des plus grands artiftes. Nous en avons une preuve
dans le tableau de la Nativité de la Vierge, qui
eft à l’Ànnonciade de Piftoie. C igo li, qui en eft
l’auteur, a fi bien ménagé fes teintes , fit bien conduit
fon pinceau , & fi bien diftribué les jours ,
qu’il eft fort fupérieur dans cet ouvrage, à de^ célébrés
peintres Lombards. Il y a dans la Cathédrale
de V enife, un tableau de Belluzzi qui produit un
fi grand effet de clair-obfeur ; & dans le refefloire
des moines de Saint-Jean de Verdara , à Padoue ,
Verotari en a fait un où l’on voit un fi beau mélangé
de couleurs, & un accord fi parfait, que pour etre
mis au rang des morceaux les plus excellents d’Italie,
il ne manque à ces deux ouvrages que d’être faits
par des artiftes d’un nom plus connu.
Les jeunes gens dont feroient compofées les di-
Verfes colonies de l’academie de Rome, parcour-
roient toute l’Italie , pour y chercher ce qu’il y
auroit de meillëur : & pour le faire connoître au
public. Ces précieufes découvertes réveilleroient
le génie de ceux qui les auroient faites, & ren-
droient leur imagination plus féconde. Outre l’avantage
que ces élèves en retireroient, cela pourvoit
contribuer à la fatisfaftion du ro i, & produire
beaucoup d’utilité à la France. Le roi retenant pour
fon cabinet les defîins des morceaùx les plus rares
en tout genre, qui font épars dans toute l’Italie,
rieii ne l’empêcheroït de faire diftribuer dans les
églifes de fon royaume, les copies des plus beaux
tableaux Italiens. Alors le bon goût ne feroit pas
uniquement concentré dans la capitale ; ilfe répan-
droit dans toutes les provinces, d’une mer à l’autre,
des Alpes aux Pyrénées. Tels devroient être les
voeux des François, qui aiment leur patrie & les
Arts.
Académie des arts établie en Saxe en 1765.
L ’élefleur de Saxe, fils & fucceffeur d’Augufte III,
avoit formé le deffein d’établir dans fes états une
académie des Arts ; mais fa mort prématurée l’ayant
empêché d’exécuter ce projet utile, le prince Xavier,
fon frere , adminiftrateur de l’éleflorat, & l’élec-
trice douairière le remplirent en 1765. Cette académie
embraffe l’Architeflure , la Peinture, la Sculpture
& la Gravure ; fes membres font tous profefi
feurs, & ils ont été divifés^en trois corps , dont
l’un eft établi à D refde, l’autre à Leipfick, & le
troifieme à Meiffen. Ces trois corps , indépendamment
d’un direfleur général, ont chacun un directeur
particulier.
Académie de musique , ( Afo/%.) C’eft ainfi
qu’on appellok autrefois en France , & qu’on appelle
encore Italie , une affemblée de muficiens ou
d’amateurs à laquelle les François ont depuis donné'
le nom de concert. Voyez Concert ( Mujique. )
dans le Dictionn. des Sciences, &c. (6 . )
Académie royale de marine établie à Bref :
elles tient fes féances dans une falle de l’arcenal
deftinëe à cet effet.
Sa formation ancienne , fous la dénomination
d’académie de marine , eft due à ce que plufieurs
officiers de la marine du département de Breft,
engagèrent M. Rouillé , alors mirtiftre de la marine
, à repréfenter au roi que l’extrême envie
qu’ils avoient d’acquérir ou perfectionner toutes les
connoiffances convenables à leur état , les avoit
déjà portés à établir entr’eux des conférences, oit
ils examinoient & difeutoient fouvent, avec allez
de fuccès , les différentes parties des Mathématiques
& de la Phyfique., qui ont rapport à la Navigation ;
mais que l’utilité de ces conférences deviendroit
plus fenfible, s’il plaifoit à S. M. d’autorifer les affemblées
de cette académie naiffante , & lui preferire
des réglés, qui, en déterminant plus particulièrement
fon objet, hâteroient fes progrès & rendroient
fa forme plus ftable. D ’après ces. humbles repré^
fentations, S. M. chargea M. Rouillé d’ordonner,
pour ladite Académie de marine, les trente - cinq
articles qui conftituent fon premier réglement, daté
de Compiegne du 30 Juillet 1751.
Par le premier, l’académie eft mife fous la protection
du fécrétaire d’état ayant le département
de la marine.
L’académie étoit compofée de foixante & quinze
académiciens, dont dix honoraires, choifis parmi
les principaux officiers de la marine, & parmi les
perfonnes recommandables par leur intelligence dans
les Mathématiques,Phyfique, ou connoiffances utiles
à la marine , & dans ce nombre devoit toujours être
compris le commandant & l’intendant de la mariné
du port de Breft ; dix académiciens libres , qui font
des perfonnes de mérite attachés ou non à la marine,
jugés utiles à l'académie par leurs connoiffances ou
correfpondance; trente académiciens ordinaires, tous
attachés au fervice de la marine, dont moitié environ
du département de Breft ; vingt-cinq adjoints, également
attachés au fervice de la marine, dont environ
quinze du département de Breft ; le nombre
des correfpondans n’eft point limité.
Les places vacantes font remplies par la voie du
ferutin, d’après les ordres du rniniftre auquel IV
cadémie doit préfenter deux fujets pour une place >
& il nomme celui qui doit être admis.
Perfonne ne peut être propofé s’il ne s’eft fait
connoître à Y academie par quelqu’ouvrage qui justifie
les connoiffances , principalement dans les
Mathématiques ou autres parties relatives à la
marine. |
Les officiers dont l’exercice eft annuel & qui
doivent être de la claffe des académiciens ordinaires ,
font : le dire f le u r , qui préfide aux affemblées ; le
vice-direfleur, qui préfide en l’abfence du direct
teur ; le Secrétaire, chargé des regiftres, effets, & de
l’emploi des fonds fur les délibérations de l’<zc*z-
demie, de la correfpondance, &c. ; le fous-fecré-
taire , qui l’aide dans fes fonflions , & le remplace
en cas a’abfence. L’éleflion s’en fait en décembre
pour l’année Suivante, & ils peuvent être continués,'
à l’exception du direfleur qui ne peut rentrer en
charge qu’après une année ^’intervalle.
Les féances fe tiennent le jeudi de chaque Semaine
, & s’il s’y rencontroit une fê te , ce feroit
le vendredi. Il n’y a de vacance que depuis Noël
jufqu’aux Rois , & pendant la quinzaine de Pâques.
Il étoit recommandé aux académiciens qui avoient
commencé le travail d’vmdiflionnairede marine, de
s’appliquer à fa continuation, & à le rendre aulîi
complet qu’il feroit poffible. Au refte, leur indication
de travaux étoit l’application aux parties
des Mathématiques, qui ont un rapport dire A à la
marine , & l’exhortation d’étendre leurs recherches
Surtout ce qui peut être utile ou curieux dans les
autres parties des Mathématiques & de la Phyfique,
relativement aux Arts , auffi-bien qu’à l’Hiftoire
naturelle.
Le roi avoit accordé des fonds annuels pour achats
de livres, inftrumens, &c.
Les affemblées ont eu lieu jufqu’à ce que la guerre
difperfant les membres, elles vinrent à ceffer, les
fonds ne furent plus continués, & elle tomba dans
une efpece d’abandon. A la fin de la guerre au lieu
de reprendre vigueur, la difperfion ou mort de
plufieurs membres, produifit un anéantiffement qui
fut la caufe de la perte de nombre de mémoires
& ouvrages précieux dans ffifférens genres. Enfin
en 1769 M. lç duc de Praflin s’étant fait remettre
fous les yeux le principe de cet établiffement, &
en ayant reconnu l’utilité en rendit compte à S. M.
qui en ordonna Je rétabliffement fous le titre d’a-
cadémie royale de marine, & expliqua fes intentions
en lui donnant un réglement date de Verfailles le
24 Avril 17,69, lequel contient, comme l’ancien,
trente - cinq articles.
La plupart des anciens membres exiftafits ont été
rappelles , & il en a été établi de nouveaux pour
completter le nombre de foixante académiciens ;
fa voir : dix honoraires , dix affociés, vingt académiciens
ordinaires, & vingt adjoints.
Le premier article du réglement continue de
mettre X académie fous la proteflion du fécrétaire
d’état ayant Je département de la marine.
La formation d’un difliônnaire de marine eft principalement
recommandée , comme dans le.premier
réglement, même indication de travaux, même
police ; ôc le roi a accordé des fonds comme ci-
devant.
Le mouvement continuel occafîonné par ce genre
de fervice , rendant les affemblées très-peu nom-
breufes, vers la fin de 1770 cette académie demanda
une augmenta tion de dix membres, fa voir .: cinq
dans la claffe des académiciens ordinaires j & cinq
dans celle. des adjoints , ce qui lui a été accordé
l’année fuivante.
Le defir d’être utile au corps entier de la mariné ,
l’a déterminée à permettre trois jours dans. Iafemaine
l ’entrée dans fa bibliothèque., afin que chacun pût
profiter de" l’avantagé de faire les recherches que
l’envie de s’inftruire, ou même la çuriofité, peuvent
faire defirer. -
Les travaux fe font principalement tournés vers
la formation du difliohnaire & vers les recherches ôc
les expériences vraiment utiles auxquelles fes membres
fe livrent avec afiîdiiité ; ce qui fait concevoir
l’avantage d’un établiffement qui a pour but la per-
feflion d’un art effentiel à la grandeur de l’état, & ;
3a fureté de ceux qui l’exercent. {Cet article nous
a été envoyé par un membre de cette Académie. )
* Académie d’Histqire, depuis l’établiffement
de Xacadémie del Cimento jufqu’à nas jours, il n’y a
point de pays un peu civilité où fous le titre d’aca- '
démie des Sciences, àéinjlitut , àefociété royale y ou
autre femblable, les princes n’aient formé des compagnies
favantes dont le principal objet eft d’obferver
les diverfes opérations de la nature, de recueillir les j
phénomènes dont la certitude eft le mieux fondée,
& de travailler à l’accroiffement des fciences naturelles.
Mais aucun pays , aucun prince n’a encore
penfe a fonder une académie d’HiJloire dont le but
principal fût d’obferver avec foin les différens états
de la nation , de tranfmettre à la poftérité les évë-
nemens avec la vérité la plus fincere , & de perfectionner
la fcience de la morale & de la légiflation,
dont l’unique bafe font les faits hiftoriques, comme I
les phenomenes naturels le font de la Phyfique. Mais
la connoiffance des premiers eft d’autant plus utile
qu’il importe bien davantage à un. état de favoir
quelles font les meilleures loix, pour bannir la pareffe
& pour infpirer aux citoyens l’amour de la patrie
& de la v ertu, que de favoir quelles loix obfervent
dans leurs mouvemens les quatre fatellites de Jupiter.
Pourquoi donc abandonner indifféremment au premier
venu le foin important d’écrire l’hiftoire, que
Ion a raifon d’appeller Yoeil de Vavenir, ainfi que du
paffé, & le flambeau de la vie ? Pourquoi ne pas
ftuvre l’çxemple des Chinois qui ont fi fort excellé
dans la morale & dans la légiflation ? Ils ont fondé
un tribunal d’hiftoire où l’on tient regiftre de tout
ce qui arrive fous le régné de chaque empereur,
avec la meme exactitude qu’on marque dans nos
académies les appulfions de la lune aux étoiles ■> les
eclipfes & tout ce qui arrive dans le ciel. Après la
mort de l’empereur , cela fe divulgue pour fervir
dinftruftion à fes fucceffeurs., & de réglé à la félicité
publique. Dans plufieurs états de l’Europe il y a
P^ces d’hiftoriographes & des chaires publiques
dhiftoire. C’eft un commencement de Y académie
d’RiJloire qu’on propofe ; il feroit ailé détendre ces
commencemeiis & d’en former un établiffement fixe
dont on pourroit tirer de grands avantages pour la
bonne adminiftration des ctats & le bonheur du
peuple qui doit toujours être la loi fuprême. Nous
obfervérons.cependant que la connoiffance descaufes
morales ne demandant pas tant de fagâcité que là
connoiffance.des câufes naturelles, l’Europe n’a peut-
être pas befoin pour les premières d’une académie
de fàvans , ou d’un; tribunal de mandarins néceffajre
a la Chine., où l’efprit humain pàroît être moins
aflif. P ’ailleurs cette dofe de liberté qui entre dans
plufieurs gouvei'nemëns de l’Europe j porte natu-
rellernent tout homme à rechercher les vraies, caufes
des faits hiftoriques, & à les publier ; ce qui fe peut
fans danger, en Angleterre fur-tout où, l’on jouit
toujours de çes temps heureux que iesRomains eurent
fous Trajan ; au fieu qu’à la Chiné, où le défpotifme
a érigé fon trône , perfonne n’oferoit parler le lan-»
gage de la vérité , fi err vue du bien public le gouvernement
n’ayoit pas accordé ce privilège à un
tribunal, devant lequel lés empereurs font cités après
leur mort. Ainfi -, ce qui , au premier coup d’os il ,
paroit à la Chine le plus haut période où puiffe être
portée la légiflationy h’en eft peut-être que le cor*
rëflif. Soit : mais n’avons-nous pas befoin de çe cor-
reflif, dans plufieurs dé n°s gouverne mens d’Europe,
OÙ la vérité n’eft que trop fouvent tenue captive ,
& o îf le défpotifm e foufd & caché n’en eft -que plus
arbitraire, au lieu que celui de la Chine, eft vraiment
un défpotifm e légal ? Foye^les OEuvres du comté,
A l g a r o t t ï , "
Académies ( Avantages des)-. C ’eft ici le lieu
de placer quelques obfervatiôns fur ce qu’on petit
regarder aujourd’hui comme le but principal des
académies, Sç comme leur effet le plus avantageux.
M. Eormey à traité cette matierè en deux difeours
qui fe trouvent dans les tomes XXIII & X X IV dé
XHiftoire de P académie de Berlin. Après avoir rappelle
cê que fit Charleffiagne, il continue en çes
ternVeis.1
« Je ne puis m’empêcher dé produire un échantillon
du ton qui régnoit alors dans les converfatiôns
des fa vans appellés à la Cour, où ils avaient l’hon^*
neur d’approéher des plus grands princés , dé vivre
familièrement avec eux , & dé leur faire paffer, de
l’aveu de ces princes mêmes, les meilleurs momens
de leur vie. Conrad III. empereur d’Allemagne ,
mort à la diète de Bamberg , le 13 de février 1 15 2 ,
avoit des connoiffances & du goût pour les lettres.
Pierre Diaçre,; moine du Mont-Caffin, lui dédia uii
ouvrage qu’il avoit fait fur des abréviations fort eii
ufage dans l’ancienne écriture ; & dans fa dédicace j
il exalte beaucoup les foins que ce prince fe donnoif
pour former une bibliothèque , & pour raffembler
en particulier tout ce qui regardoit les livrés facrést
On s’entretenoit beaucoup de littérature à fa table*
L’abbé Guibald, qui y occupoit une place diftinguée,
& comme favant & comme homme d’état, rendoit
compte d’unexle ces converfations à un de fes cor»
refppndans , ad Manegoldum, magijirüm fchoix , &
voici fes propres termes : Mirabatur dominus nofler7
Conradus rex, quee à literatis yeflris dicebancur, &
probari nonpojfe hominem eJJ~e ajinum, aiebat. Diceiairi
ei kde in rerum naturafierinon pojfe ^fed ex conceflioné
indeùrminata nafeens à vero mendacium falfa conclu*
clitfione adfringi. Cum non intelligent, riftculq mm