit  déterminer avec  précifibn jufqü’oii  
 Ces1 peuples  avoieiit  pófte  1 es  beaux - arts',  avant  
 qu’ils  naquiffentthez'  les'Grecs.  Les Egyptiens  &   
 -léS  Pèrfés  Ont  eu des-édifiées  &   des  jardins,  qui  
 du moins en étendue &  en magnificence éxtérieurë,  
 iurpaffent  tout  ce  que- la Grece  a  èu  depuis  en ce  
 genre.' La  nation  Juive  produit  encore  d’excellens  
 morceaux  d’éloquence &   de poéfie,  qui  font antérieurs  
 -à ceux des Grecs; 
 Il femble que la Grece propre n’a connu lés beaux-  -  
 arts que  par  le moyen de  fès  colonies,  répandues  
 dans  l’Italie  &  dans l’Ionie. Cette dernière province  
 les  ténoit  fans  doute  dqs  Caldéens ,fe s  voilins ; &   
 la  grande Grecé les avoir reçus de l’Etrüriè. Statuas  
 'Thiifci prïmufn  in Italia  invenerunt,  dit Càfliodore.  
 Les  ruines  de  Poeflum,  rèftes  d e la  plus  antique  
 architeéhire des Grecs ,  femblent  tenir  du  goût des  
 Egyptiens ; &  l’on trouve dans les écrits dés anciens  
 plufieurs veftigès,  qui prouvent  que la. Poéfie a pénétré  
 de  l’orient,  de  l’occident,  &  même  du fep-  
 tentrion  dans  la Grece. 
 Mais fi  les  arts ne  furent  d’abord chez les Grecs,  
 que des plantes exotiques,  il  faut convenir  qu’ils y   
 acquirent bien vîte.une beauté &  un goût, qu’ils n’ont  
 eus nulle part ailleurs ,   ni  avant  ni après cette tranf-  
 plantation.  La Grece ,  par tin  effet  de  fon heureux  
 climat,  &   de  l’admirable  génie de. fes  habitans,  a  
 vu  &   a  fu  conferver  pendant  des  fieçles  entiers  
 dans  la  plus  grande  perfection,  &   dans  l’éclat  le  
 plus  brillant,  toutes-les  branches  des  beaux-arts.. 
 Ils .y. ont même  été durant  quelque  tems  confacrés  
 à  leur  véritable  d.eftination  ,  comme  on  peut  le  
 prouver  par. mille  exemples..; c’eft donc à jufte titre  
 que  la,Grece  eft regardée comme  la patrie des  arts. 
 Cette nation,,  diftinguée  fi  avantageufement  par  
 tous  les  dons  de  l’efprit &   du  coeur,  ayant  enfin  
 perdu fa liberté ,  lés  beaux-arts  perdirent aufli  leur  
 luflre.  Les  Romains  qui  après  l’éverfion  des républiques 
  Grecques  ,  dominèrent  pendant  quelques  
 ïiecles  fur  le monde  connu,  avoient  un  genie trop  
 roide  pour entretenir  les  arts dans leur fplendeur ;  
 quoiqu’on eût tranfplanté au milieu de cet empire les  
 artiftes Grecs, &  les chefs-d’oeuvre de  leur nation;  
 les Romains ne  pofîederent  jamais  au même  dégré  
 que  les  Grecs  cette  liberté  d’efprit  qui  laiffe  agir  
 la raifon.  Le défit de dominer eut toujours le deflùs  
 dans  leur  caraftere ; &  emportés par  cette paffion,  
 la  culture  des  beaux-arts  leur  paroifloit  un  hors-  
 d’oeuvre  étranger  au  plan  qu’ils  s’étoient preferit., 
 LesMufes ne furent jamais appellées'à Rome,  on  
 leur y   accorda Amplement un  afyle ,  comme à  des  
 fugitives  étrangères,  &   le-foin  de  leur  culture  fut  
 abandonné  au hazard. 
 .  Il femble  néanmoins  qu’Augufte  les  vpulut faire  
 entrer dans fon plan  de gouvernement ; mais  la fermentation  
 intérieure  qu’un, refte  d’amour  pour  la 
 liberté enchaînée excitoit fur- les  éfpnfô ;  ne  laifloît  
 pas  la  tranquillité  néceffaire  polir  rendre  aux  arts  
 toute la béauté  q u’ils avoient eue chez les Grecs.  La  
 force, d’efprit qu’on confervoit encore  étoit dirigé ë  
 vers de  tout autres objets.- Le parti dominant avoit  
 allez à faire à maintenir fon autorité par les moyens  
 les  plus  prompts  ;  il yfalloit la  force  ouverte ;  
 quant  à -ceux  qui  fupportoient  impatiemment l’op-  
 pr.effion,  ils  n’étôient  occupés  qu’à  fapper fourde-  
 mént-le pouvoir  quilei accabloit.  Le  parti neutre,’  
 fpeftateur de  cette  dangereufe  fermentation,  cher-,  
 choit  au milieu de  cette  pofition critique ; à-fe conJ  
 ferver autant  de  repos  que la  conjoncture  en pou-  
 voit permettre. Entre les mains de ce parti, le génie  
 devint art,  &  fe vendit  à  prix  d’argent.  Ceux  qui  
 ■ s’étoient  emparé  , d’une  autorité ,  Jufqu’alors : mal  
 affermie,  employèrent  les  travaux  de  ces  artiftes  
 mercénaires  pour  rendre  la  tyrannie  aimable*  On  
 voulût que la partie  du peuple  qui  fouffroit le  joug  
 -fans réfiftance ,  perdît  de  vue  l’idée  de  la-liberté,  
 &   qu’elle  donnât  toute  fon  attention-aux divertifi-  
 femens  publics.  L’effet  qui  devoit  néceflairement  
 réfulter  de  cette  politique ,  fut que  les  beaux-arts  
 fe virent non  feulement détournés de leur véritable  
 deftination, mais encore dépravés dans les principes  
 qui  font la  bafe  de  leur  perfeCfion.  Dès-lors ils  fe  
 dégradèrent infenfiblement &  tombèrent  enfin dans  
 un.état  d’àviliffement,  dans  lequel  ils  ont  croupi  
 pendant  plufieurs Ïiecles,  &  dont ils n’ont point pu  
 fe relever  encore. 
 Il  eft  vrai  qu’au  milieu  de  cette  décadence  les  
 beaux-arts  conferverent  quelque  luftre  apparent.'  
 La partie mécanique de chaque <zr/, fe perpétua dans  
 les  atteliers  des  artiftes  ;  mais  le  goût  &  ■ l’efprit  
 q’aftbiblirent infenfiblement : les artiftes fubfifterent.  
 A   la  place  des  temples  confacrés  aux  divinités  du  
 paganifme ,  on conftruifit  deséglifes  ;  au  lieu  des  
 ftatues des dieux &  des héros , on dreffa des  images  
 aux faints &  aux martyrs. La mulique paffa du théâtre  
 dans  les  églifes  ;  &   l’éloquence  fut  transférée  
 de la tribune  aux  harangues ,  fur la chaire* Aucune  
 branche  des  beaux-arts  ne  périt  ;  mais  peurà-peft  
 elles  fe  flétrirent  toutes  :  elles  devinrent  enfin  Ji  
 racornies, qu’on ne put plus  y   de.mêler  les veftiges  
 de  leur  ancienne beauté. 
 Il  en a  été des  arts,  comme  de  certaines folem-  
 nités qui, dans leur l’origine, ont eu de l’importance  
 &   une  lignification bien marquée ,  mais  qui,  dans  
 la  fuite  des  tems, ont dégénéré en de limples  obfer-  
 vances  dont  on  ne  connoît  plus ni le  motif,  ni le  
 but.  Ce  que, font  aujourd’hui  les  ordres  de chevalerie, 
   comparés  à ce  qu’ils  ont été.autrefois,  ç’efl;  
 ce  que  les arts furent  dans les  tems  dont  je  parle ,   
 au  prix  de  ce qu’ils  avoient  été  dans la belle  antiquité  
 ;  il  ne leur refta que les marques extérieures,  
 les  croix,  les  cordons.;  &. voilà  pourquoi les productions  
 des  artiftes  n’eurent  plus  ni be.auté  extérieure  
 ,  ni  énergie  intrinfeque. 
 .  Quelques auteurs parlent des arts d’une  maniéré  
 à faire croire qu’ils fe font'perdus pendant des Ïiecles  
 entiers.  C ’eft  ce  qui  eft  contredit  par  l’hiftoire ;  
 depuis  le. fiecle  d’Augufte  ,  jufqu’à  celui  du  pape  
 Léon X.  chaque fiecle  a  eu  fes  poètes  ,  fes  fculp-  
 teurs,  fes  lapidaires ,  fes muficiens &  fés  hiftrions.  
 Il paroît même  que dans  les  arts du deffin  il y  a  eu  
 de  loin  en  loin  quelque  heureux  genie  qui a tenté  
 d’y  ramener de  la. beauté  &  du  goût.  J’ai vu , il y  a  
 quelque  années  à  Erforden,  un  diplôme  de  l’empereur  
 Henri  IV.  fur le  fceàu duquel  la  tête  de cet  
 empereur m’a  paru  auffi  belle  que  fi  elle  avoit été  
 gravée  du  tems des  premiers Cefars. On  trouve de  
 même  divers  rituels  du  fiecle de  Charlemagne ; &   
 des  Ïiecles fuivans  ,  enrichis de pierres  gravées  qui  
 ne manquent,pas.abfolument de beauté.,. Mais comme 
 la  dépravation  des moeurs  fut pouflee  à un  dégré  
 prefque  incroyable  dans  le  dolizieme  fiecle  &   les  
 Ïiecles fuivans,  les beaux-arts s’en reffentirent auffi;  
 on en fit un ufage honteux. On trouve dans les livres  
 de dévotion de  ces  tems-là, &  parmi les ornemens  
 des temples  &   des chaires,  des fujets  de  peinture  
 &   de fculpture  fi  obfcenes ,  qu’on  feroit fcandalifé  
 aujourd’hui d’en  rencontrer  de pareils, même  dans  
 les  lieux  deftihés  à  la  débauche  la  plus  effrenée  ;  
 heureulement  un  tel abus  n’a  pas  dû  être  fort dangereux  
 ; ces monftruéux .ouvrages  manquoient  ab-  
 folument  de  grâces &  d’attraits; 
 C’eft  néanmoins  du  fein  de  cette  barbarie  que  
 l’aurore, d’un meilleur goût dans quelques branches  
 des  beaux-arts,  commença  à- percer.  Mais  le  jour  
 ne  renaquit  qu’au  feizieme  fiecle ;  ce n’eft qu’alors  
 que  fa lumière  éclaira  tout  l’empire  des beaux-arts.  
 Long-tems auparavant , déjà l’opulence  de quelques  
 républiques  d’Italie  y   avoit  excité  l’attention  fur  
 quelques branches  des  arts.  On avoit  tranfporté de  
 la  Grece  à  Pife,  à  Florence,  à  Genes,  d’anciens  
 morceaux d’ârchiteâure &  de fculpture. Leur beauté  
 frappa,  &  l’on  fit quelques effais pour l’imiter.  Peu  
 de  tems  après,  les Grecs  réfugiés  de  l’Orient  en  
 Italie,  y  apportèrent les ouvrages des poètes &  des  
 orateurs  de  l’ancienne  Grece  ;.la  connpiffance  de  
 ces  auteurs  fe  répandit infenfiblement,  &  produifit  
 encore  des  effets  plus heureux.  On  y   reconnut  les  
 fruits  du bon goût dans leur véritable maturité. Cela  
 redoubla l’empreffement  à rechercher de deffous les  
 ruines  les  reftes  de  l’antiquité  dans  d’autres genres  
 encore.  Le goût des artiftes fe  raffina. La célébrité &   
 les  applaudiffemens  que  quelques-uns  de  ceux-ci  
 obtinrent par l’imitation des ouvrages anciens, excita  
 dans  les  autres  une  noble  émulation.  Les  arts  fe  
 relevèrent  de  la  pouffiere,  &   de l’Italie  ils fe  répandirent  
 fucceffivement  dans  tout  l’occident,  &   
 jufqu’au  nord  de  l’Europe.  On  s’apperçut  généralement  
 que  les ouvrages  des anciens artiftes  étoient  
 les modèles  qu’il  falloit  fuivre pour rendre aux arts  
 leur première fplendeur. Heureufement  une  politique  
 plus  faine  avoit  introduit  quelque  tranquillité  
 dans  les  états.  Ils  étoient  mieux  affermis ;  on  eut  
 le loifir  d’aimer les  beaux-arts,  &   ils acquirent  par  
 dégrés  l’éclat  dont ils  brillent, aujourd’hui. 
 Mais  pour  nous mettre  dans  un  point  de  vu e ,  
 d’oîi  nous  puiffions  librement  découvrir  leur  état  
 aftuel, il  fera à  propos de retourner aux  réflexions  
 générales que nous avons déjà touchées fur la nature  
 &  l’emploi  des  beaux-arts. 
 Nous  avons  vu ce qu’ils  pourroient ê tre,  en  déployant  
 toute lèur énergie. Ce font les feuls moyens  
 propres  à infpirer  aux  hommes la  paffion  générale  
 du  beau &   du bon  ; à rendre la vérité  aftive ,  &  la  
 vertu aimable  ;  à  inciter  l’homme  vers  le  bien  de  
 toute  efpece,  &  à  le  détourner  de  tout écart  pernicieux. 
   C ’eft en un  mot  le  reffort  qui l’excite  fans  
 ceffe à travailler à fon  véritable intérêt moral,  lorl-  
 que la  raifon  le lui  a  bien  fait connoître. 
 ■  Je n’oferois affurer que  les beaux-arts aient jamais  
 atteint  à  ce  dégré de  perfection  chez aucun  peuple  
 du  monde  ; mais  il eft sûr,  ce  me  femble ,  qu’il y  
 a eu  un  tems  oti  ils  en  ont  approché  d’affez  près.  
 Les Grecs s’étoient  fait des beaux-arts une idée très-  
 jufte.  Ils  les  regardoiént  comme  des moyens propres  
 à former  les  moeurs  ,  &  à  appuyer les  maximes  
 de  la  philofophie  &   de  la  religion.  Auffi  ne  
 négligeoient-ils  rien  de  ce  qui  pou voit eneourager  
 les artiftes ; honneurs,  éloges ,  récompenfes,  rien-  
 n’étoit  épargné.  Dans  quelques  républiques  de  la  
 Grece  ,  c’étoit  fouvent  le  plus  grand  orateur  qui  
 obtenoit  la  première  dignité  de  l’état.  Les  grands'  
 poètes  étoient  cônfidérés  par  les  légiflateurs  &  les  
 magiftrats,  comme  des perfonnages importans, qui  
 Tome  I. 
 poli voient  donner  de  la  vigueur aux  lôîx. Homere  
 fut: regardé  comme  le meilleur  guide  de  l’homme  
 d’état &  du  général d’armée, &  comme le plus excellent: 
  inftituteur du  citoyen.  C’eft dans cette vue que  
 Licurgue  étant dans  l’île  de  Crête ,  y  raffembla  les  
 chants  epars  de  ce  poète.  Ce  même  légiflateur  y   
 engagea le  poète Thaïes à  le  fuivre à Sparte ,  pour  
 y . faciliter  par  fes  vers  le  fuccès  de  fa  légiflation  
 (Plutarque, Vie de Licurgue). Les anciens eftimoient,  
 dit  un  philofophe  Grec,  que  la Poéfie  eft  en quelque  
 maniéré la première Pnilofophie, qui nous montre  
 dès  l’enfance  le  chemin d’une vie réglée ,  &  qui  
 nous imprime  les moeurs,  les  fentimens, &  l’amour  
 dés  grandes  aftions,  par  des  leçons  agréables ; les  
 modernes ,  ajoute-t-il,  &  ces  modernes , c’étoient  
 les  Pithagoriens  ,  foutiennent  que  le  poète  eft feul  
 ie  vrai  lage.  (Strabon,  fiv.  J.)  De-là  vient  que  
 chê^  lès  Grecs  la  première  chofe  qu’on  enfeignoit  
 aux  enfans,  c’étoit la  Poéfie  ;  &   cela,  non  dans la  
 vue  de  les amufer ,  mais pour  former  leur coeur  à  
 la  vertu  &■   aux  beaux  fentimens.  La Mufîque prétend  
 au  même  mérite ,  je veux  dire  d’infpirer  des  
 moeurs &  de  les  adoucir.  Auffi Homere  donne-t-il  
 aux-  chanteurs,  le  titre  à*injlituteurs.  On peut en général 
 dire  des  Grecs ,  ce  qu’un  romain  difoit  avec  
 moins de  fondement de fes  ancêtres,  qu’ils ont employé 
 tous  les  arts  au  bien  public  : nullam majores  
 nojlri artern  ejfe voluerunt  quoe non aliquid  rei puBliccs  
 commodaret.  Servius ad Æneid.  lib.  VI. 
 Il  feroit  fuperflu  de  rapporter  ici  des  exemples  
 particuliers  des  grandes  récompenfes  &   des  honneurs  
 diftingués  que  les Grecs  accordoient  à leurs  
 bons artiftes.  Les écrits  des  anciens  en  font pleins,  
 &   Junius  en  a  recueilli  un  grand  nombre  d’anec-  
 do&es ; on peut  conlulter  entr’autres  le  chap.  x i i j ,  
 du fécond livre de  fon traité  De piclura veterum. 
 Les  artiftes  avoient  de  fréquentes  occafions  de  
 déployer  tout leur  génie,  &   toute  l’influence  des  
 beaux-arts  fur  le  caraôere  des  hommes.  On  employât  
 leur  fecours à chaque  folemnité ,  à  chaque  
 établiffement public, dans toute affaire d’état un peu  
 importante.  Tout  tenoit aux beaux-arts ; les  délibérations  
 publiques  ,  les  éloges folemnels,  inftituésà  
 l’honneur des héros,  &  des  citoyens morts pour la  
 défenfe  de la  partie ,  les  monumens deflinés à  conferver  
 la  mémoire  des  grandes  actions  ,  les  fréquentes  
 fêtes  religieufes  qu’on  célébroit  avec  tant  
 de  pompe  ,  &   les  fpeftacles  dramatiques  qui  fai-  
 foie nt partie  de  quelques-unes  de  ces fêtes,  &  qui  
 coûtoient  aux  magiftrats  des  foins- &   des  frais  extraordinaires. 
  On s’occupoit fi férieufement des beaux-  
 arts ,  qu’on fit même des  réglemens pour perfeétion-  
 ner  le bon goût, pour empecher qu’il  ne  dégénérât,  
 o u ,  ce  qui  eft  encore  pire,  qu’il  ne  fe  corrompît  
 par  un  excès  de  raffinement.  Voyelles articles  A r c 
 h i t e c t u r e  &   M u s iq u e   ,  Suppl. 
 Les Etrufques furent également foigneux d’affurer  
 .aux  beaux-arts  une  influence  utile fur  les  moeurs.  
 Nous  connoiffons  très-peu  les  arrangemens  politiques  
 de  cette  nation  que les Romains  détruifirent.  
 Mais  les  reftes nombreux des  arts étrufques , montrent  
 affez  combien  étroitement on  avoit  fit  lier les  
 arts à  toutes les  fondions de la vie  privée.  A la vue  
 de  ces  monumens  on  a lieu de  conje&urer  que  le  
 moindre  citoyen  ne  pouvoir  rien  voir  ni  toucher  
 chez lui,  qui,  grâces aux arts du deffin,  ne  lui rap-  
 pellât  efficacement  le  fouvenir  de  fes dieux  &  de  
 les  héros  ;  rien  qui  n’imprimât  un  nouveau  dégré  
 de  force  à  fon  zele  pour la  religion ,  la patrie  &   
 les  moeurs.  .  , 
 Tels  furent  les  beaux-arts  chez  les Grecs  &   les  
 Etrufques dans  l’âge  d’or delà  liberté ; mais  à  me-  
 fure  que  les  fentimens généreux du  bien public s’é-  
 moufferent,  que les chefs &  les principaux de l’état  
 F F   f f