un mouvementée rotation en fortant de la.pieee ,nç
S’ouvrira que rarement de la maniéré là plus favorable
à l’effet du coup. Les grappes de raifin , dont
les mobiles font fi'celés ^ ferrés dans une^tqiîç'.forte
& goudronnée> ne fe fépârent qu’avec peine, en
Portant de la pièce 8c prennent un' mouvement de
rotation qui.leséloigné'de, leur1 dirèâion : ces'grappes
de raifip, comme les boîtes de fer blanc, né peuvent
fervir qu'aux pièces dont ellés'ontle calibré v au lieu
que les balles ro'ulântè's ,'éqhviëhnënt à Voûtes.,‘s’écartent
moins de 'leur direction ,' parce qrfelles, ont
plus de maffe fous un moindre volume Ç8ç qu’elles
n’ont point’d’bbfîacle'à Vaincre en fortantde la piece :
étant d!àïlléur$ en plus grande quantité, ( i 2 livres
dans une pièce de-12 , &!c. ') ; elles bléflerit plîis de
inonde à portée moyenne , Qccafionnent par là plus,
de défordre dans une troupe ", ,8c font çonféquem-
inent plus Utilës 8k d’un tout autre effet, lôrfqu’élles
font tirées de près, c’eft-à-dirè, à 60 ou 80 toiles,
diftance que la bonne pratiqué'a déterminée, , pour
les employer, au delà' de laquelle on doit toujours
préférer les boulets.
Ecoutons l’auteur dé.-i ’ËJfaifur tu f âge de t artillerie
, qui nous rapporte quelques faits qui doivent
convaincre que les coups de canon à cartouche, à
balles roulantes, font auffi meurtriers de près qu’ils
font peu dangereux de loin : des témoins oculaires
de quelques-uns de ces faits, exiffent encore & en
garantiffent la vérité.
( 0) « A.la journée de Malplaquet , M. de Ma-
lefieu commandoit plufieurs batteries au centre des
mauvais retranchemens élevés à la hâte pendant
la nuit précédente : un nombre de bataillons tout
François, réfugiés en Hollande , las d’être expofés
à fes boulets , fe précipitèrent, pour l’attaquer,
avec, l’ardeur de la nation, excitée-par la haine &
par l’efpritde parti; ils fouffrirent encore quelques
volées dans leur courfe ; mais prêts à monter fur
les retranchemens , ils efluyerent' de toutes les
pièces une grêle de balles , qui les mirent dans un
défordre dont ils.ne purent revenir.
A Guaftale , une batterie de 8 OU 10 pièces
de 4 , placée à notre gauche, 8t foutenue par le
régiment de Champagne, avoit employé fes boulets
avec fuccès ; mais elle commençoit à en manquer
& fe trouvoit forcée de diminuer fes feux.
Les ennemis "s’en apperçurent bien vîte, & réfolu-
rent de s’emparer de cette batterie qui les avoit
arrêtés jufques-là, & d e pouffer les troupes qui la
défendoient ; ils s’avancèrent donc en bon ordre
& d’un pas précipité , prefqu’aflurés de la réuffite.
A leur approche , un des officiers de cette batterie
courut à la caiffe des -balles que l’on met ordinairement
avec les boulets ; les pièces furent promptement
chargées d’une quantité fuffifante de.ces
balles qui furent tirées ' de fort près fur les Allemands
; & l’effet en fut fi meurtrier , qu’ils furent
pliés à l’inftant, & prirent la fuite.
On cite , lifons -nous , dans le même ouvrage,
à l’occâfion des cartouches tirées de trop loin, la
perte que firent les bataillons François dans les
vergers de Bergen. Un pareil fait èff-il bien propre
à lés mettre fi fort en crédit ? Les ennemis, dit-
o n , après avoir perdu la bataille, placèrent vingt
pièces de leur groffe artillerie , fur la hauteur qui domine
ces jardins , à la diftance de z 50 toifes environ,
& canonnerentj i vivement nos troupes pendant quatre
heurts, que nous eûmes 7 ou 800 hommes tués
ou bleffés.U eft aifé de calculer la dépenfe 8c l’effet
-de cette célébré canonnade à cartouches : tirez de
chaque piece un coup par minute , ce n’eft pas faire
un feu bien v i f . A ne fuppofer que cela , les enne-
00 Effai fur l’ufage de Y artillerie, page 8.
mis tirèrent. 4800 coups, pendant les.quatre heures^
8c voilà f ix coups pour tuer ou bléffer tin homme ».
( En ne .fuppofanf la cartouche que de 41 balles ,
ce qui eft vraifemblablement aii-deffôus de ce qui
Rit employé dans des'pièces de groffe artillerie,
C'e'fe.ïi'6^pâlies .pour tuer ou bleffer un homme.)
, « Mais réduifons le nombre des coups à la moitié,
lès'aümirateurs outres dès coups à mitraille, n’au-
•ronl P»? encore fujet de triompher , le meme nom-
bre de coups à boulets bien tires auroit produit
ëffet do'ublé ' & peut-être triple ». ' 1
Nous ajouterons un fait dont nous avons été
témoins-, c’eft qu’ayant été expôfé avec une troupe
d’environ fix bataillons, formée fur quatre de hauteur
, au feu de 'deux pièces courtes, qui tiroient
avec des cartouches dé fer-blanc , de;, 260 coups
au moins qui furent tirés à 150 ou zoo toifes, il
n’ÿ eut pas. un homme tué ni blefle.
Voilà des expériences.-,de guerre, qui, de l’aveu
des partis les plus divilés d’opinions , font les plus
decifives ; cependant l’auteur que nous venons.de
citer, les répéta, à la Fere en 1760 , pour fatisfaire
la curiofité .de plufieurs,,témoins., Les réfultats de
ces épreuves vinrent cbmplettem.ent à 1,’appüi des
exemples cités, & confirmèrent que les balies renfermées
dans des facs de toile-, avoient l’avantage
fur celles qui étoient renfermées dans des boëtes
de fer-blanc. Les partifans des anciennes méthodes
en conclurent que, quelle que foit la cartouche qu’on
préféré, on ne-doit employer cette maniéré d’exécuter
le. canon qu’à ioo-toifes pour la plus grande
diftance, & entre 60 ou 80 pour la diftance moyenne,
&de très-près pour les effets dé'cififs ; que dans tous
les autres cas, les boulets dévoient être préférés
aux cartouches , d’autant plus que l’effet des boulets
eft encore augmenté parla terreur & l’effroi
qu’ils infpirent : car ils atteignent à de très-grand es
diftances ; ils épouvantent par leur fiflement , ils bri-
fent tout ce qu’ils rencontrent dans leur courfe, rapide
, ils emportent plufieurs hommes à. la fois ; 8c
leurs membres déchirés 8c fanglans , les éclats des
obftaclès qu’ils ont fracaffés , font de nouvelles
armes qui portent au loin l’épouvante & la mort,
& qui, par le fpeftacle affreux., qu’elles offrent,
intimident, fur-tout les nouveaux foldats qui n’en
ont pas encore vu de pareils.
Il eft fans doute cruel pour un militaire qui J
après avoir fervi long - teins,, & s’être trouyé à.
nombres d’aftions fanglantes , conferve au fond de
foncoeur des fentimens d’humanité, d’être obligé,
par état, de faire fon étude des moyens les plus
efficaces d’opérer la deftruâion de fes femblables,
de rechercher les armes , dont les effets font les
plus terribles & les plus meurtriers , 8c de difeuter
de fang froid la maniéré la plus cruelle & la plus
barbare de les employer. Mais l’état de guerre
étant devenu fi commun aux hommes , la voie
la plus sûre d’abréger celles qu’ils fe font fi fouvent
fur des motifs trop légers, feroit peut-être de la
faire d’abord très-vivement, & qu’une puiffance
dont la réputation d’équité feroit auffi bien établie
que méritée, fe rendît auffi redoutable par fes forces
que par la maniéré de les employer; afin qu’en
accablant fes ennemis tout à la fois, elle leur
fît bien connoître le danger auquel on s’expofe,
en troublant injuftement la paix des nations : les
guerres feroient moins longues & par conféquent
moins deftru&ives ; car la faim, les fatigues & la
mifere font périr plus de foldats que le ■ fer 8c le
feu (/>). ' \ ’ ■ '
Puiffe, au furplus , le flambeau de la religion &
(p) Sapins emm penuria quant pugna £onJ~wni( cxcrcitum ;
ferra favior fames ejl, Végéce.
de la philofophie éclairer les hommes fur leur verî-
• table in térê tleu r Vrai bonheur! Puiffentlesfouve-
rains de la terre goûter dans leurs régnés longs & paî-
fiblés ,• l’ineftimable bonheur d’être les bienfaiteurs ,
les perës de leurs fujèts!'Puiffe notre patrie, jouir
d’uriè paix éternelle & d’un bonheur confiant ! Alors
nous ne regretterons ni les maux que nous avons fouf-
ferts , ni le fang que nous, avons verfé pour elle.
Pourfuiyons 8c hâtons-nous de terminer cet article.
Les partifans du nouveau f y û ê m e d ’ a r t i l lk f e o n t
beaucoup fait valoir l’économie qui réfultoit de ces
nouveaux établifîemens, 8c ortt prétendu de plus
que-les équipages d 'a r t i lle r i e , formés fur le^nouveaü
plan, dégraderoient moins les chemins qùê ceux
d’autrefois.' On leur a répondu qu’il.étoit bien
,vrai que chaque piece. pefant' moins en • pârticitlier
que- la piece ancienne du. calibre correfpondànt ;
chaque, piece nouvelle, coûter'oit moins ; mais qu’en
les multipliant, ainfi qu’on fe propofe de le faire,
la maïfe totale feroit plus chere pour/le métal &
la façon.- Pour s’en convaincre , a-t>on d it , il n’y a qu’à .comparer le nombre des pièces qui étoient
attachées aux armées de Flandre pendant la guerre
de 1740 à. 1748 ,- avec celui qu'on projette ■ d’employer
à l’avenir , qui eft prefque triple après
cette comparaifon, l’économie prétendue difparoîtra
relativement au métal & à la façon., fi l’on c'dnfi-
dere enfuite l’approvifionnement d’un pareil nombre
de pièces, à zoo coups chacune , tant eh boulets
qu’en cartouches ; fi l’on fait attention que ces cartouches
coûtent fept fois plus que le- boulet du
-même calibre , 8c qu’elles ont plus de volume ;
fi l’on remarque que la quantité de poudre fera
dfenfiblement augmentée, on verra combien les voitures,
du parc feront multipliées : nouvelle augmentation
de dépenfe pour leur conftru&ion , &. nouvelle
augmentation en attelages & en charretiers;
Loin donc de voir de l’économie dans les nouveaux
projets , les partifans dés anciens ufages n’y .voient
qu’un furcroît de' dépenfe confidérable.
Ils répondent, en fécond lieu , que fi les chemins
font un peu ménagés par la diminution ' de maffe ,
de quelques pièces de i l , celles de ce.calibre des
dimenlîons nouvelles les gâteront autant que les
^anciennes pièces de 8 ; que celles de 8 nouvelles
•Ses' gâteront plus que les anciennes pièces de 4 ;
.que ce .petit avantage ' des pièces de iz allégées
n’eft pas à comparer avec les' dégradations occa-
fionnées par le nombre de voitures du parc 8c par
celui des pièces, qui eft plus que doublé ; enfin
ils concluent que le nouveau fyftême d’artillerie eft
plus difpendieux que l’ancien , plus embarraflànt
dans les'marches , & que les chemins en feront
plus promptement gâtés 8c dégradés.
Nous obferverons ici avec l’auteur de VEJfai fur
'l'ufage de Ûartillerie, que nous ne faifons pas entrer
.-en ligne de compte les voitures de munition, né-
jeeflaires aux pièces de régiment, ni ces pièces elles-
mêmes; fans quoi, le nombre des voitures'feroit
plus que doublé : nous n’avons entendu parler que
du feul parc. Si l’on dit que l’artillerie ne fuivra plus
le même chemin , comme autrefois ( q ) , « je réÎ
fondrai que rien n’empêchoit autrefois ~de prendre
es mêmes précautions pour faciliter les marches,
& qu’on l’a fait dans les dernieres campagnes ; fur
quoi., j-’obferverai encore qu’à force de promettre
au miniftere, aux généraux & aux troupes -cfe palfer
légèrement par-tout ave c l'artillerie, nous pourrons,
en plus d’un lieu , nous trouver fort embarrafles,
fi ce n’eft pour les piecesde régiment, . au’ moins
pour les munitions; & pour les autres pièces. Malheur
alors aux officiers chargés de la marche , 8c
peut-être au corps entie.r ».
(?) Supplément a l’Effai fur l’ufage de Y artillerie, page 32.
N ’oublions pas * ayant de terminer ; une maxime
de laquelle il feroit très-dangereux de s’é c a rte r,
c’eft que , lorfqu’on porte de l'artillerie en avant do
la ligne, elle doit être foutenue par des compagnies
de .grenadiers 8c 'm ême par des bataillons, fuivanf
la conjonfture, 8c que les batteries 8c les troupes qui
•les protègent, 8c qui en font protégées , ne doivent
.jamais, s’abandonner..
Si l’on vouloir tq u td ir e , on feroit un très-gros
livre , ainfi que nous l’avons obfervé au commencement
de eet article .que nous terminerons.ici en
concluant de tout ce qii’on y à lu* . ,
, . i°. Que trop compter fur Y artillerie , ,ou la re-
. garder comme inutile-dans ies combats, font deux
excès qui déceient la partialité* -
•z9. Que l'artillerie eft préférable , à tous égards
aux machines de jet des anciens.
39. Que Y artillerie de la France, eût allez confe
.tamment la fupériorité fur celle des puiCancës
.étrangères. .:qï,
40. Qu ’il femble qu’on doit préférer une artil-
lerie peu nombreufe , mais bien dirigée., à une multitude
de pièces de ca n o n , qui rèndroit les marches
des armées pefantes & difficiles , 8c qui po.ur-
roit même „ dans bien des cas , emp.êeher des mou-
vemens décififs par la,difficulté des fubfiftances. Si
on répond qu’alors on en fup primer oit une p a rtie ,
.c’eft co n v e n ir de fon .inutilité dans’bien des occa-
fions...... - r
5°- Que le plus fort calibre qufon doive menei?
en campagne ,. eft celui de 12 ; 8c que fi on fait
entrer des pie,cës de 16 dans un équipage.de campagne
, ce doit être en petite quantité.
6°. Que nos pièces de canon dans chaque calibre
, coulées dans les dimenfions de l’ordonnance
de 173 z , ont une, porrée plus longue &c des dire
cfio ns plus sûres que des pièces plus, c o u rte s5
qu’e lle s-o n t moins de recul , qu’elles-font plus
durables , leur effet plus meurtrier , 8c leur feu
plus rafant.
t 7°- Q u’d eft difficile d’affurer ie coup de boulet
à 400 toifes fur un petit objet ou fur un’p etit corps
en m ouvement, 8c. que le coup ne- devient certain
qu’à, zoo toifes.
, 8°. Que c’eft une erreur de croire qu’il y a de
l’avantage à placer, le canon fur des -lieux fo rt élevés
au-deflus du niveau de la campagrçe ; que les.
batteries doivent être forte s, 8c fe protéger réciproquement
, & être foutenues par des troupes
dont elles ne doivent pas fe féparer.
90. Que tant qu’on eft éloigné de l’ennemi d e
100 toifes , on doit préférer le. boulet à la cartouche
, de quelque efpece qu’elle foit.
10®. Que de toutes les cartouches , celles qui
font compofées de balles de munition, telles qu’on
les délivre , aux troupes , enveloppées dans des facs
de toile légère , font celles qui font le plus d’effet,
mais qu’on ne doit les employer que lorfqu’on eft
fo rt près de l’ennemi.
i i °. Qu’en général, il eft de là dernierë con-
féquence de ne tir e r , foit à b o u le t, foit à mitraille,
qu’à bonne portée ; fans q u o i, l’on confommeroit
inutilement des munitions qu’on feroit dans le cas
de regretter , lorfqué le moment d’en faire un-ufagë?
déçifif arriveroit..Qu’il ne faut point tirer à boulet
par falve , mais un coup après l’autre' , en fo rte
que" le feu foit continu,
iz ° . Que Y artillerie de régiment , qui 'accompagne
les troupes, ou qu’on fuppofe qfti peut les
accompagner dans tous leurs mouvemens, ne fau-
roit procurer de grands avantages.
13°. Que les pièces de i z 8c de 8 ne pouvant
jamais être àffez légères pour fuxvre les tro u p e s ,
il parôîtroit plus avantageux de les laiffçr dans
f l !
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