
 
        
         
		À R N 
 Çettè  députation  audacieuse  fit  frémir  Charles  1  
 ’tâ’une  jufte  indignation  :  il  répondit  qu’il  étoit  encore  
 digne  d’être  leur  roi j  8c  qu’il  vouloit  vivre  
 8c mourir  avee  ce titre. Mais  c’étoit  en vain que  ce  
 prince  prétendoit  lutter contre  fa  deftînée Tun rebelle  
 lui  avoit  ravi  la France  ;  l’Italie >  la Bourgogne, 
   la  Lorraine  8c  l’Allemagne  lui  échappèrent  
 dans un iiiftant. On.prétend  qu’il conferva toujours  
 le  titre d’empereur 8c  de  roi d’Italie :  mais  quel roi  
 qui 'n’ofe même  réclamer l’affiftance  de  fes  preteiv-  
 dus  fujëts  ,. &   qui  fe  voit  contraint  de  recourir a  
 l’ennemi qui  lui  ravit fon  trône  ,  8c de mandier auprès  
 de  lui des fecours  pour fournir .à fes. premiers  
 •b e foins ?  Charles obtint  à peine & Arnoul \z  revenu  
 de  trois  villages,  8c .avant  d’en  jouir  il  manqua  
 -d’expirer  de mifere. 
 Arnold,  après  avoir  réduit  l’empereùr fon oncle  
 aux  plus  affreùx malheurs ,  fe  rendit à Ratisbonne,  
 où  les  feigneurs  8c  les  prélats de Germanie vinrent  
 lüi  rendre  un  hommage,  qu’ils  prétendirent  avoir1  
 le droit  de révoquer.  L’empire ou la royauté  avoit  
 été jùfqu’aiors un propre dans la perfonhe  des  princes  
 françoïs  ;  ce  ne  fut  plus  qu’un  fief  amovible,  
 '&   dépendant du  caprice  des  feigneurs.  C’étoit  une  
 conféquence néceflaire  de l’acceptation à! Arnold. 
 L’heritage de Charlemagne fut donc partagé entré  
 deux ufurpateürs,  dont l’un dèfcendoit de  ce prince  
 en ligne  dire&e  ,  mais  par  un  mariage  illégitime ;  
 l’autre  n’avoit  pour  titre  que  fes  talens  ,  8c quelques  
 vertus qui pouvoient bien n’être que  des vices  
 déguifés.  Celui-ci  convaincu  de  l’impoflibilité  de  
 jouir  du  fruit  de  fon ufurpalion,  sHl  avoit ArnouL  
 pour ennemi,  fe rendit à V o r fh s , où ce monarque  
 tenoit  une  diete  générale.  Il  lui  remit  entre  les  
 mains  le fceptre 8c Ta couronne ,  8c les  autres marques  
 de  la  royauté,  l’affurant  qu*il  ne  vouloit  les  
 porter  qu’avec  fon  agrément.  Le  roi de  Germanie  
 flatté  de  cette  déférence,  les  lui  rendit  auffi-tot,  
 &  confentit même à l’admettre dans fon alliance,  au  
 préjudice de  Charles le  Simple fon neveu  , qui fol-  
 licitoit  la même  faveur  ;  mais que  fa qualité  de  fils  
 légitime  d’un roi rendoit  dangereux. 
 Cette modération étoit  moins un effet de la géné-  
 rofité à!Arnoùl que dé fa politique. Il n’eût pas manqué  
 de  retenir pour lui-même  le fceptre pouriequel  
 -Eudes  vefloit  de  lui  rendre  hommage  ,  s’il  eût pu  
 le  cOnferVer fans péril.  Il étoit même  de l’intérêt de  
 cet ufurpateur  de  l’avoir  pour  allié  dans  un  tems  
 où  Gui 8c Berengerlui difputoient  le  titre d’empereur  
 avec  l’Italie  ,  8c  Rodolphe  la  Bourgogne.  Il  
 traitoit  ces princes de  rebelles ,  mais alors la  fôrce  
 décidoit le  droit ; ‘8c le fuecès fuffifôit pour faire d’un  
 ufurpateur un fouverain légitime : d’ailleurs Charles le  
 Simple n’étoit pas fans partifans. Il étoit d’autant plus  
 redoutable, que fes a fiions dans fon extrême jeuneffe  
 montroient  qu’il  étoit  vraiement  digne  de  régner.  
 Louis diïpùtoit la Provence, que l’empereur Lothairè  
 avoit érigée  en royaume pour Charles  le plus jeune  
 de  fes  fils.  Cet  état qu’avoit  poffédé Bofon’,. perè  
 de  Louis,  comprenoit,  outre  la province qui  con-  
 ferve ce nom,  le Lyonnois ,  le Dauphiné',  8ç cette  
 partie de f  ancien royaume de  Bourgogne,  qui con-  
 finoit  au mont Jura. On prétend qlie  ce fils de Bofoh  
 avoit  été  adopté  par  l’empereur défunt. 
 Arnoul aufli-tôt  après fon couronnement, fon'gea  
 à foumettre  cës  différens  fouverains  qui  ambition-  
 noient fur-tout  le royaume  d’Italie,  auquel  le  titre  
 d’empereur fembloit être attaché. Tandis qu’il faifoit  
 fes  difpofitions  pour  y   entrer,  fon armee  marcha  
 contre  Rodolphe,  8c  le  contraignit  à  demander là  
 paix.  Rodolphe  conferva  fes  états  qu’il  poftéda  à  
 titre  de  royaume,  mais  à  condition  qu’il  en  feroit  
 gommage. 
 Tandis  que  les troupes  du roi  de  Germanie for- 
 ARN 
 çoîent  les  Bourguignons,  fujets  de  Rodolphe;  à,  
 reconnoître fa puiffance , fa politique femoit en Italie  
 des  troubles qui  lüi  en  applanirent  la  conquête  ; il  
 offrit  des fecôurs k Berenger  contre  G ui,  fon concurrent. 
   L’un 8c l’autre lui .étôient également odieux,  
 fes  projets  étoient  de  les  écraler  par  leurs  propres  
 armes.  Le  pape  Formofe leur môntroit beau-,  
 coup .de  zele  ;  mais  dans  le  tems  qu’il  pofoit  la  
 couronne impériale fur  le  frqnt de  G u i, ce  pontife  
 qui  ne  vouloit  pas  d’un  maître  fi voîfin  de  Rome  
 écrivait  à  Arnoul de  venir  la  reprendre  :  « Hâtez-  
 vous ,  lui  difoit - i l ,  de mettre dans  votre main le  
 royaume  d’Italie  ,  8c  les  biens  de  faint  Pierre ;  ne.  
 foùffrez pas  plus long-tems que  ce  malheureux  état,  
 foit  déchiré  par  des  mauvais  chrétiens,  8c  par  le  
 tyran Gui ». Cette proposition étoit  trop  flatteufe,  
 8c  le~  roi  de  Germanie  trop  ambitieux  ,  pour que  
 Formofe  pût  craindre  d’efîùyér  un  refus.  Toutes  
 lés  rigueurs de  l’hiver  ne  furent  pas  capables  d’arrêter  
 le  zele  d’Arnoul.  Il  partit au  mois  de  janvier  
 pour  l’Italie  ,  fécondé  par  Berenger  que  Gui  en  
 avoit  chaffé.  Entré  dans  la  Lombardie,. il  afliegè.  
 8c  prend  Bèrgame ,  ville  alors  très - fortifiée  ,  8c  
 défendue par une garnifon puiffante.  Le gouverneur,  
 fut traité non comme  ennemi,  mais comme  rebelle.  
 Il fut  pendu dans le premier tumulte  de  la viftoire.*  
 Intimidés par cet exemple, plufieurs ducs 8c.feigneurs  
 qui poffédôient  des  châtéaux  dans  les environs, envoyèrent, 
 des députés, offrant de fe foumèttre à certaines  
 conditions, ^mow/exige-une prompte obéiffance ,   
 8c  refufe  toute  négociation.  Irrité  de  leurs  délais ,   
 il  les  fait  arrêter,  8c  ne  les  relâche  qu’après  les  
 avoir  menacés de  fes vengeances,  s’ils ofent jamais  
 violer le  ferment de fidélité  qu’il exige de leur parti.  
 T o u s le s   feigneurs  Lombards  8c  Tofcans,  ducs,  
 comtés  ou marquis,  furent  traités  avec la même fé-  
 vérité également digne  d’un conquérant 8c d’un  roii  
 Arnoul^prit .âufli-tôt  la  couronne  d’Italiè  ,  fans  cependant  
 fè qualifier  d’emperéur.  Ce titre  ne  lui  au-  
 roit  point  échappé ,  fans l’infidélité  de  Rodolphe ,  
 .qui  probablement  étoit  d’intelligence  avec  G u i,   
 fantôme d’empereur, que  la  frayeur des armes gera.  
 maniques  retenoit  dans Rome.  Arnoul x&^X\é  vers  
 les  Alpes,  prend  le  château  d’Ivrée ,  défendu  par  
 une garnifon Bourguignonne ; mais nepôuvaht punir  
 Rodolphe  qui  fe  cantonna  dans  les  montagnes  dé  
 Suiffe, il confia le foin de fon armée à Zwentebalde,  
 fon fils ,  qu’il  avoit  fait  roi  de Lorraine  ,  8c  rentra  
 dans la Germanie, toujours accompagné de Bérenger,  
 qu’il  traitoit  moins  en  toi  qu’en  captif 
 Là mort  dé  l’empereur ,  arrivée  le  i i  décembre  
 de la même  (894), rappella bientôt Arnoul en Italie.  
 Il fajfôit fes préparatifs ,  8c confultoit  les étàts pour  
 ce  voyage,  lorfque  de  nouveàux  députés  de  Formofe'Tinvitereiit  
 à fe  rendre à Rome,  pour y  rece-  
 1 voir là couronne impériale.  On étoit étonné de voir  
 ce pontife écrire à Foulques, archevêque deRheims,  
 8c l’efinemid’-^r/zo«/;« qu’il avoit de Lambert, fils de  
 Gui, le même foin qu’un pere tendre pouvoit  avoir  
 pour fon fils;  8c  qu’il vouloit  vivre  avec ce  jeune 
 prince dans une inaltérable union........ ; qu’il feroit. 
 toujours fon ami,  malgré  les  efforts  8c  les  artifices  
 des  méchans >>.’ Arnoul déterminé  par  lès  inftànces  
 du pàpè ,  paffe  àuffi-tôt  les  Alpes :  fon  armée  partagée  
 en dëux  corps,  raVage  le  territoire  de  Florence  
 8c de Luques.  Ce  fut dans cette derniere  ville  
 qu’il dépouilla Berenger, oh ne fait pour quel motif:  
 fans doute qu’il n’efpéroit pluS rien des menàgemenS  
 dont  il  avoit  ufé  envers  ce  feigneur ‘  cependant  il  
 le  rétablit peu  de  tèms  après.* Il  lui  donna  le  mar-  
 quifat,  ou  la  marche  de Véronne ,  avec l’ufage dit  
 titre  de  roi d’Italie.  Les  germains  avançaient  vers  
 Rome,- dont ils fe  flàttoiënt de  voir les  portes  s’ou-  
 vrir  à leur  approche  ; mais  Une  femme  qui  allioit 
 ARN 
 'toutes les fubtilités de  fon fexe au courage dû ftôïfe  
 les  avoit  prévenus  ; . c’étoit  Ageltrude ,  veuve  dè  
 Gui 8c  mere .de-  Lambert  :  femme  vraiment  digne  
 de  commander  aux Romains  dans  le  tems de  leur  
 fplendeur. Cette héroïne parut furies remparts avec  
 une armée déterminée -à vaincre  fous fes yeux, ou à  
 s^enfe velir fous les ruines de Rome. Le roi témoin des  
 préparatifs  de  l’impératrice  ,  n’ofa fe  promettre  un  
 luccès favorable ; il  parloir  même  de  faire une  retraite  
 , lorfque Tes  troupes  indignées  des, railleries  
 de  quelques  Romains  ,  le   conjurèrent  d’en  tirer  
 vengeance  :  alors'il s’approcha  de  la ville  ,  8c s’en  
 fendit maître après quinze jours de fiege. Entré dans  
 Rome ,  il  s’y   comporta  moins  en vainqueur  qu’e'n  
 juge inexorable. 
 Après avoir reçu la couronne impériale  des mains  
 de Formofe  ( le   15 avril 896),  il fit punir plufieurs  
 des  principaux  partifans  d’Ageltrude  ;  8c  feignit de  
 les  immoler  àù  feflentimènt.du'pape qu’ils  avoient  
 outragé.  Voici  le  ferment que lui  prêtèrent les Romains  
 ,  affemblés  dans  la  Safilique  de  faint  Paul :  
 ferment  équivoque  dont  fe  font  fôuvent  férvi  lés  
 empereurs  8c les  papes pour appuyer leurs  prétentions. 
   «  Je  jure  par  tous  les  divins  myfteres  que,  
 fâuf mon  honneur ,  ma  foi  8c  ma  fidélité  pour  lé  
 pape  Fôrmofe,  je  fuis 8c  ferai  fidele  tout  le téms  
 de  ma vie. à  l’empereur AYnoul.  Je  ne me  liguerai  
 jamais  avec un homme  contre lui.  Je jure que je n^  
 donnerai  aucuns fecours  ni  à  Lambert,  ni à  Ageltrude  
 fa  mere,  pour  en  obtenir  des  charges  ,  8c  
 acquérir  dès  honneurs  ,  que  je  né  livrerài  janiais  
 cette  ville ni à lu i ,  ni à  elle,  ni à leurs' hommes  en  
 quelque maniéré  ,   ni pour  quelque  raifon  que  Ce  
 •foit ». 
 Arnoul  foüpiroit  àprès  la  fin  de  cette  guerre ;  
 mais  tant que  refpiroit Ageltrude,   il ne  lui fuffifôit  
 pas de commander dans Rome.  Cette princeffe  étoit  
 bloquée  dans  la  cité  léonine  ;  c’eft  ainfi  qu’on  ap-  
 pellôit  le quartier de  Saint' Pierre de Rome,  depuis  
 que  Léon ,  qui mérita  le  furnom  de  grand. ,  l’âvoit  
 fait fortifier,  8cy avoit fixé un nombre  eonfidérable  
 d’habitans  ,  que  la terreur  des  Sarrazins  en  avoit  
 fouvent  chaffés.  L’impératrice  fe  voyant  prête  de  
 tomber au pouvoir des Germains, quitta cette place  
 incommode,8c fit une retraite vers Camerino. Forcée  
 d’en  fôrtir,  elle  alla  s’enfermer  dans  Fermo.  Les  
 fortifications  de  cette  ville  ,  fituée  fur  une  montagne  
 ,  dans  la  marche  d*Ancone  ,  tomboient  fous  
 lés  c'ôups  redoublés  des Germains,  XorÇqy?Arnoul,  
 frappé  d’apoplexie  ,  fut  obligé  de  lever  le  fiege.  
 Des  écrivains  prétendent  que  cette  princeffe  arti-  
 ficieufe  lui  fit  donner  une  liqueur  qui  le  plongea  
 dans  un  fommeil  létargique  ;  mais  c ’eft  une  fable  
 digne  de  ces  tems  gromers.  La  maladie  dont l’empereur  
 étoit atteint,  s’étant  changée  en  paralifie  ,  
 il ne fongea qu’a rentrer dans fes états d’Allemagne,  
 où il mourut peu de  tems après fon retour,  laiffarit  
 .l’Occident  dans  la  même  agitation  où  ce  malheureux  
 empire  avoit  été  depuis  la  mort de  Charle-  
 . magne  ,  fon  reftauràteur.  Oda  fa  femme  donna  le  
 jour  à  Louis  IV. furnommé  l’enfant,  le  dernier  de  
 la  race des Pépin,  qui ait occupé  le  trône  de Germanie  
 ;  8c  à Hedwinge qu’Oton  le  grand  époufà en  
 fecoqdes  noces.  Cette  princeffe  avoit  été  aCcufée  
 d adultéré  ,  8c  juftifiée  dans ^une  diete.  Triteme  
 donne à Arnoul une  autre  femme,  nommée Agnès,  
 fille d’un empereur grec dont il fait defcendre Arnoul  
 de  Bavière ,  ce  duc  fameux  par  les  guerres  qui!  
 fufcita à Conrad. Arnoul, Outre ces deux pfinceffés,  
 tint une concubine nommée Hclingarde 4 qui fut mère  
 de Zuintilbod, roi  de Lorraine, 8c de Ralbold, que  
 l’on  regarde  comme  la  tige  des  anciens  comtes  
 d’Andeks, en Bavière.  Il eut de la même Helingar.de  
 jmè  fille  nommée  Bénin,  qui  fut mariée  à  un due 
 ARN  5^5 
 de  Cle^es.  On  ignore  là  naiffance  de  cette Concubine; 
  mais  fi  l’on  eh  juge  .par  l’amour  qu’elle  fut.  
 infpirer à l’emperëiir, il.eft à croire qu’ellè étoit trop  
 obfcure  pour  pouvoir  être aflociée  à  fes deftinées'. • 
 Oh met  au  nombre  des  fautes  d’Arnoul  l’indif-,  
 cretion  qu’il  eut  d’appeller  les  Hongrois  à  fon fe-  
 cours.  Ce  peuple  alors  barbare,  8c qui  figure  au-  
 jourdhui  avec  les -plus  fages 8c les  mieux policés,  
 venoit  de  conquérir  la Pannonie  fur les Huns  qui,  
 comme  eux ,  étoient  fortis des  vaftes  déferts de  la  
 Scyihie., Le  fecours  de  ce  peuple  lui  avoit  parir  
 rieçeffaire pour contenir les  Moraves qui,  conduits  
 par  Zuintilbod,  duc  ingrat  auquel  il  avoit  donné  
 l’inveftiture de la Boheme, prétendoient fe fouftraire.  
 à fon obéiffance. 
 Ce  fut fous  le  régné ÜArnoul que  s’établit la che-  
 vâlérië.  Cet  ordre  fi propre à fair’e naître l’enthou-  
 fiàfme ,   vrai  germe  des grandes  aftions ,  avoit  été  
 Connu en  Germanie de  tôûte  antiquité.  11 àvoit été  
 en ufage  fur-tout parmi  les Câttes,  pères  des Fran-'  
 çôis.  Les^ hommes,  parmi  ces hâtions  gënéreufes ,   
 faifoient  voeu >  au  fôrtir  de  l’enfance  ,  de  laiffer  
 croître leurs cheveux 8cleur barbe, jufqu’à ce qu’ils  
 euffent  délivré  la  patrie  d’un' en'nemi  étranger  ou.  
 domeftique ,  ils  fe  dévouoient même à i’efclavage».  
 Ces  hommes  étranges  que  l’amour  de  la  liberté  
 rendoit  féroces,  fe chargeoientde chaînes 8c  ne les  
 quittoient  que .fur  le  corps  de  l’ennemi  terrafle.  Ils  
 fe  eoùpoient  alors  les  cheveux  8c  la barbe,  Scies  
 cônfacroient  aux dieux après  les avoir trempés dans  
 lê fang de  lelxr  viriime. Telle étoit,  fùivant eux, la.  
 plps  agréable  offrande que  l’on  put  faire  à  la  divi^  
 nité.  «  Ils né  quittent  pas même cet équipage  pendant  
 la paix, ditTacité ; les braves parmi les Cattesj,  
 vieilliffent fous  d’illuftres fers  également révérés du.  
 citoyen 8c  de  l’étranger».  Entre  les  loix  qui  inté-  
 reffent  le  gouvernement,  ori  en  remarque  une  i'  
 datée  du  concile  de Tribiir,  que  lès  papes  avoient,.  
 long-tems ambitionnée :  cette  loi ordonne d’honorer  
 l’églife de Rome, comme  celle d’où dérive le  facer-'  
 doce, 18c de  fouffrir  le  joug qu’elle impofe ,  quand  
 mêrfie il  feroit  à  peine  fupportable. 
 On croit, que  les  cendres dé  cet empereur  répo-'  
 fent à Ratisbonne, dans l’abbaye  de Saint Emmeran,  
 où  fon  corps fut  transféré d’Oetingue  peu de jours,  
 après fa m ort,  arrivée le 26 novembre 899.  fl avoit  
 été  fait'duc  de  Carinthie  en 877 ;  roi  de Germanie,  
 en 887 ; d’Italie  en 814.  Ce fut ie  26 avril 896  qu’il  
 reçut  là  couronne  impériale  des  mains  du  papa.  
 Formofe.  ( M— r . ) 
 §   ARNSTÀDT,  ( Géographie.  )  ancienne,  ville,  
 deThuringe en  Allemagne., dans le cercle de  Haute-  
 Saxë,  fur  la  riviere  dè Géra.  Elle  étoit  original-,  
 ment  du domâine  des premiers ducs dè  Saxe, dont  
 lés  grànds. états ,  corfime  ôn  fait,  fe  trouvent  aujourd’hui  
 partagée  entre bien des  mains  différentes.  
 L’empereur Othôn  I.  non moins  libéral  que  dévot,   
 fit préfent d’Arnjladt à l’abbayé, fi riche dans là fuite;  
 de Hersfelden Heffe. Mais dès coirites deKefeniberg;'  
 proté&eürs  de  cette  abbaye  s’étant  alliés  avec les-  
 maifons  d’Orlamunde  8c  de 'Weimar,  l’on  trouvà  
 moyen  de  faire  repaffer  Arnjladt fous une  domination  
 féculière , 8c les.comtes dé  Schwartzbourg  l’achetèrent  
 de  ceux  d’Orlamunde  ;  .au  commence^,  
 ment  du XIVe.  fiecle. C’eft  aujourd’hui la  branche  
 de  Sondershaufen  qui  poffede  cette  v ille ,  8c  qui  
 la  fait fleurir. On l’agrandit  8c on  l’embellit tous les  
 jours.  Elle  a  quatre, églifes  en  comptant  celle  du  
 château,;  un  palais  bâti  il  y   à  quarante  %àns  pour  
 fervir  de  réfidence  aux  princeffes.  douairières  de  
 Schwartzbourg ;  une,  école, divifée  en  huit  claffes  ,  
 à  l’ufage de  toute  la jeuneffe  de  la  contrée ;  8c enfin  
 plufieurs  autres  bâtimens publics où  fe  tiennent  
 les  colleges  eccîéfiàftiques  8c  civils du pays , &  fa,