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 Numidie.  Les Romains firent valoir  cette mfraéhon  
 pour abattre  entièrement  cette  ancienne  rivale  de  
 leur  puiffance.  Ce  fut  pour  calmer  leur  reffenti-'  
 ment  ,  que  le  fésnat de  Carthage  déclara  Afdrubai  
 criminel  d’état,  comme  auteur  d’une  guerre  oit  •  
 Maffifoiffa avoit  été  véritablement l’agrefleur. Cette  
 çondefçendance  aux  volontés  d’un  ennemi  qu’on  
 cherchoit  à défarmer ,  ne fut  pas  un  facrifice affez  
 grand  pour  arrêter  fon  ambition ;  les  richeffes  de  
 Carthage  étoient  feules  capables  d’affouvir  1 avarice  
 de  ces  avides  oppreffeurs  des nations » .ils pro-  
 poferent  des conditions fi dures»  que  les Carthaginois  
 aimèrent mieux  s’expofer  à  tout  fouffrir, que  
 de  foufcrire  à  leur , dégradation.  Cette .république  
 commerçante  ne  forma  plus qu’un  peuple  de  fol-  
 dats ;  des  bourgeois  pacifiques  fe  revêtirent de  la  
 cuiraffe  &   du  bouclier ;  les  temples,  les palais  &   
 les  places publiques  furent des  atteliers  ouïes femmes  
 les  plus  foibles, &   les vieillards débiles,  tra-  
 vailloi,ent  confondus  avec des  artifans  infatigables,  
 à  fabriquer des  dards ,  des  épées,  des  euiraffes  &   
 des  boucliers  :  tout  retentiffoit  du  bruit  des marteaux  
 &   des  enclumes.  Afdrubai ignominieufement  
 banni de fa  patrie y   fut  rappellé  avec  gloire,pour  
 l’oppofer  à  l’ennemi,  auquel  une  politkjue  timide  
 l’avoit  facrifié  ;  on  le  mit à la tête  de  vingt • mille  
 hommes  pour  commander  au-dehors ;  mais  bientôt  
 refferrés  par les Romains, il  s’enferma dans Ne-  
 phefe  qui  fut  afîiégée  &   prife  d’affaut :  foixante  
 mille  hommes  furent  enfévelis  fous  fes  ruines.  
 Afdrubai  ne  fut  point  enveloppé dans  ce  carnage,  
 il  raffembla  une nouvelle  arroee,  &   continua  .de  
 harceler  les Romains.  Il  eût  mieux  aime  commander  
 dans  la  ville  que hors  fes murailles  ,  mais  fon  
 .caraâere farouche le  faifoit  redouter des citoyens,  
 qui  aimoient mieux  obéir à un autre  Afdrubai à qui  
 ils  avoient  confié  le  commandement.  Le  premier  
 accufa  fon  concurrent de  trahifon ;  celui-ci ne  s’a-  
 ■ baiffa  point à  fe  juftifier ;  fon  filence  fut  regardé  
 comme  l’aveu  de  fon  crime , &  il fut. maflacre par  
 la multitude  indignée.  Afdrubai  lui  fut  fubftitue  
 dans  le  commandement de  la  ville ,  dont il eût  pu  
 retarder la  chûte,  s’il  eût  pu  tempérer  l’impétuo-  
 iité  de  fon  courage ,  &  maîtrifer la violence  de fon  
 caraéfere.  Le  premier  fuccès  des  Romains  ne  fit  
 qu’aigrir  la  férocité  de  .ce général,  il  s’abandonna  
 à  des  excès  qui,  fans  réparer  fes  pertesV le  rendirent  
 plus ©dieux ; il  fit emmener fur  les  remparts  
 tous les  prifonniers  qu’il  expofa  à  la  vue  de  l’armée  
 affiégeante ;.-fa fureur ingénieufe multiplia leurs  
 fupplices ,  il leur  fit  couper  le  nez  ,  les  pieds,  les  
 mains  &   les  oreilles ; on. leur  coupa les  y eux ,  on  
 leur  arracha  la  peau  de  deffus  le  corps  avec  des  
 peignes  de fer, aux yeux de  leurs  compagnons.  Le  
 barbare Afdrubai,  après  avoir  joui  de  leur  mutilation  
 &   de; leurs  fouffrances , les  fit  précipiter  du  
 haut des remparts :  c’étoit ôter tout efpoir d’accôm-  
 modement  &   de  pardon.  Les  Carthaginois*  naturellement  
 cruels,  voyoient avec  horreur les  inhumanités  
 de  leur  général;ils  étoient preffés de  la famine  
 ,  lorfque  quelques  convois  entrèrent  dans  la  
 .ville ;  la  quantité  n’etoit pas fuffifante à tant de  be-  
 foins,  Afdrubai les fit  diftribuer à fes troupes ,  fans  
 fe  laiflèr attendrir par  les gémiffemens  du  citoyen  
 expirant ;  cette  odieufe  diftinftion fit  crier  le  peur  
 pie &  le fénat :  le féroce Adfrubal ne répondit qu’en  
 ordonnant  le  meurtre  des murmurateurs. Carthage  
 comprit que  fon  plus  crueliennemi  étoit  dans  fes  
 murs ;  les  principaux citoyens  pleins  de confiance  
 dans  la générofité de  Scipion,  fortent de  la  ville  &   
 .vont fe préfenter à lui  en habit dé  fupplians,  ils lui  
 demandent d’accorder  la  vie à  tous  ceux  qui  vou-  
 .droientfortir  de Carthage  ,  6c un moment après  Ofl 
 voit  arriver  .cinquante  mille  ,  tant  hommes  que  
 femmes,  qui  furent reçus  avec bonté;  neuf  cens  
 transfuges,  miniftres  des fureurs d'Afdrubai, ne purent  
 obtenir cette faveur^  qui fut  également refufée  
 à leur  général  impitoyable.  Ces  hommes défefpé-  
 rés prennent la  réfolution de  vendre bienchër  leur  
 vie ;  ils  fe  retranchent  dans  le  temple  d’Efculape  
 avec Afdrubai, fa  femme &   fes enfans; ils auroient  
 été  invincibles  s’ils  avoient  pu  fe  fouftraire  à  la  
 famine,  mais ce fléau fe fit bientôt  fentir.  Afdrubai,  
 cet implacable  ennemi  des Romains,  ce  tyran  de  
 fes  concitoyens,  trembla  pour  fa  v ie ,  il  craignit  
 de  mourir,  quand, il  ne  put  vivre avec  gloire ;  &   
 affez  lâche pour  racheter  fa  vie  par  le  facrifice  de  
 fon honneur ,  il  eut la  baffeffe de  mendier fa grâce  
 &  la clémence  d’un  ennemi fi  cruellement offenfé  :  
 fon  orgueil  farouche  paffe  de  la  fureur  dans  l’abattement, 
   il  fort  furtivemènt du  temple,  tenant  
 une  branche  d’olivier  dans fes mains, &  va fe prof-  
 terner aux pieds  de  Scipion» Sa  femme  abandonnée  
 avec  fes  enfans  au  reffentiment  d’une  foldatefque  
 défefpérée, ne peut fe  réfoudre à  partager fon ignominie. 
   Les Romains  du haut  des  remparts expofent  
 à  fes yeux fon mari ; les tranfuges vomiffent contre  
 lui  les plus horribles  imprécations  ,  &   plutôt  què  
 d’imiter  fa lâcheté, ils prennent confeil de  leur feul  
 défefpoir, ils mettent le feu au temple, aimant mieux  
 être  la  proie  des  flammes,  que  d’expirer  fous  les  
 verges  &   les  haches  des  bourreaux.  Pendant qu’on  
 allumoit  le  bûcher,  la  femme  d'Afdrubai  fe  pare  
 de  fes  plus riches habits, &  fe  mettant à  la  vue  de  
 Scipion  avec  fes  deux  enfans  dans  fes  bra£,  elle  
 éleve  la  voix &  lui  crie :  Romain,  je  ne fais point  
 d’imprécations  contre  t o i ,  tu  ne  fais  qu’nfer  du  
 droit de  la guerre ; mais puiffe le  génie  de Carthage  
 confpirer avec toi pour punir  le parjure  qui  a  trahi  
 fa  patrie,  fes  dieux ,  fa  femme  6c  fes  enfans. Elle  
 apoftropha  enfuite  fon  perfide  époux  :  oh ! le plus  
 lâche &  le plus fcélérat des hommes, raffafie tes yeux  
 de ces flammes  qui  vont  nous dévorer moi &   mes  
 enfans ;  notre fort eft moins  à  plaindre que  le  tien :  
 nous allons terminer nos fouffrances. Pour toi, indigne  
 capitaine  de  Carthage,  va  fervir  d’ornement  à la  
 pompe  triomphale de  ton vainqueur,  va fubir  à  la  
 vue de Rome vengée, la peine due à tes  crimes' : aufli-  
 tôt  elle  égorge fes  enfans,  les  jette dans le feu ,  &   
 s’y  précipite  avec  eux.  ( T—n . ) 
 ASEDOTH - PHASGA  ,  ( Géogr.  )  ville  d’Afie  
 en Paleftine,  dans  la tribu de Ruben : elle étoit fituée  
 au  pied  du mont  Phafga,  entre  Phogor,  au  nord-  
 eft,  &   Calliroë  ou Lafa,  au  fud-oueft.  Long,  (k ) ,  
 io.  lut.'  ? o ,  4$. 
 ASEIGY *  ( terme  de  la  milice  Turque. )  c’eft  le  
 cuifinier  dès  Janiffaires,  qui,  outre  fori  office,  eft  
 obligé d’arrêter  les  prifonniers ,  de les garder &  de  
 les mettre  aux fers ,  ou de  les garrotter, félon qu’il  
 eft ordonné  par  l’oda-bafog ; il  porte  pour marque  
 de  fon  emploi  un  grand  couteau  dans  fa  gaine,  
 pendu  au  côté.  ( ^  ) 
 *  § ASER, ( Géogr, fainte.) n’étoit point au-delà,  
 mais en  deçà  du  Jourdain.;  non  fur  le  chemin  qui  
 conduit à Sidon j  mais  fur  le  chemin de Naploufe à  
 Scytopolis,comme  faint Jerome, l’Itinéraireîerofo-  
 lymitain &   les bons Géographes  nous l’apprennent.  
 Lettres fu r  VEncyclopédie,. 
 A s e r   ( l a t r i b u   d ’ )   , Géogr.  co n tr é e   d e   la   Paleftine, 
  qui-s’étendôit du fud au nord ,  depuis  Ptolémaïs  
 ou Saint Jean d’Açre, jufqu’à Sidôri ;  ellé etoit  
 confinée  à  l’orient  par  la  tribu  de Nephtali,  &   à  
 l’occident par la mer : elle étoit habitée par le peuple  
 defeendu à'A fe r ,  fils de Jacob, &   de  Zelpha,  ïer-  
 vânté  d’Elia,  ( C'. A . ) 
 A s e r ,   ( Géogr.)  petite  ville  d’Afie,  en  Arabie,  
 fur le golfe de  Baffora.  Il y   a  un  port  affez bon  &