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 humefté pdf frofhperie,  il eft infipidç,  il ne fe cafte  
 point  net  fous  la  dent  ; au  contraire ,  il  obéit & il  
 fe  déchire.  S’il eft bouffi,  la farine en eft molaffe.  Sx  
 le bled eft  germé, il  a  un goût  douceâtre $ fade  8c  
 mielleux-, àinli que le  pain qui en provient. 
 Enfin  les  gens  du  métier,  exercés  par  l’ufage,  
 peuvent  encore  diftinguer  la  vieilleffe  du  bled au  
 goût.  Quand le  bled eft trop  vieux,  &   qu’il  a  plu-  
 fieurs années  de garde,  il eft un peu âcre  8c luifant  
 fur la langue, le pain qui en eft fabriqué n’a pas beaucoup  
 de  goût  :  mais  lorfqu’il eft  employé avec  du  
 levain nouveau,  il fait un très-bon pain. Car un bled  
 trop  nouveau,  employé  foui,  eftvifqueux,  &  ne  
 fournit  ordinairement  qu’une  nourriture  groffiere  
 &  mai-faine» 
 Nous ne  dirons qu’un mot,fur  le feigle &  l’orge ,  
 avant  que  définir  cet article.  - 
 L’acheteur  doit  prendre dans  l’achat  du  feigle.,  
 les mêmes précautions que dans l’achat du  froment ;  
 il  doit obferver feulement  que le feigle  de  la meilleure  
 qualité  a une couleur  v.erte très-légere, tirant  
 fur  le  verd  d’eau.  Nous  verrons,  dans  l’article  v u   
 quel  eft  fon  prix proportionnel  avec  celui  du froment, 
  foit quand il eft vendu féparément, foit quand  
 il eft  mêlé avec lui en différentes  proportions.  Voy.  
 auffi cet  endroit pour  l’orge. 
 §  VI» Qualités des grains dues  au fo l & à la culture. 
 Les  trois  claffes  de  bled  dont  nous  avons parlé  
 àu commencement de l’article précédent, tirent leurs  
 différentes  qualités  ;  i° .  du  choix  des  femences ;  
 2°.  de la préparation de la terre ; 30. des  diverfes ef-  
 peces de  fol qui  les  ont  produits ;  40.  de  la  différence  
 des  climats. 
 i°. Choix des femences. Si les femences font étiques,  
 minces , alongées ,  flétries, privées des parties onc-  
 tueufes qui fe  trouvent  dans toutes les graines pour  
 y   entretenir le fuc nourriffier, on peut affurer  que  
 les  productions de ces femences débiles  &  altérées,  
 feront  encore  plus foibles &   de plus mauvaife qualité  
 que  celles qui  leur ont donné  naiffance. 
 Si le bled eft trop v ieu x, 8c qu’il ait fermenté dans  
 le tas  , il ne leve pas. 
 Si  les femences n’ont pas été bien criblées  &  nettoyées  
 de  toutes  ma .  » aifes  graines,  on multiplie  
 celles-ci  dans  les  .  ïamps, elles  dérobent l’air  8c la  
 nourriture au bled,  qu’ elles  étouffent  fi  elles  croif-  
 fent  plus vite  : quand elles ont  été  recueillies  avec  
 lu i ,  elle  n’en peuvent plus être féparées que  trop  
 difficilement»  •  n  .  , j  ' I  . 
 Si  les  femences  font  d’un,  bled  blanc-terne,  qui  
 commence  à dégénérer,  la  récolte  qui  fuivra  fera  
 encore  d’une  qualité  inférieure  &  ne  produira que  
 des  avortons. 
 Si  le  bled  a  le  bout,  c’eft-à-dire, fi  la broffe  eft  
 infeftée de la pouffiere noire  du  charbon ;  fi  on n’a  
 pas foin de  laver les  femences dans des leffives convenables  
 , &  d’écumer  tous les grains légers qui fur-  
 nagent, ort eft certain de ne recueillir que du bledàt  
 la  derniere claffe ,  &   en très-petite  quantité. 
 2d.  La préparation, de la terre.  Après  le  choix des  
 femences,  la  préparation  de  la  terre  par  de  bons  
 engrais, les  labours profonds, les femailles hâtives,  
 les  femences  également  efpacées,   le  farçlage  fréquent  
 ,  font les moyens de produire  des  bleds de  la  
 première  claffe. 
 Le  froment  étant  vorace  de  fa nature,  ne  peut  
 être gros * plein  &  bien nourri  dans une  terre aride  
 &   qui n’eft pas  fumée. 
 Les labours fuperficiels &  peu profonds laiffent le  
 ter'fein  dur &  impénétrable  aux  racines  &   aux influences  
 de l’air ;  les .racines  du  bled ne traçant que  
 fur la  première couche  de terre,  font brûlées par le  
 hâle  &   par les premières  chaleurs  qui  ne donnent 
 B L E 
 pas le  tems  aux  épis  de  croître,  ni  aux- grarffi»  de  
 groffir. 
 Les femailles tardives ne laiffent pas aux racines le  
 tems  de  fe fortifier avant, l’hiver ,  8c les racines foibles  
 qui  ont  pu échapper  aux  intempéries  des  fai-  
 fons,  ne  peuvent  donner  de  belles  plantes  ni  de  
 belles  récoltes. 
 L'es  bleds  femés trop  épais ( ce qui  arrive  aux laboureurs  
 peu  attentifs;,  ou  bien  à  ceux  qui h’ont  
 pas encore  l’habitude,  de  femer  ) ,   fe  nuifent  réciproquement  
 en  fe,dérobant  la  nourriture,  les  influences  
 8c  la libre circulation de l’air ;  chaque grain  
 ne  peut  porter  qü’un  ou  deux  épis  menus  8c  de  
 mince produit,  faute  de  pouvoir  étendre  fuffifam-  
 ment fes  racines -pour trôcher,  8c porter  une nourriture  
 fuffifante  aux  épis.  , 
 Enfin  le  défaut  de.farclagè  endurcit  la  terre, la  
 rend  inacceffible  aux  influences  8c  aux  racines,  8c  
 entraîne  la multiplication  des mauvaifes herbes, 
 Dans  tous  ces  cas,  le  froncent  fera  maigre  8c  
 mal  nourri,  8c  fa farine  moins bonne.  Il  eft  donc  
 de  l’intérêt  de  l’acheteur  qui  parcourt  les  campagnes  
 ,  de  prévoir  au  coup-d’oeil même  fur  la  ma-  
 niere de  cultiver,  que  dans  tel  canton,  par exemple, 
   oh  l’on ne  fait qu’égratigner la terre lorfqu’elle  
 demande  par fa  nature  des  labours  profonds,  on  
 aura des bleds mal nourris  8c de mince qualité ;  que  
 des bleds forts  en herbe  ,  parce  qu’ils  ont été femés  
 trop épais,  ne produiront  pas beaucoup de grains  à  
 la  récolte,  8c  ainfi  des  autres  obfervations  qu’un  
 acheteur  prévoyant  ne  doit  pas  négliger,  même  
 dans les faifons  encore  éloignées  de  la récolte. 
 30.  La  nature  des  divers  fols  produit  auffi  des  
 différences  dans les qualités de  grains que l’on  y  récolte  
 ;  on diftingue trois  fortes  de fols dont les bleds  
 font autant  d’efpeces  de farine  plus douces  les unes  
 que  les autres. 
 Il y  en a de trois efpeces : bleds de fonds pierreux,  
 bleds de terres fortes, 8c bleds de térr.es à jardin. 
 Le  bled de la  tête  ou  de  la  première  claffe  croît  
 ordinairement dans  desjfonds  bons 8c  fubftantiels ,   
 quoique, feçs  8c  pierreux.  Le  bled  n’en  eft  jamais  
 que  moyen  dans fa  groffeur,  mais  dur,  ferme  8c  
 d’un  gris  glacé.jaune v if, excellent à faire du pain 9  
 8c bon pour  l’exportation ,  parce qu’il  fe  conferve ,  
 &   que  le  produit  en  eft meilleur à proportion  de  
 la  mefure  &   du  poids ;  il  a plus  de  force  de bled  
 que  t'Ôus  les  autres,  8c le  travail  de  fa  farine  au  
 pétrin  eft  auffi  plus  difficile  à  caufe de  fa  denfité.» 
 La  fécondé  forte  de bled  croît  dans  les  fols  de  
 terre  forte  &   argilleufe,  en pente  ou  en  coteau ,  
 ou  dans  des plaines  delà même qhalitéde terre. Ce  
 bled  eft un  peu  plus  gros  quelle  précédent,  mais  
 moins dur, moins ferme  , moins plein 8c plus  léger ;  
 il  eft  d’un  gris  glacé,  jaurie-blaf,  ou  pâle. 
 La  troifieme qualité  de  grain  eft  produite  dans  
 des valions ,  dans  des terres de  bas-fonds, ou dans  
 des terres végétales 8c fertiles, comme d^ns les terres  
 de jardin, dans les enclos qu’on appelle meix en quel-,  
 ques  endroits  ,  &c.  Ce  bled  eft  gros  &   plein  éu  
 apparence ;  il  a l’oeil  d’un bled fort 8c nourri,  mais  
 il n’eft  pas  fec  dans le  coeur  ;  il  eft  toujours  plus  
 léger que les deux autres claffes ; fa couleur eft ordinairement  
 mêlée  de  celle  des  deux  précédentes  ,  
 mais en  général il  a  l’oeil plus  gris 8c la  farine plus  
 mollaffe.  Les bleds  de  cette derniere  claffe  ont bien  
 moins de corps que  ceux  des  deux précédentes ;  ils  
 font  plus doux  &   plus  aifés  à  travailler. 
 •  On  peut  affurer  que  les  bleds  qui  viennent  des  
 fonds  humides  ou  des terres graffes  qui  retiennent  
 l’eau  ,  ne  valent  pas  ceux  des  plaines  élevées  ou  
 des  coteaux  qui  ont  de la pente,   &   dont le  fol  eft-  
 plus  fec  8c  plus  léger,  quoique'fubftantiel.  Les  
 bleds  défienés  par  les marchands,   fous  le  nom  de  
 6  bleds 
 B  LE 
 bleds de fondsfont inférieurs à ceux qu’ils nomment  
 bleds  de plaine. 
 On  a peine à croire jufqu’ôîi peut aller  l’influence  
 de  la  nature  &   de  la  qualité  du  terroir fur  celle  
 des bleds qu’il produit. On fait que les bleds, comme  
 les  vins , peuvent contrafter un  goût  de  terroir. 
 On ert va juger par,l’exemple'des  bleds, venus fur  
 des  terres nouvellement marnées. Ce  détail  fervira  
 mieux à faire connoître  la  relation  &  la dépendance  
 qu’il  y   a  entre  les  terres  8c  leurs productions. 
 Le  bled  marné  a  de  l’oeil  à  la  vente ;  il  eft  bien  
 à la main , ayant toutes les  qualités du bled de  la  première  
 forte ,  moyen dans  fa  groffeur ,  même-plus  
 refferré ,  c’eft-à-dire,  la  farine  plus  ferme'&   plus  
 denfe dans  l’intérieur, 8c par cônféquentplus lourd  
 à  la  mefure,  ce  qui  fe  reconnoît en le caftant fous  
 la  dent ;  on  lui  fent la même  dureté  qu’à  une  châtaigne; 
   fa  couleur  eft un jaune glacé,  clair, perlé,,  
 c’eft-à-dire,qu’on lui voit plufieurs couleurs du jaune  
 clair,  du  gris  clair mêlé. 
 Mais toutes  ces  belles qualités  ne  font  qu'apparentes  
 ; lorfque ce bled eft à la mouture  , il eft difficile  
 à moudre  ,  c’eft-à-dire,  que  le  fon  a  de  la  peine  
 à  fe  curer  à  la  meule,  &   à  fe  féparer  d’avec  la  
 farine qui eft toujours un peu piquée de  fon.  Cette  
 farine  au  fortir de  la meule  eft  plus  chaude  que  
 l’autre  ;  elle eft  altérée  &  boit beaucoup d’eau, en  
 quoi  elle  tient  de  la  terre  marnée,  dans  laquelle  le bled eft  venu; mais  cette farine eft courte ,  ç’eft-  
 à-dire,  qu’elle  fe  lie  difficilement  ,  lorfqu’elle  eft  à l’emploi;  la  pâte en  èft  auffi  peu  dudtile -,  auffi  
 tourte que celle  qui eft faite avec delà farine d’orge ;  
 elle  leve  très-difficilement,  il  faut  y   employer  un  
 quart de  levain  plus  qu’à l’ordinaire  &  le  prendre  
 plus nouveau, c’eft-à-dire, à la pointe de fon apprêt :  
 le - pain  qui  en  prç>vient,,  eft  toujours  difficile  à  
 bouffer dans le  four  &   dur  à mâcher,  eft plus gris  
 &  moins  blanc  que celui  d’un  autre  bled. 
 On  laiffe aux médecins à  difcuter  en quoi le pain  
 fabriqué avec de  la  farine de  bled marné,  peut être  
 nuifible  à  la  fanté.  Il  nous  fuffit  de  remarquer  la  
 différence  des  qualités'dë. ce  bled avec  les  autres.  
 Ces  qualités femblent  analogues à celles  de l’efpece  
 de  terre  qui  les  a  produites. 
 Ainfi  l’acheteur,  confommé  dans la  connoiffance  
 du  bled,  faura  bien  fe  prévenir  contre  les  belles  
 apparences d’un bled, tel que celui dont nous venons  
 de  donner  la  defcription  ; mais  le  nouvel acheteur  
 en  parcourant  la  province ,  qui  fait  l’objet  de  fes  
 fpéculations  pour  fes  achats  de  bleds,  doit  faire  
 attention  aux  terres  nouvellement marnées,  &   fe  
 défier  de  la  qualité  dés  bleds  qu’elles  produiront,  
 puifque  leur  belle  apparence  ne  ferviroit  qu’à  le  
 tromper. 
 Nous  terminerons  cet  article  par  une  notice  
 importante  fur  le  produit  en  grain  des  terres  de  
 première,  de  fécondé  8c  de  troifieme  qualité. 
 Les terres les plus  fertiles en  froment  produifent  
 par  arpent  environ  douze  fetiers  ou  trente  quintaux  
 pefant de  bled ;  mais  cette  efpece de  terre eft  
 fi  rare, qu’on  ne  croit  pas  qu’il  y   en ait' un  centième  
 d’auffi  fertiles  dans tout  le  royaume. 
 4  De  ces  trente quintaux il en faut lever deux cens  
 livres pour la femence, ce qui fait, comme on voit,  
 quinze  pour  un. 
 Les ,bonnes  terres ordinaires  rendent vingt quintaux  
 àe éled  par arpent ;   tels  font  plufieurs cantons  
 de  la  Picardie ,  une  partie  de  l’île  de  France ,  de  
 la Brie, 6*c» Les terresmoins fertiles rendent environ  
 quinze quintaux par arpent ;  ( la Normandie eft dans  
 cette claffe pour le bled,   quoique la terre y  foit d’une  
 qualité fupérieure;  mais ,l’abondance  des pommiers  
 y   donne  une  autre  récolte  en  cidre  fur le  même  
 Tome  /, 
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 fonds ; ainfi  elle  doit  être  réputée  pour  terre  de  
 première  qualité-.  ) 
 Il  y   a  encore  deux fortes  de  terres communes ,  
 dont urte qui eft affez ordinaire, produit douze quintaux  
 de  bled  par arpent,  8c  l’autre  qui  eft  la  derniere  
 8c  la  plus inférieure ,  n’en produit que mille  
 livres  dans la  même  étendue  de terrein. 
 Quelle que foit  la nature de ces  terres ,  plus  où  
 moins  produifantes-,  il leur faut toujours deux cens  
 livres  de  femence  par  arpent. 
 •  _ Les  bonnes terres à feigle  rendent  ordinairement 
 vingt  quintaux;  les-  moyennes  rendent  quatorze  
 quintaux, 8c  les  petites  terres huit  quintaux ;  les  
 unes  &   lés  autres  prennent  deux  cens  livres  de  
 femence.  ■.  ■ 
 Les terres à feigle font très-abondantes en France ;  
 on  enfemençe  même  quelquefois  du.  feigle  avec  
 du.froment dans  les  meilleures terres pour les  foula  
 ger  ;  le  feigle croît plus  vite;  la  paille  longue &   
 dure  fort  comme d’appui au froment,  &  l’empêche  
 de  verfer ;  c’eft ce  qui a donné le nom  de bled famé  
 à  ce  mélange  plus  ou  moins  fort,  &  qui  devient  
 enfin du méteil. Nous  en parlerons  ci-après. 
 Les terres  femées  en orge produifent beaucoup ;  
 quand  les  printems  font  humides ; deux cens livres  
 d’orge  par  arpent  en  rendent  depuis  dix  jüfqu’à  
 trente  quintaux.  Ce  grain  deffeche  les  terres  qui  
 doivent  être  fortes  d’engrais ,  fi  l’on  ne  veut pas  
 les  épuifer  par  cette  culture.- 
 4°.  Les  fromens  different  de  qualité  ,  félon  la  
 diverfité  des  climats  8c de  la  température des pays  
 oh  ils  crôiffent. 
 On  eftime  les  bleds  du  Languedoc  ,  de  la  Provence  
 &  du Dauphiné, fupérieurs à tous ceux qu’on  
 connoît ;  ceux  de  France  à  ceux  d’Allemagne ; les  
 bleds  de  Sicile,  de  l’Italie  8c  du Levant,  font d’un 
 • grand produit en pain ;  ils  font jaunes &  de  couleur  
 d’or  en  dedans  comme  en  dehors;  ils  contiennent  
 en  apparence  peu  de  Farine  blanche  ,  8c  on  les  
 emploie  par  préférence  aux  bleds  qui  font  blancs  
 dans  l’intérieur, pour  faire  les  pâtes  ,  les  vermi-  
 cels  ,  &c.  Ces  bleds  jaunes  ou  rouges  font  plus  
 lourds ;  ils  donnent  plus' de  farine  &  de meilleure  
 qualité  que  les  bleds  qui  fi nt  blancs  fous  la dent  ,  
 plus  tendres  &   qui  ont m o is  <Je  denfité.  Lès Romains  
 regardoient  lès  bleds  bl£3cs  d’Italie  ,  qu’ils  
 appelloient Jiligo ,  comme  du  froment dégénéré.  Il  
 falloit que leurs i>/e^valuffent mieux que les nôtres,  
 puifqu’ils  rendoient  en  pain  plus  du  tiéi^  au-delà  
 de  leur  poids *  comme  nous  l’avons  rapporté dans  
 le  Difcours  préliminaire de notre traité  fur les moulins  
 &  la mouture  économique. 
 Les  bleds  de Barbarie  font  glacés,  plus  bruns &   
 moins  blancs que ceux d’Europe  ;  mais ils font plus  
 pefàns  &   plus  fubftantiels. On  les  préféré  à  Mar^  
 feille ,  ainfi  que  ceux  de Tarafcort  8c d’Uzès ,  aux  
 autres bleds de France -, pour faire les pâtes dont nous  
 venons de  parler. 
 Les bleds  de Pologne, au contraire, font blancs 1  
 beaux  à  l’oeil  &  à  la main ;  mais  leur farine ,  plus  
 légère  8c  moins compaâe,  produit  une  nourriture  
 plus  délicate ;  elle en fournit moins  effentiellement. 
 Le  feigle  eft meilleur dans  le  nord que  dans les  
 climats tempérés,  8c  fur-tout dans les pays chauds.  
 Le  feigle  vient  beaucoup  plus  haut  dans  les  pays  
 du nord,  &   la  fariiie  en  èft très-belle. Il en eft de  
 même de  l’épeautre. 
 C’eft  par  cette  raifon  qu’on  cultive  pëu  les fei-  
 gles  8c  l’épeautre  en  Italie,  excepté  nu  pied  des  
 Alpes, tandis qu’ils réuffiffent  parfaitement en Allemagne  
 ,  8c dans  les  pays  froids  8c  montueux  près  
 de  la Savoie. Les  montagnards  fe nourriffent  ordinairement  
 de  feigle. On  a  obfervé  qu’en  France  ,  
 dans les années froides,  comme en  1763 ,  les feigles  
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