tiges cylindriques , longues d’un pied à tin pied &
demi, marquées de quinze à vingt articles qui indiquent
le lieu où étoient attachées autrefois les feuilles
: celles-ci font au nombre de trois à cinq , fort
ferrées vers le bout de chaque tige où elles font difpofées
alternativement : elles font elliptiques, mé-
diocrement pointues aux deux extrémités, longues de '
quatre à cinq pouces, une fois moins larges, entières,
graffes, c’eft - à - dire, épaifles, entières, Mes, relevées
en-deffous d’une «erv-ure longitudinale fans
côtes latérales, & portées horizontalement fur un
pédicule court qui forme en-bas une gaine courte
autour de la tige.
C’efl: dans l’aiffelle dés feuilles fupérieures feulement
que font placées les fleurs: elles reffemblent à
celles du bantiala.
Qualités. Les fourmis qui habitent le tubercule du
iihuta font noires & d’une autre efpece que celles
du bantiala. _ B
Remarques. Ces deux plantes , quoique très - différentes
au premier abord par l’apparence de leurs
tiges, confidérées enfuite dans lès détails de leurs
feuilles & de leurs fleurs , font fenfiblement de même
genre ; & en les comparant à tout ce qui eft-connu,
pn voit qu’elles doivent former un genre nouveau &
voifin de la zannichellia & du faururus dans la première
feétion de notre cinquante - lixieme famille
des arons qui comprend les plantes qui ont un calice
& plufieurs ovaires.
Il y à apparence que ce genre de plante fe multiplie
& s’attache aux arbres par une efpece de glu
qui enveloppe fa graine comme dans le gui du chêne,
quoique Rumphe n’ait point vu ces graines ; & que
ce n’eft que lorfque le tubercule de fes racines a
commencé à prendre une certaine groffeur, que les
fourmis y pénètrent, y occafionnent, hors de fes
vaiffeaux rompus , un épanchement irrégulier de
fucs qui forment une mafle charnue dans laquelle
elles percent & pratiquent leurs galeries. ( M.
A d a n s o n . )
* BANTRAN & B à n t r e t -y a i , ( Géogr. ) îles
d’Afie ; elles font dans la riviere de Menun , au
royaume de Siam, fuivant la Loubere, qui leur
donne 120 degrés S5 minutes de longitude &C 13 degrés
■ S minutes de latitude boréale. Elles n’ont chacune
qu’un village ou hameau qui porte le nom de
l’île où il eft.
§ BAOBAB, f. m. ( HLJl. nat. Botanique. ) nom
Ethiopien d’un arbre originaire du Sénégal, où les
peuples Oualofs l’appellent goui, & fon fruit boui.
Les François, habitans du Sénégal, appellent cet
arbre calebafp.tr, & fon fruit pain de finge, félon
le P. Labat. Thevet le défigne dès l’année 15 5 5
fous le nom d’arbre du Cap-Verd. Profper Alpin en
donne une figure fort mauvaife à feuilles {impies,
fous le nom dé baobab & bahobab, qui fe trouve
aujourdhui corrompu fous ceux de boabab & bohabab
dans nombre de dictionnaires. Scaliger l’appelloit
guanabanus. L’Eclufe, Clupus, abavo & abavi. M. de
Juflieu , pour me conferver & m’identifier, pour
ainfi dire, la découverte que je fis des fleurs & des
caraâeres botaniques de cet arbre , dont je lui envoyai
la defcription dès l’année 1749 , le défigna
dès-lors, dans les démonftrations botaniques du
jardin ro y a l, fous le nom d’adanfona, que M. Linné
-changea enfuite en celui d’adanfohia, 1 digitata.
Voye£ fon Syfiema naturce, édition in-tx, intprimée en
1 y6y^ page 4-56, j’en ai lu à l’Académie en 1756,
la defcription qui a été imprimée dans le volume de
fes mémoires, pour l’année 1761 , page 21S , avec
des figures complettes de toutes fes parties , planches
V I & P I I , fous fon ancien nom de baobab.
Cet arbre eft fans contredit le plus gros, non pas
de tous ceux qui font cités dans les livres anciens
ou dans les relations des voyageurs j ttiàis de tÜiTS
ceux qui ont été bien vus & bien conftatés e-xiftans
de nos jours par des botaniftes fuffifam,ment éclairés»
Lorfqu’on le regarde de près il paroît plutôt une
forêt qu’un feul arbre. Son tronc n’a que 10 ou 12
pieds de hauteur, fur 75 à 77 pieds & demi de circonférence,
c’eft-à-dire 25 à 27 pieds de diamètre.
11 eft couronné par un grand nombre de branches
extrêmement greffes, longues de 50 à 60 pieds, dont
les plus baffes s’étendent prefqu’horizontalement &
touchent quelquefois par leur propre poids jufqu’à
terre, de maniéré que, cachant la plus grande parti©
de fon tronc, cet arbre ne paroît de loin que fous là
forme d’une mafle hémifphérique de verdure , d’environ
120 à 150 pieds de diamètre , fur 60 à 70 pieds
de hauteur»
Aux branches de cet arbre répondent à peu-près.
autant de racines, prefqu’aufli greffes, mais beaucoup
plus longues. Celle du centre forme un pivot
femblâble.à un gros fufeauqui pique verticalement
à.une grande profondeur, pendant que celles des
côtés s’étendent horizontalement & tracent près de
la fuperfîcie du terrein. J’en ai vu une qu’un courant
d’eau avoit découverte dans l’efpace de plus de
110 pieds, & il étoit facile de juger , par fa groffeur
à cet endroit, que ce qui reftoit Caché fous terre
avoit encore au moins 40 ou 50 pieds de longueur,
& cependant l’arbre auquel appartenoit cette racine ,
n’avoit qu’une groffeur médiocre relativement aux
autres.
L’écorce qui recouvre fes racines eft brune couleur
de rouille. Celle du tronc eft gris-cendré, liffe , lui-
fante, très-unie & comme verniffée au-dehors ; lorfqu’on
l ’enleve, on voit qu’elle a huit à neuf lignes
d’épaiffeur & qu’elle eft au-dedans d’un verd picoté
de rouge : celles des jeunes branches de l’année eft
verte & parfemée de poils fort rares. Le bois de
l’arbre eft affez blanc & extrêmement tendre , encore
plus que celui du marronnier, du faule & du peuplier*
Ce n’eft que fur les jeunes branches de la derniere
pouffe, que l’on voit des feuilles ÿ elles font difpofées
alternativement & circulairement, au nombre de
huit à douze fur toute leur longueur, à des diftances
peu confidérablesi Elles ' font digitées , c’eft-à-dire
compofées de trois à fept folioles, mais plus communément
de fept folioles, difpofées en maniéré d’éventail
comme celle du marronnier, hippocafianum,
fur un pédicule commun, cylindrique, de même
longueur qu’elles qui les porte étendues horizontalement
fur le même plan que lui. La plus longue
de ces folioles a'environ cinq pouces de longueur &:
prefque deux fois moins de largeur; elle eft placée à la
partie antérieure de l’éventail : celles qui l’avoifinent
diminuent par degrés, jufqu’à celles qui font les plus
proches du pédicule & qui font une fois plus petites.
Toutes ces folioles font elliptiques, pointues aux
deux extrémités , médiocrement épaifles, liffes,en-
- tieres, fans aucune dentelure dans leur contour
d’un verd gai en-deffus & pâle en-deffous, où elles
font relevées d’une nervure longitudinale, qui fe
ramifie en jhuir à douze paires de côtes alternes.
De l’origine du pédicule des feuilles, fortent deux
petites ftipules en écailles triangulaires, deux fois
plus longues que larges , vertes, attachées aux branches
qu’elles quittent prefqu’auflitôt que la feuille
s’eft épanouie. Ces feuilles, avant leur développement,
font pliées dans toute leur longueur en
autant de doubles qu’elles ont de folioles, & font
rapprochées ainfi toutes droites fur leur pédicule en
face les unes des autres, fans aucune forte d’enveloppe,
de forte que les bourgeons nuds de cet
arbre font, comme la plupart des arbres de la zone
torride, exception à la réglé générale que les botaniftes,
qui nç font pas fortisde l’Europe, ont établie ^
B A O
que tous les arbres & àrbrifféaux font gemmipares ;
c’eft-à- dire portent leur feuilles avant leur épanouif-
fement, enveloppées d’écailles fous la forme de
boutons , ce qui n’eft vrai que pour lés arbres de
nos climats froids, & qui fe dément tous les jours
danS ceux des climats les plus chauds; Il eft encore
néceffaire de faire,remarquer ici qu’il y a une différence
fenfible entré les feuilles des vieux arbres &
celles des mêmes arbres , lorfqu’ils commencent à
lever de terre. Dans ces derniers elles font ordinairement
folitaires , prefque fans pédicules & marquées
de quelques dentelures vers leurs extrémités fupé-
iieures : elles ne commencent à naître au nombre de
deux,'trois, cinq ou fept fur un même pédicule
pour former l’éventail, que lorfque le jeune plant
a environ un pied de hauteur & qu’il commence à
fe divifer en plufieurs rameaux.
De l’aiffelle des deux à trois feuilles inférieures
de chaque branche , il fort une fleur folitaire , pendante
à un pédicule cylindrique une fois plus long
que les feuilles , c’eft-à-dirè d’un pied de longueur
fur cinq lignes de diamètre, accompagné de deux à
trois écailles , difperfées fur fa longueur & qui
tombent vers le temps de fon épanouifl'ement. Cette
fleur eft proportionnée à la groffeur du baobab &
furpaffe en grandeur celle de tous les arbres connus ,
fi l’on en excepte le feul laurier-tulipier, appellé
magnolia ; lorsqu'elle n’èft encore qu’en bouton,
elle forme un globe dé près de trois pouces de diamètre
, & en s’épanouiffant elle a quatre pouces de
longueur, fur fix pouces de largeur.
.Chaque fleur confifte ert un calice épais comme
iin cuir, d’une feule pièce, évafée en foücoupe,
partagée , jufqu’au de-là de fon milieu; en cinq
divifions égales , triangulaires , recourbées en-
deffous , couvert au dehors de poils verds, au-dedans
de poils blanchâtres & luifans, & qui tombe dès
que le fruit eft noué. Après le calice vient la cofolle
qui eft blanche, compofée de cinq pétales égaux à
fa longueur , & entr’eux affez épais , arrondis,
recourbés en-dehors en demi-cercle, parfemés de
quelques poils, relevés d’environ 25 nervures parallèles
à leur longueur , légèrement ondes à leur
extrémité fupérieure, & terminés à leur partie inférieure
par un onglet qui les attache autour du
réceptacle commun du calice & de l’ovaire. Du
même réceptacle s’élève une colonne ou plutôt un
cône, alongé, blanc, creux intérieurement, charnu,
blanchâtre , très- épais ; contigu d’un côté à l ’ovaire
qu’il enveloppe , & faifant corps de l’autre côté aux
cinq pétales de là corolle qu’il unit ou plutôt qu’il
femble unir & qu’il porte quoiqu’ils foient réellement
féparés entr’eux; ce cône eft tronqué à fon
extrémité fupérieure & couronné d’en viron fept cens
étamines , dont, les filets blancs , un peu plus longs
que lu i, fe rabattent comme une houppe , & fup-
iorteht chacun une anthere en forme de rein , dont
à convexité s’ouvre en deux loges & répand une
poufliere compofée de globules blanchâtres, tranf-
parens , hériffés de tous côtés de petits piquans ;
ces étamines , y compris le cône formé par la
réunion de la partie inférieure de leurs filets , ont
un peu moins de longueur que la corolle. Du centre
du calice s’élève le piftil qui enfile le cône des étamines
, & furpaffe un peu la longueur de la corolle11 il
confifte en un ovaire conique ou ovoïde , pointu,
affez petit, entièrement couvert de poils épais,
luifans , couchés de.bas en haut, terminé par un
ftyle cylindrique très-long, creufé intérieurement
comme un tube', ôc couronné par dix à quatorze
ftigmates pyramidaux à trois angles, affez grands ,
velus fur leurs- deux faces internes & épanouies
comme autant de rayons.
Après la chute de la fleur, e’eft-à-dire du calice,
B A O 797
dé la corolle & des étamines, l’bvairë en mûrif-
fant devient une capfule ligneule , ovoïde1, pointue
à fes deux extrémités, longue de 12 à 18 p o u c e s
très-dure , prefque deux fois moins large, pendante
à un péduncule cylindrique , de moitié plus long
& de près d’un pouce de diamètre. Cette capfulë
eft couverte extérieurement d’un duvet épais de
poils verts, au-deffous defquels elle eft n o i r e ;
marquée de 10 à 14 filions qui s’étendent comme
autant de rayons fur toute fa longueur. Elle ne s’ôuvrë
pas d’elle-même, mais lorfqu’on là coupe en traversi
on voit que fon écorce eft rougeâtre , fort dure;
épaiffe de deux à trois lignes > & pleine d’une chair
blanchâtre , un peu fucculente d’abord & aigrelette,
puis feehe, comme fongueufe ; partagée ; quoique
peu fenfiblement, en 10 à 14 loges , par tin pareil
nombre de cloifons membraneufès qui s’é te n d e n t
longitudinalement depuis la queue ju fq u ’au point
oppofé, en partant des parois intérieures de l’écorce
ligneufe, à laquelle elles font attachées ; p ou r
aller de là fe réunir enfemble, comme autant de
rayons autour d’un axe, au centre du fruit, Quelles
fe maintiennent tant qu’il conferve fà premier©
humidité, mais dont elles s’écartent enfuite pow£
y laiffer un vuide à mefure qu’il fe feche : dans cet
état de féchereffe , ces cloifons membraneufes rëf-
femblent affez par leurgfubftance & p a r leur formé
à cette partie de la dure-m-ere qu’on appelle la fkitlxs
Quoique chacune de ces loges contienne environ
50 à 60 graines, ônne-les a p p e r ço it pas à nud k
l’ouverture du fruit ; on lié voit d’abord que la chair
qui le remplit & qui ne forme qu’une feule mafle
quand elle eft fraîche & encore humide : mais cette
ch air en fe defféehant fe retire, devient friable &
fe partagé d’elle-même en yd à 6 a p o ly è d r e s , otf
corps à plufieurs facettes angulaires dans chaqué-
loge, qui renferment chacun une femence brune,
noirâtre, ovoïde, repliée ou entaillée comme un
rein , de cinq lignes de longueur , fur trois de
diamètre ; de la finuofité duquel part un cordon-
ou filet rougeâtre, o nd e , trois ou quatre fois plus?
long qu’elle, qui vient s’attacher horizontalement'
comme à un placenta , au bord intérieur des cloi-'
fons, dans l’angle que forment les loges au Centré
du rruit. La chair ipongieufe eft fe n iée de petits*
filets femblables, mais plus courts, qui fervent à
la nourrir. Chaque graine a deux peaux ou enveloppes
, l’une extérieure, brun-noir, coriace ou plutôt
cartilagineufe & comme offeufe , d’uné très-grand©
dureté ; l’autre , blanchâtre, épaiffe , tendre;, o u ï
renferme un embryon courbé en demi-cercle autour
d’un corps charnu , fphéroïde, blanchâtre ,■
applati, mou & comme gélatineux : cet em b r y o n
eft compofé de deux lobes ou cotylédons orbi-
eulaires, repliés à cinq nervures fur leur fu r fa c é -
extérieure & marqués en-bas d’une légère crenelurejP
d’où part une radicule conique , un peu plus court©
qu’eux , à laquelle tient la plume conique , c’eft-à-
dire la petite tige qui par la fuite doit fe métamor-«
phofer ou groflir en arbre*
Les pôils qu’on obferve fur. les diverfes p a r tie s -
de cet arbre , font de trois efpeces différentes*:
Ceux qui recouvrent l’ovaire & la furfàce interne:
du calice , font coniques & très-lïmples; c e u x d e s p
éra le s font en fufeau : mais ceux qu’on trouve fur
le s jeunes: branches & fur l’extérieur du calice ,
font finguliers, en ce qu’ils forment une foie divi-
fée prefque jufqu’à fa racine en quatre brins fort-
peu écartés les uns des autres ; on pourroit appeller
cette forte de poils , poil en aigrette;
, Lieu. La véritable patrie du baobab eft l’ Afrique
& fur-tout la côte occidentale de cetie partie du
monde qui s’étend depuis le fleuve Niger jufqu’au
royaume de Bénin; on en voit jufques dans le pays