Erolltium, Froliacum, baronnie très-connue par fes
anciens 6c puiffans feigneurs ; Saigni, Saigniacum;
vieux-château, vêtus caßrurn, lieu ancien du domaine
des ducs de la première race ; S. Thibaut, où fut
fondé un prieuré au x n fiecle par les feigneurs de S.
Beu'rri, & dont l’églife fut bâtie par le duc Robert
II. S. Theobaldi cdla , la vallée de faint Thibaut eft
renommée par la fertilité de fon terroir 6c l’excellence
de fes grains.
Giffey-le-vieux , Gißeiacum, porte des marques
de fon ancienneté, par une petite colonne qui eft
au milieu du jardin du château , fur laquelle on lit :
Aug.facr. Les médailles du haut 6c du bas empire
qu’on trouve en ce lieu , prouvent qu’il étoit connu
du tems des Romains. Le pere du feigneur de Giffey
( M . de Riollet ) , qui eft curieux d’antiquités, a
fait une petite colle ftion de médailles Gauloifes 6c
Romaines, trouvées dans les environs.
Cinq médailles d’argent d’Antonin , de Marc-
Aurele & de Probus qui étoient dans des tombeaux
de pierre , déterrés à Arcenai , près Saulieu en
1 7 7 1 , par lé feigneur ( M. de Conighan ) qui me
les a données, marquent affez l’antiquité de ce village
, qu’ôn croit avoir été autrefois le cimetiere
public de ce canton.
Les titres du château de Mont-faint-Jean, font
connoître au x & x i i fiecle, Ormancey, Noidan,
Thoify , la Motte, Charni, fameux par fes braves
6c puiflans comtes de Charni, 6c par fa fortereffe ;
Thorey , fous Charni ; Ormancedum , Noidaneum,
Otoifeium, Charmium, Tkorre vel Thorreyum : le curé
de Thorey ( M. Pafquier ) , homme de goût 6c
inftruit, a découvert fur fes montagnes , des morceaux
curieux de pétrifications : M. Foiffet, amateur
de l’hiftoire naturelle, curé de la Motte, fon voi-
fin, en a raffemblé une nombreufe collection de
toute efpece , trouvées dans les environs.
Le Val-Croiffant, Vallis Crefcens, prieuré de l’ordre
du Val-des-Choux, fut fondé en 1 z i6 par Guillaume
de Mont-faint-Jean. ( C. )
§ ALESSIO, Alesso ou Alessïs , ( Géog. ) ville
de la Turquie Européenne dans l’Albanie, furie golfe
adriatique , à l’embouchure du Drin, & au fud-
oueft d’Albanopoli. Elle a un fort & un évêché
fuflfagant deDurrazzo. Le tombeau du fameux Scan-
derberg , roi d’Albanie , qui y mourut en .1467, a
rendu cette ville célébré. (C . A .}
ALET ou Aleth , ( Géog. ) en latin, Elecla ,
EleHum, Altcla , ville de France dans le Bas-Languedoc
, au comté de Razes , eft fituée au pied des
Pyrénées, fur la rivieré d’Aube. Il y a des ruif-
feaux aurifères dans fes environs , & des bains qui
ont quelque réputation. Cette ville fut érigée en
évêché en 1319 par le pape Jean XXII. Le dio-
cefe d'Alct n’a que 80 paroiffes, & fon évêque eft
fuffragant de Narbonne. L ’évêque Nicolas Pavillon,
oncle de Pavillon l’académicien, s’eft diftingué dans
le dernier fiecle par fon zele & fa rare piété ; on
lui doit le rituel ÜAlet, un des mieux faits qu’on
connoiffe en ce genre. M. de Chanterac , aujourd’hui
évêque de la même v ille , vient de le faire
réimprimer avec l’éloge de l’auteur. (C . A . )
* § ALEUROMANCIE , ( Hiß. des fuperßitions.')
cette efpece de divination fe faifoit avec de la farine
de"bled, à la différence del’alphitomancie quife faifoit
avec de la farine d’orge. On n’ignore pas abfolument
de quelle maniéré on difpofoit cette farine pour en tirer
des préj,âges:On menoit aux prêtres ou devins les ef-
claves foupçonnés de.larcin ; les prêtres leur don-
noient une croûte de pain enchanté fait avec de la
-farine de bled, & fi elle leur demeuroit dans la gorge
, c’étoit une preuve qu’ils étoient coupables.
ALEXANDRE , roi de Syrie, ( Hiß. de Syrie. )
fut un de ces inftrumens dont la politique fe fert
pour arriver à fon but. L’obfcurité 6c l’incertitude
de fa naiflance , qui dévoient le laiffer languir dans
la baffeffe, préparèrent fon élévation. Héraclide ,
chafle de S y r ie , s’étoit retiré à Rome, où il éleva
ce jeune homme fous le nom d'Alexandre , fils d’An-
tiochus Epiphane. Le fénat ferma les yeux fur une
impofture dont il efpéroit profiter. Il lança un décret
pour placer le jeune aventurier fur le trône
de. Syrie : on lui donna une armée pour appuyer
fes prétentions: Déméfrius, qui vint à fa rencontre,
le combattit 6c remporta la viftoirë. Mais abhorré
de fes fujets , qui fe rangèrent fous les drapeaux
de fon ennemi, il tenta la fortune d’un nouveau
combat , où il perdit la vie. Alexandre, devenu
paifible poffeffeur du trône de Syrie , s’appuya de
l’alliance de Ptolomée ,, qui lui donna fa fille Cléopâtre
en mariage. Cet ufurpateur porta fur le trône
tous les vices, 6c afloupi dans les débauches, il fe
repofa du foin de l’adminiftration fur Ammonius,
miniftre fans pudeur & fans capacité; le fils 6c lafoeur
de Démétrius furent les premières vittimes immolées
à fes foupçons, 6c ce fut le prélude du carnage
qui arrofa la Syrie du fang des plus illuftres
citoyens. Aux cris de tant d’innocens égorgés , une
armée nombreufe de mécontens fe rangea fous les
ordres du jeune Démétrius , qui faifif l’occafion de
recouvrer l’héritage de fes peres. Ptolomée informé
de l’orage fufpendu fur la tête de fon gendre ,
arme pour la difliper, il entre dans la Cilicie avec
un appareil fi formidable qu*Alexandre craignit qu’il
ne s’en rendît le maître , 6c pour prévenir fon ambition
, il eut l’ingratitude d’attenter contre fa vie.
Ptolomée, indigné de cette perfidie , lui déclare la
guerre ; il fe préfente devant Antioche dont les ha-
bitans lui ouvrent les portes. Ammonius, qui avoit
tout à redouter de fes vengeances, fut puni par
le peuple, qui l ’arracha de fa retraite pour le mettre
en pièces. Ptolomée, proclamé roi de Syrie par la
voix publique, eut la modération derefufer ce titre.
Il exhorta les Syriens de*rentrer fous l’obéîffance
du jeune Démétrius , qui n’avoit point hérité des
vices de fon pere Antiochus. Sa recommandation
eut un plein fuccès; 6c auflïtôt l’armée de l’impof-
teur jura fidélité au defeendant de fes légitimes maîtres.
Alexandre au bruit de cette révolution, fortit
du fomitieil où il étoit plongé. Il marche contre Antioche
, & femble ne vouloir faire de la Syrie qu’un
bûcher 6c des déferts. Les deux armées engagent
une aftion fanglante., & Alexandre vaincu s’enfuit
fe u l, avec précipitation, dans l’Arabie, fe flattant
de trouver un afyle auprès d’un roi qu’il croyoit fon
ami, 6c qui fut fon aflafîin. Ce prince, infradeur
des droits de l’hofpitalité, lui fit trancher la tête qu’il
envoya comme un don précieux à Ptolomée.(T—jv.)
Alexandre , ( Hiß. de Syrit. ) Ptolomée Phifcon
, roi d’Egypte , voulant fe venger de Démétrius
, roi de Syrie, fe fervit d’un frippier d’Alexandrie
, nommé Alexandre, qui eut l’adreffe de fe
faire pa/Ter pour le fils d’Alexandre Bala, dont il
réclama l’héritage. La conformité de l’âge, de la
taille 6c des traits , favoriferent fon impofture :
Phifcon lui fournit des troupes & de l’argent pour
appuyer fes prétentions. Dès qu’il parut dans la
Syrie, les peuples , amateurs des nouveautés, le
reconnurent pour leur roi fans examiner fes titres,
dont le plus réel fut une vi&oire remportée fur Démétrius
, qui, après fa défaite fut aflaflïné dans T y r ,
où il avoit cru trouver un afyle. L’impofteur monta
fur le trône aux acclamations d’un peuple féduit. Il
fe crut affez puiflant pour ne pas s’aflùjettir à la
honte d’un tribut annuel que Phifcon exigeoit comme
une récompenfe du fecours qu’il lui avoit fourni :
la guerre fut rallumée. Les Egyptiens entrèrent en
Syrie , où ils remportèrent une grande viâoire.
Alexandre
Alexandre qui avoit vu tailler fes troupes en pièces,
enleva lesricheffes du temple de Jupiter pour lever
une nouvelle armée. Mais cette reflource excita
l’horreur des peuples , qui crurent que ce facrilege
avoit rompu le frein de leur obéiflance. Ils endof-
ferent la cuiraffe, & la multitude, docile à la voix
des chefs, fe rangea fous leurs drapeaux. Alexandre
abandonné, fauva fa vie par la fuite. Il fut pendant
quelque tems errant 6c inconnu, mais enfin il fut
pris 6c condamné à mort , non comme impof-
teu r , mais comme un facrilege, qui avoit dépouillé
les. dieux de leurs richeffes. -il eft plus connu fous
le nom de Zébina, qui étoit celui de fon pere.
( T - n . )
A lexandre I , ( Hiß. d'Egypte. ) Ptolomée Phifcon
, feptieme roi d ’Egypte de la race des Lagides,
laifla trois fils, dont l’aîné , forti d’une concubine ,
fut exclu du trône par le v ice de fa naiflance. Son
p e re , en mourant, légua fon royaume à fa femme
Cléopâtre, à condition d’y faire montèr avec elle
fur le trône celui de fes fils qu’elle en croiroit le
plus digne. Une tendre prédile&ion la décida pour
le plus jeune nommé Alexandre ; mais le peuple
refpeétant l’ordre de la nature , y plaça l’aîné, qui
prit le nom de Ptolomée Soter I I , mais plus
connu fous le nom de Lathyre. Le fouvenir de la
préférence donnée à fon puîné, le rendit ennemi
fecr.et de fa mere, qui fe débarraffa d’un collègue
fi dangereux, en publiant qu’il avoit voulu attenter
à fa vie.
Alexandre, qui avoit eu en partage l’île de Chypre,
en fut rappellé par fa mere, qui l’aflocia au pouvoir
fouverain. Tathyre dégradé , ne tomba point dans
l ’abattement. Son courage refferré dans l’île de Chypre
qu’on lui avoit abandonnée , s’élança dans la
Paleftine qu’il étonna par fes victoires 6c fes vengeances.
Sa mere alarmée de fes profpérités , ôt
équipper une flotte 6c raffembla une armée de terre
pour en arrêter le cours. Lathyre étoit affez puiflant
pour réfifter à tant d’efforts, mais cédant à la
voix de la nature, il fe reprocha de tourner fes
armes contre une mere dont il ne pouvoit triompher
que fans gloire , 6c qui le mettroit dans la cruelle né-
cefîîté de la punir. Il défarma 6c fut affez généreux
pour s’abandonner à la diferétion d’une mere qui
n’eut pour lui que les fureurs d’une marâtre. Alexandre,
touché du fort de fon frere malheureux
fans être coupable , craignit d’être à fon tour la
victime d’une mere familiarifée avec le crime ; 6c
ce fut pour prévenir fes fureurs qu’il abdiqua l’autorité
fouveraine. Il fut bien-tôt rappellé de l'exil
volontaire qu’il s’étoit impofé,par le peuple, qui,
las d’obéir à une femme, demandoit un maître.
Alexandre remonta fur le trône, o ù , jufqu’alors, il
n’avoit eii que les décorations 6c l’ombre du pouvoir ;
il voulut en avoir la réalité. Sa mere trop ambitieufe
pour partager le pouvoir, réfolut de fe débarraffer
de l’importunité d’un r iv a l, 6c comme elle fe pré-
paroit a le faire périr, elle fut prévenue par le
prince qui la fit mourir.
Alexandre, qu’une efpece de néceflité avoit précipité
dans le plus affreux des crimes, excita l’hor-
ïe u r de la nation, dont il avoit été l ’idole. Les
Egyptiens crurent devoir venger la mort d’un femme
qu’ils avoient abhorrée pendant fa vie ; ils oublièrent
fes crimes, 6c leur haine retomba fur le
parricide q u i, chargé des imprécations publiques,
fut obligé de defeendre du trône pour aller mendier
un afyle chez l ’étranger, où il fut affafliné par Na-
varchus Chéreas. ( T— n . )
5. Alexandre II , ( Hiß. d'Egypte. ) fécond fils
d Alexandre I , fut élevé fur le trône d’Egypte par
la p roteâion des Romains, qui difpofoient de ce
Tome I ,
royaume que Lathyre leur avoit légué en mourant.'
Bérénice , fille unique de ce monarque , tenoit du
privilège de fa naiflance, un droit plus facré ; mais
Rome, qui avoit ufurpé le pouvoir de diftribuer les
feeptres, lui affocia Alexandre pour régner conjointement
avec elle ; 6c pour détruire la jaloufie du
pouvoir, ils furent unis par le lien conjugal. Ce
mariage, qui n’étoit point formé parleurs penchans
réciproques, fut la fource de leurs malheurs. La
princeffe toujours chagrine 6c mécontente, aigrit
le caractère de fon époux, qui ordonna de le débarraffer
, par un affaflînat, de fes importunités.
Alexandh, que fes talens naturels annoblis par
l’éducation avoient rendu cher à fes fujets , devint
l’objet de l’exécration publique , mais protégé par
Sylla il jouit d’une longue impunité. Ce ne fut
qu’après la mort du diélateur que les Egyptiens
humiliés d’obéir à un parricide , le précipitèrent du
trône pour y placer A ulete, fils bâtard de Lathyre.’
Le monarque dégradé fe retira dans le camp de Pompée
, trop occupé contre Mitridate pour lui accorder
le fecours qu’il follicitoit. Il fuccomba fous le
poids de fes chagrins, & mourut à T y r au milieu
des tréfors qu’il avoit enlevés de l’Egypte pour tenter
l’avarice des Romains. ( T—n . )
Alexandre le grand,(/zi/?, anc. ) Alexandre
le grand, troifieme du nom, fils 6c fucceffeur de Philippe
roi de Macédoine , naquit l’an du monde trois
mille fix cent quatre-vingt-dix-huit. Le nom de ce
prince préfente l’idée d’un héros qui maîtrife la fortune
6c difpofe des événemèns. Jamais roi ne le fur-
paffa en magnanimité ; jamais général ne remporta
de viftoires plus éclatantes,& ne fut mieux en profiter.
Sa naiflance fut marquée par plufieurs lignes qui
tous furent regardés comme autant de préfages de fa
grandeur future, & qu’on peut lire dans Quinte-
curce & Plutarque,peintres gracieux 6c fideles de fes
traits qu’ils ont tranfmis à la poftérité.
Alexandre n’eut pour ainfi dire point d’enfance ;
6c dans l ’âge où les hommes ordinaires ont befoin
de s’inftruire, fes queftions 6c fes réponfes annon-
çoient une parfaite maturité de raifon. Indifférent
pour tous les plaifirs, il n’eut de paflion que pour
la gloire, & tous fes penchans parurent tournés vers
la guerre. Des ambaflâde,urs du roi de Perfe l’ayant
vu à la cour de Philippe s’écrièrent : Notre roi eft
riche 6c puiflant, mais cet enfant eft véritablement
un grand roi. Comme on le preffoit un jour d’entrer
en lice pour difputer le prix de la courfe : Où font
les rois repondit-il, que vous me propofez pour
émules ? Son courage impatient de commander fem-
bloit lui avoir révélé qu’il n’avoit pas befoin du fecours
de l ’expérience. Les viâoires de Philippe, en
excitant fon émulation , lui caufoient un trifteffe îe-
crette ; 6c quand on lui en apportoit la nouvelle, il
fe tournoit vers les enfans de fon âge pour fe plaindre
de ce que fon pere ne lui laifferoit rien
de grand à exécuter. C ’eft à ce conquérant qu’on
doit appliquer ce- beau mot de Cléopâtre : le plus
bel éloge & Alexandre fut d’affujettir des villes &
des royaumes, 6c de ne fe réferver que la gloire de
les donner.
Il n’avoit que feize ans lorfque fon pere,occupé à
faire la guerre aux Bizantins, lui confia pendant fon
abfence les rênes de l’état. Les Médares, pleins de
mépris pour fa jeuneffe,crurent que ce moment étoit
favorable pour recouvrer leur ancienne indépendance.
Alexandre ayant pris leur v ille , les en chaffa, &
après l’avoir repeuplée du mélange de différens peuples
, il lui fit porter le nom d'Aüxandropolis. Son
courage long-tems oifif fe déploya à la bataille de
Chéronée où il eut la gloire d’enfoncer le bataillon
facré des Thébains. Ce fut autour de lui que fe
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