le s tributs ; fon char fe brife dans fa marche, & il
tombe enfeveli fous les débris. Il mourut quelques
jours après, chargé d’ulceres, d’où s’exhaloit une
odeur empoifonnée , qu’on regarda comme une
punition de fes crimes. Ce prince fut un affem-
blage de grandeur & de foibleffe, de vices & de
vertus , parce 'qu’ilfe montra toujours tel qu’il étoit,
fans fe donner la peine de mettre un frein à fes paf-
fions. Toutes les villes de fa domination éprouvèrent
fes bienfaits ; plufieurs furent embellies de
cirques, de théâtres & d’autres édifices pompeux.
Ce fut fur-tout dans le culte public qu’il fit éclater
fa magnificence : les temples enrichis par fes offrandes,
lui parurent plus dignes d’être la demeure de-la
divinité. Il régna douze ans & mçurutl’an 49 de l’ere
des Séleucides. Il eft repréfenté fur fes médailles
avec des attributs différens ; fur les unes, il tient un
foudre dans fa main droite, & une hache dans fa
gauche ; dans d’autres, il a le front ceint d’un diadème
avec là couronne rayonnante que portoient
les dieux; mais on ne lit fur aucune ni le furnom de
dieu , ni celui d'épiphant.
A n t i o c h u s V . ou A n t i o c h u s E u p a t o r ,
n’avoit que neuf ans à la mort de fon pere Epiphane,
dont il fut le fucceffeur a;ii trône de Syrie. Le fur-
nom à’Eupatorlmîut donné pour défigner qu’il étoit
•heureux d’avoir eu pour pere un fi grand roi. Epiphane
en mourant, confia à Philippe , fon frere de
la it , l’éducation de fon fils, & l’adminiftration du
royaume pendant fa minorité ; & pour marque du
pouvoir dont il le faifoit dépofitaire, il lui remit
fon diadème , fa fimmare & fon anneau royal, pour
les rendre à fon fils, lorfqu’il auroit atteint l’âge de
gouverner. Les volontés du monarque mourant ne
furent point exécutées. Lyfias, parent d’Eupator,
humilié de fe trouver dans la dépendance d’un ré-
gènt-fans naiffance , dit que f étoit bleffer la majefté '
du trône que de donner à un foi un tuteur. Le jeune
prince fans expérience, prit lui-même les rênes de
l’empire , & le premier ufage qu’il fit de fon pouvoir,
fut de mettre Lyfias à la tête de fes armées ,
& de fe repofer fur lui du foin des affaires. Ce général
véritablement ro i, fans en avoir le titre , continua
la guerre allumée dans la Judée , 011 il n’ef-
fuyaque des revers; quoiqu’il eût fous fes ordres
toutes les forces de Syrie ; il fut vaincu par une poignée
de Juifs commandés par Judas Machabée, qui
lui tua onze mille homme de pied, & feize cens
chevaux , le refte de cette grande armée faille de terreur,
fe diffipafans combattre. Le général Ifraélite fut
merveilleufement fécondé par un ange exterminateur
, qui fit un grand carnage des ennemis du peuple
de Dieu. Lyfias reconnut enfin qu’un Dieu combat-
toit pour les Juifs,; & craignant de s’expofer à la
rigueur de fes vengeances ,- il leur accord^ la paix
• avec la liberté de leur culte. Les généraux qu’il
laiffa pour la faire obferver, continuèrent leurs hof-
tilités, ôt les revers qu’ils éprouvèrent , déterminèrent
Antiochus à fe mettre à la tête de cent mille
hommes de pied , & de vingt mille chevaux. Il
marche contre Jérufalem réfolu d’en faire le tombeau
de feshabitans. Judas Machabée, bien inférieur
en nombre, mais plein de confiance dans le ciel, forme
le projet de l’arrêter dans fa marche, & profitant
des ténèbres, il fond avec impétuofité fur fon camp.
Le carnage fut affreux jufqu’à la renaiffance du jour,
que le chef des Ifraélites fit fa retraite. Le mpnarque
revenu de fon premier étonnement, fait avancer
fon armée dans les défilés qu’occupoit le chef intrépide
des Ilraélites, qui trop foible pour réfifter
à une'foule de combattans, eut l’habileté de fe dérober
, fans être inquiété. A ntiochus fe préfente devant
Jérufalem , dont les habitans épouvantés abandonnèrent
la défenfe ; mais Dieu qui veilloit à fa
confervation, fufcitaun puiffant ennemi à leur pef-
fécuteur. Philippe , que le pere d’Eupator avoit dé-
figné pour être fon tuteur, s’étoit vu hpnteufement
dégradé par Lyfias ; ce fujet difgracié. s’étoit retiré
dans les provinces de Médie & de Perfe, oùilin -
téreffa à fa vengeance les foidats,vétérans qui a voient
fervi fous Epiphane. 11 entra dans la Syrie, où il fe
rendit maître d’Antioche , & de plufieurs villes importantes.
Eupator allarmé de fes progrès, fent la
néceflité de retourner dans fes états. 11 accorde la
paix aux Juifs , fait relever les murs de 'leur tem-
'ple , où il offre lui-même des facrifices , avec les
cérémonies judaïques. T l reprend enfuite la route
d’Antioche, qu’il fait rentrer fous fon obéiffance.
Philippe qui tombe en fon pouvoir , expire au mi-
dieu des fupplices, & la rébellion eft étouffée. Ce
fut dans ce tems que les Romains, qui vouloient
tenir tous les rois dans leur dépendance, lui. envoyèrent
des ambaffadeurs pour lui ordonner de
ne rien faire dans fes états fans leur aveu. On lui
prefcrivit de tuer tousles éïéphans qui excéderoient
le nombre accordé à fon pere par les traités. On
coupa le jaret à plufieurs de ces animaux dans qui
les Syriens mettoient toute leur confiance. Ce fpec-
tàcle jetta la confternation dans toute la Syrie. Un
particulier indigné contre les ambaffadeurs , poignarda
O&avius , chef de cette députation ; &
cet affaffinat qui n’avoit point été commandé
par le roi, hii. attira le reffentiment du peuple
Romain. Démétrius, fils de Séleucus, qui pour
lors étoit en otage à Rome, profita de cette cir-
conftance pour rentrer dans l’héritage de fon pere.
Il fe rendit en Syrie, fans en demander la permif-
fion au fénat, & dès qu’il fut arrivé en Lycie , il
publia un manifefte pour déclarer qu’il ne prenoit
les armes que contre Lyfias, meurtrier d’Oétavius.
Un motif fi noble étoit le voile d’une ambition de-
mefurée. Il marcha contre Apamée dont il fe rendit
maître, dirigeant enfuite fa marche vers Antioche.
Le jeune ro i, accompagné de L yfias, vint à fa rencontre
fans efcorte & fans fuite. Dès que Démétrius
les eut en fon pouvoir, il les fit maffacrer, pour régner
fans rivaux. Antiochus Eupator ne régna , que
deux ans; & l’hiftoire de fon régné eft celle de fes:
généraux & de fes miniftres; c’eft pourquoi il eftre--
préfenté fur fes médailles fous la figure d’un enfant.
II mourut l’an 151 de l’ere des Séleucides.
A n t i o c h u s V I , fils d’Alexandre Eupator, &
petit-fils d’Antiochus le dieu, prit, comme fon
aïeul, le furnom de dieu auquel il- joignit celui
d’Epiphane.
Il fut élevé en Arabie, pour n’être pas la viâime
des ambitieux qui fe difputoient le trône de Syrie.
Diodote qui prit foin de fon éducation, fe fervit de
fes droits & de fon nom pour fe, frayer un chemin au
pouvoir fuprême. Démétrius Nicator ., fe croyant
paifible poffeffeur du trône 4e Syrie, licentiafon armée
, & laiffa fon royaume fans défenfes. Diodote
profita de cette imprudence pour faire valoir les
droits d'Antiochus <, & fortifié de l’alliance de Jona-
thas , il marche contre Démétrius, fur lequel il remporte
une pleine vi&oire. Antioche lui ouvre fes
portes, & Antiochus proclamé ro i, prend le nom de
Nicéphore, qui fignifie vainqueur. Il ne fut jamais véritablement
ro i, puifqu’il ne fut reconnu que dans
quelques contrées de Syrie ; & quoique les médaillés
lui donnent ce nom, il eft certain que c’eft plutôt
par égard pour fes droits, que par la réalité de fa
puiffance. Ce phantôme de monarque ne régna que
trois ans. Diodote fe croyant affuré de l’affeftion
des foidats, le fit maflacrer pour fe fubftituer à fes
droits, l’an cent foixante-dix de l’ere des Séleucides.
A n t i o c h u s VII, étoit fils de Démétrius Soter*
& frere de Démétrius Nicator. Les voeux du peuple
& de l’armée l’appellerent au trône de fes ancêtres,
que Tryphon avoit ufurpé. Dès qu’il eut donné le
fignal d’une révolution, les Syriens abandonnèrent
le camp de l’ufurpateur, pour fe ranger fous le drapeau
de l’héritier de leurs rois. T typhon étonné de
cette défeftion générale, n’eut d’autre reffource que
la fuite ; après avoir erré dans ?la Phénicie, il fe réfugia
dans la ville d’Apamée fa patrie. Il y fut bientôt
aflîégé ; on affure que pour favorifer fa fuite, il
fema fur toute fa route une quantité de pièces d’or
que les-foldats qui le pourfuivoient s’occupèrent à
ramaffer, & leur avarice rallentit leur a&ivité. Apa-
•méen’oppofa qu’une foible réfiftance ; Tryphon fut
tué les armes à la main ,& félon d’autres , il fut poignardé
dans la maifon où il avoit pris: naiffance.
Antiochus, paifiblè poffeffeur de l’héritage de fes
p e re sp r it le furnom d’Evergette, qui fignifie bien-
faifant. Jofephe eft le feu!qui lui donne celui de So-
■ ter&c de.pieux , qu’on ne, lit fur aucune: de fes médaillés.
Eufebe affure qu’il fut furnommé fidetes, à
caufe de fa paflïon pour la chaffe. Les Juifs dont il
-avoit été l’ami, & dont il avoit reçu du fecours,
•éprouvèrent fon ingratitude ; il leur offrit l’alterna-'
tive de fe préparer à la guerre , ou dé lui reftituer
Joppé, Gaza & la citadelle de Jérufalem ,t,ou de
.lui payer'cinq cens talens pour dédommagement; il
exigea encore une pareille fomme fur toutes les villes
de la Judée , eil. forme: de tribut. Sur le refus qu’il
effuya, il fit marcher contr’eux un de fes généraux,
qui dévafta. le territoire d’ifraël. Les Juifs qui tom-
■ berent en fon pouvoir furent condamnés aux fonctions
de'l’efclavâge. Jean, fils de Simon, remporta
fur lui une .ÿiâôir.e qui affranchit pour un moment
la Judée du joug des Syriens. Ptolomée, frere de
Jean , dont il avoit éponfé la foeur, fut jaloux de fa
gloire, & fe voyant exclu des places où il jfouvoit
fervir fa patrie,- il eut la lâcheté de la trahir. Il invite
à un fèftin Simon & Tes deux fils, Mathathias &
Juda, qui furent égorgés par cet hôte parricide. Ptolomée
odieux à fa nation , écrit à Antiochus de lui
envoyer des troupes pour lui foumettre toute la
Judée. L’armée Syrienne marche contre Jérufalem
•pour en faire le fiege; Jean, chargé delà défendre, en
•fait fortir toutes les bouches inutiles; cette multitude
rebutée de fes concitoyens, fe trouva enfermée entre
les murs & les Syriens, où elle fut obligée de fe nourrir
d’herbes & de racines ; le fpe&acle de .leur mi-
fere attendrit Jean qui confentit à les faire rentrer
dans Jérufalem. Il follicita enfuite une treve de fept
jours, pour pouvoir pratiquer les devoirs prefcrits
par la religion.- Antiochus y confentit, & ne bornant
point là fa générofité, il envoya des taureaux &
des vafes remplis de parfums pour fervir aux facri- •
fices* Il fit conduire ces offrandes avec une grande
pompe jüfqu’aux portes de Jérufalem; c’eft ce qui fit
donner à .ce monarque le furnom de pieiix par les
Juifs. Cet a£le de piété détermina les .affiégés à la
foumiflion, & ils ne.demandèrent d’autres conditions
que le privilège de vivre félon leurs loix & de pratiquer
leurs rites facrés. La plupart des co'urtifans
.fouhaitoient la ruine de Jérufalem &.la difperfion de
fes habitans. Mais Antiochus, qUe fon penchant por-
toit à la clémence & à la magnanimité, aima mieux
accepter leur foumiflion ; il exigea que les Juifs lui
remettroient leurs armes , détruiroient les fortifica-.
lions de leurs villes qui toutes furent foumifes à un .
tribut annuel ; ce fut ainfi queia Judée fut réduite en
province de l’empire de Syrie.
Antiochus informé que Scipion fe préparoit à faire
le fiege de Numance, lui envoya de riches préfens
e concilier fa bienveillance. L’ufage étoit
d’offrir aux généraux de ce peuple conquérant, ces
preiens dans le fecret. Scipion défintéreffé les reçut
Tonie I. ■
àflîs fur fon tribunal en préfence dè fon armée ; il
ordonna au quefteur de les dépofer dans le tréfor
public:, pour les diftribuer aux foidats qui fe diftin-
gueroient par quelqu’aftion d’éclat. Antiochus fe
voyant à la tête d’une armée aguerrie, déclara la
guerre aux Partheà qui retenoient dans la captivité
ton frere Démétrius Nicator. Quoiqu’il comptât environ
cent mille combattans tous fes drapeaux, il
tramoit après lui un plus grand nombre de goujats,
■ decuiiiniers, de pâtifliers , de comédiens & d’autres
artiians &c miniftres du luxe & des voluptés. Les
tentes reffembloient à des falles de feftin ; la marche
etoit embarraflée par des chariots remplis de viandes
, dé poiffons & des produftiofis les plus délicates
des differentes provinces. Les officiers & lès foidats
portoient des couronnes de fleurs & de rubans,
ôcl’onrefpiroit dans tout le camp l’odeur de la myrrhe
& de l’encens, fpeélacle plus propre à allumer la
'.cupidité d’un ennemi avare , qu’à lui infpirer de la
terreur. Antiochus étoit fuivi de Jean, pontife de
Jerulàlem, qui étoit à la tête des troupes de la Judée.
Les rois de l’Orient, indignés de l’orgueil altier des
Parthés, fe déclarèrent pour les Syriens qu’ils regardèrent
comme leurs vengeurs. Les deux peuples
rivaux en vinrent bientôt aux mains. Indale, général
des Parthes, engagea une aâion proche le fleuve
Lycus en Affyrie , & fa défaite rendit Antiochus
■ maître de plufieurs provinces : il remporta deux autres
victoires qui furent fuivies de la conquête de
Babylorae. Tous les peuples fe rangèrent à l’envi fous
■ fa domination, & l’empire des Parthes fut refferré
dans la feule province dont il tire fon nom. Phraa-
tes , roi des Parthes, qui tenoit dans une efpece de
' captivité Démétrius, l’envoya en Syrie pour en faire
la conquête ; il fe flattoit par cette diverfion d’éloigner
de fes états un ennemi qui auroit les fiëns à protéger
; mais Antiochus fut confiant dans fes premiers
deflèins.. Phraates fe fentant trop foible pour tenter
: la fortune d’Un nouveau combat, tâcha inutilement
de l’attirer dans des embûches. Les Syriens répandus
--dans les villes, y exigèrent des contributions excef-
ftves qui fouleverent contr’eux tous les peuples; ils
furent attaqués dans leurs quartiers d’hiver, &
comme ils étoient épars, ils ne purent fe prêter un
: fecours réciproque : on en fit un grand carnage dans
plufieurs villes. Antiochus réunit toutes les troupes
qui étoient près de lui, pour aller délivrer celles qui
étoient en danger. Il fut attaqué fur fa route par les
Parthes, i! fe défendit avec intrépidité ; mais fon
efcorte épouvantée l’abandonna il fe fit tuer les.
armes à la main. C e prince qui avoit, les pliis grandes
vertus , en ternit •l’éclat par fon intempérance. Ennemi
de la flatterie, on pouvoit lui dire les vérités
les plus dures. S’étant un jour égaré à la chaffe, il fe
réfugia dans la cabane d’un laboureur, & l’ayant
interrogé.fur ce qu’on penfoit de lui, le laboureur
■ qui ne le connoiffoit point, lui dit : notre roi eft Julie
& bienfaifant, mais il a de'méchans miniftres. Le lendemain
à la renaiffance du jou r, fes gardes arrivèrent
& le revêtirent de fa pourpre & de fon diadème.
Le payfan fe fouvint en tremblant de fon indifcré-
tion-; mais le monarque le raffura & lui dit : vous
nidve£ révélé des vérités que jamais je ri ai entendues à
■ ma cour. Il régna douze: ans, & neuf félon Eufebe,
dont l’opinion eft adoptée par tous les antiquaires.
Il mourut l’an 182 de l’ere des Séleucides^
A n t i o c h u s VIII, .roi de Syrie eut le furnom
d'Epiphane & de Griphon'; quoiqu’il fût le dernier
des fils de Démétrius Nicator, il fut élevé au trône
au préjudice de fes frerés , par lès intrigues dè fà
:mere Cléopâtre qui lui fit déférer le vain titre de
roi dont elle fe réferva toute la puiffance,.' Cettê
Princeffe , fille de Ptolomée Philometor , -n’ entra
dans la maifon des Séleucides que pour la remplir
M mm ij