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 un «bâtiment, cet a c c e jfo ir e  du fonds fera au légataire,  
 s'il ne  paroît  que  le  teftateur ait voulu révoquer le  
 legs}  & f i ,   par  exemple, un  teftateur  ayant  légué  
 Un  place  à  bâtir dans une ville ,  y  fait une  maifon ,  
 ou fi,  ayant légué .quelque  jardin  , verger ou  autre  
 lieu ,  il  raccommode  d’un  logement,  ces  bâtimens  
 dans  ces  circonftances  feront  au légataire.  Mais s’il  
 avoit bâti dans  un  fonds  légué une maifon  ou d’autres  
 commodités  nécefîaires  pour  une  ferme  à  laquelle  
 il  ioindroit ce  fonds,  donnant  cette  ferme  à  
 un autre  légataire ,  ou la laiflant  à  fon heritier , on  
 jugeroit  par  l’ufage  de  ce  bâtiment  qu’il  auroit  
 révoqué  le  legs. 
 Si pour  l’ufage  d’un fonds dont le teftateur auroit  
 légué l’ufufruit, la fervitude d’un pafiage étoit nécef-  
 faire  fur  un autre  fonds  de  l’hérédité ,  l’héritier ou  
 autre  légataire  à  qui  appartiendroit  l’héritage  qui  
 devroit être  fujet à  la fervitude, la  devroit  fouffrir.  
 Car  le légataire doit  jouir  de  l’héritage fujet à l’ufufruit  
 ,  comme  en  jouiffoit  le  teftateur  qui  prenoit  
 fon pafiage  dans  fon propre  fonds  :  &   cet accejfoire  
 eft tel qu’il eft  de  l’intention  du teftateur qu’il luive  
 le  legs. 
 Si un teftateur qui  avoit deux maifons  joignantes,  
 en légué  une à  un  légataire ,  &   l’autre  à  un autre  ,  
 ou  en  légué  l’une  &   lailfe  l’autre  à  fon héritier  ;  le  
 mur mitoyen de ces deux maifons,  qui n’avoit pour  
 feul maître que le teftateur,  deviendra commun aux  
 deux  propriétaires de ces deux maifons.  Ainfi la fervitude  
 réciproque  fur  ce mur commun  fera  comme  
 tin accejfoire qui  fuivra le  legs. 
 Si de  deux maifons  d’un  teftateur,  l’une laiflee  à  
 l’hérédité  ,  l’autre  donnée  à  un  légataire  ,  ou  les  
 deux  données  à  deux  légataires,  l’une  ne  pouvoit  
 être hauffée fans  ôter le jour de l’autre  ,  ou y  nuire  
 beaucoup  ;  l’héritier  ou  le  légataire  qui  auroit  la  
 première,  ne pourroit la haufler que de  telle forte,  
 qu’il  reliât  pour l’autre  ce  qui  feroit  néceflaire  de  
 jour pour pouvoir  en jouir. Car le teftateur n’auroit  
 pas  voulu  que  fon  héritier  ni  ce  légataire  puflent  
 rendre  inutile  le  legs  de  l’autre  maifon. 
 Le legs d’une maifon  dans la ville n’en  comprend  
 pas  les meubles,  s’ils  n’y   font ajoutés par  le  teftateur. 
  Et le  legs  d’une maifon  de  campagne  ne comprend  
 pas non plus ce qu’il peut y  avoir  de meubles  
 néceflaires pour la  culture des héritages &  pour  les'  
 récoltes. Mais ce  legs  comprend les chofes qui tiennent  
 au bâtiment, comme en  certains lieux les pref-  
 foirs &  les cuves. 
 Le  legs  d’une maifon de  campagne ,  avec ce qui  
 s’y  trouvera néceflaire pour l’ufage de la culture dés  
 héritages  &  pour  les  récoltes,  comprend  les meubles  
 qui peuvent fervir à ces ufages.  Et s’il y  a  quelque  
 doute  de  l’ étendue  que  doit  avoir  ce  legs-,  il  
 faut l’interprêter  par les préfomptions de l’intention  
 du teftateur qu’on pourra tirer des termes  du tefta-  
 ment  &  des circonftances  : &   on peut aufli fe  fervir  
 des  éclairciflemens que pourroit  donner l’ufage  des  
 lieux.  . 
 Si  un  teftateur  avoit  légué  une  maifon  &   tout  
 l’ameublement qui s’y  trouveroit, ce legs compren-  
 droit tout ce qu’il y  auroit de meubles  deftinés pour  
 l ’ameublement de  cette maifon, comme  les lits, les  
 tapifleries,  les  tableaux  ,  les  tables  ,  les  fauteuils  
 &  autres femblables :  mais s’il s’y  trouvoit des tapit  
 fériés ou autres meubles enréferve deftinés, ou pour  
 vendre  ou  pour  l’ufage  d’une  autre  maifon,,  le  
 légataire  n’y   auroit  aucun  droit.  Et  fi  au contraire  
 quelques  meubles  de  cette  maifon  fe  trouvoient  
 ailleurs au tems de  la mort  du  teftateur,  comme  fi  
 des tapifleries  avoient été prêtées ou données à raccommoder  
 ,  ce  qui  feroit  hors  de  la  maifon  pour  
 de telles  caufes  ne laifferoit pas  d’être compris dans  
 le  legs. 
 S i,  dans  le  legs d’une maifon,  le  teftateur avoit  
 compris  en termes  généraux &  indéfinis  tout  ce qui  
 pourroit  fe  trouver  dans  cette  maifon  au tems  de  
 la mort,  fans  en  rien  excepter ,  ce  legs, qui  con-  
 tiendroit  toutes  les  chofes  mobiliaires  ,  &   même  
 l’argent,  ne comprendroit pas les dettes aâives ,  nt  
 les  autres  droits  de  ce  teftateur,  dont les  titres  fe  
 trouveroient  dans  cette  maifon.  Car  les  dettes  8c  
 les  droits  ne  confiftent pas  en  papiers  qui  en  contiennent  
 les  titres  ,  8c n’ont  pas  de  fituation  en  un  
 certain lieu  ;  mais leur  nature  confifte  dans  le pouvoir  
 que la loi donne à chacun  de  les exercer.  Ainfi;  
 les titres  ne  font que  les preuves  des droits,  8c non  
 pas  les  droits  mêmes. 
 Les accejfoires qui doivent  fuivre la  chofe  léguée,  
 ne font jugés  tels que par l’ufage  qu’on  leur donne ,  
 8c non par  leur prix. De forte que Yaccejfoire eft fou-  
 vent  d’une  bien  plûs  grande  valeur  que  la  chofe  
 même  dont il  eft Yaccejfoire ; 8c il ne laiflé  pas d’être  
 à  celui  à  qui  elle  eft  léguée.  Ainfi  ,  par  exemple,  
 des pierreries  enchâflees  dans la boîte d’une montre  
 n’en font qu’un ornement 8c  un accejfoire, mais elles  
 fuivront  les legs de la montre.  (D .   F .) 
 ACCESSOIRE^,  adj. {terme,  de Logique.')  C’eft tout  
 ce  qui  ayant  quelque  liaifon  avec  le  fujet  dont  il  
 s’agit, n’ eft cependant point eflentiel à ce fujet, quant  
 à la maniéré  âûuelle  ae  le  confidérer,  ni néceflaire  
 à  l’intelligence  de  ce  qu’on  en  dit  ;  enforte  qu’on  
 peut le  pafler fous  filence comme non exiftant,  fans  
 altérer l’idée que  l’on doit s’en faire ,  ni diminuer la  
 clarté  du difeours  qui  doit l’expliquer.  Dans ce fens  
 Yaccejfoire  eft  l’oppofé  du  fond  ,  de  l’efîentiel,  du  
 principal  de  la  chofe  dont  il  eft  queftion. 
 Dans l’expofition d’un fujet, on fait fouvent entrer  
 des idées accejfoires qui ne font qu’alonger le difeours,  
 diftraire  l’attention de  ceux qu’on veut inftruire,  8c  
 donner  le  change  à  des  efprits  peu  juftes qui prennent  
 Yaccejfoire  pour  le  principal,  8c  ne  retiennent  
 rien de  ce qui  devoit  les mettre  au  fait  du fonds  de  
 la  chofe. 
 Dans les difputes ,  il arrive fouvent que l’on attaque  
 Yaccejfoire,  8c  que  l’on  perd de  vue  l’eflentiel. 
 m m »   . A CC IA C A TU R A ,  (Mufique)  ce mot italien qui  
 n’a ,  que je fâche ,  aucun eorrefpondant  en  françois  
 fignifie  un agrément qui ne peut avoir  lieu que dans  
 l’accompagnement du  clavecin,  ou quand  celui-ci a  
 une  partie  obligée  à  exécuter  où  il y   a  des  arpeg-  
 ges.  L’dcciacatura  confifte  à  frapper dans un accord  
 une  ou  plufieurs  notes  qui  n’y   appartiennent  pas,  
 mais qui fe trouvent entre les notes qui font l’accord.  
 On  comprend  aifément  qu’il  faut  avoir  des  doigts  
 de  refte ,  &   qu’il  faut  d’abord  laifler  échapper  les  
 notes  qui  font  l’dcciacatura.  Il me  femble  qu’on ne  
 doit  faire  aucun agrément  dans  raccompagnement,  
 il n’eft fait que pour faire valoir la partie principale,  
 comme l’obferve M. Roufleau dans l’article Accompagner. 
   Voye£ Yacciacatura ,  fig.  13  ,  planche I. de  
 Mufique  dans  ce  Supplément. 
 D’autres  appellent  encore  a c c ia c a tu r a  ,  lorfqu’à  
 une  cadence  parfaite on double  l’accord dé ■£ qui fe  
 trouve fur la dominante,  c’eft-à-dire qu’on le prend 
 des deux mains 8c qu’on ne prend l’accord de yfuivant, 
 que de la main  droite.  Voye^ fig,  14. (F. D . C.) 
 A CC ID ENT , A cc id ent el ,  (M u f i q u e . )  On appelle  
 a c c id e n s  ou lignes  a c c id e n t e ls  les bémols, die fes  
 ou  béquarres  qui  fe  trouvent  par  a c c id e n t   dans  le  
 courant d’un  air,  &  qui  par  conféquent n’étant pas  
 à  la  c le f ,  ne  fe  rapportent  pas  au  mode  ou  ton  
 principal. Voye^ D ie se , BÉMOL,  Son ,  ( Mufique. )  
 dans  le  D i c t io n n a i r e   d e s   S c i e n c e s ,  &c, (<£). 
 Accident , ( Méthaphyfique) ce mot fe  prend en  
 différens fens par les philosophes. 
 l ° f  Dans  fon  acception  la  plus  générale  ,  il  
 défigne 
 A  C  C 
 défigne  tous  les modes ou  les maniérés d’être d’une  
 chofe ,  par  oppofition  à  la  fubftanee  confidérée ab-  
 ftra&ivement. C ’eft dansce fehs qive les Ariftotéliciens  
 emploient  le mot accident lotfqu’iTs divifent  tous les  
 êtres en  fubftances  &   accidens.  C’eft  aufli  dans  ce  
 fens que W olf &  fes difciples s’en  fervent,  renfermant  
 fous  ce  mot  les  modes  &   les  attributs  des  
 fubftances. L’accident,  dit W o lf, Phil. prima § . 779»  
 eft  tout'  eé qu’on  ne fauroit  attribuer à  un  fujet fans  
 fuppofer  auparavant  quelque  chofe  dans  ce  fujét.  
 Or  il  faut  toujours  fuppofer  l’exiftencè  du  fujet ;  
 avant  que  de lui  attribuer quelque maniéré  d’être ,  
 &   cette  exiftence Ou cette fubftanee delà  chofe, eft  
 la  feule  idée  qu’il  faille  néceflairement  fuppofer.  
 C ’eft-là  aufli  l’idée' que  Locke  en  donne  dans  fon  
 Effaifur C entendement humain, liv. II. chap. 23. Avec  
 quelque  foin  ,  dit-il: ,  que  nous fafîions  l’analyfe  de  
 l ’idée  que  nous  avons de  la fubftanee, nous  devons  
 toujours  reconnoître  que  nous. n’en  avons  point  
 d’autre  que  celle ‘de  je  ne  fais  quel  fujet  inconnu,  
 que  noti-s fuppofons  être  le  foutien  des  qualités  qui  
 font  capables-  d’exciter  en  nous  des  idées' Amples ;  
 qualités  qu’on  norrîme  communément  des  accidens.  
 Le pere  Buffier,  un  des métaphyficiens qui a  le plus  
 Amplifié  les  idées abftraites,  &  qui me paroît avoir  
 pour l’ordinaire répandu l:e plus de jour fur ces objets  
 ©Meurs  ,  eft  dans  les mêmes idées  à cet  égard  que  
 les philofophes que nous  venons de  citer  :  il prend  
 aufli  le mot accident dans ce fens  général,  peut-être  
 même  lui  donne-t-il plus  d’étendue  encore,  Traité  
 des  premières vérités  ,  parti I I .  chap.  21  ,  §.334.  Je'  
 cherche ic i, dit-il, quelles  idées  l’efprit humain peut  
 fe  former  naturellement  fous  ces  termes  fubfiance  
 &  accident. Après y  avoir penfé,, je n’ai pu rien concevoir  
 par  fubftanee,  fînon  ce  qui'répond  à  l’idée  
 d’être ,  que je dépouille  de  toutes modifications ou  
 maniérés d’être, pour le confidérer feulement en tant  
 «pie  fnfeeptible  de  ces  modifications  otr  maniérés  
 d’être.  La  fubftanee  donc  ,  confidérée  précifément  
 en  tant  que  fubftanee  ,  n’eft  qu’une  idée  abftraite ;  
 car il  n’éxifte  point  naturellement &  réellement  de  
 fubftanee qui ne foit que fubftanee, fans être revêtue  
 de  fes modifications,  lèfquélles  ,  fuivant  les  idées  
 que  nous  en  poüvons  naturellement avoir,  ne font  
 que la fubllànce confidérée  par  fes  divers  endroits.  
 C ’eft ce qui  s’appelle tantôt des qualités',  tantôt des'  
 modes  ou des modifications,  tantôt des  attributs  ou  
 adjoints ,  tantôt  des  eirconftances  ou  accidens  de  la  
 chofe. 
 Dans c e  premier  fens  du mot accident,  oppofé  à  
 celui de  fubftanee,  il paroît que nous ne  connoifions  
 dans  chaque  chofe que les accidens ; &  que l’îdée de  
 la  fubftanee,  n’eft  dans  le  fond  que  la Ample  idée  
 abftraite  de Fexiftenée :  fous  ce point de vue il faut  
 prendre garde de ne pas  confondre la fubftanee avec  
 rèflfencé  ;•  car  dans  Pidée  de  l’effence  réelle  d’une  
 chofe  ,  entre  néceflairement  celle  des  attributs  ,  
 modifications,  maniérés  d’être  &  celle  de  tous  les  
 accidens effentiels  de cette  chofe  ;  au  lieu que dans  
 l’idée dé fubftanee  telle*que  nous  la  cônfidérons  ici,  
 par  oppofition aux  accidens,  nous  ne  pouvons  rien  
 diftinguer que la feule idée d’exiftence,  puifque nous  
 en  féparons  celle  d’e  toute  efpece  de  modification.  
 Une  autre  attention  qu’il  faut  avoir  en  traitant de  
 la  fubftanee  &   dès  accidens,  confifte  à' fe  fouvenir  
 que  ce  font ici  des  idées  abftraites ,  qui n’ont point  
 hors de  nous  d’objet  réel eorrefpondant,  &  exiftant  
 » p a r t,  comme  exiftent  à part dans  l’écriture ou. le  
 difeours  les mots  accident  &   fubftanee-.  En  effet,  
 nulle fubftanee n’exifte qu’elle n’exifie d’une certaine  
 maniéré ,  avec telle modification,  qualité, attribut,  
 relation.  Nulle  maniéré  d’être ,  nul  attribut,  nul  
 accident ne peut exifter fans une  fubftanee dont il  eft  
 1 accident,  la  modification.. Les « c a g o u l e s  mo- 
 1 0111e  I , 
 A C C  113 
 dtficatrons ne font  donc  réellement que la  fubftanee  
 elle-même modifiée ;&  la fubftanee  n’eft. réellement  
 ^Iue  l’être  même  modifié de  telle ou  telle maniéré.  
 La fubftanee ne peut donc pas exifter fans  accidens,  
 ni  les  accidc/ïs  fans la  fubftanee.  Je  ne  nie  pas  cependant  
 qu’une'fubftanee  ne  piriflè  exifter  dans  un  
 lien  ,  fans  que  j’en  âpperçoive  les  accidens.  Si  la  
 lumière  eft  un  être  répandu par  tout dans l’efpace,  
 mais  dont  l’effet  lumineux  ne  fe  fait  appercevôir  
 qu autant  que  cet  être  reçoit  tin  ébranlement  qui  
 parvient  jufqu’à mes  y e u x ,  cette  lumière  exiflera  
 autour  de moi fans que j’en âpperçoive  les accidens,  
 auffi  long- tems  qu’il  m’agiront  pas  fur mes  yeux ;  
 mais-la  fubftanee  de cette lumière  n’exiftera'pas fans  
 les  accidens.  La  forme de  fes  parties,  leur pofiriori  
 refpeffive  ,  fubfifte  avec  la  fubftanee,  quoique  
 je  ne  l’apperçoive  pas  ;  car  fi  une  fubftanee  exi-  
 ftoit  quelque  part  fans  fies  propres  accidens,  mais'  
 avec  ceux d’une autre,  elle ne feroit plus  telle  fub-  
 ftance  que  l’on  annonçoit d’abord ,  mais elle  feroit  
 la  fubftanee dont  elle  auroit  fes  àccidens,  puifque  
 lés accidens né  font que la  fubftanee modifiée,  c’eft-  
 à-dire  un  être .qui exifte de telle manière.  Un  cercle  
 ne peut  pas  exifter cercle  &   avoir 1 es. accidens d’un  
 triangle ;  car fi Pefpece  renfermée  dans  la  circonférence  
 a les accidens à\m triangle  ,  c’eft un triangle 8c  
 lion pas un cerclé.  Si  ce  qui. exifte  en  tel  lieu  a  les  
 accidens  d’une  pierre,  ce' rt’eft. pas  de  l’or c’eft une  
 pierre.  MrJ ; ,  dira-t-ôn  ,  la  toute-puifiance  divine  
 ne  peut-elle  pas  faire  que  de  l’ or'  exifte  avec  les  
 accidens  cf’tme  pierre  ,  enlbrté  que  les  accidens  de  
 l’or  8 tla  fubftanee  de  la pierre  fo'ient anéantis,  8S  
 qu’il n’exifte  plus  dans  ce  lieu  que  la  fubftanee  de  
 Par &  les accidens  de  fa pierre? Je  me  garderai  bien,  
 de'dire,  la toute-puifiance' peut ou ne peut pas faire  
 une  telle tranfmutafion ; mais je dirai toujours.  r°. Il  
 rfy a  point  d’accidens là  où  rien  n’exifte.  i ° .  Rien  
 n’exifte là où il  n’y  a- aucune maniéré  d’être ,.  aucun  
 accident.  30.  Les accidens qui exiftent  ne  font  que la  
 fubftanee même modifiée. 40.  Ce  qui  conftitue  Pef-  
 fence  d’une  fubftanee,  c’eft la' manière  d’être, ou.la  
 réunion de  fes aàcidens.  50.  Ce font les accidens feuls  
 d’une  fubftanee qui pour moi conftituent un tel être,  
 8s nom un autre.  Là- où il n’y  â que  les accidens d’une  
 pierre  ,  il  n’y  a pour  moi'  qu’une  pierre ,  8s  il  eft  
 impoflible que' j’y  conçoive autre chofe qu’une pi erre,  
 enforte que fi  là  où exiftoit  un  morceau d’o r , c’eft-  
 a-dire un être dont l'est accidens font ceux de l’o r ,  on  
 fait  exifter  fes  accidens  d’une  pierre  ,  cet être n’eft  
 plus pour moi de l’o r , c’ëft une pierre. Je  terminerai  
 ces  réflexions par  la  penfëe  du pere Buffier:  la  rao-  
 j dificatiom  de  la  fubftanee  n’étant  que  la  fubftanee  
 même  modifiée  ,.  demander  fi  la  modification  peut  
 fe  trouver  fans  la  fubftanee  ,  c’eft  demander  fi  la  
 modification  peut  être  fans  la'  modification  ,  fi  la  
 fubftanee peut fe trouver fans la fubftâncè.  Chap.  21  
 de la II. partie,  §.3 3  8. 
 2°.  Pour répandre plus de jour fur cette matière,  
 il faut confidérer que le  terme accident fe prend fou-  
 Vënt  dans  un  fens  plus  reflreint,. pour defigner les  
 attributs non  effentiels  d’une  chofe ; c’eft-à-dire ces  
 qualités,  attributs  ,  modifications, maniérés d’être,  
 fans lefqüelles une chofe refte la même pour le. fond.  
 Le mouvement dans Une boule d’o r, peut, continuer ,  
 ce fier, fe-ralentir, s’accélérer, changer  de direction,  
 fans  que pour cela  cette  boule  cefle d’être  une telle  
 boule d’or.  Du papier peut être b leu,  blanc ,  rouge  
 ou noir fans ceffer d’être du papier. On peut nommer  
 ces .maniérés  d’être  modifications  accidentelles.  Une  
 chofe peut exifter fans telle  ou  telle modification  de  
 cette  e f p e c é la   recevoir  ou- la  perdre  fans  ceffer  
 d’être  la même  fubftanee. 
 Si au contraire  la modification à  laq'uellé je penfe  
 fait partie de  ce  qui  eft  eflentiel à la chofe,  celle-ci  
 P