
 
        
         
		un des modes ou  nomes dont fe  fervoxt Terpandre ;  
 par  cohféquent  le  nome  béotien  étoit  propre  aux  
 Cithares.  ( F .D .C .) 
 * BEQUILLON , fi. m.  ( en terme de Fauconnerie. )  
 c’eft le bec d’un jeune oifeau. 
 BERBE, f. m. ( Hijl.nat. Quadr. ) Nous nommons  
 ainfi fur-la côte de Guinée, une  efpece  de  m a r te  ou  
 de  fouine  qui  y   eft  fort  commune  ,  fur-tout  au  
 Sénégal &   à  Madagafcar,  &   dont  Bofman  donne  
 une  fig u r e   au  n°.  i.  de  la page  252  de  fon  voyage  
 en G u in é e . C ’ e ft  le même animal que quelques voyageurs  
 ont  appellé  genette  de  Madagafcar  ,  parce  
 q u ’ e lle .re ffe rn b le  à  la genette par la  couleur du poil  
 8c  par  quelques  autres  rapports.  Les  habitans  de  
 Madagafcar  l’appellent fojjà,  &  M. de BufFon  en a  
 donné  une  bonne  figure  avec  une  courte  defcrip-  
 tion,  au  vol.  I I   de  fon  Hifloire  naturelle,  édition  
 in-12  de  1770, pag.j^iï, planche X IV ,  n°.  1. fous  
 le  nom  de foffane. 
 Quoique  le  herbe  ait  à-peu-près  la  couleur de la  
 genette,  il  eft  cependant  d’un  blanc  plus  rouffâ-  
 t re , plus  terne ; il n’a. pas,  comme  elle , de bandes  
 noires  fur la face  autour des  yeu^;  i l   eft  plus  petit  
 : fa queue  eft beaucoup  plus courte,  à-peu-près  
 comme celle de la fouine, mais moins touffue, enfin  
 il  n’a  point  entre  les  parties  cette  poche  odorifé-  
 rente  qu’a  la  genette, &   qui  la  rapproche  des  civettes  
 ;  mais  lorfqu’il  entre en  chaleur  il  rend  une  
 odeur  forte  de  mufc qui fe manifefte  auffi  dans fes  
 excrémens.  . 
 Il a les yeux  grands,  la phyfionomie très-fine, le  
 corps  médiocrement  alongé,  6c  cinq  doigts à  chaque  
 patte. 
 Moeurs. Le herbe s’établit dans les fouehes d’arbres  
 ou  dans  les rochers, 8c à leur  défaut-dans  les trous  
 des  murs  oh  il  fait  fon  nid  avec  du  foin  ou  de  
 l’herbe -fine.  Il  dort  fouvent deux  ou trois jours de  
 fuite  le  corps  roulé en cercle,  la  tête  cachée  fous  
 la queue. Il boit fréquemment, fe  nourrit  de  chair,  
 d’oeufs  de  perdrix  8c  autres  oifeaux  qui  pondent  
 fur  la  terre,  8c  de  fruits, fur-tout  de  bananes. 
 Facultés. Il a l’oeil v if, le cri aigu, affez éclatant, les  
 membres  fouples,  le .corps  flexible  ,  les  mouve-  
 mens  prompts  8c  prefque  continuels  ,  il  faute 8c  
 bondit plus qu’il  ne marche, grimpe le long  des arbres, 
   des  rochers  &  des  murailles. 
 Xaturel.  Son naturel  eft  fauvage 8c il s’apprivoife  
 très-difficilement ; quoiqu’élevé jeune,  il  conferve  
 toujours un  air  8c un caraftere  de  férocité qui n’eft  
 pas ordinaire dans les animaux qui vivent volontiers  
 de fruits,  ce qui femble  indiquer qu’il eft naturellement  
 plus carnaffier que frugivore. 
 Remarques. A tous ces cara&eres on ne peut s’empêcher  
 de  reconnoître  le  btrbe comme  une  efpece  
 de  fouine  ou  de  marte  qui  ne  différé,  prefque  de  
 celle  de  l’Europe  ,  qu’en  ce  qu’il  eft un  peu  plus  
 gros, plus féroce, coloré différemment, 8c en ce que  
 la queue eft  un peu plus longue.  ( M.  A  d a n  s o n  . ) 
 *  BERCEAU, f.  m. forte de petit  lit, qu’on peut  
 balancer  aifément,   8c  dans  lequel  on  couche  les  
 petits enfans. Mette£ cet  enfant dans fon berceau. 
 * BERCER, v . a. Ce verbe exprime, au fens propre  
 ,  l’aâion d’agiter doucement  un  enfant dans  fon  
 berceau,  en  balançant  ce  petit  lit.  Cet  erifant  ne  
 s*endormira pas Jî vous ne le berceç. 
 Les ufages  les  plus  pernicieux  font ceux  qui régnent  
 avec le plus  d’empire, 8c qui s’étendent avec  
 le  plus  de  facilité.  C’eft  même  affez  qu’ils  foient  
 adoptés  par le plus grand nombre, pour  qu’on leur  
 attribue  les plus grands avantages.  Il eft donc du devoir  
 de quiconque reconnoît le mal d’en  faire fentir  
 les  dangereufes  conféquences  8c  d’empêcher  qu’il  
 ne  s’accrédite  davantage. 
 Entre  ces  ufages  de  routine  l’un  des  plus  itnî-  
 verfels,  6c  en  même  tems  l’un des  plus  mauvais,  
 eft  celui  de  remuer  de  côté  8c  d’autre  un  enfant,  
 foit  fur  les genoux, foit dans  fon lit , pour  le provoquer  
 au  fommeil.  Il  a même paru d’une utilité  fi  
 effentielle  ,  que  le  petit  lit  dans  lequel  on  fait  re-  
 pofer les  enfans a  pris une forme propice  à  ce mouvement, 
   8c  un  nom qui  en  exprime  l’aétion.  Mais  
 cette  méthode  de  bercer  eft  abfolument  abufive,  
 &  dire&ement oppofée au  but que l’on fe propofe  
 en  la  fuivant. 
 .Ce  balottement  n’endort  les  enfans  que  parce  
 qu’il les étourdit. Il fatigue inutilement leur cerveau,  
 &c comme  les  fibres en  font extrêmement  tendres,  
 il y   peut  caufer les  plus  fâcheux  effets.  D ’ailleurs  
 ce  mouvement  nuit  à  la  digeftion ,  8c  empêche  
 qu’elle  ne  fe  faffe  naturellement.  Il  peut même oc-  
 cafionner des vomiffemens  à  l’enfant, aigrir  ou  altérer  
 le  lait qu’il  a  encore  dans  l’eftomac  ,  &  ainfi  
 lui  procurer  de  violentes  tranchées. Faut-ilaprès  
 cela, s’étonner fi tant d’enfans périffent par les vers ,  
 les tranchées  6c  les  maux  de  ventre ? 
 Au contraire, il n’y  a point d’inconvénient de laif-  
 fer en repos 6c en liberté un enfant dans fon berceau,  
 L’inaâion  de  fes  fens  le  portera toujours  affez au  
 fommeil  lorfqu’il  ne  fera  pas  gêné  ni  tourmenté  
 par quelques befoins.  Il peut néanmoins y  avoir des  
 circonftances  oh  un  ébranlement  lent  6c doux  du  
 berceau,  pourroit foulager les maux d’un enfant en  
 ’le  diftrayant un peu de fes fouffrances,  6c  en l’invitant  
 ainfi doucement au fommeil.Mais le commun des  
 femmes  auxquelles  on a  la  mauvaife  habitude  de  
 confier  le  foin des enfans d^ns les  premières années  
 de  leur vie t a l’efprit trop borné pour diftinguer les  
 momens  oit  ce  balancement  ne  porteroit  pas  
 préjudice  à  l’enfant. D’ailleurs  l’abus  qu’on en  fait  
 eft  fi  odieux, qu’il vaudroit  beaucoup mieux l’empêcher  
 tout-à-fait. ( Journal (économique, juin /7Ô3.) 
 B e r c e r  j au fens figuré,  lignifie  amufer.  On  dit  
 familièrement  bercer  quelqu'un  de  vaines  pronieffes.  
 On remarquera  que  dans  ce  dernier  fens  le  verbe  
 bercer  gouverne  deux  régimes,  l’un fimple,  l’autre  
 compofé, ainfi que s’expriment les grammairiens. On  
 dit encore  : il nous berce fouvent defes Jomettes, pour  
 lignifier :  il nous fait fouvent  des  contes ,  8c f  ai  été  
 bercé de cette  hijloire, pour  dire : je   l'ai  fouvent  oui  
 raconter.  Ce  fens  vient  de l’ufage des  nourrices  qui  
 chantent  ou  content  des  fables  aux  enfans  en  les  
 berçant pour les endormir. Enfin  on d it  proverbialement  
 d’un homme qu’on voit fouvent inquiet 6c agité,  
 que le diable le berce. 
 BÉRECYNTE,  ( Géogr. )  Deux  montagnes  ont  
 été  célébrés  dans l’antiquité, fous  le  nom de Bere-  
 cynte,  l’une en Phrygie , proche  du fleuve Marzias ,  
 eft  fameufe  par  le  culte  qu’on  rendoit  à  Cybele  :  
 l’autre  étoit  en Crête ,   proche de la ville d’Aptere,  
 aujourd’hui  Paleo-Caftro  :  on  prétend  que  ce  fut  
 fur  cette  montagne  'que  les Da&iles  Ideens  trouvèrent  
 l’ufage du feu , du fer 8c du cuivre.  (T— n .) 
 BERENICE,  {Hifi.  d'Egypte.')  foeur  de Ptolo-  
 mée Evergete, troifieme roi d’Egypte, avoit époufé  
 Antiochus,  fur-nommé  le  Dieu.  Ce monarque  in-  
 conftant  dans  fon  amour  avoit  répudié  Laodice,  
 moins  par dégoût que  par. politique.  Il avoit befoin  
 d’un allié puiffant 6c il fentit qu’il ne  pouvoit fie  ménager  
 un meilleur appui  que  Ptolomée  Philadelphe  
 dont  il  demanda la  fille  en mariage; il parut époutf  
 tendre 6c fidele,  tant que vécut  le  monarque égyptien  
 ,  mais  dès qu’il eut apprit fa mort il retourna  à  
 fes premiers  penchans,  6c Laodice fut rappellée.  La  
 faveur dont elle jouit  ne lui fit  point oublier qu’elle  
 avoitété dédaignée, 6c ce fut pour prévenir la honte  
 d’une nouvelle offenfe qu’elle eut  la  barbarie  d’em-  
 poifonner fon mari pour placer fon fils fur le trône ; 
 elle ne s’arrêta point  dans la route du  crime ; Bérénice  
 f c   fon  fils lui parurent coupables,  parce  qu’ils  
 avoient  des  titres  pouf  la punir  de  fon  parricide.  
 Elle figna  l’arrêt  de  leur mort. La mère  infortunée  
 éprouve le tourment de millemorts en voyant égorger  
 fon  fils  qu’elle  tient  ferré  dans  fes  bras.  Les  
 affaffins  lui  préfentent  le  cordon  pour  s’étrangler.  
 Ses  femmes  furieufes  s’élancent  fur  ces ‘ miniltres  
 de/ang &  expirent avant  leur maîtreffe qui eut leur  
 même  deftinée. 
 B é r é n ic e  , femme  de Ptolomée Evergete, aima  
 tendrement fon  mari.  Lorfque ce monarque  fit  fon  
 expédition de Syrie , fon époufe  allarmée  des périls  
 qu’il  alloit  affronter ,  fit  voeu  de  fe  faire  couper  
 les  cheveux  6C d’en faire  une  offrande à Vénus, s’il  
 revenoit  triomphant  de  cette expédition.  Ce  facri-  
 fice  étoit  le  plus  pénible  qu’elle  put  offrir,  c’étoit  
 fe  dépouiller de fon plus bel ornement, 6c  les  femmes  
 aiment  mieux  renoncer  aux  intérêts  de  leur  
 fortune  qu’à  ceux  de  leur amour.  Evergete  après  
 avoir fournis  la Méfopotamie,  la  Sufiane,  la Perfe  
 la  Médie  6c  la  Babylonie,  rentre  triomphant  dans  
 fes  états.  Bérénice,  exacte  à  remplir fon  voeu,  dé-  
 pofa  fauchevelure dans  le temple  de  Vénus  Zéphi-  
 ride.,  d’où elle  fut pnlevée «dès la première nuit.  Ce  
 larcin fut regardé comme un facrilege  8c l’on  fit les  
 plus exactes  perquifitions  pour découvrir le coupable 
  Il fuffifoit d’être foupçonné pourêtrepuni. Ptolo-  
 mee,  inconsolable  de cette perte,  fe  feroit  livré  à  
 tous les exees d’une aveugle vengeance, fi Conon de  
 Samos,  aftronome  célébré  ,  ne  l’eût  alluré  qu’il  
 lavoit  apperçuedans  le  ciel ,  où  elle formait une  
 efpece  de  triangle dans la  queue  du  lion.  Ce  font  
 ces fépt étoiles  fans-doute que les  aftronomes nomment  
 encore  aujourd’hui  la  chevelure  de  Bérénice.  
 Çette adulation de la part d’un philofophe ne dégrade  
 point1 la nobleffe de  fon  titre , puifqu’il ne fe propos  
 foit que  d’arreter  le  cours  des  proferiptions  6c  de  
 rendre  la  tranquillité à  fori  maître.  Callimaque  fit  
 un poëme fur  l’enlevement de cette chevelure, que  
 'Catiide  dans la fuite traduifit. Bérénice furvécut à  fon  
 mari, pour expirer par l’ordre d’un fils affervi aux volontés. 
   d’un miniftre ambitieux 6c barbare. L’attachement  
 des peuples 6c des foldats fut un crime qui la flétrit  
 aux yeux de Ptolomée Philipator. Ce fils  plongé 
 dans le luxe 6c la débauche, ne vit en elle 6c dans  Ion  
 frere  que  les.,cenfeurs importuns de  fes diflolutions. 
 Il prononça l’arrêt deleur mort, 6c tous deux furent  
 noyés dans une  chaudière  d’eau  bouillante. 
 B é r é n ic e   , fille de Ptolomée Aulete. Lorfque  ce  
 prince  defeendit  de  fon  trône  pour  aller  à  Rome  
 mendier du fecôurs contre fes fujets,la nation àppella  
 à la puiffance fupreme  ,  Bérénice, fille  aînée du monarque  
 dégradé.C’étoit un attentat contre  le droit de  
 fes deux frétés, mais ils etoiént trop jeunes pour a voir  
 la capacité de gouverner une nation turbulente. Cet-  '  
 te princeffe  fans  ambition n’étoit montée  qu’en  gé-  
 miflant  fur  un  trône  environné  d’écueils.  Elle  crut  
 adoucir les ennuis de la  grandeur en époufant Arche-  
 laiis,  pontife 8c  facrificateur de Comane , qui avoit  
 tous  les talens pour  combattre 8c gouverner. Ce fut  
 fur lui qu’elle fe repofa des foins  de l’adminiftration, 
 ■ J e  il eut juftifiefon  choix,  s’il eût eu à commander  à  1  
 des  fujets plus dociles.  Il perdit un combat 6c  la vie  
 dans,  une  afrion  contre  les  Romains;  mais  il  fur-  
 vecqt  à  lui-même  par  le fou venir qu’il laiflà de  fes  
 c*  iS  ^CS  vertus>  Lorfque  Aulete  fut  rétabli 
 e  § 8 | i :j  Par  les  armes  des  Romains, il  crut  
 n’etre  roi' que  pour fe  livrer  au  plaifir  barbare  de  
 punir.  Sa  fille  Bérénice  fut  la première  vi&irne  de  
 fa  vengeance.  Il  la  fit  mourir  pour  avoir porté  un  
 feeptre  quelle aVoit  toujours  dédaigné.  (T—n .') 
 BERGA M ASQUE, f. fi (Mujîq '.) nom d’une danfe  
 8cdun  air  de  danfe  Italien,  qui,  fans’doute,  tire  
 ■  ’ '  Tome I. 
 fon  origine  de  Bergame.  L ’air  eft  vif.  (F.  D.  C. Y  
 BERGAME,  (Géogr.) ville de trente mille âmes,  
 à  onze  lieues  de  Brefcia  6c de  Milan,  bâtie  , . à  ce  
 que  l’on  croit,  par  les Gaulois Cénomans,'584 ans  
 .  avant  J. C.  ’  ;  *   . 
 Après avoir été long-tems fous la domination des  
 Romains  ,  elle  fut  prife  par Attila,  par  les rois de  
 Lombardie,  par Çharlemagné  : fous  fes fiicceffeurs  
 e  e  fe  forma  en  république  au  xu v fie c le   :  enfin  
 elle  le  donna1 aux  Vénitiens  en  1447. 
 Le  bâtiment  de  la  foire  conftruit  il  y   a  20  ans  
 en  pierre  de taille ,  renferme  600  boutiques. 
 Cette ville qui  eft  épifcopale,  a douze  paroiffes.  
 Un va voir  dans  l’églife des Auguftins,  le tombeau  
 d Ambroife  Calepin,  fi célébré par fon Dictionnaire  
 des  langues.  L’auteur  mourût en  x ciq.  ' 
 Le  Taffe étoit  originaire  de  Bergame. 
 M.  de la  Lande  dit  qu’il  connoît aauellement  à  
 Bergame. ,  un  bon  mathématicien,  le  P.  Ulyffe  di  
 Calepio ;  M.  Seraffi,  très-verfé  dans  l’hiftoire  Iitté-  '  
 raire ;  M.  André Pafla, médecin ; le chanoine Lupi  
 qui a écrit  fur  la  diplomatique.  ' 
 'Bergame  eft  l’entrepôt  d’un  commerce  confidé-  
 rable  de  laine  8c  de  foie.  Le  commerce  de  laine  
 y   etoit  autrefois  prodigieux  :  plus  de  jo   familles  
 de  nobles  Vénitiens,  viennent  des  marchands  de  
 Bergame ,  que  ce  commerce  avoit  enrichis  ;  6c  les  
 pannines ou ferges de Bergame,  étoient célébrés auffi  
 bien  que  les  îapifferies communes. 
 Les  habitans  paffent  pour  être  induftrieux  6c  
 aflifs,  8c ont  la  réputation  en  Italie  ,  d’être  très-  
 • ■ ,^nanAc’ers‘  Bergame  eft  auffi  connue  en  Italie  par  
 les rôles  d arlequin  :  le patois 6c l’accent populaire  
 de  Bergame  ont  donné  lieu  aux  arlequins  de  faire  
 une  charge  de  plus  en  les  contrefàifant.  Voyage  
 d'Italie , par M.  de la Lande ,  tom. V il  I J  C.) 
 BERGERIES, f. f. pl. (Belles-Lettres?) c’eft le nom  
 qu’on  a  donné  quelques  pièces  de  poéfie  6c  de  
 mufique d’un  goût champêtre. 
 Avant  qu’on  eût _en  France  l’idée  de  la  bonne  
 comedie-,  on  donnoit  au  théâtre  ,  fous  le  nom de  
 pafor al es  ,  des  romans  compliqués’ ,  infipides  6c  
 froids  ,  6c  pendant  quarante  ans, t>n ne fit  que traduire  
 fur  la  feene  en  médians  vers  la  fade  profe  
 de  Durfé.  Racan ,  à l’exemple de Hardi,  compofa  
 un de ces drames , lequel d’abord,eut pour titre Ane-  
 nice,  8c  qui  depuis  a  été  connu  fous  le  nom  des  
 bergeries  de  Racan.  L’intrigue  de  ce poëme,  chargée  
 d’mcidéns 6c dénuée  de  vraifemblance  ,  réunit  tous  
 les moyens  de  produire  le pathétique  ,  6c  annonce  
 les  fituations  de  la  tragédie  la  plus  terrible ;  avec  
 tout  cela  rien  n’eft plus  froid.  Ce  font les  moeurs  
 des  bergers  que  Racan  a  voulu  y   peindre,  6c  on  
 y   voit  de  noirceurs-  dignes  de  la  cour  la  plus  ra-  
 finée 6c la  plus  corrompue  ;  un  amant  qui  ,  pour  
 rendre  fon  rival  odieux  ,  fe  rend  plus  odieux  lui-  
 mêipe;  un  devin  fourbe 6c  fcélérat pour  lé  plaifir  
 de  1 etre  ;  un  druide  fanatique  6c  impitoyable  t en  
 un  mot  rien  de  plus  tragique  ,  6c  rien  de  moins  
 mtereffant. Cependant,  à  la  faveur  d’un  peu d’élégance  
 ,  mérite  rare dans  ce  tems-là ,  8c que Racan  
 devoit  aux  leçons'de  Malherbe,, ce  poëme  eut  le  
 plus grand fucces ,  6c fit la gloire de  fon auteur. 
 Les  bergeries,  ou paftorales,  peuvent  être  inté-  
 reffantes,  mais  par  d’autres  moyens.  Ces moyens  
 font  dans  la  nature  :  par-tout' où  il y  a  des  perës  
 des  meres,  des  enfans,  des  amis,  des  amanS  des  
 époux,  expofés  aux  accidens, de  la vie ,  aux  dangers, 
  aux inquiétudes,  aux malheurs attachés à leur  
 condition, leur fenfibilité peut être mife aux épreuves  
 de la crainte 6c de la douleur.  Ainfi le  genre paftoral  
 peut etre touchant ; maisil fera foiblement comique  
 parce que le comique  porte fur  le  ridicule 6c fur les  
 travers  de  là vanité,  6c que  ce  n’eft  pas  chez  les  
 T T t t t 
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